Avant son entrée à Poudlard, Carla vécut une enfance très privilégiée. Issue d’une grande et ancienne famille de sang-pur, son nom imposait généralement un respect teinté de terreur. De l’ascension de Vous-Savez-Qui jusqu’à sa chute, sa famille avait entretenu des liens avec les mangemorts, ce qui avait valu à certains membres éloignés un aller simple pour Azkaban. Néanmoins, ses grands-parents et parents n’avaient pas directement été inquiétés, faute de preuve. Evidemment, tout le monde savait, et sait encore, que leur comportement avait été particulièrement trouble, mais impossible de les relier à quoi que ce soit. Carla n’avait donc pas eu à souffrir de l’opprobre généralisée qui touche toujours certaines grandes lignées.

Ses parents, pour diverses raisons, n’avaient pu avoir qu’un seul enfant, assez tardivement. Sa mère l’avait toujours considérée comme une sorte de cadeau du ciel et avait donc dédié sa vie à la gâter. Au contraire, son père avait été profondément déçu de ne pas avoir un garçon auquel il aurait pu transmettre son nom et s’était désintéressé de son éducation.

De cette période, Carla avait gardé finalement un profond souvenir de solitude. Seule enfant d’une famille prestigieuse, mais finalement quelque peu sinistre, elle avait grandi sans vrai contact avec des enfants de son âge. Habituée à imposer sa loi sur la maisonnée, personne ne s’était jamais risqué à lui dire non et tous ses caprices étaient exaucés dans la minute. Résultat, Carla était élevée en petite princesse pourrie gâtée et continue à se comporter comme telle aujourd’hui. Difficile de savoir si elle était une peste à l’origine ou si elle est juste incapable de faire attention aux autres parce que personne ne lui a appris. Dans tous les cas, Carla fait toujours les frais de cette éducation très particulière.

Avant l’arrivée de Blackman à la tête de Poudlard, Carla s’était fait une petite réputation dans l’école. Elève brillante mais manipulatrice et despotique à souhait, le mot garce était celui qui revenait le plus souvent sur les lèvres de ses petits camarades. Elle vivait très bien ce statut. Peu importe qu’ils l’aiment pourvu qu’ils la craignent. Puis elle appréciait de ne plus évoluer sous le regard de ses parents. Poudlard avait un petit goût de liberté la concernant.

Durant l’année 2022/2023, Carla n’avait pas particulièrement souffert de l’occupation mangemort de l’école. Elle avait évolué en terrain connu, si ce n’était conquis. Cette philosophie pro sang pur était celle de son père et donc la sienne depuis sa naissance. Se conformer à ce qu’on attendait d’elle n’a pas été pas bien compliqué. Cette année a même été épanouissante pour elle. Pour la première fois depuis son arrivée à Pourdlard, elle correspondait parfaitement à l’image qu’on se faisait de l’élève idéale. Pour la perfectionniste qu’elle est, cela avait un petit côté agréable. Trop jeune à l’époque pour être réellement impliquée dans une guerre idéologique, elle n’avait pas particulièrement réfléchi à ce qui arrivait aux élèves qui n’étaient pas sang-pur. Elle ne leur souhaitait pas particulièrement de mal. Pas particulièrement de bien non plus. Il s’agissait que chacun retrouve la place qui lui était due non ?

Le vrai tournant de sa personnalité eut lieu durant l’année 2024/2025. Poudlard sombrait dans la terreur et Carla était désormais assez grande en voir tous les tenants et les aboutissants. Son simple statut de sang-pur ne la protégeait plus. Puis, était-ce vraiment cette atmosphère de danger et de suspicion son rêve de prestige ? Certains sang-impurs n’étaient pas si mal en cherchant bien. Maxwell par exemple, il avait quelques qualités. Une chose était claire dans son esprit, elle n’avait jamais voulu un tel climat de terreur. Pour être exacte, elle exécrait les méthodes employées qui ne correspondaient en rien à ses idéaux, même si elles visaient à la supériorité des sang-purs. Seuls les lâches et les incapables avançaient masqués à ses yeux. Dans le fond, Carla avait une vision assez romancée et désuète des sang-purs qu’elle voyait comme des héros injustement écartés d’une place qui leur revenait de droit. Tout ce qu’elle voyait là montrait juste qu’il y avait de sacrés fous furieux. Cette année avait sacrément ébranlé ses convictions, sans parvenir à les effacer entièrement. Toute sa personne avait trop été façonnée par les valeurs de sa famille pour qu’elle puisse opérer un changement radical dans son système de croyance. Néanmoins, intérieurement et sans le dire à personne, Carla avait commencé à remettre certaines choses en question. Ce conflit interne de loyauté la perturbe toujours aujourd’hui.

A la fin de l’année, durant l’incendie, Carla était très proche de ce qu’on a conclu être le lieu de départ de l’incendie. Tétanisée par la peur, elle ne devait sa survie qu’à un élève de Poudlard qui l’avait entraînée avec lui pour se mettre à l’abri. Grâce à lui, elle en avait seulement été quitte pour un court séjour à Ste Mangouste. Elle s’en veut toujours terriblement de ne pas avoir réagi. Elle est encore traumatisée par cet épisode et est excessivement méfiante dès qu’elle se trouve à proximité d’une source quelconque de feu, sans que l’on puisse toutefois parler de phobie.

Pour l’année scolaire en cours, pouvoir revenir au château difficilement rebâti pendant l’été lui a mis du baume au cœur. Elle a mis un point d’honneur à reprendre sa vie exactement là où elle l’avait laissée. Elle a décidé que si elle faisait comme si les événements n’avaient pas existé, alors elle finirait par les oublier. Et elle compte bien continuer de mettre en application cette théorie en séduisant quelques garçons, en se moquant de quelques sang-impurs et en continuant d’asseoir son autorité sur Poudlard.

Mais toujours tout en subtilité et en manipulation, évidemment.

Fille unique et choyée de ses parents, Carla entretient des rapports ambivalents avec sa famille. Elle les aime et leur est loyale, et pourtant elle reste très consciente de leurs limites. Elle sait que sa mère est incapable de la moindre objectivité la concernant, ce qu’elle estime être une faiblesse de caractère qu’elle ne se prive pas d’exploiter. Inversement, elle en veut à son père d’avoir été si distant durant son enfance et de se montrer aussi intransigeant avec elle. Elle lui fait payer son absence par une froideur calculée quand ils sont amenés à se rencontrer. Une chose est sûre, son éducation a connu quelques ratés retentissants. Si elle a été élevée avec des valeurs comme l’importance de la pureté du sang, le culte de l’excellence ou l’obéissance aveugle à son père, l’attention aux autres, la tolérance et la bienveillance ne sont toujours pas acquises.

Maxwell – Ex jouet

A l’âge où toutes les filles s’affichent avec un petit ami, Carla avait décidé qu’elle se devait d’en faire de même. Seulement, elle ne voulait pas n’importe qui, il lui fallait quelqu’un qui aille avec sa (très) haute estime d’elle, tout en ne la collant pas trop. Parce qu’elle était prête à supporter un petit copain, mais elle n’avait pas non plus signé pour avoir une personne à charge. Son choix s’était donc porté sur Maxwell, un Don Juan des cours de récré qui avait l’immense avantage d’être beau, populaire et suffisamment charmeur de nature pour ne pas passer sa vie à la poursuivre de ses assiduités.

Puis en réalité, il fallait admettre qu’elle avait petit faible pour lui.

Cette idée avait fonctionné au-delà de ses espérances puisqu’elle était devenue sa petite amie officielle, la seule qu’il n’avait jamais eue d’ailleurs. Un statut unique pour la personne unique qu’elle était, en somme. Là où le bât blesse, c’est que pendant les quatre mois de leur relation, elle avait sincèrement appris à l’apprécier. Peut-être même qu’elle s’y était attachée au fond d’elle, suffisamment pour fermer les yeux sur le fait qu’il était de sang-impur. Presqu’assez pour remettre en cause de vieilles croyances bien ancrées dans son éducation … Sauf que cet idiot, loin de s’en apercevoir, avait continué à regarder les autres filles qui l’entouraient, comme un chat regarde un bol de lait. Même si elle préfèrerait certainement mourir que de l’avouer, cela l’avait vexée, mais encore plus blessée. C’était humiliant. Ca lui faisait de la peine. Elle avait donc repris le contrôle de la situation en le larguant lors d’une scène mémorable digne des romans à l’eau de rose qu’elle lisait en cachette.

Par fierté, elle avait décidé suite à cette histoire d’enchaîner quelques conquêtes, afin de réparer son ego blessé. Et tant pis si elle brisait des cœurs au passage. Après tout, tout le monde murmurait qu’elle était une garce non ? Puis à la réflexion, pourquoi se soucier des autres quand on peut se soucier de soi-même ? Manque de chance Maxwell ne la laisse pas réellement mener sa vie comme elle l’entend …

Une contre-attaque semble clairement nécessaire.

Carla avait rarement été aussi heureuse que sur le quai de gare devant le Poudlard express. L’idée d’aller à l’école lui plaisait terriblement. Elle aimait lire, tout le monde lui répétait qu’elle était intelligente … Elle avait donc tout pour réussir. De toute façon, ce n’était pas comme si elle avait le choix. Son père avait été très clair sur le sujet, la famille ne tolérait que l’excellence. A elle d’en prendre bonne note et de se conformer à cette directive.

Les yeux embués de larmes, sa mère avait failli ne pas la lâcher à temps pour le départ, tandis que son père s’était contenté d’un hochement de tête tout en retenue. Carla ne lui en tenait pas particulièrement rigueur, sa simple présence relevait déjà de l’événement.

A peine assise dans le wagon, elle avait cependant déchanté assez vite. Elle avait d’abord dû partager son wagon, elle qui était persuadée qu’elle en aurait un pour elle seule. Puis les autres élèves étaient bruyants. Chacun y allait de son histoire sur Poudlard en parlant plus fort que son voisin. Ils couraient de wagon en wagon avec autant de grâce que des scroutts à pétard. Une part de Carla avait espéré que l’un d’entre tombe et se casse une jambe. Ca aurait découragé les autres.

Malheureusement, les rêves rejoignaient rarement la réalité. Après quelques minutes, elle s’était levée et avait sommé tout le monde de faire moins de bruit, comme elle l’aurait chez fait elle. Echec cuisant. Personne lui avait obéi, mais pire personne ne l’avait même écoutée. Humiliée, elle en avait conclu que l’enfer c’était les autres et qu’elle allait devoir vivre 7 ans avec eux. Bref, ça ne commençait pas bien. Et ça avait mal continué. Elle ne connaissait personne là où tout le monde était en groupe. Elle ne savait pas agir avec les autres. Insulte suprême, un sang impur l’avait abordée pour sympathiser. Son audace l’avait laissée bouche-bée.

C’était donc plutôt découragée qu’elle était sortie du train. Puis elle avait découvert Poudlard. Le château l’avait émerveillée. Il était plus beau et majestueux que tout ce qu’elle connaissait. Ce n’était pas une question de luxe, mais une question d’atmosphère. Poudlard était le lieu de tous les possibles. Et elle, elle n’allait pas se laisser abattre par quatre gamins piailleurs. Elle serait la princesse de ces lieux en moins de temps qu’il ne faudrait pour le dire. Le tout était d’établir une stratégie valable. Mais la manipulation, ça la connaissait. Elle était Carla Yaxley que diable ! Cheveux en arrière, regard déterminé et le port de tête altier, c’est d’un pas déterminé qu’elle s’était avancée quand son nom avait retenti

- Carla Pearl Yaxley !

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