Bon, s’il faut qu’on parle de moi… regardez-moi cette bouille, comme j’étais a-do-rable. Evidemment, à l’école primaire, ça a commencé à se dégrader, et jusqu’en première année, mes cheveux et mes joues étaient horribles. Ça s’est arrangé après, heureusement pour moi ! Je vous passe mes souvenirs d’enfance, je sais même plus comment on s’est rendus compte, pour mes pouvoirs. Et je pense pas que ça intéresse grand monde de savoir que j’ai eu une enfance banale, entre un appartement de banlieue de l’Utah avec vue sur la rue et une école du quartier quelconque. Que mon père rentrait défoncé toute les nuits pour passer littéralement toutes ses journées effondré sur le canapé, et que jusqu’à ce que j’apprenne que j’étais une sorcière, il ne se passait franchement rien d’extraordinaire. Ça gueulait chez les voisins, ça dealait à l’entrée de l’immeuble, et impossible d’échapper à la sale ambiance de notre quartier. Ma mère a fait ce qu’elle a pu, mais parfois ce qu’on peut, c’est loin d’être suffisant… Je sais pas comment elle, qui était autrefois une magicienne brillante, a tenu aussi longtemps avec ce bon à rien dans cet appart’ misérable et comment elle fait pour le supporter encore aujourd’hui, mais moi, tout ce que je voulais, c’était me tirer de là.

Bref, j’ai eu le sentiment de commencer enfin à vivre quand j’ai quitté Salt Lake City pour le Massachusetts, où je m’apprêtais à faire ma rentrée au collège Ilvermorny. Et que Dieu bénisse les Etats-Unis d’Amérique pour m’avoir offert les meilleures années de mon existence ! Je me suis fait là-bas les meilleurs amis qui soient, et de ma première à ma cinquième année, ça a été génial. A peine arrivée devant le Mont Greylock, j’ai immédiatement su que c’était là qu’était ma vraie place : l’école en jette, depuis les rochers. J’étais peut-être un peu plus timide qu’aujourd’hui dans mes premières années, mais ça m’a pas duré, croyez-moi ! En ce qui me concerne, quand je me suis placée sur le noeud gordien… la statue de l’Oiseau-Tonnerre a battu des ailes, et celle du Womatou a rugi. Classe, non ? Moi qui flippais de me retrouver chez les weirdos de Puckwoodgenie… J’ai hésité un peu, mais Lydia, la première copine que je me suis faite a été répartie chez les Womatou, alors je l’ai suivie. Et c’est pas pour me vanter, mais l’uniforme bleu et rouge m’allait tellement bien ! J’ai pris l’habitude de toujours mettre le noeud doré de la robe dans mes cheveux. J’ai pris mes marques très rapidement, et pour la première fois de toute ma vie, je me suis sentie chez moi pour de vrai. Je ne voulais plus jamais rentrer dans mon appart’ miteux, mes potes sont un peu devenus ma famille de substitution. L’ambiance dans notre dortoir était mortelle, si vous aviez pu voir ça... ! On a fait en sorte de garder la même bande dès la cérémonie de répartition et de s’échapper de l’école pour se rendre au village quand on pouvait… et on avait notre propre station de radio, ce qu’on a pu se taper des délires là-dessus ! C’est nous les premiers à avoir révélé que Mrs. Benson, la prof d’astronomie, était atteinte d’éclabouille cérébrume. Ça expliquait pourquoi ses cours étaient si confus et qu’elle retenait jamais nos noms, malgré quatre ans passés à l’avoir en cours toutes les semaines ! Jay lui a même fait croire un jour qu’il était son fils caché, le con. Et n’importe qui ayant fait sa scolarité entre 2024 et 2025 se souvient de la fois où Jimmy Vaughan, le frère de Freddie Vaughan, s’est tapé la honte quand il imitait le directeur avec une voix débile et qu’il savait pas qu’il était diffusé en direct dans toute l’école. Ils me manquent terriblement aujourd’hui, ces idiots…

J’ai jamais été hyper angoissée par mon avenir. En fait, je voulais surtout éviter de retourner dans l’Utah, c’est pour ça qu’à part quelques conneries avec mes potes, j’ai toujours fait en sorte de me tenir à carreaux. Mes notes étaient moyennes sans être véritablement catastrophiques, et le seul reproche qu’on pouvait décemment me faire, c’était d’être un véritable moulin à paroles en classe. On peut pas dire que j’ai ma langue dans ma poche, et évidemment, j’ai mon caractère… typique des verseau ascendant lion, vous me direz ! On nous décrit toujours comme des idéalistes passionnés. Enfin, c’est juste que je me laisse pas faire, et je dis ce que je pense, normal quoi. J’ai eu quelques prises de tête, notamment avec Lydia et Freddie, mais ça a jamais duré bien longtemps, et on finissait toujours par se réconcilier rapidement. On avait notre repaire où on se retrouvait toujours avec la bande, près des falaises… On se racontait des histoires sur le monstre du Fleuve Blanc, et on regardait les mecs régler leurs comptes avec des courses de balais. C'est en début de troisième année que j'ai compris que je commençais à plaire aux garçons, et bien loin d'en être mal à l'aise, ça m'a toujours amusée. Je sais pas pourquoi je devrais avoir honte qu’on me regarde, après tout, c’est plutôt flatteur ! Je me suis même fait inviter trois fois de suite au bal de l’école. Ah, et un jour, une prof d’étude de la civilisation sorcière m’a complimentée sur ma chronique réalisée pour le journal de l’école, et à partir de ce moment-là, j’ai commencé à envisager de faire du reportage pour de vrai. Un truc sérieux pour une fois, qui changerait des gossips échangés dans la cour… ! C’est pas que je m’ennuyais des ragots, on en raffolait avec la bande… Mais c’était histoire de tenter autre chose, alors je me suis mise à bosser à fond sur un article sur la finale américaine de Quodpot. Et… j’ai reçu de super critiques sur ma plume, j’étais tellement fière ! Ça avait beau être juste pour notre petit journal que personne ne lisait, c’est à partir de ce moment-là que je me suis dit que je tenais mon plan d’évasion, et qu’un jour, je n’aurais plus à retourner dans mon trou à rats. Je n’aurais eu qu’à décrocher une bourse pour l’université sorcière de New York après mon diplôme de fin d’études, et chercher à intégrer la filière journalisme… mais je suis jamais arrivée jusque là. Parce que… bon, j'imagine qu'il faut bien que je parle de lui. Croyez-moi, j'aurais vraiment préféré l'éviter... Ma vie aurait été infiniment plus simple si ma route n'avait jamais croisé celle de ce bâtard. Mais j’imagine que je peux difficilement expliquer la suite sans y passer donc… voilà la fin du temps de l’innocence.

On était au début de notre cinquième année, et Chase Wilburn était un de nos camarades de classe depuis le début de la quatrième. Il faisait pas partie de la bande, mais Freddie et Jay le trouvaient cool. A vrai dire, je lui avais toujours trouvé un certain charme, mais c’est devenu une évidence qu’il me plaisait, en grandissant… Et j’ai commencé à comprendre que c’était réciproque. Je trouvais surprenant qu'il m'attende à la sortie de nos cours d'astronomie, à l'origine, mais je m'y suis rapidement habituée. Chaque matin, il laissait à ma place, à l'endroit où je prenais le petit déjeuner, un oiseau en papier ensorcelé par un enchantement qui le rendait presque vivant. Chou, non ? Souvent, il me faisait rire. Je lisais ses mots avec un sourire idiot, et m’empressais de lui répondre aussitôt. Tout ce qu’il racontait semblait follement intéressant, et je me retrouvais bêtement suspendue à ses lèvres. Bordel, quelle conne, quand j'y repense aujourd’hui… Combien de filles tombent dans le panneau tendu par des tordus, comme ça ? Parfois, on s’écrivait toute la nuit, sans voir passer l’heure. Et j’arrivais en cours les yeux gonflés de fatigue, épuisée mais dans un état de folle béatitude... On s’échangeait des oeillades plus ou moins discrètes à l’interclasse, on s’est même assis à côté pour assister au match des Chardonnerets de Fitchburg - quand ils étaient en finale contre les Marteaux de Haileybury -, et j’abandonnais mes copines pour ne former des binômes plus qu’avec lui en travaux pratiques de magizoologie. Et comme la reine des débiles en personne, j'ai évidemment été le voir à chaque fois qu’il jouait, à crier son nom comme une groupie... Il avait sur moi ce pouvoir magnétique qui me rendait si irrésistiblement attirée par lui, dès lors qu’il déposait son regard sur moi. Il ne tarissait jamais de compliments à mon égard, et même aujourd’hui, je dois admettre que c’était plaisant.

Vers le mois de Novembre, j'ai eu le sentiment qu'il prenait de la distance... sans pour autant comprendre la raison. Nos retrouvailles matinales devenaient plus irrégulières, il ne déposait plus d'origami sur ma table, quelques uns de mes mots sont restés sans réponse. Au début, ça m’a vexée, je me suis même demandée si ce n'était pas moi qui m’étais imaginé des trucs entre nous… et puis, mon caractère revanchard a repris le dessus - typique des verseau, me direz-vous. C’est pas dans mes habitudes de devoir courir après quelqu’un, je suis pas désespérée à ce point-là ! Alors, j'ai voulu le rendre jaloux. Je me suis rapprochée de Baby Gillespie, un Oiseau-Tonnerre réputé pour être le rejeton d'un champion national de Quodpot... J'avais déjà remarqué que je lui faisais de l’effet à vrai dire, mais à l'époque, je n'avais d'yeux que pour Chase. D’ailleurs, ça a fait complètement dérailler Lydia… Elle me l’a jamais dit, mais tout le monde savait qu’elle avait un crush sur notre Baby national. Il m’a invitée à passer quelques jours dans sa famille à New York, pour les vacances de Noël, et j’ai rapidement accepté… n’importe où aurait été mieux que chez moi, de toute façon : chaque opportunité d’éviter de voir mon épave de père moisir sur le canapé était à saisir. Et pour tout avouer, c’était plutôt rafraîchissant, j’ai été traitée comme une vraie princesse. Des fois, je me demande comment aurait été ma vie si j'avais choisi un autre chemin, une voie plus simple. Avec lui, ce n'était pas compliqué : sa mère était véritablement adorable avec moi, on s’est super bien entendues. Et lui, il se pliait littéralement en quatre pour mes beaux yeux, et puis il était loin d'être vilain garçon... C'était juste différent, pas comme avec Chase, quoi. Mais ça a eu l'effet escompté : je crois que j'avais largement sous-estimé l'influence des Gillespie sur la presse à scandales, qui n'a pas manqué l'opportunité de nous décrire comme LE couple. Je n'avais qu'à en jouer à mon tour, à m'afficher dans la rue avec lui, à assister à un match de temps en temps, à lui attraper le bras au moment où un journaliste nous mitraillait... Et il ne m'a fallu attendre que quelques jours pour que Chase revienne vers moi, avec une lettre repentante ; je savourais pleinement ma victoire.

Evidemment, je l'ai laissé poireauter un peu, pour me venger de son indifférence, avant de lui répondre à nouveau. Enfin je le retrouvais, ce truc entre nous, qui me donnait des papillons dans le ventre. Me jugez pas trop, moi aussi j’ai mes côtés fleur bleue, mais j’assume ! Nos sous-entendus n'en étaient plus vraiment, je me suis mise à attendre la rentrée avec hâte, et un matin, on s'est embrassés : pour de vrai, au milieu de la cour, comme dans les films. Sur le coup, ça m'a paru incroyablement romantique, comme si les feux d'artifice explosaient autour de nous, comme si on était les héros d'une putain de comédie musicale. Ça y est, on sortait enfin ensemble, c'était devenu officiel... ! Mes copines voulaient du détail, le journal de l'école me surnommait "Mrs. Wilburn", je me pavanais dans les couloirs pour mieux exhiber le pendentif qu'il m'avait offert pour la Saint-Valentin... Evidemment, ça a fait vriller Baby, et quelques mois plus tard, juste avant le bal de fin d’année, ils se sont battus en plein milieu de l'école. Je vous laisse imaginer le scandale ! Et ma tête quand j’ai vu ça… C’était assez impressionnant, et sur le coup, je dois avouer que ça m'a fait un peu flipper... Tout le monde était rassemblé autour d’eux, et comme je savais que c’était à cause de moi, j’ai tenté de m'interposer, et ils ont été séparés. Heureusement, imaginez si je m’étais retrouvée avec un oeil au beurre noir alors que le bal n’était que quelques jours après, et que j’avais déjà fait mettre ma robe de côté… J’ai dit à Chase que Baby était devenu fou, que je ne comprenais pas comment il avait pu croire que moi je m'intéressais à lui... mais au fond, je le savais, que j'avais un peu égoïstement joué avec ses sentiments. J’ai entendu dire qu’il serait renvoyé, j’imagine que j’aurais du me sentir un peu coupable. Au fond, je suis désolée que ça se soit passé comme ça entre nous, surtout quand on connaît la suite de l'histoire... on pourrait croire que je l'ai clairement mérité, d’autant plus que je crois dur comme fer au karma. Mais à mes yeux, à ce moment-là, le plus important, c'était que tout allait mieux que jamais, avec Chase. Ça a duré comme ça quelques temps : on a dansé ensemble au bal de l’école, on s’est promis de s’écrire tout l’été. Et puis, à la fin des cours, au mois de Juin, il m’a donné rendez-vous en plein coeur de Boston.

J’ai enfilé une belle robe, celle argenté avec les épaules dénudées qui fait très adulte, mis du parfum, emprunté une paire de boucles d’oreilles ambrées, c’était excitant comme un premier rencard. Ma mère m’a accompagnée jusqu’au portoloin de la gare, et je devais lui écrire pour qu’elle vienne me chercher, j'ai négocié la permission de minuit. Chase a débarqué peu de temps après, avec une veste en jean qui lui changeait de l'uniforme de l'école. Il n’a pas tari d’éloges à mon égard. Il m’a emmenée au musée, et je ne m’en souviens qu’à peine : qu’est-ce que les oeuvres exposées là pouvaient bien me foutre tandis qu’il me traitait comme la septième merveille du monde ? "Et bla-bla-bla, y a aucune fille à l'école comme toi, tu sais..." Du bullshit. On a ensuite été dîner dans un de ces restaurants chics dans lesquels je n’aurais jamais imaginé mettre les pieds. On a beaucoup ri, ce soir-là. Il a imité un de nos camarades de classe, mimé un de nos professeurs à la perfection, puis on a parlé de ce qu'on ferait après l'école... Je lui ai dit pour le journalisme, il a dit que c'était une super idée. Mon cul, ouais ! Il a proposé que nous partagions le dessert, et nous avons parlé tout le reste du repas sans ne jamais nous arrêter : à cet instant, je pensais encore qu’aucun être sur Terre ne pourrait mieux me comprendre que lui. Est-ce que l'amour c'est ça, nous rendre crédules à un point qui frôle la bêtise crasse ? Et puis, nous sommes sortis. L'air était frais, on s'est arrêtés pour écouter un concert de rue. Il a proposé de me raccompagner, a pris chastement ma main. Nos doigts se sont pressés, j'étais devenue ivre de la chaleur qu'il dégageait, de ce charme singulier qui semblait l'envelopper. Nous avons traversé une bonne partie de la ville à pied, jusqu’à atteindre une bouche de métro. Il y avait un léger vent, et j'ignore pourquoi je me rappelle surtout de cette lumière clignotante, quand nous sommes arrivés au niveau des escaliers. J’ai attendu toute la soirée qu’il m’embrasse, et lorsque le moment s’est présenté…

Je n’ai rien vu venir. Ses canines se sont refermées sur mon cou, et entre la surprise, la douleur et l’incompréhension, je n’ai pas su réagir correctement. J’ai senti du sang chaud couler sur ma gorge et tacher le haut de ma robe argentée. J’ai voulu hurler, sans qu’aucun son ne franchisse le seuil de mes lèvres, alors je me suis débattue mollement, tétanisée. Je ne me suis jamais sentie aussi faible, aussi incapable... ! Quand je revois la scène, deux ans après, repasser en boucle dans mon esprit, j’aimerais tout changer et foutre dans la figure de ce connard le poing dans la gueule qu’il méritait. Mais je suis restée là, sans bouger, à lui servir de réceptacle pour étancher sa soif. J'ai passé en revue tous les moments qu'on a passé ensemble, ses mots, ses oeillades, ses compliments, ses attentions... J'ai serré les poings au point d'enfoncer mes ongles dans ma paume, et d'en ressentir une puissante douleur. J’ignore combien de temps cela lui a pris, mais il a aspiré de mon cou une telle quantité de sang que je croyais que cela suffirait à me faire perdre connaissance. Mais non, j’ai gardé les yeux ouverts, et eu tout le loisir de le contempler à l’oeuvre… Avant qu’il ne retire ses dents et ne s’essuie la bouche comme si de rien n’était, les lèvres vermeil et la chemise entièrement maculée de d'hémoglobine. Je crois qu’il a murmuré quelque chose d’inaudible, et a tourné les talons, m’abandonnant là comme s’il était soudainement devenu indifférent au sort de mon enveloppe corporelle déjà souillée. Et puis, il a disparu.

Je suis restée allongée en contrebas de cette station de métro durant des heures, contorsionnée entre les pavés et le caniveau, les cheveux baignant dans mon propre sang, la plaie dans mon cou bien ouverte. J’ai regardé fixement les poubelles et les néons clignotants une bonne partie de la nuit, sans oser bouger. Odeur de gerbe. Et puis, j’ai cru que je ne me relèverais jamais, et que je mourrais là, entre les canettes de bière vides et l’eau de pluie croupie. J’avais mal, tellement mal, que je me suis dit que ce serait mieux qu’on m’achève. J’ai bêtement pensé à Baby Gillespie, qui m'aurait probablement craché que je n'avais pas volé ce qui m'arrivait. Au début, j’ai voulu appeler quelqu’un, sans que ma bouche ne me permette d’émettre le moindre son. Et puis, les heures de la nuit ont défilé, alors je me suis raccroché à la seule chose qui me restait : la haine. Une colère vive et dévorante s’est emparée de moi : j’ai revu chaque moment passé en sa compagnie, les traits de son visage que je trouvais naïvement charmants… Et je me suis mise à le maudire si fort, à l’exécrer du plus profond de ma chair, à nourrir envers lui un ressentiment tel qu’aujourd’hui encore, je suis convaincue que c’est ce qui m’a gardée en vie.

On a fini par me trouver là, à l’aube, lors du passage des services de nettoyage. Trente-six appels manqués de ma mère. Et aujourd'hui, je crois que je lui en veux toujours d'avoir accepté de m'emmener. C'est pas juste, j'avais seize ans putain ! Pourquoi elle m'a laissée m'embarquer dans ce traquenard, sérieux... ? Je n’ai pas été hospitalisée bien longtemps, le temps de recoudre la plaie laissée par la morsure. Et quand ils m’ont laissé rentrer, j’ai passé littéralement tout le mois de Juillet en léthargie chez moi, à comater dans l’appart’ de mes parents : difficile de savoir qui de moi ou de mon père, défoncé à l’héroïne, faisait le plus pitié. Dans les premiers temps, j’ai chouiné comme une gamine, regardé des comédies romantiques niaises en exprimant ma haine viscérale pour tous les mecs de la Terre. Comment on peut tomber aussi bas, sérieusement… ? Que Dieu bénisse les Etats-Unis d’Amérique, je me suis rapidement reprise en main : hors de question de désespérer à cause de ce connard. J’ai été longuement interrogée par la police, comme l’exige la procédure lorsque l’on est victime d’une agression. J’ai mis du temps à accepter ce mot-là, à reconnaître qu’il m’avait fait du mal, alors que j’imaginais que ce serait la plus belle soirée de toute ma vie. On m’a demandé si je connaissais l’identité de celui qui m’avait mordue, et j’ai aussitôt nié, avec la conviction ultime qu’il fallait que je me confronte à lui directement. Il me devait plus que des excuses, plus que des explications... ! Mais apparemment, il n’était déjà plus scolarisé à Ilvermorny… J’ai cherché longtemps, parcouru les annuaires, cherché sur l’internet moldu, essayé en vain de contacter sa famille, il était devenu introuvable. Un faux nom, certainement... Et je me rendais alors compte combien je ne disposais que de peu d’informations à son sujet, c’était comme si je ne le connaissais même pas. Évaporé dans la nature, m’abandonnant avec cette malédiction contagieuse, dont j’étais devenue la nouvelle porteuse. Je m’étais fait avoir sur toute la ligne, et j’en frémissais de fureur.

La transformation a commencé progressivement. Au début ça n’était rien, une drôle de démangeaison dans les gencives… Je croyais qu’une visite chez le dentiste règlerait le problème, mais j’imagine que je me voilais la face. Le MACUSA a essayé de me contacter à plusieurs reprises, mais j’ai ignoré leur convocation. Quand les premiers examens ont révélé une excroissance poussant dans ma mâchoire, là encore, je n’ai rien voulu entendre. Et puis, les sueurs froides, la fièvre, les grelottements… Je me suis raccrochée à l’idée que c’était une mauvaise grippe, et j’ai continué de faire comme si de rien n’était malgré tout. Pourtant, avec nos cours de magizoologie, j’aurais du le voir venir. C’était stupide, je sais bien : tous les signes cliniques étaient bien présents, et j’ai feint l’indifférence jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’ils soient trop présents dans ma vie quotidienne pour que je puisse en faire fi. Un appétit normal pour la viande rouge, des envies irrépressibles de chair sanguinolente impossibles à satisfaire, jusqu’à la poussée douloureuse de canines anormalement longues au moindre contact physique déroutant… Et c’est comme ça que je suis devenue un monstre à mon tour.

J'ai probablement passé le pire été de ma vie. Et un soir, chez moi, j’ai connu une crise si violente que rien ni personne ne pouvait me calmer. J’ai du m’enfermer à double tour dans ma chambre pour me retenir de me jeter sur le premier venu pour le vider de son sang. C’était devenu insupportable, j'aurais été prête à tout pour que ça s'arrête... ! Peut-être à faire du mal... Et puis, ma mère s’est mise à me proposer son poignet spontanément. La tentation de mordre dedans était si violente, si pressante ! J’ai senti mes nouveaux crocs pousser, prêts à pénétrer la chair que m’offrait ma génitrice, sans états d’âme. Et puis, je me suis vue… J’étais devenue une camée, comme mon crétin de père : une âme misérable en quête d’un remède pour l’apaiser. Alors, dans un dernier élan de volonté, je me suis détournée d’elle, et je me suis éloignée quelques temps. C’était devenu une nécessité. J'ai espéré trouver un refuge auprès de l'école, mais la direction avait déjà été informée de mon état...

Je sais pas ce que j'espérais. Que tout reviendrait comme avant ? Qu'il ne me faudrait que quelques mois pour faire comme si mon connard de petit ami n'avait pas planté ses crocs dans ma jugulaire ? Que j'aurais qu'à faire comme si ça n'existait pas pour oublier que j'étais un putain de vampire ? Ils m'ont fait comprendre - le plus cordialement du monde - qu'ils ne voulaient plus de moi à Ilvermorny. Mon univers a commencé à s'effriter peu à peu, et mes rêves avec. J'ai commencé à me rendre compte que je ne vieillirais plus, que mes rêves de mariage romantique, de famille idéale, dans un charmant cottage avec deux chiens sur une falaise de l'Oregon, ça n'existerait plus ailleurs que dans ma tête. Que je n’aurais probablement pas d’enfants. Et que même la mort ne viendrait pas me libérer de ces tourments, tout simplement parce que le temps n'aurait plus d'effet sur moi. Ça a rien à voir avec ce qu'on voit dans les séries, personne se rend compte comme on se sent en se réveillant de sa transe avec une haleine pestilentielle, la bouche maculée de sang séchée. J’ai peur toutes les nuits de m’endormir et de me réveiller en ayant tué quelqu’un. J’ai peur qu’un jour, la Bête prenne le pas sur l’humaine.Tout était si parfait... Et à cause de cet enfoiré, plus rien n'a de sens, maintenant. Alors, j'ai puisé dans tout ce qui me restait pour garder une féroce envie de vivre : cette même colère qui me donnait la force d'avancer, depuis ma morsure. Quelque chose est né au fond de mes tripes, une rage infinie, une envie profonde de causer sa souffrance. Aujourd'hui, je veux qu'il paie, je veux lui prendre tout ce qu'il a, et l'écraser comme un insecte. J’imagine que ça va avec mon caractère de verseau… Oh, et je vous en prie, ne faites pas comme si c'était moi, la méchante de l'histoire : je veux juste lui rendre la monnaie de sa pièce !

Et pour la première fois, après des semaines entières de recherches aussi désespérées qu'acharnées, j'ai retrouvé sa trace. Presque par hasard, dans un numéro du "Sorcier du soir", dans une rubrique consacrée au village sorcier écossais "Pré-au-Lard". Ça sonne comme un repaire de cul-terreux au beau milieu de la cambrousse, en temps normal je n'y aurais jamais prêté attention... Mais c'est là, que je l'ai vu. Sur la photo en noir et blanc, longeant une boutique. Je le vois en boucle, au milieu des passants, tourner la tête, observer son reflet dans une vitrine, dans ce long manteau qu'il portait le soir de notre rendez-vous. Chase Wilburn. Ou qui qu'il soit en réalité : désormais je le voyais pour la première fois tel qu’il était réellement, un monstre sans âme. Mes mains ont tremblé en tenant la page, et j’ai complètement déraillé en découvrant son portrait : connard, connard, connard. Pendant que je vivais la pire période de ma vie, juste après m’avoir contaminée avec sa putain de malédiction et abandonnée dans un caniveau, ce vampire de mes deux se baladait en Europe comme si de rien n’était, il avait juste changé d'école ! Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de partir : il fallait à tout prix que je le retrouve, et que je le tue de mes propres mains.

Tout s’est passé très vite. J’ai repris contact avec Baby, qui à ce qu’on racontait, intégrait le collège Poudlard à la rentrée. Je lui ai demandé deux/trois tuyaux, le nom d’un référent à qui m’adresser… J’ai pris le peu d’affaires qui me restait, ma mère m’a payé le billet sans retour, et j’ai quitté l’Utah pour Londres, sans un regard derrière moi. Un de mes oncles vit là-bas, et il est pratiquement jamais là à cause de ses missions en Nouvelle-Zélande, alors je peux squatter son appart’ durant tout le mois d’Août… En deux mois, ma vie s’est retrouvée totalement bouleversée, j’ai perdu tous mes amis, mon école, mes repères… Le décalage horaire m’a complètement flinguée, et résister à l’appel du sang n’a jamais été aussi difficile qu’en étant coincée pendant huit heures dans un putain d’avion pour l’Angleterre, j’ai bien cru que j’allais finir par égorger vif mon voisin de droite. J’imagine que le temps devrait me permettre d’apprendre à mieux gérer ma soif ; ils sont au courant à Poudlard, et si je veux pas qu’on me vire à nouveau, me contrôler parfaitement sera une nécessité… Je sais pas trop à quoi m’attendre, on raconte que c’est un vieux raciste qui était directeur jusqu’ici, et qu’il a laissé sa place à un concierge. Enfin, c’est pas comme si je pouvais me permettre de faire la fine bouche…

Aujourd’hui, en route vers ma nouvelle école dans le Poudlard Express, je porte un chapeau et des lunettes pour me protéger des rayons du soleil. J’ai le coeur qui se serre un peu en pensant aux autres, qui entament leur sixième année aussi : Lydia, Freddie, Jay, Abby… La robe noire change clairement de notre uniforme bleu et rouge, mais j’ai gardé la cordelette dorée pour attacher mes cheveux. Je n’ai pas croisé Baby à la gare, il a du partir de son côté et pour être honnête, j’appréhende un peu nos retrouvailles. Ça va être bizarre, non ? Enfin, je ne dois pas me laisser déstabiliser : je sais qui est mon véritable ennemi, je ne rêve que d’une chose : en finir avec cet imposteur une bonne fois pour toutes. J’ai lu des tas de trucs sur internet à propos des vampires, entendu des tonnes d’histoires, et on va bien voir si cet enfoiré se relève, une fois que je lui aurais foutu un pieu dans le coeur. Je veux qu’il souffre, et qu’au moment où sa vie s’éteint, voir dans ses yeux le regret infini de m’avoir prise pour une conne, depuis le départ. Parce que le pire, c’est que je l’ai vraiment aimé… et c’est justement pour cette raison que c’est à moi d’en terminer pour de bon avec lui. Je me demande s’il est là, dans ce train, à seulement quelques compartiments de moi… Mais je n’irais pas le chercher, pas tout de suite : son heure viendra tôt ou tard. Ma vie ne reprendra son cours que lorsque j’aurais définitivement arraché cette page, et c’est précisément ce que je m’apprête à faire à Poudlard.

J’ai pas grand chose à dire sur eux. C’est très simple, mon père, Rodney Kline, est typiquement une cause perdue. Ancien new-yorkais venu s’enterrer dans l’Utah, je me demande bien s’il a un jour été autre chose qu’un bon à rien… Les journées où je l’ai connu sobre peuvent se compter sur les doigts d’une main, et chaque fois que j’espère que l’un de ses nombreux séjours à l’hôpital va définitivement nous débarrasser de lui, il revient pour nous tirer vers le bas. Quand j’étais gamine, j’y croyais, à ses salades. Soit disant qu’il est désolé, soit disant qu’il fera mieux, c’est promis… Mais moi, j’en ai ma claque. J’ignore ce que ma mère a pu un jour lui trouver, mais j’imagine que c’est un truc de famille, de mal choisir de qui on tombe amoureux. Et aujourd’hui, j’espère que j’aurais plus jamais à le revoir.

Wendy Kline, c’est ma mère. D’origine bahaméenne, elle aussi, c’était une sorcière, et je parle au passé parce que je n’en suis plus bien sûre. Elle aurait pu être médicomage, mais elle a plaqué ses études quand mon père a commencé à vriller. Ça fait des années que je l’ai pas vue lever une baguette, et avec le temps elle a délaissé grimoires et artefacts pour s’occuper du vomi de mon père. Je devrais pas la juger pour ses choix de vie, mais… une partie de moi lui en voudra toujours de sa lâcheté, et d’être tombée aussi bas. Elle m'envoie de l'argent, un peu tous les mois... J'imagine que c'est une manière pour elle de se racheter pour mon enfance pourrie. Enfin qu'importe, un jour, je trouverais le moyen de la rembourser.

Mon oncle Glenn est un cracmol. Aujourd’hui, il est militaire et souvent envoyé à l’autre bout du monde. Je le croise pas souvent, mais… il est plutôt sympa, franchement. Il me laisse vivre dans son appart’ pendant qu’il est pas là, mais aussi de l’argent, des tickets de métro… Et surtout, il ne pose pas de question sur mon état, ni sur l’énorme quantité de paquets de viande rouge que je stocke dans le frigo. Je connais pas encore bien Londres, mais j’espère que quand il reviendra, il me fera un peu visiter la ville.

Heureusement, il y a Pippa et Oliver ! C'est mes deux chiens, des dalmatiens, mais aussi les amours de ma vie. Quel crève-coeur d’avoir du les laisser à Salt Lake City… Mais un jour, croyez-moi, je viendrais les tirer de là.

Maintenant que tu es réparti(e), il ne faut pas te reposer sur tes lauriers. Ta vie NYLienne commence à peine et pour la faire démarrer sur de bonnes bases, il te reste encore pas mal de petites choses à faire. Ne t'inquiète pas, je vais tout te montrer...

Commence par créer ta fiche de liens, ta fiche de RPs, ainsi que boîte aux lettres qui te permettra aussi de gagner des points RPs en écrivant des lettres de plus de 300 mots et ta boite à hiboux express pour les messages plus courts. Peut-être que tu n'en trouveras pas tout de suite l'utilité, mais ça ne saurait tarder... Alors dans le doute, mieux vaut le faire ! Et puis, si jamais tu cherches quelqu'un d'important pour le développement de ton personnage, n'hésite pas à créer un scénario.

Aussi, je te conseille d'aller lire comment marche le système de points, si ce n'est pas déjà fait. Ça peut paraître un petit peu étrange au début mais je suis certaine que tu t'en sortiras très vite ! Ce serait quand même bête de ne pas savoir comment récolter des points ou comment en faire gagner à ta maison !

D'ailleurs, en parlant de maison, l'un des moyens de récupérer quelques précieux points est de participer en cours ! Après tout, nous sommes dans une école et tes professeurs sont là pour t'apprendre tout ce qu'ils savent ! Quand tu te seras bien installé(e) dans ton dortoir, attrape tes bouquins et rends toi vite en classe ! Nos professeurs t'attendent, et pour savoir à qui tu as à faire, tu trouveras la liste ici. La liste des sortilèges par année est disponible là.D'ailleurs, tu peux jeter un coup d'oeil aux sabliers pour voir où en est la course à la Coupe.

Il n'y a pas que les points maison qui sont importants ici. Il y a aussi les points défis puisque, comme tu le comprendras très vite, c'est la monnaie NYLienne. Tu pourras acheter tout un tas de particularité pour ton perso, un futur DC ou un scénario. Tu trouveras toutes les informations nécessaires dans ce sujet. Bien sûr, tu peux également savoir combien tu as de points pour le mois en cours en allant voir la fiche ou regarder le total dans ta feuille de personnage ! Le nombre de point s'initialise automatiquement à 0/0 mais dès que tu as un point, tu peux voir l'évolution de ceux-ci à 1/2000... Ils sont bloqués à 2000, si tu veux en gagner d'autres, il faudra envisager de les dépenser !

Enfin, pour être sûr(e) de ne rien louper des activités qui te seront proposées, garde un oeil sur le panneau d'affichage, et sur la Gazette du Sorcier pour être informé(e) de tout ce qui peut bien se passer dans le monde magique.

Le HRP (hors-RP) te donnera également de quoi t'occuper grâce à une partie Flood bien remplie. N'hésite pas à lancer tes propres sujets ! Tu pourras également faire plaisir aux autres membres en leur offrant des cadeaux ou même présente  tes propres créations. N'oublie pas, à l'occasion, de passer sur la ChatBox, il y a souvent du monde et avec un peu de chance, tu tomberas en plein jeu... S'il y a quelque chose que tu ne comprends pas, nous répondrons à toutes tes questions.

Sur ce, je te souhaite beaucoup de plaisir dans cette nouvelle vie qui commence, et plein de merveilleux RPs !