Shayne, né le 21 juin 2013 à Bristol, est l’aîné des deux enfants nés de l’union de Catherine Laffont, une patronne de café française Moldue, et Matthew Williams, un Britannique Sang Pur professeur de potions. Le jeune sorcier a un petit frère appelé Siggy, dérivé de Sigmund, nommé en hommage à leur grand-père et leur arrière-grand-père paternels, qui est âgé de 10 ans. Les parents de Shayne et Siggy se sont mariés par amour, malgré leurs familles respectives, Matthew étant d’une lignée de Sang-Pur qui souhaitait se prolonger, et Catherine dont la famille étant Moldue ne voyait pas d’un très bon œil la relation entre leur fille et cet étranger qu’était le père de Shayne, dont le comportement et l’attitude suscitaient une grande suspicion. Néanmoins, les deux finirent par s’épouser et s’installer dans un petit appartement à Bristol où ils accueillirent leurs deux fils, Shayne et Siggy.

24 décembre 2012

20 heures 30. C’était la veille de Noël, et pourtant le petit appartement qu’avaient loué Catherine et Matthew Williams était presque vide : quelques meubles seulement décoraient le lieu, à savoir un petit canapé en cuir occupé par les deux jeunes mariés, assorti d’une table basse de verre sur laquelle Catherine avait posé deux verres à pied et une bouteille de champagne ainsi que quelques amuse-bouche, une table de salle à manger encore démontée au coin de la pièce, une cuisine ouverte au salon avec un petit bar dépourvu de chaises montantes, et tout autour s’entassaient des cartons, ouverts ou fermés, le marron du matériau contrastant avec la blancheur des murs et la clarté du parquet gris. La pièce était éclairée par une simple lampe sur pied près du canapé, et tout près de là se tenait une petite chaîne Hi-Fi posée sur une petite étagère de rangement en bois de résine. La jeune femme alla actionner la machine, puis un doux son de Soul envahit la pièce.

« Sincèrement, Catherine, je n’arriverai jamais à m’habituer à ce genre d’engin ensorcelé, dit Matthew à sa femme, le regard porté sur la radio. Tu es sûr qu’il n’y a aucun démon dedans ?

- Parce que tu crois que c’était facile pour moi ? ria Catherine, avec son petit accent sud-français que son mari trouvait adorable, se réinstallant près de ce dernier. D'ailleurs c'est moi qui devrais m'inquiéter sur le fait d'être ensorcelé ou pas. Qui est le sorcier entre nous deux ? Je me demande parfois si tu ne m'as pas lancé quelque sort ou fait boire une potion magique pour que je finisse avec toi.

- Eh bien c'est vrai que la maîtrise des Potions facilite certaines choses. »

Catherine, la mine choquée et exaspérée, tapa gentiment l’épaule de Matthew qui poussa un cri de douleur exagéré, ce qui valut à la jeune femme de rire aux éclats sous les yeux doux de son mari qui en profita pour l’embrasser furtivement mais doucement sur les lèvres. Il passa alors un bras autour d’elle pour l’inviter à se blottir contre lui, ce qu’elle fit sans hésiter, un sourire amoureux affiché sur son visage tandis qu’elle écoutait, la tête appuyée contre son torse, les battements de son cœur. Ils restèrent ainsi sans rien dire pendant un long moment, jusqu’à ce que Catherine souffle combien ils étaient bien à ce moment-là, avant de soupirer :

« Dommage que notre famille n’ait pas pu venir…

- Oh, Catherine, rouspéta Matthew, s’éloignant un peu.

- Je veux dire que pour tes frères je comprends, après tout ils ont déjà une famille avec des enfants, donc je comprends qu’ils préfèrent passer Noël ensemble, mais mes parents… Tes parents… Eux qui vivent seuls…

- Tant pis pour eux, l’interrompit Matthew, se redressant pour se saisir de la bouteille de champagne et des deux verres posés sur la table basse. Je n’ai pas nécessairement besoin de ma famille en ce moment : j’en ai déjà une, dit-il en souriant tendrement à Catherine. »

Cette dernière lui rendit son sourire, ses yeux brillants de bonheur scrutant le visage de son mari, la main posée sur la cuisse de ce dernier.

« Oui, mais une qui va bientôt s’agrandir. »

Matthew fronça légèrement les sourcils à la réponse de Catherine, avant de (croire) comprendre l’insinuation : il pensait qu’elle parlait de la famille qu’ils vont bientôt fonder dans quelques années, et n’était pas préparé à ce qui allait suivre. En effet, pendant qu’elle répondait, Matthew s’était déjà versé un verre de champagne et était prêt à servir Catherine, lorsque celle-ci éloigna son verre de ses mains, son sourire légèrement plus agrandi tandis qu’elle hochait un non de la tête. Ne comprenant pas où elle voulait en venir, Matthew posa son verre encore plein sur la table, scrutant sa femme d’un air interrogateur.

« Je ne dois plus boire d’alcool, fit-elle.

- Ah bon ?... Tu es malade ? »

A sa réponse, elle soupira, mi-exaspérée mi-amusée.

« Mon Dieu, comme tu es long à la détente ! Matthew… Je suis enceinte ! Nous allons avoir un enfant !

A ces mots, le visage du sorcier s’illumina de plus belle. Son regard passa des yeux de sa charmante épouse au ventre de celle-ci qui n’avait pas encore pris de rondeur. Il sourit largement, exposant toute sa dentition, avant d’émettre un rire enjôleur puis un cri de joie. Il se précipita alors dans les bras de Catherine, celle-ci ne pouvant empêcher quelques larmes de couler à la vue de la joie de son mari. Ce dernier la tenant contre lui l’embrassa sur toutes les parcelles de son corps qu’il pouvait atteindre, la remerciant à chaque baiser, la main droite posée sur le ventre de Catherine comme si cette place lui était destinée.

« J’espère que ce sera un garçon, murmura Matthew contre le cou de son épouse.

- Ah ! Parce que si c’est une fille, tu vas l’abandonner ? se moqua Catherine, s’éloignant de Matthew, un sourire taquin aux lèvres.

- Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit ! rouspéta-t-il avant de jeter de nouveau dans ses bras, provoquant le rire de Catherine. »


21 juin 2013

« Je vous l’avais dit que ça allait être un garçon. »

Matthew avait dit cette phrase avec tellement de fierté que cela poussa Catherine à lever les yeux au ciel, celle-ci étant allongée sur son lit d’hôpital avec dans ses bras un petit nouveau-né au teint de rose, endormi. Cette fois, les parents du sorcier ainsi que ceux de la jeune Moldue étaient présents, tous entourant la nouvelle petite famille. Les nouvelles grand-mères avaient les larmes aux yeux, la mère de Catherine se mouchant le nez d’émotion face à ce spectacle, tandis que les grands-pères étaient assis, l’un sur le fauteuil devant le lit, l’autre sur un fauteuil roulant. Toutes les personnes avaient les yeux rivés sur ce petit bout de chou tout juste venu à la vie.

« Il me fait penser à toi, Catherine, quand tu es née, fit remarquer Louisiane, la mère de la jeune Française, émue. Les mêmes cheveux, les mêmes yeux, le même air paisible…

- Et vous qui disiez que vos gènes étaient plus forts que les nôtres… pouffa par moquerie Thomas Laffont, le père moldu, à Sigmund, le père de Matthew.

- Non mais vous, le Moldu, on ne vous a pas demandé d’en rajouter, maugréa Mr Williams. De toute manière, tous mes autres petits-enfants me ressemblent moi, alors j’ai pas à me plaindre.

- Papa, tu vas pas recommencer ! s’écria Matthew. C’est vraiment pas le moment. »

M. Laffont quant à lui, perplexe, se tourna vers sa fille pour lui demander comment le père Williams l’avait qualifié et pourquoi, lui qui, n’étant évidemment pas au courant de la magie qui coulait dans les veines de son gendre et de sa famille, – et qui pouvait couler dans celles de son petit-fils – pensait que « Moldu » était une insulte gratuite d’Anglais enragé. Catherine exaspérée préféra rassurer son père, sans lui donner la signification de ce mot. Elle aurait bien aimé faire part à ses parents de son bonheur et son émerveillement d’avoir pour mari un sorcier, des avantages que cela pouvait garantir – bien qu’elle ne se fût pas mariée avec lui pour sa magie seulement–. Mais Matthew était ferme dès le début là-dessus : pour le bien de tous et surtout de leur famille, il valait mieux qu’ils ne le sachent pas.

« Sinon, ajouta Agatha Williams, la mère de Matthew, à son fils, un peu gênée par la situation et cherchant à détendre l’atmosphère. Vous lui avez trouvé un nom à ce petit ?

- Moi j’ai bien une petite suggestion de prénom, mais je laisse à Catherine le loisir de le nommer. »

Catherine tourna le regard vers Matthew qui hocha la tête pour l’encourager à donner son avis. Elle regarda un moment son petit être qui dormait paisiblement dans ses bras, avant de lever la tête :

« J’avais songé à un nom que j’aime bien ; et il est Anglais, si ça peut vous rassurer Mr et Mrs Williams. J’aimerais l’appeler… Shayne »


15 octobre 2017

« Me voilà de nouveau papa.

- Et moi maman. Regarde, Shayne, c’est ton petit frère. »

Shayne, alors âgé de 4 ans, assis sur une chaise près du lit d’hôpital, accueillit avec plaisir son nouveau petit-frère. Ce bébé que sa maman tenait dans ses bras était frêle, et – contrairement à lui qui avait des yeux vert amande et des cheveux bruns à reflet roux hérités de sa mère – avait des cheveux noirs de jais et des yeux noisette, digne d’un Williams. Le scrutant avec ses yeux de bambin, il l’entendait pousser des petits gazouillements de nouveau-né et l’écoutait ainsi pendant une longue durée sans dire mot, comme si le bébé cherchait à converser avec lui et que Shayne comprenait ce qu’il disait. Catherine souffla en disant qu’il leur faudrait acheter une nouvelle maison pour que leurs enfants grandissent bien. Matthew quant à lui regardait son deuxième enfant avec tendresse, ajoutant que son grand-père Sigmund, mort peu de temps avant sa naissance, aurait été fier de le rencontrer. Ainsi lui vint l’idée lucide jusqu’alors inattendue :

« Tiens et si on l’appelait comme lui : Sigmund, ce serait bien non ?

- Alors moi vivante, tu l’appelleras pas Sigmund, rétorqua Catherine.

- Mais qu’est-ce que tu as avec ce nom ? C’est parce que c’est mon père ? s’écria Matthew.

- Non, et tu le sais très bien : je n’ai jamais eu de problème avec lui, même s’il en a eu avec moi. C’est le nom qui me gêne, Matthew. Ce n’est qu’un bébé, et en plus de ça ce nom n’est plus d’actualité. Tu as pensé à comment il grandira ? Tu as pensé à ce que les autres enfants pourraient dire sur lui et son nom ?

- Ben on n’aura qu’à lui donner un surnom et Sigmund on le laisse à l’Etat civil.

- Un surnom avec Sigmund ? Non, c’est hors de question.

- Mais tu as dit que c’était à moi maintenant de choisir !

- Je l’ai dit et je le pense encore, fit-elle, calmement, lui faisant signe de baisser la voix pour ne pas effrayer les petits. Mais choisis un autre nom. D’ailleurs, comment comptes-tu trouver un surnom à un prénom ancien ? Parce que je te le dis, il faudra me passer sur le corps avant d’appeler ce bébé Sigmund. »

Matthew regarda un instant dans le vide, se pinçant l’arête du nez, faisant mine de réfléchir. Shayne, pendant ce temps, jouait avec les petits doigts de son petit frère, comme captivé par ses petites mains refermées en poings. Le nom que son père voulait donner à ce bébé lui semblait si drôle qu’il le répéta d’une voix traînante, sans s’apercevoir qu’il parlait à voix haute.

« Sig-munt, Sig-munt, Sig-mui… Sig-my, Sig-gy… Sig-gy…

- SIGGY ! s’écria Matthew prenant son fils aîné dans les bras avant de le soulever, sous le rire de Shayne. Shayne a trouvé le surnom : désolé Catherine, mais on garde Sigmund pour l’Etat civil !

- Oh c’est pas vrai… marmonna Catherine en français, la main sur le visage.


27 mars 2021

C’était un après-midi de début de printemps, et Shayne, âgé de 8 ans, rentrait de son école – moldue car il n’était pas encore prêt pour être sorcier et utiliser la magie. Comme celle-ci se situait juste devant la maisonnette dans laquelle habitait les Williams dans le quartier de Clifton, il avait pris l’habitude comme un grand d’y aller seul depuis ses six ans. Ce jour-là était un peu spécial car c’était l’anniversaire de Catherine Williams. Shayne en avait parlé à sa maîtresse d’école, et comme il était le préféré de ses élèves, celle-ci a suggéré à ses camarades de classe de fabriquer des fleurs de papier et d’écrire des cartes de vœux pour leur maman. « Peu importe si ce n’est pas la fête des mamans, faites-en, ça leur fera plaisir », prétexta-t-elle. Shayne, ravi, usa de tout son talent pour fabriquer un joli cadeau d’anniversaire à sa mère. Pour son père, il ne s’inquiétait pas car, bien qu’il lui arrivât souvent ces temps-ci de s’absenter, il savait que ce dernier reviendra très vite à la maison le soir, grâce à sa magie, pour lui acheter des fleurs.

« Mais pas plus belles que les miennes, dit Shayne avec fierté en regardant son paquet-cadeau. »

A peine eut-il le temps de monter les deux marches d’escalier menant à la porte d’entrée que celle-ci s’entrouvrit pour laisser place à une dame vêtue d’une robe blanche à broderie anglaise en dentelle, ses cheveux blonds châtains déroulés en désordre sur ses épaules, qui gloussait comme une petite fille. Mais elle perdit aussitôt son rire lorsqu’elle remarqua la présence de Shayne, arrangeant sa robe et ses cheveux comme si elle s’était décoiffée par on ne sait quelle activité. Celui-ci la reconnut tout de suite, c’était l’apothicaire, Miss Clarks, une sorcière britannique divorcée que ses parents – enfin surtout son père – avaient invité un jour à la maison. Il se demanda ce qu’elle pouvait bien faire dans sa maison. Elle s’exclama :

« Oh Shayne, comment vas-tu ? dit-elle d’un air – faussement – enjoué. En voilà une surprise, je ne pensais pas te voir ici.

- Vous pensiez pas me voir alors que je vis ici, pensa Shayne.

- En tout cas je suis venue pour ton père… enfin pour mon boulot, tu vois. Parce que je suis apothicaire, et comme tu le sais, ton père est maître de potions, et… Enfin bref, ton père est à l’intérieur, et ta maman va bientôt arriver je pense, tu n’as pas à t’en faire. Bonne journée, à bientôt ! »

Et elle disparut de son champ de vision. Etrange. Vraiment très étrange. D’une part parce que ce n’était pas dans les habitudes de Miss Clarks de venir de si bonne heure à la maison. D’une autre parce que son père Matthew ne transplanait jusqu’à chez eux qu’à partir de 19 heures. Shayne ne comprenant pas la situation, il se précipita à l’intérieur où il vit son père, assis sur un des fauteuils du salon, deux verres de whisky pur feu posés sur la table basse. Lorsque ce dernier aperçut Shayne, il bondit de son siège avant de se diriger vers son fils, se débarbouillant au passage, et se baissa à son niveau.

« Shayne, mon ange, tu vas bien ? Oh tu arrives tôt aujourd’hui, d’ailleurs c’est maintenant que je devrais aller récupérer Siggy de chez la nourrice. Comment ça s’est passé l’école ?

- Ben ça peut… aller. »

Il termina sa phrase avec lenteur lorsque ses yeux verts se posèrent par hasard sur le col de la chemise de son père tâchée d’un peu de rouge. Fronçant les sourcils, il fit inconsciemment remarquer à son père ce qui l’intriguait, ce qui fit sursauter ce dernier lorsqu’il vit la tache. Il prétexta qu’il s’était blessé en voulant se raser tout à l’heure et que la tache de sang ne voulait pas partir. Mouais, pensa le jeune garçon. Alors qu’il aurait très bien pu utiliser sa baguette pour lancer le Sortilège de Récurage…

« Tu te rases devant les invités, toi ? fit remarquer Shayne. J’ai vu Miss Clarks sortir.

- Ah Miss Clarks… mais Miss Clarks est venue pour m’apporter un peu de brins de valériane pour la potion que je dois concocter pour ce mercredi… Et … Oh et c’est quoi ce paquet ?

- C’est des fleurs en papier.

- Oh des fleurs ? Elles doivent être belles, c’est pour qui ? Tu as une petite copine ? dit Matthew en cherchant à se montrer taquin.

- Non j’en ai pas. Et si t’étais pas occupé, t’aurais su que c’est l’anniversaire de MAMAN aujourd’hui. »

Et il contourna son père, pour monter les marches de l’escalier afin de s’enfermer dans sa chambre. Il ne savait pas ce qui se tramait, mais une chose était sûre : cela ne présageait rien de bon. La preuve, c’était la première fois que Matthew oubliait l’anniversaire de Catherine. Shayne, maussade, pensait à sa mère et à la tristesse qu’elle ressentirait si elle savait que son mari l’avait oublié pour son travail. Mais il était loin d’imaginer la dure vérité derrière cette petite visite de Miss Clarks et l’oubli de son père...


12 juin 2021

« Allez, mon ange, tu veux vivre avec papa ou maman ?

- T’inquiète pas, mon bébé, t’as juste à dire avec qui tu veux vivre.
- Sache que si tu décides de vivre chez ton papa, tu ne pourras pas voir Siggy pendant un certain temps comme il est encore petit, alors qu’avec maman vous ne vous séparerez jamais…

- N’essayez pas de l’embrouiller plus qu’il ne l’est déjà, le pauvre garçon !

- En tant qu’avocat de la mère, il est dans mon devoir de veiller à ce que ces enfants soient bien gardés.

- Et moi je vous dis en tant que partie adverse que ces enfants se porteront mieux avec un parent sorcier qu’avec une mère sans pouvoir magique. Imaginez ces enfants avec des pouvoirs, comment pourront-ils s’épanouir ? Voulez-vous qu’ils gâchent leurs talents ?

- Maître Delacour, Maître Fletcher, s’il vous plaît, là n’est pas la question de cette réunion.

- Bien, Monsieur le Juge.

- Alors, mon garçon ?

- Mon bébé, tu sais que je ne t’en voudrais pas si tu pars avec ton papa.

- Arrête de le dresser contre moi.

- J’en ai pas eu besoin, tu t’en es occupé toi-même ! Tout ça ne serait pas arrivé si tu avais pensé à ta famille avant ton propre plaisir personnel.

- Maîtres, veuillez modérer vos clients.»

Shayne ne souhaitait pas parler. Il savait avec qui il souhaitait vivre, mais il n’osait pas ouvrir la bouche car il avait peur de dire une bêtise. Il lui fallut un nombre incalculable de minutes pour enfin daigner s’adresser au Juge.

« Je veux pas partir loin de Siggy et de maman… Alors je veux vivre avec ma maman. »

A partir de ce moment-là, la relation qu’il entretenait avec son père se détériora, et il finit même, au grand désespoir de ce dernier, par le haïr une bonne fois pour toute. Ou du moins pour une bonne longue durée de sa vie…


10 juillet 2025

« C’est quoi comme lettre, maman ? »

Shayne regarda sa mère d’un air interrogateur, Catherine lisant une lettre devant lui. Elle lui avait dit précédemment qu’elle lui était destinée, alors pourquoi la lisait-elle elle et pas lui ? Il ne savait pas ce qui se passait mais cela ne présageait rien de bon pour lui. Il vit alors le visage de sa mère s’illuminer avant de relever sa tête vers lui.

« C’est ta lettre d’inscription pour Poudlard. Tu es un sorcier, Shayne.

-Un quoi ?! »

Il lui arracha la lettre des mains pour pouvoir la lire à son tour. Non, il ne pouvait décemment pas l’être ! Il n’était pas près, il ne se sentait pas préparé pour une telle aventure. Pendant des années, ses parents lui avaient parlé de sa future admission à Poudlard, l’école de sorcellerie où son père ainsi que toute sa lignée avaient exercé la magie. Avant le divorce de ses parents et avant que Matthew ne se soit remarié avec une mère célibataire, Shayne sautait de joie et d’impatience à l’idée d’y aller. En cet instant, il ne voulait plus. Il ne voulait d’ailleurs plus toucher à quoi que ce soit qui lui rappellerait son père. Ce n’était pas que la magie le répugnait, bien au contraire, mais c’est qu’elle lui rappelait Matthew et ses tours de magie à la maison devant les yeux ébahis de ses enfants.

Shayne, poussé par la colère, sortit de chez lui en trombe, courant dans la pénombre de la nuit, déambulant seul dans les rues de Warwick, la nouvelle ville en Angleterre où habitait sa mère et son frère. Il ne souhaitait plus voir personne, il ne voulait plus entendre parler de magie, d’école, de père. Il souhaitait disparaître, s’endormir et se réveiller dans un autre monde, loin de tout ce qui le tracassait. Il avait alors couru pendant longtemps jusqu’à ce qu’il s’épuise et décide de s’asseoir sur un banc. En colère, la tête enfouie dans ses bras, il en voulait au monde, à ses employés de Poudlard de l’avoir admis, à son père de lui avoir transmis une partie de lui qu’il ne désirait pas, et enfin à lui-même de demeurer aussi faible face à tant de pression. Tout à coup une femme fit son apparition et lui demanda :

« Shayne ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? »

Shayne, après avoir essuyé ses larmes, leva aussitôt la tête et reconnut avec étonnement son ancienne maîtresse d’école qu’il avait perdu de vue depuis son déménagement à Warwick.

« Miss Patty ? s’exclama Shayne.

- Comme je suis contente de te voir après toutes ces années ! Mais qu’est-ce que tu fais ici tout seul ? Tu es beaucoup trop loin de chez toi, ta mère doit s’inquiéter.

- Et vous, qu’est-ce que vous faites au Warwickshire, vous étiez pas censée vivre à Bristol ? »

Elle lui raconta que sa mère à elle était malade et qu’elle vivait à Warwick. Néanmoins, cette coïncidence fit un peu plaisir à Shayne, même s’il ne le montra pas.

« Oh ! ça par exemple, tu es admis à Poudlard ? s’écria Miss Patty à la vue de l’enveloppe froissée que tenait Shayne sur laquelle était imposé le sceau en forme d’écusson de l’école.

- Comment vous connaissez Poudlard ? Vous êtes une sorcière vous aussi ? demanda le garçon.

- Moi ? Oh non malheureusement, je n’ai pas eu ce privilège. Mais ma fille est sorcière. Enfin l’était… Elle avait deux ans de plus que toi, elle aussi aurait pu aller à Poudlard.

- Comment ça ? »

Miss Patty baissa la tête en signe de remords, les yeux embués de larmes, et Shayne s’en voulut de lui causer autant de souffrance, elle qui avait toujours été gentille avec lui.

« Ma fille avait une leucémie, se confia-t-elle. Une maladie qui épuise et qui généralement est incurable. Son état s’est aggravé alors qu’elle se préparait pour la rentrée de sa première année à Poudlard, et quelques mois après passés à l’hôpital… »

Sa voix craqua, ce qui la fit taire un moment avant de reprendre péniblement la parole.

« …Enfin elle n’a pas survécu pour réaliser son rêve.

- Je...je suis désolé, je ne savais pas...

- SHAYNE ! »

Shayne fit volte-face lorsqu'il reconnut la voix féminine apeurée et bouleversée qui résonnait dans la ruelle, venant d'un carrefour. C'était Catherine, sa mère, agitée comme une puce qui scrutait furtivement tous les coins des lieux, sûrement à la recherche de son fils. Elle avait du s'inquiéter de la fuite de son petit garçon dans la rue, seul dans la nuit. Lorsqu'elle le découvrit, elle poussa un lourd soupir de soulagement avant d'accourir vers lui, les bras ouverts. Une fois devant lui, elle le pressa contre elle, embrassant par moments sa tignasse brune, soufflant combien elle était morte d'inquiétude et combien elle était soulagée de le voir.

« Ne me refais plus jamais ça, tu entends ? Plus jamais ! »

Lorsque Catherine s'aperçut de la présence de Miss Patty, les yeux bouffis et le teint gris, elle la dévisagea et lui demanda ce qu'elle venait faire là. Et Miss Patty, gênée par le regard que portait la jeune femme à son égard, lui expliqua la raison de sa présence à Warwick. Mais Catherine corrigea sa question et insista pour lui demander ce qu'elle faisait avec Shayne, et aussi pourquoi elle pleurait, ce qui entraîna la dame dans un plus grand embarras.

« Elle m'a trouvé seul, maman,s'interposa Shayne, et elle voulait sans doute me raccompagner à la maison.

- Moui... Enfin Shayne, pourquoi as-tu quitté la maison ? Tu veux que ta maman souffre ou quoi ? Tout ça parce que tu ne souhaites pas aller à Poudlard comme ton papa ? »

Miss Patty, à la vue minée et désolée du petit, demanda à voix basse à Catherine de ne pas crier pour ne pas l'effrayer, qu'il avait l'air d'avoir compris son erreur. La Française fronça les sourcils en regardant la maîtresse d'école, avant de reporter son attention sur son fils. Elle sourit faiblement et leva la main pour caresser le visage de Shayne, avant de continuer plus doucement la discussion.

« Mais mon ange, tout ne tourne pas autour de ton père, voyons, tenta de le rassurer Catherine. Il y en a des sorciers corrects.

- Je – je ne pense pas vouloir y aller. Je… Je ne me sens pas prêt.

- Personne ne sait ce que l’avenir nous réserve, Shayne, et donc personne ne se sent réellement préparé pour l’affronter.

- Je, je sais… Mais…

- Et si le problème est ton père qui est sorcier et qui t’a transmis ce don, en quoi est-ce réellement sa faute ? On ne choisit pas sa famille ni comment on naît, Shayne. Et dis-toi que tout ce que tu crois avoir perdu avec lui, tu le retrouveras grâce à ta réussite et à ta magie. Ils ne t'auraient pas envoyé de lettre si tu n'étais pas prêt. Ne gâche pas ce privilège de pouvoir réaliser un rêve enfoui en toi. »

A ces mots, la jeune femme le prit de nouveau dans ses bras, caressant ses cheveux bruns, avant de lui dire qu'il était tard et qu'il devait rentrer. Alors qu'ils prenaient le chemin vers leur maison, Shayne se retourna et fit un signe de la main à Miss Patty qui ravie lui renvoya un signe de main. Pendant le trajet, le jeune garçon repensa aux paroles de sa mère. Catherine avait raison : d’un côté Shayne se sentait comme pris au piège par l’omniprésence de son père dans sa vie, de l’autre il était curieux et plus qu’enclin à pratiquer la magie, car c’était un rêve d’enfance. Il pensa à sa petite famille que formaient Siggy et sa mère avec lui, sans qui il ne pouvait pas vivre et se dit que sans son père ils allaient avoir besoin d’aide et de protection, et cela il était prêt à leur en apporter. Et la magie était peut-être le seul moyen de protéger sa petite famille.

La première année à Poudlard fut pleine de surprise pour Shayne. Elle commença pourtant sur un bon départ : la découverte des lieux, des sorts et enchantements enseignés en classe, la rencontre de nouveaux amis avec qui étudier et faire les quatre cent coups. Il se prit à aimer les cours de Sortilèges et de Métamorphose, toujours fasciné et avide d'apprendre davantage. Cependant, cette tranquillité ne fut pas pour durer. Des événements inquiétants se produisirent lors de la première année de Shayne ; entre des rumeurs de conspiration, des lettres anonymes envoyées aux Sang-Purs pour tenter une révolte, ainsi que des Badges de couleur sang, l'année s'annonçait riche en rebondissements. La situation avait pris une telle ampleur que l'école jugea nécessaire de faire intervenir des Aurors afin d'interroger les élèves. Et comme si cela ne suffisait pas pour faire trembler toute l'école, une créature magique s'était introduite au sein du château, blessant bon nombre de professeurs et d'élèves. Shayne faisait partie du lot et avait failli y rester à cause de certains Médicomages de Sainte-Mangouste qui s'étaient octroyés le droit d'empoisonner les blessés de l'attaque, alors qu'ils étaient censés les soigner. C'est d'ailleurs après ce tragique épisode que Shayne avait failli ne plus retourner à Poudlard : en effet, Catherine, sa mère, avait été mise au courant par son ex-mari Matthew, lui-même prévenu par certains de ses collègues qui étaient parents d'élèves aussi. Choquée et effrayée lorsqu'elle vit ses cicatrices, elle lui jura d'éloigner son fils du danger que représentait selon elle l'école de magie. Si la nouvelle directrice Evelyn Appleton ne l'avait pas rassurée et convaincue de laisser Shayne revenir à Poudlard, celui-ci n'aurait jamais pu continuer les études.
Enfin, la deuxième année se passa à merveille, permettant à Shayne et ses camarades d'oublier les épisodes traumatisants de l'an passé. La troisième année se déroula moins calmement que la précédente, mais sans trop d'événements préoccupants, mis à part le fait que Shayne apprit en fin d'année que son père avait eu un autre enfant avec sa femme - que le jeune garçon ne supportait pas. Avec un autre môme, il va pouvoir me lâcher les basques, se disait-il en mentionnant son père. C'est vrai, il en avait assez qu'il cherche à le contacter pour lui faire la morale sur ses résultats scolaires et sur ses prouesses en potions notamment. Néanmoins, il ne pouvait s'empêcher d'être triste : c'était comme s'ils étaient de nouveau remplacés, son frère Siggy et lui. Pourtant Matthew Williams avait déjà deux enfants avec l'apothicaire : une fille et un garçon, Sally et Dylan. Mais c'était encore un couteau dans le dos pour Shayne.
En été 2027, la sortie scolaire à Durmstrang lui permit de se ressourcer et d'oublier un peu ses tourments. Accompagné de ses amis, le séjour fut plus que chaleureux. L'année qui suivra s'annonce être différente : nouvelles règles, nouvelles institutions, nouvelle politique, nouveau directeur.

Il est difficile de raconter l’histoire de Shayne sans passer par l’origine de sa naissance : la rencontre de ses parents.

Matthew Williams, le père de Shayne, naquit et grandit à Bristol à Londres, comme le reste de sa famille, et est le troisième des quatre enfants engendrés de l’union d’Agatha et Sigmund Williams, deux parents issus d’une grande lignée de Sang-Pur. Les gènes chez les Williams étant très forts, ainsi Matthew hérita des cheveux noirs de jais soyeux de ses aïeuls et de ses ancêtres, ainsi que des yeux noisette de la plupart des hommes de la lignée. Comme tous les membres de sa famille avant lui, il étudia pendant sept ans au sein de l’école de Sorcellerie de Poudlard, en tant qu’élève de la Maison Serpentard (comme le voulait la tradition familiale), où il excellait en matière de potions et de divination. Ce parcours scolaire lui permit de peaufiner son projet professionnel et de de se voir diplômé d’un doctorat en Maîtrise des Potions. Cela lui garantit la profession de Maître des Potions qu’il exerça pendant trois ans à l’école d’Ilvermorny au Massachussetts aux Etats-Unis, deux ans suivant sa scolarité, puis pendant deux autres années à l’école de sorcellerie étrangère de Beauxbâtons, au sud de la France. Ce fut d’ailleurs dans ces circonstances qu’il rencontra Catherine Laffont, la future mère de ses enfants.

En effet, Matthew, qui s’était épris de la région française et de sa belle culture – qu’il connaissait bien avant d’exercer sa profession grâce à des sorties scolaires – se vit s’éprendre d’une jeune femme Moldue travaillant dans un café restaurant à Toulouse. Celle-ci avait remarqué le jeune homme avant lui car c’était un habitué et qu’elle se tenait au début dans les cuisines. Mais cela restait Matthew qui fit le premier pas et l’invita à dîner. Leur apprivoisement dura plusieurs mois avant qu’ils ne concluent et finissent par sortir ensemble. Les parents du sorcier voyaient d’un très mauvais œil la relation entre les deux tourtereaux, leur mariage ayant été essentiellement engagé et non fait par amour, le fait que leur fils épouse une Moldue leur donnait un goût amer dans la bouche. Néanmoins Matthew ne renonça pas et épousa tout de même Catherine, la famille de celle-ci ne connaissant pas sa véritable nature et c’était bien ainsi. Bien qu'ils s'aimaient profondément, Matthew n'avait pas jugé bon de lui dévoiler ses pouvoirs, par peur d'enfreindre les lois magiques et surtout de l'éloigner de lui. Alors il attendit jusqu'au jour du mariage où, le sentant tendu, Catherine l'avait emmené dans un coin tranquille, et c'est là qu'il révéla sa véritable nature. Pour Catherine, c'était un effet de choc, à un tel point qu'elle s'évanouit et qu'ils mirent plusieurs heures avant de se présenter à l'autel. Matthew avait peur de ne plus la revoir, mais la jeune femme ne l'avait pas rejetée, bien au contraire : elle était seulement choquée car elle n'aurait jamais cru qu'une chose pareille lui arriverait, de rencontrer un sorcier, qui plus est allait devenir son mari. Une fois mariés, ils s’installèrent dans un petit appartement puis dans une maisonnette à Bristol lorsqu’ils eurent leurs deux enfants. Malheureusement pour Catherine, Matthew finit par la tromper avec l’apothicaire, Miss Clarks, qui travaillait avec lui, ce qui poussa la jeune femme à demander le divorce, qu’elle obtint sans problème avec la garde exclusive des enfants. Aujourd’hui, Matthew s’est remarié et vit avec Miss Clarks depuis les deux ans qu’on succédait son divorce, mais il cherche toujours à tisser des liens avec ses fils, car pour lui la séparation avec son ex-femme ne doit entacher sa relation avec sa progéniture. Catherine, quant à elle, vit seule avec Shayne et Siggy. Je n’ai pas besoin d’homme comme je vous ai déjà tous les deux, disait-elle parfois lorsque Shayne lui parlait de refaire sa vie.

Shayne était un garçon doux et très attentif en cours avant le divorce de ses parents. Mais après cette période, il est devenu turbulent, arrogant, insolent avec ses professeurs. Certains lors de conseils de classe n’hésitaient pas à suggérer son expulsion de l’école. Jusqu’à aujourd’hui il ne manque jamais d’occasion pour faire des farces, se moquer des autres camarades qu’il trouvait étranges ou mal habillés ou tout simplement timides. La plupart de ses amis le suivaient pour faire les quatre-cent coups avec lui. De vrais partenaires de crime. Cependant il reste franc et ne mâche pas ses mots lorsqu’il veut dire ou faire quelque chose. Il dévore les livres d’histoires légendaires et sur les créatures magiques, et il le fait souvent en cachette ou encore chez lui dans sa chambre après avoir fermé la porte à clé. Il se montre avenant avec tous ses amis et leur reste totalement loyal, malgré les distances et les différences qui s’installent au fur et à mesure du temps. Ce n’est généralement pas lui qui cesse une relation, il attend toujours que ce soit l’autre qui donne le feu vert. Sauf avec les filles avec lesquelles il est sorti : il n’a jamais été celui qui se faisait jeter, mais plutôt celui qui jette ou alors celui qui trouve un terrain d’entente avant la séparation. Il tient trop à sa réputation qu’il s’est forgé et ne supporte pas qu’on le rabaisse, par n’importe quel moyen. Il déteste les niaiseries, les relations à l’eau de rose où les deux personnes se disent des choses comme « Je t’aime et t’aimerais toute ma vie », ou encore les surnoms affectifs qu’elles se donnent entre elles. Ainsi chaque fois qu’une fille lui donne un surnom, qu’importe si elle l’aime vraiment, ce ne sera pas pour durer. Même chez lui il refuse que sa mère le surnomme, alors ce n’est pas à l’extérieur qu’il fera l’exception.

Shayne a tissé des liens fusionnels avec sa mère depuis le départ de son père. Il ne souhaite pas revoir ce dernier, et à chaque fois qu’il se sent obligé de le voir, il ne reste pas longtemps à ses côtés. Ils ne parlent que d’études, et Matthew essaie toujours de lui donner des conseils en Potions depuis son entrée à Poudlard, ou encore en Botanique alors que c’est le dernier sujet qu’il aimerait traiter. Mais avec Catherine, sa mère, il se sent écouté et chaque fois qu’ils tiennent une conversation ensemble, c’est comme une bouffée d’air frais dans le quotidien de Shayne. Il a appris à ne rien lui cacher, pas même les petites farces qu’il fait de temps en temps en cours ou en dehors. Tandis qu’avec Siggy, son petit frère, les relations sont parfois bonnes et parfois tendues : Shayne prend un malin plaisir à taquiner son petit frère – d’ailleurs c’est lui le premier gamin qu’il a enquiquiné dans sa vie, et il n’hésite pas parfois à le remettre en place lors des emportements de celui-ci envers sa mère quand il est puni. Il ne supporte pas que Siggy entre dans sa chambre sans toquer ou tout simplement y pénétrer quand il n’est pas là. Depuis sa première année, il a trouvé un moyen d’espionner son frère à distance lorsque celui-ci entrait par effraction. Aussitôt il profite des vacances pour le sermonner et lui donner une leçon en lui faisant des farces. Shayne est néanmoins le grand frère protecteur qui ne peut souffrir de voir son frangin se faire martyriser dans la rue comme à l’école lorsqu’il allait le chercher. Il a développé depuis la séparation de ses parents un besoin vital de protéger les siens de tout ce qui pourrait leur faire du mal, et pour cela il s’est inscrit au taekwondo pendant les vacances, et joue au Quidditch parfois avec ses amis pour tester sa vitesse. Pour lui la famille, c’est sacrée : on y touche, on est mort.

Pendant qu'il suivait les autres élèves jusqu'à la grande porte de l'établissement, Shayne se souvenait des discussions qu'il avait entendu au Poudlard Express. Certains étudiants parlaient des maisons dans lesquelles ils souhaitaient arriver. Shayne avait constaté tout au long du trajet que la plupart des élèves souhaitaient aller entre Gryffondor et Serpentard. Pour lui, ça n'avait pas d'importance : la plupart de la lignée de son père était à Serpentard, et la tradition suivait de père en fils. Mais sa relation avec Matthew était si inexistante qu’il aille ou non à Serpentard était le cadet de ses soucis. Et puis il ne connaissait pas grand-chose aux maisons de Poudlard. Ce qu’il souhaitait c’était étudier pour maîtriser la magie Le train s'était arrêté, et il devait porter ses habits de sorcier.

Arrivés à bon port, Shayne était fasciné par la grandeur et la splendeur du château. L'excitation montait en lui au fur et à mesure que les barques flottant sur le Lac Noir avançaient. Il observait les multiples lumières éclairant l'établissement et jamais il n'aurait cru voir ce spectacle-là. Le cœur battant, il s'imagina pendant un moment parcourir les lieux de cet immense bâtiment. Il souriait et s'impatientait à l'idée de vivre dans ce château. Lorsque les élèves furent escortés jusque devant la Grande Salle, le professeur escortant expliqua la procédure de leur répartition dans les différentes maisons qui avaient pour noms Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. Il/elle leur précisa les bases du règlement intérieur et le fonctionnement de l'école. Puis il/elle se tourna et ouvrit la porte de la Grande Salle, suivi(e) par les nouveaux élèves. Une fois entré, Shayne ouvrit grand les yeux et la bouche, émerveillé par ce qu'il voyait : la salle était belle et immense, d'où son nom la "Grande Salle". Devant lui se tenaient quatre longues tables où étaient déjà assis de nombreux élèves de tout âge. Au fond de la pièce se trouvait un pupitre d'or, puis derrière une longue table se tenait face au grand monde, où étaient installés des adultes, probablement des professeurs. Lorsque le jeune garçon leva les yeux au plafond, il découvrit de nombreuses bougies flottant au-dessus de lui et des élèves, et un fond bleu foncé et scintillant, faisant penser à un ciel étoilé.

Les élèves avancèrent jusqu'à un tabouret où était posé un vieux chapeau sale sur l'estrade. Le professeur escortant sortit un rouleau de parchemin et se mit à gauche du tabouret. Il appela plusieurs élèves par ordre alphabétique et posa à plusieurs reprises le chapeau appelé Choixpeau sur leurs têtes, et ces élèves furent envoyés dans leurs maisons respectives sous les applaudissements et les hurlements de joie des autres étudiants assis aux quatre tables. Tous les noms passèrent : les A... B... C... D... E...
S… T… V…

Et ce fut le tour de Shayne.

« Williams, Shayne ! » s'écria le professeur.

L'interpellé sentait tous les regards peser sur lui, le gênant un peu. Il n'avait pas peur, mais il était anxieux. C'était tout nouveau pour lui, il n'était pas habitué à tout ceci. Mais Shayne ne pouvait plus reculer. Il était à présent à l'école de sorcellerie de Poudlard. Et c'était ce jour-là le commencement de sa nouvelle vie. Il ne pouvait plus revenir en arrière, ou plutôt il ne voulait revenir là où il était. Il se sentait désormais prêt pour un nouveau départ. Fini le petit garçon faible qui tendait la joue quand on cherchait à l’affaiblir ; fini le calvaire qu’il a vécu après le divorce de ses parents. Finis les rêves, et place à la réalité. Pas question de gâcher sa chance maintenant !

Il avança jusqu'au tabouret où il s'assit prudemment, avant que le Choixpeau ne soit placé sur sa tête. Attendant les évènements à suivre, Shayne se mordit la lèvre et leva les yeux vers le plafond. Soudain, il entendit une voix résonner dans sa tête et dans la Grande Salle annonçant le verdict.

« ... »

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