Scolarité à Poudlard

Ma première année a d’abord été marquée par le décès de mon petit frère, Irial, alors âgé de 5 ans. On était très proches malgré l’écart d’âge et cela a beaucoup affecté le jeune garçon que j’étais. Pour surmonter le deuil, je me suis beaucoup investi pour ma maison, tout en essayant de me tenir éloigné des drames adolescents qui me paraissaient parfois un peu… Comment dire : Foireux ? Ou du moins beaucoup de bruit pour pas grand-chose. N’allez cependant pas croire que j’étais particulièrement raisonnable. Disons que je préférai (et je préfère toujours) aller droit au but dans la résolution des conflits, plutôt que de perdre des précieuses minutes de ma vie dans de longs discours. Autant dire que j’ai passé quelques heures en retenue pour une réplique un peu trop cinglante. Mais visiblement,  j’ai su me montrer suffisamment digne de confiance pour qu’on me confie un jour le rôle de préfet. Il faut dire qu’entre l’équipe de Quidditch (batteur au rapport, j’aime quand c’est direct !) et mes compétences en organisation de soirée, je connaissais assez bien mes camarades et je savais plutôt bien m'imposer. Vous savez, le genre qui fait la remarque en blaguant, mais qui sait bien faire comprendre que ce sera pas dit gentiment une seconde fois?

Dans l’ensemble, j’étais plutôt bon élève dans les matières qui m’intéressaient. Et dans celles qui ne m’intéressaient pas, je faisais attention d'avoir le minimum requis histoire de ne pas me retrouver avec des devoirs supplémentaires. Il se peut que j'ai eu quelques remarques quant à mon bavardage et à ma tendance à ponctuer de commentaires non sollicités les cours, mais... j'étais plutôt sympa ! Enfin, il faudrait demander aux profs pour être sûrs!

Ma vie après

Je ne crois pas avoir eu une vie hors du commun, mais elle a été bien remplie.  Quand j’ai quitté Poudlard, j’ai d’abord souhaité voyager. Mais la réalité financière ma vite rattrapée, et j’ai surtout dû trouver un travail. Quand je me suis demandé ce que je pourrais bien faire, vu mes compétences encore limitées, je me suis retrouvé à …encadrer des colonies de vacances moldues pour commencer, puisque ma mère avait des contacts, et puis sorcières parce que mon père ne voulait pas être en reste. C’est bien ça m’a permis de voir du pays en étant payé pour le faire plutôt que l'inverse. Et j'ai plutôt apprécié m'occuper de gamins, même si j'aurais encore plus apprécié si les organisateurs avaient justement fait preuve d'un peu plus de rigueur. Qui sait peut-être que ma "vocation" de concierge vient d'avoir eu à éponger du vomi dans un dortoir sans serpillère à proximité.  

Je suis ensuite rentré à l’école de la brigade de police magique. Au début, ça me plaisait bien : j’aime bien quand les choses sont carrées, travailler en équipe, devoir faire un peu d’exercice. Sauf que j’avais un peu sous-estimé l’aspect « obéis et ferme-là, même si l’ordre est très con. » Habituellement, je me contente de hocher la tête et de laisser passer le train, mais  ça ne fonctionne pas vraiment comme ça dans ce genre de métier, donc j'ai décidé de renoncer à ma carrière avant même qu'elle ne commence.

Mon père a tenté de me convaincre de prendre des cours d’histoire, en arguant qu’il avait besoin de quelqu’un comme moi sur le terrain, mais je lui ai répondu que je préférai encore faire la sécurité sur son entrepôt que de m'occuper de vieux vases.  Figurez-vous que dans son désespoir il a accepté. Ce fut une bonne occasion pour moi de mettre en pratique ce que j'avais appris à l'école. Mais la pression pour que je m'associe a lui est devenue trop forte…alors je me suis barré.

Loin, en Roumanie, dans un élevage de dragon. En suivant une charmante créature prénommée Eileen, soigneuse de son état. J’avais rien de mieux à faire, la proposition était alléchante, et puis sérieux, qui refuserait d’aller bosser près des dragons ? J’ai donc proposé mes services de vigile là-bas, et puis comme personne ne semblait intéressé par une entrée en infraction, j’ai suggéré qu’on fasse des visites comme à la ferme pédagogique. On s’est foutu de moi, jusqu’à ce que les réservations et les gallions affluents. On a  embauché des gens, je me suis chargé de la gestion, des petits travaux d’aménagement, de l'accueil des visiteurs, ce genre de chose. Et puis il y a eu de l’eau dans le gaz avec ma copine, et même les dragons n’ont pas suffis pour me motiver à rester.

J’ai ensuite enchaîné les boulots dans les conciergeries des hôtels, des châteaux, des demeures des sorciers ou des moldus fortunés, homme à tout faire, vigile, concierge, confident parfois… Je me suis occupé de faire en sorte que tout roule et de me faire oublier. Quand on vous remarque, ce n'est pas bon signe.

C’est dans un château que j’ai fait la plus belle rencontre de ma vie : les équidés du monde magique. A tel point que bien souvent, en plus de m’occuper du château en lui-même, des allées et venues des uns et des autres, de la volière et des paquets égarés, j’ai avec plaisir joué les palefreniers.

Un jour, j’ai trouvé le Saint Graal, un poste de conciergerie dans une réserve mixte Licorne et chevaux ailés, en plein cœur de l’écosse. Le genre de lieu de rêve qui propose un séjour découverte dans un décor somptueux aux visiteurs, tout en offrant les meilleurs conditions de vie possible - et planquées des moldus - pour les animaux. Je n’étais pas près à en partir mais la vie m’a mis un coup de pied au cul. Enfin, le mari de la nouvelle propriétaire du centre. Je ne peux pas lui en vouloir, si j’avais eu le budget, je le lui aurais piqué. Le centre, pas la femme. J’ai des limites.

Et me voici donc, en quête d'une aventure différente. Je n'ai plus très envie d'être cédé avec le troupeau à un nouveau propriétaire.

Seamus Armitage, père (décédé): Mon père était un antiquaire reconnu à Londres, il est mort en 2023 lors d’un cambriolage. Les aurors n’ont jamais trouvé le meurtrier, mais ils ont pu déterminer le mobile puisqu'une puissante relique a été dérobé ce soir-là. J’avais des relations…compliquées avec mon père. Il aurait rêvé de m’avoir comme bras droit, mais je n'ai jamais aspiré à rester coincé entre quatre murs. A la rigueur, j'aurais pu aller explorer les pyramides, mais apprendre les hiéroglyphes très peu pour moi!

Caitriona Armitage, mère : Ma mère est une moldue que mon père a rencontré alors qu’elle travaillait dans un château en Irlande. Il appartenait autrefois à une famille de sorcier qui avait dû s’en séparer. Le nouveau propriétaire l’avait contacté pour une vente de tableau ancien, et c’est ma mère qui lui a fait visiter. Visiblement, elle a été convaincante. Ma mère est une personne adorable, qui a très bien vécu le fait d’enfanter trois petits sorciers, un peu moins de les voir étudier loin d’elle. Elle a toujours veillé à nous chouchouter lorsque nous étions à la maison, tout en nous apprenant à nous démerder tous seuls, parce que je cite « les elfes de maison ne sont pas vos esclaves, ramasse tes chaussettes Fergal ! ».

Irial Armitage (décédé) : Irial a une place importante dans mon cœur, j’y pense souvent. Il est mort à seulement 5 ans, d’une maladie foudroyante.  J’ai un elfe tatoué sur l’intérieur du biceps, il est ensorcelé et s’anime quand il entend un éclat de rire pur. Pourquoi un elfe ? Parce que c’est la signification de son prénom.  

Moïra Ambroise, sœur : C’est ma petite sœur, elle a dix ans de moins que moi, elle s’est mariée à un médicomage français. Elle-même est fabricante de baguette. Ça en jette. J’aime beaucoup ma petite sœur, et elle a un peu tendance à me manipuler comme elle veut. En même temps, je n’ai qu’une petite sœur, et elle pourrait se faire renverser par un bus demain, je sais de quoi je parle.  Nous sommes très complices, même si  nous ne nous voyons que trop peu.  
Je ne suis pas un grand fan de mon beau-frère (Evrard Blaise Ambroise), alors on ne va pas le mentionner lui et ses chemisettes. Il a au moins le mérite d’avoir permis la naissance de Lizzie.

Elisabeth Ambroise, dite Lizzie,  nièce :  Cette gamine avec son nom de reine coincée est une vraie chipie.  Elle a 6 ans, elle a la langue bien pendue, et me rend globalement gâteux.  Mais  avec ses deux pantouflards de parent, il lui fallait bien un oncle qui lui apprenne à monter à cheval ou à faire du balai. On ne peut pas passer sa vie dans les livres ! C’est en tant que meilleur oncle du monde que j’ai écopé d’un Boursouflet violet.  Sérieux. Est-ce que j’ai l’air d’être un homme à trucs mignons ? Bref, elle l’a nommé Purple Maze « parce que Amazing, et que les poils s’emmêlent comme un labyrinthe. », autant vous dire que Purple Maze s’appelle Karl dans notre intimité.

C’est donc après m’être fait lamentablement viré du job de rêve que j’ai dû rechercher un nouvel emploi. J’ai fait un petit saut chez ma sœur, qui s’est un peu foutue de moi avant de m’envoyer chez ma mère qui travaille encore comme guide et connaît tous les endroits classieux où mes talents de concierge pourraient être requis. Et puis, qui a envie d’apprendre le Français ? Bref, je suis retourné chez ma mère, j’ai remis en état tout ce qui traînait, en lui passant un savon parce qu’à quoi bon pouvoir transplaner si on ne s’en sert pas pour filer un coup de main à sa propre mère… et un matin, elle m’a filé la gazette du sorcier (ma mère lisait un peu ça comme un roman, avant le décès de mon père. Maintenant, je crois qu'elle essaie de vérifier qu’on ne va pas tous mourir à cause d'une relique) : le poste de concierge était vaquant. J'ai pris ça pour un signe du destin : dans le monde magique, Poudlard se pose là en termes de classieux. Et puis, c'était sympa de travailler avec des gosses quand j'étais plus jeune, maintenant que je suis un vieux con...Pourquoi pas réessayé?

J’ai quand même un peu hésité : d’une part parce que retourner à l’école à 37 ans c’est encore pire que de rentrer chez sa mère, ensuite parce que malgré toutes les galères qu’a connu l’école ces dernières années c’est un lieu prestigieux et chargé d’histoire. Ouais, je me suis senti intimidé, alors qu’habituellement, je passe à côté d’un Abraxan en lui claquant le cuissot si on se connait bien. D’ailleurs, en parlant d’Abraxan, j’ai pensé immédiatement : colonie de Sombrals. Alors j’ai envoyé ma lettre.  Et j’ai été convoqué.  
Je ne l’ai pas fait longue en mode cirage de pompe et tout le tintouin. Appleton m’a paru être quelqu’un de pragmatique et ne pas être très intéressée par ma nostalgie de Poudlard.  J’ai expliqué que le poste était dans mes cordes ! vérifier que tout le monde reste bien dans son dortoir la nuit, ne vagabonde pas dans les pièces condamnées, maintenir la discipline dans les couloirs et aux abords du château. Veiller également à ce que l’approvisionnement en fournitures diverses se fasse correctement. Prendre en charge l’entretien et des réparations.  Bref, surveillance, maintenance… Me charger des doléances des uns et des autres. Généralement, je sais que sur ce genre de poste, on est amené à faire des petites tâches de dépannage au gré des besoins : je sais m’adapter et j’aime ça. Mon parcours fait de rebonds en est bien la preuve.

Et puis  c’est ce que je fais de mieux : veiller à ce que tout et chacun soit à sa place pour que les rouages tournent et que les choses avancent comme il le faut. Si ce n’est pas le cas, j’avise. Mon boulot, c’est qu’on ne remarque pas que je travaille.  Parce que ça veut dire que tout fonctionne bien… ou qu’on se fait prendre lors d’une ronde.

Je pense que ce qui a su convaincre, c’est que malgré mon côté un peu bourru, c’est que j’aime bien m’occuper des gens – peu importe leur âge -  et des animaux. Je ne balaye pas les couloirs et ne répare pas les fuites pour que ça brille et que le château resplendisse, mais pour que les habitants s’y sentent bien.

Et je me demande comment ils peuvent se sentir bien, alors qu'ils viennent de marcher sur le sol encore humide, et qu'ils répandent des traces de chaussures boueuses à une heure où ils devraient être couchés. Bien évidemment, en entendant mes pas, les siens cessent, et j’entends une porte se refermer doucement.  Je prends ma grosse voix pour interpelé l'élève qui a besoin d'un peu d'expérience en infiltration.

«  - Jeune homme! Non, non, inutile d'essayer de vous cacher, vos pieds parlent pour vous... Ne me prenez pas pour un imbécile, et j'essaierai de vous rendre la pareille. Ne rendez pas ça trop difficile. Vous avez l'heure ?
-  Je suis en retard hein ? »  dit-il en sortant un peu penaud de la salle désaffectée dans laquelle il avait cherché refuge.
« Effectivement est l'heure d'être dans votre dortoir depuis une heure. Quelle année?
- Première Monsieur.
- Bien, dans ce cas je suppose que vous ne connaissez pas encore le sortilège de nettoyage. Prenez ce balais, nettoyez-moi vos sales traces, et filez vous coucher, avant que je vous colle une retenue.
- Je ne devrais pas aller directement dans mon dortoir?
- Vous n'êtes plus à 10 minutes près, au boulot, et je vous raccompagne! » Je planque un sourire derrière ma barbe, c’est bien essayé…

J'attends qu'il finisse - sans trop de mauvaise grâce -, vérifie qu'il rentre dans sa chambre et poursuit ma ronde. Ce ne sera pas tous les soirs aussi calme...