Monsieur Seo,

Il ne m’appartient pas, pas plus qu’à vous d’ailleurs, de questionner les motivations pédagogiques qui poussent le directeur et le comité d’administration de l’école à choisir tel ou tel professeur pour incarner un rôle d’autorité auprès de la maison à laquelle vous appartenez et au sein de laquelle j’ai également eu le plaisir d’effectuer ma scolarité.  

Cela étant, si cela peut vous rassurer, je n’escompte pas empiéter sur un quelconque espace personnel, qu’il s’agisse du votre ou de celui de vos camarades. Ma présence dans votre salle commune ne sera à déplorer qu’en cas de besoin impérieux.

Quant aux possibles réclamations que vous pourriez avoir à faire, si cela vous incommode de venir me voir, et je peux parfaitement le comprendre, mes collègues restent à votre disposition et seront ravis de vous venir en aide. Je ne peux que vous conseiller de vous rapprocher du directeur si vous en ressentiez le besoin, ou éventuellement de monsieur Raywood dont il s’agit de la fonction première et dont je peux vous assurer de la stricte confidentialité des discussions, y compris vis-à-vis de moi-même. Il n’a pas été mis au courant de la situation qui est la nôtre, puisqu’il ne m’appartient pas de lui en parler, mais je crois que cela pourrait vous être bénéfique d’aller requérir avec lui un entretien, si ce n’est déjà fait.

D’un point de vue plus personnel, j’ai préféré mettre une certaine distance entre vous et moi pour ne pas plus vous incommoder, mais il ne m’est pour autant pas possible de négliger mes fonctions professionnelles pour cela.

J’aimerais avoir l’occasion d’en discuter avec vous de vive voix ; il est sans aucun doute trop tard pour revenir sur certaines choses, et j’en suis l’unique responsable, mais une ignorance mutuelle n’apportera rien de bon. Mon bureau vous est ouvert, qu’importe le jour.

Monsieur Seo,

Effectivement, mon refus ou mon acceptation ne relèvent guère du jugement d’un élève. En outre, il ne m’appartenait guère de décliner cette fonction, dans la mesure où il s’agit de l’une des fonctions afférentes au travail de professeur.

S’agissant des potentiels commérages, je puis vous assurer qu’il n’y a nullement raison de s’en inquiéter, quand bien même ceux-ci soient l’apanage des établissements scolaires ; ce qui touche à ma vie privée, autant qu’à celle des élèves dont j’ai à connaître, ne concerne en rien le public extérieur. Cela vaut pour tous les professeurs et le directeur qui, sans être contraint au même secret professionnel que monsieur Raywood, ne s’amusent pas à colporter quelque ragot que ce soit.
Je dois néanmoins vous prévenir qu’en raison de la connaissance nouvelle du lien qui nous uni, malgré vous je le conçois, j’ai été forcé d’en avertir le directeur Armitage. Aussi si vous aviez des réclamations à faire me concernant, il vous est tout à fait possible de lui en faire part.

Quant à vous lancer un sort d’oubliette, vous avez au moins raison en supposant que je ne m’y risquerai pas, bien que les raisons derrière cette réticence ne soient pas celles que vous supposez. De même que je ne vous forcerai pas à venir discuter de tout ceci avec moi.
Toutefois, compte tenu de ce qu’il s’est passé cet été et de ce à quoi j’ai assisté, j’insiste pour que vous vous fassiez examiner par l’infirmière ou le psychologue scolaire ; la nature de votre migraine et la teneur de vos réactions me portent à croire que vos maux de tête ne relèvent pas d’un simple trouble passager. Je ne vous ferais pas l’affront de vous imposer un examen par mes propres soins, mais je pense que vous gagneriez beaucoup à traiter ces douleurs.

C’est bien entendu votre professeur qui le demande, mais s’il s’avérait que je doive en faire part personnellement à votre mère, je n’hésiterais pas.