Racontez-moi tout

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interrogatoire post-bombe

Depuis l'explosion, il n'était pas rare de voir des employés du Ministère faire des allers-retours entre Londres et Poudlard, passant des heures dans le bureau du directeur, d'autres à lancer toutes sortes de sortilèges complexes dans la tour ouest, toujours interdites d'accès. Tout avait été retourné, la moindre petite preuve analysée encore et encore... Les tableaux avaient été interrogés, l'elfe censé s'occuper des grades or avait littéralement disparu.

En ce lundi, l'enquête semblait prendre un tournant plus impactant pour les élèves : en effet, une annonce avait été affichée sur le panneau, dans le Hall, informant chacun d'entre eux que des interrogatoires seraient mené et que tous y passeraient. Plusieurs salles avaient été réquisitionnées, plusieurs membres de la police magique connus pour être ouvertement du côté de Richard Appleton étaient venus pour mener à bien cette opération. Dès les premières heures de la journée, alors même que le petit-déjeuner se tenait dans la Grande Salle, on leur demanderait de revivre ces instants d'horreur et de revenir sur chaque détail. Creuser, faire part de ses doutes, de ses suspicions...

À l'heure de votre convocation, la porte s'ouvre. À l'intérieur, il n'y a pas grand chose sinon une table et deux chaises. On vous demande de vous installer, on vous propose un verre de jus de citrouille, un petit biscuit, on essaye de vous mettre à l'aise.
Et puis les questions tombent : où étiez-vous avant et au moment de l'explosion ? Que faisiez-vous ? Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose en particulier ? Les jours d'avant peut-être ? Réfléchissez bien, on ne sait jamais, tout peut servir. Même si ça vous semble idiot, n'hésitez pas à en parler, il y a de grandes chances que ça ne le soit pas. D'après vous, qui aurait pu faire ça ? Ça n'attirera d'ennuis à personne, ne vous inquiétez pas, c'est juste pour essayer de comprendre les relations qui ont cours ici. Est-ce qu'il y a autre chose dont vous voudriez parler ?
Et aussi vite que ça a commencé, on vous remercie pour votre collaboration, on vous souhaite une bonne fin de journée et on vous laisse repartir.
Pas très agréable comme moment, assez intense aussi, mais au moins vous êtes tranquille, c'est toujours ça. Enfin... pour l'instant...

Petites précisions

(IRP nous sommes le lundi 17 avril 2028)

ATTENTION, ceux qui ont répondu avoir bu du jus de citrouille au petit-déjeuner au questionnaire envoyé la semaine dernière sont sous l'emprise de veritaserum et donc contraints de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Et si vous décidez de boire celui qu'on vous propose, évidemment, il faudra jouer le jeu également !
Pour ceux qui voudrait s'en servir dans leurs RPs perso, on peut supposer que ceux qui en ont bu au petit-déjeuner le subissent pendant une petite heure, vaguement plus (assez longtemps pour passer l'interrogatoire même s'ils ne sont pas dans les premiers, ils sont futés les gars, faut pas croire) et ceux qui en boiraient éventuellement dans la salle, durant une quinzaine de minutes après leur sortie.

Essayez de privilégier les RPs courts (300/500mots ?) et/ou les dialogues, afin de faire avancer rapidement le truc.
Vous êtes dispatchés dans plusieurs salles donc vous n'êtes pas obligés de partir du principe que la personne qui poste avant vous est vraiment avant vous dans la salle, elle peut être dans une autre etc... pareil, il y a peu de chance que vous vous retrouviez à faire la queue avec vos copains, séparez les inséparables il y a que ça de vrai. sifflote

Il n'y aura aucune relance de notre part, on attend seulement un post unique par personnage, vous avez grosso modo le déroulé et les questions posées ci-dessus, mais on est à votre disposition si y'a besoin d'éclaircissements ou de précision ! [INTRIGUE] Racontez-moi tout 2738742592

Les concernés par le jus de citrouille/véritaserum sont : @Dmitri D. van Aken, @Eléonore G. Wright, @Blaze H. Mansfield, @Thomas Chastel (qui n'est pas forcément interrogé, à toi de voir), @Michaela O'Delee, @Erin B. Sørensen, @Roxy M. Reid, @E. Murphy Leonhart et @Lilith C. Davis.
Ceux qui n'ont pas répondu au questionnaire sont libres de choisir s'ils en ont bu ou non.

Si les professeurs veulent poster, ils sont les bienvenus !

@Gryffondor @Poufsouffle @Serdaigle @Serpentard @Professeurs & Personnel

Azure & l'inspecteur

[INTRIGUE] Racontez-moi tout

Azure attendait l’heure de sa convocation avec une certaine appréhension. Droite comme un pic dans le couloir, elle observait à gauche et à droite les élèves, entrer puis sortir les uns après les autres des différentes salles qui était utilisé par l’école pour l’interrogatoire. Car c’était bien cela que c’était. Un par un, convié, les élèves se présentaient à l’heure de leur rendez-vous, disons pour la plupart, car elle n’osait imaginer ce qui arriverait à ceux qui ne s’y présenterait pas. C’était à priori se mettre une cible sur le corps que s’absenter à un moment pareil, à moins bien sur d’être à l’infirmerie dans un état incroyable. Mais si elle avait vu la plupart des blessés réintégré la Grand Salle après l’incident, alors il était à se douter que la plupart serait assez sur pied pour rencontrer les adultes enfermés dans ces pièces.

La porte s’ouvrit. On appela son nom. Elle hocha la tête. Déglutit sous l’effet de la nervosité puis entra dans la pièce. Si tôt fait, la porte se referma derrière elle. Son premier réflexe fût de jeter un regard derrière elle. Plus de retour possible. Et puis, était-ce vraiment possible ? Elle prit le verre de jus qu’on lui tendit, mais n’en but pas. Trop nerveuse, elle avait peur de s’étouffer avec une gorgée de jus.

Bien. Assaillez-vous.

Elle fixa son verre de jus pour éviter le regarder ceux qui la scrutait.

Mme Azure Zinnia. Vous êtes bien en 3e. De la maison de Gryffondor. Grade Argent.

Oui. C’est bien cela.

Elle osa de lever son regard vers l’homme qui lui adressait la parole.

Merci de vous êtres présenter à l’heure. On vous a expliquer pourquoi vous avez été convoqué?

Oui. Dit-elle sans plus. Elle fit tourner son verre dans ces mains avant de finalement prendre une grande respiration et le porter à ces lèvres. Au regard de l’adulte on aurait dit qu’il attendrait que cela arrive, mais n’en souffla pas mot. Avait-il peur qu’elle se mette à bégayer ou qu’elle continue à être si peu… bavarde ?

Vous voulez savoir ce que nous faisons lors de l’incident. Et si nous avons des informations ou observation à vous partager. Elle prit une grande respiration. Lorsque la détonation a eu lieu, j’était en train de sortir de la bibliothèque. J’ai été informé par un tableau alors que je sortais qu’il se passait quelque chose à la tour et qu’on devait regagner nos salles communes de maison, mais comme c’était aussi au 7ème, je trouvais cela idiot. En faisant mon chemin vers l’escalier, j’ai entendu quelqu’un appelé un élève Moreau; c’était un de mes cousins. Qui est en fait, une ex-cousine. Je l’ai pris pour un animagus; mais finalement c’était son chat. Et finalement, après avoir envoyé balader un tableau qui voulait vraiment vraiment que je monte, j’ai plutôt décidé de sortir de l’école et m’asseoir sur le parvis le temps que les chose se calme. J’avais pas très envie d’être dans le jambes des adultes. Bon. Je sais, je n’aurais pas dû sortir. Mais ça me semblait très stupide de finir en zone de guerre. Après tous, j’aurais dû remonter …

Et elle enchaîna pendant un moment pour expliquer que c’était stupide de remonter à la tour des Gryffondors. Mais outre cela, elle n’eut rien d’autre à ajouter. Et s’en alla en remettant son verre à l’adulte. Se questionnant à savoir pourquoi elle était rentrée autant dans les détails. Après tout, elle avait vraiment rien eu d’intéressant à lui raconter.

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entretien + maxwell carter

PRÉNOM NOM PERSO1 ⊹ PRÉNOM NOM PERSO2

Tight like a rope, try to not reach for memories. Lover, lover, what have we done ? We made our heart leap, then it gave up. Lover, lover, let me in. You came in the door like thunder, then hit the floor like thunder. Laying me down you wonder. You came towards like thunder.

Il y avait eu une explosion à Poudlard, dans la tour réservé aux grades or. Il y avait eu des blessés. Cab avait un peu morflé mais rien de trop grave, heureusement, et aux dernières nouvelles, Carla n’avait rien eu. Max ne comprenait pas vraiment ce qui s’était passé. La haine contre ceux privilégiés par le système ne faisait qu’augmenter ces derniers temps, notamment à cause de l’injustice dont eux, grade pourris, étaient victimes. Lui n’avait rien fait, il n’était même pas à proximité des lieux lorsque l’accident avait eu lieu. Normalement son appartenance au petit groupe des indignés n’était connu de personnes, ou presque, donc techniquement il n’y avait aucune raison pour qu’il se retrouve sur le banc des accusés. Pour autant, pouvait-on faire confiance à toutes les personnes de la réunion ? Pas sûr. Alors, il fallait mieux faire profil bas ces prochains jours. Aujourd’hui cependant, il y avait une série d’interrogatoires. Le corps professoral et la direction n’avait pas l’intention de laisser un tel acte impuni, ce qui était assez compréhensible. Max se rendit comme à son habitude dans la grande salle pour déjeuner. Son rendez-vous était dans une vingtaine de minutes, et même s’il n’avait pas la moindre envie de s’y rendre, inutile de se rendre suspect alors qu’il n’avait techniquement rien à se reprocher.

Max sortit de la grande salle, se dirigeant vers le lieu de sa convocation. L’ambiance du château était étrange, comme si tout le monde doutait de tout le monde. Lui n’avait pas réellement eu le temps de parler ni à Carla et Cab ni à Skyler. Et pourtant il aurait aimé discuter de ce grand délire avec la serpentard. Il ne la pensait pas responsable. Elle avait ses qualités et ses défauts, mais il était sûr qu’elle ne pouvait pas faire une telle chose. Elle avait sa confiance et sa loyauté peu importe les murmures et les rumeurs qui se répandaient dans le château. Arrivé devant la porte, le jeune homme frappa, puis entra. Il se trouva face à un homme en uniforme, surement un mec du ministère. Il proposa à Max de s’assoir, tout en lui offrant des biscuits et un verre de jus de citrouille. Max leva un sourcil surpris. Il s’était empiffré au petit dej et n’avait plus faim, mais il n’allait clairement pas prendre ce qu’on lui proposait. Manquerait plus que ça soit empoisonné … avec ce bouffon de dirlo, c’était même bien possible.

– Ou étiez-vous au moment de l’explosion ?

Max leva les épaules de manière nonchalante. Franchement, il se souvenait pas exactement de ce qu’il faisait à ce moment là. Il était surement en train de vaquer à ses occupations, rien de bien fou.

– Que faisiez-vous ?
– J’sais pas, j’étais surement dans le parc avec des potes. J’ai rien fait hein, j’ai même pas accès à la salle des privilégiés.

L’homme le regardait impassible, prenant des notes au fur et à mesure qu’il parlait. Mais Max n’avait pas grand-chose à dire pour le coup. Le poufsouffle se balançait doucement sur sa chaise, calme, peut être un peu trop alors qu’une grande investigation prenait forme à l’intérieur de l’école. Mais il n’avait rien à leur apporter. Il n’était pas à côté de l’accident, et n’avait eu vent de rien. Aucunes informations. ZERO.

L’homme ne pouvait rien soutirer de Max, et très vite, il le remercia de sa collaboration et mit fin à son entretien. Max souffla, content que ce truc pourri soit enfin fini. C’était désagréable, il avait l’impression de se faire un peu mettre sur le banc des accusés alors qu’il n’avait rien fait. Mais soit, au moins c’était fini. Et il croisait les doigts pour qu’on lui foute désormais la paix avec cette histoire.

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À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1152 Points : 0

Racontez-moi tout

Carla tapa nerveusement du pied devant son thé, n’ayant aucune envie de devoir vivre cette journée. Elle trouvait que ces interrogatoires n’avaient absolument aucun sens et elle ne voyait pas pourquoi elle devait s’y soumettre alors qu’elle avait manqué de finir en confettis avec ses autres petits camarades. Elle n’avait pas envie de revivre cette journée. Etait-ce un crime d’avoir été réellement affectée par l’idée de perdre certains de ses condisciples ? Elle pouvait bien détester ses camarades sangs purs par intermittence, elle avait grandi avec eux. Elle souhaitait qu’ils lui fichent la paix, pas qu’ils meurent. De toute façon, elle était assez d’accord avec ce qu’il était ressorti d’une lettre anonyme reçue il y avait quelques jours. Elle aussi soupçonnait volontiers van Aken. Mais elle ne pouvait pas le dire à moins de vouloir risquer sa peau. Son interrogatoire serait donc des plus brefs et des plus inutiles.

Se rendant à sa salle, elle aperçut Maxwell de loin et lui adressa un sourire en coin. Se croiser était difficile depuis leurs nouvelles mesures ridicules, mais elle aurait l’occasion de le voir en salle des préfets ou au détour d’un couloir plus tard. Ce qui comptait le plus était qu’ils n’étaient pas en mauvais termes, loin de là. C’était la seule et unique chose qui comptait réellement à ses yeux. Elle entra dans la salle et déposa son sac sur le sol dans un geste qui pouvait paraître précautionneux mais qui lui offrit surtout quelques secondes pour jauger son interlocuteur et détailler le décor autour d’elle. La personne devant elle était faussement charmante. Sourire affable, volonté de la mettre à l’aise. Carla observa ce manège d’un œil critique. A onze ans, elle serait tombée dans le panneau, mais elle était plus âgée et elle se moquait bien qu’on la materne si c’était dans l’optique de la prendre pour une idiote. Néanmoins, elle supposait que le moindre signe d’opposition serait vécu comme suspect. Alors elle plaqua sur son visage un air aussi aimable et factice que celui de son interlocuteur. Leur numéro digne de l’inquisition espagnole pouvait commencer.

- J’étais dans la tour privilège au moment de l’explosion. Nous faisions une ronde avec mon co-préfet, Caleb Avery et comme tout était calme, nous sommes montés dans la tour. Nous avions peur que cette histoire de table ronde dégénère et nous voulions nous assurer que tout allait bien. Pourquoi nous avions peur ? Je ne peux parler que pour moi, pas pour lui. Mais personnellement j’estime qu’encourager des élèves dans une attitude révolutionnaire en organisant un débat dont les participants ont été choisis de manière totalement opaque allait exacerber les tensions. Il me semble que je n’avais pas foncièrement tort au regard des événements.

Pourquoi est-ce que personne n’interrogeait le corps enseignant ? Ils avaient les connaissances, les informations sur l’organisation de la fameuse table ronde mobilisant des forces ailleurs dans le château. Ils étaient encore plus suspects que les autres. Son sourire se fana quand elle repensa à qui aurait pu faire ça. Elle ne savait pas. Ou plutôt elle avait des idées mais aucune n’était verbalisable, une parce qu’elle était trop dangereuse, l’autre parce qu’elle n’avait aucun sens. Elle secoua la tête et voyant le regard de son interlocuteur s’attarder sur elle, elle précisa à voix basse

- Je ne connais aucun élève assez cinglé pour essayer de faire rôtir ses condisciples. Ce n’est pas une question d’inimitié adolescente, c’est un miracle que personne ne soit mort. Il y avait du sang partout. Certains n’arrivaient plus à respirer. C’était un enfer. Qui pourrait avoir une telle haine du monde entier ?

Elle secoua la tête quand on lui demanda si elle avait quelque chose à ajouter, la lanière de son sac déjà à la main tant elle était pressée de partir. Elle voulait quitter cet endroit oppressant.

Codage par Libella sur Graphiorum

Racontez-moi tout
très mauvais souvenirs

ft. @Charles T. Ehrlich, Sidney Driscoll & le monsieur du Ministère

Il n'a pas menti. Alors que j'attends bêtement mon tour devant la salle, un peu nerveux à l'idée d'être interrogé par des gens du Ministère, Charles se matérialise presque comme par magie. En avance. Comme il l'avait dit. Je ne peux retenir un sourire intimidé et prudent. Je ne suis pas certain qu'on ait le droit, même si c'est un truc du Ministère et tout... Si y'a des heures de convocation, c'est sûrement pas pour rien et pas pour qu'on arrive en avance... Mais en même temps, ça me fait plaisir de le voir. Sincèrement. Il m'a manqué. J'ai l'impression que ça fait une éternité. C'est même pas vrai, en plus, parce qu'on s'aperçoit de loin, parfois. Au détour d'un couloir, devant la Grande Salle, derrière une étagère de la bibliothèque... mais c'est une seconde, même pas, juste le temps de réaliser qu'il est là et puis c'est déjà fini. Mon attention lui échappe rapidement et se focalise sur mes chaussures. J'ai du mal à soutenir son regard. J'ai peur qu'il lise dans le mien les mensonges que j'ai pu écrire ses dernières semaines. Tous les « ça va » balancés pour rassurer alors que je suis littéralement au bout de ma vie, les silences qui en auraient dit plus long que tous les mots du monde... Je m'en veux, vraiment, mais en même temps ça aurait rien changé. J'ai pas envie de l'inquiéter pour rien. Il mérite pas ça. J'ouvre la bouche pour lui demander comment il va, l'écouter me raconter des journées que je ne vis plus que de très loin... Je donnerais n'importe quoi pour qu'on se pose sur les bords du lac ou qu'on emprunte la salle de la dernière fois... Je suis sûr qu'on trouverait plein d'endroits mieux que ma chambre pour s'installer ! Mais c'est pas pour tout de suite... Et finalement, avant que je n'ai pu prononcer le moindre mot, la porte s'ouvre. La déception est immense, l'envie d'y échapper aussi. Mais... on a même pas pu en profiter rien qu'une seconde... L'élève qui était à l'intérieur finit par sortir et la tête du monsieur du Ministère passe dans l'embrasure, sûrement étonné que personne n'entre à la suite.

— Sidney Driscoll ? qu'il appelle, son regard passant de Charles à moi sans trop savoir lequel des deux est concerné.

Je hoche la tête et il s'efface pour me laisser entrer. J'ai envie de serrer la main de Charles dans la mienne, juste pour qu'il sache que ça va, et que je suis désolé de le laisser si vite, aussi, peut-être dans un « à tout de suite » qui aurait promis que je l'attendrais mais je n'en fais rien. Juste un dernier sourire – plus triste que je l'aurais voulu, sûrement – et puis la porte se referme derrière moi.

— Vous pouvez vous asseoir. Il désigne une chaise et s'assoit sur la seconde. Vous voulez boire quelque chose ? On a du jus de citrouille si vous voulez.

Je tire prudemment la chaise, elle grince sur la pierre froid du sol et je secoue la tête en m'y installant. Non. Je veux pas boire quelque chose. Je veux rien. Le silence se pose entre nous. Ses yeux me détaillent. Je gigote, mal à l'aise. J'aimerais qu'il arrête de me fixer comme ça.

— Où étiez-vous avant et au moment de l'explosion ?
— À la bibliothèque.

C'est à peine un murmure mais j'ai l'impression que ça me demande un effort surhumain. Mon cœur commence déjà à se déchaîner.

— Je n'ai pas entendu, vous pourriez répéter un peu plus fort, s'il vous plaît ?

Ce ton violemment doux, cette patience pressée... c'est pas la première fois que j'y suis confronté. Sur le coup, je ne fais pas tout de suite le rapprochement, à la place, je me fais docilement ce qu'on me demande :

— À la bibliothèque... mais ce n'est pas plus fort du tout. Il a l'air agacé, il se redresse sur sa chaise, je me tasse sur la mienne.
— Que faisiez-vous ?
— M-mes d-

Et sans prévenir, les souvenirs remontent par vague. L'odeur d'humidité du bureau, la chaise bancale qui bougeaient au rythme de mes jambes qui se balançaient... La tension palpable, la voix saccadée de Maman qui n'arrêtait pas de dire qu'elle avait déjà répondu à cette question. Mon regard qui cherchait le sien, elle qui me le refusait... Elle était sûre que c'était moi. Elle l'est toujours aujourd'hui. La panique commence à se faire entendre, j'ai les oreilles qui bourdonnent. Il penche un peu la tête, comme pour capter mon attention. Ma respiration devient plus difficile.

— J-j'ai rien fait, je couine d'un ton suppliant.
— Je ne vous accuse pas, et ce n'était pas ma question. Que faisiez-vous au moment de l'explosion ?
— Je...

…le tableau moche accroché sur la tapisserie jaunie, la douceur de Gus contre mes doigts. Le prénom d'Oliver qu'il répétait à tout va pour que je réagisse mais qui me faisait un peu plus pleurer à chaque fois. J'arrive plus à réfléchir. La seule chose qui me vient c'est que j'aimerais que Blaze soit là. Et au moment même où j'y pense, je sais que ça n'a aucun sens mais ça revient, encore et encore. J'ai son nom au bord des lèvres, le cœur aussi. Demande-lui d'aller le chercher. Son regard se fait plus incertain. Demande-lui d'aller le chercher. Je sens une sueur froide me couler dans le dos. Demande-lui...

— Est-ce que tu te souviens de quelque chose...?

Sa voix essaye de se faire rassurante, il fait ce qu'il peut pour me mettre à l'aise, pour faire redescendre la pression. Sous la table, mes mains peinent à arrêter de trembler. Je fixe le monsieur du Ministère sans le voir, c'est qu'une ombre floue plaquée sur des images qui remontent à loin. C'est un cauchemar. Depuis le début c'est un cauchemar, depuis que j'ai mis les pieds dans cette école. Ça allait bien, avant. Ça allait mieux. Rien n'était parfait mais je faisais avec. Là... c'est de pire en pire. Il faut que ça s'arrête. Il faut que...

— Je... Ma voix a l'air de venir de loin. Je me sens pas bien...

Et sûrement que ça doit se voir parce qu'il abandonne ses questions dans un hochement de tête et va ouvrir la fenêtre. Ça ne change pas grand chose mais je ne dis rien. Il pousse vers moi une assiette de biscuit, remplit un verre de jus mais l'odeur me donne une nausée violente qui m'arrache un gémissement. Sans que je n'ai le temps de réagir, il a déjà mis la main sur quelqu'un dans le couloir, je sens un courant d'air qui se glisse dans la pièce.

— Vous, accompagnez-le à l'infirmerie.

Je me laisse entraîner dehors sans opposer de résistance, hochant simplement la tête quand une voix que je ne connais pas me demande si ça va. Je ne suis plus à un mensonge près à ctte question... J'en oublie l'interrogatoire, j'en oublie Charles devant la porte, Blaze qui n'est jamais venu... Je sais juste qu'il faut que je parte d'ici. Que j'en parte aujourd'hui.

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

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Kathleen avait été secouée quand elle avait appris l’explosion à la Tour Privilège. Elle n’était pas encore complètement remise de l’énorme crise d’angoisse qu’elle avait fin à la fin de l’année précédente, quand elle avait appris que Dmitri avait lancé un sort sur Hatwell. La prof était maintenant partie elle aussi. Kathleen perdait ses protecteurs les uns après les autres. Heureusement, Cassi et Leo étaient revenus à l’école et elle se sentait un peu moins triste depuis qu’elle sortait avec Florent. Elle se remettait doucement jusqu’à ce que se produise l’explosion dont la secousse s’était quasiment ressentie dans tout le château.

Ce fut la raison pour laquelle elle était extrêmement nerveuse en entrant dans la petite pièce où on allait la questionner au sujet de ce qui s’était passé. On l’invita à s’asseoir et elle le fit en trébuchant un peu, mais parvint à ne pas se faire mal. Elle engloutit le gâteau et le jus de citrouille, surtout pour essayer de retrouver une contenance. Alors que la personne tentait de l’apaiser avant de commencer ses questions, Kathleen réagit en voulant lui proposer son aide si des personnes en avaient besoin. C’était un moyen de gérer son stress, même si des mesures avaient dû être prise qui n’imposeraient pas d’impliquer une fillette de treize ans, même guérisseuse.

« Est-ce que tous les blessés ont pu être soignés ? Je peux aider, si vous voulez, je ne suis pas encore totalement guérisseuse, mais… »

L’employé du gouvernement l’interrompit en la rassurant sur le fait que tout le monde avait les soins dont il avait besoin. En revanche, ce qu’il tenait surtout à savoir, c’était où Kathleen se trouvait au moment de l’explosion. Il lui assura qu’elle pourrait mieux les aider en répondant à leurs questions que de toute autre manière et la jeune fille hocha la tête avec compréhension, essayant de garder son calme, malgré tout. Ce n’était pas évident pour la fillette au vu de son état, mais l’attitude de son interlocuteur la rassurait un peu. Ils avaient l’air d’avoir bien les choses en main.

« J’étudiais à la bibliothèque quand j’ai entendu le bruit, je crois que ça a fait trembler toute l’école. J’ai voulu aller donner un coup de main, j’ai toujours ma trousse de secours avec moi. Mais j’ai croisé une copine de mon dortoir. Elle a dit qu’il fallait qu’on retourne à la salle commune et que les profs se chargeaient de tout. Alors, j’ai préféré obéir. »

Il ne chercha pas à discuter son témoignage, mais lui demanda si elle avait une idée de qui avait pu faire ça, si elle avait vu quelque chose dans les jours qui avaient précédé le drame. Voilà qui rendait Kathleen bien perplexe. Elle ne savait même pas ce qu’elle était censée remarquer. Quant à penser à qui aurait pu faire ça, elle espérait de tout son cœur que ce ne soit pas Dmitri cette fois. Il n’aurait quand-même pas pu aller aussi loin que ça. Il était contre beaucoup de choses, mais à ce degré. Ca ne pouvait pas être Zeynep, ce n’était pas possible.

« Je ne sais pas, c’est tout embrouillé. Je ne me souviens pas d’un truc en particulier, mais vous savez, Monsieur, l’an dernier, il y a beaucoup d’élèves qui se sont révoltés contre des choses qui paraissaient injustes. Et il s’est passé des choses, on n’a jamais su ce qui s’était vraiment passé. Et maintenant ça. Je crois que quelque chose couve au château depuis longtemps, mais je ne sais pas qui ni pourquoi. Tout ce que je sais, c’est que c’est encore les innocents qui vont avoir peur. C’est injuste. »

L’homme lui demanda quels élèves étaient concernés par ses accusations, mais Kathleen haussa les épaules en secouant la tête. Elle n’avait jamais su quels élèves étaient impliqués dans quoi. Tout ce dont elle se souvenait était de s’être cognée sur la tête de Kovit. Et après ça, plus rien.

« Je ne l’ai jamais vraiment su. Mais beaucoup de profs y étaient. Ils pourront sûrement vous dire. »

On la remercia et elle repartit, encore bouleversée. Ce soir, elle prendrait quelques gouttes de potion anxiolytique, histoire de pouvoir bien dormir cette nuit.

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...pas trop le choix...

ft. Michaela O'Delee et les autres participants

Bien sûr, Rosalie lui manquait. Bien sûr, écouter toutes les discussions qui se passaient autour d'elle comme la commère qu'elle était lui manquait... mais dans son malheur, elle s'estimait heureuse : elle pouvait déjeuner tous les matins ou presque avec le meilleur d'entre tous : Hayden. Et celui-ci ne faisait pas exception à la règle. Assise face à lui, épluchant sa pomme avec une minutie qui trahissait une certaine nervosité, la Gryffondor n'arrêtait pas :

— Sérieux, on est d'accord que ça sert à rien ? Genre le coupable il va se dénoncer maintenant alors qu'il a rien dit toutes les semaines d'avant. Ils vont juste encore nous faire perdre notre temps... Tu sais, je commence à croire que si on veut vraiment trouver qui a fait ça... il va falloir qu'on mène l'enquête nous-mêmes.

Parce que tout le monde savait que les adultes n'avaient strictement aucune utilité dans cette école et plus généralement dans le monde magique et ça n'était pas un emploi au Ministère qui allait changer la donne ! Ils avaient bien prouvé leur efficacité, jusque là, les gars... Autant qu'ils arrêtent de se ridiculiser et qu'ils les laissent se débrouiller. Il y avait de fortes chances pour qu'ils s'avèrent plus efficaces, tous autant qu'ils étaient. Elle lâcha un soupir agacé, lança un regard désolé à son camarade et vida d'un trait son verre de jus de citrouille habituel.

— Bon, je passe à la casserole dans même pas dix minutes, je finirai de déjeuner sur le chemin. On se retrouve après ? Je te garde une place en cours ?

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre, comme si c'était entendu – pourquoi ça ne le serait pas, de toute façon ? – et fila en direction du grand Hall. Elle se retourna sur le seuil et leva ses deux pouces à l'attention du Serdaigle, un moins bien que l'autre à cause du reste de pomme qu'elle tenait dans la main, un sourire encourageant sur les lèvres. Ils n'avaient rien à se reprocher, ni l'un ni l'autre. C'était juste un mauvais moment à passer et quelques minutes de perdues... ils s'en remettraient.
Michaela arriva juste à l'heure devant la porte de la salle qu'on lui avait indiquée, la bouche encore pleine de la fin de son petit-déjeuner. Elle n'eut même pas le temps d'avaler sa bouchée que Maxwell Carter mettait le nez dehors. « Crétin » qu'elle pensa si fort qu'il l'avait sûrement entendue avant d'entrer à son tour.

— Michaela O'Delee ?
— Oui.

Ce simple mot avait quitté ses lèvres avant même qu'elle ne puisse le décider, comme s'il était mu par une volonté propre qui la dépassait totalement.

— Bien. Installez-vous ? Un biscuit ? Un verre de jus de citrouille peut-être ?
— Non merci, j'en ai déjà pris.

Il eut l'air satisfait, comme si apprendre qu'une adolescente avait pris un bon petit-déjeuner le mettait en joie. Il en fallait pour tous les goûts, bien sûr, mais si elle avait été dans son état normal, elle aurait sûrement remarqué que ça, c'était quand même assez louche.

— Où étiez-vous avant et au moment de l'explosion ?
— Avant j'étais dans ma salle commune, avec mon rat, Manny. Et quand c'est arrivé, j'étais à la réunion avec Sørensen, les profs et les autres élèves. On est plusieurs à avoir été renvoyés dans nos dortoirs à ce moment-là.
— Que faisiez-vous dans votre salle commune ?
— Une anti-sèche avec les points importants à aborder avec la direction. Je savais qu'ils allaient nous la faire à l'envers alors je voulais être sûre de rien oublier.
— Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose en particulier ?
— Max le raciste a été encore plus insupportable que d'habitude et le directeur nous a pris pour des cons.
— Par rapport à l'explosion, je voulais dire...
— Ah. Non.

Durant une seconde, le silence s'installa dans la pièce. L'homme notait quelques mots avant de la fixer comme pour s'assurer qu'elle disait bien la vérité. Mais même avec toute la bonne volonté du monde, Michaela aurait été bien incapable de prononcer le moindre mensonge. Elle n'y arrivait pas. Elle parlait sans pouvoir s'en empêcher, lâchait la vérité rien que la vérité sans avoir le temps d'y réfléchir.

— Les jours d'avant peut-être ? Réfléchissez bien, on ne sait jamais, tout peut servir. Même si ça vous semble idiot, n'hésitez pas à en parler, il y a de grandes chances que ça ne le soit pas.
— Non. Rien.
— D'après vous, qui aurait pu faire ça ? Ça n'attirera d'ennuis à personne, ne vous inquiétez pas, c'est juste pour essayer de comprendre les relations qui ont cours ici.
— Qui l'a fait, je sais pas mais qui l'a pas fait, ça, je sais. C'est pas moi ni Rosalie, ni Hayden, ni Skyler, ni mon frère. Je pense pas non plus que ce soit Thomas, ou Dmitri, ou le professeur van Aken, ou Fergal Armitage même si c'est une balance, ni le professeur Alexander même si faudrait le surveiller mais parce qu'il est louche avec les filles...
— Je vous demande pardon...?!
— Il a menacé de me donner des retenues juste pour me forcer à venir dans son bureau et il avait l'air de vouloir rôder vers le dortoir dans lequel on nous a envoyées.

Sa plume gratta de plus belle sur le parchemin. Jamais elle n'avait eu l'intention de balancer quoi que ce soit sur Alexander ! Elle le trouvait bizarre, d'accord, elle ne l'aimait pas beaucoup, d'accord aussi, elle était à peu près sûre qu'Armitage aurait fait un meilleur DDM même si c'était la pire balance de l'histoire de Poudlard... mais elle n'avait pas l'intention de lui attirer le moindre ennui !

— Est-ce qu'il y a autre chose dont vous voudriez parler ?
— On va pas se laisser faire. C'est injuste ce qui nous arrive. On a rien fait. On se battra jusqu'au bout. Si c'est la guerre que Sørensen veut, c'est la guerre qu'il aura.
— Autre chose ?
— Non, Monsieur.
— Alors je ne vous retiens pas plus longtemps. Passez une bonne journée, Mademoiselle O'Delee.

Elle ne demanda pas son reste et quitta la salle avec un empressement perturbé. Qu'est-ce qu'il lui prenait, sérieux ? Pourquoi elle s'était sentie à ce point obligé de balancer tout ce qu'elle pouvait bien penser, sans filtre ni bon sens ?! Jusqu'à leurs envies de révolte ! Ça allait remonter aux oreilles de la direction, c'était obligé... Tu parles d'une révolutionnaire en carton ! Ils étaient dans une sacrée merde et c'était entièrement de sa faute !

(c) jawn

Racontez-moi tout

La pluie martelait les vitraux, accompagnant les pas du Poufsouffle de ponctuations hachurées. Le chemin jusqu’au quatrième étage était relativement court, dans la mesure où le château recensait de hautes tours bien plus inatteignables. Pourtant, Charles eut l’impression d’évoluer au ralenti, comme dans certains de ses mauvais rêves où il essayait d’accélérer le pas pour finalement se retrouver stagnant. Peur d’être en retard à une convocation officielle du Ministère, ou crainte de manquer son rendez-vous avec Sidney, il ne sut mettre le doigt exactement sur cette désagréable sensation qui l’avait par ailleurs porté à ouvrir un bouton du col de sa chemise, dans la difficulté de déglutir. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il redoutait autant cette entrevue qu’il l’attendait de pied ferme. Pouvoir s’exprimer, enfin, mieux appréhender cette situation, saisir d’obscures nuances qui lui manquaient… Lire dans son regard ce qu’il ne pouvait déchiffrer dans ses mots. Résolument, cette rencontre avec Sidney hâtait son pas, bien plus que les exécutions gouvernementales. Il se faisait du souci pour le jeune homme, peut-être même plus que pour lui-même d’ainsi déambuler dans un château menacé de dangereuses forces. C’était curieux, dans un sens. Il avait passé ses cinq premières années à Poudlard à craindre ce type d’évènement ; une explosion, une scission, des hostilités. Ses nuits étaient peuplées d’inquiétudes qui avaient fini par se matérialiser dans une spirale de fumée noire alors qu’Eléonore était parvenue à le tirer hors des murs de l’école. Et malgré l’explosion, qui avait enfin légitimé ses angoisses, Charles dut se rendre à l’évidence que ses préoccupations avaient changé de cible. Était-ce une réaction parfaitement cohérente de son esprit ? Il avait lu quelque part que dans les pires traumatismes, le cerveau humain cherchait à s'agripper à quelque chose qu’il pouvait maîtriser. Ses cellules grises se tenaient peut-être à la condition de Sidney en raison de ce mécanisme. Se sentir en sécurité, échapper à la folie meurtrière des uns et des autres, c’était irréalisable. S’assurer que le Serdaigle était sain et sauf, agir pour le protéger, c’était déjà bien plus concevable. Dans une dernière foulée, Charles parvint au quatrième étage, ralentissant légèrement le pas maintenant qu’il avait le couloir de sa convocation dans son visuel. Il se demanda s’il n’était pas tenu de refermer ce petit bouton de chemise, aussi bien par convention ministérielle que par nécessité de paraître soigné face à son camarade, quand il réalisa que bien respirer était probablement plus important que quelques apparences. De toute façon, il avait déjà pris le soin de peigner ses cheveux ainsi rabattus sur le côté. Oui, tout semblait évident maintenant : il avait de telles pensées par seul besoin de raccrocher son cerveau à des faits tangibles. Absolument pas parce qu’il voulait bien paraître dans une société magique qu’il détestait, et encore moins parce qu’il voulait se montrer sous son meilleur jour face à son ami…

Il croisa son regard dès qu’il devina sa silhouette contre un mur. Esquissant un sourire, il pressa le pas pour parvenir à sa hauteur. Ces occasions étaient rares, il fallait dire. D’ordinaire, il s’agissait seulement de quelques coups d'œil dans les couloirs. Sa proximité était devenue un souvenir, et le seul fait de pouvoir ainsi se tenir debout à ses côtés avait quelque chose d’enthousiasmant. Il dégageait une sécurité qui lui avait manqué, ces derniers temps. “Salut”, chuchota-t-il en continuant à l’observer en dépit des prunelles fuyantes de son camarade. Il voulut enchaîner tout de suite, s’enquérir de son état, recenser ses besoins, établir un plan d’action en conséquence, quand un visage anonyme passa par la fente d’une porte pour requérir Sidney. Charles consulta l’homme avec une franche expression de déception. En vain. La sentence était tombée, ils devaient déjà se séparer. Entrouvrant ses lèvres dans la recherche infructueuse de mots réconfortants, dans la recherche stérile d’une promesse de le retrouver très vite, Charles regarda son camarade se faire avaler par l’une des pièces des interrogatoires avant de disparaître tout à fait de son champ de vision qui resta quelques secondes bloqué sur la porte désormais refermée. Ce ne fut qu’à cet instant qu’il reprit tout à fait son souffle et que sa gorge sembla se délier. Son cœur battait un peu moins la chamade, aussi. Mécaniquement, il referma son bouton de chemise, la mâchoire crispée. Il eut envie de plonger son visage dans ses mains, pour moins ressentir cette solitude, pour mieux embrasser la pénombre, mais la perspective de poser sa peau sur les bactéries qui rongeaient ses gants eut raison de son accès de frustration. Au moins pouvait-il se consoler d’être toujours fidèle à lui-même, même dans le plus profond des agacements. “Charles Ehrlich ?” lança une voix derrière lui. Tournant aussitôt son visage, Charles croisa les iris chocolat d’un homme en costume qui l’attendait sur le pas d’une porte. “Oui, j’arrive.” Et il s’engouffra dans la pièce sans autre mesure.

Le bureau était soigneusement rangé, justifiant soit de la minutie du Ministère, soit de la rigueur de son interlocuteur qui prit place devant lui. Il avait des traits assez secs en dépit d’une voix plutôt ronde, comme si le monde extérieur l’avait façonné contre sa propre nature. Charles, le dos droit et les mains jointes sur ses jambes dans une posture parfaitement austère, se surprit à ne ressentir aucune forme d’anxiété. D’un autre côté, il n’avait rien à cacher, ni à craindre. Bien au contraire, il se sentait à l’abri maintenant qu’un homme officiel se tenait en sa présence. “Mettez-vous à votre aise, je vous en prie. Un biscuit, peut-être ? Ou du jus de citrouille ?”lança l’adulte en lui présentant une assiette et un verre sur un coin du bureau. Charles déclina poliment, trop concentré dans l’échange qui allait se tenir pour envisager un encas qui l’aurait distrait. “Bien. Alors, dites-moi, où étiez-vous avant puis au moment de l’explosion ?” “Avant, j’étais dans mon dortoir. Je me préparais pour aller à la table ronde organisée par nos professeurs. Pendant, j’étais justement à cette table ronde.” “Un souvenir en particulier à nous partager ?” Le Poufsouffle hocha la tête. “Non, rien. Je veux dire, il y a des tensions, dans cette école, mais ce n'est pas nouveau.” “Des tensions ?” “Oui… La brigade s’est parfois montrée injuste envers les autres grades. Ça a animé une défiance les uns envers les autres. C’est pour ça qu’il a été décidé d’organiser une rencontre entre les élèves des différents classements. Il fallait s’assurer des intentions de chacun.” “Je vois. Rien de singulier à nous signaler, donc ? N’hésitez pas, tout peut nous être utile.” “Je ne crois pas… Enfin, vous auriez dû être là plus tôt. Vous auriez pu vous rendre compte par vous-même de l’ambiance de cette école. Cette insécurité… Ce n’est pas nouveau” répéta-t-il à voix basse. “Auriez-vous des exemples concrets ?” Hochant à nouveau la tête, le Poufsouffle s’aperçut de la délicatesse de cette situation. Comment décrire tangiblement un ressenti ? Il n’était pas directement en danger, mais il savait l’être. “Une idée de qui pourrait être à l’origine de cette attaque ? Rassurez-vous, ça n’attirera d’ennuis à personne.” “Oui, je sais. Dans les enquêtes, il faut toujours considérer toutes les options” acquiesça Charles sous le regard approbateur de l’adulte. “Et bien… De mon côté, j’ai deux hypothèses. La première, la plus évidente, concerne un grade bronze qui aurait agi par rébellion. Mais je ne vois pas qui serait capable d’une chose aussi extrême..” Il se tut une seconde. “La seconde, moins intuitive, concerne à l’inverse un grade or. Vous savez, dans le but de se faire passer pour martyr et ainsi rejeter plus facilement la faute sur les autres… C’est toujours comme ça, dans les romans d’Agatha Christie.” Il rougit à l’évocation de son auteure préférée sans pour autant susciter de réaction de la part de son interlocuteur. “En tous les cas, je n’ai pas d’identité précise en tête. J’espère seulement qu’il ou elle sera vite retrouvé pour qu’on se sente enfin en sécurité.” Il fut invité à ajouter autre chose, mais pour la troisième fois, le Poufsouffle hocha la tête. Non, rien à ajouter. Il aurait aimé se rendre davantage utile, apporter un raisonnement sans faille qui aurait élucidé cette affaire, mais la vérité, c’est qu’il avait la tête ailleurs, ses pensées toujours arrêtées sur le seuil de la porte d’en face.

@Sidney Driscoll

code by EXORDIUM.

Racontez-moi tout

”Bluebell Sherwin ?” Une voix fluette, presque nasillarde, survint des tréfonds du couloir pour cette désolante sentence. La Serpentard crispa sa mâchoire en croisant le regard de son frère, nonchalamment adossé au mur. “Je file, sa Seigneurerie m’attend” lui glissa-t-elle avec un sarcasme qui ne parvint guère à convaincre son jumeau. Elle était résolument nerveuse, depuis plusieurs jours déjà, et en cette matinée, il lui semblait même souffrir de terribles picotements qui perforaient sa délicate peau. Le contact de la soie de son chemisier lui paraissait terriblement rêche, si bien qu’elle fut contrainte de remonter ses manches en s’éloignant de Maxton. “Je te retrouve dans quelques instants” lui promit-elle plus fermement en avançant en direction de l’homme qui venait de l’appeler. En vérité, elle eut davantage le sentiment de s’approcher des Enfers, Cerbère attendant sur le pallier pour sonder son âme et l’envoyer au Tartare pour le pire châtiment. Pourtant, dans un subtile exercice de contrôle d’elle-même, Bluebell parvint à se présenter droite et courtoise à son interlocuteur qu’elle salua d’un hochement de tête. “Elle-même” répondit-elle en pénétrant à l’intérieur de la pièce. La porte se referma derrière elle sans autre mesure, lui laissant la nette sensation d’être esseulée. En effet, elle ne sentit plus de regard sur son échine pour la soutenir. “Asseyez-vous, je vous en prie” proposa l’investigateur en prenant lui-même place sur son siège. Arquant un sourcil à la vue de la chaise qui lui était proposée - était-elle déjà inculquée pour avoir droit à un meuble aussi spartiate ? - , la jeune fille ravala sa fierté pour s’installer de l’autre côté du bureau qui les séparait, les épaules basses et le menton relevé en signe de sa bonne éducation. “N’hésitez pas à vous mettre à l’aise. Des biscuits ? Du jus de citrouille ?” Sans se défaire de son sourcil arqué, la brune le jaugea un instant du regard, se demandant comment les dieux avaient-ils pu se moquer d’elle au point de lui offrir un interlocuteur aux traits aussi pathétiques. Ne méritait-elle pas au moins un jugement plus honorable ? Une pièce moins désordonnée, un siège molletonné, un intervenant plus charismatique ? “Non, je vous remercie. Je ne grignote pas entre les repas” répondit-elle avec condescendance, les commissures de ses lèvres tirées dans un sourire sans joie. Le pantin du ministère soutint son regard un instant avant de se saisir d’une feuille de parchemin et d’une plume qu’il trempa dans un encrier. Aussi ne la vit-il pas tout de suite passer une main sur son bras qui reprenait à la démanger. “Bien, commençons sans plus tarder. Où étiez-vous avant l’explosion ?” “A la bibliothèque, pour étudier.” “Et pendant l’explosion ?” “Encore à la bibliothèque, toujours pour étudier.” Le fonctionnaire leva les yeux de sa feuille. “Vous vous y rendez souvent ?” “Quand je dois étudier, en effet.” Reposant sa plume, il consulta la brune du regard un instant, laquelle se remit à frotter sa peau de ses ongles. “Cette semaine était scolairement chargée, raison pour laquelle j’ai décidé de passer mon après-midi sur mes devoirs” précisa-t-elle alors après un instant de silence. Son interlocuteur hocha la tête avant de reprendre sa plume et de gratter quelques notes.

Heureusement qu’elle avait mis feu aux siennes. Elle se revoyait, à l’annonce de l’arrivée des troupes du ministère, rassembler ses récentes correspondances à son frère pour y jeter un incendio qui avait consumé jusqu’aux dernières lettres. Il était ainsi devenu impossible de deviner le motif exact de sa présence dans la bibliothèque, en réalité seulement requise par son jumeau… Tournant distraitement son visage vers la porte fermée à sa gauche, Bluebell se figura la noble stature de son frère paresseusement installée dans la pièce voisine en répondant aux questions posées avec la rondeur enjôleuse de sa voix, comme il l’avait fait cinq ans plus tôt pour les défendre lors de leur prise de position en faveur de Blackman. Le temps avait filé à une allure scandaleuse, si bien qu’on la considérait dorénavant suffisamment grande pour supporter un interrogatoire toute seule. Oh, elle était certainement prête pour ce genre d’exercice, après tout, son émouvant discours lors du procès d’Appleton était parvenu à toucher quelques individus de l’assemblée, mais elle se devait d’admettre que cette entrevue était différente. Il ne s’agissait pas de convaincre plusieurs âmes en mal d’accusations… Il n’y avait qu’une seule personne à toucher, une vermine connue pour soutenir tous ces autres parasites moldus, qui se tenait à présent face à elle, attentive aux moindres failles qu’elle laisserait paraître. Or, la brune avait autant de mal à contenir son dédain que son appréhension qui commençait à rougeoyer sur sa peau irritée. Aussi finit-elle par décider de ne retenir aucune de ces deux émotions, quitte à s’éloigner du discours préconstruit qu’elle avait établi avec Maxton sur le chemin jusqu’au quatrième étage. Elle excellait bien plus dans l’art de la vérité manipulée que dans celui de la rhétorique millimétrée. “Vous souvenez-vous éventuellement de…” “Je vais être honnête avec vous.” Chacun s’attarda dans le regard de l’autre, l’un surpris, l’autre fiévreuse. “En dépit de votre invitation, je ne peux guère me mettre à mon aise. Vous l’aurez peut-être deviné à mon attitude, mais je suis effectivement bien trop tendue pour me permettre une telle tranquillité…" Bluebell frotta encore un instant le creux de son coude avant de se pencher en avant, prête aux confidences. L’autre reposa aussitôt sa plume en joignant ses mains devant lui. “Je suis terrifiée” murmura-t-elle alors s’ancrant davantage dans le regard du fonctionnaire. “D’abord, on empoisonne notre Ministre. Ensuite, on nous annonce que quelques extrémistes envisagent de violer le secret magique. Et maintenant, on explose la tour privilège de Poudlard où les élèves les plus brillants résident. J’ignore ce qui nourrit tant leur haine envers les plus dignes sorciers, mais ces rebelles sont dangereux. Je me réjouis que des hommes comme vous soient enfin présents entre ces murs pour nous protéger, il était résolument temps de…” “Et selon vous, qui seraient ces rebelles ?” Bluebell fronça des sourcils, aussi agacée de cette interruption que décontenancée par le stoïcisme de l’adulte. “Je l’ignore autant que vous, même s’il ne serait certainement pas étonnant d’y retrouver quelques grades acier. Ils méprisent notre héritage… et me semblent donc les mieux placés pour essayer de supprimer les meilleurs représentants de cette école.” “Des noms en particulier à nous soumettre ? Bien entendu, ils ne risqueront rien.”“Mills. Mansfield. Tous ceux qu’ils fréquentent” répondit aussitôt la jeune fille sans l’ombre d’une hésitation.

S’adossant à nouveau contre le dossier de son siège, le fonctionnaire hocha la tête avant d’inscrire des annotations supplémentaires sur le parchemin devant lui. Le silence retomba et Bluebell ne jugea guère nécessaire d’ajouter autre chose maintenant que sa nervosité et que son mépris avaient trouvé un parfait exutoire. Elle observait avec dégoût la rougeur de sa peau encore chaude de ses griffures quand l’adulte lui demanda si elle souhaitait à nouveau intervenir. Non, en aucun cas - mais il lui semblait important de conclure en de meilleurs termes.“Cette affaire sera rapidement résolue, n’est-ce pas ? Vous n’allez tout de même pas laisser le coupable courir encore longtemps.” Il se leva, laissant la Serpentard en faire de même par mimétisme, avant de lui répondre. “En effet, nous aimerions pouvoir le retrouver au plus vite. Nous espérons que ces entretiens nous aideront en ce sens.” Bluebell acquiesça dans un rictus de politesse avant de toiser son interlocuteur lorsque celui-ci lui tourna le dos pour rouvrir la porte. Il ne méritait pas cette enquête, ni lui, ni aucun de ses condisciples. Leur jugement était biaisé, scélérats comme ils l’étaient… C’était aussi affligeant qu’utile, dans le fond. Jamais ils ne pourraient deviner l’identité de l’assaillant, qui pourrait ainsi poursuivre sa vie dans la plus profonde impunité, mieux, dans la félicité d’avoir servi à leur noble cause. Il n’y avait de toute façon aucune autre issue possible. La liberté pour échapper à la damnation. “Merci pour votre temps, très bonne journée à vous.” “Merci à vous de m’avoir écoutée.” Gratifiant cet incapable d’une petite révérence, car il demeurait haut placé et risquait un jour d’être son collègue, Bluebell quitta cette maudite pièce sans se retourner, attendant son jumeau au bout du couloir à l’abri d’autres crocs acérés. Ainsi donc, elle s’était agilement extirpée des Enfers. Elle n’avait certes pas suivi le chemin tracé, mais il lui semblait tout de même avoir trouvé une sortie tout à fait satisfaisante. Après tout, elle s’était échappée sans porter aucune menotte et sans risquer aucune situation préjudiciable. Rabaissant les manches de son chemisier, dans la pure volonté enfantine de ne pas exposer l’appréhension qu’elle avait ressentie au flegmatisme assuré de son jumeau, Bluebell accueillit son frère quelques minutes plus tard, qu’elle interrogea d’un regard plus éloquent que tous ses discours. Il lui répondit tout aussi tacitement dans une lueur qui finit de la soulager tout à fait. Aussi s’empara-t-elle du bras de Maxton de ses deux mains pour avancer avec lui dans le château, loin de ces misérables, loin de ces damnés. Seuls, ils avaient surmonté cette épreuve. Ensemble, ils s’en éloignèrent, le pas léger, la posture impétueuse.

@Maxton E. Sherwin

BORDERLINE

Dangerously fine and unforgiven,
I bet you're too terrified
to try your best

Gwen & et l'inspectrice

[INTRIGUE] Racontez-moi tout

Voilà, treize heures, à quelques minutes près ! Gwendolyn patientait dans le couloir après avoir quitté son dîner frugale. Repue mais surtout détendue, elle se présentait à la porte qui s’ouvrit devant elle en tombant presque né à né avec l’enquêtrice.

Mlle Gwendolyn Chatel, Madame.

La dame, les cheveux courts bouclés et le visage accueillant, l’invita à prendre place devant la table et à s’asseoir sur la chaise. Elle lui proposa biscuits et jus de citrouille et d’un geste, Gwen écarta l’idée de prendre pas même une once de jus ou même une bouché de biscuit se sentait très ballonné déjà par son repas.

C’est très gentil, mais il n’y a rien de plus qui peut rentrer. J’ai déjà trop manger, même.

La blondinette s’assit, angula ces chevilles sous la chaise et posa ces mains gracieusement sur ces genoux alors qu’elle portait son regard vers la dame d’un âge certain qui s’asseyait devant elle. Si elle n’avait pas visé une carrière de journaliste, tous postes d’enquête lui avaient semblé comme un bon second plan de carrière. Encore fallait-elle qu’elle choisisse ce qui lui plaisait le plus comme département. Si elle savait qu’aucune étude n’était nécessaire pour décrocher un poste à la Gazette, sa mère avait été formelle sur le fait qu’elle ne pouvait lâcher l’école et qu’il lui faudrait un plan B.

Commençons. Que faisiez-vous lors de l’incident ?

Première question, très logique. Il était bon de noter la relation entre les choses.

J’étais dehors. Je m’apprêtais à rejoindre le terrain de Quidditch. J’ai laissé @Artemis T. Lewison au rez-de-chaussée, lui est monté et moi j’ai pris le chemin vers l’entrée pour me rendre dehors. Je vous dirais bien que je m’y suis rendu mais non ; après le gros Boom, j’ai rebroussé chemin.

Que faisiez-vous dehors ?

J’allais m’entraîner. Je ne joue pas dans une équipe mais il est nécessaire pour moi de garder le niveau si je veux une chance de me qualifier l’an prochain.

Vous me semblez assez calme Mlle Chastel. La majorité de vos collègues, même plus vieux, ont l’air affolé. Pourquoi cette différence si notable?

La question lui déplaisait mais elle n’avait rien à cacher. Même pas cela.

À default de le paraître, je le suis tout autant qu’eux. Peut-être la différence vient du fait que depuis ma première année ici, on nous encourage à nous concentrer et garder la tête froide. Si on ne se maîtrise pas, on peut facilement perdre tout nos moyens. Elle prit une pause en soupirant. Je préfère garder en tête que je suis prête et d’essayer de toujours chercher plus de moyen de me protéger que d’espérer que quelqu’un le fera pour moi. Ce n’est pas la première fois au cours de ma scolarité que l’école tombe en pierre ou que des étudiants finissent à l’infirmerie. Il faut faire avec, c’est ce que j’ai compris dès ma 1ère année à Poudlard. Quiconque qui vous dira que Poudlard est le lieu le plus sécuritaire du monde des sorciers actuellement, est soit naïf, trop jeune ou vous ment tout simplement.

Bien. Elle voyait que ce n’était pas tout à fait le genre de commentaire qu’elle cherchait, mais le notait néanmoins. Pouvez-vous me dire si vous avez remarqué des choses étranges en lien avec l’incident de la Tour Privilège ?

Outre les rumeurs, non rien.

Et quant est-il de ces rumeurs ?

Oh pour cela, il y a de tout. Beaucoup d’élève ont reçu un mot qui indiquait que les tableaux s’étaient tue et parlait de l’incident bien avant qu’il n’arrive. J’ai entendu parler d’un homoculus qui aurait livré la bombe dans la Tour Privilège. Que les premiers grades aciers étaient fâchés, rien de très … passionnant. Qu’il y a eu une table ronde pour discuter de l’attribution des statuts remis par la brigade et qu’elle s’est arrêtée dès l’incident ; super timing. Et dire que j’essaie moi-même d’avoir des infos sur le sujet depuis des mois, une belle opportunité de raté. Quelques autres histoires que j’ai vérifiées et qui finalement sont tous fausses.

Avez-vous en tête des personnes qui seraient sujets à des actions drastiques de ce genre ? Une idée sur qui aurait pu causer l’incident ? Une piste à nous offrir. Soyez sans crainte, cette personne ne craint rien.

Si j’avais la moindre preuve de ce genre d’action, sachez que je vous les aurais présentés dès le départ. Malheureusement, non. Et puis. Je ne comprends pas pourquoi vous me dite que cette personne ne craint rien. Si vous la trouvez, j’espère qu’il y aura des conséquences et qu’on ne balaiera pas tous sous le tapis. Elle a envoyé plusieurs personnes à Ste-Mangouste. Et quoi ? Basta ?

Avez-vous quelque chose d’autre à dire, Mlle Chastel ?

Gwen observait la femme devant elle. Son entretien tirait finalement vers la fin. Elle aurait aimé découvrir quelque chose, une infime trace d’information. Elle tapota de ces doigts sur l’accoudoir. Mais elle savait qu’elle n’aurait rien d’elle. Peut-être même menait-elle uniquement les entretiens et n’avaient pas été dans les décombres de la tour. Personne n’y était allé. Peut-être serait-ce une bonne idée que de s’y rendre tout compte fait.

J’espère que vous trouverez le responsable qui a envoyé mon ami à Ste-Mangouste. Rapidement. Et que nous pourrons reprendre le peu de normalité possible de notre vie ici.

Sur ce, elle se leva, suivi la dame jusqu’à la porte et parcouru les couloirs de Poudlard la tête perclus de questions sans réponse et de très mauvaise idée en tête.

Tell me everything

Interrogatoire de Finnbjörn

J’attendais ce rendez-vous depuis déjà quelques jours. Je sais que sur le plan politique, il est important pour notre image, et l’ai donc préparé en conséquence, aidé par Grand-Père qui m’a susurré quelques bonnes formulations. J’attends donc patiemment mon tour, et m’introduis dans le bureau, croisant ma soeur qui en sort. Si j’ai pu m’inquiéter sur la version des faits que donnerait Erin, je suis en revanche très confiant lorsque je pénéètre dans le bureau… « Monsieur Sørensen, prenez place je vous prie. » J’obtempère sans mot dire, sans pour autant perdre mon temps en politesses inutiles et en courbettes ridicules. Si je l’avais bien voulu, j’aurais pu faire en sorte de m’épargner ces formalités… or, j’ai bien l’intention que mon interlocuteur comprenne que si je me trouve là, ce n’est pas parce que l’on me l’a imposé, mais bien parce que je l’ai choisi. Cependant, je désigne d’un geste du menton le cadran de l’horloge, afin qu’il se souvienne que le temps m’est compté… « Où étiez-vous, avant et au moment de l’explosion ? Que faisiez-vous ? » me demande alors l’officier, qui lève finalement les yeux de son dossier pour s’adresser à moi. Je ne suis pas certain, mais j’ai le souvenir de l’avoir déjà croisé quelque part… Peut-être à l’une de nos réceptions pour fêter le solstice d’hiver… ?

Quoi qu’il en soit, je laisse mes bras reposer sur les accoudoirs, croise mes jambes, et adopte une posture réflexive, comme si j’étais en train de me remémorer attentivement les sinistres événements. En réalité, je ne laisse aucune place à l’improvisation : tout est déjà bien structuré dans mon esprit, millimétré comme une partition, je sais exactement tout ce que je vais dire. Je ne suis pas n’importe qui, et je sais que mon interlocuteur en a parfaitement conscience. « En pleine rrréunion, pour assister mon Grrrand-Pèrrre. Il faut dirrre qu’au sein de cette école, beaucoup manifestent une grrrande incomprrréhension face à sa politique scolairrre, basée surrr le trrravail et le mérrrite… alorrrs il a jugé bon de leurrr accorrrder un peu de son temps pour éclairrrer leurrrs lanterrrnes, si j’ose dirrre. » me contenté-je de répondre, dissimulant le petit sourire en coin qui menaçait de trahir mon mépris pour ces petites gens. Qu’y pouvons-nous, si ces sangs souillés n’ont pas encore compris le nouveau fonctionnement de cette école ? Le temps d’Appleton est révolu, il est grand temps que les impurs se fassent une raison. C’était très noble de notre part de perdre notre précieux temps à expliquer aux cancres pourquoi ils se voient dépourvus de leurs privilèges, mais c’est le propre des décérébrés, ils ne comprennent pas grand chose à ce qu’on leur raconte. Le visage de mon interlocuteur est aussi inexpressif que le mien. Si l’affaire qui nous a réunis ici n’était pas d’une gravité préoccupante, je supposerais que nous ne discutons que de sujets légers comme du temps qu’il fait dehors… Il note quelque chose dans son carnet, et moi, je regarde mes ongles, avec une attention toute particulière pour mes cuticules. « Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose en particulier ? » finit-il par demander, troublant le silence pesant qui a commencé à s’installer au sein de ce bureau. Je fais à nouveau mine de réfléchir, inclinant ma tête d’un côté, puis de l’autre, ma bouche esquissant une petite moue. « Eh bien, pas vrrraiment. Il faut dirrre que nous avons tous été beaucoup secoués, ma petite soeurrr a elle-même été touchée parrr cette explosion. » lancé-je, afin de souligner qu’avant d’être considérés comme de potentiels coupables, nous sommes avant tout les principales victimes de toute cette histoire. Mais je trouverais dommage de m’arrêter en si bon chemin… « Mais avec du rrrecul, je dois avouer que je trrrouve cela un peu curieux que l’incident se soit prrroduit au moment où nous nous trrrouvions à cette rrréunion… comme si l’on avait essayé de nous attirrrer ailleurrrs. Je ne voudrrrais pas me perrrdrrre en théorrries complotistes, mais avouez que la coïncidence est tout de même frrrappante. » souligné-je, levant un index inquisiteur, espérant que cette petite réflexion ne manquerait pas d’attirer quelques soupçons vers Armitage et toute sa bande de joyeux lurons syndicalistes. Après tout, qui de mieux que des aspirants révolutionnaires pour fomenter un attentat criminel ?

L’officier continue de prendre des notes, et je jette un oeil aux vitraux, qui camouflent la vue donnant sur le parc. Pour l’instant, j’ai le sentiment que je me débrouille plutôt bien… comme Grand-Père l’aurait voulu. « D’après vous, qui aurait pu faire ça ? » Oh, c’est la question que j’attendais le plus. Des idées, je n’en manque pas… Et des coupables potentiels, encore moins. Il va de soi que nous ne pourrons nous sentir pleinement en sécurité dans cette école que lorsque tous les sangs de bourbes auront été renvoyés chez eux, et que nous, êtres de sang noble pourrons enfin bénéficier d’un enseignement privilégié, loin de toute nuisance, afin de révéler notre plein potentiel magique. « Oh, j’ai bien ma petite idée là-dessus. » affirmé-je, d’un ton qui ne laisse pas de place aux incertitudes. Je place mes mains sur mon genou droit, entrecroisant mes doigts, et marque un temps de pause afin de laisser durer un peu le mystère. « Vous avez certainement entendu parrrler de Zeynep Özdemirrr, je prrrésume ? Et bien, sachez que malgré son jeune âge, son nom a sa place toute trrrouvée dans une rrrubrrrique de faits divers de la gazette. » lâché-je, les sourcils légèrement froncés, comme pour bien faire comprendre à mon interlocuteur que je suis loin, bien loin de plaisanter. « C’est malheurrreusement un cas désespérrré au sein de cette école, et qui n’en est pas à son coup d’essai. Insolence, intimidation, prrrovocations… figurrrez-vous qu’elle est également à l’origine de la menace visant à rrrévéler aux moldus le secrrret magique. » Je sors d’ailleurs de la poche de ma robe la lettre signée de la plume de cette petite teigne, datant de l’an passé, que nous avons été plusieurs à recevoir, et la dépose fièrement sur la table, comme un trophée de chasse, invitant l’inspecteur à s’en saisir. Evidemment, je ne serais pas passé à côté d’une telle opportunité… Sans attendre, j’ajoute : « Cette jeune dissidente échappe à toute sanction depuis des années à cause de la complaisance du ministèrrre, mais perrrsonnellement, je ne suis pas naïf. Elle est dangerrreuse. Et quand on me parrrle de bombe arrrtisanale moldue… oui, je pense que cela pourrrrait rrressembler à ses méthodes. » poursuivis-je, d’une voix claire, avec l’espoir que cette accusation puisse être celle qui la pousserait enfin vers la porte de sortie. Je glisse mes doigts sous mon menton, le pouce appuyé contre ma mâchoire, sans rompre le contact visuel avec mon interlocuteur… « Oh et d’ailleurs, je suppose qu’elle n’a pas d’alibi, l’après-midi où la tourrr a explosé. N’est-ce pas ? Je serrrais le prrremier étonné. » déclaré-je finalement, en élargissant mes commissures de lèvres. Pas de réponse. L’officier demeure parfaitement immuable… Je ne vois pas sur son visage l’expression de surprise que j’attendais, il dissimule ses émotions mieux que je ne l’aurais cru. Nouveau silence, ce qui ressemble à une minute entière s’écoule sans que l’un de nous ne le brise, puis il referme son carnet. « Ce sera tout, monsieur Sørensen. Vous pouvez disposer. » me lance-t-il. Sans mot dire, je m’exécute, revêtant soigneusement mon manteau en fourrure de vison, et quitte la pièce. J’en ai terminé, et je saurais dans les prochains jours si je me suis révélé suffisamment convaincant.

code by bat'phanie

Racontez-moi tout
‟ L'abus de veritaserum est dangereux pour la santé „

Tout le monde semblait s’être donné le mot pour faire de la journée de Dmitri une course effrénée. Il poursuivait le temps et la raison sans trouver l’un ou l’autre, pestant contre tous ceux qui avaient décidés de se liguer contre lui – le plus inconsciemment du monde – afin de faire de ce début de semaine une journée angoissante et désagréable.

Presque littéralement, il était tombé du lit, ce matin-là. Il s’en était fallu de peu pour que son visage ne rencontre le sol, alors que retentissait la sonnerie de son réveil, un petit bijou de magie qu’il détestait plus que tout et qui avait l’outrecuidance de lui rappeler la dure réalité de Poudlard : il était attendu plusieurs étages plus bas dans cinq minutes. Pas un cours, mais la convocation la plus absurde du jour, celle de son grand-oncle pour un test de graphie aussi inutile qu’il lui avait paru vexant au premier abord. Un instant, l’enfant avait cru que son aïeul pourrait réellement envisager qu’il soit l’auteur du mot litigieux, crainte qu’il avait tôt fait d’éliminer d’un mot assez laconique mais sans exclure l’importance et la nécessité de ce rendez-vous.

À peine eut-il le temps de s’habiller, nouant autour de son coup la cravate aux couleurs de sa maison avec empressement, et il filait déjà dans les couloirs, plus vite qu’une étoile. Pour l’heure, il se moquait bien de bousculer d’autres élèves ou de saluer ceux – assez rares il fallait le reconnaître – qu’il connaissait et appréciait suffisamment pour cela. Il arriva haletant devant le bureau du maître des potions, fatigué de sa course et affamé ; traverser à toute allure l’école en étant à jeun n’était pas la plus brillante des idées mais se lever plus tôt aurait été un effort supplémentaire qu’il avait dédaigné de faire. Par un étrange miracle, il pénétra dans l’antre du professeur avec tout au plus quelques secondes de retard, rien qui ne puisse réellement mener lui à une confrontation ; Dmitri détestait autant être en retard que son aïeul les méprisait.

Bien heureusement, l’entrevue ne fut guère très longue : Alexander enchaînait avec d’autres élèves... peut-être même s’était-il rendu compte qu’il faisait face à un garçon affamé, en plus d’être rendu anxieux par la convocation des agents de police magique du ministère. C’était sans doute idiot de sa part, mais il ne pouvait s’empêcher d’envisager les pires des scenarios pour l’entretien et le mot qui accusait les tableaux de van Aken n’avait rien arrangé à cette peur enfantine. Malgré la faim qui le tiraillait jusqu’alors, il se rendit bien vite compte en arrivant dans la grande salle qu’il n’avait plus trop cœur à prendre un copieux petit-déjeuner. Grand nombre de ses camarades quittait déjà la pièce, certains finissant encore bacons et tartines... mais rares étaient ceux qui, comme lui, arrivaient ainsi à la dernière minute pour s’attabler. L’aiglon attrapa un verre de jus de citrouille et, pour faire bonne figure, une assiette avec un œuf au plat qu’il entama tout juste, délestant le jaune de son pourtour blanc. Son jus de fruit, en revanche, fut terminé d’une traite juste avant que les dernières victuailles ne disparaissent de la table. Neuf heures sonnaient, il était temps de s’y rendre.

Devant la salle indiquée par sa convocation, d’autres élèves attendaient, discutant avec plus ou moins d’entrain. Tantôt curieux ou anxieux, certains semblaient prendre à la légère l’interrogatoire, mais la plupart l’abordaient avec un air grave qui seyait bien plus aux circonstances. « Dmitri van Aken ? » Comme le glas qui sonne, la voix du policier sembla glacer le sang du garçon, qui se leva sans trop d’entrain. D’un geste de la main, l’homme lui fit signe d’entrer et referma la porte derrière eux. « Asseyez-vous, je vous en prie. » Il parlait d’un ton calme et doucereux, cherchant sans doute à le mettre à l’aise. Dmitri n’était encore qu’un enfant après tout, un jeune homme dont on n’imaginait pas qu’il puisse poser une bombe, malgré quelques infractions violentes au règlement. S’il se révélait intéressant pour les enquêteurs, ça ne devait être qu’au travers de son nom... mais qui espérait que la moindre information intéressante pourrait sortir de sa bouche ? L’on ne pouvait se douter de ce qui se tramait dans les sous-sols du manoir de son oncle, ni même envisager que les réunions fréquentes de deux van Aken, le vieux et le jeune, cachent autre chose qu’une simple courtoisie familiale.

Obéissant, l’enfant se glissa dans le fauteuil que l’adulte lui avait montré, n’ouvrant la bouche que pour un « Merci » lorsqu’il lui proposa un verre de jus de citrouille et quelques biscuits. Ses doigts se saisirent machinalement du verre sans pour autant le porter à ses lèvres, lorgnant plutôt sur les quelques gourmandises qu’il accompagnait. « Bien, commençons vous le voulez-bien ? » Plus par politesse qu’autre chose, il hocha la tête – non que ça soit très utile, la question était évidemment purement rhétorique et le policier préparant déjà son calepin pour prendre des notes – et croqua dans un petit gâteau, finalement plutôt content d’avoir de quoi grignoter et surtout, de pouvoir occuper ses mains. « Où étiez-vous avant et au moment de l’explosion ? » À force de raconter ses journées et faire ses rapports quotidiens à son grand-oncle, le tchèque commençait à être habitué. Il s’était même fait à l’idée de boire chaque soir du veritaserum et de ne plus totalement contrôler ses réponses. Il disait tout sans fard ni cachoterie, parfois un peu inquiet et souvent fort gêné par la situation. « Après le déjeuner, je suis remonté directement au quatrième étage. Je suis resté un peu dans la salle commune de serdaigle, puis je suis allé dans mon dortoir. J’y étais encore lorsque j’ai entendu un grand bruit... » Il marqua une pause, non par hésitation – les multiples doses de veritaserum lui épargnaient ce type de désagréments – mais parce qu'une douleur commençait à s'immiscer dans son cortex crânien. Assez furtive pour qu'il ne s'en plaigne pas, il but une nouvelle gorgée de jus de citrouille et reprit de ce même ton monocorde, presque automatique. « Je pense que c'était l'explosion. La fenêtre était ouverte. » ajouta-t-il à tout hasard, mentionnant chacun des détails même anodins qui lui revenaient à mesure qu'il y pensait.

Si le garçon espérait que ça suffirait et qu'il serait vite congédié après avoir expliqué qu'il était loin de la tour, il n'en fut rien, l'inspecteur semblant bien décidé à connaître le moindre de ses mouvements : « Que faisiez-vous pendant tout ce temps ? » Tel un de ces automates moldus, Dmitri égrainait chaque instant de sa journée d'alors. « Je finissais mon devoir d’histoire de la magie... je suis remonté dans le dortoir pour être seul, il y avait trop de monde dans la salle commune. » L'homme nota quelque chose sur son carnet, tandis que l'aiglon – qui avait fini son breuvage depuis quelques minutes – commençait sérieusement à avoir mal à la tête. Ça n'était pas la première fois qu'il était sujet aux migraines, depuis quelques temps il en avait assez fréquemment, mais elles ne duraient jamais très longtemps et étaient relativement supportables pour qu'il n'ait pas à se rendre à l'infirmerie. « Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose de particulier ? » L'enfant secoua simplement la tête de gauche à droite : il n’y avait rien de plus à dire. « Les jours d'avant peut-être ? Réfléchissez bien, on ne sait jamais, tout peut servir. Même si ça vous semble idiot, n'hésitez pas à en parler, il y a de grandes chances que ça ne le soit pas. » Il sentait presque son cerveau se mettre en branle pour trouver quelque chose à répondre, accentuant la douleur qui l’habitait depuis quelques minutes. Il avait impression étrangement coutumière de lutter contre lui-même : un désir de répondre simplement qu’il ne se souvenait de rien de précis et pourtant, il était animé d’une envie irrépressible de répondre avec précision et honnêteté. Il voulait évidemment que le responsable soit trouvé et puni… il avait blessé plusieurs personnes, dont son cousin qui avait été assez touché pour passer plusieurs jours à l’infirmerie. Pourtant, au fond de lui, il ne parvenait pas à se sortir de l'esprit que l'identité du poseur de bombe – si c'en était bien une – pouvait ne pas le satisfaire pleinement. Ou pire. « Je ne crois pas... » Il ne pouvait faire plus franc. « Essayez d’être certain... vous ne vous souvenez vraiment de rien, les jours d’avants ? Quelque chose que l’on aurait pu vous dire, un comportement inhabituel d’un camarade ou d’un professeur... rien ? » À nouveau, il se contenta de secouer la tête en signe de négation. Le seul comportement inhabituel qu’il pourrait éventuellement mettre en cause était le sien : plus distant qu’autrefois avec certains de ses camarades, plus prudent quant aux bêtises qu’il pourrait bien faire et surtout, se refusant à peindre ou trafiquer d’autres tableaux que ceux voulus par son aïeul. Depuis son passage dans les sous-sols du manoir van Aken, il trouvait toujours des excuses pour ne pas avoir à participer au moindre projet qui pourrait fâcher Alexander, à commencer par ceux de Blaze Mansfield. « Non, je n’ai rien remarqué. » Se sentant comme obligé d’expliquer pourquoi, il rajouta à mi-voix : « J’étais souvent seul ces derniers temps. » Et il l’était infiniment plus depuis l’explosion, sa rétrogradation... et sa remontée fulgurante au grade argent.

Silencieux, le policier nota à nouveau quelques mots sur son carnet, avant de reprendre de plus bel : « D'après vous, qui aurait pu faire ça ? Ça n'attirera d'ennuis à personne, ne vous inquiétez pas, c'est juste pour essayer de comprendre les relations qui ont cours ici. » Poussé par le veritaserum, Dmitri ouvrit la bouche pour répondre à grand renfort de suspicion... à mesure qu’il parlait, qu’il entendait sa voix dans le silence de cette petite salle d’interrogatoire, son regard se colorait d’une lueur paniquée. Il réalisait qu’il ne voulait pas répondre à cette question, qu’à l’instar du jour où il fut forcé d’avouer à son oncle les projets de legilimancie de Zeynep, il parlait sans contrôler la moindre de ses actions. Il n’avait connu de pareille lutte intestine que dans le bureau du maître des potions, assez rarement mais avec toujours autant de force pour qu’il sente au fond de lui une pointe d’anxiété naître. Et la migraine qui se faisait plus forte, criante de douleur au point qu’il en avait des vertiges. « Je... quelqu’un a envoyé un mot qui accusait Alexander. » Sous l’action de la petite potion de vérité, il parlait sans être habité de ce qu’il disait, incapable de corriger le moindre de ses propos. Il ne disait plus « le professeur van Aken », ou « mon grand-oncle » mais son prénom, chose qu’il évitait toujours face à des personnes qu’il ne connaissait pas suffisamment. « Et Zeynep a parlé d’un tableau le jour de l’explosion... il lui a dit d’aller vers la tour privilège. » Il désirait plus que tout se taire, s’empêcher de parler coûte que coûte, quitte à se mordre les lèvres jusqu’au sang. Il regrettait chacune de ses réponses après les avoir prononcées et pourtant, une part de lui voulait tout dire. « Je peux y aller, maintenant ? J’ai mal à la tête. » Il était pâle, plus que d’accoutumé et que lorsqu’il avait passé la porte de la salle. « Nous en avons bientôt fini, ne vous inquiétez pas. Quand vous parlez de Zeynep... il s’agit d’Özdemir, je présume ? » L’homme avait feuilleté quelques-uns de ses parchemins avant de supputer l’identité de la poufsouffle. L’enfant opina du chef, regrettant aussi vite son geste qui accentuait la douleur lancinante. « Quel Alexander ? » Il y en avait plusieurs ? « van Aken. » La plume de l’adulte se remit à gratter son parchemin quelques instants puis il releva la tête, posant le bout de sa plume dans son encrier. « Est-ce qu'il y autre chose dont vous voudriez parler ? » Il eut à peine le temps de terminer sa question que l’aiglon répondait d’un ton suppliant, l’ayant tout juste écouté. « Non. Est-ce que je peux y aller ? J’ai vraiment mal à la tête. » Il sembla hésiter puis le congédia enfin. Dmitri se rua à l’extérieur, espérant y trouver un air respirable et frais... sans grand succès, le couloir n’étant que le prolongement de la pièce qu’il venait de quitter. Un peu hagard, ignorant les élèves qui attendaient et plus encore celui qui prenait sa suite, il s’éloigna, hagard et fiévreux, allant se réfugier dans son lit, la salle commune n’étant heureusement pas bien loin de là.

design ϟ vocivus

Racontez-moi tout

Murphy se révèle

Murphy pénétra dans le bureau dès lors qu’on l’appela, et avec la boule au ventre. Ca n’aurait du être qu’une simple formalité, un entretien de routine avant de rejoindre son laboratoire, et poursuivre ses recherches en compagnie du spectre de son frère. Mais quelque chose avait changé dans son esprit, comme si cette fois, l’enjeu était différent. Comme si ce qu’elle s’apprêtait à révéler, à propos de cette explosion, était susceptible de la compromettre, sans qu’elle ne puisse le contrôler… « Miss Leonhart, asseyez-vous s’il vous plaît. » Elle s’exécuta, prenant place sur le siège, et se rendit compte en s’asseyant qu’elle avait comme un drôle de goût en bouche. Sans doute avait-elle la bouche un peu pâteuse, il était encore tôt et elle faisait partie des premiers convoqués… Elle n’était pas tant impressionnée par l’homme qui lui faisait face, mais elle avait le sentiment désagréable qu’elle s’apprêtait à commettre une bêtise. « Où étiez-vous, avant et au moment de l’explosion ? » Aussitôt, la scène se reconstitua dans son esprit. Les lieux, l’odeur dégagée par la marmite, le bruit sourd signalant l’effondrement d’une partie de la tour privilège pendant qu’elle humait sa mixture… « Oh, juste dans une salle de classe du quatrième. Fermée à clé. » répondit-elle en souriant, le plus simplement du monde. Elle ignorait pourquoi, alors que tout en elle lui criait de rester discrète quant aux motifs qui l’avaient conduite dans cette petite salle déserte, à une heure de l’après-midi où elle n’aurait pas du s’y trouver, sa perception des choses était étrangement altérée. Et son interlocuteur lui paraissait curieusement sympathique… Comme si la logique même exigeait qu’elle se confie à lui, et lui révèle ses plus sombres secrets, même ceux qui pourraient la mettre dans une posture délicate. « Que faisiez-vous ? » Elle ouvrit lentement la bouche, et demeura ainsi, les lèvres suspendues dans le temps, hésitante quand à ce qu’elle pourrait bien répondre. Ses doigts se resserrèrent sur le tissu de sa jupe, jusqu’à en imprimer la marque jusque dans ses phalanges. Elle n’en avait pas franchement envie… Mais une étrange force intérieure la condamnait à ne répondre que par la plus stricte des vérités. Elle trépigna un peu sur son siège, et se décida finalement à répondre : « Juste une toute, toute petite expérience de rien du tout. Vous vous y connaissez un peu, en sciences magiques ? » demanda-t-elle à son interlocuteur. C’était drôle, il ne faisait pas particulièrement chaud dans le bureau… Pourtant, elle avait déjà les joues rosées, comme si sa température corporelle s’était mise à soudainement monter en flèche. Quant à savoir d’où provenait l’origine de cette curieuse stimulation… Cela ne l’empêcha pas de poursuivre néanmoins : « En fait, j’ai commencé y a quelques mois à réfléchir à l’apparition d’un sixième sens. Une force mentale qui nous permettrait d’entrer en communication avec les esprits de ceux qui sont morts. Et pour la développer, je travaille sur une préparation, à base de plantes. » Normalement, il n’y avait qu’Adrian pour connaître la nature exacte de ses activités, et il allait de soi que les révéler à un employé du ministère ne faisait pas vraiment partie de ses projets… Pourtant, c’était comme si elle ne pouvait pas s’en empêcher !

Et sans qu’elle ne parvienne davantage à contrôler ce flux de paroles qu’elle débitait, elle continua, devant le regard perplexe de l’inspecteur. A en croire son regard, il ne s’attendait pas exactement à obtenir ce genre de renseignements de la part d’une quatrième année… « Il y a quelques semaines, j’ai préparé une première potion… basée sur la goutte du mort-vivant. Vous connaissez ? Rien à voir avec un truc de zombies, c’est juste un puissant somnifère, sous forme liquide. Un peu par accident, je l’ai essayé sur une élève… et ça marche. » lança-t-elle, presque un peu trop joyeusement. Fichtre, elle qui était parvenue à habilement dissimuler cette mésaventure avec Cassiopeia, voilà qu’elle était en train de tout déballer à l’autorité en vigueur… Et le pire, c’était qu’elle ne pouvait pas s’en empêcher ! C’était comme si sa langue était déliée à jamais, et menaçait de relater les plus sombres récits de son existence. Et elle cachait de sacrés squelettes, dans son placard… « Et c’est là que ça m’a donné une idée ! Peut-être qu’en poussant le processus plus loin, en l’associant à d’autres substances, sous forme de fumée, elle permettrait d’entrer en contact avec l’autre monde. Vous savez ce que c’est que l’opium ? » demanda-t-elle, à son interlocuteur dont les yeux s’arrondirent soudainement. Ce dernier se mit à toussoter, comme s’il éprouvait quelque difficulté à la croire sur parole, mais elle ne s’en formalisa pas, et poursuivit le plus naturellement du monde, avec de grands gestes, comme si elle réalisait un exposé oral devant toute une classe. « Mais c’est plutôt compliqué de s’en procurer ici, en vérité… Alors je suis à la recherche de plantes magiques avec un effet hallucinogène aux propriétés similaires, et je fais des tests, pour communiquer avec l’au-delà. Avouez que c’est plutôt malin, non ? » Elle, en tout cas, était plutôt satisfaite de ses performances sur ce coup. Travailler sur ces recherches lui avait pris un temps considérable, mais plus que jamais, elle avait le sentiment de toucher quelque chose du bout des doigts, quand bien même Adrian semblait plutôt réticent. « Enfin, pour le moment ça marche surtout comme un simple neurotoxique qui paralyse le système nerveux, et les effets se dissipent au bout d’un quart d’heure… Neurotoxique, ça vous parle, comme terme… ? » Elle ne se risquait pas à aborder ce genre de termes avec ses camarades, qui ne comprendraient pas bien… C’était un peu triste, mais elle s’habituait à être en marge avec les autres. « Mais je reste confiante, c’est normal que ça prenne du temps, d’avoir des résultats. » se justifia-t-elle, comme pour se rassurer elle-même.

Finalement, elle son flux incessant de paroles sembla se tarir, et elle s’interrompit, observant son interlocuteur comme un examinateur, se demandant si elle devait rajouter quelque chose. Elle avait bien conscience qu’il valait mieux que les adultes n’aient pas connaissance de ses pratiques personnelles, mais elle était présentement incapable de contrôler ce qu’elle racontait, comme animée par une force intérieure qui la poussait à se dévoiler entièrement. L’inspecteur fronça légèrement ses sourcils, avant de reposer sa plume dans l’encrier. « Miss Leonhart, de prime abord je n’ai pas le sentiment que vos activités n’aient grand chose à voir avec le but de notre présence ici. En revanche, je crains qu’il ne faille en avertir vos professeurs. » se contenta simplement de répondre l’inspecteur qui acheva de noter quelques phrases sur son carnet, soupirant comme s'il était un peu déçu par ces révélations. Elle esquissa une moue un peu déconfite, se rendant compte que cette nouvelle serait sûrement porteuse de mauvais augures, la concernant… « Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose en particulier ? » Elle secoua aussitôt la tête, en signe de négation. Il n’était pas impossible qu’elle soit passée à côté de quelque chose… Mais rien qui vaille la peine d’être révélé à son sens. « Non, pas que je sache… Je l’aurais bien voulu, moi, le grade or, pour pouvoir accéder quand je veux à la réserve. J’avais demandé à Junior D’Archambault quelques conseils, mais au final, quand je vois ce qui s’y est passé… Je me dis que c’est peut-être pas plus mal, d’être argent. » conclut-elle en haussant les épaules. Lilith avait eu une sacrée veine de s’en sortir sans encombre… Alors il était évident que si elle avait su quelque chose qui aurait permis d’authentifier le coupable, elle l’aurait révélé. Pourtant, non, elle ne savait rien, rien du tout : cet après-midi-là, plongée dans ses expériences, elle était tout simplement absente. « D’après vous, qui aurait pu faire ça ? » A nouveau, elle répondit par la négative. Aucune des théories qu’elle avait échangée ne semblait particulièrement réaliste… « Oh, j’sais pas trop. J’ai reçu un mot qui parle du vieux Van Aken, mais pour tout vous avouer je suis pas plus au courant que ça. » avoua-t-elle sans trop de difficultés, avant de déglutir, le regard rivé sur l’homme qui l’interrogeait. « Est-ce que je peux y aller ? Je sais pas trop pourquoi je vous raconte tout ça, ça me rend pas très à l’aise, et j’ai l’impression que je vais avoir des ennuis… » Et peut-être que cette fois, elle n’avait jamais été aussi proche de la vérité.

Emi Burton

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Murphy's law

by Wiise

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Racontez-moi tout

D'un naturel sérieux, c'était de toute évidence que Jasper s'était présenté avec une bonne dizaine de minutes d'avance sur l'heure de la convocation. En fait, directement après avoir pris son petit-déjeuner il s'était rendu près des salles prévues pour ces interrogatoires. Son petit-déjeuner était composé, comme à son habitude, de fruits et de thé. En tant que botaniste, sa mère lui avait bien inculqué les bienfaits des produits issus des végétaux. Aussi, même si le jus de citrouille aurait pu être à son menu, il était plutôt adepte des boissons chaudes le matin.
Alors qu'il avait pris soin de mettre cet événement derrière lui et d'enfouir les souvenirs dans son esprit, comme cela avait été le cas pour l'incendie de l'école. Cependant, à réception de la convocation il ne put s'empêcher laisser les souvenirs lui remonter en tête et le submerger. Pourtant un peu plus d'un mois était passé depuis l'explosion mais la vision de l'évacuation des blessés en arrivant sur place restait gravé dans son esprit.

Une fois son tour arrivé, Jasper entrait dans la salle avec son air sérieux et impassible habituel. Après un bref salut à l'interrogateur, il s'installait sur la chaise prévue à cet effet. Le jeune sorcier prenait rapidement en main le verre de jus citrouille, le contenant allait lui permettre de passer son stress en le serrant et d'éviter de trembler. Le policier ne perdait pas de temps et entamer directement l'interrogatoire. Conformément aux procédures, Jasper dû se présenter, énoncer son identité complète, sa maison, son année d'étude, etc. L'élève s'exécuta et terminait par une grosse gorgée de jus, sa gorge était affreusement sèche. Quel élève de quatorze ans avait envie d'être confronté à un tel interrogatoire. Même s'il ne cessait de se répéter qu'il n'avait rien à voir avec cette histoire, il ne pouvait empêcher le stress de parcourir son corps.

A partir de là, les questions fusèrent sur son activité avant, pendant et après l'explosion, ce dont il se souvenait. Le jeune sorcier allait droit aux faits lors de ses réponses :

"J'étais près du lac avant l'explosion, je lisais un livre de sortilèges pour préparer le cours suivant en profitant d'une heure libre. C'était le début d'après-midi, il faisait suffisamment bon pour ne pas rester enfermé."

Alors qu'il allait enchaîner sur l'explosion, les images lui revenaient en tête, le coupant dans son flux de paroles. Il reprenait une gorgée du liquide devant lui, prenait une grande inspiration avant de reprendre.

"En entendant l'énorme fracas, je me suis dirigé vers la source du bruit. Le temps que j'arrive je ne pu que voir les premiers blessés être extrait, c'était traumatisant d'être impuissant, de ne rien pouvoir faire pour les aider, comme pour l'incendie."

La dernière phrase n'était pas naturelle pour Jasper, habituellement il n'en aurait pas dit autant et ce serait contenté du fait d'être arrivé après tout le monde. C'étaient probablement les effets de la potion ajoutée au jus, sans même que le jeune sorcier ne se rende compte de quoi que ce soit. Il avait parlé, aussi simplement que possible.

"Autrement, je ne saurai quoi vous dire de plus... j'aime rester seul en général alors je suis rarement aux faits des rumeurs qui circulent. Les personnes que je fréquente le plus sont Kathleen Kirte et Opal, ma sœur. Hormis elle et en dehors des classes, j'aime étudier seul."

L'agent voyant qu'il n'en tirerai pas plus du jeune Bellingham le congédiait.

KoalaVolant

Skyler
&
Max

Motus et bouche cousue

J'entre dans une des salles vides réquisitionnées pour l'occasion. Nous sommes tous interrogés par rapport à cette explosion qui a eu lieu dans la Tour Privilège. Je sais beaucoup de choses mais je n'ai aucune preuve tangible pour accréditer mes soupçons. L'interrogatoire sera donc une partie de poker menteur supplémentaire qu'il me faudra gagner. Je ne peux faire confiance à personne. Après m'avoir demandé de confirmer mon identité, l'enquêteur me propose un verre de jus de citrouille. C'est trop aimable pour être honnête et je décline sa proposition sans réfléchir davantage. Nous pouvons désormais entrer dans le vif du sujet. Où étiez-vous avant et au moment de l'explosion ? Trop facile, je n'ai même pas besoin de mentir pour répondre à cette première question. « J'étais à la bibliothèque pour vérifier certains articles de loi en vue de la réunion avec le directeur à laquelle j'assistais quand l'explosion s'est produite. » Mon visage n'affiche aucune émotion, j'ai hâte d'en finir. Que faisiez-vous ? A l'écoute de cette question, je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils, dubitative. Ce n'est pas évident ? A-t-il seulement écouté ce que je viens de dire ? « J'étais en train de débattre du système de discipline perfectible en vigueur dans cette école. » Mes paroles sont aussi neutres que possible : hors de question de leur donner des armes pour m'atteindre.

Je me concentre et essaie de faire le vide dans mon esprit. Malheureusement, je ne suis pas assez sereine pour fermer mon esprit et réussir l'occlumancie. Je sais trop de choses, mes pensées filent à toute allure et polluent le flux habituel de mon cerveau. Je pense à Exmalum à chaque instant et ma lutte pour ne pas céder à mes pulsions occupe toute mon attention. Si quelqu'un veut pénétrer mon esprit en ce moment, il le peut aisément. Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose en particulier ? J'ai l'impression que les enquêteurs ont tous la même liste de questions à nous poser et dans le même ordre. Le mien ne rebondit jamais à ce que je suis en train de lui raconter. Quelle belle partie nous menons ... « Maxton Sherwin et Finnbjörn Sorensen étaient encore plus odieux que d'habitude, comme s'ils savouraient par avance le triomphe de leur point de vue. » Quand j'y repense, c'est vrai qu'ils étaient très surs d'eux. C'est une habitude chez eux donc sur le moment, ça ne m'a pas sauté aux yeux. Mais aux vues des événements et de mes soupçons, ce n'était peut-être pas si anodin que ça ...

L'enquêteur note soigneusement mes paroles, sans autre réaction. Je me demande s'ils ont déjà décidé du coupable qu'ils allaient désigner. D'après vous, qui aurait pu faire ça ? Non mais c'est la meilleure, voilà qu'ils encouragent la délation maintenant ! Super, je suis certaine que les spéculations d'une bande d'adolescents autocentrés vont nous aider à sortir de cette merde ! « J'en sais rien moi, c'est votre job. Mais aucun grade acier n'aurait pu faire ça. Nous n'avons même pas accès à la Tour. » Maxwell et moi avons déjà discuté de ça et nous sommes arrivés à la même conclusion : ça ne peut pas être l'un des aciers ni même l'un des indignés. Je ne sais même pas dire exactement où se trouve cette Tour tant je m'en contrefous. Est-ce qu'il y a autre chose dont vous voudriez parler ? Cette dernière question semble signer la fin de notre entretien. Si je me suis contenue jusqu'à présent, je ne peux m'empêcher de lancer une petite pique en guise de conclusion. « Essayez d'éviter de faire la même erreur que vos collègues, ne vous trompez pas de coupable. » Je fais ici clairement référence à mon arrestation le soir de l'empoisonnement du ministre. Je n'étais pas à l'origine de cela, pas plus que je ne le suis pour l'explosion. Il serait temps que ces gros balourds du Ministère ouvrent les yeux. On me remercie pour mes réponses et me voilà congédiée, enfin. Je sors de cette pièce en ne pensant qu'à une chose : me fumer une cigarette dans le parc.

CODAGE PAR AMIANTE

Je ne suis pas mécontent que les interrogatoires débutent. Il me semble reconnaître l’équipe qui s’en charge, et je ne crois pas que le directeur soit dans ses petits papiers. J’espère qu’elle saura faire preuve d’efficacité et d’impartialité. Si je trouve profondément injuste le système en place ici, il ne saurait servir d’excuse à une telle violence. Je m’installe en face de l’agent, sûr de moi. Je ne jette pas un regard aux boissons, suspicieux.

Où étiez-vous avant et au moment de l'explosion ?
Avant l’explosion, j’étais en train de préparer la salle pour la table ronde que j’ai organisée avec le professeur Aylmer, avec d’autres collègues et des élèves de chaque maison, ainsi que le Directeur et des représentants de sa brigade.

Que faisiez-vous ?
Nous souhaitions que les élèves obtiennent un espace pour mentionner leurs questionnements à la Direction et à sa Brigade. En effet, depuis le début de l’année a été mis en place un « classement aux mérites » dont seuls les élèves membre de la brigade, désignée par monsieur le Directeur ont les critères ce qui ne manque pas de créer des tensions et un sentiment d’injustice de plus en plus fort. Sentiment renforcé par les entretiens d’orientation, la dévalorisation des élèves qui ne sont pas Sang-Purs. Bref, avant l’explosion, j’espérai ouvrir un dialogue plutôt que de devoir avoir à faire à une manifestation ou une grève non encadrée. Nous avons vu par le passé qu’il n’est pas bon ignorer les élèves.

Au moment de l’explosion, je me rendais compte que c’était bien naïf, que l’opacité perdurerait, la table-ronde avait déjà débutée. J’ai averti tous les adultes du château par courrier ensorcelé dès l’annonce faite par les tableaux, avant de me rendre dans la tour.

Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose en particulier ?
Non, j’ai été absorbé par les préparatifs.

Les jours d'avant peut-être ? Réfléchissez bien, on ne sait jamais, tout peut servir. Même si ça vous semble idiot, n'hésitez pas à en parler, il y a de grandes chances que ça ne le soit pas.
Ce qui est idiot, c’est que d’années en années, le lieu ne soit toujours pas sûr, malgré les enquêtes et les changements de direction. Ceci étant dit, à part un certain mécontentement, je n’ai rien remarqué de particulier.

D'après vous, qui aurait pu faire ça ? Ça n'attirera d'ennuis à personne, ne vous inquiétez pas, c'est juste pour essayer de comprendre les relations qui ont cours ici.
Je ne pense pas que ce soit un élève. Je veux dire : ils veulent bien faire grève, montrer des pancartes. Mais pour pouvoir pénétrer dans la tour privilège, il faut passer un certain nombre de barrière magique, le tout sans se faire prendre par la multitude de statues et de tableaux qui parsèment les couloirs et sont prompts à dénoncer les élèves.
Je ne vois pas à quel élève profiterait ce genre d’action. Mais nul doute que d’un point de vue politique, les privilégiés ont un sort beaucoup moins enviable.

Est-ce qu'il y a autre chose dont vous voudriez parler ?
L’inquiétude des élèves est grande surtout pour ceux rétrogradés et mis dans un dortoir à part. Le passage de Blackman est encore frais dans les têtes, et les traumatismes de ces dernières années encore bien présents. J’espère de tout coeur que lumière sera faite sur les évènements afin qu’un retour à la normale puisse être possible au plus vite pour ceux qui seraient mis hors de cause.

L’enquêteur ne soulevant pas d’autres questions et me congédie. J'aimerais dire que je retourne au train-train habituel, mais je n'aimerai pas que cette ambiance reste une habitude.

Le professeur Aylmer avait essayé de me préparer à l’interrogatoire dont j’avais appris qu’il débutait ce matin. Les conseils du professeur étaient simples : dire la vérité, paraître la moins radicale possible (c’était comme cela que je comprenais son injonction à mettre de côté le statut sanguin de mes potentiels amis), ne surtout rien accepter en terme de boisson ou de nourriture. Pour une fois, j’étais décidée à suivre son avis, à m’en remettre à son expérience. Il m’avait convaincue de ne pas revendiquer l’attentat, j’étais presque persuadée que c’était une erreur de le faire, j’étais décidée à dire que je n’avais rien fait, à parler du tableau, à dire que j’étais en colère, que ma présence était une malheureuse coïncidence.
« Zeynep Özdemir ? »
L’enquêteur du Ministère – d’après le professeur son affiliation était une information capitale – me fit entrer dans la salle.
« Un biscuit ? Un verre de jus de citrouille ? »
D’un geste de la tête, je refusais. La mise en garde du professeur de sortilèges était encore ancrée dans ma mémoire et je n’avais aucune envie de tenter de goûter au veritaserum dans ces circonstances. Pourtant, j’aurais peut-être dû, cela aurait assurer à tout le monde que je disais la vérité et m’aurais empêché de céder à la panique qui montait inexorablement.
« Pouvez-vous me dire où vous étiez au moment de l’explosion ? »
Voilà, nous entrions dans le vif du sujet sans surprise. Et déjà, je me sentais coincée, perdue.
« J’étais dans l’escalier de la tour privilège. »
Je voulais m’en tenir à des réponses brèves, précises, ne rien dire de plus que ce qu’on me demandait. Ne pas écouter mon coeur qui s’emballait, ma peur qui envahissait mon esprit.
« Et que faisiez-vous sur les lieux de l’explosion ? »
Oui, j’étais pile au mauvais endroit, je venais de le lui dire. Alors, je repensais aux mots du professeur : dire que j’étais en colère, que je ne voulais pas aller à ma retenue.
« J’aurais dû être en retenue dans les serres mais j’étais en colère, vraiment. »
Non c’était trop ambigu, je ne pouvais pas m’en tenir là. Je continuai donc, sans attendre la prochaine question.
« Ce n’est pas ce que vous croyez, je n’étais pas en colère contre les grades or. Enfin, si, mais c’était pas ça là. D’ailleurs, mes amis ne sont pas tous nés-moldus. À ce moment, j’avais même encore un ami sang-pur... »
Ma voix s’emballait, se faisait plus rapides. Mes paroles décousues n’avaient plus aucune suite logique. Je m’enfonçais et je m’en rendais compte.
« Excusez-moi Mademoiselle de vous interrompre mais j’aimerais que vous précisiez... »
Je ne savais pas comment m’en sortir, je ne voyais plus quoi dire. J’étais paralysée par la peur.
« Non, non… je ne veux plus rien dire. »
je savais que j’avais le droit. Dans les films policiers, les accusés ont toujours le droit de se taire. Pendant un instant qui me sembla interminable, l’enquêteur me jaugea, surpris. Je le regardais, une lueur de panique dans les yeux.
« Bien, si vous êtes sûre de vous, vous pouvez partir. »
Je n’acquiesçai même plus. Sans un mot, sans un signe, je me levai et partit.

Je me sens un peu étrange aujourd’hui. Je ne sais pas si je digère mal mon petit déjeuner à cause du stress des interrogatoires, de l’ambiance déprimante depuis l’attentat, mais je ne peux m’empêcher de gratifier le monde entier de mon humeur grincheuse.
J’attends nerveusement mon tour. La porte s’ouvre et je m’installe, je refuse poliment la boisson qu’on me propose : “Non merci, je crois que ça me ferait vomir.” Mais bon sang, pourquoi j’ai dit ça? Je pouvais pas me contenter de dire “non merci”?! L’enquêteur ne relève pas vraiment, il n’a pas l’air étonné. J’imagine que c’est son quotidien. Il commence ses questions, et je réponds comme si ma langue décidait à ma place.

Où étiez-vous avant et au moment de l'explosion ?
J’étais à la bibliothèque, ensuite je suis venue avec mes notes dans la tour privilège. Au moment de l’explosion, j’étais assise à côté de Lilith Davis, elle était occupée à lire, les autres à parler, et je n’avais pas envie de bavarder, alors je me suis mise à côté d’elle. Elle est de ma maison, on ne se connaît pas trop, mais elle n’est pas prise de tête.
Après je me suis cachée sous un meuble, j’ai flippé. J’avais mal, le goût du sang. J’ai crû être repartie pour des heures et des heures de souffrance comme après l’attaque des mangemorts sous Blackman. Ma baguette s’est mise à lancer des sortilèges mineurs sans que je puisse l’arrêter. Heureusement, que je n’ai pas vraiment blessé monsieur Duncan qui m’a porté secours. Mais ça va…plus de peur que de mal. Enfin pour moi. Certains camarades ont eu de lourdes blessures.

Que faisiez-vous ?
J’étais en train de lire mes notes sur le sortilège expergiscimini. Pour le projet Flemm’ing, un super monte escalier. Mais je crois que ça vous intéresse pas trop ça hein? Désolée. Je lisais donc.

Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose en particulier ?
Non. J’étais concentrée sur ma lecture. J’avais envie de tranquillité, et le seul endroit sans tableau c’est la tour privilège. Et c’est un lieu plutôt chiant, genre salon de grand-mère, donc je me suis dit qu’il y aurait moins de monde là que dans la salle commune ou dehors.
Sauf que ce jour-là, il y avait plein de monde, du coup ce n’était pas si tranquille. Je n’aime pas passer trop de temps entre sang-pur, la plupart du temps ça me permet juste de me rendre compte que je ne partage pas les mêmes idées. Mais du coup…avec la brigade, ce n’est pas un bon point pour moi, donc voilà, j’évite, je fais ma vie tranquille et je me fais pas remarquer. La preuve, c’est que suite à l’explosion j’ai quand même été rétrogradée, tous unis mais pas trop quand même. Bref. Pardon. Je parle n’importe comment, comme si ça sortait tout seul.

L’enquêteur ne semble pas s’en offusquer et m’invite au contraire à continuer.

Les jours d'avant peut-être ? Réfléchissez bien, on ne sait jamais, tout peut servir. Même si ça vous semble idiot, n'hésitez pas à en parler, il y a de grandes chances que ça ne le soit pas.
Je n’ai rien remarqué les jours précédents. J’étais concentrée sur mon projet de monte-escalier. Le jour-même, j’ai trouvé les couloirs bien déserts, l’ambiance assez lourde. Je ne sais pas pourquoi. Je me suis dit que c’était peut-être à cause de la table ronde pour discuter des histoires de grades et de privilèges. C’est le genre de choses qui peut mal tourner ici.

Je soupire nerveusement. Poudlard ne sera jamais un endroit sûr. Personne ne s’intéresse vraiment à notre bien être.

En fait, les choses tournent toujours mal ici. Et tout le monde s’en fout. Je ne sais même pas pourquoi je vous parle, enfin si, je suis bien obligée, mais on sait tous qu’on ne peut compter que sur nous même pour sortir d’ici. Ce sera peut être entier, les pieds en avant ou en passant par la fenêtre de la salle d’astronomie.

D'après vous, qui aurait pu faire ça ? Ça n'attirera d'ennuis à personne, ne vous inquiétez pas, c'est juste pour essayer de comprendre les relations qui ont cours ici.
Je n’en ai pas la moindre idée. Même si l’ambiance est tendue parce qu’à part les membres de la brigade, il n’y a pas grand monde qui trouve le système de grades juste, je n’avais pas l’impression que c’en était au point de souhaiter faire exploser les gens. La politique du moment c'est plutôt de faire fuire les né moldus et les hybrides que de s'en prendre aux sangs purs. Enfin, voilà, à juste titre ils trouvent le système dégueulasse, mais j’ai jamais entendu personne envisager un truc aussi violent, quel que soit le grade ou l’origine. S'il y a des gens aussi cinglés ici, je ne les fréquente pas.

Est-ce qu'il y a autre chose dont vous voudriez parler ?

Franchement, vous voulez pas mettre dans les conclusions de votre dossier qu’il faudra fermer l’école et en construire une nouvelle sur de nouvelles bases, et on laisse Poudlard et ses histoires au passé? Je comprends rien à la logique de cette école. Je suis désolée, je ne vois pas quoi dire de plus.

L’enquêteur hoche la tête, me remercie, et me laisse retourner à mes occupations.

Racontez-moi tout
‟ et désignez un coupable „

Wenceslas devait être parmi les derniers à subir l’interrogatoire, sans doute parce que les adultes étaient interrogés plus tard que leurs élèves et parce qu’il fallait trouver des créneaux durant lesquels ils n’enseignaient pas. Ça n’était pas plus mal, ainsi avait-il eu le temps de s’enquérir de ce qui s’était passé durant celui de la jeune Özdemir, qui le préoccupait tout particulièrement. La panique pouvait faire des bien des bêtises, mais de ce qu’il en avait compris, ça n’était pas aussi dramatique que ce qu’elle semblait croire : au moins avait-elle dit la vérité, une part tout du moins, juste assez pour qu’on ne l’accuse pas plus tard d’avoir caché sa présence sur les lieux.

L’homme déposa le dernier courrier provenant de la poufsouffle sur la table, jetant un regard à sa montre à gousset. Il était temps pour lui de se rendre à cette mascarade qu’était son interrogatoire. S’il ne doutait pas que certains puissent être intéressants, le sien n’avait aucun intérêt : la police magique savait déjà plus ou moins ce qu’il avait à déclarer puisqu’il passait un temps certain en contact avec certains de ses anciens collègues du ministère. En arrivant au point de rendez-vous, d’ailleurs, il eut le plaisir d’en reconnaître un qu’il salua d’une poignée de main, échangeant quelques politesses avec lui avant qu’un autre ne l’invite à rentrer dans salle. Le lieu où se tenaient les interrogatoires n’était pas très loin de son propre bureau aussi avait-il pu croiser certaines personnes y allant ou en revenant... il savait que Fergal l’avait précédé, de même que mademoiselle Mills dont, pour le coup, il ne s’était guère beaucoup inquiété de ce qu’elle pourrait dire.

« Je vous remercie, professeur Aylmer, de m’accorder un peu de votre temps. » Les hostilités étaient lancées... quoiqu’il n’y ait rien de bien hostile là-dedans, tous deux savant pertinemment qu’ils jouaient dans le même camp, celui du ministre Appleton. Le policier ne fit pas mine de lui proposer biscuit et jus de citrouille, laissant simplement le petit plateau à portée de main ; ça n’était que le plus pur bon sens lorsque l’on s’attardait sur le regard dédaigneux que l’enseignant avait porté dessus. « Bien, allons directement au fait. Où étiez-vous avant et au moment de l'explosion ? » Plume dans une main, l’homme pencha légèrement la tête sur son parchemin. « Les heures précédant l’explosion, j’étais avec le concierge, monsieur Fergal Armitage, afin de terminer les derniers préparatifs de la table ronde. » Depuis le temps, ils avaient dû en entendre parler plusieurs fois, de cette table ronde. « Et bien entendue, au moment de l’explosion, j’y étais toujours, avec Armitage, ainsi que plusieurs élèves, professeurs, le directeur et deux aurors dont la présence était aussi utile que pertinente. » Il marqua une pause, les yeux légèrement levés au ciel, le temps de lister quelques noms qui lui revenaient. « Le directeur Sørensen, son petit-fils Finnbjörn, et monsieur Maxton Sherwin sont arrivés en même temps. Il me semble bien avoir remarqué que ce dernier avait le souffle un peu court. Mademoiselle Wright est arrivée avec monsieur Ehrlich, si ma mémoire est bonne. Il y avait également mesdemoiselles Mills et O’Delee, ainsi que monsieur Mansfield. Et puis les professeurs Kendrick, Thorstein et Hatwell, qui n’enseigne plus à Poudlard, ainsi que monsieur Duncan, le garde-chasse. » Ainsi, tout le monde était listé. « Que faisiez-vous ? » Un sourire moqueur fendit le visage du professeur. « Nous faisions face à l’incapacité manifeste de la direction – et de sa brigade – de comprendre et d’écouter autrui. » Ce qui n’était en soi pas étonnant : à aucun moment, il n'avait attendu autre chose de leur part. « Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose en particulier ? Les jours d'avant peut-être ? » À nouveau, il leva les yeux au ciel, cette fois-ci plus exaspéré qu’autre chose. « Quelques heures avant la table ronde, un petit malin s’est amusé à placarder un mot pour la rendre publique. Ça n’était pas un grand secret, mais la plupart des élèves n’étaient pas au courant de son existence... j’imagine que le mot doit provenir d’une des personnes invitées. » Le policier ouvrit la bouche, mais il n’eut pas le temps de dire quoique ce soit que Wenceslas rajoutait : « Si je devais deviner de qui ce mot venait, je penserais sûrement à un des membres de la brigade qui était invité... ou un proche à qui il aurait pu en parler. » Les accusations à peine voilée faites, il pouvait passer au plus important de l’interrogatoire : « Je fus l’un des premiers arrivants à la tour, après l’explosion, avec monsieur Armitage. J’y ai vu mademoiselle Özdemir qui était légèrement blessée. Elle m’a expliqué qu’en voyant ce fameux mot placardé sur le panneau d’affichage, elle était en colère et n’a donc pas effectuée sa retenue comme je lui avais demandé... elle m’a dit qu’un tableau lui avait parlé de la tour privilège, c’est pour ça qu’elle est montée là-haut. Elle m’avait l’air aussi secouée que n’importe quel enfant de treize ans peut l’être en assistant à un drame comme cette explosion. » Il parlait d’un ton calme, racontant les détails de cette journée un peu particulière sans grande émotion.

Lorsque l’enquêteur lui demanda qui il pouvait bien suspecter d’être le poseur de bombe, l’ancien langue-de-plomb prit quelques secondes avant de répondre. « Eh bien, je ne partage pas ce qui semble être l’idée absurde de la direction selon laquelle un des actuels grade acier aurait posé une quelconque bombe. Je suis pour la plupart leur professeur, je connais leurs compétences en termes de sortilèges... je n’en vois pas beaucoup qui serait capables d’élaborer une bombe alliant magie et explosifs moldus. Sans compter que le mobile serait absurde : un attentat visant les grades or – en grande majorité sang-purs – serait contre-productif pour quelqu’un voulant lutter contre leurs privilèges. La réaction du directeur le prouve bien : les moins favorisés subissent des sanctions plus importantes encore que celles d’avant. » Il marqua une pause tandis que son interlocuteur prenait quelques notes. « Ce qui me pousse à suspecter plutôt les privilégiés, les grades or, la brigade... D’ailleurs, vous noterez qu’outre monsieur Sherwin qui était bien entendue avec nous, sa sœur jumelle n’était pas présente... la seule absente de la brigade, à part monsieur Sørensen également mobilisé auprès de nous, et l’une des rares grades or à ne pas s’être donné rendez-vous dans la tour. » Un instant, le seul bruit audible dans la pièce fut celui d’une plume sur un parchemin, puis le policier reprit, lui demandant s’il avait autre chose à préciser, ce à quoi il lui répondit par la négative et il fut enfin libre de partir.

design ϟ vocivus

Ne dis rien

@Bluebell E. Sherwin
@Skyler P. Mills

Maxton avait rejoint sa sœur devant la porte de son dortoir avant qu’ils ne se rendent tous les deux à l’interrogatoire mis en place par la direction pour élucider cette histoire de bombe. Sa jumelle lui avait expressément demandé d’y aller ensemble et il ne lui aurait jamais fait faux bond, néanmoins, il s’agissait plus d’une formalité qu’autre chose à ses yeux. Bluebell semblait y attacher plus d’importance. Pour elle qui se moquait habituellement de toute forme d’autorité, cela avait quelque chose d’étonnant à observer. Ca l’était d’autant plus qu’il savait pertinemment qu’elle n’avait strictement rien à se reprocher. Tandis qu’ils marchaient silencieusement vers le point de rendez-vous, il brisa le silence pour lui murmurer

- Ils doivent être bien perdus pour envisager de telles mesures d’investigation.

Compter sur les aveux spontané d’un élève n’avait aucun sens. S’il avait eu des remords, il se serait dénoncé immédiatement. Espérer la moindre information sans avoir des preuves à opposer était aussi assez utopique. Quant à obtenir en écoutant chaque adolescent n’avait que peu de sens. A chaque heure qui était passée depuis l’événement, les souvenirs s’étaient affadis ou avaient été corrompus par les discussions, l’imagination, les cauchemars … Le temps n’était pas l’allié des témoignages. En résumé, la stratégie d’enquête démontrait parfaitement qu’ils n’avaient rien à se mettre sous la dent, ce qui ne le surprenait guère. Rien n’avait été laissé au hasard.

Quand Bluebell se leva à l’appel de son nom avec un air indifférent qui servait de couverture à ce qu’elle pensait réellement, Maxton la gratifia d’un léger sourire encourageant. Ils avaient maîtrisé l’interrogatoire après Blackman alors qu’ils n’étaient que des enfants. Celui-ci ne serait guère qu’un amusement. Patientant sagement en attendant son tour, son regard dériva sur les tableaux qui meublaient le couloir et son visage afficha une légère crispation l’espace d’une seconde avant de continuer à arborer un calme olympien. Ces peintures avaient tout de l’œil de Moscou et il était parfaitement conscient de leur danger.

Une nouvelle porte s’ouvrit et un adulte quelconque appela son nom. Prenant une inspiration discrète, son visage changea en partant de physionomie pour prendre un air presque charmeur. Se glissant dans la salle, il prit soin de ne pas laisser filtrer la moindre émotion. Pourtant, la salle d’interrogatoire aurait mérité que l’on s’offusque. Au-delà de spartiate, son agencement laissait penser qu’il était suspect et non potentiellement témoin. Bluebell avait –elle eu droit au même traitement ? Il pouvait presque voir ses yeux se plisser de contrariété face à ce décor. Le terne fonctionnaire en face de lui lui proposa une boisson avec un air affable, ce que Maxton déclina avec un sourire faussement innocent, tout en se demandant s’il y avait un élève suffisamment stupide pour accepter de boire le moindre liquide dans des circonstances pareilles. Il avait toute confiance en sa sœur jumelle pour avoir refusé tout comme lui. Ils avaient leurs propres secrets, évidemment, mais plus encore aujourd’hui, elle protégeait les siens. Cette sensation le réconforta. Ils étaient à nouveau alliés et elle lui avait prouvé autant que possible.

- Où étiez-vous avant et au moment de l'explosion ? Que faisiez-vous ?

La première question était simple et sa réponse tout autant.

- Je me suis rendu à la réunion organisée par le professeur Aylmer en compagnie de Monsieur le Directeur et de Finnbjörn Sorensen. Je n’ai pas quitté cette salle et je suis certain que tout le monde pourra vous le confirmer. Il y avait des élèves de chaque maison et des professeurs.

Autant de témoins donc.

- Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose en particulier ? Les jours d'avant peut-être ? Réfléchissez bien, on ne sait jamais, tout peut servir. Même si ça vous semble idiot, n'hésitez pas à en parler, il y a de grandes chances que ça ne le soit pas.

Il attendait cette interrogation avec impatience. Tout cela n’avait d’intérêt que s’il pouvait continuer d’écraser Mills et Mansfield en toute impunité, ainsi que tous leurs camarades qui semblaient croire depuis Appleton qu’ils étaient égaux. Quelle vaste blague. Ils étaient tous des cafards qu’il aurait rêvé d’exterminer. Il n’en avait guère le temps, ni même le pouvoir pour être honnête, mais il suffisait de créer les circonstances propices.

- Blaze Mansfield n’a jamais été aussi agité que ces derniers temps. Il multiplie les entorses aux règlements et les fausses accusations. C’est un adolescent perturbé, un brin violent il me semble. Skyler Mills est du même acabit. Extrêmement contestataire. Je crois qu’elle vole des ingrédients dans la réserve de notre professeur de potions. Je n’ai pas de preuve, mais ma sœur est dans son dortoir et elle m’en a déjà parlé. Tout comme elle m’a dit que Mills était à ce point nerveuse ces derniers temps que leur préfète a été obligée de la changer de dortoir pour éviter qu’elle ne s’en prenne à elle. Il s’agit de Miss Yaxley, si vous souhaitez une confirmation.

Il avait fait mine de réfléchir alors que son discours était déjà prêt depuis un moment. Comme tous les mensonges, il fallait pour qu’il soit crédible le parsemer de touches de vérité. Pour le reste, il était bon acteur. Une moue réprobatrice s’agissant de Blaze, une inquiétude presque palpable pour sa sœur et une pointe de gratitude qu’il était loin de ressentir pour l’autre imbécile de Yaxley. Au moins son existence aurait servi à quelque chose cette année.

- Je pense que Mills est responsable. Elle est l’une des rares à se plaindre des grades plutôt que de chercher à s’améliorer et comme par hasard tout explose. L’an dernier elle a été soupçonnée de la tentative d’assassinat de notre cher ministre à l’occasion du concours de potions. Elle avait présenté un breuvage pour le moins inquiétant sur sa santé mentale. Peut-être aurait-elle besoin d’aide ?

S’il ne pouvait faire la paix avec lui-même et les conséquences de son étrange pacte avec la jeune fille, il pouvait s’appliquer à les faire disparaître tous les deux. Voilà le fil rouge de son interrogatoire. Lui faire payer l’Exmalum.

- Je sais qu’elle était à la réunion et effectivement, elle ne l’a pas quittée. Néanmoins, je pense vraiment qu’il faut s’interroger la concernant.

Après quelques banalités d’usage, il fut poliment congédié et il put rejoindre le couloir où sa jumelle l’attendait. Ses prunelles lui apprirent tout ce qu’il voulut savoir en un coup d’œil et il la laissa entraîner où loin des oreilles indiscrètes.

lumos maxima

[INTRIGUE] Racontez-moi tout Kaamelott-bohort

[INTRIGUE] Racontez-moi tout F46b2533ca6b3b357792ce25b44a864a2dc0746f

Interrogatoire

feat. Lilith C. Davis

Le fait qu’une enquête soit ouverte pour ce qui venait de se passer dans la Tour Privilège avait quelque chose de rassurant. Bien sûr, Lilith ne se souvenait pas que les autres enquêtes ouvertes les dernières années pour des cas aussi grave ou presque n’avaient mené à rien. Aussi se sentait-elle malgré tout rassuré de voir qu’une forme d’autorité recherchait des responsables. En revanche, l’annonce des interrogatoires pour tout le monde la faisait légèrement paniquer. Elle n’avait rien à se reprocher. Après tout, elle était elle-même dans la tour le jour de l’explosion et avait fort heureusement évité le pire. Mais elle craignait surtout de dire des choses de travers et que cela soit mal interprété. Sa mémoire finissait toujours par se liguer contre elle. C’était donc avec une boule dans le ventre qu’elle entra dans la salle de classe qui avait été prévu pour son interrogatoire à elle. Sa voix partie dans les aigües lorsqu’elle salua l’enquêteur et elle eut du mal à déglutir. Elle était déjà envahie par le stress et elle espérait que cela ne jouerait pas contre elle. On l’invita à s’assoir, ce qu’elle fit sans se faire prier une deuxième fois. Au moins ses jambes ne risqueraient pas de se dérober sous elle.

« Bonjour Mademoiselle Davis. Souhaitez-vous boire quelque chose avant de commencer ? Du jus de citrouille par exemple ? Je vous sens un peu … Tendue. » Ses yeux s’écarquillèrent d’angoisse. Si ça se voyait déjà, est-ce que c’était mauvais signe pour elle ? « Euh non merci. J’en ai déjà pris au petit déjeuner et je crois que je ne peux plus rien avaler là. Je suis stressée, j’ai peur de dire quelque chose à côté de la plaque, comme aux interrogations. Je foire toujours tout aux interrogations et je ne voudrais pas foirer ici non plus. » Sa langue se déliait plus vite que le fil de sa pensée. Elle avait l’impression que les mots sortaient de sa bouche avant même qu’elle ait décidé qu’elle allait les prononcer. C’était sûrement dû au stress.

En face d’elle, l’inspecteur hocha la tête et sembla satisfait. Elle n’avait rien dit d’extraordinaire, seulement la réalité. L’avait-il ressenti ? Lilith essaya de se rassurer. « Tout va bien se passer mademoiselle, ce n’est pas un examen. Vous avez juste besoin de me raconter ce qu’il s’est passé pour vous. Bien, pour commencer, où étiez-vous avant et au moment de l’explosion ? » Lilith prit une profonde respiration et essaya de répondre de la façon la plus claire possible. « Je … J’étais dans la Tour quand il y a eu l’explosion. J’y suis allée parce que je voulais trouver un endroit calme pour lire. La façon dont ils ont aménagé la tour est vraiment sympa donc je m’étais dit autant profiter du fait que je pouvais y avoir accès, vous savez ? Je crois que je m’étais posée sur un canapé. On était plusieurs dans la salle. C’était calme, c’était tranquille. » L’homme hocha la tête, lui donnant l’impression qu’elle n’était pas à côté de la plaque et qu’elle lui donnait les réponses qu’il attendait. Ce qui était réconfortant.

« Vous souvenez-vous de quelque chose quand vous étiez dans la tour ? Un détail qui aurait attiré votre attention ? Quelque chose qui vous semblait inhabituel ? » L’angoisse commença à revenir. Autant Lilith se souvenait bien du moment de l’explosion et de tout ce qui s’était suivi. Autant tout ce qui était avant était flou et elle ne pouvait pas remettre le doigt sur ses souvenirs. Elle senti la paume de ses mains devenir moite. « Non. Pas vraiment, désolée. » « Et les jours d’avant ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui vous paraît suspect à posteriori? » Lilith secoua la tête, sentant le mal de crâne relatif aux souvenirs qu’elle n’arrivait pas à récupérer poindre. « Non, désolée. » Elle baissa la tête, consciente que ses réponses n’apportaient rien à l’inspecteur. « Essayez de faire un effort mademoiselle. Le moindre détail peut avoir son importance. » Il la vrilla du regard, détaillant le moindre de ses faits et gestes, la moindre de ses émotions. Lilith sentait la pression monter en elle. Elle ne pouvait rien lui dire, mais ce n’était pas parce qu’elle ne voulait pas. C’est parce qu’elle ne pouvait pas. Il ne la comprendrait pas. Elle détestait s’apitoyer sur ses problèmes de mémoire. Elle ne comptait pas lui en parler mais cette fois encore, sa bouche prit les devants et un flot continu de paroles en sortit. « J’aimerai beaucoup vous dire tout ce que je sais. Mais je ne peux pas, parce que je ne m’en souviens plus. J’ai un problème de mémoire depuis toujours. C’est très problématique pour les cours. Certains de mes camarades m’appellent le poisson rouge. Vous pouvez leur demander, je ne fais vraiment pas semblant. Tout ce qui a eu lieu avant et après l’explosion est très flou, très sombre. Je suis incapable de mettre des images dessus, ou même des sentiments. L’explosion par contre je peux. Ca me fait très mal au crâne, mais tout est encore là. Gravé. Ca a été tellement terrifiant comme moment. Il y a eu un grand BOUM, puis tout est devenu noir. Mes oreilles sifflaient. Et quand j’ai pu commencer à revoir, il y avait du sang partout. Il y avait tellement de blessés parmi mes camarades. Junior, il était tellement … » Les mots lui vinrent à lui manquer et elle sentit les larmes couler le long de ses joues. Elle revivait toujours ce moment avec énormément d’émotion et espérait pouvoir réussir à l’oublier. Elle essaya de retenir un sanglot et continua. « Il y avait tellement de sang que très vite l’odeur est devenue insoutenable. Je me souviens que j’avais terriblement envie de vomir… Du coup, je suis vite sortie de la pièce. Je ne servais à rien de toute façon, alors autant que j’aille chercher de l’aide. Je suis tombée rapidement sur des gens dans l’escalier. Des professeurs, qui avaient entendu l’explosion et qui venaient voir. Je leur ai dit qu’il y avait des blessés, qu’ils devaient se dépêcher. Et après je me souviens plus de rien. » La plume notait frénétiquement ses paroles. Pour une fois, Lilith était assez fière de tout ce qu’elle avait pu se souvenir sur un évènement, même si elle se doutait que ce ne serait pas assez pour les enquêteurs. « Savez-vous d’où proviennent ces troubles de la mémoire ? Êtes-vous suivie ? » L’homme semblait surpris, comme si il doutait de son trouble. Lilith essaya de reprendre contenance. Elle renifla et essuya ses larmes du revers de la main. « Oh, j’ai toujours été comme ça je crois. Avant même d’arriver à Poudlard. Madame Gray est au courant, vous pouvez lui demander. » Il hocha la tête et en pris note avant de poursuivre. « D'après vous, qui aurait pu faire ça ? Ça n'attirera d'ennuis à personne, ne vous inquiétez pas, c'est juste pour essayer de comprendre les relations qui ont cours ici » Lilith réfléchit du plus qu’elle pouvait mais elle avait du mal à imaginer que quelqu’un puisse réellement faire ça. « Je ne sais pas. Vous pensez vraiment qu’un élève puisse être derrière tout ça ? On est tous tellement jeunes. On est dans une école pour apprendre, pas pour se taper dessus. Enfin, allez dire ça à ceux qui aiment bien harceler les autres élèves, mais c’est une autre histoire j’imagine. Après avec cette histoire de grades, je sais qu’il y a des élèves jaloux. Mais de là à vouloir blesser les autres élèves ? Regardez-moi, je suis grade Or mais je ne sais toujours pas pourquoi. Pourquoi vouloir s’en prendre à moi ? J’y peux rien si ils sont bronze ou acier. Ce n’est pas moi qui ait mis ça en place ou qui décide qui se trouve dans quel grade » L’homme hocha la tête et pris note. Est-ce qu’elle venait de donner une piste ? Elle espérait qu’elle ne venait pas de mettre un de ses camarades en difficulté. « Très bien. Est-ce qu'il y a autre chose dont vous voudriez parler ? » Etait-ce bientôt la fin de l’entretien ? Une vague de soulagement la submergea. « Non. Juste … J’espère que vous retrouverez celui qui a fait ça. Je veux juste finir ma scolarité dans la tranquillité et me sentir en sécurité. Grade ou pas grade. » Elle voulait dire par là qu’elle n’était pas contre le changement et que cette histoire de caste l’importait peu. Elle voulait juste vivre sa petite vie tranquille. « Nous sommes là pour ça. Bien. Merci beaucoup pour votre coopération, je n’ai pas d’autres questions. » Elle le remercia et s’empressa de sortir de la pièce. Tout ça n’allait bientôt n’être qu’un lointain souvenir.

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( tout lui raconter )

En face de moi, l’officier a l’air sévère consulte quelques notes. Il allait lui en falloir un peu plus pour m’impressionner — surtout que mon excellente mémoire surperposait sur l’instant sa silhouette chancelante à cause de l’alcool ingurgité à l’une de nos soirées hivernales — et ce serait, pour lui comme pour moi, une perte de temps. C’en était déjà une. Qu’il garde donc ses techniques d’intimidation pour les réels suspects, Junior m’attendait. Je toussotai, suffisamment fort pour qu’il relève la tête et croise mon regard clair fiché sur lui. « Je n’ai pas entendu votrrre question ? » Il se racle la gorge et se redresse dans son fauteuil. « Pourriez-vous commencer par me dire ce que vous faisiez et où vous étiez avant et pendant l’explosion ? » Mes lèvres s’entrouvrent et les mots s’en échappent, sans que je ne les contrôle. « J’ai quitté le château peu avant l’explosion. Je me rrrendais à Prrré-au-Larrrd où je devais rrretrrrouver un employé de la brrrigade d'élite des tirrreurrrs de baguette magique que je souhaite intégrrrer aprrrès Poudlarrrd. » Mes muscles se crispent et mes traits se figent à mesure que ma voix résonne. Je suis furieuse et je contemple un instant cette boisson et ces biscuits que je n’ai pas acceptés. Alors quoi ? Au petit-déjeuner ? « J’étais à mi-chemin quand j’ai entendu l’explosion. De là où j’étais, je pouvais voirrr la fumée s’élever d’une tourrr. J’ai rebrrroussé chemin dès que je me suis rrrendue compte qu’il s’agissait de celle où se situe la salle des grrradés orrr. » « Pour quelle raison ? » « Parrrce que mon fiancé s’y trrrouvait peut-êtrrre. » Il releva la tête de son carnet de notes à ces mots et je soutins son regard sans ciller. Le mariage n’avait pas encore été annoncé officiellement même si toutes les personnes proches de nos deux familles en connaissaient déjà la date. « Votre fiancé ? » « Junior d’Archambault. » Il fit glisser quelques pages de ses notes, les sourcils froncés. « Il a été grièvement blessé et emmené à Sainte-Mangouste, c’est bien ça ? » « En effet. » fis-je d’un ton brûlant, ravalant les souvenirs de son corps étendu sur le sol calciné de la tour. « Vous êtes arrivée jusqu’à la tour ? » « Oui. Notrrre elfe de maison m’avait déjà confirrrmé le pirrre et je savais que Juniorrr était blessé. Je me suis employée à rrreferrrmer ses plaies autant que possible puis les secourrrs sont arrrivés. » Quelques mots pour résumer un moment qui avait semblé durer une éternité. Mais il me posait des questions et j’y répondais, poussée par une force invisible.

De nouveau, l’homme se racla la gorge. Mes doigts pianotant sur l’accoudoir trahissaient mon impatience ainsi que mon agacement. Néanmoins, mon visage n’en laissait rien paraître, le regard immobile et inflexible. Je m’attendais à ce qu’il m’interroge sur l’identité de l’homme que je devais rencontrer ce jour-là et j’en avais presque envie, une forme de vengeance sadique qui faisait écho à quelques doutes profondément ancrés dans une partie de ma mémoire. Mais il n’en fit rien. C’était presque décevant. « Avez-vous vu ou entendu quoi que ce soit avant les jours et les heures précédents l’explosion ? » « Le matin même, deux mots sont apparrrus surrr le panneau d’affichage. L’un se moquait de Grrrand-Pèrrre — quelques plaisantins s’amusent à cela depuis le début de l’année —, un autrrre annonçait la tenue de la rrréunion, qui avait pourrrtant été garrrdée secrrrète pourrr éviter tout incident. » « Pourquoi y aurait-il eu un incident ? » « Cette école a accueilli n’imporrrte qui, au fil des années. En conséquence, nous avons entrrre nos murrrs des rrracailles, des individus qui menacent le secrrret magique, d’autrrres qui fomentent des rrrévoltes à tout va. Ils n’ont cesse de défier les rrrègles et l’autorrrité. Et voilà ce que ça a donné. » « Vous avez donc une idée de qui est responsable de l’explosion ? » « Mon frrrèrrre saurrra vous en dirrre plus. » fis-je avec un rictus indéfinissable. « Nous l’interrogeons juste après vous. Mais vous ? » « Özdemir. C’était elle qui souhaitait brrriser le secrrret magique. Elle est suffisamment folle pour s’en prrrendrrre aux badges orrr qu’elle juge rrresponsables de tous ses malheurrrs. Mills n’est pas à exclurrre non plus. Elle me semblait trrrès impliquée dans cette rrréunion, qui lui donne un alibi, comme de parrr hasarrrd, et dans d’autrrres afffairrres louches. » « Vous pourriez m’en dire plus ? » Même si je ne le voulais pas, avais-je le choix ? Enfin, cela tombait bien, ce n’avait jamais été mon secret à protéger. « Elle vendait de la drrrogue. Elle a gagné un concourrrs l’an passé avec une potion qui perrrmet de ne plus rrressentirrr la peine, la douleurrr, et crrrée une forrrte dépendance. Elle fourrrnissait des élèves, ici, à Poudlarrrd. C’était une affairrre florrrissante puisque ses victimes ne pouvaient plus s’en passer et dépensaient donc énorrrmément d’arrrgent là-dedans. » « Avez-vous des noms ? » « Maxton Sherrrwin. » Le nom s’était échappé de mes lèvres sans me laisser le choix. « Bien, merci pour ces informations. Avez-vous quelque chose à rajouter, Mademoiselle Sørensen ? » « Trrrouvez le coupable, parrrce que si je devais lui mettrrre la main dessus... » L'accent féroce, dans mon ton, était impossible à ne pas déceler. Peut-être parce qu'il n'avait pas envie d'entendre la suite, l'officier ne me demanda pas plus de détail et referma son carnet en cuir. « Merci de votre coopération, nous avons terminé. » De l’autre côté de la porte, mon jumeau attendait patiemment son tour. Nos regards se croisèrent, le mien empli d’un savant mélange de méfiance et de frustration.

( Pando )

Enquête

Le dos posé contre l'un des murs du couloir, non loin de la pièce où les interrogatoires ont lieu, j'attend mon tour sans grande attente de cette enquête. Les interrogés défilent sous mes yeux froncés qui supportent encore un peu mal la lumière, accentuant légèrement le début de mal de tête qui pointe le bout de son nez. Je relève un regard sans émotion sur l'enquêteur qui appelle mon nom et me décolle du mur pour rejoindre la pièce dans laquelle ces derniers vont m'interroger. Je réponds à leurs salutations d'un signe de la tête poli et prend possession de la chaise que l'enquêteur principal me pointe de la main tout en me proposant une boisson ou un biscuit que je décline sans hésitation. Les choses sérieuses commencent.

Où étiez-vous avant et au moment de l'explosion ?

Le visage impassible, je relève les yeux dans sa direction et les plonge dans les siens, sans sourciller.

Je faisais une ronde dans les couloirs du château, étant préfet. J’ai retrouvé Carla Yaxley, ma co-préfète, sur la fin de celle-ci et nous avons rejoint ensemble la tour privilège pour nous poser. Ce qui répond à la question d’où j’étais au moment de l’explosion.

Que faisiez-vous ?

Je supportais le poids d’un de mes amis blessés et inconscient tout en luttant contre les douleurs de mes propres blessures.

Une pointe d’ironie se fait sentir dans ma voix. Ce souvenir m’est encore douloureux, que ce moi mentalement et physiquement.

Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose en particulier ?

Je trouvais que les couloirs étaient bien trop silencieux mais j’avais eu vent, comme une bonne partie du château, de la table ronde qui se tenait. Et, quelques minutes avant l’explosion, je me souviens d’un son comme un espèce de tic tac au bruit de fond.

Tout aussi insupportable que les abattements qui frappent mes tempes en ce moment même.

Les jours d'avant peut-être ? Réfléchissez bien, on ne sait jamais, tout peut servir. Même si ça vous semble idiot, n'hésitez pas à en parler, il y a de grandes chances que ça ne le soit pas.

Non, je ne vois pas.

Je réponds un peu à la hâte. J’ai du mal à me concentrer et la voix de l’inspecteur n’aide pas à calmer les maux de tête. Je passe ma main sur mon front tout en fermant les yeux, dans une veine tentative de calmer les maux.

D'après vous, qui aurait pu faire ça ? Ça n'attirera d'ennuis à personne, ne vous inquiétez pas, c'est juste pour essayer de comprendre les relations qui ont cours ici.

Je n’en sais rien. C’est votre travail de trouver le ou la responsable.

Je suis sec et je l’assume. Ce n’est pas à moi de trouver le coupable pour eux. Et je n’ai surtout pas la force de trouver des noms de personnes suspectes maintenant.

Est-ce qu'il y a autre chose dont vous voudriez parler ?

Non. J’ai mal à la tête. Est-ce qu’on a fini ?

Il opine d’un mouvement de tête et sans attendre, je me relève, faisant grincer la chaise sur le sol et quitte la pièce sans un regard en arrière.

Code by Cab

Les interrogatoires, c’était devenu monnaie courante à Poudlard. Presque chaque année l’école recevait la visite qui d’un inspecteur, qui d’aurors et cette fois-ci, une grande enquête organisée par le ministère pour découvrir qui était le poseur de bombe de la tour des grades or. Blaze, lui, ça ne le concernait pas trop. Déjà il n’était pas grade or et en plus il était ailleurs lorsque la tour avait explosé, en présence du directeur même, alors si avec ça on ne lui accordait pas un bon alibi…
Evidement, l’honnêteté obligeait à reconnaitre qu’un sortilège pouvait parfaitement se déclencher à distance, tout comme le minutage d’une bombe à retardement, mais franchement qui se donnerait autant de mal pour faire sauter des inconnus – la moitié des victimes il n’en avait jamais entendu parler ou s’en foutait ? – certainement pas lui en tout cas.

N’empêche que le petit déjeuner lui restait bizarrement sur l’estomac depuis ce matin, comme un arrière-fond qui le rendait un peu vaseux, pas dans son assiette. Ne voulant pas se résoudre à mettre cela sur le compte du stress, il se convainquit qu’il avait certainement mal digéré un truc.

Préférant s’isoler en espérant que ça passe – peine perdue – il ne croisa pas grand monde avant que déjà son rappeltout trafiqué ne se mette à vibrer dans sa poche pour le prévenir que c’était bientôt à son tour de passer l’interrogatoire. Tant pis pour la nausée, il ne pouvait pas se dérober sous peine de devenir soudain très suspect.

Invité formellement à entrer, Blaze se glissa dans la pièce d’un air tranquille, notant au passage le dépouillement de la décoration. Face à lui, l’inspecteur, deux verres de jus de citrouille et une boîte de biscuits lui faisaient signe. Leur simple vue lui donna un léger haut-le-cœur et tout en essayant de cacher sa nausée, Blaze déclina l’invitation. Bordel s’il vomissait sur l’inspecteur ça n’allait pas le faire.

Visiblement son mal être devait être perceptible puisque l’homme l’assura qu’il n’avait pas de raison d’être stressé et Blaze se garda de répondre quelque chose d’imprudent. Mieux valait passer pour un fébrile sainte-nitouche qu’un dangereux sociopathe. Puis, ce fut l’avalanche des questions, dont chacune de ses réponses était scrupuleusement notée dans un petit carnet.

- « Où étiez-vous avant et au moment de l'explosion ? »
- « Dans la salle de réunion avec le directeur. »

- « Que faisiez-vous ? »
- « Je suivais la réunion pour faire plaisir à Skyler. »

C’était sorti tout seul et Blaze en fut un peu surpris. C’était stupide, l’inspecteur ne devait même pas savoir qui elle était.

- « C’est ma copine. »

Ça aussi c’était sorti tout seul… fallait qu’il se calme là, ça n’allait pas de déballer comme ça.

- « Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose en particulier ? »
- « En particulier ? Les gryffondors étaient en surnombre. »

Bizarrement ça l’avait frappé en voyant tant de rouge autour de la table.

- « Les jours d'avant peut-être ? »
- « Skyler était méga chiante, mais je crois qu’elle stressait avant la réunion, c’est pas de sa faute elle est assez isolée en vrai, c’est sa personnalité, après je pense que dans ce genre de situation elle devrait un peu aussi savoir me faire confiance, je veux dire, ça peut pas fonctionner correctement une relation si on se méfie de l’autre, non ? »

L’enquêteur se contenta de griffonner quelque chose dans son carnet avant de reprendre, comme s’il ne prenait pas compte les réponses qu’on lui fournissait.

- « Réfléchissez bien, on ne sait jamais, tout peut servir. Même si ça vous semble idiot, n'hésitez pas à en parler, il y a de grandes chances que ça ne le soit pas. »
- « Je pense que Kaspaer Sorensen prépare une sorte de coup d’Etat fasciste comme à l’époque Blackman, c’est comme ça, faut s’y préparer, tous les signes le montrent et particulièrement à ce moment-là. Il attend le bon moment pour passer à l’action. »

- « D'après vous, qui aurait pu faire ça ? Ça n'attirera d'ennuis à personne, ne vous inquiétez pas, c'est juste pour essayer de comprendre les relations qui ont cours ici. »
- « Certainement Maxton Sherwin. Vous savez qu’il a mis une vipère dans ma poche ? On est pas passé loin du drame même si en vrai je m’en fous un peu. »

- « Est-ce qu'il y a autre chose dont vous voudriez parler ? »
- « Vous avez déjà eu des idées chelous avec la magie je veux dire, il y a plein de manières d’utiliser des formules pour les détourner de leur usage, non ? Ça fait pas de moi un mec bizarre d’y réfléchir, hein ? »

Puis on l’invita à rejoindre la sortie. Il avait un peu mal à la tête.

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