Il y croyait dur comme fer. Franchement, le septième, ça ne pouvait pas louper. Il était même venu pour l’échographie mon père alors que d’habitude, ces trucs de bonne femme, il y participait pas.
Ben il a été déçu. Une septième fille. Il a bien failli démonter le cabinet tellement il était en colère. Ma mère s’est faite toute petite et le médecin a appelé la sécurité. Il faut dire aussi qu’elle a essayé de plaisanter la malheureuse en lui parlant de chromosomes et du fait que c’était finalement lui qui décidait, au niveau de l’ADN ou un truc dans ce genre. Il a pas vraiment goûté la blague. Il l’a traitée de tout un tas de noms d’oiseaux et il s’est fait mettre à la porte. Ma mère s’est excusée, elle avait l’habitude. Elle oui mais les gens de la ville étaient toujours un peu surpris. Puis ils sont retournés dans leur campagne avec leur vieux tacot puant pour annoncer à Mary, Elizabeth, Susan, Fiona, Ann et Maureen qu’elles allaient avoir une petite soeur. Notez tout de même que les deux dernières n’en avaient pas grand chose à faire étant donné que mes parents réussissaient l’énorme exploit de faire un gamin tous les dix-huit mois. Un en plein hiver et un au début de l’été, toujours très exactement. J’étais la version de la mauvaise saison donc le prochain serait sans doute du mois de juin. J’ai fini par pointer le bout de mon nez, un jour où les chemins de l’exploitation avaient gelé et où la neige était tellement épaisse que tout le monde a cru que j’allais naître dans le pick-up. Heureusement que ce ne fut pas le cas car j’ai failli tuer ma mère au passage. Un petit machin de rien du tout, frêle et maigrichon, aussi blonde que mes soeurs étaient brunes. « Tout ça pour ça. » a déclaré mon paternel en me voyant pour la première fois. Ce qui allait bien résumer le reste de ma vie finalement.

Dix-huit mois après, mon frère était né. Moins de vingt-quatre heures plus tard, il était mort. Mon père dit que j’ai bousillé ma mère. Il a raison je crois car après ma naissance, il n’y en a pas eu d’autres. Du moins pas des vivants. Le rêve de voir la ferme passer dans les mains d’un héritier mâle s’était éteint. Mais sérieux, y’avait pas besoin d’une paire pour réussir à gérer le domaine. L’une de mes soeurs aurait bien pu s’y coller si le paternel l’avait bien voulu. Mais ça, c’était contraire à son honneur. S’il en avait un. Car après l’enterrement du petit Duncan Junior, son caractère déjà pas facile devint pire encore. Il avait la main leste et la bouteille jamais trop loin. Un sacré tocard. Heureusement, il avait un travail prenant. Et nous avions suffisamment de place pour ne pas trop nous soucier d’être dans ses pattes. Ma mère était atteinte d’une autre manière. Elle s’était mise à fréquenter la paroisse fréquemment, enfin plus que l’habituelle messe du dimanche. Le bénévolat pour les pauvres et les miséreux, comme si nous avec nos neuf estomacs à remplir, on comptait pas dans ceux-là. Et le catéchisme. Et tout le tralala que je comprendrais jamais. Mais ça lui faisait du bien et ça l’aidait à supporter sa vie toute pourrie alors il n’y avait rien à dire. Même son mari qui qualifiait tout ça de « bon-dieuseries à la con » s’était bien gardé de lui interdire quoi que ce soit.

Être la septième d’une famille de filles n’était pas si désagréable qu’on pourrait le penser. Tout le monde me fichait la paix. En fait, tout le monde n’en avait rien à faire de ce que je pouvais être et penser. J’étais là, une bouche de plus à nourrir et un couvert de plus à mettre à table. A peine un gravillon dans la chaussure. J’ai grandi au milieu des collines, au bord de l’eau et des lochs et surtout des moutons. J’ai su traire une brebis avant d’apprendre à lire. Et ratisser la merde aussi, ça c’était tous les jours. Du moins à partir du moment où j’ai su marcher à peu près droit. Tant que je faisais ma part de labeur, on me laissait tranquille. Et nous étions tellement nombreuses qu’on en exigeait finalement peu de chacune et encore moins de la dernière. Surtout que j’étais épaisse comme un lampadaire. Ils avaient sans doute peur de me casser. J’étais bonne à peu près dans… rien. Même la maîtresse le disait. Oh, pas comme ça bien sûr. « Les difficultés d’Amelia sont homogènes. » Au final, ça voulait dire tout pareil, j’étais nulle. Il m’avait fallu un temps faramineux pour apprendre à lire et je faisais toujours une faute un mot sur deux. On avait dit à mes parents qu’il faudrait que j’aille chez un orthophoniste. Mon père a dit que c’était trop cher ces conneries et que j’avais juste à me sortir les… Enfin vous voyez l’idée. Mes instits ont toujours eu pitié de moi car je n’ai jamais redoublé. Pourtant c’était pas facile de trouver des points positifs dans mon bulletin scolaire. Même en sport, y’avait rien à sauver. J’ai les genoux qui se rentrent dedans et je suis essoufflée au bout d’un tour de stade. Ah si ! Je suis douée pour quelque chose quand même ! Les animaux. D’ailleurs quand une brebis mettait bas, c’est toujours moi que mon père venait chercher. Il disait que c’était un miracle la manière dont j’arrivais à les apaiser. Il y en avait une rien qu’à moi, je l’ai appelée Wonderlamb. Bon après elle a grandi et c’était plus vraiment un agneau alors le jeu de mots est devenu naze. Mais c’est pas grave, on comprenait quand même.  

Quand les Passel sont arrivés dans le village, des choses bizarres ont commencé à se produire. Déjà, on a vu une colonie de hiboux s’installer. Des hiboux sérieusement ? Y’a des gens qui en avaient déjà vu en vrai de ces bêtes-là ? Ils avaient tous des noms à coucher dehors et on ne les voyait pas souvent. Les gamins venaient même pas à l’école. Alors quand on rentrait, on s’amusait à lancer des cailloux sur leur mur, comme ça juste pour voir si ça les faisait bouger. Un jour, j’aurais juré qu’ils avaient rebondi dans le vide mais Maureen a dit que ça se pouvait pas alors je l’ai crue. Déjà qu’on avait pas besoin d’arguments pour se moquer d’eux, ils étaient toujours habillés d’une drôle de manière. Et ce qui a achevé ma mère, c’est le fait qu’ils ne mettent jamais le pied à l’église. Qu’ils ne viennent pas au pub, je trouvais ça encore plus chelou mais non, elle c’était de ne pas se présenter au curé qui la choquait. Elle s’est mise en tête que quelque chose clochait, ce qui était sans doute vrai, et elle a mené une vraie cabale contre eux. Bon, ils ont jamais déménagé pour autant et continuaient à nous sourire d’un air niais quand on passait devant leur jardin. Extérieur d’ailleurs des plus étranges. Je connaissais pas le nom d’une plante sur deux et j’aurais mis à ma main à couper que les trois quarts d’entre elles étaient impossibles à faire pousser sur la lande écossaise. Et puis cette armée de balais appuyée sur le mur ? Qui avait besoin d’autant de ramasses-poussière ? Ils n’avaient pas d’aspirateurs ?
Un jour, en rentrant à la ferme, je me suis foutue dans le talus. Ma cheville a tourné et j’ai gueulé comme un putois. Quand Monsieur Passel s’est approché de moi, j’ai vraiment eu la trouille. Mais il avait une voix toute calme. « Je vais t’aider. » il a dit. Le reste j’ai pas compris, il a bredouillé un truc et soudain, j’ai plus eu mal du tout. Je suis rentrée plus vite qu’un cheval au galop. Quand j’ai raconté tout ça, Maman a ouvert des yeux de merlan frit et mon père m’a hurlé d’arrêter de dire des conneries. N’empêche qu’il s’est quand même pointé chez les Passel dans la soirée pour leur dire quelque chose comme « Tu t’approches encore de mes filles et je te casse la gueule. » C’est Wendy Gordon qui me l’a dit. C’est une vraie commère et elle habite à côté des Passel et comme c’est tout à fait le genre du paternel, elle avait sûrement raison.

L’année suivante, il m’est arrivé un truc vraiment vraiment vraiment très bizarre. J’étais en CM1. On était tous dans la cuisine autour de la table pour le petit déj. Mon père nous a annoncé que les ventes de laine, ça suffirait pas à remplir les caisses pour cette saison et qu’il allait falloir vendre des agneaux à l’abattoir. J’ai beuglé. Lui encore plus fort que moi. Et au moment où sa main allait partir, les toasts que Maman venait de poser sur la table ont pris feu. Tout le monde a crié, c’était une vraie cacophonie. J’ai pris cher après, il a pas voulu entendre que j’y étais pour rien. Et j’ai passé le pire été de ma vie, envoyée dans un genre de colo de redressement où on m’appelait la pyromane. Quand je suis revenue, ma mère, qui avait toujours été assez protectrice, est devenue très distante. Comme si j’étais pestiférée. Moi je savais bien que c’était pas possible que j’ai pu mettre le feu à ce pain sans le toucher… En plus, ça n’a rien changé. Ils ont quand même commencé à vendre la viande des bêtes. La première chose que j’ai faite en arrivant, j’ai foncé dans les étables. Wonderlamb était toujours là. Il avait pas osé.

Ma lettre est arrivée en plein mois de juillet, comme celle des autres j’imagine. C’était la première fois que je recevais du courrier. Enfin, autre qu’un mail ou un sms. Parce que même Mamina elle se sert plus de la poste. En même temps, elle envoie jamais rien non plus même pour les anniversaires, elle dit qu’il y en a trop. J’étais septique quand je l’ai lue. Mais quand même j’ai pensé à l’histoire du pain brûlé et à d’autres petits trucs comme les Passel. Alors je l’ai montrée à mes parents. Sans suspense, Maman a failli avoir une attaque et mon père l’a jetée en disant que c’était une blague de merde et qu’Halloween c’était dans plus de trois mois. Je pensais que le sujet était clos. Sauf que vous n’imaginez pas qui s’est pointé chez nous quinze jours plus tard ? Je vous le donne en mille ! Monsieur Passel lui-même. Il a sonné à la porte et j’ai ouvert au moment où mon père arrivait derrière pour voir de qui il s’agissait. J’ai cru qu’il allait le mettre dans le mur avant qu’il n’ouvre la bouche. Il l’a laissé parler quand même, au cas où c’était grave. Ça a donné un truc comme ça. « Bonjour Monsieur Ferguson, je suis désolé de vous déranger. » Mon père a grogné. « Vous le faites quand même pourtant. » Ça partait mal. Ma mère s’était glissée dans le couloir et écoutait, appuyée contre le chambranle de la porte de la cuisine. « Je renouvelle mes excuses. J’aurais dû vous porter moi-même la lettre, j’espère qu’elle ne s’est pas perdue. Je travaille pour le Ministère de la Magie. » Une louche est tombée, signe qu’on avait perdu Maman. J’ai vu une veine palpiter dans le cou du paternel. C’était pas bon signe. « C’était vous ! Cette blague à la con ! » J’ai vu que Monsieur Passel ne s’attendait pas trop à ça. Il a frotté ses drôles de chaussures vertes sur le paillasson d’un air gêné. « Toutes mes excuses pour ce malentendu. Mais il ne s’agit pas d’une plaisanterie… Amelia est vraiment… » Il a pas eu le temps de finir mais le cri est venu de la cuisine. « Vous n’êtes pas le bienvenu ici. » Il était peut-être temps que je prenne la poudre d’escampette avant que ça ne dégénère. C’est à ce moment-là que le voisin a sorti un drôle de truc de sa poche, sa baguette en fait mais je ne le savais pas encore. Mon père a dû se sentir menacé par ce bout de bois parce qu’il a balancé son poing vers Monsieur Passel sauf que là, un genre de truc argenté est sorti et mon paternel a fait un bond en arrière. Et j’ai perdu le fil. Au milieu des hurlements, je me suis sauvée.

Quand tout a été un peu calmé et les meubles de l’entrée remis sur pieds, on s’est réunis en conseil de famille. Enfin quelque chose d’approchant je pense, on avait jamais fait ça avant. L’heure était grave à voir la tête qu’ils tiraient. Au début, j’ai pas trop compris pourquoi Mary était là. Elle avait d’autres chats à fouetter depuis son mariage et avec un gamin en route. S’ils l’avaient fait venir de Rothesay, c’était certainement pas pour boire le thé. « Tu dois t’en aller, je veux pas de marginale sous mon toit. » a dit le paternel pour ouvrir la conversation. Je suis restée silencieuse et je me suis tournée vers Maman mais son regard a fui vers la fenêtre.« Je peux pas, je suis désolée Amelia. » Sa voix tremblait et là j’ai pigé. C’était la phrase la plus horrible que j’ai jamais entendue. Ça m’a fait plus mal encore que toutes les baffes que j’avais pris en onze ans. Les larmes sont venues toutes seules. Le bon dieu avait gagné. C’était un gros con lui. « Vous pouvez pas. Je suis votre fille quand même. Et j’y suis pour rien… » Mon père semblait plus calme qu’il ne l’avait jamais été. Son attitude ne laissait aucun doute : il ne changerait pas d’avis et je ne pourrais pas compter sur ma mère. « Comme on est pas des monstres… » Ah, belle imitation dans ce cas. « Tu iras chez ta soeur, elle est d’accord. » C’est pour ça qu’elle était là elle. Je me suis tournée vers Mary qui m’a fait un petit sourire, comme si ça pouvait effacer le fait que mes propres parents me foutaient à la porte. « Prépare tes affaires, elle te ramène. » En quinze minutes, c’était plié. J’avais enfermé ma vie dans une valise en carton que j’ai jeté dans le coffre de la golf de mon aînée. Wonderlamb passait pas dans la trois portes.

La vie chez ma soeur, c’était pas comme à Ascog. Y’avait bien la mer mais pas de lac. Et puis surtout, y’avait pas de place. J’ai bien fini par comprendre qu’elle avait accepté par obligation mais que ça lui faisait pas super plaisir que je vienne m’immiscer dans sa petite vie parfaite entre son mari transparent et ses meubles scandinaves made in China achetés à crédit. Pour le reste de l’été, j’avais eu droit à un matelas dans la chambre du futur prince. Ouais, elle, apparemment, elle avait trouvé comment fabriquer des services trois pièces. Mais elle m’a prévenue de suite : je rentrais le minimum possible de mon pensionnat et quand l’héritier serait né, j’aurais droit au canapé. Le mois d’août a été très long. Je n’avais rien à faire dans cet appartement et rien non plus à faire dans cette ville. Alors régulièrement, je prenais le vélo et je rentrais à la maison, ma vraie maison. Enfin, je tournais autour. Souvent Maureen me rejoignait et on allait se baigner toutes les deux. Elle me donnait des nouvelles même si y’avait jamais rien de très neuf. Elle m’a dit que Maman décrépissait, qu’elle avait l’air malade. Bien fait pour elle. C’était son bon dieu de merde qui la punissait.

La veille de la rentrée, Monsieur Passel m’a accompagnée sur le Chemin de Traverse avec sa famille. Finalement, il est sacrément gentil parce qu’après l’histoire avec mon père, il aurait pu me laisser toute seule. Il m’a expliqué que pour les enfants comme moi, il existait une bourse pour que je puisse acheter mes affaires scolaires et avoir un peu d’argent de poche en cas de besoin. Il a beaucoup parlé mais j’ai pas tout retenu. Ça faisait beaucoup d’un coup. Mais j’ai enfin compris que les balais devant chez lui servaient pas pour le ménage. Il me tardait d’essayer. Il m’a présentée une de ses filles, Magnolia, qui rentrait aussi à Poudlard. Je lui ai fait un sourire pour être sympa mais elle avait pas l’air d’avoir inventé l’eau chaude la pauvre. La nuit, on l’a passée au Chaudron Baveur. J’avais jamais dormi à l’hôtel avant sauf la fois où j’ai eu l’appendicite mais du coup, c’était un hôpital et la bouffe était moins bonne. Ce soir-là, en mangeant avec les Passel, je me suis rendue compte du décalage qui existait entre eux et moi. Même s’ils avaient été des moldus comme ils nous appelaient, on aurait quand même pas appartenu au même monde. Je les ai pas entendus crier une seule fois, ni même élever la voix ou dire un seul gros mot. Je me sentais idiote au milieu. Si on ajoutait à tout cela bien sûr que je ne comprenais qu’un mot sur deux. Et puis le grand jour est arrivé. On est allés à King’s Cross en taxi. J’avais déjà été impressionnée par la taille de Londres mais là, cette gare, c’était trop. Donc les gens avaient besoin d’autant de trains pour vivre ? Ils ne restaient pas chez eux toute l’année ? Incroyable. Le nôtre, de train, il se trouvait sur une voie farfelue (un peu comme tout le reste) et si Monsieur Passel ne m’avait pas avertie la veille, j’aurais refusé de foncer dans ce mur. Le quai grouillait de gens qui riaient, s’apostrophaient, discutaient. J’étais mal à l’aise. Ma valise en carton faisait tache à côté des grosses malles. Et je ne connaissais personne. Et quand bien même, je n’avais rien à raconter. « Hé salut, je m’appelle Amelia, je suis éleveuse de moutons. Enfin j’étais parce que mes parents veulent plus de moi. » J’allais devoir revoir mon entrée en matière, ça c’est sûr. C’est Magnolia qui m’a guidée ce jour-là. Elle a choisi un compartiment tranquille et m’a expliqué le fonctionnement de Poudlard. Elle m’a donné le nom des bonbons du chariot. Elle m’a aussi dit quand il était temps d’enfiler la robe noire. Elle est montée dans la même barque que moi. Seule la cérémonie de la répartition nous a envoyées sur deux bancs différents. Bon, c’était pas une fusée mais elle m’avait été bien utile aujourd’hui.

Poudlard était un endroit agréable : il y avait toujours à manger pour tout le monde, j’avais une chambre avec un lit qui valait quelque chose et je n’étais pas trop dépaysée par le climat. Pour nous punir, on nous retirait des points. Et si vraiment c’était grave, on avait une retenue avec des trucs à nettoyer ou des services à rendre. C’était cool. La vie y était tranquille et simple. Surtout pour ceux qui n’avaient pas participé la soirée de Noël. Heureusement pour moi, j’avais beaucoup de mal à célébrer la naissance du petit Jésus depuis que son père m’avait mise dehors par l’intermédiaire de ma mère. En revanche, je n’étais pas devenue plus scolaire. Si j’avais bien trouvé une parade pour écrire sans faute, les plumes correctrices faisaient des miracles quand je n’oubliais pas d’en racheter, je n’étais toujours pas une grande adoratrice des longues lectures dans des manuels épais. Et j’ai vite compris que dans le monde des sorciers, ils étaient des grands fans des papiers tout jaune et des vieux bouquins de décor de film. Conformément au deal passé avec Mary, je suis restée toute l’année au château. L’été, je me suis inscrite à la colo. J’étais dégoûtée parce qu’ils nous ont envoyés dans un camp de moldus… Bon, c’était toujours plus sympa que la seule fois où on m’a envoyée dans ce genre d’endroit mais quand même, j’aurais préféré faire des trucs de magie que des choses que je faisais déjà chez moi. Les quelques semaines que j’ai passées chez ma soeur étaient encore pire que les précédentes. Maintenant qu’il y avait son rejeton, je n’existais vraiment plus sauf quand il s’agissait de calculer l’espace disponible pour chacun. Dès le premier jour, j’ai pris mon vélo et je suis retournée à Ascog. J’ai fait le tour des étables, discrètement et je l’ai pas trouvée. Maureen m’a expliqué. Le paternel avait fait rôtir Wonderlamb pour le baptême de la merveille de Mary. J’ai bien chialé et j’ai bien eu envie de brûler toute la ferme. Ma soeur m’a retenue. Elle m’a dit qu’il y avait plus rien pour moi ici et elle avait raison. J’étais contente quand septembre est revenu.

La veille de la rentrée, Monsieur Passel est venu me chercher et on a fait comme l’an dernier. En fait, on a fait ça tous les ans et je dois bien dire que c’est un rituel chouette. J’ai jamais trop su si il avait pitié de moi ou s’il était juste vraiment très gentil. J’ai toujours préféré croire en la deuxième hypothèse. Les deux années suivantes ont été un peu moins cool, surtout pour les gens comme moi, c’est-à-dire une née-moldue vraiment pas douée. J’aimais pas vraiment le nouveau directeur, sa tête me revenait pas. C’était un vieux avec des idées vieilles ou du moins qui me semblaient dater du Moyen-Âge. J’avais bien envie d’ouvrir ma gueule. Mais déjà, j’étais pas super douée de la baguette. Et deuxio, j’avais vraiment mais alors vraiment pas envie de me faire renvoyer. J’avais plus de vie en dehors d’ici. La perspective de devoir retourner à Rothesay pour le restant des mes jours ne me remplissait pas de joie. Et ma soeur n’aurait vraiment pas aimé ça. L’été entre ma troisième et ma quatrième année, ils nous ont envoyé en Ecosse. Waouh le dépaysement. Un transfert de la campagne à la forêt… Mais je ne suis pas restée longtemps. Peut-être une semaine après notre arrivée, Monsieur Passel a débarqué. Je me souviens qu’il s’est assis en face de moi et il m’a regardée droit dans les yeux. « Ta maman est malade Amelia. C’est grave, tu vas devoir rentrer. » Ça c’était quand même un comble. Je ne l’avais pas revue depuis quoi ? Quatre ans ? Et là subitement, elle se souvenait qu’elle avait une septième fille. J’étais tellement en colère que j’ai pas bien compris. C’est seulement quand Mary m’a expliqué que j’ai saisi. Un cancer généralisé. Ça durait depuis un moment mais personne ne m’avait rien dit. C’était la fin, y’avait plus de remède. Et plus une livre sterling sur les comptes bancaires pour tenter quoi que ce soit d’autre. Quand je l’ai vue, encore plus petite que d’habitude dans son lit tout blanc, j’ai quand même eu bien les boules. Que ça ce soit passé comme ça. Elle m’a regardée, elle a pris ma main un peu mais je voyais bien dans ses yeux que tout ce qu’elle voulait dire ne sortirait jamais. C’est pas grave, j’ai compris quand même. Je suis allée la voir jusqu’au bout. Elle est morte à la fin du mois d’août.

Comme les nouvelles mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules, à peine l’enterrement terminé, Mary m’a assise dans son salon plus si blanc que ça et j’ai senti que c’était pas de bonne augure. « Amelia écoute, on a beaucoup réfléchi Kevin et moi. » Donc Kevin dispose de neurones, sacré scoop. « Il pense que ce n’est pas forcément une bonne chose que tu restes ici avec le petit qui grandit. Il n’y a pas trop de place. » Kevin n’avait sûrement rien à voir avec la choucroute. Mais ma mère n’étant plus là, le petit accord qu’elle avait probablement passé avec mon aînée volait en éclat. Plus rien n’obligeait Mary à s’encombrer de moi. Je suis restée stoïque. En vrai j’avais envie de dégommer son appartement témoin. J’avais pas envie de finir dans un de ces orphelinats horribles ou alors à errer de famille d’accueil en famille d’accueil. Le salut est venu de nul part. Ou plutôt de la seule lumière que me restait : les Passel. J’ai atterri chez eux avec ma valise toujours en carton. Magnolia m’a fait une place dans sa chambre. C’était la première fois que quelqu’un me faisait une place quelque part. Si j’étais pas la fille de mon père, j’aurais pleuré de reconnaissance. Mais faut pas déconner quand même.

Ma quatrième année est passée. Tant mal que bien j’ai envie de dire. Pour la première fois depuis le début de ma scolarité, je suis rentrée pour les vacances. Dans mon village mais pas chez moi. Les Passel m’ont accueillie pour Noël. C’était bizarre et chaleureux à la fois. Chez eux, c’est comme une bibliothèque géante. Ces gens ne vivent que pour les livres, la musique et l’art. D’ailleurs, j’ai appris que Monsieur Passel, Elmore de son prénom, n’était rien d’autre que le directeur du département de la culture magique. Ça en jète hein ? Un peu comme si je vivais chez un ministre. Ça expliquait aussi pourquoi je trouvais Magnolia si perchée. Elle l’est en fait. Mais comme le reste de sa famille finalement. Malgré l’aide qu’ils ont essayé de m’apporter, mes résultats scolaires n’ont pas fait d’étincelles et le couperet est tombé au mois de juin : j’allais refaire une année. Treize ans que j’y échappais, il fallait bien que ça m’arrive un jour. Ils ont dit que j’avais pas le niveau pour les BUSEs. En gros, que j’en faisais une belle de de buse.

Ou ce qui s’en approche.

Duncan Ferguson - Mon père. Il vit comme il est né. Et reproduit ce qu’il a connu. Je peux pas dire que je lui trouve des excuses, juste j’ai accepté. Il était le fils aîné de sa famille, il a repris l’exploitation à la mort de mon grand-père, que je n’ai jamais connu, et clairement, c’est pas lui qui la fait briller. C’est un mauvais gestionnaire, n’a jamais été plus loin que le lycée et n’est jamais sorti de sa campagne. Il n’a rien d’intéressant à raconter et un jour, quand il faudra graver une épitaphe sur sa tombe, on sera bien emmerdés. Parce que y’aura rien à écrire. Ça m’étonnerait quand même pas qu’il y ait de la consanguinité dans l’histoire. Il a l’air de ce qu’il est : un paysan pas très futé, taillé comme une armoire à glace, avec des marques de bronzage agricole. Je comprends pas ce que ma mère a pu lui trouver. Elle avait beau dire qu’il a beaucoup changé, là ça tient de la métamorphose, pas du vieillissement. C’est un gros con, ça le restera. En plus il a bouffé Wonderlamb, ça je lui pardonnerais jamais. Limite, qu’il m’ait mise à la porte, venant de lui, j’ai fait mon dueil. Je lui dois rien si ce n’est le fait d’avoir été nourrie durant onze ans (et encore parce que Maman faisait la cuisine). Je plains mes soeurs, celles qui sont encore à la maison et qui doivent le subir jour après jour, surtout maintenant que notre mère n’est plus là.

Helen Ferguson - Maman. Elle a eu une sacrée vie de merde et n’en aura jamais profité. Elle aurait pu être jolie dans une autre galaxie. Mon père, elle l’a rencontré au lycée et pour lui, elle a tout quitté. Je sais pas ce qu’il lui avait promis mais elle l’a jamais eu c’est certain. Elle a fait du mieux qu’elle a pu pour mes soeurs et moi, avec les cartes qu’elle avait en main, soit pas grand chose. C’est sûr que la religion avait une grande place dans son quotidien et dans sa tête. Elle ne nous l’a jamais imposé (bon, sauf quand elle m’a tourné le dos), seulement la messe le dimanche. Ce qui n’était pas une mince affaire quand il fallait habiller sept filles correctement dont certaines (suivez mon regard) pas forcément présentables. J’ai jamais compris pourquoi son bon dieu avait pris tellement de place qu’elle n’a plus voulu de moi. OK, la sorcellerie et la religion ne font pas bon ménage. Mais la famille n’aurait pas dû passer avant ? Genre comme on était sept, une de moins c’était pas grave ? J’ai toujours su que c’était pas vrai, elle a toujours été protectrice avec moi. J’étais la dernière, la moins bien finie, celle qui était toujours malade petite. Alors je sais pas. Quand elle m’a balancé sa phrase en pleine tronche, j’étais tellement en colère que je pense que j’ai souhaité qu’elle meure. Sauf qu’elle est vraiment tombée malade et j’ai regretté de l’avoir pensé. J’aurais aimé qu’on trouve le courage de se parler avant. Sauf qu’on l’a jamais fait et maintenant c’est trop tard.

Maureen Ferguson - Bon, si je devais présenter mes six soeurs, on y passerait la journée. Comme j’ai pas que ça à faire, j’en ai choisie une. Pas la pimbêche qui a cru me faire une fleur en m’hébergeant trois nuits par semaine (vous avez la ref ?). Non, la vraie, celle qui est toujours contente de me voir débarquer à vélo quand elle ramasse la merde des moutons. Et qui lâche son râteau pour grimper sur le porte-bagage. Maureen c’est la douceur incarnée. Je sais pas comment elle fait pour continuer à être comme ça. C’est grâce à elle que j’ai des nouvelles de toute le monde, du village et un peu de paternel. Et aussi que je regrette pas d’être une Ferguson malgré tout. Je sais qu’elle aurait aimé être comme moi pour pouvoir partir. Mais comme c’est une fleur, elle est même pas jalouse, juste contente pour moi. Sérieux, à sa place, j’aurais la haine. Au lieu de ça, elle travaille à l’école pour faire des études. Le truc improbable chez nous. C’est pas à moi que ce serait arrivé. Je sais pas trop comment elle compte les payer ses études mais je veux pas gâcher son délire.

Les Passel - Ben ouais, ils font quand même un peu partie de ma famille au final. Je sais pas pourquoi ils sont comme ça. Genre juste gentils gratuitement. Parce que même si je leur fais de la peine, qui recueille une gamine de quatorze ans comme ça, juste pour être sympa ? Un chiot, je veux bien. Un humain c’est trop d’emmerdes. J’essaie d’être du mieux que je peux chez eux mais c’est pas facile. Pas dire de gros mots, bien utiliser le paillasson, pas mettre de l’eau partout, ces trucs-là. Mais c’est pas opérationnel encore. Ils se fâchent jamais quand même, c’est bizarre.
Leur maison est recouverte de livres. Y’a pas une pièce où y’en a pas, chiottes y compris. J’ai cru faire un malaise la première fois que je suis rentrée. Ils ont carrément pas de vie. Quand ils lisent pas, ils écoutent de la musique ou ils vont au théâtre. Ils m’ont emmenée une fois mais je me suis endormie. Ah si, ils jouent au quidditch ! Ça les sauve un peu. Magnolia vole comme un pied, c’est une catastrophe. Et c’est moi qui dit ça donc imaginez l’ampleur des dégâts. Si elle était moldue, je saurais pas trop où la cataloguer. Une espèce d’ovni intello sûrement. J’essaie de pas trop prendre de place dans sa chambre ni de toucher ses bouquins. Elle dit jamais rien de toute façon, je sais pas vraiment ce qu’elle pense de la situation.  

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N'empêche que le meilleur moyen d'obtenir des points reste d'aller en cours. Et oui, nous sommes dans une école et nos chers professeurs vont se faire une joie de t'apprendre tout ce qu'ils savent. Quand tu te seras bien installé(e) dans ton dortoir, attrape tes bouquins et rends toi vite en classe ! Nos professeurs t'attendent, et pour savoir à qui tu as à faire, tu trouveras la liste ici. La liste des sortilèges par année est disponible là.

Il n'y a pas que les points des sabliers qui sont importants ici. Il y a aussi les points défis ! Tu peux aller lire ce sujet pour savoir exactement ce que c'est que les points défis. N'oublie pas de créer ton sujet d'ailleurs, qu'on puisse tous t'en proposer ! Bien sûr, tu peux également savoir combien tu as de points en allant voir la fiche ! Le nombre de point s'initialise automatiquement à 0/0 mais dès que vous avez un point, vous pouvez voir l'évolution de ceux-ci à 1/2000...

Heureusement, il n'y a pas que les cours dans la vie ! Tu vas pouvoir t'entraîner à être une fouine en écoutant les rumeurs qui se baladent dans les couloirs, attraper ton balai pour devenir le plus grand joueur de Quidditch de l'histoire de Poudlard... Enfin, pour être sûr(e) de ne rien louper des activités qui te seront proposées, garde un oeil sur le panneau d'affichage, et sur la Gazette du Sorcier pour être informé(e) de tout ce qui peut bien se passer dans le monde magique.

Le HRP (hors-RP) te donnera également de quoi t'occuper grâce à une partie Flood bien remplie. Tu pourras également faire plaisir aux autres membres en leur offrant des cadeaux. N'oublie pas, à l'occasion, de passer sur la ChatBox, avec un peu de chance, tu tomberas en plein jeu... S'il y a quelque chose que tu ne comprends pas, nous répondrons à toutes tes questions.

Sur ce, je te souhaite beaucoup de plaisir dans cette nouvelle vie qui commence, et plein de merveilleux RPs !