Rencontrez l'amour avec un grand A

dîner aux chandelles

Lorsque l'affiche accompagnée de ses questionnaires vierges avait fait son apparition sur le panneau d'affichage, Poudlard s'était enflammé. Pendant des jours et des jours, on n'avait plus parlé que de ça, chacun interrogeant son voisin sur les réponses qu'il avait bien pu cocher. Qu'on y croit en rêvassant au grand amour ou qu'on n'y croit pas en ricanant face à la supercherie, la soirée organisée par une obscure entreprise sous l'égide de Sorcière Hebdo était sur toutes les lèvres... Aussi, quand l'heure fut venue de rejoindre Pré-au-Lard, personne ne s'étonna vraiment de voir une bonne partie de l'école se presser sur l'unique chemin de terre. Des torches éclairaient la route malmenée par la nuit jusqu'au village encore bien réveillé. Si les Trois Balais accueillaient visiblement ses clients habituels, le salon de thé, lui, d'ordinaire fermé à cette heure avancée, était encore tout allumé. La porte s'ouvrit dès que le petit groupe s'arrêta devant elle. Une femme grande, blonde et arborant un sourire immense et bien trop blanc accueillit les participants d'un bonjour enthousiaste et bienveillant.

— Merci à tous de nous avoir confié votre avenir sentimental ! À un si jeune âge, ce n'est pas peu de chose ! Un rire cristallin lui échappa avant qu'elle ne balaie le monde de son regard d'un vert si clair qu'il paraissait presque phosphorescent. Comme vous le savez, nous avions épluché vos questionnaires avant de les soumettre à nos sortilèges afin d'en tirer le meilleur. Toutes les informations collectées nous ont permis de trouver, pour chacun d'entre vous, celui ou celle qui lui était le plus compatible. Nous sommes sûrs que vous trouverez chez celui ou celle qui vous est destiné toutes ces petites choses dont vous avez rêvé en cochant vos cases.

Son sourire s'agrandit tandis qu'elle hochait la tête, visiblement convaincue parce qu'elle pouvait bien raconter.

— Pour faciliter votre installation à l'intérieur du salon de thé qui n'est, malheureusement, pas aussi grand que nous l'aurions voulu pour vous offrir une intimité digne de ce premier rendez-vous, je vais vous appeler un par un. À l'intérieur, mon collègue vous indiquera votre table. Avant de vous laisser profiter de ce moment magique, j'espère de tout cœur que vous passerez une soirée inoubliable et qu'elle sera à la hauteur de ce que vous êtes venus chercher ici... Alors... Hayden Lynch ?

Les noms se succédèrent ainsi de suite [ndlr : merci de vous référer à la liste donnée plus bas pour savoir l'ordre dans lequel vous rentrez dans la salle] jusqu'à ce que tout le monde soit placé. À l'intérieur, la décoration avait été allégée, rendue plus sobre et plus élégante. Un blanc immaculé, des touches de rose ici ou là, des petites bougies sur les tables, une ambiance calme et tamisée. On était loin des angelots et des cœurs à tout va qu'on avait l'habitude de croiser pour l'occasion ! Un menu était posé sur les tables, chacun pourrait choisir ce qui lui plairait le plus pour dîner, tandis qu'un cocktail rosé, qui ressemblait à une limonade colorée, remplissait des flûtes dignes des plus grands événements mondains. Ils avaient mis les petits plats dans les grands, il ne restait plus qu'à espérer que ça serait un écrin à la hauteur de la soirée qui se dessinait...

Explications

Alors, pour rappel, s'il n'y a pas de dress code ce soir, vous êtes invités à vous faire beaux ! Après tout, on ne rencontre pas l'amour de sa vie habillé comme un sac...

Vous pouvez répondre autant que vous voulez, dans l'ordre que vous voulez, souvenez-vous juste qu'il y a quand même les organisateurs et sûrement un ou deux profs là pour surveiller donc vous n'allez pas pouvoir boire tranquille ou faire n'importe quoi.

Si vous avez des questions, n'hésitez surtout pas et en attendant, passez une bonne soirée ! [ANIMATION] Rencontrez l'amour avec un grand A 2738742592

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Dîner aux chandelles
@Jin Kyung Seo

Une simple robe noire. L’élégance ne demandait pas beaucoup d’effort quand on était née dans l’opulence (ou plus exactement adoptée, mais les détails sémantiques importaient finalement peu), si bien qu’une simple robe noire lui avait suffi. Bluebell savait que le tissu ne valait rien, que l’allure ferait le tout. De fait, elle avait chargé Personne de lui trouver le vêtement le plus basique afin d’y glisser un corps qui en serait le véritable joyau. Et n’était-elle pas brillante, dans ce bustier noir près de ses formes, dans cette paire de gants en dentelles, dans ces babies vernies ? N’était-elle pas lumineuse, dans ce trait sarcelle qui étirait ses paupières en touche d’extravagance, dans ces cheveux soigneusement tirés en un chignon exemplaire ? Non, absolument pas. Bluebell était au contraire toute éteinte, recroquevillée dans un souvenir étiolé par la Pensine, ombre parmi les fantômes d’un instant passé. "Je sais bien qu’il n’y avait pas de bonne façon de dirrre au-rrrevoir, dans ces conditions.” La voix de Finnbjörn résonnait de la même façon que la précédente fois où elle avait consulté cette fiole, et celle d’avant aussi, et celle antérieure encore. Lorsqu’elle y avait plongé la toute première fois, il lui avait semblé affronter une illusion réussie d’un mirage douloureusement réaliste. Mais à force, elle en avait identifié chaque défaut - l’imprécision des mouvements de sa mâchoire, le flou bariolé des bourgeons du chêne au-dessus de lui, la tonalité toujours identique de mots désormais appris par cœur. “J’ai essayé de le faire tout de même” chuchota-t-elle ainsi en chœur. Bluebell leva le visage pour consulter la silhouette chimérique du Norvégien assis sur le banc au-dessus d’elle. Elle ne se serait jamais permise de s’installer à même le sol en étant ainsi parée pour les festivités qui l’attendaient - et quelles festivités ! Une vengeance tonitruante, une célébration périlleuse ! - mais dans la machination rouillée de la pensine, qu’avait-elle à craindre ? Elle savait que le gazon n’était pas réel. Elle savait que sa tenue ne risquait rien. Elle savait que Finnbjörn ne la voyait pas.

“Tu l’aurais détesté” décréta-t-elle alors dans un rictus amusé. “Excentrique. Immature. Sans aucun engagement politique.” Force était de constater que de son vivant, le Gryffondor n’aurait jamais supporté Willow. Mais de son mort, qu’avait-il à y redire ? Il se contentait de répéter, imperturbable, le même texte minutieusement déroulé. “Le travail que nous avons entamé collectivement est bien loin d’être terminé, et je crains bien que tu n’aies encore à supporrrter l’aurrra infecte des impurrrs un moment.” “Pour être tout à fait franche, je devrais le détester, moi aussi. Il m’agace tant ! A se montrer doux et prévenant la nuit, recueillant chacune de mes faiblesses pour finalement me les jeter à la figure le lendemain.” “Parrrdon pour ne pas avoirrr su t’offrirrr mieux avant de parrrtir.” Bluebell détacha son regard du visage inattentif du jeune homme pour consulter à son tour la demeure en face d’eux, sa résidence secondaire qui ressemblait davantage à une maison fantôme dans l’étirement du rêve. “C’est vrai que c’est un peu ta faute” fit-elle dans un haussement d’épaules en ramenant ses bras autour de ses jambes. “Je te faisais confiance. Aveuglément. Et tu as profité de mes yeux fermés pour partir à ton tour” reprit-elle si bas qu’on aurait pu ne pas l’entendre ; quoique, personne ne l’entendit réellement. La jeune fille esquissa un triste sourire avant de fermer les yeux, se berçant de cette voix dont les mots ne voulaient plus rien dire, mais dont la tonalité semblait lui caresser la peau. “Tu m’as laissé un si grand vide, toi qui cherchais pourtant un moyen de le combler” poursuivit-elle en serrant un peu plus ses lèvres au souvenir de sa lettre l’invitant à le rejoindre pour contempler les lucioles. “Alors oui, il est condamnable à bien des égards et je devrais le détester. Mais il est vivant, sauvage ; il brûle, il a cette force hargneuse qu’il me manque et il me retient du vertige tous les soirs, ses doigts dans les miens. Diable, il accapare chacune de mes pensées.” “J’ai lutté contrrre bien des ennemis, même invisibles, au cours de ma vie, mais ma proprrre naturrre est un opposant instable qui me dépasse de loin. Au fond, ce n’est pas grrrave.” “Je sais qu’il a menti, quand il a insinué que tu étais parti par ma faute” affirma-t-elle en hochant lentement la tête. “Je le sais, parce que tu m’as déjà tout dit. Et crois-moi, il me tarde de tout te révéler, moi aussi.” Bluebell posa son menton sur ses genoux avant d’incliner le visage pour observer le jeune homme poursuivre son monologue chronométré. Combien de fois avait-elle vainement espéré retenir ces secondes, quand en vérité, il lui suffisait au contraire d’attendre que le temps passe pour le retrouver ?

“Je choisis ma fin, et j’ose espérrrer que tu rrrespecterrras mon choix.” “Oui.” “J’ose espérrrer que ma prrrésence te manquerrra sans qu’elle ne te cause trrrop de peine.” “Oui” répéta-t-elle dans un murmure. “Et j’ose espérer qu’en retour, tu ne m’en voudras pas, pour tous mes mensonges, pour toutes mes décisions. Un jour, nous aurons une longue conversation, et je jure d’enfin tout t’expliquer, sans plus aucun compromis. Mais dans l’attente, s’il te plaît, ne me juge pas trop sévèrement. J’essaie seulement d’aller de l’avant comme tu me le demandes. A ma manière.” “Ne sois pas trrriste en te souvenant : j’ai passé des moments heurrreux durant mes années à Poudlard, et beaucoup à tes côtés. Ceux-là, je te les laisse. Prends en soin.” “Je prendrai toujours soin de ton souvenir” glissa-t-elle dans un faible sourire. Maxton le disait égoïste de lui avoir offert toutes ces fioles qui ravivaient sa mémoire, mais au contraire, Finnbjörn savait qu’elle n’aurait jamais tenu le choc sans ces accroches. Sa mort avait été abrupte et le retrouver dans cette pensine lui avait permis une transition presque douce ; il était partiellement là, plus aussi fier et indépendant qu’avant, mais toujours bienveillant et inspirant. En l’érigeant en gardienne de ses souvenirs, il lui avait accordé la possibilité de faire son deuil, précisément parce qu’il lui avait laissé des souvenirs à chérir. Rien que son souvenir. “Je parrrs serrrein, crrrois-le bien. Avec pourrr seul rrregret que cette rrroute-ci ne me conduise pas à tes côtés.” “N’aie crainte ; nous nous retrouverons, Finnbjörn. Ce n’est pas terminé.” Car même si sa présence s’effaçait en une absence toujours plus marquée, il continuait d’exister ; en elle, dans les tréfonds immuables d’une vie passée qui s’effrita pour retourner à sa vie présente. La salle-sur-demande était calme, les quelques miroirs survivants à son coup d’éclat ne reflétant que sa seule silhouette vêtue d’une simple robe noire. “Ça ne le sera jamais” marmonna-t-elle à son propre silence. Bluebell passa un doigt ganté sur ses pommettes, pour s’assurer que son maquillage n’avait pas coulé, pour vérifier qu’aucune larme ne s’était échappée. Puis elle se leva et quitta son palais des glaces sous le grincement du parquet pour rejoindre Maxton avant qu’ils ne soient en retard ; Personne se chargerait de déplacer la pensine et de protéger ce funeste et tendre souvenir.

Son jumeau l’attendait comme convenu dans le hall d’entrée, tout aussi élégamment vêtu. D’un autre côté, avait-il jamais été négligé ? Même l'indiscipline de sa chevelure épaisse avait quelque chose de charmant. Alors, naturellement, ainsi apprêté, Maxton était coquet. Le rictus désabusé avec lequel il l’accueillit n’entachait en rien cette noblesse innée. “Je sais” souffla-t-elle alors même qu’il n’avait pas prononcé le moindre mot. “Crois-moi, je partage ton entrain. Mais nous n’avons pas le choix. Nous n’avons jamais accepté aucune insulte, et il est hors de question que nous changions cette habitude à l’aube de notre départ.” Glissant un bras sous le sien, elle pencha le visage non sans laisser poindre une lueur de tendresse dans son regard contemplatif. “Et j'ajouterais que, comme tu l’as souligné à juste titre, nous avons mérité un peu de légèreté, très cher frère ; si bien que nous devons la retenir de nos propres mains si elle s’entête à nous échapper de la sorte.” Délicate façon d’admettre que Maxton devait rattraper le vulgaire plaisantin qui tentait de lui arracher sa paix, jolie manière d’entendre qu’elle planterait ses griffes dans la chaire de Willow si cela lui permettait de se l’approprier. En vérité, elle ignorait quelles étaient ses réelles intentions, ce soir. Voulait-elle seulement lui offrir un peu de cette inexplicable jalousie qui courait dans ses veines afin de ne pas cracher seule toute cette aigreur, ou espérait-elle au contraire ravaler toute cette bile pour s’offrir parfaitement indifférente à l’insolence du jeune homme ? Lui faire payer, ou régler définitivement la note ? Et pourquoi ne pas plutôt laisser cette dette impayée pour se délecter encore, inconsciente, du bonheur acide qu’il lui procurait, déchiré entre passion nocturne et haine diurne… Non ! Quelle absurdité. Elle s’était inscrite à ce stupide évènement par seule vengeance, en dignes représailles du préjudice subi de s’être ainsi faite rejeter quand elle lui avait tant, quand elle lui avait tout donné ; et nullement par espoir déraisonné de le pousser à la porte de son royaume, suppliant et penaud, pour l’y laisser à nouveau entrer et ainsi emplir de caresses ce vide bourdonnant qui sonnait plus fort encore que ses talons sur la pierre. “Bien” conclut-elle comme si elle ne venait pas de se perdre parmi l’imprécision de ses considérations, comme si elle ne revenait pas de la salle-sur-demande où elle avait pourtant admis tout ce qu’elle s’acharnait désormais à refouler. “Le peuple nous réclame.” C’était faux, bien entendu, rien de plus qu’une remarque sarcastique dans la mesure où personne ne les réclamait réellement, ces détestables jumeaux qui détruisaient tout ce à quoi ils tenaient ; mais enfin, ils étaient si beaux, ce soir, qu’un peu d’arrogance ne pouvait que seoir davantage leurs augustes carrures.

Mais comme elle l’avait confié, il accaparait chacune de ses pensées, ce bougre, ce scélérat, ce lâche. Si ses sentiments à son égard s’étaient suspendus lors de ses retrouvailles anachroniques avec Finnbjörn, à présent que l’air glacial de février courait sur son visage levé vers Pré-au-Lard où ils approchaient, drapés de leurs longs manteaux noirs comme la peste se serait avancée vers son prochain exutoire, il lui sembla que chaque foulée ravivait une tempête brûlante. Bluebell réajusta sa large capuche relevée pour protéger sa coiffure en s’efforçant de contenir dans le même temps cette rage furieuse qui battait de chagrin. Il s’agissait en réalité du point le plus pathétique de cette histoire ; ce n’était pas que de la colère d’avoir été bafouée, ce n’était pas que de l’emportement d’avoir été rejetée. C’était une véritable peine, baignant son amertume de relents douceâtres. Elle y avait cru. Alors qu’elle s’était juré de ne plus jamais accorder sa confiance, sachant d’expérience que chacun de ses relâchements finissait en une cuisante déception (personne ne maîtrisait rien dans un destin joué d’avance par des dieux sournois et vraisemblablement ennuyés au point de tout déchainer sur leurs âmes), elle avait cru en cette illusion. Misérable, elle avait accepté cet artifice quand lui-même lui avait annoncé combien il excellait dans les mensonges. Même avec sa petite pierre, elle avait décidé de le croire ! Elle s’était retenue à ses confidences, elle s’était blottie contre ses promesses. Une mascarade qu’elle avait sciemment choisie de conforter et qu’elle continuait d’ailleurs à entretenir d’une insidieuse façon en laissant toutes ses affaires en place parmi l’ordre de sa chambre, comme s’il n’avait jamais conquis tout son espace, comme s’il ne la possédait pas déjà entièrement. Tout cela pour se retrouver, par des températures négatives, à rejoindre un stupide village dans l’envie bornée de réparer ce qu’elle avait elle-même laissé se détruire : son honneur, sa fierté, au nom d’une affection qu’elle n’avait paradoxalement jamais admise et qui tordait désormais son ventre de dégoût. Le pire, parmi l’ensemble de pires, c’est qu’elle n’aurait jamais dû être si troublée en une nuit pareille. Maxton avait été présent pour le soir du bal de Noël, écho sordide d’un souvenir encore récent. Il lui incombait à son tour d’être à ses côtés pour ce soir tout aussi symbolique aux yeux de son frère, au lieu de quoi, elle s’était enchaînée à son même fardeau. C’était dangereux. Les jumeaux puisaient leur force dans leur équilibre ; l’un dément, l’autre assurée ; l’une fragile, l’autre décisif. En cette Saint Valentin, ils étaient tous les deux projetés dans leur plus sombre rancœur, et la seule culpabilité de ne pas être en état de veiller sur l’autre ne suffisait pas à éclairer leurs songes déjà portés sur ce qui se jouait de l’autre côté de leur égo dévasté.

Cette fête était aussi lamentable que prévu. La plèbe avait décoré son taudis dans l’espoir de réhausser sa médiocrité sans jamais rien connaître des fastes châtelains, conférant à l’ambiance une dissonance qui aurait sans doute été fort divertissante si elle n’était pas seulement déplorable, symbole d’un écart social creusant davantage le fossé entre les jumeaux et le reste de ce monde. “Pitoyable” crut-elle bon d’énoncer, comme si son regard désabusé n’était pas suffisamment éloquent. Bluebell roula des yeux avant de considérer les prunelles plus muettes de celles de son jumeau. Il ne s’agissait pas nécessairement d’un bon signe, au contraire - Maxton était certes réputé pour sa plus grande retenue, mais pas en sa présence. S’il faisait preuve de pudeur sous le bras de son alliée de toujours, c’était par nécessité de contrôler un sentiment qui pouvait lui échapper. Dans une moue empathique, Bluebell serra légèrement ses phalanges autour des muscles du Gryffondor avant de toiser à nouveau la salle autour d’eux. Elle n’y reconnaissait pas grand monde, justifiant aussi bien d’une solitude entretenue que d’une ponctualité louable. A moins qu’il n’y ait réellement que peu d’inscrits ? Ce ne fut qu’à cette considération que la Serpentard prit conscience de ce qu’impliquait dans les faits cette soirée ; un tête à tête miteux avec un partenaire imposé dans l’intimité éventré d’une salle trop petite… Et de fait, comme pour appuyer l’ampleur de cette affligeante situation, leur hôte leur justifia le déroulé d’un sourire qui lui fit monter la nausée. Que Diable faisait-elle là ? Il était encore temps de partir, après tout, rien ne la contraignait à… Willow. Ou Baby, peut-être ; qui qu’il soit, il était là, à présent. Elle reconnut tout, de sa chevelure criarde à sa carrure marquée parmi cette foule d'anonymes. Ses traits évidents. Ce masque indifférent qu’elle rencontrait par hasard dans les couloirs et qui, ce soir, brillait comme une armure d’argent dressé contre elle. Rien que contre elle. “Avant de vous laisser profiter de ce moment magique, j'espère de tout cœur que vous passerez une soirée inoubliable et qu'elle sera à la hauteur de ce que vous êtes venus chercher ici…” Y avait-il seulement des toilettes dans ce misérable pub ? Elle aurait pu courir y déverser son fiel, au lieu de quoi, la jeune fille mordit ses lèvres dans un goût âpre de sang. Un nouvel aphte brûlerait ses gencives mais qu’importe, pourvu qu’elle conserve cet air glacial en dépit des flammes qui tiraillaient son ventre. Maxton avait raison, dans le fond, le mépris serait la meilleure attaque - mais elle savait qu’elle aurait besoin de plus, infiniment plus pour exorciser cette pulsation de violence. “Appelle-moi au moindre inconvénient” sussurra-t-elle à son jumeau en se penchant à son oreille alors que la liste des invités leur était lue. “Je serai là pour toi.” “Bluebell Sherwin.” La Serpentard leva le visage comme si on venait de l'invoquer pour le champ de bataille et de fait, une guerre s’annonçait, sans le moindre espoir de drapeau blanc dans les mouvements noirs de son allure.

La table numéro quatre était somme toute aussi ringarde que ses voisines, de la décoration douteuse au jeune homme qui y prenait place. Bluebell le connaissait, oui ; de vue. Du reste, elle n’avait retenu ni son prénom qui avait pourtant été énoncé quelques secondes avant le sien, ni son allure, quelque peu tolérable du fait de sa tenue. Attention à ne pas s’y méprendre toutefois, l’habit était seulement imposé par les circonstances et ce garçon (raisonnablement trop jeune à son goût, dénotant une première erreur de ce soi-disant concept pour trouver son double - quoiqu’en vérité, la première erreur était de ne pas lui offrir un siège face à Willow malgré toute l’évidence de leur affinité, si tant est qu’il en restât une, ah ça oui, dans le fond, ils n’étaient pas plus que des adversaires désormais !) pouvait tout aussi bien être en réalité aussi pâle que son teint. C’était même fort à parier, si bien que Bluebell le jaugea un instant du regard avant de s’installer face à lui, retirant nonchalamment son manteau. Elle ne le gratifia que d’un sourire courtois, plus insultant encore que son indifférence au regard de l’hypocrisie évidente de ses traits, avant de tourner son visage vers l’entrée, à la recherche des deux seuls hommes qui lui importaient ; son frère, qui apparut sur les pas d’Ozdemir sous son ricanement acerbe face à tant d’ironie, puis Gillepsie… Aux côtés de la seule, de l’unique Agatha Kline. Oh, elle n’avait jamais eu l’honneur d’échanger avec cette garce, mais elle lui était déjà fort notoire, si notoire que sa mâchoire s’entrouvrit d’effarement. Alors quoi ? C’était elle, la promise de Willow ? Elle, qui avait déjà tout eu de lui, et qui revenait ce soir en conquérante légitime ? Mais était-elle seulement légitime, cette catin, cette gueuse, non, bien sûr que non, que savait-elle réellement de Willow, en dehors du goût de ses lèvres, de la chaleur de ses caresses ? Lui avait-il avoué les mêmes secrets, chuchoté les mêmes aveux ? Lui avait-il… “Enchantée, enfin, autant que l’on puisse l’être en ces méprisables conditions ; Bluebell Sherwin” fit-elle soudain en se tournant vers son partenaire de fortune, à la recherche d’une distraction pour ne surtout plus affronter ce vertige, ce dédain, cette déchirure. “Puisqu’il semblerait que nous soyons destinés à passer cette soirée ensemble, j’aimerais autant éviter toute futilité cordiale” reprit-elle dans une même cadence empressée avant d’attraper son verre. “Statut sanguin ?” s’enquit-elle ainsi sans la moindre formule avant de porter la boisson à ses lèvres. Sans alcool, naturellement. Une moue de déception tira la cérémonie de ses traits une seconde, une insidieuse seconde où tous ses pires sentiments semblèrent tirailler ses membres alors que le couple maudit prenait place presque en face d’elle, dans une diagonale parfaite, humiliante, à vomir. Il était beau, c’était un fait ; intolérablement beau, face à une roturière dont le sourire dégageait quelque chose d’insupportable. A moins qu’en vérité, tout soit particulièrement insupportable, ce soir ; du manque d’alcool au ridicule de la décoration, de la partenaire de Maxton à sa seule présence esseulée à cette table. Elle aurait eu envie de mettre le feu à cette salle pour asphyxier ce public, pour s’aphysixer elle-même ; pour couper le souffle au monde entier et ainsi précipiter la fin d’un début déjà condamné. Sa baguette cachée dans sa robe démangeait l’extrémité de ses doigts si joliment gantés. Non, ce n’était pas encore terminé. Mais cette fois, elle l’espérait plus que tout.

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**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

DINER AUX CHANDELLES
@Bella Summers

Comme pour beaucoup d’occasions dans sa vie, Charles se demanda comment il avait pu en arriver là. Quels évènements l’avaient donc poussé à nouer cette cravate autour de son cou, à enfiler ce pantalon en laine ? Clipsant l’insigne de préfet sur sa veste de blazer, qui appartenait en réalité à son père et qui constituait son unique élément un tant soi peu élégant de sa garde de robe peu habituée aux sorties, Charles obtint sa réponse sans pour autant en retirer satisfaction. Certes, son rôle impliquait de se mêler aux fêtes de cette école, ne serait-ce que pour surveiller les élèves à défaut de s’y divertir réellement et d’y faire connaissance avec ses congénères ; mais il ignorait avoir accepté une telle responsabilité en consentant à devenir préfet. Il esquissa une grimace à son reflet qui la lui rendit dans le même air désabusé d’être ainsi moqué avant de retourner vers son lit pour embrasser Gédeon. “Je tarderai pas” lui souffla-t-il comme si le chat était en capacité de lui répondre ou même de le réprimander au moindre retard. De fait, cette stupide réflexion ne servait qu’à se convaincre que tout irait bien, qu’il s’agirait seulement de se mêler à un évènement social le temps qu’il dure avant de s’extirper à nouveau de la foule, anonyme comme il y était entré. Heureusement qu’il y aurait Sidney. Cette pensée lui arracha un sourire fort moins acide que celui renvoyé par le miroir. C’était aussi pour cela qu’il s’était inscrit à cette fête, pour profiter d’un moment en dehors du château avec le jeune homme. Oh, il avait bien compris qu’il s’agissait de passer un rendez-vous avec la prétendue élue de son coeur, mais il prenait l’expérience à la légère, persuadé d’une part que la magie ne prévaudrait jamais sur la science bien plus rationnelle et tangible, et d’autre part que des sentiments ne pourraient guère être imposés par des facteurs extérieurs aussi subjectifs. C’était incohérent, comme exercice, mais soit - il ne serait jamais plus pénible que celui de poursuivre sa scolarité en pleine solitude, comme il l’avait déjà fait toutes ces années. Un bruissement de tissu dans son dos attira son attention. Il savait bien que son dortoir n’était pas, ou plus exactement, plus vide - il ne le savait même que trop bien, dérangé dans ses projets cinématographiques avec Sidney… Mais Baby n’était pas du genre bruyant, dans la mesure où leur rapport de colocataires était inexistant. Communiquant par notes interposées en cas de besoin, les deux jeunes hommes préféraient le silence le reste du temps, aussi bien par absence d’un sujet commun potentiellement pertinent que par volonté de ne plus s’intéresser à l’autre. Après tout, la dernière fois que Charles avait eu la lumineuse idée de prêter attention à son existence, Baby avait répondu avec suffisamment de verve pour ne surtout plus lui donner l’envie de le considérer à nouveau. Comme un chien, il mordait ; et comme un être humain doué d’instinct de survie, Charles n’avait certainement plus l’intention de risquer la moindre agression supplémentaire. Il se cachait en conséquence derrière des lettres à distance, derrière des livres en sa présence. Et si l’agitation dans son dos lui brûlait les oreilles, il s’efforça de ne surtout pas se retourner, préférant attarder son nez dans les poils de Gédeon. Il attendit que le silence retombe pour s’avancer comme une ombre vers la sortie. “Passe une belle soirée” risqua-t-il juste avant de disparaître dans le couloir. Vivre avec un bipolaire imprévisible était une crainte de plus dans son quotidien déjà menacé de toute part. Mais au moins, ce soir, Sidney l’attendait devant l’entrée de sa salle commune.

Il était ponctuel ; naturellement, toujours. “Salut” glissa-t-il dans un sourire en parvenant à sa hauteur. “Dis donc, quelle élégance” reprit-il en balayant la tenue du Serdaigle du regard, ses commissures s’étirant davantage d’espièglerie. “Ces dames n’auront d’yeux que pour toi !” Il se demandait sincèrement quelle serait sa pioche. Elle avait intérêt à être à la hauteur - il ne croyait résolument pas en cette méthode pseudo certifiée, mais il espérait tout de même que Sidney passe une bonne soirée. Seigneur, qu’il l’avait mérité ! Après tous ces récents évènements, parmi lesquels il incluait volontiers son propre comportement plus que questionnable, il avait droit à cette soirée de légèreté. Il avait droit à toute la tranquillité du monde, même ; mais commencer par un petit pub à Pré-au-Lard en était une bonne première étape. Charles s’attarda une seconde de trop dans son regard, juste pour le sonder un peu plus, ce cobalt où il se sentait chez lui ; juste pour lui faire lire toute cette félicité de l’avoir retrouvé comme avant. Le concept même d’avoir failli le perdre lui parut absurde à présent qu’il lui faisait face, qu’il ressentait à nouveau cette complicité derrière leur apparente timidité. Comment avait-il pu lui tourner le dos ? Tout cela pour une lettre qui ne le concernait pas, tout cela pour mieux esquiver une situation qui ne le regardait pas. Eléonore avait le droit de le détester et lui de l’apprécier. Et, persuadé que la Poufsouffle n’aurait rien à redire ni de leur complicité ni même de cette soirée (d’ailleurs Charles n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle avait prévu de faire mais quel problème ; elle était libre de ses nuits et il lui aurait paru même particulièrement étouffant de s’immiscer dans son intimité), il ne remit guère en cause cette soirée qui l’attendait lui et son camarade. “On y va ?” proposa-t-il finalement ; et sous, l’approbation de Sidney, les deux jeunes hommes prirent la direction du hall puis de Pré-au-Lard. L’hiver était féroce, mais Charles n’y prêta guère attention, omettant la peur de son colocataire, la vie d’Eléonore, le froid ravageur de l’extérieur ; occupé à jouer avec l’extrémité de ses gants enfoncés dans les poches de son manteau, le visage tourné vers celui de son camarade qui lui racontait sa journée, il lui parut s’échapper de ses pensées usuelles, si bien que le trajet jusqu’aux Trois Balais fut ridiculement bref. C’était en définitive ce qui lui avait le plus manqué, au-delà des sourires du Serdaigle ; sa maîtrise absurde du temps. Il savait accélérer le cours des choses, comme les suspendre en d’autres occasions. Une journée à échanger des notes allait vite. Un instant à échanger un regard complice, lentement. Comme s’il donnait à son quotidien morne une cadence plus marquée dans laquelle il avait enfin l’espace de s’exprimer. “T’as une idée de la personne sur qui tu vas tomber ?” demanda-t-il alors qu’ils franchissaient la porte du pub. Il y avait foule ; aussi bien des habitués des comptoirs que des élèves venus sur leur trente-et-un. Son ventre se serra une seconde à la vue de tous ces beaux corps alors que le sien flottait dans un accoutrement trop large. Mais la conversation avec Sidney se poursuivit et, en parfait maître de son temps, il lui permit d’oublier cet égarement dans un rire partagé.

L’hôte de la soirée émit un bref discours qui tira ses commissures de scepticisme. C’était audacieux, de considérer la compatibilité romantique sur des cases cochées, mais soit - il avait consenti à se prêter au jeu en remplissant ce formulaire et il était donc tenu, insigne brillante sur sa poitrine, de poursuivre selon les règles. C’est qu’on n’était pas tous des rebelles obstinés à flirter avec la désobéissance… La femme cita ensuite quelques prénoms plus ou moins familiers, laissant divers couples s’enfoncer dans la petite salle décorée pour l’occasion, sous le regard de plus en plus nerveux de Charles qui réalisait qu’il allait être en tête à tête avec une parfaite inconnue. Il était venu pour se divertir avec Sidney et représenter l’ordre - mais qu’allait-il dire à une jeune fille coincée à sa table ? Ses oreilles avaient rougi quand le nom de Sidney s’éleva. Il tourna son visage vers celui-ci, un sourire sur les lèvres, quand Noah fut appelé à son tour. Ses commissures s’abaissèrent presque aussitôt, comme se relâchant sous les lettres de ce second prénom. Noah ? Comme dans Noah, le Serdaigle hautain et sans chaleur qu’il connaissait ? Comme dans Noah, un autre garçon ?? Il voulut dire quelque chose à Sidney, vraiment. Au mieux, une blague pour détendre l’atmosphère qu’il sentait soudain appesantie, au pire, une réflexion sérieuse pour briser ce brutal silence. Mais rien ne sortit, du moins, pas à temps ; son ami rejoignit son partenaire, son partenaire sous ses yeux impuissants, le laissant soudain seul dans un vide assourdissant de pensées contradictoires. Il s’en fichait - il était contrarié. Il n’avait aucune attente pour cette soirée - il avait mille craintes. Il était là pour passer le temps - Sidney avait disparu de son champ de vision et il ne lui restait à nouveau que ce goût amer d’un ennui trop familier. “Charles Ehrlich” stipula après un temps qui lui parut infini la voix ronde de leur hôte. Charles se racla la gorge pour entrer à son tour dans cette salle beaucoup trop tamisée à son goût, suivant sans vraiment s’en rendre compte Bella qui finit par prendre place devant lui. Il s’aperçut surtout que Sidney n’était en fin de compte pas très loin, juste en diagonal, juste à côté de la table de Baby… Il était accompagné ; s’agissait-il de la petite amie qu’il avait évoquée ? Et pourquoi Sidney n’était pas avec une fille comme ça, bon Dieu, mais avec Noah ?? Un tintement de verre lui fit prendre à nouveau contact avec la réalité, à savoir qu’il était toujours debout à une table où l’attendait sa partenaire. Dans un soubresaut, il tourna son visage vers Bella. La Bella ! Alors, avec un certain décalage, il mesura l’ampleur de la situation. Non seulement Sidney était avec Noah, mais il était lui-même avec la fille qui lui plaisait ! … “B-bonsoir” bredouilla-t-il, rouge de gêne. Il s’assit un peu sèchement, les gestes brusques, avant d’attraper son verre de limonade pour se noyer dedans. Oh mais, bien sûr que la Poufsouffle était ravissante et qu’elle dégageait un certain charme… Mais il n’avait rien à faire là ! Sans s’expliquer où il aurait pu être à la place, puisqu’aucune chaise ne lui donnait envie à l’exception de celle de Sidney (sauf qu’on ne dînait pas avec son ami dans ce type de soirée, n’est-ce pas ?) Charles finit par émerger à nouveau de sa coupe pour se risquer à croiser le regard de la belle blonde. Elle avait vraiment quelque chose. Pas étonnant que Sidney la convoite ! “Euh, tout va bien pour toi ?” demanda-t-il alors pathétiquement, se sentant obligé de mener la conversation - pour l’insigne, pour ses yeux. C’est qu’elle avait vraiment de très jolies prunelles ; pas cobalt comme celles du Serdaigle derrière lui, plutôt marines. Un océan entier qu’il n’était pas certain de vouloir explorer…

code by EXORDIUM.

Rencontrez la déception avec un grand D

@Bluebell E. Sherwin
@Agatha Kline
@Zeynep J. Özdemir

Maxton avait essayé de dire à sa sœur par hiboux interposés que la st Valentin était devenu une date désagréable pour lui. Il avait sincèrement tenté et elle avait compris, dans une moindre mesure. Puis cet abruti de Gillespie avait vrillé et le plan avait changé.

Pourtant, il n’aurait pas dû être d’humeur si sombre. Un an s’était écoulé. Assez pour que la blessure d’ego infligée par Erin ne soit plus aussi douloureuse. Mais il restait les regrets et c’était sans doute le pire. Elle lui manquait. Pas au sens romantique du terme, mais comme amie. Elle avait été l’une des rares à l’être et il se sentait seul. Ironique pour quelqu’un qui appréciait tant la solitude. Cette fichue fête lui rappelait que c’était lui qui avait tout gâché et qu’il continuait de s’en vouloir pour cela. L’échéance lui murmurait qu’en plus d’avoir été un parfait crétin, il était surtout le dernier des faibles puisqu’il avait été contraint d’appeler sa sœur à la rescousse après avoir essayé de boire de l’Exmalum comme on aurait bu un soda. Tout avait été pathétique. Tout lui rappelait qu’il détestait cette partie de sa personnalité. Et plus il était nerveux, plus l’envie de trouver le moindre substitut pour ne pas penser était forte. S’il avait pu se frapper la tête contre les murs sans inquiéter Blue, sincèrement, il l’aurait fait. Et plus il réalisait cet état de fait, plus il avait envie de tout détruire, lui le premier. Voilà comment le soir de la fête, bien que tiré à quatre épingles alors qu’il lissait le col de sa chemise, ses nerfs menaçaient de lâcher sous l’effet de l’anxiété et de la colère de devoir s’infliger cela. Et à chaque seconde, la sensation d’étouffement montait, impitoyable. Cela ne s’arrangea pas alors qu’il retrouvait le hall et il pinça les lèvres, comme si les mots, ses maux allaient s’en échapper.

Si Blue n’avait pas eu besoin de lui à cet endroit précis, il aurait fui la difficulté. Il aurait choisi de ne pas se rendre à la soirée au dernier moment, en dépit de ce qu’il avait dit à sa sœur et il aurait pu se terrer avec bonheur avec un livre jusqu’à ce que son humeur s’adoucisse. Mais elle voulait s’y rendre, drapée dans sa dignité. Conquérante. Revancharde. Parfois, il regrettait qu’ils ne soient pas sur la même longueur d’onde en même temps. C’était une force pour leur duo, ils allaient rarement mal au même moment, si bien que le jumeau en position de force prenait le relai pour maintenir leur duo à flot. Mais ce soit, juste ce soir, il aurait aimé qu’elle retrouve sa léthargie de cet été et le laisse en paix. Il n’avait pas envie, pas l’énergie, pas l’humeur. Mais la vie était rarement bien faite.

Sa sœur le rejoignit dans le hall et il l’observa silencieusement. Elle était belle, comme toujours, mais ce soir, elle avait opté pour une tenue et un maquillage différents de l’accoutumée. Elle avait pensé son apparence comme une arme, pour qu’on la voie, qu’on la regrette. Tant d’efforts, pour un idiot. Tant d’efforts pour une relation purement physique. S’il avait été moins obnubilé par son avis d’être ailleurs, cet élément aurait déjà dû lui mettre la puce à l’oreille. Personne ne se vexait pour quelqu’un dont il se moquait. Il avait considéré que sa sœur était possessive sans chercher plus loin. Il aurait dû savoir en la découvrant qu’elle mettait trop de cœur pour un individu lambda. S’il avait compris cela immédiatement, il l’aurait empêchée d’y aller et serait allé chercher Gillespie par la peau du cou. Mais là, renfrogné, il se contenta de lui tendre le bras pour qu’elle puisse y glisser son bras. Elle royale, décréta qu’ils ne subiraient pas la moindre offense sans répliquer et il faillit rétorquer amèrement que c’était son honneur à elle qui était visé, que le sien s’accommoderait fort bien d’une absence teintée de mépris à cette horrible fête. Cela aurait été injuste, alors il se tut une nouvelle fois. Pas de remarque ironique ou d’arrogance pour ce soir, il était présent, c’était déjà un bel effort. Insensible à son silence – pourquoi l’aurait-elle été alors qu’elle faisait les questions et les réponses ? – elle continua sur cette histoire de légèreté. Il leva les yeux au ciel et soupira. S’il avait su qu’elle prendrait son conseil si au sérieux, il se serait abstenu. Il avait demandé de la légèreté, pas un mauvais roman pour adolescents. Mais là encore, il retint la remarque désobligeante qui lui brûlait les lèvres. Cela aurait été injuste. Il avait toujours été heureux qu’elle vive comme une adolescente, pourquoi ce soir aurait-il changé d’avis ? Une soirée de répit pour lui ne méritait pas qu’elle sacrifie des expériences de leur âge. Il pourrait être aigri demain. Après quelques secondes, elle ponctua son monologue d’un « Bien » décidé, comme s’il avait approuvé ses paroles alors qu’il n’avait pas desserré les dents avant de l’entraîner avec elle sans ménagement. Définitivement, pourquoi aurait-il eu besoin de parler quand elle n’avait pas la disponibilité d’esprit de l’écouter ? Ses sarcasmes étaient signes de bonne santé, son silence avec elle avait toujours été suspect. Mais accaparée par son drame, elle n’avait pas le temps pour les siens. Elle avait raison en un sens, lui, ses tourments appartenaient au passé, le pire était qu’il le savait. Mais une part de lui avait espéré qu’elle finisse par s’inquiéter de son mutisme et qu’elle lui demande s’il avait vraiment envie d’y aller. Heureusement qu’elle ne le fit pas, sinon, il aurait abandonné toutes ses résolutions pour lui quémander une soirée tous les deux au Balcon du monde. S’il ouvrait la bouche, il avait l’impression qu’il ne retiendrait pas sa mauvaise humeur, ni même ses peurs, celles qui se dessinaient en filigrane et qu’il faisait semblant avec application de ne pas voir.

Il acquiesça mollement à son pitoyable et releva ses yeux océan sur lui. Ses prunelles le balayèrent sérieusement pour la première fois de la soirée, comme si elle essayait de jauger l’ampleur de ce qu’elle n’avait pas voulu voir jusque là. Sa poigne se raffermit et il détourna légèrement le regard, faisant mine d’étudier le décor. Sentant les iris de sa sœur sur lui, insistantes, il déglutit et finit par lâcher.

- Pourquoi diable sommes-nous là ?

Sa voix avait toujours ses accents d’arrogance amusée que ne reflétait pas son visage. Si elle avait pu voir ses yeux, elle aurait compris que ce n’était pas une interrogation rhétorique pour se moquer de cette soirée, mais bien une plainte.

Il observa les gens présents, repérant la tignasse décolorée de cet imbécile de Gillespie. Il aurait dû le dépecer avant cette soirée. Si Bluebell n’avait pas tué cette Mina dans le train, il aurait eu un cadavre de marge. Là, c’était foutu. Un peu plus loin, ses yeux s’arrêtèrent sur une silhouette familière et il arqua un sourcil étonné. Agatha. Il ne s’attendait pas à la voir ici. Il pencha légèrement la tête dans un signe de salut quand leurs regards se croisèrent, lui adressant un léger sourire. Le premier de la soirée. Puis son attention se reporta sur Blue et il manqua de grimacer. Agatha. Blue. Willow. Tous au même endroit, tous avec des buts différents. Cela allait être un carnage. Il avait beau croire qu’Agatha n’en avait rien à faire de Willow au regard de leur conversation aux Trois Balais, sa sœur lui avait tellement martelé qu’il était bien un garçon et qu’il n’avait rien compris aux sous-entendus féminins limpides qu’elle avait donnés qu’il hésitait presque ce soir. Lors de la conversation, il avait lâché l’affaire de bonne grâce, acceptant de se faire tancer sur aveuglement – comme toute la gente masculine pour citer sa sœur – conscient que sa survie dépendait de sa capacité à faire amende honorable pour tous les hommes de la terre maintenant que Willow l’avait contrariée. Ce soir, il commençait à se dire que le risque faible qu’elle ait raison était déjà trop. Ce n’était pas son jour les St Valentin et autres cérémonies du genre. Avec la chance qu’il avait, ça allait finir en pugilat. Inconsciemment, il se redressa. Pas le temps pour les états d’âme, si ça devait mal tourner, il devait être en état d’aider sa sœur. Au même moment, elle fut appelée, lui promettant qu’elle serait là pour lui. Il la retint par le poignet avant qu’elle n’y aille, enfin décidé à parler

- Je serai là aussi.

Elle sembla rassurée l’espace d’une seconde, puis elle disparut. Il n’eut pas à attendre longtemps avant que son nom ne retentisse, suivi de celui de Zeynep Ozdemir. Putain de merde. Oui, il n’était pas si vulgaire d’habitude, mais là, ça le méritait. C’était un cauchemar, un enfer, son purgatoire personnel. Il allait cramer cet endroit, sérieusement. Quitte à vouloir un coup de foudre, tous ces gens méritaient de s’en prendre un vrai sur la tête. Du genre létal. La mort dans l’âme, il entra dans la salle, croisa le regard de sa sœur, mima un haut le cœur qui la fit presque rire et s’installa à sa table avec son affreuse partenaire d’un soir. En dehors du fait que c’était une vaste blague, les gens ne voyaient-ils pas qu’il avait l’âge d’être son baby-sitter ? Vraiment, il fallait que le reste de l’univers cesse de lui prêter des goûts répréhensibles comme sa sœur, les gosses … Il était nettement plus classique. Les filles de son âge et pas de sa famille, c’était une vraie bonne base.

Zeynep allait pour ouvrir la bouche et il lui lança un regard dédaigneux, précisant

- Le silence a du charme. Ou je peux te lancer un sort pour te faire taire aussi.

Elle sembla peser le pour et le contre, elle-même peu disposée à échanger avec lui. Cela lui laissa l’occasion de voir Willow entrer avec Agatha. Il soupira. Cela allait vraiment très mal finir. Il pouvait presque voir les éclairs dans les yeux de sa sœur. Evidemment, le calme ne dura qu’une seconde et Zeynep, bonne petite contestataire, décida de reprendre la parole malgré son avertissement. Elle aussi, il l’aurait bien tuée. Il n’y aurait même pas eu de famille pour la rechercher.

lumos maxima

Très sincèrement, Thomas n’avait aucune idée de la raison qui avait conduit à ce qu’il se retrouve inscrit à cette soirée organisée à Pré-au-Lard. Il était au courant qu’elle s’y tenait, oui, il avait surpris quelques-uns de ses camarades en parler à haute voix dans les couloirs, et aperçu les tracts sur le panneau d’affichage, mais l’idée d’y participer ne l’avait même pas effleuré. D’une certaine manière il restait fidèle à Michaela, bien que la peine se soit progressivement estompée avec les mois. On n’est pas très sérieux, quand on a quatorze ans. N’empêche que les souvenirs, eux, restaient bel et bien et que se mettre en quête d’amour – outre que l’idée n’était pas trop dans son tempérament – aurait certainement été une sorte d’affront à celle qui avait été, l’espace d’un été, sa petite amie.

D’un autre côté, en lisant et relisant cette invitation bizarre, Thomas comprenait bien que quelque chose était en train de se passer, qu’il y participe ou pas. En fait, il était certain que la fille avec qui il avait rendez-vous passerait une soirée un peu nulle, voire humiliante, si elle se retoruvait seule à sa table entouré de plein d’autres petits couples. Au moins pour la prévenir, et lui expliquer la situation, Thomas se sentait en devoir d’aller jeter un œil, quitte à filer aussi tôt.

Et puis… et puis il était un peu curieux aussi. C’était toujours intrigant, surtout à l’adolescence, de se faire diagnostiquer sa personnalité, on était toujours en quête de réponse, d’explications claires, alors si en plus l’animation promettait de vous trouver une âme sœur… au moins Thomas se disait-il qu’il pourrait peut-être s’en faire une amie. Et puis c’était l’occasion de se sociabiliser.

Thomas fut assez soulagé de voir le nombre de gens qui, excités, bavardaient avec agitation dans la rue. Il pouvait aisément se fondre dans cette foule où il repéra d’ailleurs quelques têtes qui lui étaient connues. Il était cependant venu seul et n’aperçut ni Azure ni Dmitri ni Zeynep, sans doute parce qu’ils étaient petits.
A vrai dire, parce qu’une fois de plus il ne s’était pas vraiment présenté en avance, Thomas n’eut pas beaucoup le temps de laisser traîner son regard qu’une adulte s’avançait vers eux, et entama de présenter les règles de l’animation.

Thomas avait conscience que tout ça n’était un peu qu’une grosse pub déguisée pour le magazine et lorsque la sorcière commença à annoncer les noms, il s’était remis à scruter la foule à la recherche des premiers appelés… et son cœur manqua un battement quand son nom sortit presque aussitôt.

Ah déjà ?? Et c’était qui l’autre ? Il n’avait pas fait attention. Presque honteux de se trouver là il fendit la foule curieuse alors que d’autres noms retentissait heureusement et fut presque tout de suite pris en charge par un autre sorcier qui lui indiqua une table sans trainer.

Thomas hésita quelques secondes avant de se rapprocher tandis qu’en face de lui s’installait… un garçon ?

Heu… il y avait une erreur là non ? Il chercha du regard le sorcier qui l’avait placé, s’attendant à ce que ce-dernier corrige le malentendu mais de rien du tout, il était trop occupé à installer les autres élèves qui se présentaient et Thomas prit place en rougissant.

- Salut, fut un peu tout ce qu’il trouva de plus malin à dire. « Heu, je pensais que c’était pour les rencontres amoureuses surtout, on a rempli le formulaire à ma place alors il y a peut-être une erreur. »

Franchement… ce n’était pas tant que l’idée d’envisager de sortir avec un garçon soit à ce point dérangeante, Thomas s’était déjà posé quelques questions sur sa sexualité, mais il n’était pas certain d’être prêt à assumer ses interrogations en public et surtout on ne l’avait pas du tout préparé à ça.

Celui qui se trouvait en face de lui était plus âgé et son visage évoquait vaguement quelque chose au lycanthrope. Il avait le vague souvenir de l’avoir déjà vu dans les parages de Michaela et ce souvenir raviva celui de la jeune fille, ce qui le fit secouer la tête et reprendre ses esprits. Il devait se montrer digne.

- Je suis Thomas Chastel, se présenta-t-il d’un ton plus sérieux. « En fait je ne cherche pas vraiment à me mettre en couple alors si tu veux on peut juste discuter ? Désolé si heu… tu espérais… »

@Hayden W. Lynch

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Happy Valentine's Day, Baby

Les jeux de l'amour et du hasard

C
omme je hais la Saint-Valentin. Oh, ça n’a pas toujours été le cas ! Avant, recevoir des poèmes niais et des compliments mal orthographiés dans mon casier me procurait un certain plaisir… Les cadeaux livrés par des oiseaux en papier enchantés, le parfum enivrant des lilas que l’on faisait pousser devant ma fenêtre, tout ça, chers lecteurs, c’était mon truc. Même les déclarations les plus ridicules des garçons un peu empotés, à qui je n’aurais jamais adressé un mot ou un regard, à part peut-être dans leurs rêves les plus fous… J’aimais être la reine. Et jouir des privilèges que ce statut que je m’étais moi-même accordé m’octroyait. Maintenant, la date fatidique du quatorze Février me rappelle simplement qu’il y a un an, j’ai ouvert la porte à l’être le plus abject ; que je lui ai donné mon cœur, et qu’en retour ce sale enfoiré m’a pris mon sang. Comme je voudrais revenir en arrière pour secouer la moi du passé, et lui dire qu’au lieu d’écouter les beaux discours de Chase Wilburn, elle ferait mieux de lui mettre directement un bon coup de pied directement dans l’entrejambe, voire de l’émasculer directement… Mais soit, puisque je me retrouve piégée dans cette réalité où il a fait de moi un vampire, alors célébrer l’amour, et combien il rend les gens stupides… ! Mesdames et messieurs, s’il vous plaît, une haie d’honneur pour Cupidon : grâce à lui, vous souffrirez tous, vous serez trahis, traités comme des moins que rien, et comme vous êtes aussi bêtes que masochistes, vous en redemanderez encore !

Malgré tout, je n’allais pas passer à côté de cet événement signé Sorcière Hebdo. Alors après une bonne heure et demie à me laver à l’huile de jasmin et à tresser minutieusement mes cheveux, me voilà face à ma garde à robe, laquelle m’offre un large choix pour faire tomber amoureux la moitié du reste de l’école. J’ai justement opté dans mon questionnaire pour un joueur de Quidditch pas très futé, alors si les rédactrices écoutent bien mes souhaits, je ne devrais pas être déçue… ! Peut-être ce type qui m’a accostée la dernière fois, au bal ? Ce profil fera parfaitement l’affaire, j’ai justement envie de m’amuser un peu ce soir. Après quelques hésitations, je finis par me décider sur la robe rouge, celle qui laisse apparaître ma poitrine dans une splendide encolure, et dont le bas recouvre élégamment mes jambes, comme le rideau d’un théâtre… Quelques perles à mon cou, d’autres pendantes à mes oreilles, et à l’aide d’un peu de fond de teint, je rehausse un peu mon teint cadavérique de vampire pour lui rendre sa couleur dorée d’origine. Une sucette au sang dans la bouche pour calmer mon appétit grandissant, j’achève de me maquiller, me donnant des airs d’actrice des années soixante… Et me voilà prête à aller en découdre, gonflée d’assurance.

Depuis des jours, nous n’avons que ce sujet à la bouche, en classe. Qui a répondu quoi à telle question, qui va se retrouver avec qui… Et sur le chemin pour se rendre à Pré-au-Lard, emmitouflée dans mon long manteau, veillant à ne pas souiller mes nouvelles bottines avec la terre humide qui recouvre le chemin, je ne laisse pas passer l’occasion de partager mes pronostics. « Pour toi chérie, vu tes réponses, tu risques d’être mise avec le préfet de Poufsouffle… » spéculé-je à voix haute, à l’adresse de l’une de mes camarades de Gryffondor. « D’accord, pas mal, c’est un 7/10, mais si tu veux mon avis, le côté coincé-intello, tout ça… ça risque de te barber un peu, je préfère te prévenir, ce type a un Nimbus là où je pense. Qui a envie d’avoir rencard avec quelqu’un qui va te rappeler pendant le dessert qu’il est interdit de se balader dans les couloirs après le couvre-feu, sérieux… ? » ajouté-je, sur le ton de la plaisanterie. Chacune tente de se remémorer tant bien que mal comment elle a rempli son questionnaire, expose ses craintes, ses doutes… Oh, la plupart veut se retrouver avec Mansfield ou Bradford. J’ai entendu une ou deux fois le nom de Gillespie, mais il a valu un sévère regard noir à la rouquine qui vient de le prononcer. Qu’elle recommence, celle-ci, et je raconte à tout le dortoir qu’elle a attrapé la dragoncelle. « Et pour toi… Oh, navrée mon chou, mais à ta place j’aurais jamais répondu ça à la question des chaussettes. C’est un coup à se retrouver avec l’enfant des rues qui assiste la garde-chasse. » lui lancé-je, avec une moue faussement désolée, tandis que les premières boutiques aux fenêtres éclairées commencent à apparaître dans la nuit. Nous accélérons la cadence, longeant Honeydukes, pressées de connaître le sort qui nous est réservé ce soir… Je dois l’admettre, je suis moi-même un peu excitée : quand bien même j’ai arrêté de croire en l’amour depuis longtemps, j’ai toujours foi en le destin.

Nous arrivons devant le salon de thé, et la porte s’ouvre, laissant apparaître une grande femme à l’allure très élégante. Je joins mes mains devant mes lèvres, l’écoutant religieusement… Mon horoscope du jour m’a bien stipulé en tant que Verseau de ne pas me précipiter, et de surtout savoir me faire désirer. Je me contente donc d’essayer de deviner comment est la salle à l’intérieur, à travers les fenêtres embuées… J’entends quelques noms, certains connus, et j’aperçois Maxton, dans le groupe : il me sourit, et je m’empresse de lui répondre par un clin d’œil un brin enjôleur. Est-ce avec lui que je pourrais me retrouver ce soir… ? Peut-être bien, après tout. Mais il est appelé avec une autre fille, dommage… J’entends Baby G. être appelé à la table neuf, et je me demandais justement avec quelle pouffe superficielle et détestable il allait tomber… avant d’entendre mon nom pour toute réponse, avec une ironie mordante. Je réprime un ricanement et m’avance à mon tour, ignorant les chuchotements sur notre passage… la plupart ignorent la relation fugace que nous avons entretenue, lui et moi. Prudemment, je m’avance entre les tables, délicatement décorées… Si la vie ne m’avait pas enseigné que l’amour était le plus grand fléau de ce monde, moi aussi j’aurais envie de le célébrer ce soir. Mais il semblerait qu’à la place de mon âme sœur, je sois plutôt amenée à revoir une figure de mon passé… « Baby G. » lancé-je, arrivée à son niveau, avant de tirer ma chaise vers moi pour m’y installer. C’est un genre de coup médiatique orchestré par son équipe de communication ? Je veux bien reconnaître que le destin est un peu taquin, mais là, la coïncidence est beaucoup trop grosse, même moi je n’y crois pas. Et pour tout avouer, tout ce cinéma me met un peu mal à l’aise. Les pétales de fleurs, les bougies… c’est trop. Sans attendre, je me saisis de l’un des menus, et commence à inspecter la carte, pour mieux dissimuler mon léger embarras. « Je suis extrêmement flattée que tu aies rempli ce questionnaire exprès pour qu’on se retrouve ensemble, mais je dois t’avouer que je me n’attendais pas à ça. » Et comment… ça fait des mois, qu’il me tire la tronche. Il n’est même pas venu quémander une danse au bal, alors que j’ai retiré mon haut exprès ! J’étais prête à jeter l’éponge, peu encline à m’acharner, surtout avec ses petits mots mesquins rédigés le soir du nouvel an, mais pourtant, nous nous retrouvons là tous les deux… « Alors, on est nostalgique finalement ? » Je me doutais qu’il mentait, à propos de Lydia, de ses prétendues coucheries dans le dortoir des filles… alors, c’est tout ce que c’était ? Une mascarade orchestrée pour qu’on se retrouve là tous les deux ? Je suis partagée, je n’arrive pas à savoir si je trouve ça pathétique, ou bien extrêmement ingénieux.

@Willow Gillespie

black pumpkin

POWER

Haley et la Saint Valentin, c’était une longue histoire de désintérêt. L’adolescente avait longtemps été mariée à ses devoirs, ne vivant cette festivité qu’au travers de ce qu’elle entendait dans les couloirs, tout en regardant ses camarades avec un regard qui sentait bon le vague mépris et les phrases rabâchées tant de fois par tant de personnes différentes ; une fête commerciale, rien de plus !
Mais à présent qu’elle s’intéressait à autre chose qu’à sa simple réussite scolaire – quand bien même celle-ci soit toujours si importante – et qu’elle découvrait tranquillement sa libido, l’on aurait pu attendre d’elle qu’elle se jette corps et âme dans cet évènement particulièrement propice... mais non. Elle n’en démordait pas et trouvait tout ça ridicule, et ce d’autant plus qu’elle n’avait d’yeux que pour Misha et qu’elle lui avait exprimé plus clairement qu’elle tenait à lui. Elle n’avait donc aucun intérêt à s’inscrire à la soirée de Sorcière Hebdo. Aucune si ce n’était la curiosité et la volonté d’y traîner son meilleur ami après en avoir discuté abondamment avec Rosalie. Le pauvre serpentard subissait les idées farfelues des deux jeunes filles. Pour Haley, c’était surtout l’occasion de sortir un peu de Poudlard et de dîner en laissant le hasard la placer avec quelqu’un d’autre... si elle tombait sur le Russe, alors le destin les avait réunis, et dans le cas contraire, il ne s’agissait que d’une absurdité sans autre base que la chance. Elle ne cherchait pas le grand amour, aussi y allait-elle l’esprit léger.

Elle avait rejoint son camarade de serpentard dans le hall de l’école. L’initiative n’était pas de lui, mais il avait finalement accepté de se prêter au jeu, sûrement pour que les deux filles finissent par le laisser terminer son devoir de potions en paix. « Ne t’inquiète pas, j’ai rempli ton formulaire avec grand sérieux ! S’il a été pensé avec ne serait-ce qu’un peu de sérieux, je suis sûre que tu seras en bonne compagnie. » La préfète avait passé un temps certain à réfléchir aux réponses qu’il valait le mieux donner pour lui ; elle ne l’imaginait pas avec une fille un peu superficielle et à l’air un peu bêta comme l’une de ces nouvelles élèves venues des Etats-Unis. En fin de compte, elle avait mis plus d’application à répondre à celui d'Artemis qu’à son propre formulaire.

Tout Poudlard, ou presque, semblait s’être donné rendez-vous à Pré-au-Lard pour l’occasion ; même des élèves très jeunes, pour qui le village était d’ordinaire prohibé, étaient présents. Chacun y allait de son commentaire, gloussant et riant en attendant que les portes s’ouvrent à eux. Une femme surgit enfin, annonçant le début de la soirée dans un grand sourire et à grand renfort de promesses que les organisateurs n’allaient sûrement pas pouvoir tenir. Tandis qu’Hayden était appelé, la poufsouffle se pencha vers son meilleur ami : « Bon, au moins, aucun de nous deux n’aura à supporter le beau-frère de Rosa. » Un peu plus loin, la jeune fille avait aperçu la svelte silhouette de Misha. Elle n’y allait pas spécialement dans l’idée de conter fleurette à quelqu’un, mais si elle pouvait se retrouver à la même table que lui, elle n’en serait pas fâchée.

Les noms continuaient à être égrenés, le groupe se clairsemant de plus en plus à mesure que les invités entraient rejoindre leur moitié d’un soir. Lorsque le nom du Russe fut enfin prononcé, la préfète ne put s’empêcher de retenir un peu sa respiration, espérant entendre le sien... mais ce fut celui d’une autre – Gwendolyn – qui résonna jusqu’à elle. Oh la... ! La mâchoire un peu serrée, Haley eut tout le mal du monde à ne pas laisser apparaître la colère que l’annonce avait provoquée. Elle n’écoutait plus que d’une oreille distraite la femme qui les convoquait un à un, si bien qu’une fois elle-même conviée à l’intérieur, elle n’avait pas la moindre idée de la personne qu’elle devait rejoindre. « Ah ! C’est pas trop tôt. À tout à l’heure, Arte. » Elle lui fit un clin d’œil et le quitta, pénétrant à son tour dans le salon de thé, où quelqu’un lui indiqua rapidement une table.

Elle ne connaissait pas bien le garçon qui y était déjà assis mais n’eut aucun mal à le reconnaître : c’était l’attrapeur de l’équipe de gryffondor. GÉ-NIAL. À croire que l’organisation de la soirée se faisait un plaisir de remuer le couteau dans la plaie. Il était un peu plus jeune qu’elle et correspondait finalement plutôt bien au joueur de quidditch un peu bête qu’évoquait le formulaire. « Bonjour. » Arrivée à son niveau, elle se força un peu à sourire, tirant sa chaise pour s’asseoir en face du jeune homme. La poufsouffle s’était revêtue d’une robe assez simple, mais élégante, d’un bleu sombre, assorti à ses yeux. Elle s’était un peu maquillée et sa longue chevelure blonde retombait sur ses épaules en ondulant légèrement. « Shayne, c’est ça ? » Elle se souvenait déjà de son prénom, c’était un bon début, non ? « Moi, c’est Haley. » Mais j’imagine que tu dois déjà le savoir... Elle avait dû faire des efforts pour ne pas prononcer ces derniers mots. Elle était une attrapeuse infiniment plus expérimentée que lui et la préfète de sa main, évidemment qu’il devait la connaître de nom !

@Artemis T. Lewison @Shayne T. Williams

Gwen & Misha

L'amour avec un grand A

Quand Gwendolyn avait rempli le questionnaire quelques semaines plus tôt, c’était sans trop se rendre compte de ce qui allait se passer par la suite. Et quand la lettre était arrivée en lui soulignant qu’elle avait un match parfait avec quelqu’un d’autre, elle avait hésité très longtemps à informer son petit ami qu’elle allait participer à un souper rencontre avec peut-être un inconnu sous la thématique de la Saint-Valentin. Bon, ce n’était pas comme un vrai rencard, non ? Après tout, un vrai rencard c’est quand les deux sont intéressées par cette rencontre à venir qu’ils savent à qu’ils ont affaires; pas à l’aveuglette, non ? Ça sonnait beaucoup plus comme un entretien d’embauche. Aurait-elle le poste en étant elle-même ? Et puis ce n’est pas comme si elle chercha d’ailleurs, ni même si elle avait forcément intérêt à changer, non ? Bon, ça lui changeait un peu d’avoir un petit ami, pour une fois. Mais si c’était l’amour avec un grand A… C’était finalement la curiosité qui lui avait donné des ailes. C’était peut-être une maladie en soit, ne diriez-vous pas ?

Alors, elle avait enfilée une tenue adaptée. Quelque chose de jolie : un haut rouge avec de très petite brettelle et un pantalon noir assez moulant. Des beaux grands anneaux sur ces jolies petite oreille et on remonte les cheveux avec quelques mèches de gauche et à droite, rien de trop compliquée, rien qui n’indique qu’elle ait passé des heures à se préparer. Le vrai amour devrait nous aimer même si on est tout émécher ? Aucune idée. Faut dire que Gwen ne s’aime pas avec les cheveux tout emmêlés, alors si quelqu’un pourrait l’aimer aussi comme cela, c’était que c’était vraiment le grand Amour, non ?

Déjà, il y avait quelques choses d’assez étranges à regarder les personnes en file. Des élèves de Poudlard pour certain, elle les observait de l’autre côté de la rue, le dos contre la surface en brique du bâtiment. Aie! Ce n’était pas Jasper qui venait juste de passer ? Ça n’allait pas devenir soudainement plus compliqué cette rencontre ? Déjà, ça ne lui faisait pas un petit quelque chose, ici, là dans sa poitrine de savoir qu’il y soit lui aussi. Peut-être, peut-être pas. Après tout, ce n’était pas comme si elle avait habituellement des sentiments pour les mecs avec qui elle se tenait ? Ou peut-être si, un peu, cette fois. Il lui faudrait composer avec tout cela, même si cela ne lui plaisait pas.

N’étant pas du genre à arriver en retard, Gwendolyn finit par arrêté de surveiller. Et puis, il y avait toujours ce doute, vous savez que ça soit Jasper assis à cette même table qu’elle. Est-ce que ça confirmerait ces petits papillons dans son ventre ? Elle retira son capuchon dans l’entrée, toqua ces bottes avant de suivre la dame qui tenait les cartons pour la mener jusqu’à sa table. Mais il était ou, son mec. Nulle part en vue… Elle retira son manteau avant d’attendre assise en sirotant sa tasse de thé, observatrice. Jasper passa à côté d’elle, et elle se raidit un instant avant de lui lancer une vague salut de ces yeux bleus. Elle leva un regard vers son camarade qui la rejoint néanmoins; avec l’ombre d’une curiosité dans son regard.

Salut!

Elle savait qui c’était déjà. Misha. Capitaine des Poufsouffle. Il était avec Hayley au bal cet hiver. Alors déjà, ça allait se coincer un peu, mais bon. Après tout, y’avait aucune obligation quelconque à être assise avec lui, non ?

@Jasper S. Bellingham @Misha A. Bradford

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

	Rencontrez l'amour avec un grand A
	Ft. @Haley M. Strauss @Moritz Lazarus
La Saint-Valentin, une fête qui ne m’avait jamais vraiment fait ni chaud ni froid. Non pas que je sois fermé à l’amour, mais j’avais souvent autre chose à penser entre les cours, les révisions, et cette année mes plans d’œil de rechange. Et, à priori, outre les élucubrations des festivités organisées chaque année pour cette fête, personne ne pensait particulièrement à moi non plus pour la mi-février. Enfin, je ne m’en plains pas, on me fiche la paix comme ça. Les seules qui, généralement, songeaient à moi à ce moment-là étaient Rosalie et Haley, évidemment, qui se retrouvaient souvent à être la seule raison pour laquelle je me retrouvais malgré tout fourré dans ces histoires. Et cette année n’échappait pas à la règle, avec Haley qui avait rempli dans mon dos le questionnaire qui avait été proposé par je ne sais quelle organisation prétendant pouvoir en déterminer notre âme sœur. Je m’en étais plaint, j’avais menacé de ne pas y foutre les pieds, mais l’insistance de deux personnes contre la mienne à moitié absorbée par un devoir de potions qui n’avançait guère l’avait emporté. Et me voilà à poireauter dans le hall de l’école, en chemise et gilet, avec un œil de verre. Je n’avais toujours pas particulièrement envie d’y aller, mais quitte à y être traîné de force, autant jouer un minimum le jeu. Qui sait, peut-être que ce n’était pas une vaste fumisterie. Trahissais-je un peu de curiosité pour le résultat du questionnaire malgré tout ? Peut-être bien. Et quand je fus rejoint par la préfète de Poufsouffle, cette dernière m’assura une nouvelle fois du sérieux avec lequel elle avait rempli le questionnaire en mon nom. C’était bien entendu la moindre des choses, quitte à me faire subir ça. « J’espère bien, je peux te garantir que selon avec qui je me retrouve, je fais demi-tour tout de suite. » Et elle m’en savait très bien capable, même si ça m’attirerait les foudres des deux conspiratrices qui m’avaient mis dans cette situation. La mise en garde étant donnée, nous pouvions nous diriger vers Pré-au-Lard, bras dessus, bras dessous. Le chemin vers le village était bien rempli de divers étudiants qui devaient se diriger au même endroit, à moins qu’ils ne profitent juste de la journée pour aller se dégourdir les jambes. Ma foi en l’humanité espérait que la seconde option soit prépondérante. Nous arrivions vite sur place, où la foule me confirma qu’une bonne partie des arpenteurs du chemin venaient s’agglutiner ici. Une cacophonie de rires et de commentaires moqueurs ou non s’élevait de la masse jusqu’à ce qu’une femme annonce le début de la soirée. Elle appela les couples qu’ils avaient créé, les uns après les autres. Certains noms nous faisaient réagir, comme celui d’Hayden. « C’est clair, j’imagine pas la gueule de la soirée de la personne qui doit le subir. » Autre réaction celle d’Haley au nom de Misha. Je ne m’étais pas insinué dans ce guêpier, mais ça m’avait effectivement semblé bizarre qu’elle participe à une histoire d’âme sœur alors que Misha était au centre de ses préoccupations. Peut-être les choses s’étaient-elles dégradées depuis l’incident du bal. « T’aurais peut-être dû l’inviter, plutôt que remplir ces questionnaires… » lâchais-je à mi-voix. Ca m’aurait évité d’avoir à venir. Vinrent enfin nos noms, Haley partant en premier. D’un geste de la main je répondais à son départ, ignorant royalement ce clin d’œil qui voulait dire "t’inquiètes, ça va bien se passer" – chose à laquelle je n’adhérais pas vraiment. Mon nom ne tarda pas à être appelé non plus avec celui d’un certain Moritz. Inconnu au bataillon, était-ce une bonne chose ou non ? On va vite le savoir. Je suivis les indications jusqu’à la table qui m’était assigné… Et me retrouvais face à un élève fraîchement arrivé à Poudlard, de Serdaigle si je ne me trompais pas sur où j’avais déjà vu cette tignasse rousse. Je ne pus retenir un soupir de lassitude. Qu’est-ce que t’as bien pu mettre dans ce satané questionnaire, Haley ? « ‘lut. » lançais-je en guise de salutation au gamin se trouvant en face de moi. Soit Haley avait fait n’importe quoi avec son questionnaire, soit leur algorithme était vraiment pas au point. Quoiqu’il en soit, j’allais faire bonne figure autant que possible, plus en tant que préfet s’occupant d’un nouvel arrivant que dans le cadre qu’était censé offrir cette soirée. Soirée qui promettait d’être longue. Très longue. « Moi c’est Artemis. Et toi Moritz, c’est ça ? Bienvenue à Poudlard. » et aux évènements un peu étranges organisés soit par l’école, soit par ses environs. Je ne savais même pas par où commencer une conversation avec un élève aussi jeune et même pas dans ma maison. En tout cas une chose est sûre, trouver l’âme sœur, c’est raté pour ce soir.

Code by Joy

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Bella s'y était attendu, elle savait que ça serait dur... mais le vivre était affreux. Oui bon, affreux était peut-être un mot un petit peu trop exagéré pour parler de l'hiver mais pour elle... si ! Bella avait passé toutes les vacances de Noël à Sydney avec son père, sa tante... et surtout sa plage et son soleil. Passer Noël sous trente degrés, les pieds dans le sable ou sur sa planche de surf et revenir deux semaines après, dans le froid polaire de l’Écosse, la neige et le ciel gris... c'était violent. Au moins, elle revenait avec un bronzage impeccable comme souvenir de ces super vacances.

Les cours avaient repris, ainsi que les entraînements de Quidditch, ce qui l'avait sortie de sa déprime d'hiver. Bien qu'ils aient perdu leur premier match de l'année mais elle gardait encore bon espoir pour les suivants. Elle se disait qu'il restait encore à peu près cinq mois avant qu'elle ne retourne définitivement en Australie et rien que ça suffisait à lui faire garder le moral. Les britanniques étaient sympas, elle ne disait pas le contraire, mais jamais elle ne pourrait s'adapter au climat. C'était un fait indéniable.

Alors pourquoi s'inscrire à une soirée pour trouver son âme sœur alors qu'elle ne comptait pas rester sur ce continent plus que nécessaire ? Et bien tout simplement parce qu'elle n'y croyait pas. Bella s'était inscrite par curiosité mais n'attendait absolument rien de cette soirée à part profiter d'un chouette dîner et faire connaissance (ou plus ample connaissance) avec quelqu'un. C'était amusant, voilà tout. Elle s'était renseignée sur Sorcière Hebdo qui avait sponsorisé l'évènement et il se trouvait qu'il s'agissait d'une feuille de chou qui rassemblait potins et ragots. Raison de plus pour ne pas prendre trop au sérieux ce qui allait se passer. Pourtant, elle n'avait entendu que ça dans les couloirs depuis que l'affiche et les questionnaires avaient été placardés sur le tableau d'affichage. Il y aurait des déceptions pour ceux qui y croiraient, c'était certain. C'était dommage d'avoir de faux espoirs, elle ne savait que trop bien que l'amour était bien plus complexe qu'un simple sortilège de probabilités basé sur un questionnaire douteux.

Pour autant, Bella s'était mise sur son trente et un. Autant faire honneur à la soirée et à la personne qui aura été désignée comme son "grand amour" potentiel. L'australienne avait choisi une robe qu'elle pensait être dans le thème même s'il n'y avait pas de dress code imposé. Une simple robe bustier rose, un chignon haut et de belles boucles d'oreilles feraient l'affaire. Par contre, elle allait devoir bien se couvrir étant donné qu'ils devaient se rendre à l'endroit à pieds. La soirée ne se passaient pas dans la Grande Salle mais à Pré-au-Lard, au salon de thé, plus exactement. C'est donc sous son chaud manteau noir et protégée de son écharpe que Bella avait fait le trajet en compagnie d'autres élèves.

La grande femme blonde qui les accueillit avec son sourire digne d'une publicité pour dentifrice semblait, quant à elle, tout à fait convaincue du bien fondé des résultats qu'ils avaient pu tirer des questionnaires. Bella sourit et se mordit la lèvre pour ne pas rire. Roxy ne s'était pas inscrite à la soirée mais elle l'entendait rigoler comme si elle était là. Les noms furent appelés un à un pour prendre place à l'intérieur du salon qui n'était pas très grand mais avait été redécoré très sobrement. L'ambiance était agréable, notamment grâce aux petites bougies sur les tables. Ils avaient tapé dans le romantisme, ce qui n'avait rien d'étonnant.

Quand son nom fut appelé, Bella se dirigea vers la table qui lui était désignée, à peu près au centre de la salle. Elle resta debout le temps de retirer son manteau et son écharpe. La salle était suffisamment chauffée pour être confortable simplement avec sa robe. Elle n'eut pas à attendre longtemps avant de découvrir qui serait son partenaire pour la soirée. Il s'agissait du préfet de Poufsouffle. Vu son statut, il était évident qu'elle le connaissait... de nom. Car elle n'avait jamais eu l'occasion d'échanger avec lui. Il était élégant, avec sa cravate et son blazer. En revanche, il semblait passablement nerveux et avait déjà le nez dans le cocktail rose qui était devant chaque assiette.

- Bonsoir. Lui répondit-elle avec un sourire qu'elle essayait d'être rassurant. Oui ça va... Euh... Charles. Reprit-elle. Détends-toi, t'as l'air stressé. Il ne faut pas prendre trop à cœur leurs pronostics, mais ça n'empêche pas de passer une bonne soirée, tu ne crois pas ? Et puis c'est l'occasion de faire connaissance. Je t'ai déjà croisé vu que t'es le Préfet de notre Maison mais c'est vrai qu'on n'a jamais vraiment eu le temps d'échanger. Alors profitons-en.

Sur ces paroles, elle prit son verre de limonade et le leva pour le cogner doucement contre le verre de Charles même s'il l'avait déjà entamé.

- À la Saint-Valentin !

@Charles T. Ehrlich

Dîner aux chandellesft. @Bluebell E. Sherwin

J'interroge du regard mon reflet que le miroir de ma chambre me renvoie. Habillé d'une simplement chemise blanche, donc je m'efforce de lisser les derniers plis, et d'un pantalon noir, je m'efforce de me demander ce que je suis entrain de faire. C'est une chose de se mêler aux autres, de se montrer et de participer aux soirées organisées par l'école mais pourquoi donc ai-je accepté d'aller à une soirée qui n'a strictement rien à voir et qui s'annonce ennuyeuse à mourir. Trouver l'amour… C'est ça oui. Ce n'est clairement pas dans mes plans et il faut dire que personne n'attire spécialement mon attention ici. En même temps, c’est compliqué de passer après ceux venant de son ancienne école et surtout (i]lui[/i]. Mon regard s’assombrit encore plus en pensant à ce dernier et d’un geste rageur, je termine de lisser ma chemise et attrape ma veste avant de claquer la porte derrière moi, un soupir aux lèvres. Ce type ne mérite pas que je pense ne serait-ce qu’une seconde à lui. Pas après ses mensonges.

Je rejoins Baby dans le hall du château. Nous avions convenu de nous rendre à la soirée organisée à Pré-au-Lard, ensemble. Après tout, il est celui qui m’a convaincu d’y participer. Ma curiosité me perdra un jour. Je n’aurai pas dû lui demander ce qu’il était entrain de compléter ce jour-là. Comme ça, je n’aurai pas eu à accepter sa proposition d’y aller avec lui pour s’amuser et profiter du moment. Rappelle-moi pourquoi je t’ai laissé m’embarquer à cette soirée ? Je lance en arrivant à sa hauteur, râleur. Peu importe, il allait devoir supporter le fait que cette soirée ne m’enchante guère. Pourtant je le suis sans traîner les pieds alors que le groupe, avec lequel nous sommes, sort du château afin de se diriger vers le lieu de la soirée. Les mains dans les poches, j’enfonce légèrement mon cou dans ma veste pour me protéger du froid de février. Je ne sais pas trop ce que les gens trouvent à la Saint Valentin. Je trouve cela d’un niais et le thème de la soirée encore plus. Sérieux, il y a vraiment des personnes qui croient que ce questionnaire stupide va leur faire trouver l’amour idéal ? J’espère que tu n’as pas mis de la merde dans le questionnaire. Je n’ai déjà rien compris à cette histoire de courgette dont Baby m’a parlé. Je déteste ce légume en plus. Pourtant, encore une fois je lui ai laissé la possibilité de le compléter pour moi, hochant la tête lentement à sa promesse de ne pas y mettre n’importe quoi.

Le petit groupe arrive devant le Salon de Thé de Madame Pieddodu et nous y pénétrons les uns après les autres, accueilli par une femme blonde, trop grande et trop souriante. C’est…Original. L’hôte tout comme la décoration du petit salon de thé. Non, c’est surtout horrible visuellement et l’envie de prendre mes jambes à mon cou me démange fortement. Je me fais violence pour ancrer mes pieds sur le sol et écouter à moitié ce que cette femme nous raconte. De toute façon je ne crois absolument pas à son délire et j’espère silencieusement que la personne avec qui je vais me retrouver ne soit pas ennuyante à mourir. Passer des heures à se regarder dans le blanc des yeux n’est pas spécialement une partie de plaisir. Est-il possible de quitter les lieux avant la fin de la soirée ?

Les bras croisés, j’observe les autres autour de moi alors que la grande blonde continue son blabla sans intérêt. Je repère un peu plus loin Dmitri aux côtés d’une fille que je reconnais avoir vu en cours mais dont le prénom ne me revient pas. De l’autre côté je repère cette fille dont le visage n’a pas quitté mes esprits depuis mon séjour à Paris. Agatha. Cette fille est, à la fois, fascinante et effrayante. Surement parce que je connais son secret et qu’elle en est bien consciente. Jin Kyung Seo. L’appel de mon nom me fait revenir au moment présent et c’est un peu perdu que je tente de me raccrocher à ce que je dois faire. L’hôte me présente une table de la main et je comprends que c’est ici que je dois m’asseoir, sans même avoir écouté le nom de la personne qui me servira de partenaire ce soir. Je n’ai cependant pas besoin de me le demander bien longtemps. La reine des glaces de Serpentard - ou tout simplement du château - s’installe face à moi d’une nonchalance royale. Bluebell Sherwin. Un sourire narquois se dessine sur mon visage alors que le sien, courtois mais insultant, me salue. Ha. Enfin quelqu’un d’intéressant en dehors de Baby et Dmitri. Adossé à ma chaise, j’observe son manège avant qu’elle ne reporte d’un coup son attention sur moi et me salue d’une façon peu ordinaire, accentuant mon sourire en coin. Je ne te le fais pas dire. Enchanté Bluebell. Jin Kyung Seo. Les présentations faites, la serpentard prend les reines de la discussion. Autant dire qu’elle est directe. Finalement, je ne vais peut-être pas m'ennuyer ce soir. Sang-Pur, bien évidemment. Et toi ? Je lâche l’information comme si c’était une évidence. Je suis le seul à savoir que ce n’est pas vrai mais cette vérité je ne la partagerai avec personne, pas même mon frère et ma soeur. C’est une de mes hontes les plus fortes mais qui ne pourra jamais changer. Vu que nous évitons toute futilité cordiale, que faisons-nous ? J’aimerai éviter de passer ces quelques heures à ne faire qu’observer la mièvrerie de cette soirée. A mon tour d’être direct et de dire clairement ce que je n’attend pas de cette soirée. Si au moins elle pouvait être divertissante à défaut d’être intelligente. La soirée bien sûr.

Dmitri n’avait pas imaginé se rendre à la soirée organisée par Sorcière Hebdo. Le simple nom du magazine suffisait à promettre un évènement ridicule et qui dépassait de loin les aspirations du garçon. Il ne cherchait pas à dîner aux chandelles avec une prétendue âme sœur, d’autant qu’il n’était pas idiot au point de croire que leur formulaire ait une réelle valeur. Il était bien placé pour le savoir, il l’avait rempli, quelques jours plus tôt, quoique ce ne fut pas en son nom. Pour ce qu’il s’en souvenait, la pertinence des questions était au niveau des probabilités que la personne pour qui il l’avait rempli se présente à l’évènement : ridicules.
Mais s’il s’avérait que le maître des potions ait décidé de se présenter au rendez-vous, il voulait bien revoir son jugement quant au reste.

C’était sans doute un peu de cette curiosité qui l’avait poussé à prendre la direction de Pré-au-Lard malgré tout. Quelqu’un l’y avait inscrit, comme lui-même l’avait fait pour son grand-oncle, et cette simple idée suffisait à l’attirer un peu vers la soirée de la Saint-Valentin. Il n’était pas plus désireux qu’avant de se trouver une promise, mais la tentation de l’inconnu avait fini par le convaincre d’y participer. Ça et savoir que beaucoup de ses camarades y allaient et qu’il n'avait pas trop envie d’être l’un des seuls à rester au château ce soir.

Et en voyant la foule qui s’amassait devant le salon de thé, il ne put s’empêcher de penser qu’il avait bien fait de s’y rendre, en fin de compte. L’aiglon se glissa dans le groupe d’adolescents pour s’approcher de l’entrée, se hissant sur la pointe des pieds pour apercevoir quelque chose. C’est qu’il n’était pas parmi les plus grands... au bout de quelques minutes, juste au moment où une femme vint les accueillir, il aperçut enfin la silhouette de quelqu’un qu’il connaissait. Le temps de se faufiler jusqu’à Thomas, celui-ci partait déjà, appelé par l’organisatrice. Tant pis.
Il n’eut pas réellement le temps de chercher d’autres connaissances que son tour était venu. Il s’était passé à peine deux minutes depuis le départ du cracmol.

À l’intérieur, un autre homme lui indiqua une table, pas très loin de celle de son camarade de plongée, et où une autre adolescente était déjà assise. Il l’a reconnu rapidement : sans qu’il ne sache trop pourquoi, Elinette avait toujours un peu fasciné Dmitri. Elle avait quelque chose de différent, qui la distinguait des autres filles de son âge... enfin depuis son incursion dans le lac avec le lycanthrope, il pensait saisir un peu mieux ce qui lui donnait cet effet. « Bonjour Elinette. » fit-il en approchant de la table, où elle avait à peine eu le temps de s’asseoir. Se pouvait-il que se soit elle qui ait rempli son formulaire ? Sans doute pas, elle ne lui avait pas donné l’impression d’être le genre de fille à faire ça, mais après tout, l’on ne connaissait jamais vraiment les gens. Et ça n’était pas comme s’ils étaient les plus proches camarades de l’école. Quoiqu’il en soit, il ne put s’empêcher d’être un peu soulagé en voyant celle avec qui il était censé partager sa soirée ; il aurait pu tomber sur bien pire. À sa gauche, le lycanthrope avait hérité de Hayden, un garçon plus âgé de sa maison, pas bien méchant mais pour qui l’aiglon nourrissait une petite rancune absurde depuis les derniers entraînements de quidditch, l’année dernière.

Le Tchèque tira sa chaise et prit finalement place face à la quatrième année, masquant mal la gêne qui commençait à monter en lui. « Désolé de poser la question si abruptement, mais... c’est toi qui a rempli le formulaire en mon nom ? » Il y avait peut-être plus élégant comme entrée en matière mais il n’était pas venu ici pour jouer les Don Juan, l’idée était d’ailleurs loin de lui effleurer l’esprit ; lui pensait à tout autre chose. Tant qu’il était trop jeune pour que ses parents commencent à envisager l’hypothèse de le caser avec une fille de bonne famille, il préférait se tenir à l’écart de ces choses-là.

@Elinette S. Rosier

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Je finis par refermer mon livre. De toutes façons, je n’arrivais pas à me concentrer. Cela devait faire dix fois que je relisais la même page. « La réussite d’un sortilège dépend de l’intonation de la voix autant que du geste de la main qui tient la baguette. Une diction claire et un geste maîtrisé ont parfois plus d’importance que la formule en elle-même. » Mes yeux parcouraient lignes sans lire les mots. Mon esprit ne s’interrogeait même pas sur la traduction des termes compliqués, mon dictionnaire était resté obstinément fermé. Pourtant, j’étais bien conscient de la nécessité de comprendre ce chapitre. Je savais pertinemment que la date du devoir approchait, que je n’avais pas d’autres choix que de comprendre ce que je lisais, de le retenir, de l’apprendre. Je m’étais mis au défi de bien réussir ce devoir, sans définir précisément ce que voulait dire ce « bien ». Je savais juste que je voulais pouvoir être fier d’annoncer ma note à Fergal. Pourtant, il ne me mettait pas la pression, il comprenait tout à fait mes difficultés et m’encourageaient à les dépasser sans me brusquer. Peut-être que c’était l’approche de mon anniversaire qui faisait que je voulais passer un cap, pouvoir me dire enfin que je m’intégrais à ce monde si différent de ce que j’avais connu. Mais aujourd’hui, j’étais tout entier absorbé par une autre forme d’intégration.
Je m’étais longtemps tenu éloigné des célébrations à l’école. Je n’avais rien fait à Halloween et m’étais contenté d’une brève apparition à la soirée de Noël. J’aimais bien les festivités pourtant mais j’avais eu trop peur de faire un faux-pas, d’être victime de mon incompréhension, de paraître étrange, d’entendre que je n’étais pas à ma place. Ça m’arrivait encore d’avoir honte de mon accent, de me sentir ridicule à chercher mes mots, de vouloir disparaître au milieu d’une conversation. Mais avec le temps, je prenais mes marques. Ce n’était pas évident mais je sentais que mes progrès ne se mesuraient plus seulement au nombre de mots que j’avais appris dans la semaine. Je ne pouvais pas dire que j’avais des amis mais je commençais à avoir la volonté de m’en faire ou déjà de rencontrer d’autres élèves. Alors quand j’avais vu le formulaire pour une soirée mi-février, j’avais longuement hésité mais j’avais sauté le pas de m’inscrire. Je n’avais pas tout de suite saisi l’objet de la soirée ni les questions du formulaire. J’avais parfois répondu au hasard ou éliminé les réponses que je ne comprenaient pas. Mais je m’étais inscrit et rien que ce petit fait était déjà un grand pas en avant.
Fergal m’avait expliqué le principe ensuite. Je ne cherchais pas un amoureux ou une amoureuse mais puisque Fergal me disait qu’on pouvait envoyer une carte à un ami je m’étais dit que ce n’était pas grave et j’avais soigneusement noté la définition d’un hippopotame. J’allais m’amuser, comme il me le souhaitait. Jour après jour, l’anxiété était cependant montée. Et actuellement, ma fébrilité se mesurait à mon incapacité à réviser, à cette petite voix insidieuse qui envisageait l’échec. Je tâchais de me répéter que tout se passerait bien, que je finirais la soirée avec un nouvel ami voire une amoureuse. Le hasard ferait bien les choses, c’était ça la magie.
Dans l’immédiat, cela ne servait à rien de s’acharner, de lever les yeux de mon manuel toutes les trente secondes pour constater que les aiguilles de l’horloge n’avait pas bougé – ou si peu. Mieux valait que je me prépare, que j’enfile ma plus belle chemise et un pantalon propre. Pré-au-Lard ne m’était pas inconnu, loin de là. J’identifiais même le salon de thé où se déroulait la soirée bien que je n’y sois jamais entré. La seule inconnue, et non des moindres, étaient les élèves qui seraient à cette soirée. Il y avait du monde sur le chemin mais personne de ma classe. Tous avaient l’air plus âgés, certains venaient en groupe, d’autres marchaient seuls. Visiblement, ils allaient tous au même endroit, nous serions nombreux.
Suivant le groupe, je franchis la porte du salon de thé. Mon coeur battait encore trop fort mais maintenant que j’étais là, que je voyais les autres, je commençais à envisager la soirée avec un peu plus de sérénité. De toute façon, je n’avais pas le temps de m’interroger ou de reculer, une femme blonde, beaucoup trop souriante, commença son discours, détaillant, pour ce que j’en comprenais, qu’ils avaient formé des couples selon les questionnaires et que tout irait bien.
Les noms s’enchaînaient et peu à peu les élèves se dirigeaient vers la table qui leur avait été attribué. Ce n’était peut-être qu’une impression mais certains visages ne semblaient pas ravis. Mon nom arriva enfin et je fus bien vite rejoint par un élève bien plus grand que je n’avais jamais vu. Je n’avais pas besoin de son soupir pour comprendre qu’il s’attendait à autre chose. S’il était vraiment venu chercher une amoureuse, je ne devais pas correspondre à ses critères.
« Oui c’est ça, merci »
Je ne savais pas quoi dire. Nous étions sans doute censés faire connaissance mais je n’allais pas demander s’il avait répondu « girafe » à la question sur les animaux et encore moins lui avouer que je n’aimais pas spécialement les girafes mais que c’était toujours mieux que les colibris et que je ne savais pas à l’époque ce qu’était un hippopotame ou un raton-laveur.
« On m’a dit que le questionnaire n’était pas fiable. »
Je ne savais pas bien pourquoi je lui disais cela, peut-être pour le rassurer, lui affirmer qu’il trouverait son amoureuse ailleurs et que cette soirée n’aurait pas d’autres incidences sur sa vie. Ou alors je me le disais à moi-même, parce que Artemis ne correspondait pas du tout à l’amour de ma vie – question que je ne me posais d’ailleurs pas – et même pas à l’idée que je me faisais d’une potentielle amitié. Il était presque adulte et je me sentais tout petit.

@Artemis T. Lewison

Happy Valentine's day...

Thomas & Hayden

Même si Hayden n’était pas particulièrement emballé à l’idée d’aller découvrir qui pouvait bien être son âme sœur, il se connaissait suffisamment pour être certain d’une chose : se terrer dans le dortoir ce soir serait une mauvaise idée. Ces derniers temps, il parvenait à repousser les idées noires, à se réadapter à un quotidien plus banal, luttant contre l’envie irrépressible qu’il avait depuis des mois, de fuir le monde pour se réfugier dans une grande solitude. Mais ce quatorze février faisait écho à la soirée de Saint-Valentin qu’il avait passée avec Michaela aux Trois-Balais, l’année passée… les photos qu’ils avaient prises ensemble dans le photomaton, avec des accessoires ridicules, étaient encore accrochées au-dessus de son lit. Comme elle semblait vivante, à grimacer ainsi devant l’objectif, riant aux éclats ! Et comme la réalité semblait acerbe et cruelle, en comparaison… Ressassant ses vieux souvenirs avec elle, Hayden avait senti le retour de la vague à l’âme qui l’avait déjà submergé au cours de l’automne. Combattre le tourbillon de noirceur au cœur duquel il s’était retrouvé piégé lui avait demandé un temps et une énergie considérable, et le travail n’était pas encore terminé… Mais il avait envie de nager vers la surface, de renouer avec ce qui faisait de son existence quelque chose d’agréable, autrefois. Alors, pour échapper à son mal-être… tous les prétextes étaient bons, pour le tirer de son isolement. Et avec l’aide bienvenue de Sidney, qui avait rempli son questionnaire pendant que lui s’occupait du sien, il se sentait prêt. A passer une bonne soirée, quelle que soit la personne avec laquelle il se retrouve… A parler de choses qui ne concernaient ni sa meilleure amie, ni la peine immense dont il peinait encore trop à se défaire, à renouer avec des sujets futiles et des préoccupations mineures. Et il s’y rendrait en tant que lui-même, sans usurper l’identité de qui que ce soit. L’effort valait la peine d’être notifié…

Alors, il s’était vêtu sobrement d’une chemise bleue charron à motifs et d’un jean, se donnant simplement la peine de prendre une bonne douche chaude et de peigner un peu ses cheveux – qui avaient décidément bien besoin d’une coupe. Sidney avait proposé qu’ils se rejoignent directement là-bas, puisqu’il s’y rendait avec Charles ; alors il avait fait le chemin avec Noah, qui semblait assez peu convaincu par cette histoire d’âme sœur, et de tests de compatibilité… Ils discutèrent sur le chemin les menant à Pré-au-Lard, observant les premières étoiles qui commençaient à apparaître dans le ciel. Les conversations étaient animées, chacun s’interrogeait sur qui serait le mystérieux partenaire avec lequel il serait amené à passer une soirée entière… Hayden tendait parfois l’oreille, un léger sourire flottant sur ses lèvres tandis que son regard se perdait parfois sur la cime des pins de la forêt interdite au loin, disparaissant progressivement dans la pénombre de la nuit. Il se dit que le destin, ironique, pourrait bien l’avoir mis avec Haley… Après tout, il ignorait ce que Sidney pouvait bien avoir répondu à sa place, il verrait bien. Ces derniers temps, ses interactions avec les autres n’avaient pas été bien nombreuses : trop focalisé sur sa propre tristesse, le fossé qui existait entre lui et ses camarades s’était creusé au point que certains lui soient devenus complètement étrangers. Jouer le jeu de cette soirée, c’était tisser un lien, malgré la distance qui s’était créée au fil des mois… Ils dépassèrent les premières maisons du village, au moment où les dernières boutiques encore ouvertes tiraient leur révérence. Et une fois arrivés devant le salon de thé de Madame Pieddodu, ce fut une sorcière à l’allure bien atypique qui sortit de l’établissement pour les accueillir…

Adressant un signe à Sidney qui se trouvait un peu plus loin, Hayden n’écouta que d’une oreille le laïus de la journaliste, convaincu que ce test visant à unir deux âmes n’avait pas plus de fondement scientifique que leurs cours de divination. Mais avant qu’il n’ait le temps de regretter, il était déjà le premier appelé… Embarrassé d’attirer les regards curieux sur lui alors qu’il aurait volontiers aspiré à un peu plus de discrétion, il ne se fit pas prier et pénétra dans le salon avec une certaine appréhension. On ne pouvait reprocher à la décoration de ne pas être particulièrement travaillée… Tout ce côté kitsch, ces pétales de roses, ces petites fioritures ridicules n’étaient pas sans lui rappeler cette soirée qu’il avait passée avec Michaela, et il ressentit un petit pincement au cœur en y repensant… Mais il finit par trouver sa table, et s’y assis, attendant d’être rejoint. Un peu nerveux, il consulta le menu, pour passer le temps, et fut surpris en relevant les yeux de constater qu’il ne serait pas rejoint par une fille, mais bien par un garçon. Un brin plus jeune que lui. Et surtout… qu’il s’agissait de Thomas, l’ex petit-ami de Michaela. Comme le sort était tristement sarcastique… Et quelle que soit la nature de cette plaisanterie, il n’était pas certain de la trouver à son goût. Soupirant, Hayden se força à faire bonne figure, à avoir l’air "aimable", autant qu’il le put. Aussi, il tendit une main en direction de son partenaire pour la soirée. « Salut, Thomas. Je suis Hayden. » Et on s’est déjà vus, se retint-il de rajouter, faisant toutefois le choix de ne pas évoquer les funérailles de sa meilleure amie. Il savait parfaitement qui il était. Évidemment, ça n’était rien de plus qu’une maladresse de la part des chroniqueuses du magazine… Mais il n’empêchait qu’avec la petite flamme dansant sur les bougies, la lumière tamisée, l’intimité de leur table et l’ambiance romantique de la soirée, tout cela le mettait bien mal à l’aise. Retenant un ricanement teinté d’un profond embarras lorsque le jeune garçon affirma ne pas être venu dans l’idée d’être mis en couple, Hayden s’efforça de clarifier un peu ses intentions, sans ne laisser entrevoir ni son exaspération, ni sa tristesse. « Euh… t’inquiète, c’était pas mon intention non plus. J’avais juste… pas envie de passer la soirée seul. » avoua-t-il, avec une gêne palpable. Et il n’avait pas envie de s’attarder sur ce sujet… Restait à espérer que le reste de la soirée se passerait un peu plus normalement. « Ça me va, de discuter. Qui est-ce qui a rempli ton formulaire, si tu t’es pas inscrit… ? » finit-il par demander, tentant à tout prix de détacher l’image de sa meilleure amie, planant autour de son interlocuteur comme un fantôme qui le hantait.

@Thomas Chastel

rainmaker

Rencontrez l'amour
mais il a oublié de se pointer

ft. @Charles T. Ehrlich, @Hayden W. Lynch, @Noah A. Wood & Sidney Driscoll

Je mets correctement le col de ma chemise et le cale correctement contre celui de mon pull. C'était une vieille robe mille fois trop grande que j'ai transformée durant les vacances, pour noyer la solitude... mais je suis content, parce que les carrés de fil doré brodés sur cette espèce d'organza noir de mauvaise qualité rendent quand même pas trop mal. Et puis au moins, ça casse un peu l'uniformité du reste de ma tenue, clairement plus digne d'un enterrement que d'une Saint-Valentin. Mais en même temps, ça reste une valeur sûre, le noir... quelque chose d'à peu près classe sans attirer les regards. Alors tant pis pour la pauvre fille que devra supporter mon allure de croque-mort ce soir... au moins, j'ai fait l'effort de mettre vaguement de la couleur. Enfin... pour un peu que le doré soit une vraie couleur. Je sais pas trop... Je boutonne le premier bouton... le déboutonne dans la foulée... Mon reflet a l'air aussi hésitant que moi, ce qui m'aide pas à trancher. Finalement, je le laisse comme ça. Avec le col en V de mon pull, ça fait un peu débile coincé quand c'est fermé jusqu'en haut... Même si, en soi, ce serait juste rétablir la vérité... Enfin bref. Peu importe. Je passe un coup de peigne qui change pas grand chose au carnage habituel de mes cheveux et enfile rapidement mes chaussures et mon blouson avant de filer. Je grimpe rapidement les marches qui montent aux dortoirs des plus vieux, non sans rougir bêtement en repensant à la dernière fois où je les ai empruntées, puis toque à la porte de celui des sixième. J'attends sagement qu'on me donne l'autorisation d'entrer et me contente de passer la tête à l'intérieur.

— Je vais rejoindre Charles, je rappelle à Hayden dans un sourire aussi pressé qu'enthousiaste, mais on se retrouve là-bas, hein ?

Je sais que ça aurait été logique qu'on y aille ensemble parce qu'on a fait ces questionnaires pourris ensemble et qu'il avait dit qu'il voulait pas être tout seul ce soir... mais quand Charles m'a proposé de faire le chemin avec lui... Peut-être que j'aurais pas dû, sûrement même, mais... j'ai tellement l'impression que ça fait une éternité qu'on a pas fait un « vrai » truc ensemble que j'ai pas réussi à dire non... j'ai même pas essayé, en réalité. Mon regard se fait plus insistant :

— On se retrouve vraiment là-bas... hein...? Je t'y attends.

J'essaye de le motiver comme je peux même si j'ai clairement l'impression de l'abandonner... et que je sais que c'est pas vraiment une impression. Je suis le pire ami du monde, ce soir. Et même si je m'en veux un peu, je me dis que j'ai le droit – pour une fois – de faire passer mes envies perso avant les besoins du reste du monde. Et j'ai envie de faire le trajet avec le Poufsouffle. ...alors tant pis. Un geste de la main, un « à tout à l'heure » qui, j'espère, achèvera de le convaincre de pas rester planqué dans son dortoir, et je disparais littéralement dans les escaliers. J'ai hâte. Est-ce que ça craint alors qu'on s'écrit à nouveau en permanence et qu'on s'est vus le week-end dernier ? Franchement, oui, peut-être un peu. Mais je m'en fiche. C'est qu'on a quasi deux mois à rattraper, mine de rien ! Alors c'est presque si je ne vole pas au-dessus des escaliers tellement je me dépêche, au cas où il aurait la brillante idée d'être un peu en avance. Mais quand j'arrive devant Poufsouffle, personne. Je suis presque un peu déçu. ...mais la déception est de courte durée puisque la porte de la salle commune des jaunes s'ouvre pile à l'heure prévue. Je me redresse, bêtement, et affiche un sourire si grand que mes joues sont douloureuses.

— Salut.
— Salut, je répète sans vraiment m'en rendre compte, trop occupé à être heureux de le retrouver.

Ça me rappelle un peu le bal de Noël de l'année dernière... à la différence près que c'était lui qui était venu me chercher. Sauf qu'il n'y a pas la même appréhension. J'ai pas l'impression de faire une bêtise en allant avec lui jusqu'à Pré-au-Lard ou en risquant de croiser du monde en sa compagnie. Presque au contraire. Je veux bien que le monde entier réalise qu'on est amis ! Son regard abandonne le mien pour s'attarder sur ma tenue. C'est comme des milliers de petites aiguilles qui me picotent au fur et à mesure qu'il glisse sur mes vêtements. C'est pas désagréable du tout juste... perturbant. J'ai l'impression d'être à la fois au sommet de la vulnérabilité et en même temps absolument invincible. ...ce qui ne m'empêche pas de rougir bêtement pour autant.

— Dis donc, quelle élégance.

Je me sens mes joues s'enflammer de plus belle alors que je détourne les yeux, aussi gêné que ravi. Je sais que c'est pas sérieux, ni franchement objectif, à peine le genre de trucs qu'on balance par politesse quand on se retrouve mais... quand même... Il était pas obligé.

— Je peux te retourner le compliment !

Et ça aurait pu en rester là mais Charles rajoute malgré tout :

— Ces dames n’auront d’yeux que pour toi !

Un gloussement plus nerveux que je l'aurais voulu passe mes lèvres alors que je secoue la tête, mal à l'aise. Est-ce que ne rien dire c'est comme mentir...? Je sais pas. Mais sûrement que je devrais lui en parler, mine de rien... surtout avec tout ce qu'on prévoit... J'ai pas envie qu'il s'imagine des trucs ou qu'il aille croire que j'ai rien dit exprès pour qu'il accepte... enfin... c'est pas non plus comme si j'avais proposé quoi que ce soit, c'est son idée, pas la mienne... mais je suis pas certain qu'il l'aurait eue s'il savait que... Un poids tombe lourdement dans mon estomac. Quand je relève les yeux, les siens m'attendent, toujours avec ce quelque chose de rassurant qui me fait me sentir bien. Peut-être que ce serait le bon moment, non...? Balancer un « je préférerais que ce soit leurs cavaliers » sur le ton de la conversation, comme si ça ne risquait pas de remettre notre amitié dans le mal ou de faire exploser tous nos plans... juste parce que j'ai envie de lui faire confiance, même si je sais d'expérience que c'est pas le meilleur plan. Mon aveu me brûle la langue mais, avant que j'ai trouvé le courage de dire quoi que ce soit, il décide qu'il est temps de bouger.

— On y va ?

Je hoche la tête, à la fois soulagé et coupable. Ce sera pour une autre fois... sûrement... Et puis, il y a un monde dans lequel il est au courant, de toute façon. J'en parlais à Harriet... alors qui sait s'il ne l'a pas lu, ça aussi ? J'arrive pas à m'empêcher de me dire que ça aurait été forcément différent, si c'était le cas... mais bon... C'est pas très important. On y va, donc. J'enfouis tout ça aussi profondément que possible et le suis dans les escaliers, parlant de tout et de rien comme on a pu le faire autour du lac. J'aime bien ces moments-là, un peu hors du temps, où le monde pourrait s'arrêter de tourner qu'on le remarquerait peut-être même pas. En tout cas, moi, je sais que je le remarquerais pas. Finalement, le village se dessine plus vite que prévu. J'ai pas très envie d'y aller, à cette soirée, autant être honnête. Enfin, si... je voulais y aller, mais au sens le plus littéral du terme – je voulais faire le trajet jusqu'à cette soirée – mais je veux pas franchement y participer. On peut pas plutôt aller prendre un chocolat chaud aux Trois Balais en attendant qu'ils aient fini, les autres ? Mais j'imagine que lui à envie d'y aller, sinon, il se serait pas imposé ça...

— T’as une idée de la personne sur qui tu vas tomber ?
— Absolument aucune, j'avoue en haussant les épaules dans un rire étouffé, c'est même pas moi qui ai rempli mon questionnaire en vrai, c'est Hayden... ça te dérange si on essaye de le trouver, d'ailleurs ? J'ai promis qu'on se rejoindrait sur place.

J'ai pas envie qu'il pense que je l'oublie alors que c'est pas vrai. En vrai, je trouverais ça drôle de tomber sur lui. Pas pour le côté « âme soeur » mais parce que quitte à avoir commencé cette bêtise tous les deux, ça serait sympa de la terminer de la même manière.

— Et toi ? Tu vas finir avec ta copine, tu penses ?

Ta copine... je crois qu'elle n'a jamais vraiment eu de prénom depuis qu'elle a foutu la merde. Comme si toute son existence se limitait au lien qu'ils avaient tous les deux... Et encore, on aborde jamais le sujet, on parle jamais d'elle. Heureusement, d'un côté, parce que je me rends bien compte qu'à chaque fois que je le dis ou que je l'écris, ça sonne presque comme une insulte... Après, objectivement, elle mérite pas beaucoup mieux. J'avais rien contre elle, hein, vraiment, je trouvais juste que nos caractères matchaient pas trop et j'avais pas envie d'apprendre à la connaître plus que ça... Mais maintenant, je crois que c'est la seule personne de cette école que je déteste vraiment. Il faut être honnête, il mérite mieux qu'une meuf toxique dans son genre, prête à lui faire couper les ponts avec ses amis juste parce qu'elle les apprécie pas. Qui fait ça, franchement ?! Faut avoir un sacré problème ! Mais bon, ça me regarde pas, alors... Au lieu de continuer à rager sur sa présence forcée dans ma vie, je cherche bêtement Hayden des yeux. J'espère qu'il est vraiment là, quand même... Mais j'ai pas le temps de chercher très longtemps qu'une dame blonde se plante devant nous avec un sourire trop grand pour être honnête et commence à nous expliquer comment ça va se passer. Je décroche rapidement et reprends mon exploration. Finalement, il est là, un peu plus loin, à côté de Noah. Je réponds à son signe par un identique et lâche un « bon courage avec l'amour de ta vie » aussi silencieux que gentiment taquin, sans être certain qu'on se connaisse assez pour qu'il puisse lire si facilement que ça sur mes lèvres. Probablement pas. C'est pas si grave. Il est le premier appelé et j'avoue que j'ai un peu de peine pour lui. J'aimerais pas être à sa place, là, être l'objet de l'attention de tout le monde... Il rentre rapidement à l'intérieur et, dans ma poche, je croise les doigts pour qu'il tombe avec quelqu'un de bien. Il mérite de passer la meilleure soirée de sa vie... Et, honnêtement, je tombe de haut quand c'est Thomas Chastel qu'on appelle après lui.

— Oh non, je hoquette à voix basse alors que je le regarde disparaître à son tour, c'est le pire truc possible...

Parce que si Thomas, pour la seule fois où on s'est vraiment parlé, avait l'air d'un garçon très gentil... son nom a surtout beaucoup circulé dans les couloirs à la rentrée pour avoir été le petit-ami de la Gryffondor retrouvée dans le train... cette même Gryffondor qui était la meilleure amie d'Hayden... Il devait penser à autre chose, ce soir, pas se prendre en pleine tronche les souvenirs de sa pote disparue, là ! Et dire que c'est à cause de moi qu'il en est là. J'aurais dû répondre autre chose, je sais pas, ou alors le laisser répondre tout seul. Il doit me haïr à cet instant précis. Mon épaule s'appuie à peine contre celle de Charles, toujours à côté de moi, comme à la recherche d'un réconfort qui devrait lui être destiné à lui, et pas à moi. Parce que c'est pas moi qui vais devoir ressasser plein de trucs alors que ça va déjà pas fort, juste pour une soirée grave naze ! Je sais pas si on a le droit mais je suis à deux doigts de proposer à mon ami d'aller le chercher et de l'emmener passer la soirée loin de ce salon de thé moisi ! J'essaye de capter son regard, je prie presque pour réussir à lui faire comprendre ce qui sonne comme un plan de sauvetage mais avant que ça arrive, c'est mon nom qui est appelé. Je sursaute bêtement. Durant une seconde, rien qu'une, l'espoir que Charles soit appelé après moi est si violent, si brûlant, qu'il me laisse un peu sonné. Je me raccroche à l'idée que ce soit pour pouvoir garder un œil sur mon coéquipier, tous les deux, et parler de son évasion sans que ça paraisse trop suspect... mais la déception est trop immense quand le nom de Noah remplace le sien pour que ça soit crédible. Mais, après, y'a rien de surprenant... je vais me retrouver face à un gars que je connais à peine, bien sûr que j'aurais préféré passer la soirée avec Charles. Ça aurait été l'assurance d'une bonne soirée ! Enfin... je crois... Dans son regard, il y a quelque chose qui me dérange, quelque chose qui me noue littéralement la gorge et qui m'empêche de dire quoi que ce soit avant de partir. Je n'ai même pas le courage de me retourner avant de passer la porte, mon capitaine sur les talons. Mon enthousiasme est complètement douché. L'ambiance romantique de la pièce m'a l'air ridicule, alors que je suis sûrement la plus grosse guimauve du paquet... Pourtant, je vais m'installer sagement à la table qu'on me désigne. C'est qu'une soirée, ça va pas me tuer. Et puis, Noah est pas désagréable. Le peu qu'on se parle, ça va. Je me risque à lui adresser un sourire, à mi-chemin entre le « salut » et le « désolé ».

— Rebonjour.

Après tout, on s'est croisés plusieurs fois dans la journée alors ça aurait été débile de reprendre depuis le début, comme si c'était jamais arrivé. Je cherche Hayden des yeux, je galère un peu à apercevoir sa table. Il est tout au bout de ma rangée, il y a le monde entier qui nous sépare. Ça va pas être pratique, ça, je vais devoir faire gaffe. J'essaye de pas oublier mon partenaire de galère, malgré tout, et reprends :

— Je crois que t'es la dernière personne que je me serais attendu à voir à ma table.

C'est pas un reproche et mon ton amusé – même s'il est un peu inquiet, tant par la soirée du Serdaigle avec l'apprenti garde chasse que par ce que Charles pourra bien penser de la présence d'un gars à ma table – le laisse entendre sans trop de mal... Et, en parlant de Charles, il choisit ce moment-là pour entrer... juste après Bella. Le hasard est pas très drôle... et sûrement que je l'aurais eu un peu mauvaise si j'avais eu des vues sur elle... Mais quand même... à les voir s'installer, là, et commencer à discuter presque tout de suite... Je m'agite un peu sur ma chaise et détourne le regard, fixant les bulles qui remontent dans ma coupe comme si c'était la huitième merveille du monde. Il y a un malaise stressé qui commence à se faire sentir. Il faut que je concentre sur Noah et ce repas qu'on a à passer ensemble.

— Il était drôle, le questionnaire, je m'efforce de bredouiller pour pas me laisser rattraper par mon silence habituel, surtout quand tout a l'air de partir en vrille comme ça, t'as pas trouvé ?

Génial, avec ça, il va avoir envie de faire la conversation, c'est évident... Ce sera un miracle s'il ne saute pas sur le premier prétexte possible pour me planter là... et faut bien reconnaître qu'il aurait raison !

(c) jawn

DASHIELL
favourite flavoured sweets
raspberry amphetamines

Animation Saint-Valentin

Shayne se mordit l’intérieur des joues tandis qu’il se rendait vers le salon de thé de Madame Pieddodu. La Saint-Valentin, cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas fêté, et d’ordinaire il ne comptait pas sur les animations de l’école pour passer une bonne soirée en cet événement-là. Les niaiseries de cette fête à l’eau de rose où certains y participant faisait une confiance aveugle envers l’école dans l’espoir de trouver leur « âme-sœur ». Le jeune homme ne croyait pas en ce concept : pour lui l’être humain, sorcier ou moldu, pouvait tomber plusieurs fois amoureux dans sa vie. A des échelles différentes, des sensations différentes, certes. Mais un être humain n’était pas destiné à un autre depuis sa naissance, ce serait une aberration. Surtout de la science-fiction… Et puis sérieusement : un salon de thé pour l’occasion ? On ne pouvait pas faire plus nunuche. Shayne grimaça à cette pensée tandis qu’il arpentait les rues de Pré-Au-Lard.

Néanmoins le jeune homme passa outre ses réticences habituelles. La raison ? Aucune précisément. Sûrement l’espoir de ne pas se retrouver à passer cette Saint-Valentin seul dans son dortoir alors que tous ses camarades masculins seraient en train de profiter dans un coin chaud avec des boissons et une personne pour leur tenir compagnie et converser à leur guise. Tu es sûr que c’est la seule raison… ? Bien entendu ! Evidemment. Sinon pour quelle autre raison aurait-il participé à une animation pour cas désespérés ? Peut-être pour avoir peut-être une chance de te retrouver seul à seul avec la petite brunette…

Azure ? Oh oui elle… En effet, cela ne servait plus à rien de nier. Au départ, le jeune homme n’avait pas l’intention de participer à un tel événement. Il pensait finir sa soirée dans un coin tranquille à vaquer à de vraies occupations, comme celle de réviser pour les prochaines B.U.S.E, examens qui ne semblaient pas être la priorité de tout le monde. Et il se disait que si le temps passait et qu’il s’ennuyait finalement, il pourrait aller s’incruster chez Florent et Kathleen qui, il le savait plus que tout, n’auraient absolument pas voulu participer à la soirée et prendre le risque de ne pas la passer ensemble. Car enfin ce jeu était aléatoire et quand on sort avec quelqu’un, on n’apprécierait pas forcément de voir ce quelqu’un passer un moment avec un autre à la place. Et enfin, si ces deux-là souhaitaient profiter d’un moment seul-à-seul – ce qu’il comprendrait tout à fait – il pourrait envoyer un hibou express à Azure et lui demander de se retrouver quelque part…

Non, tout bien réfléchi, cela ressemblait plus à un rencard qu’autre chose. Shayne ne voulait plus forcer les choses : si le destin souhaitait les voir ensemble – une chose qui ne déplairait pas au Gryffondor – alors soit, sinon c’est qu’ils seraient trop différents l’un de l’autre pour pouvoir faire quoique ce soit ensemble. Pour l’instant, ce n’étaient que des amis… Enfin, des amis qui s’étaient déjà embrassés, mais bref ! Au moment où Shayne réfléchissait à cela un mercredi soir, il était assis sur le canapé de la salle commune quand il avait entendu la jeune Azure Zinnia parler avec une de ses camarades en pénétrant dans la pièce. Oui, ce n’était pas très malin d’écouter les conversations. Mais il avait entendu « formulaire » et « Saint-Valentin » et cela lui avait fait oublier ses principes et tendre discrètement l’oreille.

Apparemment, la jeune femme souhaitait y participer, et cela donna à Shayne comme un coup de poing au ventre : elle voulait y aller, malgré le fait qu’ils étaient allés ensemble au bal de Noël et qu’elle lui avait pris la main. L’idée de la savoir avec quelqu’un d’autre le prenait aux tripes, car il n’avait pas eu le temps ni la vivacité d’apprendre à connaître davantage Azure. Le garçon qui aurait sa chance de passer cette satanée « soirée des amoureux » avec elle, aurait la chance d’apprendre à la connaître, mieux que ce que le jeune Gryffondor avait fait jusque-là. Mais pourquoi se mettre dans un tel état ? Etaient-ils plus que des amis ? Plus que des amis communs à des amis ? Qu’avait-elle réellement fait pour que ce soit un quelconque signal ? Depuis Noël, il ne savait plus vraiment sur quel pied danser avec elle : un coup elle lui tenait la main tout sourire, un autre elle embrassait de manière chaleureuse quelqu’un qu’elle ne connaissait pas – son rival de surcroît – pour un cadeau que celui-ci s’était probablement senti obligé d’acheter. Même si la jeune fille ne pouvait pas savoir la relation tendue entre lui et Bailey Dawson, son comportement était pour le moins surprenant.

Shayne pensait donc, en plus d’en savoir un peu plus sur elle, pouvoir lui en parler calmement autour d’un verre, en remplissant ce formulaire dans l’espoir d’être son compagnon de table pour la soirée et rompre toute possibilité aux autres prétendants. En arrivant sur les lieux, il aperçut son amie Lilith, la jeune Poufsouffle se tenant à proximité des portes avec certains autres élèves. Souriant un peu en la reconnaissant, il arriva à sa hauteur. « Salut Lilith. Tu vas bien ? » Malgré son manque d’enthousiasme à l’idée de participer à cette animation et son angoisse due au risque évident de trouver Azure avec quelqu’un d’autre, il était heureux de retrouver son amie et partenaire de lecture. Shayne ne se rappelait plus de la dernière fois qu’il avait causé avec elle en dehors des cours. Leurs séances de lectures se faisaient un peu rares ces derniers temps.

« Mais ça fait un bail, je ne t’ai plus beaucoup vue au Balcon du Monde. Rassure-moi : tu ne m’as pas trouvé de remplaçant, si ? » Il lui fit un clin d’œil joueur, se montrant taquin comme à son habitude. « A moins que… tu n’aies oublié où se trouvait le balcon. Si c’est le cas, ne t’en fais pas le moins du monde : la prochaine fois c’est moi qui t’escorterais. » Et encore une petite remarque sarcastique, pour détendre l’atmosphère. Enfin surtout pour se détendre lui. En posant un regard sur la foule, il remarqua la présence de la jeune Azure. En la voyant, son angoisse se fit plus grande, tellement qu’il n’écoutait qu’à moitié le discours de la propriétaire du salon de thé. Il espérait que Lilith n’avait pas remarqué son état de stress, n’ayant pas la moindre envie de s’expliquer pour le moment. Plusieurs binômes entrèrent au fur et à mesure que les noms étaient appelés. Et malheureusement, celui d’Azure Zinnia n’était pas suivi du sien, mais d’un certain Kylian, ou Keylan, ou autre, il ne s’attarda pas là-dessus. Shayne souffla lourdement après cela. Au moins il aurait essayé… Ce n’était pas le bon moment, voilà tout. Et s’ils avaient tous les deux remplis honnêtement leurs formulaires, c’était qu’ils étaient différents. Ou bien, que ce vulgaire formulaire ne marchait pas et que la majorité d’entre eux s’étaient faits berner. Enfin qu’importait la raison, il réfléchirait à deux fois avant de se lancer dans une telle expérience pour une fille ; ça lui apprendrait à jouer les Roméo.

Shayne entendit enfin son nom, mais il n’y prêta pas attention. Il était encore déçu de ne pas pouvoir passer une nouvelle soirée avec la brunette, et il ne pensait pas retrouver son enthousiasme d’aussitôt, même après une soirée avec une autre personne. Quand je disais qu’il y avait pas d’âme-sœurs… Et encore moins rassemblées par un simple bout de parchemin ! Après avoir souhaité bonne soirée à Lilith, il entra nonchalamment à l’intérieur, les mains dans les poches, l’esprit encore ailleurs et il s’installa à la table numéro 10 qu’on lui avait attribué. Il était tellement dans ses pensées, le regard sur la table, qu’il ne remarqua la jeune inconnue à la chevelure blonde – sa compagne de table probablement – qu’au moment où celle-ci lui adressa un bonjour d’une voix posée et douce. Shayne leva la tête, reprenant ses esprits, et ce qu’il vit le laissa bouche-bée pendant quelques secondes. Oh non, c’est Haley Strauss, l’attrapeuse de Poufsouffle… Quelle poisse. C’était donc elle qui correspondait le mieux au formulaire du jeune Gryffondor ? Cette sixième année de Poufsouffle, d’un an son aînée, trop jolie et trop ambitieuse pour lui serait son binôme pour un tel événement ? Sa rivale de Quidditch de surcroît ! Visiblement, ce formulaire était une arnaque. La soirée s’annonçait plutôt tendue, Shayne le pressentait. Mais quand il la vit sourire – de manière un peu forcée, il est vrai – il osa afficher un sourire en coin, courtois mais sans plus. « Salut. » Il n’avait pas le moral pour sourire de toutes ses dents, et encore moins à l’attrapeuse de Poufsouffle. Du moins c’était ce qu’il pensait.

Elle lui demanda si son nom était correct comme si elle ne le connaissait pas. Comme s’ils n’avaient jamais disputé de match ensemble. Après il était vrai que c’était le nouveau de l’équipe de Gryffondor. Une telle athlète aussi expérimentée qu’elle ne se serait pas attardée aux noms des nouveaux entrants. « En effet. Tu as tout juste. » En l’observant, il la trouva plutôt élégante. Il n’avait pas eu la chance de la connaître en dehors des matchs de Quidditch qu’il regardait depuis son arrivée à Poudlard, avec ses cheveux blonds attachés, sa grande tenue de jeu, ses joues rougies par l’effort et ses lunettes qu’elle portait en temps de neige et de pluie, comme le reste de joueurs. Fut un temps avant sa sélection où il admirait la performance toujours aussi surprenante sur le terrain de la jeune Poufsouffle. Aujourd’hui Haley portait une robe, ça la changeait des combinaisons de sport, pomponnée et coiffée. « Oui, je sais qui tu es. Haley Strauss. Grande attrapeuse de Poufsouffle... Qui dans Poudlard ne te connaît pas ? » Contrairement à d’habitude, il ne lançait pas de remarque flatteuse gratuitement. Mais il se dit qu’une personne comme Haley apprécierait un compliment de départ pour la mettre à l’aise. Surtout si son compagnon de table et l’attrapeur de Gryffondor étaient une seule et même personne. Car Shayne pensait bien que le match lui resterait encore au travers de la gorge et qu’elle ne se montrerait pas réceptive à la première rencontre en dehors d’un stade. A voir son expression de visage, il se doutait bien qu’elle ne s’était pas faite aussi belle pour les beaux yeux du jeune homme et qu’il semblait qu’elle aussi ait été dupée par ce foutu formulaire.

« J’imagine que l’idée de passer une soirée avec moi ne te rend pas très enthousiaste, pas vrai ? »

Codage par Libella sur Graphiorum

@Lilith C. Davis @Azure Zinnia @Haley M. Strauss

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Rencontrez l'amour avec un grand A

Elinette se souviendrait longtemps de ce samedi 3 février. Elle qui ne recevait guère d'autres hiboux que ceux de ses parents - et les mots d'Adrian portés en douce par des premières années - s'était étonnée de recevoir la visite d'un hibou tout rose, comme plusieurs de ses camarades. L'enveloppe qu'il portait était de la même couleur, la brune ne s'était donc pas méfiée en l'ouvrant. Grave erreur ! Une multitude de paillettes en forme de coeur lui avait explosé au visage, dans un tintamarre qui ne passait pas inaperçu. Des rires s'étaient fait entendre de part et d'autre. Elinette avait senti le rouge lui monter aux joues et l'angoisse lui serrer la poitrine : la crise montait en elle. La Serdaigle s'était enfuie en courant et s'était réfugiée dans les toilettes pour pleurer. Ce n'est qu'après qu'elle avait découvert le contenu du message. Elle n'avait envoyé aucun questionnaire : plutôt mourir plutôt que s'exposer à une interaction sociale qui serait inéluctablement humiliante. Quelqu'un avait voulu lui faire une mauvaise farce, c'était certain ! En temps normal, Elinette aurait jeté le parchemin et n'en aurait plus fait cas. Cependant, ses rendez-vous avec Adrian - récurrents ces temps ci - lui avaient donné un peu d'assurance et, pour une fois, elle ne comptait pas se laisser faire. C'était décidé, elle allait se rendre à cette soirée et découvrir l'identité du mauvais plaisantin !

La détermination d'Elinette n'était pas à toute épreuve. Quand la soirée de la Saint Valentin arriva, elle eut soudain envie de faire marche arrière. La peur lui tordait l'estomac et elle buvait encore plus d'eau que d'habitude, sans réussir à enlever cette sensation de gorge sèche. Plusieurs de ses camarades se préparaient en gloussant et c'est finalement l'effet de groupe qui décida Elinette à se rendre à Pré-Au-Lard. Elle emboita le pas à un groupe de filles de sa maison en baissant la tête. La sirène était si absorbée par la contemplation de ses pieds qu'elle ne s'aperçut pas que le groupe avait stoppé sa marche. Elle rentra dans la fille juste devant elle, qui se retourna avec un regard furieux. « Oups ... Désolée ... » Bredouilla la brune en s'écartant du petit groupe. Elle n'aurait jamais du venir ! Malheureusement, il n'était plus question de rebrousser chemin. D'autres élèves s'étaient massés derrière Elinette. La Serdaigle avait visiblement sous-estimé l'ampleur de l'évènement.

Les messes basses se turent lorsqu'une femme blonde prit la parole et les invita à entrer dans le salon de thé. Elle appela les élèves par leur prénom, un par un, en leur désignant la table qui leur était attribuée. Bonjour la discrétion ! Elinette n'attendit pas longtemps avant qu'on ne l'appelle et se dirigea vers la table qu'on lui indiqua. Elle fut rapidement rejointe par un garçon qu'elle connaissait car faisant partie de sa promotion et de sa maison. Ce dernier la salua par son prénom, ce qui fit froncer les sourcils de la brune. « Oh euh ... bonsoir. » Marmonna-t-elle, un peu mal à l'aise, avant de s'asseoir. Elle avisa un pichet d'eau sur la table et se remplit un verre qu'elle bu aussi sec. Bon sang, ce qu'elle avait soif ... Dmitri van Aken fut le premier à rompre le silence en demandant à sa camarade si c'était elle qui avait rempli son questionnaire. « Quoi ? Je ... NON ! » Sous le coup de la panique, Elinette avait haussé le ton. Des regards désapprobateurs se tournèrent vers leur table. Mais la Serdaigle s'en fichait. Elle pensait avoir trouvé celui qu'elle était venue chercher et cela la mettait terriblement en colère ! « Pourquoi ? C'est toi qui a rempli le mien, c'est ça ? Tu voulais te moquer de moi ? » Elle serra les poings. Dmitri adorait l'embêtait ! Il la fixait parfois en cours ou lui tournait autour sans raison. C'était forcément lui !

@Dmitri D. van Aken

(c) Liliana

\|	The true love ? Gwendolyn

—Je ne suis pas sûr de pouvoir justifier mon geste, à part peut-être une envie de profiter à fond de toutes les animations foireuses que pouvait nous offrir notre chère école. Chaque année on avait le droit à des idées farfelues et parfois très gênantes et ce soir ne ferait certainement pas exception à la règle. Néanmoins pour une fois, nous étions prévenus d'avance, la soirée aurait pour but de soit disant offrir le date parfait ! Est-ce que j'y crois ? Non, pas spécialement, sauf si je tombe sur Haley, ce que je doute fortement. Mais bon, clairement je n'étais pas ici pour trouver l'amour mais plutôt pour passer une soirée hors des murs de Poudlard, à tenter de passer une soirée pas trop pourrie, si encore le destin le voulait bien. Je prenais lentement conscience que dans quelques mois, je quitterais cette école définitivement et je n'aurai plus l'occasion de me plaindre des animations foireuses qu'elle nous offrait. Dans quelques mois, je serais maître de mon destin et pour l'heure, il était loin d'être très clair. Qu'allais-je faire de mes dix doigts ? Aucune idée. Glandouiller sur le canapé de l'appartement que je partageais avec mon oncle ou zoner dans les rues de Londres irait cinq minutes mais ça allait finir par me taper sur le système. Et puis connaissant mon oncle, il n'allait pas hésiter à être sur mon dos toute la sainte journée pour être sûr que je ne ferais pas n'importe quoi, donc il allait falloir que je trouve un plan A rapidement. Surtout qu'il avait déjà plus ou moins commencé en faisant référence assez fréquemment dans ses lettres d'idées de taff qui pourraient potentiellement m'intéresser. C'est loin d'être très probant mais on pouvait applaudir l'effort !

Dans le doute où je passerai cette soirée en compagnie de ma préfète, j'avais enfilé une chemise blanche qu'on pouvait voir en dessous de mon pull noir. Je ne m'étais pas hypé au maximum, ne voulant pas trop en faire et n'ayant pas non plus la foi de me casser la tête à avoir une tenue stylisé au max, mais on pouvait malgré tout noté l'effort, j'étais propre sur moi et c'était loin d'être toujours le cas ! L'avantage qu'aurait cette soirée c'est qu'elle se déroulait en dehors de l'enceinte du château et franchement c'était cool. Alors certes, on serait certainement tous enfermé dans un même petit espace mais tant que c'était loin des murs de la Grande Salle, moi ça m'allait. La dernière fois, j'étais au côté d'une fausse Haley qui m'a pris pour un con toute la soirée, je n'avais pas envie de réitérer l'expérience. D'ailleurs, en parlant de cette dernière, je finis par l'apercevoir en arrivant à Pré-au-Lard, devant le salon de Thé de Madame Pieddodu. Je ne pouvais m'empêcher de me demander si c'était bien elle, mais la voyant au côté de son meilleur ami, je me rassurais. Si Arte était là, ça voulait forcément dire que c'était la bonne Haley, non ? J'aurai vraiment voulu passer cette soirée en sa compagnie mais ça serait le hasard qui déciderait et visiblement il ne fut pas avec nous. Mon nom retentit et visiblement ma cavalière de ce soir ne serait pas la belle blonde mais une autre fille. J'étais déçu, cela va s'en dire, mais voir la mine de Haley s'assombrir face à la nouvelle me confirma, d'une part, que c'était bien elle et d'autre part, qu'elle avait le seum aussi. Au moins on était venu tous les deux avec le même espoir, anéanti rapidement certes, mais je prenais ce qu'on me donnait. Je pénétrais dans la salle et alla m'installer en face de cette Gwendolyn qui serait mon date pour ce soir.

“Bonsoir ! ” Répliquais-je à l'encontre de ma camarade Verte et Argent. Je ne pouvais m'empêcher de me dire que le hasard aimait me mettre en compagnie d'un membre de la maison de Serpentard mais que pour une fois, ce n'était pas Artemis. Alors je n'avais clairement rien contre le meilleur ami de Haley mais quitte à avoir un date ce soir, autant que ce soit avec un membre de la gente féminine. Cependant, je ne savais pas grand chose de la fille qui me faisait face, nous n'étions pas de la même année, ni même de la même maison. “Alors comme ça ... nous sommes compatibles !” Répliquais-je en tentant de garder mon sérieux, avec beaucoup de difficultés. Je tente de cacher mon sourire mais n'y arrivant pas, je finis par enchaîner “Pardon ... Je crois juste moyennement en leur science à deux noises ... T'as vu leur questionnaire ... il m'a fait beaucoup rire !" Je préfère être honnête immédiatement. Autant je suis prêt à faire un effort et passer une soirée où je serais sympa - ce qui est loin d'être toujours mon cas - autant je préfère être clair dès le début, cette histoire de compatibilité, c'est une grosse blague. Après on ne sait jamais, peut-être que je me trompe, mais je ne vois pas trop comment le questionnaire que l'on a rempli peut réellement aider qui que ce soit à trouver l'amour !

@Gwendolyn A. Chastel

(c) SIAL ; icon kawaiinekoj

Si Dmitri était assez coutumier des longs repas interminables auxquels ses parents et grands-parents l’avaient traîné quand il était petit, faisant de lui un garçon facilement à son aise en société malgré l’ennui mortel et le désintérêt le plus total, il n’en demeurait pas moins un peu perdu dans ce salon de thé décoré pour un évènement dont il était aussi sûrement susceptible d’être la clientèle phare que le serait Alexander dans une boutique de jouets pour enfants moldus. Le concept de « speed dating » lui était parfaitement étranger, sans doute parce que dans son milieu, si rencontre il y avait, c’était plutôt entre les parents des futurs promis. Quoi de plus normal alors pour lui que de garder les histoires de cœur loin de ses préoccupations et sa libido encore bien enfouie dans un corps qui n’avait pas encore connu le concept de l’adolescence ? De ses expériences, ce qui se révélait être le plus proche de la chose amoureuse demeurait la – presque – rencontre avec une sirène et les questions curieuses de Thomas qui lui faisaient monter le rouge aux joues.

Une chose était certaine, donc : il n’avait pas grand-chose à faire là et sans la curiosité de l’identité du mystérieux auteur de l’invitation, il ne serait pas venu. Mais peut-être qu’en fin de compte, le questionnaire de Sorcière Hebdo n’était pas si absurde que ça : la preuve, il était tombé sur une camarade qui semblait être autant à sa place dans cette pièce qu’un elfe de maison dans la boutique d’un fabricant de baguette. Cela dit, l’aiglon n’était pas certain d’avoir déjà vu Elinette se montrer particulièrement loquace et extravertie. Il n’avait jamais trop su si c’était de lui que venait le problème – peut-être parce qu’elle ne l’aimait pas, pour une raison ou une autre – ou si cela tenait simplement à sa personnalité. Il préférait se dire qu’il n’avait rien à voir là-dedans. Il s’accommodait plutôt bien des gens qui le détestaient, mais l’indifférence l’irritait. L’indifférence, c’était cette chose qu’il fuyait depuis tout petit, attirant l’attention par tous les moyens possibles et inimaginables. Surtout inimaginables, en fait. Les bagarres, les tableaux et autres affiches qui se moquaient des professeurs, les bêtises en tout genre... tout ça n’était qu’une façon déguisée, et un peu inconsciente, d’attirer l’attention sur lui. Mais sa partenaire du jour était de ceux qui s’évertuaient à l’ignorer, si ce n’était à le fuir. C’était idiot de penser qu’elle ait pu tout d’un coup vouloir se trouver à la même table que lui, mais pourquoi pas, après tout ?

La réponse à sa question vint, aussi violente qu’elle paraissait authentique et soutira au garçon un petit rire en voyant les réactions aux tables d’à côté. Ce n’était pas d’elle dont il se moquait, mais de la situation, relativement ubuesque. Et elle le devint plus encore quand, à son tour, la serdaigle l’accusa d’avoir rempli son propre questionnaire. Un instant, Dmitri resta bouche-bée, incapable de répondre. Il était partagé entre l’envie d’éclater de rire et celle de se vexer. Il lui donnait vraiment l’impression d’être du genre à se moquer gratuitement d’elle ? Il était taquin et provocateur, certes, mais il n’avait aucune raison de la prendre pour cible... « Tu es sérieuse ?» Il lui avait fallu beaucoup d’efforts pour ne pas parler d’un ton trop nerveux. Pour occuper ses mains, dont il sentait qu’elles ne demandaient qu’à trembler de colère si laissait libre court à ses émotions, il attrapa à son tour la carafe d’eau pour se servir d’un verre... puis après quelques secondes d’hésitations, à remplir à nouveau celui d’Elinette. Moqueur et violent, mais bien élevé et galant. Même lui discernait l’absurdité de la scène. « Je n’ai pas rempli ton questionnaire. » se défendit-il finalement, ses doigts tapotant sur le verre dont il n’avait pas encore bu une seule goute. « Le seul questionnaire que j’ai fait, c’est celui du professeur de potions. » L’aveu venait là comme un gage de sa bonne foi, une preuve qu’il n’avait rien à cacher : à aucun moment, il n’avait envisagé l’idée de faire envoyer une invitation à un autre camarade, sans lui en parler. Il ne l’avait fait que pour son grand-oncle, sachant pertinemment qu’il ne viendrait pas et qu’il était bien le dernier à apprécier la blague, simplement parce que l’idée lui avait traversé l’esprit, en lisant l’annonce de Sorcière Hebdo. En fait, s’il n’avait reçu lui-même reçu l’une des petites enveloppes roses quelques jours plus tard, sans doute aurait-il oublié avoir fait cette farce au vieil homme. « Et d’ailleurs... pourquoi j’aurais voulu me moquer de toi ? Je te donne vraiment l’air d’être aussi con ? » Son égo était un peu piqué à vif.

@Elinette S. Rosier

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Date night

Pas cap’!

Les mots revenaient à la charge sans cesse depuis que le jeune irlandais avait rempli le formulaire proposé sous les regards de certains camarades. Il avait été mis au défi de participer à cette soirée supervisée par cupidon par d’autres élèves qui le connaissaient bien, sachant pertinemment qu’il n’était pas du genre à se défiler, mais bien du genre à répondre ‘’Tiens ma bièraubeurre!’’. Aussi, les autres élèves du groupe avaient profité du fait qu’ils savaient que le joueur de quidditch n’allait pas reculer devant ce genre de challenge. Il était plutôt rare que le jeune gryffondor ne recule devant un défi, aussi ce dernier qui avait été lancé à la légère avait été accepté sans même hésiter. Il n’avait pas évalué les conséquences sur ce coup, car pour lui, le pire qu’il puisse arriver serait d’en apprendre plus sur une de ses camarades d’école. Le formulaire avait été rempli avec soin, et n’avait pas été pris à la légère simplement parce qu’il s’agissait d’une gageure. Puis il y avait assez de questions différentes pour que l’irlandais ne doute pas de la démarche proposée par le magazine à potins. C’est qu’il trouvait ça plus divertissant qu’il n’était vraiment à la recherche de l’amour. S'appliquant tout de moins à rédiger des réponses véridiques au questionnaire, il ne s’attendait quand même pas à trouver la partenaire de ses rêves, mais désirait se prêter au jeu.

Pas cap’!

Déterminé à montrer qu’il était plus que capable, l’irlandais s’était donc présenté au salon de thé, non sans passer par quelques rires et encouragements des élèves qui traînaient dans la salle commune des rouge et or. Il n’avait pas peur du ridicule, mais son égo devait être préservé. Aussi, il s’était habillé simplement, comme s’il sortait rejoindre des amis, après avoir fait approuver le tout par Tessa, seule vraie opinion féminine qu’il respectait. Il était donc vêtu d’un pantalon en denim d’un bleu très foncé, ainsi que d’une chemise vermeille sous un veston noir. N’ayant jamais été friands des bijoux et autres accessoires, il ne portait que sa montre à son poignet gauche. Il n’y avait que le blason de sa famille en

Si ses frères avaient été encore à l’école, il aurait pu utiliser leurs expériences combinées dans le domaine des cœurs et des papillons au ventre. C’est qu’il n’étaient pas à plaindre. D’ailleurs le plus vieux avait été très populaire dès son arrivée à Poudlard. Le fait qu’il fut aussi un joueur de quidditch avait aidé à sa popularité. Keylan n’était pas du genre bourreau des cœurs, seulement charmeur à ses heures. Il fallait dire qu’il était encore tout jeune, et s’intéresser aux filles de son âge, ou dans certains cas quelques années plus vieilles, était tout récent. La puberté ne venait que d’entrer en ligne de compte, une chance pour l’aider! Ses traits juvéniles laissaient tranquillement la place à des traits plus masculins. Ses joues perdaient lentement de leur rondeur, les angles de sa mâchoire semblaient plus définis. Tout comme sa stature, alors qu’il savait pertinemment qu’il n’avait pas fini de grandir en voyant les hommes de sa famille. Il pouvait supposer qu’il allait presque atteindre les cadres des portes s’il se fiait à ses frères et son père, tous plus grands que la moyenne, mais aussi dotés d’une certaine musculature héréditaire. Le jeune irlandais ne faisait pas autant tourner les têtes que les membres composant sa fratrie, mais il savait que ce jour allait arriver. D’ici là, il pouvait bien s’inscrire à une activité pour rencontrer ce que le magazine pourrait qualifier d’âme sœur s’il le désirait.

Pas cap’?

Keylan réajusta le col de son manteau alors qu’il s’apprêtait à entrer dans l’établissement. Il ne savait pas qui était sa partenaire, les couples étant annoncés le soir même de l’évènement. Aussi il hésita un moment avant de pousser la porte le menant à la soirée spéciale Saint-Valentin. Et si ce formulaire le plaçait vraiment avec une partenaire idéale? C’était ce qui effrayait le plus le jeune sorcier dans les faits. Il n’avait pas eu peur de s’inscrire sur le coup, mais il devait maintenant faire face à la musique, peu importe la jeune sorcière avec qui il passerait la soirée. C’était ce qu’il redoutait le plus en fait, que le jeu n’en soit plus un. Il allait bien se garder de faire des pieds et des mains pour conquérir la belle qui serait assise en face de lui, il n’était pas vraiment là pour ça. Il devait cependant assumer que les sortilèges du magazine fonctionnent vraiment, et qu’il aurait affaire avec une sorcière qui, encore selon les sortilèges et le formulaire, serait toute faite pour lui, du moins au niveau de la personnalité.

Accueilli par une grande sorcière blonde expliquant le concept, Keylan ne lui prêta pas vraiment attention, trop occupé à zieuter les autres participants. Il y en avait de tous les âges, aussi il se demanda s’il allait être en paire avec une sorcière de son âge ou non. Puis vint le moment de la lecture des noms et de l’association aux tables. Pouvaient-ils faire les choses d’une manière plus gênante? Déjà qu’il pouvait être difficile pour certains de même se présenter, il fallait maintenant être affichés. Par chance, seuls les élèves participants étaient présents, personne ne semblait de l’extérieur, présents simplement pour les potins. Potins qu’il risquait d’y avoir par la suite dans tout le château de toute manière. C’était inévitable. Le sorcier avait encore du mal à comprendre comment les nouvelles et les ragots circulaient aussi rapidement dans le château. Il y avait tant d’élèves, et chacun leur histoire. Comment se faisait-il que tout finissait par se savoir?

L’irlandais se dirigea vers sa table lorsqu’il fut nommé en compagnie d’Azure. Il ne savait pas encore s’il devait trouver étrange d’avoir été ‘’matché’’ avec la jeune sorcière de sa maison. Elle était un an plus jeune que lui, c’était limite selon lui, mais il l’appréciait assez pour se prendre au jeu et commencer la soirée avec un esprit positif. Il lui proposa son bras en souriant pour qu’elle l’accompagne jusqu’à leur table. Il n’était vraiment pas déçu du choix de sa partenaire, au contraire, il allait pouvoir passer plus de temps avec elle. Évidemment, le contexte était clair, mais ce que les deux gryffondors allaient faire de leur soirée leur était propre. Gentleman jusqu’au bout, Keylan tira la chaise de sa camarade après lui avoir proposé d’y installer son manteau, et ne s'assit que lorsqu’elle prit elle-même place.

‘’Eh bien…C’est ce à quoi tu t’attendais?’’

Le gryffondor balaya la salle du regard, reconnaissant quelques têtes, souriant surtout en voyant les paires qui avaient été formées. Il se doutait bien que plusieurs de ces couples se rencontraient dans un tel contexte pour la première fois. Quelques regards s’accrochèrent au sien mais sans plus, et de toute manière, il n’allait être disponible que pour Azure en cette soirée. Il joua un peu avec une chandelle posée devant lui un moment, observant la flûte et son liquide qui ne lui inspirait que peu de confiance, puis ses yeux s’arrimèrent dans ceux de sa partenaire pour la soirée, sans perdre une once de son sourire.

@Azure Zinnia

KoalaVolant

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

	Rencontrez l'amour avec un grand A
	Ft. @Moritz Lazarus
Le bon point, c’est que très vite je devinais que mon partenaire pour la soirée n’était pas beaucoup plus emballé par cette table. Si j’en avais profité pour lui souhaiter la bienvenue à Poudlard, avec plusieurs mois de retard puisqu’il ne fait pas partie de ma maison, sa réponse fut brève, sans émotion particulière, et suivie d’un blanc. Je concevais parfaitement que l’idée derrière ce genre de choses était de discuter pour découvrir les points communs que nous pouvions avoir. La théorie était assez logique. La pratique, par contre, quand on vous met face à un binôme qui ne peut pas avoir grand-chose en commun, c’était plus compliqué. Et il fallait bien avouer qu’ayant été plus ou moins traîné là, je n’avais pas particulièrement l’envie de faire de grands efforts. Peut-être que j’en ferai quand je m’ennuierais pour tenter de me motiver, mais sinon… Pendant cet instant de silence, où Moritz cherchait peut-être quoi dire mais pas moi, je baladais mon regard sur le reste de la salle, fort peu gêné du fait que mon regard fuyant trahissait sans aucun doute mon désintérêt pour ma propre table. Quelques têtes connues ressortaient, Gwendolyn, Lilith, Misha, Murphy… Haley, elle, s’était retrouvée avec un Gryffondor qui avait au moins l’avantage de sembler être proche de notre âge, tandis que celui avec qui elle aurait préféré finir se retrouvait avec Gwen. Autant dire qu’au vu des couples ou presque couples brisés, leur organisation laissait à désirer. Mais le gamin en face de moi me tira de mes rêveries en ouvrant la bouche à nouveau. Pour me sortir que le questionnaire n’était pas fiable. Sans déconner, Sherlock. Je n’étais même pas sûr de pourquoi il soulignait ça, s’il voulait me rassurer en me voyant ne lui porter que peu d’intérêt, ou pousser un peu la chose pour que je me tire et qu’il soit lui aussi libéré de cette farce. Je me ferais certainement foudroyer par mes comparses si je ne jouais pas au moins un peu le jeu, alors pour éviter des emmerdes futures, j’allais faire un effort au présent. Et puis, cette histoire de questionnaire me donnait une idée pour ouvrir la discussion, bien que je dusse réprimer un nouveau soupir avant de me lancer. « Ouais, quand on regarde la salle, et à plus forte raison cette table, c’est assez évident. Sans vouloir te vexer. » Le pauvre venait d’arriver à l’école, je ne connaissais pas son caractère, pas la peine d’être méchant non plus. « Mais du coup, je suis curieux, t’as répondu quoi à ce questionnaire ? Enfin, je devrais même commencer par demander quelles étaient les questions. » N’ayant même pas répondu moi-même à ce questionnaire, je ne savais même pas quelle gueule il avait. Haley m’avait assuré l’avoir rempli consciencieusement, mais je n’avais pas plus d’informations – parce que je ne le lui en avais pas demandé, évidemment. C’était donc l’occasion d’essayer de déduire ce qu’elle avait pu écrire pour que je me retrouve dans cette situation. Bien sûr, depuis l’apparition devant moi de Moritz, j’avais imaginé des trucs débiles du genre "les aimez-vous : Plus jeune, votre âge, ou plus vieux ?", mais je doutais que des questions aussi directes aient pu amener à ce cas de figure. « A moins que toi aussi, ce soit quelqu’un d’autre qui a répondu au questionnaire à ta place ? » J’espérais que non, ça foutrait mes plans en l’air. Il fallait bien qu’au moins un de nous deux ait été volontaire, si nous avions tous deux été amenés ici plus ou moins contre notre gré, cet évènement serait une sacrée mascarade.

Code by Joy

Happy Birthday to me !

Le temps file lentement au sein du château et je tente, comme à mon habitude, de profiter de chaque instant qui sort un peu de l'ordinaire. Non parce que soyons réaliste le classique, cours, devoir, dodo, c'est loin d'être le plus palpitant des quotidiens. Alors parfois un match de Quidditch pimente un peu nos journées mais je ne vais pas vous cacher que le froid qui s'est installé cet hiver à Poudlard est loin de m'enchanter et arrive même à me gâcher un peu ces moments. Je n'ai qu'une hâte, que les beaux jours reviennent pour que je retourne faire la farniente au bord du lac ou dans un recoin du parc du château. En attendant, nous arrivons à une date extrêmement importante à mes yeux, certainement le plus beau jour de l'année, le 14 Février. Bon, j'aurai aimé que ma mère fasse un petit effort et accouche de ma superbe personne un jour avant ou après la Saint Valentin, mais elle n'a visiblement pas jugé utile de me rendre ce service, je fais donc avec ! Quand j'étais petit, cette fête des amoureux n'existait pas ou en tout cas pas dans mon petit monde, mais force est de constaté que depuis mon arrivée à Poudlard, elle a popé dans ma vie et c'est loin de m'enchanter. Mais je ne laisserai jamais rien ni personne gâcher ma journée, alors je préfère composer avec et je m'adapte comme je peux. Ce soir donc, malheureusement, pas de soirée d'anniversaire pour célébrer mon auguste personne, mais ce n'est que partie remise, ma soeur m'a promis qu'on se rattraperai ce weekend et elle sait qu'elle n'a pas le droit à l'erreur. Pour ce soir, j'ai laissé ma soeur et ma cousine remplir le questionnaire à ma place afin qu'on participe tous ensemble à cette soirée de Saint Valentin. Aucun de nous ne croit réellement au grand amour ou à cette histoire de compatibilité mais vu que les trois quart de Poudlard assiste à cet événement, nous ne pouvions pas ne pas nous y rendre.

Pour l'occasion, ma soeur m'a offert une très belle chemise bleue foncée avec des coeurs blancs. Je sais qu'elle cherchait à me chambrer un peu mais elle sait aussi comme j'aime sortir du lot et très clairement, le côté too much de cette chemise ne pouvait que ravir mon coeur. Je l'ai glissé sous un joli costume sur mesure bleu foncé lui aussi, histoire de rester raccord avec la chemise et surtout être élégant. Croyez bien que dès que j'ai une occasion de bien me saper, je mets le paquet, je n'en peux plus de vivre en uniforme. Ressembler aux autres, ma hantise ! Accompagné de ma soeur et de ma cousine, nous nous rendons à Pré-au-Lard et la bonne humeur est au rendez-vous. Nous ne savons pas ce qui nous attend mais une chose est sûr, nous sommes déterminés à passer une bonne soirée et si jamais nos dates sont catastrophiques, nous pourrons toujours en rire en buvant un verre au balcon du monde. Ma cousine a réussi à dégoter une bouteille de Whisky pur feu pour mon anniversaire et nous avons décidé que nous profiterons de l'agitation de la soirée pour sécher le couvre feu en nous glissant au balcon du monde quand nous rentrerons de la soirée. Hors de question de se coucher en même temps que les autres, après tout, c'est mon anniversaire aujourd'hui, ça se fête ! “Alors, les pronostics ?” Demandais-je à mes deux acolytes. Ma soeur aimerait beaucoup tomber sur le beaux gryffondors sur lequel elle crush depuis quelques semaines. Quant à ma cousine, tant qu'elle ne tombe pas sur un élève de 1ère ou 2ème année, tout lui ira ! Quant à moi, j'avoue que je n'ai pas trop d'idées de mon côté non plus. Je voudrai bien éviter un pro sang-pur, histoire de ne pas avoir la sensation de passer ma soirée avec un membre de ma famille, ça serait déjà bien.

Nous rejoignons la petite foule qui attend devant la porte du salon de thé. Je reconnais rapidement quelques têtes connues, comme Gwen, Artemis ou encore Murphy. Je savais que cette dernière serait présente ce soir, elle me l'avait glissé dans une de ses lettres, ce n'était donc pas une grosse surprise. Néanmoins, je ne m'attendais pas à y voir mon ancien camarade de dortoir qui était loin d'être un fervent fan de ce genre d'événement. J'imagine qu'il y a été trainé par ses deux meilleures amies, ils sont toujours fourrés ensemble ces trois là. Au grande dame blonde commence son petit discours avant de citer nos noms à tour de rôle. Lentement je vois ma cousine, puis ma soeur être appelées et je finis par me retrouver un peu seul. J'esquisse un sourire en voyant que ma soeur ne sera pas avec son crush ce soir, je sens que l'après soirée risque d'être assez amusante. Lentement la foule diminue et mes chances de me retrouver en tête à tête avec Murphy se multiplient. Est-ce que ça me fait plaisir ? Je dois bien reconnaître que ça serait loin pour me déplaire, elle a été une cavalière fort agréable lors du bal de Noël et je ne serais pas mécontent de pouvoir réitérer l'expérience ce soir. En plus, comme je le lui ai dit, j'ai encore tellement de questions à lui poser et tellement de choses à découvrir sur elle. Elle est définitivement loin d'être une fille ordinaire et j'avoue que ça me plait beaucoup. A voir si la magie de la première soirée sera toujours au rendez-vous ou non. Nos noms finissent par retentit en dernier et c'est avec le sourire que je lui tends le bras. “Visiblement ce soir nous serons de nouveau en tête à tête, j'espère que ça ne te chagrine pas trop ?!” Lui dis-je en préambule. “Je t'accompagne jusqu'à la table ?” Lui demandais-je en glissant mon bras sous le sien. Nous rejoignons ensemble notre table, sous le regard amusé de ma cousine et de ma soeur. En parfait gentleman, je recule le siège de Murphy pour qu'elle s'asseoit, puis je vais m'installer en face d'elle, toujours le sourire aux lèvres.

@E. Murphy Leonhart

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Rencontrez l'amour avec un grand A

Elinette s'était attendue à tout sauf à se retrouver en tête à tête avec Dmitri van Aken. Elle connaissait à peine le garçon, juste assez pour se souvenir de son prénom donc elle n'avait pas la prétention de savoir s'il était friand de ce genre de soirées ou non. Ce qui l'étonnait, en revanche, c'est que le test de compatibilité amoureuse de Sorcière Hebdo - un magazine sûrement très respectable qu'elle n'avait jamais lu - l'ait casée avec le Serdaigle. Elinette avait toujours pris grand soin de l'éviter en toute occasion alors imaginer qu'il pouvait être son âme soeur ... Cela brisait toutes les règles de l'Univers. Mal à l'aise, elle eut pour premier geste de se servir un verre d'eau qu'elle descendit d'une traite. Il faisait très chaud et elle avait la gorge particulièrement sèche. Lorsque Dmitri lui demanda si elle avait rempli son questionnaire à sa place, la sirène s'emporta. Evidemment que non, elle n'avait pas fait ça ! Pour qui la prenait-il ? Pensait-il qu'elle en pinçait pour sa tête de pioche ? Comme souvent, ses émotions prirent le dessus et Elinette nia les faits avec un peu trop de ferveur. Des regards amusés se tournèrent vers eux, ce qui sembla amuser son interlocuteur. La brune, quant à elle, ne s'amusait pas du tout ! Elle était même furieuse.

Les pièces du puzzle s'imbriquaient dans son esprit et il semblait maintenant évident à Elinette que c'était lui, Dmitri, qui lui avait fait cette mauvaise blague. Elle l'accusa sans ménagement et ne se gêna pas pour lui attribuer des intentions moqueuses à son égard. Cette fois ci, le Serdaigle paru surpris et resta muet quelques instants. Il ne s'attendait pas à une telle démonstration de caractère et, rien que pour ça, Elinette était fière d'elle. Il avait voulu s'en prendre à elle, il allait le regretter ! Pourtant, sa réponse désarçonna la brune. Elle hésita un peu avant de répondre. « Je ... Oui, parfaitement ! » Bien sûr, que la Serdaigle était sérieuse ! Certes, elle n'était pas bonne à grand chose si ce n'est à causer des catastrophes mais cela ne l'empêchait pas d'être sérieuse quand les circonstances l'exigeaient !

Dmitri se servit à son tour un verre d'eau et remplit à nouveau celui d'Elinette. Cette dernière, en proie à de vives émotions, s'en saisit et le bu à nouveau en une seule gorgée. Ensuite, le garçon lui affirma qu'il n'avait pas rempli son questionnaire. La brune ouvrit de grands yeux, ce qui donnait à son visage un aspect contemplatif proche de celui des poissons. Elle demeura muette lorsque son camarade lui avoua avoir rempli un questionnaire pour le professeur van Aken, ce qu'Elinette trouva particulièrement stupide. Elle avait la trouille du vieil enseignant et ne comprenait pas qu'on puisse prendre plaisir à le faire tourner en bourrique. La sirène fronça les sourcils tout en continuant d'écouter Dmitri. Encore une fois, Elinette ne s'attendait pas à la question de son camarade et, comme bien souvent, elle répondit sans prendre le temps de la réflexion. « Oui. » L'expression de son camarade changea aussitôt et la jeune femme comprit qu'elle avait encore fait une bourde. Elle essaya de se rattraper en bredouillant. « Enfin je ... non ... peut-être ? » Quelle était la bonne réponse ? Elinette n'était pas sûre de le savoir. Sentant son coeur s'emballer, elle se servit encore un verre d'eau qui fut bu aussitôt. Le pichet était presque vide et la soirée venait à peine de commencer.

@Dmitri D. van Aken

(c) Liliana

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Rencontrez...
personne, on se connaît déjà

ft. @Agatha Kline, @Bluebell E. Sherwin, @Jin Kyung Seo & Willow Gillespie

Tous les efforts du monde n'avaient pas suffi à effacer les cernes violacées qui marquaient sa peau pâle. Pourtant, appuyé contre le lavabo de la salle de bain, le nez presque collé au miroir, Willow avait respecté scrupuleusement tous les conseils que la maquilleuse maternelle avait bien pu lui prodiguer avant chaque sortie publique... mais force était de constater que c'était un échec lamentable. Tout au mieux apercevait-on une fatigue vague au lieu de l'épuisement dont il était victime. Un soupir glissa entre ses lèvres alors qu'il abandonnait la bataille, et son reflet par la même occasion. De l'autre côté de la porte, son dortoir lui parut plus fade encore qu'il ne l'avait jamais été. À chaque fois que ses yeux clairs se posaient sur cette pièce pourtant devenue familière, son cœur se serrait immanquablement. Il s'était entêté à prétendre que c'était le privilège qui émanait du dortoir de Sherwin qui lui manquait, les nuits brûlantes qu'ils y passaient... mais ces excuses sonnaient toujours plus faux à chaque fois qu'il les balançait. C'était cette insupportable pimbêche qui lui manquait en réalité, cette garce qui avait préféré le condamner sans prendre la peine d'écouter sa défense. Il aurait dû s'en foutre, bon sang ! Ne voir en elle que la courtisane qui se planquait sous ses airs de princesse, c'était tout ce qu'elle était de toute façon ! Il aurait dû se sentir soulagé d'être débarrassé de ses crises, de sa jalousie, de ses attaques injustifiées ! Il aurait dû respirer à nouveau maintenant qu'il n'y avait plus cette fille pour empoisonner son existence ! ...mais il n'en était rien... Il avait l'impression d'étouffer, au contraire. De ressasser, encore et encore. D'espérer et de désespérer tout à la fois, tantôt certain que ça n'était qu'une question d'heures, qu'elle finirait par craquer, par revenir, tantôt convaincu qu'elle n'en avait que faire, elle, et qu'il n'était déjà plus qu'un lointain souvenir. Le carrelage de la salle de bain laissa place aux lames de bois du dortoir. L'adolescent traversa la chambre sans un regard pour son colocataire. Si leur cohabitation était supportable, c'était parce qu'ils s'ignoraient... Et encore, supportable était un grand mot. Tout en lui lui donnait des envies de meurtre, du bruissement des pages de ses maudits bouquins à la respiration régulière qui berçait son sommeil. Sa simple présence brillait de rappels moqueurs qu'il ne lui adressait pourtant même pas. C'était qu'il était tout ce qu'il n'aurait pas dû avoir à côtoyer, tout ce à quoi elle l'avait forcé à échapper. Aussi le moindre échange était-il devenu agressif, mordant, parce qu'il était toujours plus facile d'attaquer ce môme taciturne que les regrets brûlants que lui causait cette Perséphone de pacotille ! Le tissu blanc de sa chemise éblouit son champ de vision avant que la fadeur de la réalité ne reprenne place devant lui. L'ombre de Charles était en train de finir de se préparer. Il l'imaginait s'apprêter à rejoindre cette pauvre Eléonore, passer les prochaines heures à roucouler dans un coin de cette soirée pitoyable. Il leva les yeux au ciel, injustement railleur, et entreprit d'enfiler son pantalon. Derrière lui, des pas firent grincer le bois sans qu'il ne prenne la peine de se retourner. Il filait, l'abruti.

— Passe une belle soirée.

Et il osait, en plus ! Willow darda sur lui un regard qui l'aurait tué sur le champ si seulement il l'avait pu alors qu'il grognait un pitoyable « la ferme, Charlie » qui n'eut pour toute réponse qu'un bruit de porte claquée. Le silence tomba lourdement sur le dortoir vide. La solitude se fit plus violente encore. Il attrapa ses chaussures, coinça le tissu sombre de son cargo à l'intérieur et récupéra le blouson qui traînait sur le dossier de sa chaise. Il n'avait pas envie d'y aller, à cette soirée. Plus, du moins. Ça n'avait jamais eu l'air d'une bonne idée mais pouvoir quitter les couloirs déprimants de Poudlard rien que quelques heures avaient été assez enthousiasmants pour qu'il veuille s'y risquer. Comment aurait-il pu penser que ça ferait tant de dégâts, sérieusement ? Il ne lui devait rien, rien du tout ! Il ne lui avait rien promis, rien juré ! Et quand bien même il l'aurait fait, n'était-ce pas elle qui avait toujours pris soin de lui rappeler qu'elle l'appréciait à peine, qu'elle était libre ? De quel droit avait-elle cru qu'il ne l'était pas également ?! Mais malgré toute la mauvaise foi dont il était capable, tous ces mensonges auxquels il s'était accroché, il savait qu'il ne l'était pas tant que ça. Que ce lien innommable l'entravait bien plus qu'il ne l'aurait jamais cru... et qu'il aurait voulu qu'il se resserre davantage sous les sourires prétentieux de cette idiote. Un regard à sa montre qui annonçait l'heure de retrouver Jin, un autre à ce pantin ridicule qui lui faisait face dans le miroir et il tourna les talons, laissant la porte claquer une nouvelle fois dans le corridor désert. Il pressa le pas pour ne pas faire attendre le Serpentard... mais ralentit presque malgré lui devant le couloir adjacent... Il s'arrêta, se força à reprendre son chemin... Et puis merde ! Qu'est-ce qu'il en avait à faire, de cette soirée, honnêtement ?! Est-ce qu'il n'avait pas mieux à faire ? Plus important à sauver ?! Alors il bifurqua d'un geste brusque et s'arrêta devant cette chambre qu'il avait partagée il y avait de ça une éternité. Il hésita. Son souffle avait l'air assourdissant dans ce silence de mort. C'était presque s'il n'avait pas l'impression de marcher sur le cadavre de leur complicité abandonnée sur le pas de la porte. Et puis, dans un élan de courage un brin désespéré, il frappa. ...pas de réponse. Un poids tomba dans son estomac mais il s'efforça de l'ignorer et frappa une nouvelle fois.

— Bluebell ? S'il te plaît, ouvre.

Mais toujours rien. Il l'imaginait installer à sa coiffeuse, figée par cette intrusion alors qu'elle lui avait ordonner de ne plus y toquer, gardant un silence royal pour agiter sous son nez tout le mépris qu'il lui inspirait. Sûrement qu'il aurait dû comprendre et en rester là il se risqua pourtant à frapper une troisième fois.

— T'avais raison, je me suis comporté comme un salaud... tout ça pour une soirée dont je me fous en plus, je te jure... c'est avec toi que j'ai envie de la passer. ...celle-là et toutes les autres... Tu sais je... je crois que je l'aimerais bien, moi, l'exclusivité.

Il retint bêtement sa respiration dans l'espoir d'entendre quelque chose de l'autre côté de la planche. Un froissement de tissu, un murmure agacé, n'importe quoi... Est-ce que c'était un objet qu'on venait de reposer ? Il s'en rapprocha un peu plus comme si ce seul geste pouvait la convaincre de ne pas le laisser ainsi sur le seuil.

— Je t'en prie, ouvre...

Il s'apprêtait à frapper de nouveau mais dans un sursaut de fierté, son bras retomba mollement le long de son corps sans faire plus de bruit. Si elle avait dû se faire entendre, elle l'aurait déjà fait. Le message était plutôt clair. Willow se mordit l'intérieur de la joue, les yeux fermés si fort pour faire refluer cette tristesse débile que la situation lui inspirait que des taches de couleur dansaient derrière ses paupières closes. Il respira profondément, enfonça les mains dans ses poches avec un air négligé savamment travaillé et s'éloigna de ce couloir maudit les lèvres étirées d'un de ces sourires tranquilles qu'il avait toujours offert au monde. Cette soirée n'était rien qu'une apparition de plus, qu'une scène dans une comédie qui paraissait sans fin.
Lorsque Baby arriva dans le Hall, aucune trace de Jin. Il n'était pourtant pas en avance. Est-ce que son camarade avait fini par faire machine arrière ? Il n'avait pas eu l'air très emballé pour l'accompagner, d'accord, et peut-être qu'il lui avait un peu forcé la main... mais il n'allait tout de même pas le laisser tomber, n'est-ce pas ? Mais non, évidemment que non ! La silhouette du jeune homme se découpa enfin au milieu des rares autres traînards qui n'avaient pas encore quitté Poudlard.

— Rappelle-moi pourquoi je t’ai laissé m’embarquer à cette soirée ?
— Parce que tu m'adores et que tu peux rien me refuser, répliqua-t-il en feignant l'innocence.

…même si, pour être plus exacte, il feignait de feindre l'innocence. S'il n'avait pas été question d'une énième représentation, sûrement qu'il serait rentré à Poufsouffle et qu'il aurait profité de l'absence de son colocataire pour déprimer à sa guise... Mais non, bien sûr, Baby G. ne s'abaissait pas à ça. Ils emboîtèrent le pas au groupe qui s'éloignait déjà sur la route du village, prêts à se mêler à ces imbéciles heureux à l'idée de fêter quelque chose d'aussi trivial et éphémère que l'amour. Y en avait-il seulement qui croyaient à cette histoire d'âme sœur ? Probablement. Il y avait des abrutis partout. Au moins, Jin ne lui faisait pas l'affront d'être de ceux-là. Il remonta la fermeture de son blouson et en remonta le col dans l'espoir vain de se protéger des morsures du froid.

— J’espère que tu n’as pas mis de la merde dans le questionnaire.

Un sourire qui en dit long et aucune réponse ne prit la peine de passer ses lèvres. Il pouvait bien croire ce qu'il voulait ! Dans le pire des cas, ça n'était qu'un questionnaire douteux pour une animation qui l'était tout autant. S'il avait remplis des questionnaires en s'appliquant à mettre les pires réponses du monde, pour Kline déjà, puis pour Maxton, il avait fait attention à coller au mieux à la personnalité de son camarade lorsqu'il s'était attelé au sien. Ou, en tout cas, à ce qu'il pensait connaître de sa personnalité. Il n'excluait pas de s'être lamentablement planté mais ça n'aurait été en aucun cas ni conscient ni volontaire. Finalement, le salon de thé finit par de dresser devant eux, et devant la petite foule qui s'était arrêtée sur le seuil. De ses promenades dans les ruelles pavées des environs, il n'avait jamais pris la peine de s'y arrêter. Tout au mieux, il s'était penché contre la vitrine pour observer ces couples en toc qui se tenaient la main autour d'un chocolat chaud. La porte s'ouvrit tout à coup, laissant une femme belle et blonde se tenir dans l'embrasure. Elle aurait probablement pu être amie avec sa mère, celle-ci. Aussi irréelle que superficielle, renvoyant une confiance mielleuse qui avait le don de mettre à l'aise ceux qui ne la pratiquaient pas. Elle se lança dans un laïus vantant les mérites d'un sortilège auquel il ne croyait pas et finit par leur expliquer brièvement le déroulé de la soirée.

— C’est…Original.
— C'est comme ça qu'on dit « pathétique », chez toi ? lui demanda-t-il dans un souffle qui se voulait complice.

Son regard se perdit distraitement parmi ses camarades... Charles n'était pas collé à sa copine... Kline n'avait pas fait l'effort de se pendre dans la journée... Il n'eut pas l'occasion de fouiller davantage – pour y trouver quoi, de toute façon ? ça n'était pas comme si sa Majesté Glaciale risquait de mettre rien qu'un escarpin dans la fange foulée par la plèbe – qu'on appela les premiers participants. Un garçon de sa classe à qui il n'avait jamais adressé la parole et l'apprenti garde-chasse dont la voix lui était tout aussi inconnue. Puis d'autres et d'autres encore... jusqu'à ce que le nom de Jin retentisse à son tour.

— Fais-la chavirer, Roméo.

Mais il ne fallut qu'une seconde, que d'un nom pour que son sourire un brin moqueur ne meurt tout à fait : celui de Bluebell Sherwin. Elle passa près de lui sans lui accorder un regard, droite et fière comme si elle partait en guerre... Il resta coi, hébété, sous le choc, peinant même à la suivre des yeux. Ça n'avait aucun sens. Elle aurait dû être n'importe où ailleurs. Il lui avait proposé de l'accompagner, elle l'avait envoyé chier ! Pourquoi ne s'était-elle pas simplement contentée d'accepter, si c'était pour y aller malgré tout, hein ?! Et maintenant elle faisait comme si de rien n'était, fendant la foule pour aller rejoindre le seul véritable ami qu'il avait dans cette école de malheur ?! Il aurait voulu la retenir, se précipiter à l'intérieur pour arracher ce pauvre Jin à cette chaise qu'il ne méritait pas mais ils n'étaient plus que des ombres à l'intérieur des Enfers avant même qu'il n'ait pu esquisser le moindre geste. Les noms se succédèrent sans qu'il n'y fasse plus attention. Ni Maxton ni Saint-Charles ne parvinrent à défaire ses pensées de ce dos altier qui s'enfonçait dans ce décor qui ne lui allait pas. Peut-être qu'en expliquant gentiment la situation à Jin et à sa propre partenaire, ils parviendraient à trouver un accord ? Il n'aurait qu'à lui dire qu'elle était la fille de ses lettres et que, peut-être, ça ne lui allait pas tant que ça et qu'il espérait pouvoir arranger les choses... De toute façon, le pauvre ne pouvait pas avoir vraiment envie de passer la soirée avec elle, il allait se faire dévorer tout cru... Et puis, elle ou une autre, quelle différence pour lui ? Il n'avait même pas vraiment eu l'intention de participer et il ne croyait pas davantage à cette histoire d'âme sœur... Le seul fait qu'ils aient été séparés n'était-il pas la preuve que c'était n'importe quoi ? Oui, voilà, il n'aurait qu'à faire ça... Ils auraient au moins l'occasion de s'expliquer et, si par malheur elle continuait d'assurer qu'elle ne l'appréciait pas, il laisserait tomber en étant certain d'avoir tout essayé.

— Willow Gillespie.

Baby abandonna le groupe d'un pas décidé, concentré sur ce plan qui lui paraissait sans faille. Et il l'était ! ...ou en tout cas il l'avait été.
Jusqu'à ce que le nom de sa partenaire ne le suive jusqu'au pas de la porte. Agatha Kline, qu'elle venait de prononcer de cette voix crispante et haut perchée. Agatha Kline qui avait sonné comme une sentence imméritée, comme le chant d'un couperet qu'on aurait lâché pour l'achever.
Jusqu'à ce que son regard se pose sur la table numéro quatre, sur Bluebell Sherwin souriant à un autre, tellement prise dans sa conversation qu'elle ne fit pas l'effort de lever les yeux vers lui, de lui rendre l'attention vorace qu'il lui portait sans même le vouloir. Il essaya de l'attirer, pourtant. Il espéra l'obtenir rien qu'un instant... mais elle resta résolument tournée vers Jin qui, à cet instant précis, lui apparut comme le pire ennemi qu'il n'avait jamais eu. Alors c'était pour ça qu'elle n'avait pas ouvert, tout à l'heure ? Parce qu'elle comptait lui agiter sous le nez tout ce qu'il avait perdu ? Parce qu'elle voulait qu'il regrette d'avoir eu le malheur de s'enticher d'elle ? Parce qu'elle avait l'intention de l'abattre sur son propre terrain ? La gorge serrée mais l'air imperturbable, il traversa la pièce pour rejoindre sa propre table où, il le savait, le diable ne tarderait pas à le rejoindre. C'était à ça qu'elle voulait jouer ? D'accord. Et bien, ils joueraient. Si elle avait si peu besoin de lui, si elle était capable de le remplacer par le premier venu lors d'une soirée aussi minable que celle-ci, qu'elle se rassure, il le pouvait tout autant ! Il tira sa chaise et s'installa, l'oreille tendue et alerte, concentrée sur les pas d'Agatha, des pas qu'il aurait reconnus entre mille même au milieu du brouhaha.

— Baby G., le salua-t-elle alors qu'elle s'asseyait à son tour.
— Agatha.

Comme celui de Sherwin l'avait fait avec Seo, son regard ne la lâcha pas. Il n'avait aucune envie d'être là, aucune envie de partager ni sa table ni sa soirée... mais elle venait de se poser en pion sur un échiquier qui ne la concernait pas. Pour une autre, ça aurait sûrement été triste d'être ainsi utilisée pour une question d'ego, pour elle, ça n'était qu'un juste retour de bâton. Comme si le hasard avait décidé de lui offrir plus d'une vengeance ce soir. Il s'appuya contre le dossier de sa chaise, feignant d'être à l'aise, tandis qu'elle se cachait derrière le menu qu'on leur proposait pour ce tête-à-tête.

— Je suis extrêmement flattée que tu aies rempli ce questionnaire exprès pour qu’on se retrouve ensemble, mais je dois t’avouer que je me n’attendais pas à ça.

Par instinct, il eut envie de la remettre à sa place. Il l'avait rempli dans l'espoir opposé, il s'était appliqué à mettre les réponses les plus éloignées d'elle et de lui pour s'assurer qu'elle irait à n'importe quelle autre table et, tant qu'à faire, qu'elle se retrouverait avec un intello coincé qui lui ferait passer la plus mauvaise Saint-Valentin de sa vie. ...mais ça ne risquait pas de jouer en sa faveur.

— Si ça te dérange, je te retiens pas, lui fit-il savoir d'un ton brusque.

Laisser entendre que c'était ce qu'il avait fait tout en gardant les caractéristiques de leur échange... Mentir tout en restant crédible. Jouer un rôle sans se défaire de celui qu'il avait endossé jusque là. Qu'il aurait été facile, pourtant, de la jouer cajoleur, de se répandre en mièvreries dans l'espoir d'en obtenir ce qu'il voulait... ! mais si elle avait des défauts à la pelle, bien trop pour une seule fille, elle n'était pas stupide et ne se laisserait pas avoir par quelques mots doux sortis de nulle part. Il fallait composer avec l'antipathie dont il avait fait preuve à son égard depuis la rentrée...

— Alors, on est nostalgique finalement ?
— Non.

Il voulait bien faire les efforts nécessaires pour que cette garce de Sherwin soit prise à son propre jeu et qu'elle regrette jusqu'à l'idée de l'attaquer sur un terrain qu'il maîtrisait probablement mieux qu'elle mais il y avait tout de même des limites !

— Disons qu'il est difficile de trouver mieux dans le coin, plutôt.

Le mensonge en était-il vraiment un ? Il avait cru avoir trouvé, pourtant. Il en avait été certain, même ! Quel idiot ! Il dut se faire violence pour ne pas tourner la tête en direction de cette maudite table quatre. À la place, il attrapa son verre et y trempa les lèvres. Il aurait donné cher pour être loin d'ici, pour supporter la présence oppressante de son colocataire, pour s'épuiser à en crever sur son balai... mais il fallait garder en tête que ça n'était que l'histoire de deux ou trois heures et que, bientôt, toute cette mascarade serait de l'histoire ancienne.

— Et je sais que je ne suis pas le seul à penser ça... Tu ne mettrais pas tant d'énergie à me rappeler constamment ton existence si c'était le cas.

L'évidence balancée sur la nappe immaculée ne laissait que très peu de place à la discussion. Elle n'avait eu de cesse de parler du bon temps, de l'aguicher à moitié... Pourquoi se serait-elle abaissée à ça en sachant pertinemment qu'il la rejetterait encore et encore, alors qu'elle aurait pu avoir qui elle voulait à ses pieds, si les garçons de ce pays pathétique n'étaient pas aussi fades que ces blondes sans intérêt qui répondaient à ses sourires par des œillades énamourées ? Qu'elle avoue donc, il gagnerait du temps !

(c) jawn

Amener Artemis n’avait pas été une mince affaire, mais il était finalement venu et ne râlait pas trop, ce qui était déjà bon début. Il menaçait bien d’abandonner la pauvre personne qui tombait avec lui si le choix était trop catastrophique mais au moins pouvait-elle compter sur lui pour aller s’asseoir à sa table et tenter l’expérience. « Je sais... mais si je n’étais pas venu, j’aurais eu peur que la fausse Haley y soit. » répondit-elle le plus honnêtement du monde, avant de rajouter en souriant : « Et tu en aurais profité pour te défiler. » Puis Misha... il était venu, lui aussi. Elle ne lui en voulait pas : après tout, elle était là et s’apprêtait à rejoindre une autre table. Elle se doutait qu’il faisait ça pour se distraire et qu’il n’était pas de ces garçons à y aller très sérieusement. N’empêche qu’elle jalousait déjà la personne qui allait être assise en face de lui.

En voyant le nom de Sorcière Hebdo accolé à l’évènement, Haley ne s’était pas attendu à être le fruit d’une grande rigueur dans l’attribution des binômes pour la soirée et il suffisait de voir le contenu du formulaire pour se rendre compte qu’il ne promettait pas une pertinence à toute épreuve. Pourtant, en voyant qui était la personne avec qui elle allait partager sa soirée, la pensée qu’il puisse s’agir d’un peu plus que du simple hasard la traversa. Non, Shayne n’était clairement pas son âme sœur – d’autant qu’elle ne croyait pas en ces fables de prédestination – mais le choix lui paraissait presque... moqueur. Comme si même dans la direction d’un journal, on avait voulu se moquer un peu de l’attrapeuse, jusque-là couronnée de succès et mise en défaut par un amateur... quoiqu’il s’agît plutôt du mérite de son batteur, à son sens. Et de l’absence de batteuse digne de ce nom chez les poufsouffles. Diantre qu’Erin pouvait lui manquer parfois.

Toujours était-il que si elle avait pu choisir, elle n’aurait sûrement pas choisi ce gryffondor. Même dans l’hypothèse où elle n’avait pas d’yeux que pour Misha, elle aurait préféré quelqu’un qu’elle n’avait jamais croisé ou un camarade dont elle était plus proche... pas ce garçon qu’elle n’avait aperçu pour ainsi dire vu qu’une seule fois, sur un balai, face à elle.
Cela dit, il n’avait pas l’air beaucoup plus enchanté qu’elle de la voir. C’en était presque vexant ; elle était persuadée d’avoir déjà vu Thorstein sourire avec plus de franchise que lui. Et ça n’était pas peu dire. Mais au moins faisait-il un minimum d’efforts et puisque la préfète avait trop de fierté pour le planter là et partir comme une voleuse, elle s’essayait face à lui. « C’est gentil, mais on me connait d’abord pour être la plus grande attrapeuse de contrevenants au règlement, à Poudlard. » répondit-elle en rigolant, en repensant à Bailey, le pauvre serpentard qu’elle avait coincé à fumer dans les toilettes durant le couvre-feu.

La question, très directe, la prit un peu de court. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il aborde les choses ainsi, si prématurément. C’était très cavalier et pas très fin comme entrée en matière. « Tu es très direct, ma parole. » Elle pouvait au moins lui accorder qu’il était honnête, à défaut d’avoir un tant soit peu de bienséance. « Pourquoi tu penses ça ? » Elle avait encore le match un peu en travers de sa gorge, mais c’était beaucoup moins frustrant que le dernier de poufsouffle, qu’ils avaient menés sans batteuse et avec un poursuiveur en moins. Contre gryffondor, il n’y avait eu aucune injustice, si ce n’était que Kathleen n’égalait pas sa prédécesseur. « Au fait, je n’ai pas eu l’occasion de te le dire, le jour du match, mais félicitations. C’était bien joué ! » Elle était mauvaise perdante, mais pas mauvaise joueuse.

@Artemis T. Lewison @Shayne T. Williams

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