Pull de Jasper:

habits de lumière:

Dmitri se retourna, croisant dans le miroir son reflet, celui d’un garçon aux traits juvéniles, qui n’avait pas encore vraiment atteint l’adolescence et qui transpirait une fausse innocence. Ses yeux ne brillaient pas d’une lueur très malicieuse, ce soir, ni d’une joie particulière. La fête du solstice aurait pu lui soutirer un sourire si seulement elle ne faisait pas remonter quelques souvenirs maussades qui minaient son envie de rejoindre le rez-de-chaussée. Son premier bal, il l’avait passé avec des camarades qui n’étaient désormais plus là, et l’avait terminé le cœur pétri d’une inquiétude pour son oncle qui venait de s’écrouler en plein milieu de la grande salle. Quelques mois plus tard, il y avait été accompagné de sa première cavalière, une fille un peu plus âgée que lui et qui n’était désormais plus... sa mort avait été celle de trop, celle qui venait comme le clou d’un spectacle un peu trop morbide. Lors du premier acte, dans les sous-sols du manoir des Hébrides, il avait été bien loin d’imaginer qu’il puisse un jour percevoir les objectifs des van Aken comme autre chose qu’un vieux projet auquel il venait innocemment se greffer. Après un entracte de quelques mois, Finnbjörn et Caleb disparaissaient, à quelques semaines d’intervalles, rendant la mort plus tangible et les aspirations de son tuteur plus concrètes. Michaela avait été le clou du spectacle, achevant une évolution un peu morbide dans l’esprit de l’enfant. Depuis il occupait ses pensées comme il le pouvait, à coup des tableaux trafiqués, de devoirs ignorés et d’une insolence assumée face à ses professeurs. La petite souche magique qui lui avait été confiée occupait une partie toujours plus grande de ses préoccupations, parfois savamment saupoudrée de cette capacité d’émerveillement qu’il n’avait malgré tout pas encore perdue... mais ce soir, elle n’était pas tout à fait au rendez-vous. Il aurait préféré rester dans son dortoir jusqu’au lendemain ; il aurait pu dessiner et boucler son sac en toute tranquillité, sans la moindre pointe d’amertume.

Pourquoi donc avait-il fallu qu’il appose son nom sur le panneau d’affichage, qu’il s’engage à venir au bal sans avoir la moindre possibilité d’y renoncer ? Il avait fallu d’un instant où il était de bonne humeur pour qu’il se retrouve pieds et poings liés, forcé de participer à une réception qui lui remémorait des souvenirs dont il se serait bien passé – si seulement leur extraction lui permettait de ne plus jamais y repenser ! – et d’offrir un cadeau à quelqu’un qu’il ne connaissait même pas.
En fin de compte, il avait bien fallu qu’il se fasse une raison et il avait convenu de retrouver Zeynep quelques étages plus bas ; quitte à se rendre au bal, au moins y allait-il accompagné.

Dans un dernier soupir, il enfila un pull acheté le week-end précédent à Pré-au-Lard, par-dessus une chemise blanche et un pantalon de costume noir, infiniment plus sobre que son chandail multicolore. Il avait beau ne pas être enchanté par la perspective de descendre festoyer – pour une fête qui par ailleurs relevait d’une éducation qu’il n’avait pas reçu – il n’escomptait pas pour autant faire attendre sa cavalière. ? D’un geste las, il glissa son cadeau dans une poche, sa baguette dans l’autre, et quitta son dortoir pour rejoindre le tumulte de la soirée, les pensées plus accaparées par quelques souvenirs nostalgiques que par l’actualité du jour. Lorsqu’il arriva à proximité de la salle commune des poufsouffles, bravant la marée de jaunes et noirs qui allaient en sens inverse, il recensait avec un peu d’envie les traditions sorcières tchèques qui avaient bercées son enfance, entre la soirée du solstice et celle des barkoky, où les jeunes femmes vêtues de blanc se pavanaient avec leur branche de rameau.
À côté, l’école anglo-saxonne décorée pour Noël lui paraissait bien fade... et particulièrement ridicule cette année, le pire étant que le mauvais goût était assumé et voulu. L’aiglon allait presque finir par en regretter les prédécesseurs d’Armitage, mais au moins le départ de Sørensen avait le mérite de simplifier beaucoup de choses entre Zeynep et lui, et ça n’était pas ce soir qu’il allait s’en plaindre. Et justement, la née-moldue arrivait vers lui. Il se força à afficher un sourire de circonstance, pas particulièrement convaincant il fallait le reconnaître. « Bonsoir Zeynep ! » De l’eau avait coulé sous les ponts, depuis le serment, et la gêne qu’il avait eu au début n’était désormais qu’un vieux souvenir ; c’était assez reposant de savoir que ses pensées étaient à l’abris. Il en parvenait à pouvoir oublier leur dispute, en fin d’année dernière. « Prête à devenir la reine du bal grâce à tes affreuses chaussettes ? » À en juger par les tenues des autres garçons, il ne serait en tout cas pas le plus original du lot ; son pull chiné à Pré-au-Lard était relativement dans le ton, sans être trop voyant. Et il le grattait affreusement.

Ils suivirent un peu la masse d’élèves qui descendaient vers le rez-de-chaussée, parfois un peu bousculé par certains camarades plus pressés qu’eux. En bas, la foule commençait à s’amasser à l’entrée et vers les tables de buffets ; il était encore trop tôt pour que tous osent rejoindre la piste de danse. « Au fait, je ne t’ai pas dit, mais je vais devoir offrir un cadeau à quelqu’un... » Il sortit brièvement de sa poche ledit présent. Il n’était pas très gros, ce qui avait le mérite d’être facile et discret à transporter. « Il est dans ta maison, mais je ne vois absolument pas qui c’est. Charles Ehrlich, tu connais ? » Par chance, les quelques indications qu’on lui avait transmise sur les goûts du poufsouffle étaient assez inspirantes pour lui ; il aurait pu tomber sur bien pire candidat, même si au fond, il se moquait un peu de savoir si cela allait faire plaisir au destinataire ou non. « Une fois que je me suis débarrassé de ça, on pourra faire ce que tu veux ! » Il balaya du regard la salle, comme s’il s’attendait à repérer un garçon arborant bien haut une pancarte avec le nom de celui qu’il cherchait. Ça aurait eu le mérite d’être beaucoup plus simple.

Pull de Dmitri:

Rien n’allait plus à Poudlard. La mort de Michaela n’était pourtant point au centre de cette affirmation ; le stress des BUSE avait laissé place à celui, infiniment plus grand, des ASPIC et depuis qu’Haley avait eu une mauvaise note en potions – un drame qui l’avait fait se terrer dans son dortoir tout le week-end et qui aurait certainement pu être plus long si Eléonore n’avait pas été là pour la faire relativiser un peu – plus rien n’allait. Elle angoissait de plus en plus à mesure que les entraînements de quidditch devenaient intensifs, en vu de leur match approchant. Son père était venu rajouter une nouvelle couche d’anxiété en lui parlant du salon de l’orientation, puis enfin – et surtout – l’annonce du bal de Noël avait été la cerise sur le gâteau de ces semaines dramatiques. Depuis qu’elle s’était inscrite au petit évènement organisé à cette occasion, elle n’avait cessé de le regretter. La préfète détestait offrir des cadeaux ; elle ne savait jamais quoi faire, comment le faire... cela lui demandait trop d’imaginations et une organisation toute particulière, aux antipodes de celle pourtant drastique qu’elle savait d’ordinaire mobiliser pour ses devoirs. Dès lors, chaque fois que son esprit n’était pas accaparé par quelque chose de plus important, elle cherchait sans succès des idées.

L’unique préoccupation qui avait su dépasser cette angoisse inédite tenait en la personne de Misha. Elle avait espéré qu’il l’invite pour le bal ; elle l’avait pourtant déjà fait par le passé mais cette fois-ci, elle n’avait pas trop osé réitérer... c’était étrange, mais à mesure qu’elle se rapprochait de lui, elle craignait qu’il finisse par se lasser d’elle et veuille trouver une distraction ailleurs. Elle ne voulait pas passer pour trop accrochée à lui, ou trop désespérée, alors elle avait attendu qu’il vienne à elle. Encore, et encore, sans oser faire le premier pas. Elle ne pouvait pas beaucoup plus sur Rosalie pour lui prodiguer de bons conseils : depuis Mansfield, parler de son meilleur ami revenait à un exercice d’équilibrisme que la jeune femme s’était juré d’éviter un maximum.

Alors le jour de la date fatidique, il n’avait encore rien fait. Et elle non plus. La poufsouffle en était certaine : il s’était trouvé une autre cavalière et elle demeurait seule, délaissée. Un instant, elle avait envisagé de revenir à ses bonnes vieilles habitudes : rester dans son dortoir, travailler un peu et empaqueter ses affaires pour les vacances de Noël. Sans ce satané cadeau à offrir, nul doute qu’elle aurait choisi cette option, mais entre le sens des obligations et la curiosité de voir qui avait l’outrecuidance d’aller au bal avec le russe, elle n’avait d’autre choix que d’y aller, la mort dans l’âme.

Elle avait enfilé sa plus belle robe de Noël – une insulte au bon goût qui lui donnait de rares relents de haine à l’égard d’un directeur qu’elle appréciait d’ordinaire beaucoup – et avait finalement rejoint la grande salle, non sans traîner un peu au préalable chez les jaunes et noirs, dans l’espoir d’y apercevoir Misha. Sans succès.
En bas, les gens étaient joyeux. Trop. Pour la première fois de sa vie, elle comprenait un peu ce qu’avait connu Rosalie, dans sa déconvenue amoureuse. Et elle n’aimait pas ça. Elle avait toujours détesté ce sentiment d’abandon et de solitude, cette peur de se retrouver seule, privée de l’affection de ses proches. Heureusement qu’elle pouvait encore compter sur la présence réconfortante d’Artemis. Elle n’avait pas écouté ses conseils d’aller directement confronter le russe mais elle avait toujours été têtue, et de toute façon, elle était persuadée de déjà savoir ce qu’il lui aurait répondu si elle l’avait fait. « Ton pull est splendide » fit-elle, non sans arborer un petit rictus, en voyant son meilleur ami finalement arriver devant l’entrée de la grande salle. Si elle ne lui avait pas un peu forcé la main, le serpentard ne serait sans doute jamais venu, et ça, c’était hors de question ! Un bal, sans Rosalie ni Artemis, ça n’était pas possible. Encore moins si elle n’avait pas Misha. « C’était voulu d’avoir une bestiole qui menace d’embrocher le premier qui ose approcher de trop près ? » Peut-être cherchait-il à dissuader quiconque voudrait lui proposer une danse. « Tu t’en sors presque aussi bien que moi. » Comme pour ponctuer sa remarque, elle fit un petit tour sur elle-même, afin qu’il admire mieux sa robe au motif de renne un peu enfantin. Bon, elle n’avait aucun mérite, puisqu’elle s’était contenté d’acheter la tenue. Ça ne valait pas un pull ensorcelé spécialement pour l’évènement. « Je vais devoir trouver Lilith, c’est à elle que je dois faire un cadeau. » Après tout, elle était surtout venu pour ça. Et peut-être pour lancer un sort ou deux à la gourde qui se pavanait sûrement déjà au bras du capitaine de l’équipe de poufsouffle. « J’espère juste qu’elle n’a pas oublié l’existence du bal. Si tu vois une rousse à l’air un peu perdu, tu me le dis ? » Lilith et sa mémoire de poisson rouge, la pauvre ! Peut-être aurait-elle bien fait de lui offrir un rapeltout, mais ça n’était pas bien charitable que s’insister là-dessus. Elle l’aimait bien, en plus, cette petite poufsouffle. Gentille et travailleuse, elle était sans doute l’une de celle qui représentait le mieux leur maison.

La préfète passa son bras autour de celui de son meilleur ami et l’entraîna vers une table où une profusion de boissons et friandises trônait, le regard traînant de ci de là en quête de la jeune fille à qui elle devait offrir son présent, et sans doute aussi en quête du russe. « Bièraubeurre ou punch ? »

Où est Charlie ?
2 & 3. En cherchant Misha, ses yeux finissent par se poser sur lui... et sa cavalière, l'usurpateur lui-même.
Le reste. Nop, elle ne voit rien. Faut dire que Sidney et Judith bloquent la vue

La robe de Haley:

	Joyeux Noël mes petits lutins
	Ft. @Haley M. Strauss
Le jour était venu, et bien que ce bal de fin d’année était passé bien bas dans l’ordre des priorités comparés à mes projets personnels, je ne pouvais pas laisser Haley y aller seule après ce qu’elle m’avait raconté par lettre. Rosalie avait une excuse valable pour ne pas venir, moi pas, alors autant faire l’effort malgré le thème de la soirée qui me rebutait plus qu’autre chose. L’an dernier, avec les costumes rustiques, c’était déjà limite, mais alors là… Rosalie, elle, se serait bien plu dans cette idée, moi j’aspirais à un peu plus de classe, même à cette époque de l’année. Enfin, vaquant à mes occupations de préfet, je ne rejoins que tardivement le dortoir pour aller préparer mon pull. J’avais décidé d’enchanter un pull lambda pour la soirée, et quelque part ça serait toujours un bon entraînement aux enchantements, bien que le but ne soit clairement pas le même que celui que je me suis fixé. Seul dans le dortoir, j’étalais le pull sur mon lit, et pointait ma baguette dessus. Je visualisais ce qu’était un "pull moche de Noël", et, alors que j’allais lancer mon enchantement, un éclat de voix dans les escaliers de deux Serpentards, l’un s’exclamant le mot DINOSAURE. Ainsi, ma formule fut ponctuée d’un « Hein ? » et le sortilège partit alors que ma tête se tournait vers la porte du dortoir. Qui peut bien parler de dinosaures à cette époque de l’année ? Soupirant, sachant que je n’aurai probablement jamais la réponse, je jetais un œil au résultat de mon sort… Et ce même œil prit vite un air horrifié. « Hé merde… » Le dinosaure sauvage qui m’avait traversé l’esprit bien malgré moi se trouvait désormais sur mon pull. Un peu trop littéralement. Si ça n’avait été que les motifs de dinosaures, je n’aurais rien dit, le problème, c’était celui qui semblait traverser le pull de part en part. Du bout de la baguette, je lui touchais le museau. Il semblait être en peluche. Je dois être plus doué en métamorphose qu’en sortilèges, c’est pas possible. Quand je raconterai ça à Forbes… « Fait chier. » lâchais-je dans un soupir, enfilant ce pull qui donnait une nouvelle dimension au sens de moche, sachant que l’heure était venue et que je n’avais pas le temps de rattraper la connerie. Arrivé dans le grand hall d’entrée, j’espérais que la foule rendrait mon pull invisible. Mais depuis que je n’avais plus qu’un œil, j’avais l’habitude de voir les regards se tourner vers moi, et je n’en loupais pas quelques-uns malgré tout. Me hâtant vers l’entrée de la grande salle, je repérais rapidement Haley pour aller la rejoindre, comme si elle était un refuge contre les moqueries des autres. Mais sans surprise, elle y alla de son petit commentaire. Qui ne le ferait pas. Je le ferais sûrement tout autant. « Non, c’était pas prévu. Déjà que le thème m’emballait pas, t’imagines bien que remporter la palme du pull le plus bidon n’était pas dans mes objectifs. » Et en plus, comme pour ajouter l’insulte à l’injure, voilà qu’elle me sortait que c’était presque aussi ok que sa robe. J’avais beau la regarder de haut en bas, je ne voyais pas de protubérance parasite. Au mieux elle pourrait se plaindre de la longueur, si on n’était pas dans une salle de toute façon chauffée à une température acceptable. « Tu te fous de ma gueule ? Elle est très bien ta robe, je t’échange ton renne contre mon dino quand tu veux. » Il était peut-être plus propice à une enfant de 6 ans qu’à une adolescente de 16, mais à part ça, ce pauvre renne n’avait pas fait grand-chose de mal pour mériter cette comparaison. La surprise des tenues passée, nous entrions dans la grande salle, alors qu’Haley déclarait devoir trouver Lilith pour ses histoires de secret santa, la seule chose qui la forçait à venir malgré sa déception. Croiser Lilith ne m’enchantait guère, mais puisqu’il le fallait. « Oh t’inquiètes pas, je la repère à des kilomètres celle-là. Avec un peu de chance elle est même capable de faire une belle bourde pour que personne ne puisse la louper. » Enfin, ce soir c’était un peu ironique de ma part de parler de bourdes, mais passons. La préfète jaune au bras, gardant l’œil ouvert à la rouquine, nous nous dirigions vers une table de buffet. « Un verre de punch sera la bienvenue, mademoiselle. » ton un peu pompeux, comme pour contrebalancer nos tenues. « Et un seul, il n’a pas le droit de boire ce soir, lui. » ajoutais-je en pointant du doigt le dinosaure. L’ambiance de la grande salle aidait peut-être à mieux accepter mon colocataire, ou peut-être que je prenais les devants sur les moqueries, allez savoir.

Code by Joy

Pull de Noël improvisé: