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DAISY ♕ Once upon a dream
L. Daisy Gibson

L. Daisy Gibson



À SAVOIR
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Arrivé(e) le : 13/01/2021
Parchemins rédigés : 581
Points : 0
Crédit : ©
Année : 5ème (15 ans)

DETAILS EN PLUS
Et plus en détails ?
Statut Sanguin: Sang-Mêlé
Pouvoirs spéciaux: Voyante
Poste de Quidditch: Aucun
Patronus: Un requin marteau
Epouvantard: Une casserole de pâtes
Matières suivies et niveau:
Points Défis:
DAISY ♕ Once upon a dream Left_bar_bleue310/2000DAISY ♕ Once upon a dream Empty_bar_bleue  (310/2000)
Disponible pour un RP ?: Si t'es pas pressé, c'est d'accord !
D'autres comptes ?: August P. Rowle

DAISY ♕ Once upon a dream Empty
Message(#) Sujet: DAISY ♕ Once upon a dream DAISY ♕ Once upon a dream EmptyDim 25 Juin - 14:53


                     
Daisy est une sang-mêlée, née le 6 mai 2014 à Dublin en Irlande. D'ailleurs, elle y vit toujours. Aujourd'hui, Daisy a donc 15 ans ans et est en cinquième année à la rentrée. Et juste pour ta culture personnelle, sache qu'elle a un rat qui s'appelle Jiminy Cricket.

Il est bon de savoir que Daisy est spontanée, démonstrative, affectueuse, intuitive, sensible, dévouée, fidèle  et délicate, mais également indolente, enfantine, irascible, changeante, irresponsable, possessive, déchaînée et amorale. Elle a des goût étranges, par exemple elle aime son père, prince charmant des contes de fée qui ont bercé chacune de ses nuits d’enfant et qui continuent de briller dans ses yeux quand elle rêvasse le jour, les couleurs claires comme en témoignent ses vêtements composés presque exclusivement de jupes et de robes comme les poupées et peluches qui décorent sa chambre, les infusions au citron qui lui servent toujours de petit-déjeuner et souvent de dîner, le médaillon doré en forme de cœur qui orne constamment son cou et lui rappelle ainsi la superbe journée de son onzième anniversaire et l’agitation sonore. En effet, plus il y a de bruit, plus elle parvient à faire fi des voix dans sa tête, mais le pire, c’est encore quand une vision se manifeste. Dans ces moments-là, son nez se met à saigner et c’est particulièrement fâcheux parce que son père ne supporte pas la vue du sang et elle est alors contrainte à subir sa colère ; sauf que rien n’est pire pour elle que ses grands yeux noirs qui deviennent rouges, et c’est d’ailleurs pour cela qu’elle fait semblant d’adorer les pâtes qu’il cuisine tout le temps alors même qu’elle est intolérante au gluten et qu’elle ne le lui a jamais dit et que ça la rend malade comme un chien. Mais Daisy ne vit pas qu’à travers son père, non, il y a aussi des choses qu’elle déteste de son propre chef, comme son vrai prénom dans la mesure où il renvoie à sa mère, ou encore La Reine des Neiges qui a marqué la fin des histoires de princesse dignes de ce nom.

Sa baguette est composée de vigne avec un cœur de crin de licorne et mesure 22,5 centimètres. Grâce à elle, Daisy a le malheur de suivre les cours obligatoires, mais aussi la Divination et l’étude des Runes.




Lucretia Daisy Gibson
feat. Tia Jonsson

ET EN VRAI ?
J'ai 26 ans, mais peut-être que tu le sais déjà parce que j’étais Saint Charles, j'ai même dépensé 500 points pour le don de voyance. Je suis arrivée sur NYL par une tierce mais célèbre personne et je devrais être là en moyenne entre 0 et 7 jours par semaine selon les aléas de la vie. Avant de finir j'aimerais juste rajouter que c’est parti en coup de tête mais ça finit en coup de cœur.


Tout le monde a une histoire


“Il était une fois une princesse
(Et, et cette princesse, c'était vous)
Qui devint amoureuse
(Est-ce que ça a été difficile?)
Ce fut très facile, je t'assure
On ne voyait que trop que le prince était charmant
Que je ne pouvais aimer que lui
(Était-il fort et beau?)
(Était-il grand, très grand?)
Il n'a pas son égal, dans le monde entier.”

Papa avait vingt-huit ans quand je suis arrivée dans sa vie. Il a choisi de m’appeler Lucretia pour maman, j’ai choisi de m’appeler Daisy pour lui. Je n’aime pas maman. Je n’aime que Papa. “Lucretia était belle, très belle” m’expliquait Papa, “mais rongée jusqu’à l’os. Une vraie lâche qui avait peur de tout, et c’est bien pour ça qu’elle est partie. Elle ne voulait pas assumer une fille sorcière, déjà qu’elle se fichait du mari.” Papa avait toujours cette voix acide quand il parlait d’elle, si bien que je serrais moi-même les lèvres comme buvant une citronnade sans sucre. Heureusement que ses grands yeux marrons, non, noirs comme le chocolat qu’il grignotait le soir, me donnaient déjà toute la douceur dont j’avais besoin pour avaler ses paroles en silence. “Mais ne t’inquiète pas, ma petite princesse, moi, je ne partirai pas. Je t’aimerai tous les jours. Alors, dis-moi un peu : toi aussi, tu aimes ton papa ?” Oui, Papa, à la folie, comme il me l’avait appris - ça voulait dire tendrement. Comme Philippe avec Aurore, comme Henri avec Cendrillon. “Quelle histoire tu veux qu’on lise, ce soir ?” “La Belle au Bois Dormant.” Du haut de mes six ans, j’avais décrété qu’il s’agirait de mon conte préféré et Papa le savait très bien, mon pyjama était à son effigie, et je refusais systématiquement qu’il me tresse les cheveux pour garder cette longueur blonde comme ma vedette. De toute façon, Papa savait tout. Il estimait que j’avais choisi cette histoire pour la ressemblance avec ma vie, petite fille chérie protégée d’une sorcière maléfique. Moi, je ne comprenais pas bien pourquoi il considérait que maman était une sorcière maléfique dans la mesure où c’était lui, le sorcier - mais j’avais choisi de le croire. De toute manière, Papa ne se trompait jamais. Alors, quand il terminait l’histoire du soir et déposait un baiser sur mon front pour me souhaiter la bonne nuit, je ne doutais pas un seul instant que celle-ci serait calme et mes rêves, doux.  Qu’importe que je l’entende hurler dans son bureau alors qu’il terminait quelques dossiers. Qu’importe que je fasse d’horribles cauchemars.
Nous vivions seuls depuis mes trois ans, à vrai dire, je n’avais même aucun souvenir de maman. Elle était partie un petit matin et n’était jamais revenue. Papa avait brûlé chacune de ses photos, si bien que j’ignorais jusqu’à l’allure de sa personne qui avait fini par prendre la forme de Maléfique dans mes songes. Je me disais qu’elle devait être très méchante pour disparaître sans un mot, mais qu’au moins, elle était effectivement aussi belle que Papa l’affirmait. J’espérais ainsi devenir aussi jolie qu’elle, en héritant cependant de la bonté de Papa. Je m’entrainais à sourire devant mon miroir, mon beau miroir, et je m’efforçais à être aussi sage qu’une image quand il me présentait à ses amis, surtout à ses amis du travail. Il avait un poste haut placé au Ministère et sa réputation était donc particulièrement importante. C’était en ces termes exacts qu’il m’en parlait - particulièrement importante. “Il faut que tu sois adorable avec ces gens” avait-il insisté un soir où il était en costume et moi dans une toute nouvelle robe qu’il avait achetée pour l’occasion. “Mon travail en dépend, tu comprends, ma petite princesse ?” J’avais opiné du chef même si, en réalité, j’étais un peu agacée. D’abord, je n’avais pas l’habitude de partager mon Papa : nous vivions seuls depuis des années et il n’avait pas souvent de la visite, préférant aller chez les autres que leur ouvrir notre porte. Et puis, il avait décidé de me faire un chignon ! J’étais moins jolie, je ne ressemblais plus à Aurore, je me sentais ridicule. Mais ses grands yeux étaient insistants et je l’aimais à la folie. Alors, je n’ai rien dit de tout ça et j’ai tâché d’accueillir ces intrus avec le même sourire que je pratiquais devant mon miroir et d’être aussi sage qu’avec les autres amis de Papa. Ils m’ont trouvée très charmante, selon les dires du gros bonhomme joufflu, et très bien éduquée, à en croire les propos de la grande Madame toute moche. “Gibson, ce n’est vraiment pas facile d’élever un enfant, mais je dois admettre que vous avez là une petite fille exemplaire.” Ça, c’était le Monsieur sec, si sec qu’on aurait dit une brindille et que je me demandais s’il ne risquait pas de s’envoler sous le vent. Il avait de la chance, il faisait beau, ce jour-là ; une belle journée de juin où le vent avait décidé de rester sur les côtes pour épargner un peu Dublin et notre voisinage. “J’ai vraiment le meilleur Papa du monde” avais-je indiqué avant de siroter une gorgée de la tasse qu’on m’avait donnée. Ça a fait rire la grande Madame toute moche alors ça m’a mise un peu plus à l’aise. Je n’aimais toujours pas mon chignon, mais au moins, j’avais bien respecté le rôle de la petite princesse accueillante que Papa attendait de moi. Il m’a souri, lui aussi, et je crois que c’est à ce moment-là que je me suis sentie pousser des ailes. Le problème des ailes, c’est qu’elles battent, et soufflent ; et que le Monsieur sec, sec comme une brindille, risquait donc de s’envoler. Mais moi, je l’avais déjà oublié. Je nageais dans les grands yeux de Papa. “Maman est partie parce qu’elle était lâche. C’était une vilaine sorcière qui ne faisait pas de magie. Belle, très belle, mais rongée jusqu’à l’os. Elle se fichait de Papa et elle nous a abandonnés par un petit matin” récitai-je, un peu à l’endroit, un peu à l’envers, comme la curieuse lueur qui s’était allumée dans son regard. “Mais Gibson, vous ne nous aviez pas dit que vous étiez séparés !” s’étonna le Monsieur tout sec. “Nous avons pourtant revu Madame la semaine passée encore, pendant le repas des Bryne…” “N’importe quoi ! Maman nous a abandonnés” répétai-je, sourcils froncés devant le mensonge. Je n’avais pas vu que le regard de Papa était devenu aussi noir que ses yeux. Je m’étais seulement attardée sur les lèvres profanes qui stipulaient éhontément que Maman n’était pas partie. Que Maman n’était pas lâche, comme Papa le savait, lui qui ne se trompait jamais. “Gibson, qu’est-ce qu’elle raconte ?” Papa se leva du canapé dans un geste dynamique qui m’arracha un rictus de fierté. Il allait rétablir la vérité, leur dire qu’ils racontaient n’importe quoi, ces adultes pédants, qu’aucune femme mystérieuse n’était avec lui à ce dîner-là et que ce n’était que lui et moi. “Excusez-la, elle est très fatiguée en ce moment et à vrai dire, elle avait même de la fièvre ce matin ; le mal a dû reprendre et elle ne sait plus très bien ce qu’elle raconte… L’imagination enfantine !” Estomaquée ; mon estomac s’était littéralement arraché de mon ventre, me laissant le souffle court, trop court pour que Monsieur tout sec s’envole. De fait, il retomba sur terre dans un petit rire condescendant. “Pauvre enfant. Qu’elle se rétablisse vite.” Papa hocha la tête et profita de mon silence pour me tirer hors du canapé. Ses doigts sur mon poignet n’avaient jamais été aussi brutaux - il ne m’aimait plus à la folie, alors ? “Mais Papa…” geignis-je, brusquée par les mensonges, brusquée par son geste. “Lucretia vous salue, quant à moi, je reviens tout de suite.” J’avais envie d’hurler que je m’appelais Daisy, oh oui, jamais encore ce prénom ne m’avait autant brûlé les lèvres, plus encore que l’acidité de Papa que je devinais sur son visage rouge de cloques. Il allait exploser, peut-être aussi fort que moi qui commençais à me débattre alors qu’il me traînait hors de cette salle. “Mais je sais ce que je dis !” finis-je par m’écrier alors que nous étions parvenus dans le couloir. “Et puis j’en ai marre, tes amis sont des menteurs, et je déteste ce chignon !” “Mais tu vas te taire sale gamine ?” Il n’avait pas levé la voix, il s’était contenté de planter son visage devant le mien et de siffler comme un serpent, le bout de sa langue claquant entre des lèvres pincées. Je me figeai alors que ses phalanges se serraient un peu plus fort contre mon poignet. Je n’avais plus l’intention de lutter mais Papa se retenait au contraire comme si j’allais lui échapper. “Je m’en fous, de ton chignon, je m’en fous, de tes fantaisies - tu viens de m’humilier devant tous mes collègues, tu comprends ? Tu m’as ridiculisé, à cause de toi j’ai honte, tout est fichu, tu as tout gâché, absolument tout.” “Papa…” “Je t’ai dit de te taire.” Je ne reconnaissais plus sa voix. Ce n’était pas celle qui me lisait des histoires de princesse et d’ailleurs, ce surnom était mort à l’orée de ses yeux rouges qui me lançaient des éclairs, assez pour que je me sente comme foudroyée. J’avais mal au ventre de toutes ces émotions. “T’es comme ta mère, complètement idiote… Mais qu’est-ce que je vais faire d’une incapable pareille ?” Je hochai la tête. Je n’étais pas comme Maman, je n’étais pas une vilaine sorcière - enfin, pas dans le sens magique, parce que ça je l’étais peut-être, Papa m’avait prévenue - j’étais au contraire jolie - enfin, comme maman l’était aussi… Je ne comprenais plus rien. J’étais vilaine ? J’étais une sorcière ? J’étais comme maman ? “Maintenant, retourne dans ta chambre, et n’en sors que quand je te le dirai.” J’acquiesçai toujours sans un mot avant de courir à l’étage, me blottissant sur mon lit en espérant que ce cauchemar s’arrête bientôt. Mais Papa ne vint pas et je finis par m’endormir, retrouvant de vrais, ou plutôt de faux cauchemars comme à mon habitude, comme la plupart de mes bonnes nuits.
Papa vint me chercher seulement le lendemain matin. Il n’était plus rouge et ses yeux avaient retrouvé leur noirceur sucrée. Il souriait, même. Moi, je n’y arrivais pas. J’avais faim. Et j’avais envie de faire pipi. “Ma petite princesse, tu as bien dormi ?” Je ne lui répondis pas. J’avais très mal dormi, il devait s’en douter, mais je n’avais pas envie de le dire à voix haute. Je n’avais pas envie de le contrarier.“Désolé pour hier soir” reprit-il aussitôt en prenant place sur mon lit à côté de moi, prenant soin de plisser un peu mon pyjama Belle au Bois Dormant qui s’était replié sur mon coude. “Papa était très stressé parce que sa réputation est particulièrement importante et que cette soirée était l’occasion parfaite de la soigner.” “Elle est blessée, ta réputation ?” demandai-je finalement dans un murmure inquiet. Papa esquissa un joli sourire qui me rassura. C’était bien le Papa que je connaissais. “Un petit peu, ma chérie. C’est que ta garce de mère s’amuse à la salir.” “Mais Papa, pourquoi le Monsieur a dit qu’il a vu maman avec toi, l’autre soir ?” lâchai-je aussitôt, confortée par ses doigts à nouveau doux sur mon bras, par son chocolat où je pouvais me baigner toute entière. Il esquissa un triste sourire avant de détourner le regard pour considérer ma maison de poupées, plus grande encore que la nôtre, qui siégait dans un coin de mon royaume tout rose peuplé de peluches. “Daisy, il faut que tu comprennes que les adultes ont parfois des petits secrets qu’il leur faut protéger de quelques mensonges. J’ai menti à Bryne justement pour protéger les miens, et les tiens, aussi. J’ai fait ça pour nous.” Ce n’était pas clair pour moi et pourtant, Papa semblait tranquille, d’une lucidité même surprenante pour le matin. Il avait sûrement bu son café. Il n’était jamais aussi calme sans son café. “On ne peut pas avouer à tout le monde que Maman est partie. Ça peut être mal vu.” “Mais c’est injuste ! C’est elle qui doit être mal vue !” Papa éclata d’un rire cristallin avant de me serrer dans ses bras. Il le faisait souvent, mais ce câlin-là était particulièrement agréable. J’en avais besoin, et je m’y laissai aller en fermant les yeux. J’avais encore envie de faire pipi et pourtant, j’aurais pu y passer des heures sans rechigner. Il n’y avait que là que j’étais en sécurité. “Tu as raison. Mais c’est comme ça, quand on est adulte. Tout n’est pas toujours juste. L’important, c’est de savoir qui sont les bonnes personnes pour nous, et de ne surtout pas se laisser avoir par les mauvaises.” Il embrassa mon crâne, comme il l’avait fait la nuit précédente, comme si celle-ci n’avait finalement jamais eu lieu, avant d’ajouter tendrement que pour l’heure, en public, je devrais continuer à m’appeler Lucretia. Il n’aimait pas non plus ce surnom, mais les adultes se fiaient exclusivement à la paperasse alors je devais accepter cette identité auprès des grands. Moi, je ne savais pas qui était cette paperasse, mais je la détestais déjà, presque autant que maman qui était partie, presque autant que l’inconnu qui s’était fait passer pour mon Papa la veille.

“Ce rêve bleu
Aux milles nuits
Qui durera
Pour toi et moi
Toute la vie.”

La suite de mon enfance se révéla toute aussi rose, et bleue. Papa continuait de me faire des câlins le matin et de me lire des histoires le soir, Aurore restait ma princesse préférée et moi, je grandis sans jamais manquer de cet amour à la folie. A vrai dire, nous filions le parfait conte de fées, mais que serait un conte de fées sans affreuse belle-mère ? J’avais déjà une Maléfique à mes trousses (même si je ne l’avais jamais vue, Papa assurait que son ombre planait sur nous, si bien que j’avais fini par avoir cette sensation poisseuse de sa présence absente sur mes épaules) : il ne manquait que ce mariage avec une étrangère pour rendre ma vie un peu plus romanesque.
Diana. Elle s’appelait Diana, cette mégère, comme une vraie princesse, me prenant non seulement Papa, mais aussi mon identité. Elle avait même de grands yeux bleus, presque aussi brillants que les miens - ses intentions étaient évidentes, bien sûr, elle ne se mariait à Papa que pour me remplacer, jalouse que j’ai tout son amour rien que pour moi. “Je l’aime vraiment tu sais, ma petite princesse” avait-il affirmé après m’avoir annoncé la nouvelle entre plat et dessert. Les pâtes au pesto qu’il m’avait préparées commençaient déjà à peser sur mon estomac, mais je ne le lui avais jamais dit que j’avais cette curieuse sensation après chaque plat de pâtes, ah ça non, je ne voulais surtout pas le priver de son plat préféré ! Alors je me contentai de serrer les dents, luttant aussi bien contre cette douleur poignardante que contre cette insupportable impression de devoir partager un amour qui n’était qu’à moi. “Diana et moi, on se fréquente depuis un moment, maintenant. C’est la prochaine étape logique.” Mais ça n’avait rien de logique et puis, je ne l’avais rencontrée qu’une fois, cette sorcière ! Était-elle même une sorcière, ou n’était-ce qu’un rôle réservé à maman qui n’en était même pas vraiment une ? Et moi, je serai une sorcière un jour, mais je ne voulais pas ou au contraire je le voulais pour ne pas être comme maman et cette intruse dans notre vie ! “Mais ne t’inquiète pas, tu seras la véritable vedette de ce mariage. Une demoiselle d’honneur plus belle que le monde n’en a jamais vu.” Sa barbe s’étira dans un sourire qui projeta sur mon visage un rayon de soleil en dépit de la pluie hivernale. Il pensait donc que c’était vraiment moi, la vedette, la princesse de sa vie ! J’avais toujours mal au ventre, à vrai dire je n’arrivais même pas à planter ma cuillère dans la mousse au chocolat qu’il avait préparée de crainte d’alourdir des entrailles déjà tordues, mais je me sentis déjà plus légère. Je fus même suffisamment tranquille pour tolérer l’emménagement de Diana sous notre toit l’après-midi-même. J’avais huit ans, j’étais déjà plus grande qu’avant et j’avais appris à mettre de l’eau dans mon vin comme le disait Papa. Je ne savais pas ce que c’était, le vin, mais en tous cas, je prenais soin de bien y mettre des litres et des litres d’eau pour me comporter aussi irréprochablement que Papa me le demandait. Et puis, il m’avait assurée que ce serait moi, la princesse de son mariage alors je pouvais bien faire un effort pour Diana. De toute façon, j’avais conclu que ce n’était pas vraiment à moi de m’en faire, mais plutôt à elle. J’étais persuadée qu’il ne l’aimait pas à la folie, comme moi, qu’importe son prénom, ses grands yeux bleus, et sa manie de nous faire de bons petits plats sans blé parce qu’elle avait remarqué que je ne mangeais plus après chaque plat de pâtes.
Le mariage eut lieu l’été suivant. Diana avait une longue robe blanche en dentelles et moi, une longue robe rose en tulle. J’étais bien plus jolie, j’avais même eu le droit de garder mes cheveux lâchés à l’exception de ma mèche décolorée que j’avais tressée pour attirer encore plus ses yeux chocolat sur moi. Il adorait cette particularité là où beaucoup y voyaient au contraire une malédiction, ancrée jusque sur la tache claire de mon front. Ça avait bien marché, puisque c’était à moi qu’il souriait dans sa barbe parfaitement taillée pour l’occasion alors que je remontais l'allée devant Diana. Qu’il était beau ce jour-là. Ses lèvres charnues soufflèrent un compliment à ma seule personne et moi je rougis, intimidée par sa large carrure taillée dans un élégant costume bleu roi. Mon Roi, dont j’étais le plus élégant joyau, la petite princesse qui s’avançait vers lui dans des battements de cœur papillonnants. C’est ce jour-là que j’ai réellement compris ce que ça voulait dire, d’aimer à la folie. “Diana, tu es splendide” chuchota-t-il à cette peste alors que j’étais arrivée à sa hauteur. Ses yeux n’étaient plus dans les miens, mais rivés sur celle qui me suivait. “Et tu es absolument charmant, Belisarius.” Mes boyaux se tordirent alors que je n’avais même pas mangé de pâtes au pesto. Je détestais qu’on appelle Papa par son prénom, c’était comme ignorer son titre de héros, comme s’il n’était qu’un humain de plus dans un royaume dont il était pourtant le dirigeant. “Lucretia” tonna-t-il soudain en me jetant un regard glacial, “dépêche-toi de te mettre à ta place, tu ne dois pas rester ici.” Mais j’étais figée. Je ne supportais pas l’idée de ne plus être sa vedette et encore moins d’être appelée par ce prénom que je méprisais, tout ça parce qu’il y avait du beau monde, tout ça parce qu’il y avait cette ignoble sorcière (j’avais eu la confirmation que c’était une sorcière, mais une vraie, pas celle des contes, même si dans ce cas, les deux notions se confondaient) ! “Dépêche-toi de bouger de là !” gronda-t-il alors que ses yeux devenaient à nouveau rouges. Je ne l’avais plus vu comme ça depuis l’incident de la dernière fois, et c’était peut-être par distance de cet événement que je sous-estimai sa réaction et que je préférai égoïstement la mienne. “Non” m’écriai-je sous le regard médusé de Diana qui avait la bouche entrouverte comme un poisson - ah ça, elle n’avait plus rien d’une châtelaine et j’en tirai une franche satisfaction. “Non, c’est pas elle ta petite princesse, c’est moi, et je l’aime pas, et je veux pas de ce mariage, et…” Une main me tira en arrière. Ce n’était pas Papa, bien sûr, il était devant moi, et ce n’était pas non plus Diana qui était restée paralysée comme un thon perdu face au requin. C’était simplement un fonctionnaire du Ministère, un de ces grands bonhommes moroses qui animaient la cérémonie. “Désolé petite, mais on n’a pas le temps pour tes caprices. Ton papa doit se marier maintenant, d’autres couples attendent derrière lui.” Curieusement, ce Monsieur que je n’avais jamais vu m’évoquait vaguement quelque chose, comme une ombre familière aurait couru sur son visage penché au-dessus du mien. J’étais persuadée de l’avoir déjà vu sans même le connaître, tout comme j’avais l’impression que cette ébullition de rage en moi ne m’était pas entièrement inconnue. Ce ne fut qu’au hurlement strident d’une vieille dame dans l’assemblée que je compris enfin cet air de déjà-vu : c’était l’un des cauchemars que je faisais souvent, ces derniers temps. Un scénario semblable, où j’étais arrachée à Papa par un Monsieur tout lugubre avant qu’une vieille dame ne se mette à hurler, en écho à la fureur qui brûlait dans mes veines. Mais alors, s’il s’agissait de mon cauchemar… Et en effet, la robe de Diana était en feu. Sa traîne laissait échapper des volutes de fumée alors que des flammes embrasaient littéralement le tissu à ses pieds. Une exclamation m’échappa alors que l’incendie se propageait sur le tapis au sol pour venir dévorer plantes et autres ornements jusqu’à constituer un véritable brasier en à peine quelques secondes. C’était aussi flamboyant que dans mon cauchemar, ce qui était effrayant et, quelque part, très impressionnant, parce que cette fois-ci, je ne pourrais pas me réveiller pour interrompre le désastre ; il fallait agir pour de vrai. Et de fait, plusieurs baguettes se levèrent aussitôt pour faire jaillir des jets d’eau. Le feu fut contenu assez facilement, c’en fut presque décevant dans la mesure où mon cauchemar semblait bien plus hostile que cette fin rapide et sans suspens. Il m’avait effrayée pour rien, mais au moins la cérémonie fut-elle suspendue.
Je dois admettre que le plus bizarre dans toute cette histoire fut la réaction de Papa. Il avait toujours des yeux fous qui me foudroyaient et je voyais bien qu’il avait envie de me heurter ; sa voix claquait férocement tandis qu’il me répétait combien il était furieux de mon comportement, combien j’étais un fardeau, un poids, une folie. Il voulut ajouter autre chose, mais il se retint à ce constat. Ses yeux devinrent à nouveau tout doux, dans un éclat déconcertant. Mieux, il esquissa un sourire en desserrant ses poings sur mes épaules. Je me sentis alors suffisamment à l’aise pour chuchoter ce que je n’avais pas osé jusqu’alors. “Mais c’est pas ma faute.” “Bien sûr que si, ma petite princesse, et c’est justement ça ce qui me réjouit” répondit-il aussitôt en s’accroupissant à ma hauteur. Je ne comprenais plus rien, ni pourquoi il me criait dessus, ni pourquoi il était soudain si tendre en considérant que c’était moi qui avais allumé ce feu. “Tu ne comprends pas ? Tu viens d’exprimer ta magie, tu es une sorcière, toi aussi ! C’était si fort, c’est rare, oh, que tu seras douée !” Je répondis à son sourire par un autre, rassurée. Je ne pensais toujours pas que c’était moi, après tout, j’étais trop occupée à toiser le regard du Monsieur qui m’avait arrachée à lui, mais il ne pouvait pas avoir tort - Papa avait toujours raison. “Tu sais, j’ai rêvé de cette scène plusieurs fois ces derniers mois.” Ses yeux s’écarquillèrent tant que je me demandais s’il allait à nouveau devenir méchant mais, au contraire, sa joie sembla se décupler, tant et si bien que je vis Diana derrière son épaule s’effondrer en larmes. Elle était misérable, dans une couverture prêtée par le Ministère pour ne pas être dénudée devant tous les invités qui n’étaient même plus là. Elle n’avait résolument plus rien d’une princesse, cette Diana - elle était au contraire cruelle, je le savais maintenant qu’elle pleurait à chaudes larmes cette joie démente qui animait celui qu’elle était censée aimer ! “Mais c’est formidable, ma petite princesse !” s’enthousiasma Papa en me serrant soudain fort entre ses bras. “Prodigieux, c’est prodigieux, un vrai coup d’éclat !” enchérit-il presque en criant alors qu’il était déjà tout contre mon oreille. “Tu vas faire ma fortune, oui ma Daisy, ma fortune !” C’était tout ce que je lui souhaitais, moi. D’être fortuné comme il le méritait au lieu de crier tout seul tous les soirs dans son bureau. C’était tout ce que je lui souhaitais, du moment qu’il n’y avait plus que moi serrée contre son cœur et qu’il n’y avait plus que cette tendresse à la folie entre nous.

“Mon amour, je t'ai vu au beau milieu d'un rêve,
Mon amour, un aussi doux rêve est un présage d'amour,
Refusons tous deux que nos lendemains soient mornes et gris.
Nous attendrons l'heure de notre bonheur,
Toi ma destinée, je saurai t'aimer, j'en ai rêvé.”

Papa n’épousa finalement jamais Diana. En fait, elle partit à son tour, le lendemain du mariage qui n’eut pas lieu, par un autre petit matin sans un mot, sans un au revoir. Une lâche de plus dans notre vie à deux ; sûrement était-elle aussi rongée jusqu’à l’os. C’était mieux ainsi, Papa me l’accorda également, et de toute manière, il n’eut plus que d’yeux pour moi. Il guettait chacune de mes réactions un peu virulentes quand j’étais contrariée, lui qui préférait d’habitude me laisser bouder dans mon coin, et il me demandait chaque matin de raconter mes cauchemars, lui qui n’y prêtait plus attention depuis des années. Il était redevenu mon Papa rien qu’à moi, mieux, il le fut plus qu’il ne l’avait jamais été. Il m’aimait encore plus fort, si bien que je pensais le conte de fée terminé. Mais ce n’était en vérité que le début, car au contraire, beaucoup de choses changèrent au cours des mois suivants.
Déjà, je n'allais plus à l’école en bas de la rue - Papa préféra me confier à Madame O’Brien, une gentille dame rousse qui habitait notre quartier et qui donnait des cours aux autres enfants comme moi. Je ne savais pas exactement ce qu’il voulait dire par “comme toi” ; des princesses ? Des petites filles qui jouaient à la poupée ? Des incendiaires de robes ? Madame O’Brien me précisa qu’elle s’occupait de prendre en charge les sorciers en devenir en attendant qu’ils partent pour Poudlard et j’en déduisis alors que “comme toi” voulait simplement dire les vrais sorciers, pas ceux des contes pour enfants ; ce qui faisait de moi une fille plus grande et plus importante. J’aimais bien aller chez Madame O’Brien. Elle préparait souvent de bons cookies qui ne me faisaient pas mal au ventre, comme Diana, sauf qu’elle ne cherchait pas à s’approprier Papa. Elle gardait sa distance avec lui, ne s’attardant jamais quand il venait me récupérer, tout en me traitant comme sa favorite quand j’étais chez elle. Je m’en rendais bien compte. Les autres n’avaient pas le droit à autant de clins d'œil complices. Nous étions un petit groupe de six enfants, tous plus au moins du même âge, et l’avantage, c’est qu’on pouvait aussi parler de nos parents et de leurs professions sans se faire moquer par les autres qui disaient qu’on inventait nos vies. Pour la première fois, personne ne rit quand j’annonçai fièrement que Papa travaillait à la brigade de police magique du Ministère et pour la première fois, on me dit que chez eux aussi, la vaisselle se faisait toute seule. J’étais vraiment contente de ce changement-là, je me sentais plus à ma place et j’apprenais plein de choses, à commencer par l’amitié. C’est là-bas que j’ai rencontré Dashiell. Dashiell, c’était mon meilleur ami, et je crois que j’étais aussi sa meilleure amie, même plus que sa jumelle. Je l’ai choisi lui parce qu’il me donnait souvent son cookie les jours où Madame O’ Brien nous en cuisinait, et parce qu’il me demandait régulièrement en partenaire de jeux ; en revanche, j’ignore pourquoi il m’a choisie, moi. En tous les cas, il me traitait comme si j’étais spéciale. Et j’adorais être spéciale pour lui, pour Madame O’ Brien, et pour toutes ces quelques personnes qui m’acceptaient malgré ma mèche de cheveux et malgré mes cauchemars qui commençaient à me poursuivre même pendant mes siestes.
Mais il y eut aussi d’autres changements moins sympathiques. Déjà, Papa était de plus en plus désagréable le matin, même après son café. Il me pressait de raconter mes mauvais rêves et il était moins compréhensif quand je lui disais que je n’avais pas envie de les lui décrire parce qu’ils avaient été trop violents. De fait, mes cauchemars empiraient à mesure que les mois s’écoulaient : après les petites flammes du mariage, je commençais à visualiser de véritables incendies, quand s’ajouta le sang, de simples égratignures à de véritables cadavres déchiquetés. Parfois, j’avais envie de vomir en me réveillant, et parfois, Papa m’attendait à mon chevet avec son calepin. Un autre changement, c’était qu’il était de moins en moins souvent à la maison - il m’évoqua une promotion que je n’étais pas sûre de comprendre, parce que je ne savais pas que les adultes pouvaient aussi être au rabais comme pendant les soldes, mais je mis de l’eau dans mon vin que je n’avais jamais bu et lui consentis ses absences sans aucune remarque si ça pouvait lui permettre de faire de bonnes affaires. Et effectivement, nous déménageâmes au bout d’un an, quittant notre petite maison de briques que j’avais toujours connue pour nous approcher de la presqu’île de Howth. La nouvelle maison était beaucoup plus grande, même gigantesque ; Papa m’expliqua que c’était un pavillon et que ça voulait dire que c’était la résidence des Rois. Il était vraiment intelligent, Papa, il savait que j’avais besoin de me sentir comme sa petite princesse pour tout lui consentir, comme ce départ que je redoutais. Après tout, ça signifiait quitter Madame O’Brien et je n’avais pas du tout envie de dire au revoir à ses rondeurs, à ses cookies et à Dashiell. Je le fis bien comprendre à Papa en l’implorant de ne pas me choisir de préceptrice comme il l’envisageait. Quitter Madame O’Brien pour une nouvelle intruse qui viendrait jusqu’à chez nous ! Papa ne flancha cependant pas. Il insista sur la nécessité de me faire suivre de meilleures leçons, et de nous épargner tous ces trajets quotidiens vers notre ancien quartier. J’en pleurai, un jour ; Papa me gronda gentiment d’amour, avant de devenir tout rouge pour la troisième fois. Nous étions encore dans notre ancienne maison, les cartons étaient prêts, mais moi, pas du tout. J’avais vraiment peur, aussi bien de ce nouveau départ que des cris de Papa qui me disaient que je n’avais pas à être aussi puérile et que je lui rappelais maman, et que je portais finalement très bien mon nom. Un, deux, puis dix cartons explosèrent soudain. Toutes nos affaires se retrouvèrent éventrées autour de nous ; les objets fragiles cassèrent, comme un grand miroir qui avait été soigneusement emballé, comme une théière en porcelaine à laquelle Papa tenait beaucoup. Et une nouvelle fois, il eut une réaction bizarre, passant de la rage à la douceur, passant d’une main serrée sur mes bras à une étreinte chaleureuse. Il était aux anges, même si la théière était pour sa part en morceaux. Il disait que j’étais vraiment très douée pour mon âge et qu’il était rassuré de voir que j’étais encore capable de coups d’éclat, comme il les appelait. Il avait eu peur que je n’en ai plus. Je n’étais pas aussi faible que maman, j’étais une vraie sorcière, il en était désormais assuré. Alors, il me donna finalement gain de cause. Nous déménageâmes le lendemain pour le pavillon, et j’eus le droit de rester chez Madame O’Brien avec Dashiell. Papa continuait de venir me chercher le soir, à des heures de plus en plus tardives, puis nous rentrions dans cette maison qu’il nous restait encore à appeler chez nous pour manger des pâtes au pesto qui me donnaient la nausée.
Tout n’allait pas tout à fait pour le mieux, mais tout n’allait vraiment pas pour le pire. Après tout, Papa semblait vraiment heureux, il criait moins le soir devant ses dossiers et il s’intéressait passionnément à mes cauchemars (même si je ne comprenais pas vraiment pourquoi, dans la mesure où je n’en avais plus eu un seul qui s’était réalisé.) Et puis, ici, c’était tellement spacieux que ma maison de poupées me semblait plus petite, que mes peluches me semblaient bien seules. A moins que ce ne soit parce que j'avais grandi, moi aussi. J’avais désormais dix ans, et Papa jubilait, extatique de savoir que j’intègrerais bientôt Poudlard où on m’apprendrait à me canaliser. Je ne voyais pas très bien pourquoi il voulait que je sois canalisée dans la mesure où je n’avais pas l’impression d’être particulièrement énergique et que sa présence me suffisait pour me sentir bien, mais il avait probablement ses raisons puisqu’il avait toujours raison.
Le 6 mai 2025, d’une gaieté sans égale, il donna une réception grandiose pour mes 11 ans. Il invita tout le monde ; ses amis professionnels qu’il appelait collègues et où je n’identifiai pas Monsieur sec et Madame toute moche malgré le nombre indécent de convives, Madame O’Brien aussi et Dash, bien entendu, sans oublier sa jumelle qui l’accompagnait comme son ombre. Ma robe était moins excentrique que celle du mariage raté de Papa, mais ce n’était pas bien grave, j’étais quand même la plus jolie. Mes cheveux étaient libres, ma mèche qui attirait les regards s’y noyait dans un éclat lumineux et je souriais sans compromis, sage, docile comme on me l’avait appris. Je saluais tout le monde et tout le monde me souhaitait un bon anniversaire en retour ; Papa me présentait comme une enfant prometteuse et je me complaisais dans ce rôle à dose de révérences et de silence pour ne surtout plus jamais rien dire de travers. Tout se déroulait pour le mieux. Rien de travers.
J’étais dans le jardin avec Dash et sa sœur à jouer à chat quand j’ai eu ma première véritable crise. Un électrochoc brutal qui m’a renversée par terre et fait perdre connaissance. Je ne me souviens que d’une vision violente, une femme égorgée sous mes yeux pourtant bien fermés, un jet de sang encore frais sur un mur de briques, un hurlement bien plus glaçant que celui de la vieille dame au mariage de Papa. Puis plus rien, jusqu’à ce que je rouvre enfin les paupières sur le visage courroucé de Papa. Je n’aimais pas du tout ces traits tirés, surtout que je n’en comprenais pas le sens. Je n’avais rien fait. Rien du tout - rien de travers. “Lucretia, reprends-toi, c’est pathétique” souffla-t-il alors qu’il me prenait par les épaules pour me redresser. Je croisai le regard penaud de Dash derrière lui. Il y avait bien plus de douceur dans les yeux de mon meilleur ami que dans ceux de Papa, injectés du même sang que j’avais vu se répandre. “Je m’appelle Daisy” répondis-je dans un glapissement avant de m’effondrer en larmes.
Je n’en pouvais plus. J’étais dépassée, là, dans notre jardin, épuisée de ces cauchemars sanguinaires qui hantaient mes nuits et qui commençaient à empiéter sur mes jours, du regard fou de Papa qui n’avait plus rien de son amour inconditionnel, de ce pavillon qui rappetissait ma maison de poupées et qui rendait ma collection de peluches toute dérisoire, si bien qu’à cet instant précis, je n’avais même plus envie d’être une princesse ; je voulais juste être une fille normale, avec des cheveux blonds sans particularité, avec un sommeil paisible et une journée d’anniversaire réussie. C’était tout ce que je demandais, moi ! Peut-être Madame O’Brien le comprit-elle, apparaissant soudain derrière Papa pour l’éloigner de moi et me serrer fort dans ses bras. Elle sentait la lavande, c’était étouffant. “Pauvre petite” geignit-elle en me berçant avant de considérer mon visage entre ses mains. Elle sortit un mouchoir en tissu de sa poche qu’elle flanqua sur mon nez. Ce n’est qu’en voyant le tissu s’imbiber de rouge, d’une nuance plus vive encore que dans mes rêves, que je réalisai que je saignais du nez. “Ça me répugne” souffla Papa en détournant le regard. “En pleine réception, en plus.” Madame O’Brien le fusilla du regard mais il en ressortit indemne. Moi, en revanche, je savais comment faire pour qu’il redevienne mon Papa. “J’ai vu quelque chose” soufflai-je entre deux sanglots. Et presque comme par magie, Papa posa à nouveau son regard sur moi. Il n’y avait plus de Madame O’Brien, ni même de Dash, plus rien que ses yeux noirs dans les miens où ondulait à nouveau cette douceur plus réconfortante que toutes les odeurs de lavande du monde. Il me demanda de lui raconter ma vision, d’une voix cajoleuse qui sécha toutes mes larmes d’un seul coup. Je me détachai de Madame O’Brien pour courir dans les bras de Papa, lui racontant tout, dans les moindres détails. Il acquiesça la tête dans un sourire, m’embrassa le front et disparut aussitôt. Une affaire pressante l’avait rappelé au Ministère, laissant les invités profiter de notre beau pavillon comme si c’était le leur. Madame O’Brien, en revanche, rentra immédiatement chez elle.
Papa ne revint que tard le soir, alors que tous les convives étaient rentrés chez eux, même Dash. Il avait un sourire encore plus beau que lorsque je lui avais raconté ma vision, il respirait de bonheur et moi aussi, surtout face au superbe collier en or qu’il m’avait apporté. “Joyeux anniversaire, ma petite princesse.” C’était un médaillon en forme de cœur pendu au bout d’une chaîne toute fine, très élégante, qui me donnait des airs de grande, plus grande qu’avant. Je l’adorais déjà. “Daisy, tu vas devenir une sorcière très puissante. Ton don de voyance est de plus en plus précis, tu es promise à de grandes choses.” Ses compliments se mélangèrent au conte qu’il me lut ce soir-là, me bordant dans mon énorme lit à baldaquin. “Papa, je vais encore faire des crises comme ça ?” demandai-je en levant ma tête vers son visage tranquille. Je passai un doigt sur sa barbe, réalisant qu’il l’avait laissée plus longue qu’à l’accoutumée. “C’est certain. Tu as passé un cap. Tâche seulement de te maîtriser un peu plus, je ne supporte vraiment pas la vue du sang” glissa-t-il en frottant son nez contre le mien. J’étais honorée. La sensation n’avait franchement pas été agréable et à vrai dire, je me sentais épuisée d’une réaction aussi virulente, mais c’était pour une belle cause, juste, grandiose ; je rendais Papa fier et je venais de franchir une étape importante. C’était nécessairement une grande journée, le genre dont je voudrais me souvenir dans mes moments les plus durs. J’étais capable de réussir et d’avoir toute l’attention de Papa sans plus susciter ses coups de colère. Il me suffisait juste de retenir le sang de couler. Je m’endormis avec la légèreté de qui s’est vu promettre un avenir brillant et de fait, je ne fis plus jamais aucun cauchemar.
Mes crises en revanche devinrent de plus en plus fréquentes, mieux, violentes. Ça démarrait toujours de la même manière ; un électrochoc, l’impression d’être frappée par la foudre dans un bruit sourd, une sensation de chute puis une vision horrifique ; mes paupières rouvertes sur un nez ensanglanté. Il s’agissait initialement de mon seul problème, vraiment, des capillarités que je ne parvenais pas à retenir et qui écœuraient systématiquement Papa. Mais comment lui en vouloir ? C’était moi, qui ne parvenais pas à maîtriser la seule chose qu’il m’avait demandée. Mais ensuite vint un nouveau problème - je ne me réveillais plus tout de suite ou, plus exactement, il me fallait un certain temps d’adaptation pour revenir tout à fait dans le réel. Je voyais bien le visage de Papa, ou de Madame O’ Brien, ou de Dash - mais je ne les entendais pas, je n’écoutais que ces voix caverneuses qui susurraient des mots insensés à mes oreilles. C’était effrayant, mais Papa disait que c’était normal. Que je vivais une expérience intense et que mon cerveau devait seulement prendre le temps de s’en remettre. Sauf qu’il s’en remettait au contraire de moins en moins. C’était épuisant ; à chaque crise, il me fallait plusieurs heures pour m’arracher à ces murmures qui devenaient même de plus en plus nets. C’étaient à chaque fois des voix différentes, que je n’avais même jamais entendues. Elles racontaient tout et n’importe quoi, d’une recette de gâteau à des confidences amoureuses. C’était à ne rien y comprendre, mais Papa me certifiait que c’était normal, si bien que je finis par m’habituer à la fatigue, aux absurdités. Papa était heureux. Moi aussi, je présume. Tout allait presque bien dans le meilleur des mondes, même si Madame O’Brien n’osait plus me regarder dans les yeux quand j’allais chez elle. Dans le fond, ce n’était pas très grave, puisque je rentrai à Poudlard l’année suivante et ne la revis plus jamais.



Dernière édition par L. Daisy Gibson le Mer 5 Juil - 13:06, édité 6 fois
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Et plus en détails ?
Statut Sanguin: Sang-Mêlé
Pouvoirs spéciaux: Voyante
Poste de Quidditch: Aucun
Patronus: Un requin marteau
Epouvantard: Une casserole de pâtes
Matières suivies et niveau:
Points Défis:
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Disponible pour un RP ?: Si t'es pas pressé, c'est d'accord !
D'autres comptes ?: August P. Rowle

DAISY ♕ Once upon a dream Empty
Message(#) Sujet: Re: DAISY ♕ Once upon a dream DAISY ♕ Once upon a dream EmptyDim 25 Juin - 14:54


Suite de l’encyclopédie universelle

“Chanson éternelle
Aux refrains fanés
C'est vrai, c'est étrange
De voir comme on change
Sans même y penser.”

J’étais terrifiée. Je n’avais pour ainsi dire pas peur de grand-chose, dans la vie que j’avais menée jusqu’à présent ; après tout, j’étais capable de gérer des crises où je voyais de parfaits inconnus mourir des plus atroces façons tout en écoutant des voix chuchoter des secrets qui ne m’appartenaient pas pendant des heures. Mais l’idée de me séparer de Papa m’angoissait. Je n’avais jamais été loin de lui, ou lui loin de moi. Je crois qu’il appréhendait autant ma rentrée que moi, car pour la première fois depuis des années, il rentrait tôt du travail et me dédiait ses soirées entières. En vérité, je passai l’un des meilleurs été de ma vie. J’avais l’impression d’avoir retrouvé mon Papa de mes six ans ; prévenant, attentif, disponible. Il me berçait à nouveau toutes les nuits de mes histoires préférées, et même si mon pyjama Belle au Bois Dormant était trop petit, il me traitait comme sa petite princesse, allant jusqu’à me peigner les cheveux chaque matin. Il prit aussi l’habitude de me faire des pancakes et je n’eus pas le courage de lui admettre qu’ils me tordaient le ventre, comme ses pâtes. Alors, je mangeai très peu pour m’épargner ces douleurs, pour lui épargner une déception. Il voulait bien faire et en vérité, il faisait même très bien. Nous en oubliâmes même l’échéance de plus en plus proche, jusqu’à ce que nous soyions contraints par le temps d’aller faire des achats sur le Chemin de Traverse. Sur un coup de tête, le soir-même alors que nous mangions une glace dans la chambre de l’hôtel réservé pour l’occasion à quelques rues de King’s Cross, il m’offrit un rat. Papa était allergique aux poils de chat et comme il l’avait remarqué à juste titre, un hibou serait trop grand pour m’accompagner jusqu’à mon dortoir. Il avait raison. Et puis, il était mignon, ce petit rongeur tout gris. Nous décidâmes de l’appeler Jiminy Cricket, parce que comme avec Pinocchio, il m’accompagnerait à l’école. Il serait ma petite conscience de la maison même à distance. Nous pleurâmes beaucoup, sur le quai de la gare. Enfin, moi, je sanglotai à ne plus pouvoir m’arrêter. Papa, lui, embrassait chacune de mes larmes en m’assurant dans un sourire que le temps passerait vite et qu’en attendant, je pourrais lui écrire tous les jours, sans oublier de lui citer chacune de mes crises pour qu’il puisse suivre mes aventures. Je le lui promis, comme je lui aurais promis n’importe quoi pourvu qu’il continue de m’aimer même de loin. Et si j’avais toujours maudit ces voix dans ma tête quand je sortais d’une crise, je me mis à hurler de rage dans les toilettes du Poudlard Express quand le train se mit en route. Je les aurais préférées au silence assourdissant de son absence.
Par chance, je ne fus jamais vraiment seule. Il y avait d’abord Dash, bien sûr, avec qui nous vidâmes un sachet complet de chocogrenouilles sur le trajet ; sa jumelle, aussi, puis mes copines de dortoir, mes camarades de classe. Papa me manquait, mais à dire la vérité, je n’étais pas malheureuse. J’étais entourée, plus vite que je ne l’aurais cru. Dans ce grand château de princesse, j’avais une place plus belle encore que chez Madame O’Brien, une infinité de compagnies possibles, des réponses à des questions que j’ignorais même avoir. C’était comme un nouveau chapitre de mon histoire : de nouvelles péripéties, de nouveaux personnages, tout en conservant les anciens. De fait, j’échangeais tous les jours avec Papa par l’intermédiaire de son hibou et le soir, je m’endormais en caressant Jiminy Cricket qui me rappelait cette dernière nuit ensemble à rêvasser de nos futures épopées. Non, je n’étais résolument pas malheureuse et au contraire, il me semblait rencontrer une nouvelle forme de bonheur, quelque chose de plus constant que ce que j’avais rencontré jusque-là et qui contrebalançait ainsi la force toujours plus hargneuse de mes visions.
En effet, je craignais une crise à tout instant et n’avais de soulagement qu’à l’idée que Papa ne puisse pas me voir saigner du nez. L’infirmière s’inquiétait de mon état, mes copines de dortoir, aussi. Dash, beaucoup. Tous ceux qui avaient déjà eu la mauvaise chance d’assister à une scène me regardaient ensuite d’un œil craintif, comme j’aurais pu exploser devant eux. C’était le cas, un peu. Et encore, ils n’avaient pas à subir les voix bourdonnantes qui suivaient l’électrochoc ; ces ragots, ces conversations, ces aveux. Et si Papa assurait que c’était normal, je ne pouvais pas m’empêcher de me demander ce que ça signifiait, et si ces visions avaient un réel sens. Il ne m’avait jamais dit ce qu’il faisait de mes descriptions. On parlait de voyance mais je ne savais rien de ce que je voyais, et encore moins de ce que j’entendais. Ça ne m’avait jamais posé souci, mais à présent que je commençais à avoir une vie de mon côté, avec mon quotidien, mes proches, ma liberté, je prenais véritablement conscience des parts d’ombre et du fardeau de ce don, si tant est qu’il s’agisse d’un don. Peut-être étais-je seulement folle, peut-être Papa n’avait-il jamais voulu me l’admettre ?

Papa, je suis fatiguée. Mes crises m’épuisent. Et j’en ai marre de les entendre murmurer, je n’arrive plus à penser.


Ma petite princesse, ne t’en fais pas. Tu vas progressivement apprendre à maîtriser ce don. Sois patiente, ma Daisy.


Comment tu sais que c’est un don ?

Papa ne me répondit pas, du moins, pas à cette question. Il avait rédigé le reste de sa lettre en omettant malencontreusement cette partie, alors, je dus attendre les vacances de Noël pour lui poser frontalement la question. Je m’en voulus, parce que nos retrouvailles avaient été parfaites, d’une délicatesse dégoulinante d’amour. Il avait même posé quelques jours au Ministère pour passer plus de temps avec moi. Et il me le rappela à juste titre, maugréant que j’étais vraiment une ingrate et que je portais bien mon prénom. Il s’étonna de me voir pleurer, ce jour-là. Il espérait certainement que son regard dépité sèche mieux mes larmes que ses baisers devant le Poudlard Express, mais ce fut pire. Il me prépara des pâtes au pesto que je ne touchais même pas, ayant pris goût à ne plus supporter de maux de ventre au château. Et ce ne fut qu’après encore quelques heures d’un silence désabusé seulement percé de mes sanglots qu’il consentit à redevenir la Papa que j’aimais à la folie.
Il prit l’initiative de convier un grand médecin qu’il connaissait du travail, diplômé en voyance, en me précisant que j’avais le droit de tout lui révéler à l’exception de la nature de mes visions, que celle-ci devait rester secrète. Il me rappela ce qu’il m’avait déjà expliqué à mes six ans, que les adultes ont parfois des petits secrets qu’il leur faut protéger de quelques mensonges. J’acquiesçai et le Médicomage vint ainsi nous rendre visite. Papa voulut participer à l'auscultation mais le Docteur Fitzgerald refusa. Alors moi, je refusai de lui parler, me contentant de répondre à ses questions. Oui, je m’évanouissais à chaque vision et non, je ne faisais plus de cauchemars. Je ne connaissais aucun des protagonistes que je voyais - et d’ailleurs, je les voyais seulement vaquer à leurs occupations... Je ne reconnaissais pas non plus leurs voix. Je n’aimais pas le Docteur Fitzgerald et il me jaugea du regard en retour, mais sans doute pas pour ma seule personne. Il semblait davantage considérer mon âme derrière ses grandes lunettes rondes. “Tu as un pouvoir très fort. Il te faut apprendre à le canaliser.” Papa l’avait payé plusieurs gallions pour qu’il me rabâche la même conclusion que nous avions tous les deux tirée depuis longtemps. Je m’en voulus d’avoir requis ce suivi qui ne servait finalement à rien. Mais Papa me rassura en me disant que non, ça n’avait pas servi à rien, qu’il avait compris que je souffrais de ma situation et de ce talent insensé. Il me pressa ainsi de prendre contact avec l’enseignant de divination à Poudlard et de lui demander conseils pour gérer mon don. Je n’étais pas sûre de savoir à quoi pourrait bien servir le contrôle d’un pouvoir qui ressemblait bien plus à des seules crises de démence, mais si Papa me le demandait, alors, je n’avais pas vraiment mon mot à dire. C’était mon héros. Et je n’étais que sa petite princesse.
Mon retour à Poudlard fut plus facile qu’en septembre, parce que je savais à quoi j’avais à faire et que des personnes m’y attendaient. Un but, aussi : creuser le sujet de la voyance, pour faire plaisir à Papa, pour essayer d’aller un peu mieux, pour ne plus saigner du nez sous son regard consterné. J’empruntai plusieurs livres à la bibliothèque, je rencontrai l’enseignant de Divination, j’essayai de repérer les signes avant-coureurs, de saisir la cohérence des propos évasifs qui s’en suivaient. Ces études minutieuses finirent par porter leurs fruits ; après quelques mois, je fus en capacité de sentir la crise arriver, mieux, de ne plus perdre connaissance. J’étais toujours projetée dans le noir de mes paupières, mais je ne perdais plus complètement pied, je sentais encore le mur sous mes doigts, le sol sous mes pieds. Les voix ne s’éternisaient plus, non plus, et j’arrivais même à les mettre de côté, comme une comptine en fond qui ne parasitait plus complètement mes pensées. Je crois que j’avais surtout appris à accepter ce fardeau plus qu’à m’en défaire. Mais j’étais quand même satisfaite de ces progrès qui rendirent ma vie un peu moins lourde. Et alors, oui, j’étais vraiment heureuse, sans plus de trop gros contrepoids. J’étais une assez bonne élève, une assez bonne amie, en assez bonne santé. La fin d’année approcha rapidement et je retrouvai la gare de King’s Cross avec encore plus de joie. Il me semblait que ma vie prenait une tournure réjouissante ; j’avais deux mois entiers pour profiter de Papa avant de retourner à un quotidien où je me sentais à l’aise. Tout semblait aller pour le mieux, sans même plus aller mal.
“Tu te moques de moi, Lucretia ?”
Ce fut le pire été de ma vie. Papa estimait que je n’avais pas assez progressé, que je ne maîtrisais rien et pour preuve : je saignais toujours du nez. A quoi bon tenir debout et ne pas m’évanouir si c’était pour avoir l’air toujours aussi sale ? Ce n’était pas assez - et pourtant, j’avais le sentiment contraire que c’était trop. “Je fais ce que je peux” articulai-je péniblement en contenant les larmes qui me montaient aux yeux. Nous avions à peine regagné notre joli pavillon qui, à dire la vérité, me semblait bien plus petit à présent que j’évoluais dans un immense château, Papa m’avait demandé de lui montrer ce dont j’étais capable et j’étais restée interdite. J’étais capable de ne plus perdre le contrôle de mes crises, mais pas d’en retenir tous les effets secondaires et encore moins de les manifester à ma guise. Papa avait pensé le contraire à mes lettres. Il m’avait pourtant semblé avoir été très claire sur mes capacités. “Incapacités” souligna-t-il froidement. Nous ne visitâmes pas une seule fois Howth, cet été-là, ni aucune autre contrée, ni aucun autre village. Nous restâmes enfermés dans cette maison, prenant à peine l’air de temps à autre dans le jardin, Papa soucieux de me faire maîtriser mon don, moi fatiguée par la chaleur. Ce n’était plus comme avant. Je n’eus droit à aucune manifestation de douceur, au mieux quelques Daisy disséminés ça et là, quand il avait bu son café du matin, quand il rentrait tard le soir. Mes journées étaient vides, mes nuits, laborieuses, mes weekends, éreintants. Car quand Papa ne m’appelait plus Daisy, il me forçait à être en état d’hypervigilance, à estimer chacun de mes ressentis pour prévoir, mieux, programmer ma prochaine crise et quand le coup d’éclat survenait, pour rester consciente, pour maîtriser un corps qui tremblait sous la violence de mes pensées. Je n’avais plus une seconde pour rêvasser, au mieux mes jours alors constellés du noir du repos, de qui n’a plus vraiment la force de rêver. Papa avait réussi à me vider autant que mes nuits. Je crois que pour la première fois de ma vie, je lui en voulais. Mais j’étais incapable de réagir. Incapacités, avait-il souligné froidement. C’était tout ce qui me caractérisait cet été-là, ça, et des maux de ventre insupportables. Papa n’était pas non plus un monstre, il voyait bien que j’étais épuisée, alors il me faisait des plats copieux pour tenir ; des pâtes au pesto, notamment, sa spécialité, mais aussi des lasagnes, mais aussi des tourtes, mais aussi des quiches. De la farine, encore et encore, pour tenir au ventre alors même que ça me donnait la nausée. Je faisais de mon mieux pour ne pas toucher à mes repas, mais j’étais encore plus fatiguée. Bientôt, je passai mes jours à dormir, pour me reposer de nuits à pleurer. Il était intraitable. Ah ça oui, je lui en voulais. Presque autant qu’à ces voix qui continuaient à chuchoter des absurdités comme si je n’étais pas en train de désespérer de les faire taire.

“Les rêves qui sommeillent dans nos coeurs
Au creux de la nuit
Habillent nos chagrins de bonheur
Dans le doux secret de l'oubli
Écoute ton rêve et demain
Le soleil brillera toujours
Même si ton coeur a l'âme en peine
Il faut y croire quand même.”

Je n’avais pas vraiment changé, à la rentrée. J’étais seulement plus discrète, rongée d’un repos qu’il me manquait, de vitamine C que je n’avais pas reçue, d’une faim qui me faisait paradoxalement tenir. C’est que l’euphorie du jeûne fonctionnait malgré tout, et que les étourdissements apaisaient les murmures dans mes tympans. Et puis, si je m’habituais à ne plus manger, les étés seraient moins fastidieux ; je parviendrais à ne plus toucher mes assiettes du tout, et je m’épargnerais ces douleurs qui aspiraient le peu de volonté qu’il me restait face à un Papa désabusé. C’est curieux, car même de retour au château, je continuais à pleurer, fréquemment. Certains ont commencé à m’appeler la pleurnicheuse, mais en vérité, ça m’importait bien peu. Le principal, c’est que je parvenais quand même à avancer, que je n’étais pas entièrement à l’arrêt, seulement plus éthérée. Un peu comme une princesse, dans le fond. Rien de fondamentalement exubérant, au contraire, une présence légère qui savait se faire oublier et qui vivait dans son monde pastel à chanter avec les oiseaux ; sauf que mes oiseaux à moi, c’étaient ces vautours qui me racontaient leur vie quand la vision s’estompait. Ça continuait, inlassablement, mais j’avais fini par m’y résoudre. Mes progrès s’étaient arrêtés là, sur le pas d’une porte que je ne voulais plus franchir. Je n’étais même plus tout à fait sûre d’être pleinement vivante passé Noël. Je n’étais plus que Lucretia pour Papa, cette mère qui nous avait abandonnés, cette femme que je n’avais jamais vue, un fantôme dans lequel je me complaisais. Et dans le fond, ne parlais-je pas déjà avec les morts ? J’étais toujours là, sans vraiment plus être présente. Abstraite, comme tout ce qui m’entourait. Une personnalité qui n’en avait pas vraiment, ensorcelée sans l’avoir été, maudite sans l’être jamais, une ombre, dans des cheveux blonds et décolorés. Alors quand Appleton, cette Directrice que j’avais toujours connue, nous priva de baguette, ce fut un soulagement ; de l’effort en moins à fournir, au quotidien, un coup de pouce pour disparaître un peu plus, pour oublier que je ne valais plus rien.
L’été suivant fut pire, mieux, difficile à déterminer ; peut-être constant, prolongeant ce qui avait été amorcé l’année passée. Mais au moins étais-je préparée : à manger peu, à la fatigue, au vide. A ne plus être aimée. Papa ne me disait plus rien de ce qu’il ressentait pour moi, préférant souligner que j’étais une incapable. Au moins notait-il toujours mes visions sur son carnet, ce qui me donnait l’impression que je lui importais encore un peu, d’une certaine façon. Le problème, c’est que mes crises devenaient de moins en moins fréquentes. Elles ne l’avaient jamais été, dans un sens, mais sur les deux mois de l’été, je n’en eus que trois. “Qu’est-ce qu’il t’arrive ?” avait-il légitimement demandé. Je n’en savais rien, bien sûr, sinon, je me serais assurée d’en avoir plus ; sinon, je me serais assurée d’être une voyante digne du nom Gibson que m’avait offert Papa. Mais le fait est que nous passâmes beaucoup de nuits éveillés en vain, attendant que quelque chose se passe jusqu’à une aube qui signait enfin ma délivrance avant la nuit suivante. Papa estima que j’étais sûrement trop fatiguée et je m’en sentis soulagée. Au moins n’avait-il pas privilégié la piste évidente que j’étais bonne à rien. Au moins croyait-il encore un peu à mon potentiel, celui qu’il avait entrevu à mes débuts. Nous étions à la fin du mois d’août et Papa me consentit enfin de vraies vacances. Pour la première fois depuis l’été passé, il me laissa dormir les nuits, et profiter du jour.
Nous fîmes même une escale à Howth, allant picniquer sur le bord des falaises. Il avait préparé de bons sandwichs que je ne touchais cependant pas, lorgnant sur le pain comme j’aurais guetté une menace. Papa ne s’en rendit pas compte, bien sûr, mon appétit ne le concernait pas, tout comme les voix bourdonnantes dans ma tête. Car même si mes visions s’étaient amoindries, je n’étais toujours pas seule pour autant. C’était seulement différent ; elles ne surgissaient plus à l’issue d’une crise, mais au détour d’une pensée. C’était comme si un songe particulier pouvait déclencher ces conversations. Je pouvais regarder une mouette, me dire qu’elles étaient bien moins élégantes que d’autres oiseaux, quand un inconnu se mettait à me raconter une anecdote sur ces volatiles. Et si je m’étais habituée à cohabiter avec tous ces gens dans mon crâne, leurs interventions devenaient désobligeantes, car toujours plus inattendues. Ce n’était pas tous les jours, mais c’est déjà bien plus récurrent que mes visions. Je n’avais pas osé en avertir Papa. Il semblait déjà trop fatigué par le changement brutal de mon don, et ce n’était certainement pas sous le précieux soleil irlandais de cette belle journée que j’allais à nouveau tout gâcher. Papa somnolait sur l’herbe et moi je le regardais roupiller, les genoux ramenés contre ma poitrine. Je le connaissais par cœur, de ses traits naturellement ronds mais affinés par sa barbe, à son caractère dominant et assuré. Mais quand il dormait comme ça, j’avais l’impression de le redécouvrir. On aurait dit mon Papa des débuts, celui qui me racontait des histoires pour m’endormir. Il semblait plus jeune, plus doux, aussi. Moins ravagé par la vie, alors même que jamais la vie n’avait battu aussi fort au-dessus de nous dans ces collines balayées par le vent. Peut-être parce que celle-là, c’était la vraie vie, et pas celle artificielle des lumières du Ministère. J’esquissai un sourire avant de porter mon regard sur l’horizon devant moi, où je devinai plusieurs petits bateaux voguer au large. Ils n’étaient pas plus grands que des feuilles de parchemin pliées. Mes yeux glissèrent alors sur le contrebas de la falaise où nous nous reposions. Si les bâteaux étaient des origamis, peut-être que pour ma part, je n’étais qu’une petite poupée de chiffon. Princesse de pacotille à qui on prêtait des histoires qui n’étaient pas vraiment les siennes, ce qui justifierait ces voix à mes oreilles. On se contentait de m’insuffler des bribes de conversation qui ne m’appartiendraient jamais, de toute manière, je ne vivais plus vraiment, n’est-ce pas ? Mais qu’il faisait beau ce jour-là. Le genre de temps resplendissant qui donnait envie de se fracasser contre les rochers là-dessous pour s’assurer de ne plus jamais rien connaître d’autre. “DAISY !” La voix de Papa me retint avant même que ses ongles ne se plantent dans mes bras. Je riais aux éclats quand nous tombâmes tous les deux à la renverse, sur le bord d’un ravin que j’avais failli franchir. Papa ne riait pas du tout, lui, au contraire, il était silencieux, livide, me serrant fermement contre lui, comme il ne l’avait plus fait depuis des années. Alors, je me mis à pleurer, plus fort et plus longtemps que d’habitude, pour célébrer ce retour dans le passé en guise de nouveau futur.
Je n’étais pas morte ce jour-là, et pourtant oui, il me sembla revivre, juste derrière la chaleur de mes sanglots qui inondaient ma peau déjà brûlée par le soleil et les embruns. Papa me berça longuement, jusqu’à ce que ce ravissant soleil d’été plonge derrière les collines et enflamme la mer de reflets orangés. Ce n’était pas ma couleur préférée, ni celle de Papa, mais je devais admettre que c’était quand même magnifique. Il me fit jurer de ne plus jamais lui faire une frayeur pareille, et je lui fis jurer de m’aimer à nouveau à la folie.

“Tous ces secrets que j'ai gardés
Ne crois-tu pas que les fées m'ont comblée ?
Ne crois-tu pas que je suis
Bien trop gâtée par la vie ?
Vois ces trésors et ces merveilles
Toutes ces richesses qui brillent comme des soleils
En voyant ça, tu te dis
Oui, c'est un paradis.”

Je retournai à Poudlard quatre jours plus tard. J’allais bien. Papa m’écrivait presque tous les jours pour s’enquérir de mon état, m’adressant par la même occasion quelques cadeaux ; une nouvelle robe, une jolie plume rose, de grosses peluches. J’étais à nouveau sa princesse gâtée et aimée, sans plus les inconvénients qui allaient avec. Je n’avais plus aucune vision. Tout ça s’était arrêté sans plus revenir, laissant mes journées s’écouler sans la crainte pernicieuse de tacher mes vêtements de sang, de raconter une vision horrifique en des mots que je ne voulais pas poser. Alors, en contrepartie, j’acceptais de supporter sans les énoncer les voix qui, quant à elles, commençaient à m’accompagner presque tous les jours. Ce n’était jamais long, tout au plus une heure de ma journée durant laquelle il me suffisait de faire semblant que je n’entendais rien, comme tous les autres élèves autour de moi. Je crois qu’ils m’appréciaient, pour la plupart, et pour cause ; je n’étais plus le fantôme de ces derniers mois, mais à nouveau Daisy Gibson, petite princesse d’un homme haut placé, nonchalante et douce. Ils se fichaient bien de savoir que c’était dû à mon effort constant de réprimer les murmures parasites, de retenir mon estomac d’une nourriture écoeurante. J’étais sympathique, abordable, et c’était tout ce qui comptait. Pour moi aussi. Je laissai tomber toutes mes tentatives de renouer avec mon don, même avec les cours de divination qui ressemblaient en vérité à une fraude ; de toute évidence, ce pseudo-talent n’avait jamais vraiment pu être exploité. Je ne savais toujours pas de quoi il s’agissait et je préférais me contenter de ces interventions quotidiennes que de subir à nouveau des crises véhémentes qui n’avaient jamais vraiment eu de sens, même sur les cahiers remplis de Papa qu’il avait conservés dans son bureau. Ça voulait dire que je n’étais résolument plus aussi prodigieuse qu’espéré, mais sérieusement, qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? Porter une insigne d’argent pour me fondre dans la masse, dans une école dirigée par un homme plus ferme qu’Appleton, me permettait déjà de me sentir un peu plus normale. Comme j’y aspirais dans le secret de mes nuits. Tu te rends comptes Edith, dix-sept ans de mariage, il s’est assis sur dix-sept ans de mariage ! “T’es vraiment chelou, Gibson, y a qu’à voir ta trace de barjot qui s’étale de ton front à tes cheveux !” Dix-sept ans de bons et loyaux service, à tout gérer pour lui, et c’est comme ça qu’il me remercie ? Avec cette pimbêche du deuxième ?? “Fille à papa et en plus, une vraie pleurnicheuse !” Une petite garce, je te le dis ! Elle va me le payer. Et lui aussi ! Lucretia Gibson, la timbrée de Poudlard…” Faisant fi de la mégère dans ma tête qui racontait comment son bougre de mari l’avait trompée avec la voisine, je levai ma baguette sur cet imbécile de Poufsouffle qui venait de m’appeler par ce maudit prénom, comme si l’insigne d’or qui brillait sur sa cape lui valait tous ces droits. “Répète un peu pour voir ?” Ah ça oui, je vais me venger, on s’en prend pas à moi, ils vont le regretter ! “Et qu’est-ce que tu vas me faire ? Me transformer en marionnette, et jouer avec moi pour oublier que t’es la poupée de ton père ?” J’avais plutôt envie de le tuer, comme celle qui hurlait à mes oreilles. De fait, je le pendis par les pieds, et il se mit aussitôt à geindre sous le regard amusé de ses amis. Je vais les buter, je te jure Edith, je vais les buter ! Ma cible commençait à devenir rouge, ses amis, à sourire un peu moins. Sørensen prônait la sévérité et ses missionnaires adorés faisaient pourtant les pitres ; n’étais-je pas plus exemplaire qu’eux ? “Vas-y, répète !” ordonnai-je. Je vais les pendre, les égorger, les trucider, ces salauds, ils vont souffrir, ils vont… “DAISY !” Ce n’était pas Papa, c’était Dash. Il en avait cependant le même regard horrifié, peut-être parce qu’à défaut de m’approcher de la falaise, je venais quand même de projeter mon trouble-fête sur le sol, dans l’espoir absurde qu’il se fracasse contre la pierre, lui aussi.
Il s’en sortit avec une lésion cérébrale qui lui prit plusieurs mois de convalescence. Moi, je fus renvoyée quelques semaines le temps de passer en commission disciplinaire, ce qui terrifia Papa. J’étais bien plus sereine que lui, consciente qu’il était haut placé, qu’il m’aimait à la folie, aussi. Il trouverait une solution, n’est-ce pas ? Et de fait, je m’en sortis avec un avertissement. Il n’y en aurait pas d’autre, mais je n’en avais pas besoin. Je lui avais déjà suffisamment fait payer, à ce salaud. J’étais en train de lire la Gazette du Sorcier quand Papa prit place à côté de moi dans le canapé. Les vacances de Noël touchaient à leur fin et je ne tarderais pas à rentrer à Poudlard pour reprendre ma scolarité comme si rien ne s’était passé ; et pour cause, il n’y avait pas non plus eu mort d’homme, contrairement à l’article de la Gazette du Sorcier que je lisais. Un double-homicide à Dublin, une femme emportée par un élan de jalousie avait mis le feu à un appartement. “Ma petite princesse, tu as conscience que tu as mal agi, quand même ?” Papa me prenait toujours avec des pincettes à présent, et j’adorais ça. Je me sentais spéciale à nouveau. Il avait le même ton délicat qu’avant, cette voix suave qui couvrait ses yeux de miel. Qu’il était beau, mon Papa ! “Oui” répondis-je évasivement sans me défaire de ma lecture, ma tête posée contre l’accoudoir du canapé où j’étais allongée. “Mais il m’a appelée Lucretia, et il s’est moqué de nous.” “Bien sûr, mais tu ne pourras pas toujours réagir de manière aussi agressive à la moindre contrariété.”La voisine de pallier, une certaine Edith Moore, avait alerté la police en sentant les émanations de fumée. Elle racontait que l’auteure présumée des faits venait d’apprendre que son époux la trompait avec l’occupante du lieu incendié. Elle aurait menacé de les tuer… Mais la pauvre Edith Moore ne l’aurait pas prise au sérieux, ce n’étaient que des paroles en l’air à mes yeux, aurait-elle déclaré aux enquêteurs. “Daisy, je suis sérieux. Tu ne peux pas te…” “Papa, tu as lu l’article sur le double-homicide ?” Papa hocha la tête, interdit. Il ne me suivait pas, ne semblait pas vouloir me suivre non plus, mais je ne lui en laissai pas le choix, me redressant avec une agitation qui l’inquiéta. “Daisy chérie…” “Je l’ai entendue” admis-je alors dans un souffle. Et je lui racontai alors tout, comment mes visions avaient laissé place à des voix auxquelles je ne prêtais même plus attention, mais qui accaparaient toute mon énergie ; tous ces dialogues insensés qui résonnaient en moi sans même avoir des crises physiques. Pour la première fois, ce n’était pas moi qui me mis à pleurer, mais bien Papa, qui sanglota en m’asphyxiant presque tant il me serrait fort entre ses bras. Il était fier de moi, terriblement fier, tellement fier qu’il n’eut même pas le temps de m’en vouloir de lui avoir caché tout ça pendant des mois. Il ne m’entendit même pas lui signaler que la colère que j’entendais à mes oreilles m’affectait, au même titre que l’enthousiasme, que la peine. J’étais une éponge à confidences, mais aussi aux émotions qui s’y entremêlaient, incapable de savoir si j’entendais ce que je ressentais, ou ressentais ce que j’écoutais. Bien sûr que j’avais conscience d’avoir été extrême contre ce crétin de Poufsouffle - mais comment agir différemment quand j’avais ressenti, tout comme cette meurtrière, cette pulsion de violence infiltrer mon crâne ?
A compter de ce jour, tous les autres sont restés semblables - ma quatrième année s’est révélée ainsi relativement paisible, au même titre que les péripéties désormais usuelles de Poudlard. Je ne fracassais plus personne contre les pierres ; une élève fut retrouvée morte dans le Poudlard Express ; je me retenais de mes pulsions de violence en écrivant au plus vite à Papa les propos qui tournaient entre mes oreilles, comme pour exorciser ces démons qui ne m’appartenaient pas et que je ne racontais qu’à Dash, gardien de ce secret familial ; le nouveau Directeur, un ancien concierge, prétendait en souriant savoir ce qu’il faisait à la tête d’une prestigieuse école de sorcellerie. Tout coïncidait, finalement, dans un subtile alignement qui me laissait croire à une certaine forme de paix. Parfois encore, les chimères que j’essaie de retenir recouvrent mes yeux qui deviennent alors rouges comme ceux de Papa avant que nous ne trouvions ce fragile équilibre ; mais c’est rare, assez rare pour que je me fonde à nouveau parmi la masse. De toute manière, je ne suis pas vraiment dangereuse, non, moi, je me contente de mener ma vie à peine perturbée de quelques tourbillons ; loin du long fleuve tranquille, mais plus loin encore des tortures houleuses de la mer. Plus aucune vision, encore ; plus aucune crise, toujours. Seulement ces morceaux épars de dialogue que je communique à Papa et, régulièrement, des affaires résolues, des tragédies évitées de peu. Je dors bien, et beaucoup. Je mange peu, et mal. Et au milieu, je vogue, comme ces petits bateaux de parchemin que nous observons chaque été, l’un blotti contre l’autre. Papa et moi fonctionnons comme une équipe. Nous avons toujours été deux alliés, défendant notre royaume d’un amour aussi fort que l’acier, d’une folie aussi rouillée que le fer. Et si moi j’ai grandi depuis, Papa, lui, n’a pas pris une ride. Il reste le beau prince charmant dont je suis tombée amoureuse à mon réveil, quand maman est partie par un petit matin, quand il m’a fait grandir de ses seules ambitions. Il est même encore plus charmant qu’avant, alors moi, je suis encore plus docile. Sage comme son image. Et à mon avis, c’est tout simplement ça, d’aimer à la folie.

“Quand le printemps, un jour
Ranimera l'amour
Les oiseaux chanteront
Les cloches sonneront
L'union de nos cœurs, un jour.”


Famille et compagnie

Papa : Papa s’appelle Belisarius Randall Gibson. C’est un sorcier. Il est né le 28 mai 1986, ce qui signifie qu’il partage le même mois de naissance que moi. Il est beau, il est fort, il est grand. Sa couleur préférée est le bleu, mais seulement quand il tire vers le turquoise, sinon, c’est trop classique et ça l’ennuie. C’est que c’est un homme de goût. Il a de beaux costumes, surtout quand il va au travail depuis qu’il a eu sa promotion. Le reste du temps, il s’habille de manière plus classique, mais il reste élégant, notamment grâce à sa barbe bien fournie. Il est brun avec de grands yeux noirs, admirables. Ils ont les reflets du chocolat, doux, sucrés ; sauf quand il s’énerve, ils deviennent rouges comme le sang, comme les miens quand les voix crient trop fort. Mais je l’aime quand même, bien sûr, qui n’aimerait pas mon Papa ? Même ses collègues l’adorent, je les vois bien rire à chacune de ses blagues quand on les invite à nos réceptions. Il est haut placé au Ministère, Papa, il travaille dans le département de la brigade de police magique et il s’y est fait un nom tout seul. A la seule force de sa détermination, et c’est ainsi qu’il a pu nous acheter ce si joli pavillon aux abords de Howth, cette presqu'île où nous allons parfois nous poser quand l’été devient insupportable, pour regarder ensemble les petits bateaux de parchemin qui flottent sur l’eau.

Maman : Elle s’appelle Lucretia. C’est une moldue.

Grands-parents : Les parents de Papa sont morts quand il était petit, il ne m’en a jamais parlé. Comme ceux de maman.


CLASSEMENT DU CHOIXPEAU
Merci de classer les quatre maisons par ordre de préférence – Serdaigle, Poufsouffle, Gryffondor, Serpentard.




Dernière édition par Charles T. Ehrlich le Dim 25 Juin - 15:00, édité 2 fois
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Dashiell Dashner

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Message(#) Sujet: Re: DAISY ♕ Once upon a dream DAISY ♕ Once upon a dream EmptyDim 25 Juin - 14:58

C'est quoi ces gens qui font des fiches qui tiennent pas en un seul message, là...? DAISY ♕ Once upon a dream 910416345

...mais rebienvenue quand même Anoushka Anoushka Anoushka


DASHIELL
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Septimus Veturia

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Message(#) Sujet: Re: DAISY ♕ Once upon a dream DAISY ♕ Once upon a dream EmptyLun 26 Juin - 13:45

Eh beh, quelle histoire ! Niamh

Rebienvenue Pompom Girl



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Message(#) Sujet: Re: DAISY ♕ Once upon a dream DAISY ♕ Once upon a dream EmptyLun 26 Juin - 18:08

Rebienvenue Perrin
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Le Choixpeau Magique

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Message(#) Sujet: Re: DAISY ♕ Once upon a dream DAISY ♕ Once upon a dream EmptyDim 2 Juil - 17:10




Bienvenue parmi nous

Charles nous manquera... Aimie Mais je suis contente de voir cette nouvelle débarquer et j'ai beaucoup trop hâte de la voir en jeu ! Anoushka J'espère qu'on aura l'occasion de se croiser au détour d'un RP sifflote sinon tant pis. Garde-moi quand même un petit lien, sait-on jamais. DAISY ♕ Once upon a dream 2738742592 Bon courage pour la fin de ta réinstallation et surtout fais ici comme chez toi, tout ça tout ça ! DAISY ♕ Once upon a dream 723178256



Poufsouffle aurait pu te convenir... non ? Non... et bien alors ce sera...
SERDAIGLE
!
Serdaigle Serdaigle Serdaigle



Quelques conseils pour bien commencer


Maintenant que tu es réparti(e), il ne faut pas te reposer sur tes lauriers. Ta vie NYLienne commence à peine et pour la faire démarrer sur de bonnes bases, il te reste encore pas mal de petites choses à faire. Ne t'inquiète pas, je vais tout te montrer...

Commence par créer ta fiche de liens, ta fiche de RPs, ainsi que boîte aux lettres qui te permettra aussi de gagner des points RPs en écrivant des lettres de plus de 300 mots et ta boite à hiboux express pour les messages plus courts. Peut-être que tu n'en trouveras pas tout de suite l'utilité, mais ça ne saurait tarder... Alors dans le doute, mieux vaut le faire ! Et puis, si jamais tu cherches quelqu'un d'important pour le développement de ton personnage, n'hésite pas à créer un scénario.

Aussi, je te conseille d'aller lire comment marche le système de points, si ce n'est pas déjà fait. Ça peut paraître un petit peu étrange au début mais je suis certaine que tu t'en sortiras très vite ! Ce serait quand même bête de ne pas savoir comment récolter des points ou comment en faire gagner à ta maison !

D'ailleurs, en parlant de maison, l'un des moyens de récupérer quelques précieux points est de participer en cours ! Après tout, nous sommes dans une école et tes professeurs sont là pour t'apprendre tout ce qu'ils savent ! Quand tu te seras bien installé(e) dans ton dortoir, attrape tes bouquins et rends toi vite en classe ! Nos professeurs t'attendent, et pour savoir à qui tu as à faire, tu trouveras la liste ici. La liste des sortilèges par année est disponible .D'ailleurs, tu peux jeter un coup d'oeil aux sabliers pour voir où en est la course à la Coupe.

Il n'y a pas que les points maison qui sont importants ici. Il y a aussi les points défis puisque, comme tu le comprendras très vite, c'est la monnaie NYLienne. Tu pourras acheter tout un tas de particularité pour ton perso, un futur DC ou un scénario. Tu trouveras toutes les informations nécessaires dans ce sujet. Bien sûr, tu peux également savoir combien tu as de points pour le mois en cours en allant voir la fiche ou regarder le total dans ta feuille de personnage ! Le nombre de point s'initialise automatiquement à 0/0 mais dès que tu as un point, tu peux voir l'évolution de ceux-ci à 1/2000... Ils sont bloqués à 2000, si tu veux en gagner d'autres, il faudra envisager de les dépenser !

Enfin, pour être sûr(e) de ne rien louper des activités qui te seront proposées, garde un oeil sur le panneau d'affichage, et sur la Gazette du Sorcier pour être informé(e) de tout ce qui peut bien se passer dans le monde magique.

Le HRP (hors-RP) te donnera également de quoi t'occuper grâce à une partie Flood bien remplie. N'hésite pas à lancer tes propres sujets ! Tu pourras également faire plaisir aux autres membres en leur offrant des cadeaux ou même présente  tes propres créations. N'oublie pas, à l'occasion, de passer sur la ChatBox, il y a souvent du monde et avec un peu de chance, tu tomberas en plein jeu... S'il y a quelque chose que tu ne comprends pas, nous répondrons à toutes tes questions.

Sur ce, je te souhaite beaucoup de plaisir dans cette nouvelle vie qui commence, et plein de merveilleux RPs !


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E. Murphy Leonhart

E. Murphy Leonhart



À SAVOIR
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Parchemins rédigés : 1602
Points : 14
Crédit : Bazzart (c)
Année : Sixième année (seize ans)

DETAILS EN PLUS
Et plus en détails ?
Statut Sanguin: Sang-Mêlé
Pouvoirs spéciaux: Nécromancienne
Poste de Quidditch: Aucun
Patronus: Un sombral
Epouvantard: La Mort
Matières suivies et niveau:
Points Défis:
DAISY ♕ Once upon a dream Left_bar_bleue2000/2000DAISY ♕ Once upon a dream Empty_bar_bleue  (2000/2000)
Disponible pour un RP ?: Si t'es pas pressé, c'est d'accord !
D'autres comptes ?: Agatha & Kenneth

DAISY ♕ Once upon a dream Empty
Message(#) Sujet: Re: DAISY ♕ Once upon a dream DAISY ♕ Once upon a dream EmptyLun 3 Juil - 12:16

A l'image du personnage, c'est une bien jolie fiche. Rusé
J'ai pris beaucoup de plaisir à la lire et j'espère que tu te plairas avec cette petite !

Rebienvenue chez nous. DAISY ♕ Once upon a dream 2738742592


Plus d'informations sur le personnage ::


Murphy's law

by Wiise
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Message(#) Sujet: Re: DAISY ♕ Once upon a dream DAISY ♕ Once upon a dream Empty

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