[AVERTISSEMENT] Un espace de création (ouvert à tous)

Un espace de création

Comme d’ordinaire, à midi et quatre, le traditionnel banquet attendait personnel et étudiants, qui se trouvaient tous installés autour des cinq tables de la grande salle. Alors que certains effectuaient leur choix entre les côtelettes de porc, la truite à l’oseille et la tourte au potiron, le directeur fit tinter sa cuillère à café contre sa coupe en étain, dans l’optique de capter l’attention de son auditoire. « Chers élèves, chers enseignants, quel plaisir pour moi de vous voir tous réunis. » lança-t-il avec cet air bienheureux dont il se parait à chaque fois qu’il faisait une annonce publique. « Mais avant de vous souhaiter un bon appétit, sachez qu’un exemple de cette affiche m’est parvenu récemment. » Il se leva de table, sortit un rouleau de parchemin, et prit soigneusement le temps de dénouer le ruban qui l’entourait. Enfin, il déroula lentement la fameuse affiche qui le représentait à quatre pattes, dans une posture peu glorieuse, et se tourna vers l’assemblée afin que chacun puisse observer l’image, de près ou de loin. Il y eut quelques rires étouffés, des chuchotements, de rares sifflements… qu’il fit taire en levant la main. « En tant qu’amateur d’art, j’y ai été très sensible, malgré le goût quelque peu douteux de son auteur. C’est un portrait peu flatteur, d’un plaisantin qui a voulu me comparer, me semble-t-il, à une drôle de créature. » décrit-il en faisant mine de méditer que cette bien étrange illustration qui suscitait les moqueries des uns ou des autres. « Mais puisque je tiens à ce que cette école reste un espace de libre expression, j’ai trouvé que ce déjeuner était l’occasion idéale pour l’inviter à manifester sa créativité. » poursuivit Kaspær Sørensen, avant de marquer un temps de pause, le temps de boire une petite gorgée de vin. Le silence avait pris place sur les habituels bavardages, et certains élèves commençaient déjà à s’interroger du regard, se demandant ce qui pouvait bien les attendre… Une certitude régnait : ce déjeuner ne se déroulerait pas comme d’ordinaire.

Puis, le vieil homme se leva, un sourire bonhomme incrusté sur le visage. Les mains écartées, il croisa le regard du jeune garçon, qu'il invita d'un geste à le rejoindre. « Chers membres de la brigade, escortez donc Dmitri jusqu’à l’estrade. Une plume et une toile de parchemin l’attendent, il va nous faire une petite démonstration, en public. » adressa-t-il d’une voix doucereuse à l’adresse des cinq membres qu’il venaient de nommer, répartis entre les maisons Gryffondor et Serpentard. Quelques uns se levèrent et s’exécutèrent, se rapprochant de la table de Serdaigle, là où était assis Dmitri. « Allons, cher enfant. N’ayez pas peur, venez montrer votre talent à tous. » ajouta-t-il dans sa direction. Restait à savoir si ce dernier avait l’intention de les suivre docilement, ou s’il comptait créer un scandale… Sur l’estrade avait été installé un pupitre, comme ceux que l’on trouvait dans les salles de classe, et sur lequel reposaient effectivement un encrier, une plume à l’embout pointu qui ne ressemblait pas exactement à celles que l’on trouvait sur les oiseaux, et une toile tissée bien étendue. Alexander Van Aken, son grand-oncle, avait été mis au courant de l’avertissement qui attendait le jeune adolescent pour son impertinence, et ne s’y était pas opposé. Et si les autres élèves se montraient suffisamment attentifs, ils pourraient aisément remarquer que des sorciers qu’ils n’avaient jamais vus jusqu’alors étaient postés à chacune des issues de la pièce, et semblaient en garder l’entrée…

La fameuse affiche:

@Dmitri D. Van Aken
@Professeurs & personnel
@Gryffondor
@Serpentard
@Poufsouffle
@Serdaigle

Cours de Sortilèges

C’était l’heure du déjeuner et Kathleen était tranquillement à sa table en train de manger ses côtes de porc. Enfin, tranquillement n’était pas vraiment le terme, car elle n’était pas tranquille depuis le début de l’année, elle était plutôt constamment sur les nerfs. Elle ne savait pas ce qui était le pire, le discours équivoque du directeur en début d’année, ou les conséquences effectives sur la vie à l’école. Elle s’était remise de devoir se passer de jouer dans l’équipe, mais elle savait que ce n’était qu’un exemple de ce qui allait se produire. Le but serait de tirer au maximum dans les pattes des Nés-Moldus, et de ceux avec qui ils étaient amis.

Mais alors qu’elle espérait passer un moment calme avant la reprise des cours, le directeur sollicita leur attention à tous et elle releva le nez, un peu inquiète d’entendre des mesures complémentaires et plus graves pour les gens qu’elle aimait comme Aurore ou Zeynep. Mais il ne s’agissait apparemment pas de nouvelles mesures. Quand il déroula l’affiche, Kathleen se souvint l’avoir vue par ci par là, avoir cru qu’on y parlait d’un animal et s’en être désintéressée en comprenant qui en était l’objet. Ce n’était pas son genre d’humour et elle n’avait pas eu envie de s’en soucier, mais cette fois, c’était l’heure des conséquences.

Le directeur n’avait pas l’air en colère, et parlait même d’expression et de créativité mais Kathleen n’était pas assez naïve pour penser qu’il n’y avait pas quelque chose de caché en dessous. Elle échangea un regard avec quelques-uns de ses camarades, en se demandant ce qui se préparait. Kathleen fut surprise quand il invita les membres de sa brigade personnelle à amener Dmitri jusque là où il se trouvait. Dmitri n’avait donc rien retenu de l’an dernier ? Il avait agressé Hatwell et maintenant, il s’en prenait au directeur. Kathleen lui en voulait moins pour Sorensen que pour Hatwell, certes, mais il vivait dangereusement.

Kathleen attendit avec inquiétude de voir ce qui allait se passer. Même si elle avait des sentiments mitigés envers Dmitri, elle n’appréciait pas qu’il soit la proie du directeur et se faisait tout-de-même du souci à son sujet. Elle avait pu constater qu’il était dangereux de se faire attribuer l’étiquette de traître à son sang, et encore ses parents la soutenaient-ils, mais elle doutait que ce soit également le cas pour le professeur Van Aken, qui était dur et inflexible et valorisait le statut du sang. Dmitri avait mis les pieds dans un sacré bourbier.

Codage par Libella sur Graphiorum

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Les douze coups de midi

Les déjeuners étaient sources de trois bonheurs pour Bluebell : ils animaient le milieu de la ournée, signifiant qu’il ne restait plus que quelques heures avant la libération accordée pour vaquer à ses propres aspirations ; ils lui permettaient de profiter en toute tranquillité de la superbe de son frère et d’autres alliés ; ils offraient une distraction dans une journée monotone puisque les commérages et résolutions s’avèrent toujours plus prolifiques lorsqu’ils sont accompagnés de mets. Aussi la Serpentard affichait-elle d’ores et déjà un rictus de satisfaction lorsqu’un tintement de verre la tira de ses vives tergiversations avec son jumeau, lui faisant porter le visage par-delà son épaule. La voix du Directeur capta sans grande difficulté son attention déjà affûtée par la perspective d’une délicieuse éloquence, qui se retrouva d’autant plus saisie à la vue du parchemin qu’il déroula à l’assemblée. Plissant des yeux, Bluebell dut néanmoins se résoudre à accepter que sa myopie naissante ne l’aidait guère dans la compréhension du trouble énoncé. “De quoi s’agit-il ?” chuchota-t-elle à l’adresse de son frère face à elle, considérant son visage dans l’espoir d’y récolter la réponse escomptée. Quand elle comprit enfin la sombre référence, elle reporta aussitôt son regard sur le visage impassible du Norvégien qui invoquait déjà les membres de la brigade à se lever. Quelques secondes de flottement se vérifièrent alors, au cours desquelles Bluebell comprit qu’il était enfin temps pour elle de se manifester. C’était ici et maintenant que son rôle prenait lieu - après une abstraite inscription sur un modeste papier, il lui incombait désormais de revêtir pour de vrai la responsabilité et la maîtrise qu’on exigeait d’elle.

Son cœur manqua de s’emballer, dans une vaniteuse pensée d’enfin s’élever parmi l’ensemble de la foule pour faire valoir l’importance de sa personne. Il ne s’agissait plus seulement d’idéaliser son ascension et sa supériorité, mais de l’acter symboliquement en cette première occasion. De fait, Bluebell fut bien plus happée par les considérations égoïstes que lui valurent les propos de M. Sørensen que par la révélation de l’identité, aussi surprenante fut-elle, du brigand. Dans un mouvement souple, la jeune fille se leva donc, ignorant royalement son assiette de truite à l’oseille qu’elle avait pourtant à peine eu le temps de couper - car enfin, sa cupidité était bien plus affamée que son estomac, elle qui avait attendu si longuement pour être ainsi mise en lumière et élevée au rang de figure publique de ce château. Elle eut tout juste le temps de croiser le regard de son frère, qui s’était redressé au même instant pour jouir de cette chance commune, avant de tourner les épaules, le buste évidemment droit et le menton éminemment relevé, pour avancer d’un pas décisif vers la table des Serdaigles. Il s’en fallut de peu pour que le claquement de ses talons suive le rythme exact de la prononciation stricte de la dernière réplique du Directeur, comme en mouvement inconscient de sa volonté d’être aussi exemplaire et altière que les circonstances le lui demandaient. N’était-il finalement pas nécessaire de s’entraîner pour les jours où elle serait conviée par le Ministre ?

Aussi les jumeaux Sherwin parvinrent-ils ensemble à la hauteur de Dmitri qu’ils toisèrent du regard le temps que ce dernier se lève. Un certain silence se dégageait de tout ce formalisme, rompu par quelques chuchotements parasites qui n’eurent guère raison du rictus porté sur les lèvres de la jeune fille. Ils pouvaient tous susurrer ce qu'il leur chantait - ils demeuraient sagement assis tandis que son frère et elle s’étaient dressés, conquérants, comme deux émissaires d’une grande et noble cause… N’était-ce pas le cas ? Les dissidents devaient être remis à leur place publiquement pour que la plèbe comprenne l’importance de bien agir. Là où la situation semblait cependant plus nuancée était dans le sang de Dmitri, arrachant par ailleurs un sourcil arqué à la jeune fille qui ne défit pas tout de suite son regard du visage du garçon. Depuis quand les gens éduqués comme eux s’adonnaient à de telles vulgarités ? Il était en fin de compte bien urgent de rappeler ce pauvre à l’ordre, conférant à cette mission un éclat supplémentaire qui rendit finalement son rictus suffisamment carnassier pour laisser transparaître ses canines. Elle ne faisait qu’escorter le coupable et pourtant, il lui sembla être juge de son crime, prête à l’accompagner jusqu’à la potence pour mieux condamner par contraste, mieux rayonner. Jetant un coup d'œil au visage de son frère, comme cherchant à y lire le reflet de son propre égo pour se conforter encore un peu plus dans ce doux sentiment de gloire, Bluebell consulta ensuite les autres membres de la nouvelle brigade qu’elle gratifia d’un silence pourtant bien éloquent. A défaut de briller dans le passé, il était temps de resplendir dans le futur de cette école.

@Maxton E. Sherwin
@Dmitri D. van Aken

code by EXORDIUM.

BORDERLINE

Dangerously fine and unforgiven,
I bet you're too terrified
to try your best

Dernière édition par Bluebell E. Sherwin le Mer 20 Oct - 9:41, édité 1 fois

Avertissement
‟ censure et discipline „

Les jours étaient passés paisiblement. Au début, les couloirs avaient été l’occasion de quelques commentaires sur son affiche, comblant de joie Dmitri qui se délectait de ce que ses oreilles pouvaient chiner, puis ses camarades avaient fini par oublier, passant à d’autres préoccupations. Ces choses ne marquaient jamais les esprits bien longtemps : ça n’était qu’une petite distraction, de brefs commérages jusqu’à ce que d’autres sujets ne soient sur les lèvres de tous. Il se satisfaisait fort bien de ce caractère éphémère et n’avait jamais cherché plus que ça ; une petite blague, puis il laissait le temps faire son œuvre et lorsque l’occasion se présentait, il en faisait une autre. Lui-même avait presque oublié, n’y repensant subrepticement que quand une autre idée lui venait à l’esprit... pourquoi ne pas continuer sur cette lancée ? Après le directeur, ses petites mains. Il avait du choix, parmi la brigade récemment nommée. Des jumeaux, les Sherwin, qu’il ne connaissait guère si ce n’était de nom et de réputation, comme bien d’autres sang-purs de l’école, d’Archambault toujours fourré avec Erin, et ceux qu’il connaissait déjà mieux, Thaddeus et Finnbjörn. S’en prendre à ce dernier était trop attendu, il n’y avait là aucune originalité, encore moins alors que le crôasseur machait une partie du travail, et en fin de compte, l’aiglon appréciait le norvégien... sans doute trop pour le prendre pour cible. Il avait bien jeté son dévolu sur le grand-père, mais ça n’avait rien à voir... comme directeur, il devait bien s’attendre à être la cible de quelques moqueries et le vieil homme était proche de son grand-oncle, pas de lui. Thaddeus aurait en revanche fait une bonne cible. Il le connaissait un peu mieux que les trois autres membres de la brigade et la forme de son visage se prêtait particulièrement bien aux caricatures. À croire qu’il était né pour ça.

Mais s’il avait bien griffonné quelques croquis, ils n’avaient jamais dépassé le stade de quelques vagues coup de fusain, d’autres préoccupations occupant trop son temps. Les entraînements de quidditch et ses projets de manipulation picturale avec Blaze occupaient une grande partie de ses journées et une part assez conséquente de son esprit pour qu’il ne soit pas encore trop tenté de préparer une autre petite bêtise comme celle de son affiche. Sans compter qu’il devait encore trouver un moyen de rendre tout son moral et sa fougue à Zeynep. Le regard du garçon se perdit un instant vers la table de poufsouffle, en face de lui, en quête de sa camarade de troisième année, mais il n’eut pas le temps de la trouver qu’un tintement attirait son attention au niveau de celle des professeurs. À l’instar des autres élèves, il darda un regard étonné sur le directeur, qui entamait un discours comme il n’en faisait pas souvent. Il ne s’agissait que d’un simple déjeuner, aucune occasion, aucun évènement ne justifiait une intervention particulière. Paré de son attitude doucereuse que Dmitri avait toujours exécrée, Kaspær Sørensen ne tarda pas à annoncer la raison de cette inhabituelle intervention. Au mot « affiche », le corps du petit artiste s’était imperceptiblement tendu et cette tension semblait s’accentuer à chaque millimètre déroulé du parchemin.

Que l’adulte soit au courant n’avait rien de surprenant, bien au contraire, puisqu’il avait pris soin d’en placarder une sur le mur bordant l’entrée du bureau directorial, mais rien ne présageait de la suite ; il pouvait bien faire un discours pour blâmer l’image, promettre de rudes sanctions pour l’auteur, ça n’était que des mots. Les propos du vieux norvégien ne semblaient n’être qu’une tentative de voir le caricaturiste de l’école se dénoncer, pourtant plus les secondes passaient, plus l’enfant doutait de cette certitude dont il essayait vainement de se convaincre. Et lorsqu’il croisa le regard de celui qui fut son involontaire modèle, il n’y eut plus de doute possible. Si quelques instants plus tôt, il pouvait encore donner l’illusion d’être aussi décontracté que n’importe quel innocent, il en était désormais bien loin. Son dos était excessivement droit, et aux veines visibles de sa main, l’on devinait aisément qu’il contractait inconsciemment tous ses muscles.

Les yeux toujours fixés sur le directeur, désormais emplis d’une colère qu’il n’avait jamais apprise à maîtriser – ou a minima à masquer – il resta immobile, pris de court. Lorsqu’il avait dû présenter des excuses au professeur Hatwell, il avait été mis au courant et avait eu le temps de se préparer... et d’anticiper l’anxiété, quitte à la faire mariner en lui. Mais si les trois jours qui avaient précédés les excuses, cloitrés dans les appartements de son aïeul, avaient été insupportables, ça n’avait aucune mesure avec ce qui se tramait actuellement. Le jeune tchèque ne détacha son attention du vieil homme que lorsque des membres de la brigade – qu’il avait manqué de caricaturer également – s’approchèrent de sa table. Les jumeaux caracolaient en tête, le visage jubilant certainement de leur position de puissance. Qu’ils en profitent bien, elle était à peine moins éphémère que les ragots de leurs camarades et lorsque le vent tournera, ils en paieront le prix. Il s’en faisait une promesse. « Et si je refuse ? » clama-t-il assez fort pour que le chef d’orchestre de cette mascarade l’entende. Le garçon demeurait assis à la même place, ses iris retournant s’ancrer dans celles plus sombres du norvégien. Sa voix était empreinte de cette fougue impertinente et déraisonnée qui l’habitait parfois, lorsqu’il sentait la tension grandir, mais qu’il refusait de courber l’échine. La crainte des conséquences se muait en une hardiesse fiévreuse qu’il n’avait jamais vraiment cherché à contrôler, malgré tous les soucis qu’elle lui avait apportés et dans ces moments, il se voyait trop souvent submergé par les évènements, laissant la violence – tant verbale que physique – le dominer. C’est ainsi qu’il avait pu accuser, presque insulter, son grand-oncle, qu’il s’était par souvent bagarré avec ses frères ou qu’il avait attaqué un professeur, parce que dépassé par l’adrénaline.

Le pupitre pouvait bien l’attendre, il n’avait nulle envie de s’y rendre et de se plier aux exigences de l’homme. Il n’aimait pas qu’on exige de lui qu’il fasse quoi que ce soit, encore moins lorsque la menace était manifeste : il pouvait se parer de ses plus beaux atours, afficher le sourire le plus mielleux qui soit, Dmitri n’était pas pour autant dupe. Il ne s’agissait pas simplement de montrer son talent à toute l’école et il n’escomptait pas se faire avoir si facilement. « L’école a déjà vu mon talent : il est resté placardé pendant plusieurs heures dans les couloirs. » Il affichait un rictus sardonique. Celui de l’enfant qui se sait piégé, embourbé dans de puissants sables mouvants mais qui, plutôt que de rester calme pour s’en extraire, se débat avec l’énergie du désespoir. Ce faisant il s’enfonçait, lentement mais sûrement. Trop lentement pour s’en apercevoir, mais pour l’heure, il s’en moquait, défiant du regard le directeur et sa brigade. Machinalement, sa main droite se rapprocha de la poche où il gardait sa baguette, caressant du bout des doigts le bois de prunellier.

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Un espace de création

Finnbjörn fait la police

Cette affaire d’affiches est décidément bien malheureuse : si découvrir notre aïeul aussi mal représenté m’a agacé, cela n’était encore rien avant que les portraits ne nous dévoilent quel garnement se cachait derrière cet envoi malfaisant. Et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’il ne s’agissait de nul autre que du jeune Dmitri Van Aken… Nous en avons tenu informé Grand-Père, qui, selon ses dires, a quelques intentions le concernant. Alors, lors du déjeuner, quand je l’entends prendre la parole, je sais ce qui l’attend. Je repose les couverts précautionneusement contre mon assiette sans avoir terminé mon poisson et tamponne délicatement les coins de mes lèvres avec le bord de ma serviette. Puis, je me lève, comme l’exigent mes nouvelles responsabilités au sein de la brigade… Les châtiments font partie de nos nouvelles attributions, et je n’ai pas l’intention de faillir à mon rôle, malgré mon affection pour le jeune Serdaigle. Tandis que j’avance vers ce dernier, mon regard au loin se perd en direction de Bluebell, et de sa démarche impériale. Son pas est assuré, son dos est parfaitement droit, et son visage ne laisse transparaître aucune hésitation ; nous n’avons intégré les rangs dorés que depuis quelques jours, et elle maîtrise déjà les codes comme personne. Intérieurement, cette simple vue m’émoustille légèrement : depuis qu’elle a retrouvé son mordant et sa langue de vipère, je la trouve délicieusement séduisante, encore plus que d’ordinaire… Mais je veille à ne pas m’égarer, et reviens à la triste descendance Van Aken lorsque je contourne la table des Serdaigles pour me poster devant lui. Je m’attends à ce qu’il nous suive sans faire d’histoire, mais la question qu’il pose me laisse un peu perplexe.

Je sourcille devant son refus manifeste d’obtempérer… Cette affiche était une bêtise grossière, mais cette attitude irrespectueuse envers notre famille est inacceptable : Grand-Père s’est toujours montré d’une sympathie sans égal vis à vis de lui, et a toujours veillé à l’accueillir avec la distinction réservée aux personnes de son rang. Alors, comment donc le petit-neveu d’un professeur aussi éminent et admirable peut-il se montrer aussi mal élevé ? Je sais bien que les sangs de bourbes l’ont maintes fois corrompu, que cette petite garce d’Özdemir l’a certainement souillé avec ses idées crasses en l’approchant de trop près… Mais ce n’est pas une excuse suffisante. Moi qui osais espérer que Judith lui avait parlé, qu’elle l’aurait ramené sur le chemin de la raison… Quelle profonde désillusion. Je soupire, bras croisés sur ma poitrine : « Dmitrrri. De grrrâce, cesse donc de te comporrrter comme un enfant. » le prié-je d’un ton froid. Après ce qu’il a osé faire, il est de son devoir de montrer l’exemple ; il devrait se faire plutôt discret, revêtir un voile d’humilité, et se plier aux exigences de notre patriarche pour se racheter une conduite. Mais le voilà décidé à faire une scène au lieu de répondre de ses actes… Je lève les yeux au ciel, connaissant les limites de ma patience lorsqu’elle est confrontée aux enfantillages. Je fais signe à Bluebell et Maxton, qui ont pourtant la situation bien en main. « Bien, tu as le drrrroit de rrrefuser. » soupiré-je en haussant les épaules, un peu déçu par ce comportement puéril. J’attendais plus, tellement plus de sa part… Il m’était apparu plein de promesses, lorsque je l’ai vu franchir les portes de Poudlard. J’ai levé ma coupe, lorsqu’il a été réparti, parce que je l’imaginais embrasser un destin digne de figurer dans les récits historiques des années futures. Il aurait pu être promis à ma jeune soeur, lorsqu’il aurait été en âge de l’être, afin de lier nos familles. Et est-ce donc cela, l’avenir ? Le caprice d’un gamin… ? Cela me laisse un peu rêveur.

Mais il va de soi que Grand-Père ne s’est pas donné du mal pour installer toute cette mise en scène pour rien… Alors, je ne bouge pas, et demeure à proximité de lui. Il est si près que je peux observer sa poitrine se soulever très légèrement, à travers son uniforme. Puis, mon regard se tourne, en direction de ma soeur, qui se trouve à la table des Poufsouffles, et revient lentement à lui. N’est-ce pas comme cela, que l’on grandit ? La transition vers l’âge adulte se fait lorsque l’on est confronté aux décisions les plus pénibles. Alors, il va falloir qu’il fasse un choix : assumer lui-même, ou échapper à ses responsabilités, quitte à potentiellement le regretter amèrement par la suite. « Mais dans ce cas, quelqu’un d’autrrre prrrendrrra ta place à ce pupitre. » lâché-je finalement d’un ton serein, sans quitter son regard. Je ne m’attendais pas vraiment à ce cas de figure, mais si c’est vraiment ce qu’il veut, alors Erin sait ce qu’elle a à faire. « C’est ce que tu veux... ? » Les cartes sont entre ses mains : reste à savoir s’il considère que le jeu en vaut la chandelle…

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‟ censure et discipline „

La première venue de la brigade, Bluebell, demeurait dans un silence de plomb alors que Dmitri se plaisait à contester les instructions du directeur. Il ne la connaissait pas, mais exécrait déjà sa personne : pour accourir ainsi aux ordres de Sørensen, se plaire à jouer d’une autorité qu’elle ne méritait pas d’avoir, elle ne pouvait être appréciable. Ni elle, ni son frère qui arrivait à son tour. Et Finnbjörn, qu’il appréciait et qui avait toujours eu le mérite de l’écouter et de répondre à ses questions plutôt que de l’ignorer, venait à son tour se poster face à lui, le visage dénué de la moindre sympathie. Il ne pouvait sûrement pas s’en étonner, il s’en était pris à son grand-père après tout, un homme qu’il s’avait qu’il tenait en haute estime... mais affronter la réalité lui fit un drôle de coup. Comme bien souvent, il avait agi sur un coup de tête, fait cette petite affiche sans trop penser à ce qui adviendrait après. Ça n’était qu’une petite blague, rien de bien grave. Il ne s’était pas attendu à pareille mascarade, affronter ainsi l’homme qu’il avait insulté devant toute l’école.

Pour la première fois, il quitta réellement du regard Kaspaer pour se tourner vers son petit-fils. Ils n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, le gryffondor debout, imposant et froid, tandis que l’aiglon était toujours assis, levant la tête pour observer le visage impassible de son aîné. Il resta coi l’espace de quelques instants quand, après avoir soupiré d’exaspération, celui qui semblait endosser le rôle de chef de la brigade déclara qu’il pouvait tout à fait refuser de se plier à leurs exigences. Se pouvait-il que ce soit aussi simple ? Non, bien entendue. L’enfant chercha à suivre son regard, qui semblait se poser sur la table des poufsouffles ou des gryffondors, en face d’eux. « Quelqu’un d’autre ? » Son poing se serra alors qu’il s’imprégnait peu à peu de ces paroles, ses yeux se détournant de son interlocuteur pour aller chercher quelqu’un à la table des serpentards. Son cousin était là, attentif à ce qui se déroulait... quelques mois plus tôt, il avait pris des risques pour lui, pour le sortir d’un mauvais pas qui lui avait valu bien des ennuis. Et même s’il n’y était pas parvenu, Dmitri avait toujours été reconnaissant envers Caleb pour avoir essayé. Il aurait pu perdre son insigne de préfet ou pire, se faire expulser pour ça. Est-ce qu’il voulait réellement à nouveau faire courir un tel risque à quelqu’un d’autre, par sa faute ?

Le jeune tchèque posa la main gauche sur la table, sa main droite quittant la poche où demeurait encore sa baguette. Les iris plongées dans celles de Finnbjörn, un mélange de colère et d’appréhension luisant dans son regard, il se hissa sur ses jambes, laissant son sac tomber à ses pieds. Il était bien plus petit que le norvégien et devait toujours redresser le menton pour garder le contact visuel. Étrangement, il se sentait plus vulnérable en étant debout. Tous les élèves étaient assis, scrutant le petit groupe constitué de la brigade et de lui-même. « Non, ce n’est pas ce que je veux... » abdiqua-t-il, non sans qu’une désagréable pointe ne vienne lacérer son côté. La frustration. Et la peur. Le souvenir de l’année précédente lui revenait subitement : la honte des excuses publiques faisait écho à celle qu’il ressentait à présent. Il avait voulu jouer au malin, refusé les exigences directoriales – ce qu’il avait rêvé de pouvoir faire face à Appleton – mais une fois de plus, le choix qui se proposait à lui n’en était pas un : l’année dernière, on le menaçait d’expulsion définitive, cette fois-ci il s’agissait de prendre pour simple quelqu’un d’autre... un proche peut-être. Son cousin, des amis ? Et s’il s’agissait de Kovit ou de Zeynep, il s’en voudrait beaucoup trop. Il ne voulait pas connaître une telle culpabilité. « Je n’ai pas besoin d’autant de personnes pour m’escorter » persifla-t-il à l’adresse des jumeaux Sherwin, affichant l’air le plus dédaigneux dont il soit capable, alors qu’il emboîtait le pas de la brigade. Il n’osait tourner la tête sur sa droite, où il savait que non loin, il pourrait apercevoir son grand-oncle. Il craignait de devoir affronter son courroux et préférait garder le regard résolument fixé sur le dos d’un des membres de la brigade, qui ouvrait le chemin.

Arrivé au pupitre, l’artiste en herbe scruta quelques instants le matériel mis à sa disposition d’un air interdit. À l’image d’un auteur atteint du syndrome de la page blanche, il observait la toile sans réellement la voir et sans savoir quoi en faire. Il releva les yeux vers Kaspær, puis Finnbjörn, les questionnant du regard. Il peinait à comprendre où ils voulaient en venir et ce qu’ils attendaient précisément de lui. S’agissait-il de l’humilier ? D’exiger de lui une forme pour le moins originale d’excuses ?

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@Maxton E. Sherwin @Bluebell E. Sherwin @Finnbjörn K. Sørensen @Kaspær Sørensen

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

( un espace de création ♚ ERIN )

Certains jours étaient enchanteurs. Ils faisaient coïncider un temps éclatant avec des activités passionnantes, forgeaient les heures d’un méticuleux alliage d’intensité et d’émotion, ourlaient mes lèvres d’un sourire tout à la fois moqueur et sincère. Bien qu’il se soit ouvert sur une matinée dénuée d’obligation, m’offrant toute la latitude de me prélasser sous mes draps douillets, ce lundi n’en faisait pas partie. J’abandonnai ma chambre pour un petit-déjeuner maussade sous un ciel laiteux, en tête à tête avec mon air sombre. La faute au plus terrible de tous les meilleurs amis dont la négligence cruelle m’avait conduite jusqu’aux portes de sa soirée de fort méchante humeur. Puisqu’il n’était pas seulement lâcheur mais également offensant, ses insultes avaient attisé le feu de ma colère et nous ne nous étions pas réellement adressé la parole depuis. La faute à sa mauvaise foi souveraine et son ignorance fourbe. Le fait que le fait que la veille ait été un dimanche pluvieux n’avait guère arrangé les choses : nous n’avions pas la moindre excuse pour prétendre n’avoir d’autre choix que de converser. Je lui en voulais de s’être montré si méprisant et il me manquait déjà terriblement — ce que je ne comptais pas lui dire de si tôt : il ne le méritait tout simplement pas. Par Merlin, ça ne faisait même pas quelques jours et je trouvais déjà cette querelle insupportablement longue. Je terminai mon chocolat chaud le nez plongé dans un livre obscur sur des traitements alchimiques de maladies incurables — un sujet fort intéressant au demeurant — avant que ne sonne l’heure de retrouver Grand-Père dans son bureau.

L’avoir auprès de nous, à Poudlard, était une fierté inégalée en même temps qu’un plaisir certain. Son emploi du temps chargé nous offrait toujours un espace pour le retrouver, comme c’était le cas ce matin. J’éprouvais toujours une légère rancune à l’idée de ne pas pouvoir épingler un badge d’or sur le revers de mes vestes, à l’instar de mes plus proches camarades, malgré les mots rassurants dont avait usés mon aïeul. Je savais bien qu’il n’était pas question de remettre mes capacités en doute, pas plus que mes talents ou la supériorité naturelle que notre sang nous conférait, et que le rôle de Capitaine me conférait déjà un statut qu’il me fallait honorer… Qu’il lui fallait se montrer aussi équitable que possible et qu’il avait veillé à ne nommer que des élèves dénués de toute autre responsabilité… Oui, je connaissais ces explications par cœur, mais tout de même. Ce fait m’avait laissée grognon. Je l’étais encore en partie, pour d’autres raisons peut-être, mais ce temps passé avec Grand-Père me changea les idées. Nous parlâmes de bien des sujets avant qu’il ne demande à voir mes progrès en magie sans baguette. D’ordinaire, si tôt l’entrevue terminée, je me dépêchais de rejoindre Junior qui terminait son cours de Botanique… Cette fois-ci je traînais plus que de raison dans l’antre de notre Directeur. « Tu ne vas pas rejoindre le jeune d’Archambault ? » La voix grave et calme de Grand-Père accompagna un regard indéchiffrable. « Si, si » répondis-je après un court silence, avant de ranger les quelques affaires que j’avais éparpillées sur son bureau et de prendre un chemin opposé à celui qui menait aux serres.

L’heure du déjeuner apporta avec elle une étincelle d’enthousiasme. Si ce n’étaient les ordres de Grand-Père, je serais probablement allée me glisser aux côtés de mon frère ou de l’un des jumeaux Sherwin pour partager quelques railleries par-dessus les plats fumants. Au lieu de quoi je pris la peine de m’installer à la table des Poufsouffle où mes camarades ne volaient pas leur réputation liée à la présence des cuisines non loin de notre salle commune. Il ne restait plus que quelques places et celle sur laquelle je jetais mon dévolu ne m’offrait que cette vermine d’Özdemir aux côtés de laquelle je me glissai sans réprimer une petite grimace de dégoût. Heureusement que la révélation des plans de Grand-Père attisait ma convoitise, bien plus que ne le faisaient les plats qui prirent d’assaut le bois devant nous. Cela ne tarda pas. Il se leva, imposant la prestance de sa silhouette à une assemblée qui ne tarda pas à faire silence, exceptés ces chuchotements curieux qui tentaient de percer le mystère derrière son intervention. Placée comme je l’étais, je pouvais parfaitement observer les traits du jeune van Aken. Un sourire sardonique étira mes lèvres au moment où il comprit qu’il n’était plus protégé par un quelconque anonymat. C'eût le mérite de noyer la langue de feu soulevée par mon inaction. Mon menton s’enfonça dans mon poing replié tandis que j’observais les jumeaux Sherwin se mouvoir comme un seul être en direction du Serdaigle qui refusa d’obtempérer. Finnbjörn les rejoignit, splendide dans toute sa suffisance. Son regard croisa le mien et un même éclat assuré passa dans nos prunelles opalines. Quelle tristesse pour Alexander de devoir ainsi souffrir l’entêtement de son neveu qui persistait à piétiner toute éducation. D’un autre côté, la punition était le meilleur moyen de passer un message clair à l’ensemble de cette école pourrie jusque dans ses bas-fonds : mieux valait respecter le patriarche Sørensen.

« Que penses-tu qu’il va fairrre ? » soufflai-je à l’attention de ma voisine, posant sur un regard où la glace et le feu s’affrontaient. Comme j’aurais aimé lui faire payer sa simple présence, lui faire ravaler cette insolence qui ne seyait absolument pas à son rang, encore moins à son sang. Mais ce qui nous attendait n’était qu’un avant-goût au jour où nous pourrions enfin l’écraser de toute notre puissance et lui annoncer que ce petit frère qu’elle s’échinait à chercher était mort pour nous servir. Un rictus lointain se faufila sur mes lèvres. À la table des Serdaigle, Dmitri répondait à notre question en se levant, escorté par toute cette noblesse jusqu’à la toile tendue face aux quatre grandes tables. « Un petit conseil : » fis-je sans lâcher des yeux la petite troupe qui s’arrêtait devant la plume et qui échangeait quelques paroles dans le silence pesant qui régnait. Mes prunelles consentirent finalement à quitter les traits agréables de mon jumeau pour revenir se poser sur la lie de la société. « tout ce que tu pourrrais tenter ne ferrra qu’aggrrraver son cas. » L’influence détestable que cette gamine avait sur notre cousin éloigné semblait s’accompagner d’une certaine fidélité, comme un chien envers son maître peut-être. J’étais on ne peut plus sérieuse, malgré ce sourire éternel qui ne désertait pas mon visage. Si le jeune van Aken avait été prêt à accepter sa punition pour ne pas que quelqu’un d’autre paye à sa place, rien ne me garantissait que cette racaille d’Özdemir avait la même sensibilité. « Ils ne sont pas là pourrr fairrre joli. » Mon ton menaçant accompagna un geste du menton en direction des sorciers postés à toutes les entrées, laissant planer quelques soupçons cruels. Quoiqu’elle fasse, Dmitri en pâtirait. « Mais je t’en prrrie, si tu souhaites le défendrrre, va » conclus-je avec un désintérêt empreint d’un certain sadisme. Je ne savais pas encore ce que je préférais : que la punition se déroule sans accroches ou que cette gueuse s’empresse de faire éclater un scandale qui animerait un peu les représailles.

@Zeynep J. Özdemir

( Pando )

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Avertissement

Poudlard avait toujours été le théâtre d’opération de petits malins en tous genres, quelques soient les époques. Cette année ne faisait pas exception. Fin septembre, Amelia avait été confrontée à un manuel un peu capricieux. Il avait contredis tout ce qu’elle disait pendant le cours. La blonde avait du se servir de sa baguette magique pour mettre fin à ce sortilège grotesque. Évidemment, le coupable courait toujours. S’il avait risqué un devoir supplémentaire voir, une retenue pour avoir perturbé le cours, cette affaire ne serait pas allée plus loin. Pourtant, quand elle avait vue l’affiche à l’effigie du directeur quelques jours plus tard devant la salle des profs, son intuition lui avait suggéré que l’auteur ne s’en sortirait pas qu’avec une simple retenue… Le directeur n’était probablement pas le genre d’homme à laisser passer ce genre de moqueries.

Cette intuition allait se confirmer pendant le diner. Alors que l’ancienne antiquaire avait commencé à déguster son plat tout en discutant avec Jane, le directeur avait attiré l’attention de toute l’assistance. Son sourire, sa façon de parler mielleuse n’inspirait pas vraiment confiance, bien au contraire. Visiblement, il savait qui était l’auteur de cette mauvaise blague. Amelia voulait savoir qui avait eu le cran de la faire, par simple curiosité, comme souvent. Bizarrement, elle ne fut pas trop surprise d’apprendre qu’il s’agissait de Dmitri. Il faisait encore parler de lui… L’année passée ne lui avait pas suffi ? Il cherchait les problèmes ? Malgré le fait qu’elle n’avait pas oublié ce que je le jeune aiglon lui avait infligé, elle était maintenant sa directrice de maison. Le but d’Amelia était de tirer la maison et tous ses élèves vers le haut, de les aider en cas de besoin et de préserver l’image des bleus. Mais aussi de leur faire appliquer le règlement. Pourtant son côté maternel refaisait souvent surface, y compris lorsque la situation ne s’y prêtait pas forcément. Voir Dmitri dans cette position si délicate ne lui inspirait aucun plaisir. Bien au contraire, elle ressentait une forme d’inquiétude pour le deuxième année. Aussi bizarre que cela puisse paraitre, elle doutait de l'efficacité de ce genre de sanction avec lui. Visiblement, ça n’avait pas fonctionné l’année dernière, pourquoi ça marcherait cette fois ?

Le directeur chargea sa « brigade » d’accompagner Dmitri jusque sur l’estrade, comme s’il était un dangereux fugitif. Pourtant, le Serdaigle ne sembla pas décidé à avancer, ce qui fit grandir l’appréhension d’Amelia. Jusqu’où tout cela pouvait aller ? Et cette histoire de brigade sonnait faux... Est-ce que le mot « milice » n'était pas plus approprié ? Seul le temps pourrait y répondre...

Quelques secondes passèrent avant que Dmitri se décide à se mettre en route. On pouvait clairement déceler de l’inquiétude sur son visage et c’était totalement légitime. Le but maintenant était qu’il s’en sorte sans empirer son cas. Il devait assumer, sans en rajouter. Pour cela, il devait se maitriser, faire profil bas. Sans pour autant oublier les antécédents de son élève, Amelia le fixa d’un regard emplie de soutient. Elle devait l’aider à se sortir de cette situation, même si elle ne manquerait pas de lui rappeler quelques règles une fois cette mascarade terminée. Mais pour l'instant, elle cherchait à lui offrir un appui sincère auquel il pourrait se raccrocher, elle espérait le canaliser et l’inciter à ne pas provoquer de situation encore plus compliquée. Même si elle savait pertinemment ne pas être portée dans le cœur du jeune Van-Aken, peut-être qu’une situation de détresse pareille inciterait Dmitri à faire une trêve avec sa directrice de maison, ne serait-ce que par nécessité ? S’il assumait, s’il gardait la tête haute tout en conservant son sang-froid, il sauverait sa peau et l'honneur de la maison. « Attention à ce que tu fais Dmitri, courage... »

@Dmitri D. van Aken

Codage par Libella sur Graphiorum

Un espace de Création

L'heure du déjeuner. Ça annonçait le milieu de la journée et surtout une pause dans cette dernière. L'avantage de redoubler était le fait de déjà connaître la majorité des cours, le désavantage, c'est de devoir se les retaper encore une fois. Autant dire que cette journée passait à la lenteur d'un escargot et que l'heure du repas me permettait de mettre mon cerveau sur off tout en profitant dans bon repas.

Les cours de la matinée terminés, je me dirige vers la Grande Salle et y pénètre avec une autre poignée d’élèves. Mon regard virevolte entre les tables à la recherche d’une tête blonde qui m’est introuvable. Bien ce sera la table des Serpentard ce midi. Sans perdre de temps, je me glisse sur l’un des bancs et me sert du plat en face de moi, soit de la truite à l’oseille. J’ai à peine le temps de prendre quelques bouchées que le tintement en provenance de la table des professeurs me parvient aux oreilles. Ma main délaisse mon couvert dans l’assiette et mon regard se focalise sur le Directeur qui souhaite prendre la parole, ne sachant pas du tout ce que ce dernier souhaite nous annoncer. C’est trop tôt pour un événement comme celui d’Halloween et surtout je ne comprends pas l’utilité de ces personnes inconnues aux différentes entrées. Fort heureusement pour nous - ou malheureusement - le Directeur Kaspaer ne perdit pas de temps pour nous expliquer la raison de sa prise de parole. Je n’ai pas besoin d’attendre qu’il déroule la totalité de l’affiche pour comprendre quoi il en résulte, ayant moi-même vu un exemplaire de celle-ci. J’avais espéré me tromper sur celui à l’origine de cette œuvre désobligeante, quitte à me voiler la face, mais le nom de Dmitri était resté dans un coin de mon esprit sans que je n’aille le questionner. Sans réelle surprise c’est bien le nom de mon cousin qui est appelé à monter à l’estrade. Mon regard noir se pose sur le jeune garçon, assis à la table des Serdaigles dont les traits tirés de colère ne me laissent pas indifférent. Je le suis moi-même. Contre lui. Contre ce qui semble se passer aussi. Encore une humiliation ? Une façon de montrer l’exemple ? J’ai beau me dire que le jeune Van Aken l’a bien cherché, je n’en suis pas moins contrarié par la tournure que cela prend.

La Brigade est déjà à sa table et me donne la sensation de voir un prisonnier se faire escorter dans sa cellule. Mes poings se serrent à l’acclamation du jeune impertinent. J’ai envie de lui crier de se taire, qu’il ne fait qu’aggraver la situation en agissant de la sorte. Pourtant, me serait-ce laisser faire si ça avait été moi ? Je tente d’attirer son attention, laissant le noir de mes yeux braquer sur lui, à tel point que j’arrive à entendre tout ce que lui dit Finnbjörn. Un droit de refuser tant que quelqu’un d’autre prend sa place. C’est à cette mention que le regard clair du plus jeune rencontre le mien. Cet échange visuel dure quelques secondes, me laissant surpris par l'abdication que je peux lire au fond de ses prunelles, laissant mes doigts se resserrer contre le tissu de mon pantalon. Je suis impuissant, encore une fois.

Comme tous les autres élèves, je les suis du regard jusqu’à ce que l’aiglon atteigne le pupitre et reste immobile devant ce dernier, comme ne sachant pas quoi faire. Rien d’étonnant, je suis moi-même paumé sur les intentions du directeur.

Code by Cab

Les jours s’égrenaient les uns après les autres sans que je puisse distinguer de changement. Depuis la rentrée, c’était mon abattement qui dominait mes pensées. Je suivais les cours d’un air distrait, je faisais mes devoirs sans trop y penser, j’arpentais les couloirs sans me préoccuper de ceux que je croisais. Je ne reniais rien de mes actes passés mais je ne me sentais pas capable d’en fomenter d’autres. J’avais eu l’espoir que les choses changent mais je m’étais découragée devant les difficultés. Dmitri faisait son possible pour me remonter le moral mais pour l’instant c’était un échec. J’avais bien voulu tenter à nouveau de me battre, de rallier à ma cause ceux qui pouvaient l’être. Skyler avait représenté un espoir, je m’étais aussi adressé sans succès à un nouveau, qui m’avait répondu de ne plus lui parler, au moins c’était réglé, il rejoindrait comme tant d’autres avant lui, la liste de ceux qui malgré leurs intérêts objectifs se sentaient partie prenante d’un autre camp. Je ne disais pas encore que c’était peine perdue mais j’attendais en vain l’étincelle qui ranimerait la flamme de la révolte.
Alors, en attendant, je descendais manger en traînant des pieds. Je m’assis à la table de ma maison, sans entrain. Liam n’était pas encore arrivé, les places autour de Kathleen était déjà prise donc je jetais mon dévolu sur une chaise un peu à l’écart, espérant que mon meilleur ami m’y rejoigne. Ça lui arrivait parfois d’être en retard à table, pris par un devoir urgent à rendre, une sieste impromptue ou une interrogation destinée à un professeur. Les yeux dans le vague, je pensais déjà à la suite de la journée, songeant sans grand intérêt aux cours qui allaient s’enchaîner et surtout à ce devoir d’astronomie sur lequel il devenait urgent que je me penche. Le grincement de la chaise à ma droite me fit tourner mon regard. Mais au lieu de Liam, c’était bien Erin qui s’assit à mes côtés. Étonnant, elle n’était pas coutumière du fait. Si nous partagions la même maison, c’était bien notre seule point commun. Je ne pouvais pas dire que notre désintérêt mutuel l’une pour l’autre était teinté de neutralité. Elle était tout ce que je haïssais et je n’avais pas besoin de lui parler pour savoir que la réciproque était parfaitement exacte aussi. J’étais donc sur mes gardes mais le coup ne vint pas de ma voisine. Ce fut la table des personnels qui lança les hostilités et plus exactement le nouveau directeur. Qu’allait-il annoncer ? De nouvelles restrictions à notre égard ? De nouveau privilège pour ma voisine et ses semblables ? Je n’eus pas à attendre longtemps pour le savoir. Au mot « affiche » j’avais compris. Comme beaucoup, je l’avais vu, placardée dans les couloirs. Et, Dmitri m’avait avoué en être l’auteur. Alors, il fallait surtout que j’empêche mon regard de se tourner vers lui à ce moment. Je ne devais pas le désigner comme étant l’auteur et un regard inquiet dans sa direction pourrait sonner comme une accusation.
Précaution inutile. Sorensen savait. Sa milice privée se dirigeait déjà vers le coupable et je dus me concentrer pour saisir quelques mots de l’échange qu’il eut avec Finnbjörn. Je n’entendis pas grand-chose mais j’étais sûre d’une chose : il était question que quelqu’un d’autre paît à sa place. À cet instant, j’aurais pu être héroïque, me précipiter dans sa direction, dire que j’étais volontaire. C’est un scénario classique dans un film. Mais nous n’étions pas dans un film et tout cela était bien réel. De toute façon, je n’eus pas le temps de réfléchir, les pupilles d’Erin, sa voix insolente, me forçait à me positionner sans avoir arrêter de décision. Dmitri se leva, elle m’indiqua les gardes à chaque porte. J’étais dans une situation délicate. D’un côté je pouvais me taire, me rendre complice par mon silence de cette punition à peine déguisée. De l’autre, je pouvais réagir. Mue par l’instinct plus que par la raison, je me levai de ma chaise, renversant dans ma précipitation mon verre. Ma décision était prise mais je ne savais pas encore quoi faire. Et pourtant, je n’avais plus le temps de réfléchir. Je n’avais que quelques secondes sans doute avant qu’on ne m’arrête.
« Arrêtez ! »
C’était ridicule, parfaitement ridicule. Je ne faisais pas le poids. Et puis, déjà, je pouvais imaginer le regard réprobateur de Dmitri.
« Vous n’êtes que des lâches et si personne ici n’est capable de le dire je le dirais moi-même : cette affiche est bien gentille par rapport à tout ce dont vous êtes capables. »
Ca aussi, c’était débile. Comme s’ils allaient se soucier de mon avis et de ma morale sur la question.
« De toute façon, de votre point de vue, je serais toujours plus coupable que lui alors soyez conséquent au moins ! »
Voilà, je venais de signer mon arrêt de mort. J’espérais que Liam avait bien conservé ma lettre…
Et de toute façon, je n’eus rien le temps d’ajouter, Erin venait de me forcer sans ménagement à me rasseoir. Je n’eus pas le temps de dénoncer leur obsession pour ceux qu’ils nommaient les « sangs-de-bourbe ». Je n’eus pas le temps de poursuivre mes divagations. Je n’eus pas plus le temps de réfléchir à ce qui allait se passer. Je n’avais pas l’ambition de provoquer une révolte mais il y avait au moins une chose positive dans tout ça : je me sentais à nouveau prête à m’affronter à la terre entière.

Midi, je me dirige vers la Grande Salle, jouant les agents de circulation dans les couloirs afin d’éviter les collisions entre les hordes de zomb…d’adolescents affamés. J’alpague un élève de sixième année qui vient de bousculer un minus dans la précipitation : « Une grande gigue comme vous, qui marchez sur un premier année… Vous allez me le casser, va falloir donner des explications aux parents, encombrer l’infirmerie et faire de la paperasse. Doucement dans les couloirs, on n’a jamais vu un elfe de maison oublier l’assiette de quelqu’un. »

Le flux d’élève se tarit, je rentre à mon tour dans la salle, m’apprête à refermer la porte comme à mon habitude quand un sorcier inconnu m’indique qu’il s’en charge. J’ouvre des yeux ronds et veux lui demander des explications, mais je n’ai pas l’occasion d’ouvrir la bouche, qu’il désigne le Directeur d’un simple signe de tête. Il n’y a guère que lui pour introduire du monde dans le château sans que quiconque en soit informé. Sorensen se lance dans un discours alors que je rejoins ma place en bout de table. A mesure que les paroles défilent, je me tiens en alerte. J’observe discrètement la salle. Le sorcier qui m’a congédié n’est pas seul, chacun garde une issue : ils occupent l’espace, imposants, mais pas encore menaçants. Je le sais, j’ai déjà gardé des portes et des salles. Un frisson parcourt mon échine, et si je ne montre rien de mon inquiétude, je mémorise du mieux que je peux la disposition actuelle de la salle, l’emplacement des élèves. Menu côtelettes, couteaux à viande. Je repense à la conférence de l’année dernière et au fiasco en ayant résulté, dans mon cerveau clignote ‘’mauvaise idée’’.

« Chers membres de la brigade, escortez donc Dmitri jusqu’à l’estrade. »
Pourquoi ne suis-je pas étonné que le rejeton Van Aken soit un fauteur de trouble talentueux au crayon ? Ce n’est pas non plus une surprise de voir la Brigade des Courtisans de sa Seigneurie se délecter du spectacle… Au moins, je ne peux pas dire que le sang du gamin lui donne un avantage, visiblement le mérite s’applique aussi à lui. Je jette un regard à @Professeur S. Kendrick et lui murmure, masquant mon trouble derrière une boutade : « Tu ne pourras pas m’en vouloir d’avoir révéler quoi que ce soit, il faudra t’arranger avec Monsieur le Directeur. Alors, verdict de la révélation, déçue ou pas ? ».

Dmitri ne semble pas très enclin à vouloir jouer la partition qu’on lui a écrite, je serai presque soulagé de voir que cette insoumission ne s’applique pas qu’à moi…Mais la vérité, qu’il n’entendra bien sûr jamais, c’est que j’ai surtout envie de lui dire de ne pas jouer au plus con pour une fois, parce qu’il n’est pas sûr de gagner au concours de nuisance aujourd’hui. C’est probablement ce qu’un petit chefaillon lui dit également, puisqu’il se décide à prendre place. Je n’aime pas cela du tout. Et pourtant, je suis le premier à penser que ce gamin mérite une bonne branlée les trois quarts du temps où je me trouve en sa présence. Mais cette mise en scène et la surveillance me mettent mal à l’aise.

Moi aussi, j’occupe l’espace, imposant mais pas menaçant, juste concentré et plus sérieux qu’à l’accoutumée. C’est alors qu’Ozdemir prend la parole manquant de me faire lâcher une bordée de jurons. Je ne retiens pas un soupir et lâche entre mes dents : «Cette gosse ne loupe décidément jamais l’occasion de faire empirer les choses. » Néanmoins à défaut de finesse et d’analyse de la situation, on peut reconnaître qu’elle a du cran, sûrement trop pour son bien. Et en étant tout à fait honnête, j’aimerai que ce cirque arrête avant même d’avoir commencé.

[AVERTISSEMENT] Un espace de création (ouvert à tous) Mousta11

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Avertissement

Le temps de la pause méridienne avait sonnée tant pour les élèves que pour l'enseignant. Lorsque tous les élèves de son cours eurent quitté la salle, Henry verrouilla la porte et descendit calmement les étages qui le séparait de la Grande Salle, où l'attendait un bon repas préparé par les talentueux elfes de maison de l'école. A son arrivée, il fut pour le moins surpris de voir autant de monde présent dans la salle, tant parmi les élèves que parmi l'équipe enseignante et fut encore plus surpris de voir le directeur de l'école descendu de sa tour. Henry s'installa à la table des professeurs parmi ses collègues tout en les saluant d'un signe de tête et d'un sourire cordial avant de se servir comme tout le monde d'une part de tourte au poulet accompagné d'un peu de salade. C'est alors que le directeur se leva et prit la parole. En temps normal, lorsque le directeur se levait ce n'était jamais pour rien et dans 75% des cas, c'était pour une urgence ou un évènement important voir grave. Cela c'était d'ailleurs davantage confirmé depuis l'arrivée de Sørensen qui quittait rarement sa tour pour intervenir directement. Le directeur commença par un discours de politesse avant d'aborder le fond du sujet: une affiche caricaturale. Lorsque Henry la vit, il eut un léger sourire amusé. Il est vrai qu'un petit détournement et de l'auto-dérision ne faisait jamais bien de mal comme lui avaient enseigné ses élèves belges lorsqu'il enseignait à Beauxbâtons. Cependant, connaissant le sinistre personnage, Henry savait que derrière le sourire carnassier de ce vampire norvégien, s'activait les rouages d'une punition exemplaire à l'encontre de l'auteur de l'affiche.

Lorsque l'auteur se dénonça par "la force des choses", si on pouvait réellement parler ainsi vu la mascarade qui commençait à se tramer, c'est sans réelle surprise que son regard se porta sur le jeune Dimitri van Aken. Certes, Henry n'avait pas été présent lorsqu'il avait commis ses 'hauts faits", mais il avait entendu ce qui c'était passé l'année précédente et même si, il n'avait eu que très peu d’interaction avec le garçon, il se refusait à porter un quelconque jugement à son égard. Aussi c'est avec un regard inquiet et médusé que le professeur vit un groupe d'élèves se diriger vers le jeune homme comme pour l'intimider. Il ne pouvait s'empêcher de repenser à cette fichue Brigade Inquisitoriale mis en place par ce crapaud d'Ombrage lors de sa septième et dernière année à Poudlard. Pire, la suite de la scène lui rappela ses douloureux souvenirs du temps de la seconde guerre des sorciers, les mangemorts, les frères Carrow, les rafles... Face à cette scène malsaine, le professeur restait perplexe, regardant successivement le jeune homme, le directeur et ses collègues. Qu'allait-il se passer? N'étais-ce pas une réponse démesurée face à un acte aussi mineur? Médusé, Henry assistait à la scène... Il aurait pu intervenir mais à quoi bon? Un conflit ouvert n'était pas la meilleure des solutions face à cette gargouille sinistre entouré de sa cour qui avait infiltré autant les rangs des élèves que ceux de l'équipe pédagogique. A croire que ces sorciers vaniteux d'un autre temps était tellement obsédé par leur sang qu'il leur montait à la tête dans une mégalomanie aussi ridicule qu’effrayante. C'est alors qu'une jeune poufsouffle prit la parole pour s'opposer à cette mascarade avant d'être remis à sa place de manière brutale ce qui déplut fortement à Henry. Néanmoins, il était rassuré de voir qu'il restait à Poufsouffle des élèves incarnant les idéaux de justice, de fraternité et de bonté même si il ignorait les réelles motivations de la jeune fille en question. Henry attendait... Qu'allait-il se passer? Quelle punition le directeur allait-il infliger? Devrait-t-il intervenir en cas de punition disproportionné en se risquant à un conflit ouvert et perdu d'avance ou devrait-il laisser les choses se faire sans trop se faire remarquer? Le jeune homme avait fait une bêtise, certes, mais tout ce remue-ménage en valait-il la peine? Autant de questions qui se bousculaient dans sa tête tandis que les évènements se déroulaient sous ses yeux...

Un espace de création

Si Dmitri semblait quelque peu réticent à s’exécuter, Kaspær remarqua que son petit-fils s’entretenait à présent avec lui, et semblait avoir trouvé les mots justes pour le convaincre. Tant mieux, cela éviterait d’éterniser ce repas par une énième scène digne d’une mauvaise tragédie… Il joint donc ses mains, un air de satisfaction plaqué sur le visage. « Bien. Laissez-le donc s’avancer tout seul. » déclara-t-il en effectuant un signe de main dans leur direction, dans l’optique de les disperser. Finnbjörn était un garçon docile et obéissant, et les membres qui composaient sa brigade personnelle étaient dans l’ensemble relativement raisonnables et tempérés, modérés dans leurs ardeurs, aussi il ne craignait pas de scandale de leur part. Il invita d’un geste le jeune Dmitri à s’approcher sans crainte, avec un regard entendu en direction d’Alexander, qui avait été mis au courant des sanctions que son petit-fils encourrait. Il ne comptait pas se montrer trop sévère avec ce jeune garçon qui était porteur d’un sang pur et parfaitement limpide, et qui s’était simplement engagé sur les mauvaises routes, mais il était nécessaire que ce dernier comprenne la gravité de la situation… En portant atteinte à ceux qui lui étaient proches, qui pouvaient le mener sur la voie de la grandeur, il s’était mis en danger, et ce n’était pas tolérable pour un héritier de bonne famille.

Cependant, il eut la mauvaise surprise d’entendre la voix d’une jeune Poufsouffle s’élever dans l’assemblée, et son visage se tourna lentement vers cette dernière. La colère qui animait son expression faciale laissa le directeur parfaitement de marbre, et il la laissa débiter chacune de ses paroles sans l’interrompre, avant de se décider à lui répondre sur un ton serein. « Mademoiselle Özdemir, cette assemblée se passera de vos commentaires impertinents. Si vous appreniez à vous contrôler dans ce lieu d’institution, vous ne seriez pas embourbée dans les ennuis. Rasseyez-vous. » se contenta-t-il simplement de répondre à l’adresse de la jeune Poufsouffle qui s’était levée, sans même lui jeter un regard. S’il n’avait pas encore été confronté directement à cette enfant, il savait qu’elle avait fait parler d’elle… Ses petits-enfants avaient exprimé leur désir de la châtier pour sa témérité, et lorsqu’elle avait menacé le secret magique d’être dévoilé l’an passé, elle ne s’était pas fait que des amis. Elle adressa donc un signe à Erin que seule cette dernière pourrait comprendre, lui indiquant ce qu’elle avait à faire ; sa petite-fille saurait parfaitement comment il était bon de réagir, dans ce cas de figure-là. Il revint finalement à Dmitri, qui s’installait à son pupitre, et à qui il adressa un sourire courtois, l’invitant à s’emparer du matériel mis à sa disposition. « Tu peux commencer, mon garçon. » Finalement, les choses n’avaient pas tant changé, depuis son époque : on apprenait toujours grâce à des leçons exemplaires et une pédagogie rigoureuse et exigeante, et pour cela, il fallait commencer par marquer les esprits.

@Dmitri D. Van Aken

Skyler
&
Co

Un espace de crémation

Ce devait être un repas comme les autres. Mon emploi du temps était assez chargé aujourd'hui - enfin autant que peut l'être celui d'une meuf qui n'a gardé que cinq matières cette année. Je venais de me taper deux heures de Défense Contre les Forces du Mal avec cette tarée de Thorstein et je m'apprêtais à enchaîner sur trois heures de potions, avec le non moins taré van Aken. La pause méridienne apparaissait donc comme un moment pour souffler et pour se vider la tête après se l'être prise toute la matinée. C'est pour ça que je n'ai pas fait attention aux sorciers inconnus qui semblaient garder les issues. C'est pour ça que je n'ai pas jeté un œil à la table des professeurs. C'est la voix de notre directeur bien aimé, précédé du tintement de sa cuillère contre sa coupe, qui me tire de mes pensées et me fait relever la tête. Je retiens un sourire lorsque le vieux Sorensen dévoile la caricature que nous avons tous eu la chance de voir ces dernières semaines. Je n'ai jamais su qui en était l'auteur mais ça m'a fait bien marrer. Pourtant, cette fois ci, ça n'a rien d'un sketch.

L'air bienveillant et les paroles doucereuses de Kaspaer Sorensen ne suffisent pas à masquer son ton glacial. Personne ne s'y trompe : ce n'est pas une scène de poésie et d'art qui s'apprête à se dérouler sous nos yeux. Des murmures s'élèvent des quatre tables qui font face à celle des professeurs. De mon côté, je reste aussi muette que stoïque : une boule a commencé à se former au niveau de ma gorge. Le directeur demande à sa chère brigade de ramener Dmitri van Aken sur l'estrade. Ce n'est qu'un gamin mais je l'ai déjà vu tremper dans les embrouilles : il a attaqué Hatwell l'an dernier, lors des protestations contre l'interdiction d'exercer la magie dans l'enceinte de Poudlard. Pourtant, c'est un sang pur : une espèce de neveu éloigné du vieux van Aken, je crois. Quel intérêt a-t-il à se faire remarquer aussi défavorablement ? Le voilà en plus qui proteste. Quel idiot. Il faut que ce vil Finnbjörn lui susurre quelques mots à l'oreille pour qu'il accepte de monter sur l'estrade. J'ai une violente impression de déjà vu et ça me donne la nausée.

C'est alors que je les remarque : les sorciers qui gardent les différentes entrées. Je ne les connais pas mais ça ne sent pas bon du tout. Nous allons être obligés d'assister à cette punition - car ce n'est rien d'autre que ça. Dmitri va servir d'exemple pour nous tous, ceux qui souhaiteraient se rebeller contre la direction. Et justement, une autre voix que l'on ne connait que trop bien résonne à son tour dans la salle. Cette fois, je tourne la tête vers la table des Poufsouffles. Cette conne de Zeynep est encore en train de se faire remarquer. J'aimerais lui lancer une fourchette, lui dire de fermer sa grande bouche mais je ne peux pas, ce serait trop dangereux. Si elle veut causer sa perte seule, grand bien lui fasse. Elle ne m'entrainera pas dans sa chute. Sorensen intime le silence à la Poufsouffle, sous étroite garde avec Erin. La punition reprend son cours et le silence revient dans la salle. Pourquoi les préfets ne disent rien ? Et les professeurs ? Ce serait leur devoir de faire cesser cette mascarade ! Mais personne ne dit rien, ni eux, ni moi. Pour autant, nous savons tous que cela ne va pas bien se terminer.

CODAGE PAR AMIANTE

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@Zeynep J. Özdemir

@Erin B. Sørensen

C’était un soir ordinaire. Une soirée des plus habituelles, Liam avait presque terminé ses devoirs et il était maintenant l’heure d’aller diner dans la grande salle. Zeynep l’avait probablement devancée puisqu’elle n’était déjà plus dans la salle commune. Liam avait l’impression de la perdre de vue de plus en plus souvent. Comme l’année passée, elle ressassait un bon nombre d’idées noires et Liam ne savait plus comment les combattre. Évidemment, Zeynep était toujours sa meilleure amie, il ne comptait pas le remettre en question, mais c’était vrai qu’il commençait de plus en plus à occulter cette partie d’elle. Cette facette combattante, la révolutionnaire qui détestait au moins les deux tiers de l’école. Que faire d’autre ? Il avait beau en parler avec elle, le sujet tournait en rond… Liam se concentrait donc sur ses devoirs et autres bouquins, comportement qui ne lui ressemblait absolument pas. Si sa mère l’avait vu ainsi, elle se serait immédiatement inquiétée en lui demandant ce qui n’allait pas. Liam faisait aussi des allers-retours réguliers entre ses entrainements de Quidditch avec l’autre tarée d’Erin et sa salle commune ou son dortoir. Quotidien qui ne lui plaisait absolument pas, mais il ne voyait pas d’autre alternative.

C’est donc plongé dans ses propres idées noires qu’il descendit en direction de la grande salle. En y repensant, Zeynep s’était même beaucoup rapprochée de Dmitri Van Aken. Pourtant un sang pur ! Chose qui perturbait encore plus l’adolescent. Au-delà de ce détail, il savait que le Serdaigle et sa meilleure amie partageaient un bon nombre d’idées. Elle devait voir en Dmitri une forme de complicité et de soutien impossible à avoir avec Liam… Un soupir s’échappa des lèvres du Poufsouffle. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas Dmitri, loin de là, mais il s’en méfiait. C’était le genre de garçon à faire du grabuge, ce que Liam n’appréciait pas beaucoup, surtout quand il impliquait et créait des problèmes à Zeynep. Alors que faire ? En parler à Zey ? Sûrement pas, il se ferait probablement jeter par son mauvais caractère.

Le troisième année arriva dans la grande salle. Une majorité d’élèves étaient déjà installés, il chercha quand même Zey du regard. Ils avaient l’habitude de diner ensemble. Mais ce soir, Zey allait diner avec… Erin ? Liam ouvrit des yeux ronds comme des billes. Ouh la, mauvais plan ça. Zey avait surement besoin d’aide face à la dangereuse de service. Malheureusement pour l’adolescent, plus aucune place n’était disponible à proximité de Zeynep. Il chuchota un juron. Erin lui avait pris sa place et cherchait des noises à Zey. La colère venait de le gagner. Il s’assit tout de même en silence à côté d’un membre de sa maison.

Alors que le diner commençait, le directeur attira l’attention sur Dmitri. Il l’accusait d’être l’auteur de la tract humoristique sur le directeur lui-même. Les problèmes le guettaient et Liam remerciait le ciel de ne pas être à sa place à cet instant. La colère avait totalement disparue et il observa la scène avec attention. Sous la pression de la nouvelle brigade, Dmitri marcha en direction de l’estrade. Mais un nouvel évènement vint l’interrompre dans sa démarche. Zeynep… évidemment. Liam se redressa de tout son possible et ouvrit de grands yeux apeurés en entendant le son de sa voix. La catastrophe ne faisait que commencer. Elle insulta à demi-mot le directeur… Carrément… Liam se frappa le front avec le plat de la main. Encore une belle connerie là…

Mais il se devait d’assurer et de réfléchir à un plan. Avant de réagir, il devait observer la réaction de la table des professeurs et de Mr Sorensen en priorité. En premier lieu, toute l’école s’était retournée en direction de Zeynep, il n’osa pas imaginer la pression qu’elle devait ressentir. La position de son amie lui infligea presque de la pitié. Le directeur intima l’ordre à Zey de se rasseoir après l’avoir remise à sa place. Connaissant Zey, il était possible qu’elle en remette une couche et c’était clairement à éviter. C’était à Liam de jouer maintenant. Il prit son courage à deux mains et se leva du banc. Il parcourut d’un pas pressant les quelques mètres qui le séparaient de Zeynep en se forçant à ne pas détourner le regard vers les autres élèves. Il arriva auprès de son amie et la prit délicatement par le poignet. Il chuchota : "Allez Zey, steuplait, viens ça sert à rien."

Liam se voulait doux, il savait que la brusquer ne servirait qu’à empirer les choses. De toute façon, il ne fonctionnait pas comme ça. Le garçon ressentait maintenant toute la pression que les centaines de paires d’yeux braquées sur eux pouvaient infliger. Il ne faudrait pas que cette situation dure trop longtemps…

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"Un espace de création pour tous"

Il me semble bien souvent, dit-elle en guise de réponse, que les hommes ne mettent guère en pratique les beaux sentiments dont ils font si volontiers parade. - Leon Tolstoï

Monsieur le directeur lui rappelle étrangement son père. La même sereine douceur, le même éclat métallique dans un sourire factice - un, deux, trois sourires sans dents et sans émotions. Sorensen les distribue dans une parcimonie glacée, une bonhommie étrange auquel personne ne prête réellement attention. Hier comme aujourd’hui, la grande salle s’est drapée du brouhaha propre aux repas des élèves. Il est midi, le soleil est haut dans le ciel frileux qui recouvre Poudlard mais il fait bon dans l’antre de leur école. Toujours. Les buches fondent dans les cheminées, les larges tables de bois scintillent de vivres abondantes et les rires fusent ici et là. Poudlard aux milles vies. Les pierres tombent puis se reconstruisent. Rien n’affecte cette école, ni les incendies, ni les cris, ni même les batailles. Elle parait grande pourtant, moins enthousiaste que l’année dernière mais n’a pas non plus l’atmosphère mortuaire des années Blackman.

Ses couloirs sont devenus un entre deux, un voyage encore doucereux sur un Styx sage.

Daisy jette un coup d’œil distrait vers l’estrade des professeurs avant de se tourner vers la conversation en cours qu’elle juge bien plus importante à l’égard de ce qu’elle doit connaitre. Mindy a été vu en train d’embrasser Chen dans les toilettes des garçons. Un comble ! De quoi défrayer la chronique. Encore pire que quand l’un des premiers années de Gryffondor a voulu mettre du chewing gum sur les tableaux du côté Est et que ces derniers se sont insurgés. Elle papote encore et toujours, les paroles légères, inconséquentes. C'est tout ce qui importe.

A peine le temps de s’asseoir que la voix agréable du directeur retentit. Il n'y a rien dans ses yeux qui transparaît quand il vous regarde, pas d'émotion, pas de pensée. Son visage est pâle dans la pénombre ondulante des lustres flottants, et ses cheveux sont rayés comme ces tigres, ce type de prédateurs qui entrent et sortent de l'ombre. Ces choses avec des griffes.

Il dit « Chers élèves, chers enseignants, quel plaisir pour moi de vous voir tous réunis. » Et Daisy comprend déjà que quelque chose ne va pas. Le cœur ralentit, la mine se fait un peu grise. Il plaisante et les dents blanches ont de petits airs de couperets implacables. De quoi glacer l'assistance qui se tait instinctivement.

La brune rajuste la mèche de miel derrière sa petite oreille, suit du regard l’enfant qu’on escorte jusqu’à la tribune.

La plupart de ceux qui encadrent sont Serpentard ou Sorensen. On ne parvient pas à se départir de la servilité, l’obédience en étendard dans ce type de milieu. On fonctionne sempiternellement en système féodal, s’abaissant sous le joug de ce que beaucoup s’obstine à appeler tradition sans vraiment de fondement acceptable. Ils obéissent et obéissent et acceptent toujours les ordres pour peu qu’ils soient émis par une de leurs figures phares. Ils font tous ça – elle comprise – à tant de niveaux différents.

La liberté a un trop grand prix.

Personne n’est véritablement surpris dans la salle lorsqu’ils se lèvent, personne ne cillent devant la rapidité d’exécution. Le népotisme et les dépendances font le reste.

Cela va de soi.

Tout est pour le mieux dans le meilleur de leurs mondes.

Daisy ne touche pas à son assiette. Elle ne le fait pas d’ordinaire et elle a un joli haut tout nouveau qu’elle a customisé sous sa robe de sorcier rattachée sous sa poitrine par la broche en laiton sertie d’un aigle en bronze. Elle penche son visage légèrement, l’œil mâtin sur la scène. « J’espère que ce sera rapide, » chuchote-t-elle à sa voisine. « j’aimerai pouvoir m’entrainer un peu avant d’aller en cours et retoucher mon gloss dans la foulée… cette volonté de tout mettre en spectacle franchement… » Elle lève les yeux au ciel pour se donner un genre, comme si tout ceci était simplement mondain et n’avait aucune importance.

C’est tout le contraire, évidemment.

Ils y pensent tous n’est-ce pas ? Le traumatisme affleurant dans l’onde des souffles, le tremblement invisible sur les doigts qui se referment sur les vêtements ou sur les couverts. Blackman. Il y a un air de Déjà-vu. C’est juste que Dimitri est un des leurs.

La Poufsouffle a des relents de révolte et fait l’effet d’un mini-séisme. Daisy cille lentement. La courageuse idiote, l’éternelle brebis. « Qui est-ce ? » demande-t-elle sous cape. Troisième année ? Eh bien. Elle arque un sourcil soyeux. « Elle va tout retarder, imagine il veut en punir deux au lieu d’un maintenant, pfff… ah, quelqu’un est intervenu. Où est Peeves quand on a besoin de lui. » Un autre Poufsouffle. Une moue glisse sur les lèvres framboise. Il ne sert à rien de prendre ces gens là de front. Au contraire. Dimitri a eu une bonne approche mais il s’est fait prendre.

Comment ?

Il a sans doute peint la chose à visage découvert. Il y a des sortilèges pour ça. Elle demandera au professeur Aymler.

Code by Sleepy

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‟ censure et discipline „

Le regard échangé entre les deux vieux hommes – le directeur et le maître des potions – eut un effet galvanisant sur Dmitri. Ils étaient alliés, complices depuis de nombreuses années... fort de ce savoir, il se sentait presque intouchable. Face à Appleton, il avait courbé l’échine, accepté les exigences pour s’éviter un retour dans son pays natal, mais aujourd’hui était un autre jour. Cette sanction était différente, il ne risquait pas d’affronter les mêmes conséquences. À mesure qu’il y réfléchissait, ce sentiment de puissance grandissait en lui ; que risquait-il ? C’était bien là ce qu’il avait clamé à Zeynep : il avait un sang assez pur et un nom assez illustre pour s’estimer protégé par ces mêmes idéaux qu’il s’évertuait à critiquer, tant par conviction que désir d’opposition. Pour une fois, ils lui étaient utiles. En fin de compte, l’expérience de l’année dernière lui avait forgé un certain désir de revanche. L’emmener ainsi à s’humilier dans la grande salle était une grave erreur. Cette fois-ci, il ne nourrissait plus les mêmes craintes et se sentait presque tout puissant. Il avançait d’un pas qu’il n’était pas loin d’imaginer conquérant. Enfin délesté de la cour de Sørensen, il ne restait désormais plus qu’eux deux. Le vieil homme et l’enfant. Il en avait oublié le reste de la grande salle, n’accordant qu’une furtive attention à la table des professeurs avant de se perdre dans la contemplation de la plume à l’embout si pointu qu’il en semblait tranchant. Seule une voix derrière lui rompit le silence pesant que les entourait, silence tout relatif à bien y réfléchir, quelques murmures parvenant tout de même à ses oreilles... mais qui jusque-là ne lui paraissaient pas plus imposants que le bruit du vent.

Il n’avait pas eu besoin de se retourner pour reconnaître là sa camarade née-moldue. Cette intonation, il la connaissait par cœur... et elle lui avait presque manqué. Depuis la rentrée, la jeune fille avait été si morose, bien loin de la révolutionnaire de l’année dernière, mais l’espace d’un instant, celle qui était prête à soulever ciel et terre pour ses idées était revenue. Malgré tout, il peinait à ne pas grincer des dents en constatant quel moment – et quelle occasion – elle avait choisi pour redevenir elle-même.

Suivant le regard de Kaspaer, Dmitri pivota sur lui-même pour observer Zeynep. La situation aurait pu prêter à sourire si seulement il n’était pas en train de pester intérieurement contre la poufsouffle. Il l’appréciait – et son intervention le touchait – mais il n’était pas assez naïf pour croire que ça suffirait à le sortir de ses ennuis. L’entendre se jeter ainsi dans la gueule du loup, se proposer pour une punition à sa place, l’irritait. Il n’avait pas accepté de venir devant ce pupitre et de se plier aux exigences de l’adulte pour qu’elle vienne s’embourber avec lui. Ce n’était pas seulement pour elle qu’il avait consenti à suivre Finnbjörn, mais elle faisait partie de ceux auxquels il avait alors pensé. Le courroux pourtant ne vint pas. Aucune tempête ne s’abattit sur la troisième année. Le directeur susurrait de ce même ton doucereux qu’il avait utilisé quelques minutes plus tôt. Autrefois, il lui avait paru plutôt sympathique, mais aujourd’hui l’idée bienfaisante qu’il avait eue de lui était loin derrière lui. Il l’avait sûrement laissé sur son dessin. Bon sang, ça n’était qu’une blague. Une petite moquerie sans trop de méchancetés... Après s’être gaussé de quelques professeurs, quoi de plus normal que de s’en prendre au directeur ?

L’enfant se glissa sur le siège du pupitre, saisissant de doigts moins assurés que d’accoutumée la plume qui était posée. Machinalement, il en fit tourner le bout entre son pouce et son index en la contemplant silencieusement, puis enfin la trempa dans l’encrier. Il se pencha un peu sur la toile, posant l’embout sur le tissu qui se gorgea d’une première goute d’encre mais après quelques instants d’hésitations, à regarder le pupitre, il releva la tête, plongea ses yeux azuréens dans ceux verdoyants de l’adulte. Tendu – et indéniablement stressé par la tournure des évènements – il ne parvenait à aligner deux pensées cohérentes. Son esprit ne voulait pas coopérer, comme en lutte avec la tâche qu’on lui demander d’effectuer ; il ne voulait pas dessiner sous la menace. À nouveau, il lui semblait qu’ils n’étaient plus que deux. Le reste de Poudlard n’existait plus. Ses iris brillaient d’une lueur de défi. Un savant mélange d’impertinence et de rancœur qui vint finalement à vaincre cette envie irrépressible de reposer la plume. Enfin, il se mit à dessiner, traçant quelques premières lignes sur la toile tendue. Il était plus habitué aux coups de fusain ou au pinceau, et cette plume était assez inconfortable. Il se sentait presque gauche avec, mais l’expérience compensait et cette fois-ci, il avait le modèle juste devant lui. Il se tenait debout, un sourire faux fixé sur son visage. Un sourire qui sous les traits successifs de Dmitri devint peu à peu un rictus cruel. Il n’y avait d’abord que quelques traits pour poser les bases du visage, mais rapidement il rendit à Kaspaer Sørensen un reflet plus vrai que celui de son miroir : plus que de le représenter, le dessiner à nouveau quoique dans une position moins insultante, il ôtait tout ce qui faisait de lui un être si lice et qui risquait de le rendre sympathique. Ses yeux devenaient plus fourbes, son visage se déformait sous sa moue affable pour n’être plus qu’un masque d’horreur. Halloween n’était pas encore là, mais s’il y avait parmi ses camarades des personnes un brin aussi taquines qu’il l’était, alors il aurait tôt fait de leur inspirer le prochain costume. Il ne manquait plus que les cornes pour parfaire le diable. Mais son dessin n’en avait pas besoin : il était suffisamment explicite.

L’artiste en herbe reposa la plume sur le bord du pupitre, défiant son modèle du regard. Il avait voulu qu’il dessine à nouveau, c’était chose faite. S'il n'était pas satisfait de l'œuvre, il ne pouvait en vouloir qu'à lui-même : Dmitri ne daignerait pas faire autre chose de lui que des caricatures.

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( un espace de création ♚ ERIN )

Les événements avaient de quoi me faire sourire. Du moins, ils chassèrent mon humeur sombre pour la remplacer par un amusement cruel. C’était une punition parfaitement légitime : s’en prendre au Directeur était déjà un acte répréhensible en soi, mais il s’agissait de Grand-Père et une telle attaque ne pouvait, ne devait rester impunie. Le petit van Aken méritait bien pire, en réalité, que d’avoir simplement à gribouiller sur une toile sous le regard idiot de Poudlard. Mes yeux clairs se posèrent sur les traits grossiers de ma voisine et mes lèvres s’étirèrent en un rictus mauvais. Nous la savions proche de Dmitri, je voulais constater à quel point. Je commente la réaction du Serdaigle d’un ton badin, comme si je parlais de la pluie et du beau temps, sans cesser de contempler la silhouette altière de mon jumeau. Qu’elle ne se laisse pas tromper par mon apparente indifférence : toute mon attention était dressée autour de sa personne. Un privilège dont elle ne pourrait jamais mesurer toute la portée et dont elle préférait peut-être se passer. L’entêté van Aken se leva enfin, escorté tel un condamné à l'échafaud. S’il savait. Heureusement pour lui que son sang était pur et qu’il fallait compter sur la maturité pour qu’il ne rejoigne pas les quelques imbéciles qui s’évertuaient à draper leur famille dans le déshonneur. Ce déjeuner aurait été tout autre, sinon. Je poursuivis ma conversation avec ma voisine, d’un ton qui se durcissait de seconde en seconde. Charitable était mon deuxième prénom, aussi lui mentionnai-je la présence des sorciers qui gardaient les lieux, veillant à ce que personne n’entre, ne sorte, ne trouble trop la petite séance qui s’annonçait.

Je pouvais me montrer aussi généreuse qu’il m’était permis de l’être, cette petite sotte n’en deviendrait pas plus sage pour autant. Elle se leva d’un bon — renversant au passage son verre qui eut la bonne idée de ne pas m’éclabousser — et je levai, moi, les yeux au ciel. Idiote. Assurément, nous étions capables de bien plus que ce qu’elle pouvait seulement imaginer et elle osait pourtant faire tout ce tapage ? Sur l’estrade, Grand-Père déporta son regard sévère jusque dans sa direction, tandis que le petit van Aken ne pipait mot. Une ombre moqueuse accentua un peu plus mon rictus. Bien vu : elle n’était que la lie de la société, évidemment qu’elle était coupable de la néfaste influence qu’elle distillait dans les couloirs de cette école. Enfin, ça avait beau être divertissant, je savais ce que j’avais à faire. Mes doigts s’enroulèrent autour de son poignet, s’en saisissant sans ménagement. Au contraire, j’y ajoutai une pointe de violence et la fit se rasseoir brusquement. Puis ma main quitta son avant-bras pour se poser sur son épaule, mes ongles s’enfonçant dans le tissu rêche tels les griffes d’un rapace se refermant autour d’une proie. « Tu devrrrais rrrester trrranquille, maintenant. Ça fait bien longtemps que l’envie de te fairrre payer ton imperrrtinence me démange. » Le souvenir de ce qu’elle avait osé faire à Junior et Finnbjörn ajouta un éclat de haine au fond de mes prunelles. « Même Dmitrrri n’en fait pas toute une histoirrre, » ricanai-je en désignant du menton le jeune van Aken qui, sans un mot pour sa soit-disant amie, venait de se tourner vers le chevalet, encouragé à se lancer par la voix ferme de Grand-Père. Si je me croyais au bout de mes peines à devoir surveiller cette impertinente, c’était sans compter sur la débilité de ceux dont elle s’entourait. Une ombre se faufila jusqu’à nous en la personne de Conley. Mon rôle n’était pas de devenir la baby-sitter de tous les gamins insupportables de ma maison. « Rrretourrrne à ta place, » lui ordonnai-je d’un ton agacé.

Mes doigts, sur l’épaule de Özdémir, n’avaient pas bougé, s’assurant du bon déroulé de cette punition. « Serrrait-ce trrrop espérrrer de ta parrrt que tu fasses ton trrravail de prrréfète ? » lançai-je à l’attention de Haley qui n’était pas bien loin. Je la laissai s’occuper de l’importun et revint à ma propre tâche. Le contact avec cette peste m’horripilait mais je devais m’y tenir. Et quand Dmitri posa enfin sa plume sur la toile, après un long échange silencieux avec Grand-Père, je sentis un plaisir brûlant se glisser jusqu’à mon estomac et ma prise se resserra, plus forte encore, plus que nécessaire assurément, elle ne pouvait s’y soustraire dans tous les cas*. Mes yeux clairs allaient et venaient entre la toile et la sang-de-bourbe à mes côtés dont le visage pâlissait à chaque seconde, le sang appelé ailleurs.

@Zeynep J. Özdemir
@Haley M. Strauss
@Liam Conley

( Pando )

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‟ Haley joue son rôle de préfète „

La journée commençait merveilleusement bien. Elle était sortie du cours d’étude des runes, son devoir auréolé d’une bonne note en main. Lorsqu’il s’agissait de pratique, elle était plus inconsistante, mais travaillait toujours plus dur. En revanche, dès lors que la théorie primait, elle était indéniablement la meilleure. Chaque résultat glorieux comme celui-là embellissait son visage de cette même lueur satisfaire et fière. Elle ne se lassait pas de ce sentiment procuré par la réussite. Alors elle marchait en conquérante, descendant vers la grande salle pour prendre son repas : les élèves qu’elle croisait ignoraient tout de sa note, mais elle s’en moquait éperdument. Sa gloire figurait sur son dossier, sa réussite ne faisait pas le moindre doute.

Seule une terrible réalité vint rendre ce début de journée moins beau : en arrivant à destination, ses yeux ne parvinrent à trouver Rosalie ou Artemis. Étaient-ils à la table des gryffondors ou des serpentards ? Peut-être l’attendaient-ils directement chez les poufsouffles. Oui, ce devait être ça. Haley alla rejoindre ses compères jaunes et noirs, guettant deux tâches rouge et verte dans les uniformes. Elle en voyait bien une ici, mais c’était un quatrième année qui discutait joyeusement avec un autre poufsouffle. Derrière elle, on la pressa, et un peu bousculée, elle alla finalement prendre la première place de libre, à proximité de Lilith. Non loin, la capitaine de leur équipe de quidditch mangeait... à côté de Zeynep. Étrange. Tant pis, elle avait bien d’autres chats à fouetter. La jeune préfète se servit joyeusement des premiers plats qui lui passèrent sous la main. Une savoureuse viande, accompagnée de petites pommes de terre rissolées. Un délice. Sa main leva la fourchette, se figeant lorsqu’un tintement provenant de la table des professeurs l’interrompit dans son mouvement.

L’affiche était odieuse et de mauvais goût. Son auteur méritait une punition sans doute, mais elle n’avait pas envisagé un seul instant que ce puisse être ainsi que le directeur sanctionnerait le malotru. Happée par les évènements, elle en suivait le déroulement en bonne spectatrice. Seule la voix d’Erin la tira de ses contemplations, la rappelant à l’ordre. Mais oui ! La brigade avait peut-être son rôle à jouer, mais on ne lui ôtait pas pour autant celui de préfet. « Bien sûr ! » Haley tenta de reprendre un air digne, l’allure fière pour faire oublier son inconsistance, pendant quelques instants. Elle se leva de sa place, délaissant momentanément assiette et banc. Elle redressa son insigne de préfète – qui penchait un peu trop pour que l’on puisse parfaitement lire la glorieuse inscription gravée dans le métal doré – et remonta le long de la table, droit vers le garçon de troisième année. Elle commençait à le connaître avec les entrainements de quidditch. Toujours de bonne volonté, il se donnait généreusement dans ce qu’il entreprenait. Il avait encore cette sympathique candeur des plus jeunes, mais l’on distinguait déjà les prémices d’une grande maturité. Moins casse-cou et provocant que l’était Misha, peut-être trop gentil à bien y réfléchir, il demeurait une certaine fraîcheur agréable pour l’équipe, bien loin de la stricte Erin. « Liam. » Sa voix était assez douce, mais ferme. Elle ne transigerait pas, ne laisserait pas un autre enfant causer du tort à leur maison. Özdemir était déjà assez problématique – et ce n’était pas faute de l’avoir mis en garde contre son comportement quelques jours plus tôt – il ne fallait pas laisser les autres la suivre dans cet élan révolutionnaire puéril. Elle pouvait fermer les yeux sur les actions passées de Rosalie, parce qu’il s’agissait de sa meilleure amie et parce qu’au fond, elle rêvait d’avoir son courage et sa force, mais le combat que menaient ces enfants n’avait pas de fondement. Rien ne saurait justifier qu’ils fassent honte à leur maison. « Retourne t’asseoir. » Ce n’était pas une demande. « Tu vois bien que ton amie est entre de bonnes mains. » Des mains habituées à tenir une batte et terrasser des équipes entières avec. La préfète glissa ses doigts autour du bras du plus jeune, tirant pour l’entraîner vers sa place. Elle ne comptait pas le lâcher tant qu’il n’avait pas daigné se rasseoir.

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@Liam Conley @Erin B. Sørensen

Tout était allé trop vite et j’avais encore du mal à comprendre ce qui s’était passé, ce que je venais de faire. Je m’étais vu, comme extérieure à mon corps, me lever, tenter d’arrêter cette punition injuste dont je ne saisissais pas encore les contours. Je m’étais vu redevenir la Zeynep que j’avais été, celle prête à se lever, à affronter le monde entier pour défendre ce qu’elle croyait juste. Dmitri était peut-être atterré de ma réaction, ce n’était ni le lieu ni le moment de retrouver mon ardeur révolutionnaire. Et pourtant, c’était la preuve d’une chose qui devait le soulager : mon abattement n’avait pas anéanti ma conscience et ma révolte était intacte. Ma témérité – que certains nommerait « pulsions suicidaires » - aussi. La peur s’était envolée et si je savais déjà que j’en paierais le prix, je n’avais aucune idée de la forme que cela prendrait. Tout ce que je pouvais constater, c’était la main de fer qui me maintenait à ma place, le rictus de sa propriétaire, sans doute dégoûtée de ce contact. Ça ne devait pas être tous les jours qu’une Sørensen restait en contact prolongé avec une née-moldue. J’étais trop impure pour elle. Je lui aurais bien fait remarqué mais le sermon du directeur accapara le peu d’attention qui me restait. Il m’ordonna de m’asseoir alors que je n’étais déjà plus en état de bouger, clouée à ma chaise par une poigne qui ne me lâchait plus et qui semblait se délecter d’une situation qui m’échappait. Les regards étaient tournés dans ma direction et personne ne sembla avoir le courage de laisser autre chose que des murmures dont la teneur pouvait tout aussi bien m’être hostile que favorable. Seul Liam prit partie, tentant en vain de me faire échapper à ce qui pouvait m’attendre. Mais il fallait croire que notre nouvelle préfète était à la botte d’Erin, ce dont je ne doutais plus depuis sa lettre. J’avais pu considérer que son témoignage au procès avait été une maladresse, je ne pouvais que me rendre à l’évidence face à la répétition de ses actes de loyauté à l’égard de la nouvelle direction.
Bien loin de ce remue-ménage, qu’il ne pouvait pas ne pas avoir remarqué, Dmitri obtempérait à sa punition, esquissant un geste en direction de la plume. Les yeux rivés vers ses gestes, je ne me préoccupait plus de me débattre contre la main de fer qui me blessait l’épaule. Je n’avais plus les cartes en main et j’étais devenue spectatrice d’actes dont je deviendrais victime. Dmitri posa une première fois la plume sur la toile, hésitant. Puis les traits s’enchaînèrent, dessinant une caricature plus vraie que nature de l’instigateur de la sanction. Mais je n’étais plus en état de me concentrer pour saisir le sens des traits qui ornaient la toile. Au début, c’était soutenable, un léger picotement entre les omoplates, semblable aux fourmis que je sentais dans mes jambes quand je restais trop longtemps en tailleur. Mais la gène s’intensifia, se transforma en douleur. Mes yeux hagards criaient une douleur silencieuse qui descendait le long de ma colonne vertébrale, s’étirait vers mes côtes, allait se loger dans le creux de mes reins. Mon teint devait devenir livide, mes traits se crispaient, ma respiration se faisait plus précipitée. Je ne comprenais pas ce qui se passait mais je ne voulais pas leur faire le plaisir de m’effondrer ici, maintenant. Je voulais tenir, endurer cette douleur qui ne pouvait rien avoir de naturelle et dont je comprendrais plus tard l’origine.

Assis à la table des serdaigles et fort occupé à batailler avec une assiette de crevettes, Blaze avait écouté le discours du directeur d’une oreille d’abord relativement peu concernée, puis avec beaucoup plus d’attention quand il avait été fait mention des fameuses affiches caricaturant Kaspaer Sorensen. Ça avait été le sujet de discussion des trois derniers jours facile tant tout le monde avait immédiatement compris le caractère subversif de la « plaisanterie ». En grand amateur de ce genre de provocations, Blaze avait suivi l’affaire avec beaucoup d’intérêt, se laissant aller comme les autres à des spéculations quant à savoir qui pouvait bien être derrière tout cela.

Manifestement, soit Sorensen allait leur apporter la réponse, soit il s’adonnerait aux traditionnels reproches génériques, que ce n’était pas bien, qu’il fallait respecter les professeurs, que celui qui avait fait ça se dénonce tout de suite et blablabla. Le pire qu’il risquait d’arriver était que le château se prenne une punition collective si l’auteur ne révélait pas son identité, mais à vrai dire Blaze s’en foutait bien. Si Sorensen faisait la même erreur qu’Appleton, à perdre son sang-froid à la moindre provocation, alors il serait d’autant plus facile de jouer avec ses nerfs et monter les autres élèves contre lui.

Sorensen semblait vouloir faire durer le suspens et Blaze commençait à se reconcentrer sur ses crevettes quand il demanda soudain à sa brigade d’amener Dmitri jusqu’à l’estrade. Tient donc ? Sa première pensée fut qu’il espérait qu’on ne retirerait pas de points à Serdaigle à cause de ces conneries, la seconde fut de de maudire l’inconséquence du garçon. Se faire attraper pour des conneries, ça arrivait de temps en temps, c’était certain, mais il fallait toujours se garder une porte de sortie pour limiter les dégâts. Par exemple une bonne réputation. Ou des alliés. Dmitri avait déjà été exclu l’année dernière – sous une autre direction, certes – et ne pouvait donc compter sur aucun traitement de faveur à présent. Le seul qui pouvait éventuellement prendre sa défense c’était son grand-oncle, le professeur de potion, et celui-ci ne semblait n’avoir aucune envie d’intervenir.

De toute façon cela aurait été du favoritisme.

Très vite les choses dégénérèrent. Dmitri – quelle tête de mulle – refusa d’abord d’ombtempérer, entrainant la mobilisation des membres de la brigades. Ici et là quelques voix avaient commencé à protester également, Zeynep, évidement. S’il espérait du soutien venant d’elle, il était fichu. La moitié de l’école lui en voulait encore pour avoir menacé de divulguer le secret magique l’année précédente et de toute façon la gamine avait une réputation sulfureuse. En s’associant, ces deux là formait un très mauvais duo, chacun tirant l’autre par le bas.

Blaze jeta un œil à ses crevettes. Elles semblaient moins appétissantes tout d’un coup. Pour le simple principe, parce qu’il rêvait de prendre sa revanche sur Finnbjörn et que les tendances autoritaires du directeur le chatouillaient de réagir, il aurait pu faire quelque chose. Après tout, Dmitri était son partenaire. Mais ce n’était pas le genre de Blaze. Il agissait en douce. Par derrière. Le courage ne lui manquait pas, certes, mais il n’allait pas compromettre sa réputation pour un gamin dont au fond il n'avait rien à foutre et dans une querelle puérile.

Il planta sa fourchette dans une crevette. C’est vrai qu’elle avait un goût un peu amer.

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Siwan, @Fergal Armitage & les autres

Cela faisait un moment que ces affiches caricaturales du Directeur avaient circulé dans tout le château, faisant rire élèves et professeurs tout autant. Siwan, en tout cas, n’avait pas caché à Fergal son trop grand amusement qu’elle se devait de cacher pour ne pas attiser la colère de leur nouveau patron - et ce dernier partageait bien son avis sur la question. C’était même devenu un sujet de discussion récurrent : qui était le fameux dessinateur ? et qui était l’auteur de cette Gazette qui était tout aussi connu pour ses petits papiers ? Ils en étaient arrivés à la conclusion que les deux artistes devaient se connaître d’une façon ou d’une autre, mais Siwan n’avait rien voulu savoir de plus. Son désir de découvrir tous les potins de l’école était mis en déroute par son plaisir de se laisser berner encore un peu sur toute cette histoire. Fergal lui avait bien dit que certains tableaux avaient pu appréhender le poseur d’affiche et qu’il lui aurait été facile de remonter la piste de cette façon, mais elle avait refusé. Après tout, elle était celle qui recevait ces œuvres en avant-première ! Siwan avait cet honneur ! Elle ne pouvait tout de même pas trahir cette confiance en allant mener son enquête pour découvrir le petit plaisantin et… et après quoi ? Une fois l’identité révélée, tout le plaisair s’envolerait. En tout cas, la Kendrick était certaine de perdre une bonne moitié de son excitation à chaque fois qu’une nouvelle œuvre d’art ou qu’un nouveau numéro de journal apparaissait dans les couloirs de l’école si elle en conaissait les auteurs. Se gâcher la surprise, ce serait rendre sa vie dans cette école un peu moins colorée.

Toutefois, elle ne pensait pas que cette histoire reviendrait sur le tapis. Le temps avait fait son œuvre et l’affiche était devenue partie intégrante du passé collectif de cette école - les choses évoluaient rapidement, à Poudlard, et le centre de l’attention changeait facilement de jour en jour. Si le directeur avait eu vent - et comment cela n’aurait-il pas pu être le cas ? - de cette histoire, la sanction aurait déjà dû tomber depuis - à l’abri des regards probablement, sans que Siwan n’en sache rien du moins et puisse continuer d’apprécier ce genre de petits plaisirs innocemment… Ou le coupable ne s’était tout simplement pas fait avoir ! Après tout, les tableaux n’étaient pas infaillibles. Et toutes les excuses étaient bonnes pour se rassurer sur le sujet quand elle y repensait.

Aujourd’hui, cependant, l’enseignante de divination n’y pensait pas forcément. Ce n’était que le milieu du mois d’octobre et ses pensées tendaient plus vers Halloween et ses vertus divinatoires que sur tout autre chose. Ce midi n’aurait en aucun dû différer des autres : comme depuis un moment maintenant, elle s’était installée en bout de table, à côté de la place vacante que Fergal venait prendre une fois tous les élèves réunis dans la Grande Salle et ce midi ne dérogeait pas à la règle. Pourtant, la présence d’autres sorciers ne faisant pas partie du corps enseignant la faisait froncer des sourcils et elle interrogea Fergal du regard une fois celui-ci assis à ses côtés. Est-ce qu’il était au courant de quelque chose ? Car personne n’avait été prévenu, en salle des professeurs, ou alors elle avait manqué une information - ce qui n’allait pas lui faire très plaisir. Mais un tintement vint interrompre ses réflexions.

— Chers élèves, chers enseignants, quel plaisir pour moi de vous voir tous réunis.

Par automatisme, Siwan posa ses couverts et s’adossa à sa chaise, se mettant dans une position d’attente. Les discours d’un Directeur attendaient un calme olympien de la part de tout le monde et l’adulte retenait chaque fois un soupir quand l’un de ces monologues barbants s’annonçait. Or, pour une fois, son attention fut captée par l’affiche qu’elle reconnaissait fort bien et elle dut retenir un sourire - sinon un rire - systématique quand elle repensait à cette caricature. Se tournant vers le concierge, elle tenta de dissimuler une quelconque approbation de cette création pour ne pas être regardée de travers. L’atmosphère était déjà devenue plus lourde, alors ce n’était absolument pas le moment de rire comme une adolescente pour une blague à deux mornilles.

Mais ce que la Kendrick prit pour une simple mise en garde un peu sévère sur ce qu’encourrerait un autre petit plaisantin fut bien plus que ça : il était question d’une véritable punition publique. Lorsque Dmitri van Aken fut demandé de venir devant toute l’école, sur l’estrade, ses yeux s’écarquillèrent. Alors c’était lui, l’artiste ? Un nom qu’elle n’avait que trop entendu et associé à des événements peu valorisants : une attaque contre un professeur, un révolutionnaire en duo avec Zeynep Özdemir, un perturbateur pour Fergal… Que de choses élogieuses, vraiment. Et voilà que sa renommée le menait une nouvelle fois sur le devant de la scène.

— Tu ne pourras pas m’en vouloir d’avoir révélé quoi que ce soit, il faudra t’arranger avec Monsieur le Directeur, fit Fergal à côté d’elle et Siwan était encore si surprise qu’elle ne tenta même pas de lui mettre un coup de coude pour sa boutade. Alors, verdict de la révélation, déçue ou pas ?

C’était une bonne question… N’osant jeter un coup d'œil en direction d’Amelia qui se trouvait de l’autre côté de la tablée, après le Directeur, en compagnie de Jane, elle garda les yeux vissés sur le jeune Serdaigle.

— Les deux, je dirais. Je me serais attendue à mieux, et en même temps, qui d’autre que lui, tu vois ?

La question qui l’emportait maintenant était : quid de l’auteur de la Gazette ? Comment cette mise en scène allait-elle se répercuter sur ces entreprises estudiantines ? Car, à mesure que Dmitri approchait de l’estrade et de la toile préparée à son attention, Siwan ne pouvait s’empêcher de se dire qu’elle profitait probablement de la dernière occasion pour elle de voir son coup de pinceau. Sur le chemin, la fameuse Zeynep contesta les directives au même titre que son acolyte peu avant.

— Cette gosse ne loupe décidément jamais l’occasion de faire empirer les choses, grommela Fergal.

Siwan, elle, agitait son pied sous la table, les bras croisés, une main sur l'avant-bras de Fergal. Ces gosses avaient une insolence sans borne - une insolence qu’elle admirait. Elle ne pouvait pas affirmer avoir été une élève avec un meilleur tempérament qu’eux, après tout. Mais elle avait eu une époque plus clémente, pour sûr.

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Thaddeus & les autres

La monotonie du quotidien me seyait bien plus qu’une banale interruption, qu’une simple rupture dans cette matrice. L’arrivée de l’automne et de ses intempéries, de ses températures plus froides, de ses sautes d’humeur, de ses dépressions hivernales, des journées plus courtes et des humeurs maussages de mes camarades avaient le don de réhausser la mienne. Ce monde gris était un monde que je connaissais bien et les feuilles rouges tombant sur l’herbe mouillée ajoutaient des touches de couleur là où il le fallait, me rappelant que trop bien un feu de fin d’année qui se peignait encore si souvent sur le fond de ma rétine. Le mois d’octobre annonçait toujours la couleur pour le reste de l’année, et en ce qui me concernait, elle promettait d’être grandiose : ce grade qui m’avait été accordé me promettait une place privilégiée dans cette mini-société et un ascendant sur tout ce que cette plèbe pouvait avoir de pire. Nous avions le droit à une tour privatisée où je pouvais avoir la chance d’y trouver Junior sans Caleb dans les parages ou cette harpie sans plumes dans les parages. Nous n’étions que cinq, mais pour tout ce que nous incarnions, pour tout ce que nous représentions, c’était bien assez. Certes, nous devions surveiller les couloirs comme de vulgaires préfets, mais notre communication avec les hautes sphères se faisait plus facilement. Les tableaux voyaient passer beaucoup de choses et nous pouvions… dire beaucoup de choses à ces derniers également. Tout était si parfait et sans surprise que je ne pouvais imaginer une meilleure situation que celle-ci à l’heure actuelle. Même ce qui serait une grande surprise pour beaucoup lors du repas de ce midi ne le serait pas pour nous. Dire que le principal intéressé serait le dernier au courant…

J’avais été très déçu, en apprenant ce que Dmitri avait fait de son art. J’avais placé beaucoup d’espoir en ce petit peintre, le voyant déjà faire partie intégrante de mon projet de revente d'œuvres d’art. Et il utilisait ses talents pour de vulfaires caricatures. Oh, je n’avais pas été mécontent de voir le patriarche Sørensen mis dans une telle position, mais de là à me réjouir du spectacle qu’il offrait à toute l’école, il y avait une belle crevasse. Et cette crevasse, Dmitri était en train de s’y jeter tout seul. Si seulement… Si seulement j’étais allé le voir dès sa rentrée à Poudlard, vous savez, dès que j’avais appris sa propension à la peinture, peut-être aurais-je pu le détourner d’un chemin désabusé qui ne le conduirait qu’à sa perte. Ses fréquentations étaient à revoir, et même ses idéaux… ! Un véritable gâchis. Lorsque le tintement de la cuillère contre la coupe se fit entendre, ce fut comme le glas qui sonnait.

Le Directeur nous demanda expréssement d’escorter notre condamné jusqu’à sa potence, nous qui étions sa nouvelle main armée. Bluebelle se leva la première, prête à bondir, fière et haute, suivie de près par Maxton tandis que Finnbjörn se levait à une autre table que la nôtre. Junior - qui n’était pas accroché à sa harpie par un miraculeux mystère - et moi n’étions pas loin derrière. Et si ma nouvelle position et cette première occasion de la montrer publiquement aurait dû me le plus fier et le plus heureux des hommes, j’étais bien loin de l’afficher sur mon visage. Une certaine pudeur m’en empêchait et cette déception venait gâcher tout le tableau. Notre jeune Serdaigle eut même l’audace de refuser de se lever de son banc et de nous suivre. De notre hauteur, il ne faisait qu’affirmer son envie de rester dans les bas-fond de la société, à n’en point douter. Je ne sais comment Finnbjörn pour réussir à trouver suffisamment de flegme pour ne pas se laisser déstabiliser par de tels enfantillages. Personnellement, je ne pus retenir un claquement de langue face à l’insolence de ce garçon. Dmitri se mettait en avant pour les mauvaises raisons. Il se permettait de tout risquer comme un idiot ! La jeunesse ne pouvait décidément être considérée comme une qualité que pour une seule chose : la beauté. Du reste, elle n’était qu’un défaut de plus parmi la longue liste que beaucoup accumulait. Elle ne faisait pas tout. Et elle ne protégeait de rien. Surtout lorsque l’on faisait face à plus fort que soi.

Dmitri renonça finalement à sa petite révolte grâce aux sages paroles de Finnbjörn - et je voulais bien l’admettre pour cette fois. Toutefois, l’on nous demanda de le laisser se diriger seul vers l’estrade tandis que l’on retournait à nos places. À se demander l’intérêt de nous avoir demandé de nous lever en tout premier lieu ! Pour tous les avantages qu’apportait le fait d’être dans la Brigade de surveillance, je me demandais tout de même si cela valait le coup de se faire traiter comme un chien galeux. Évidemment, que cela valait le coup, mais j’en attrapais de l’urticaire. L’autre chose qui me fit grincer des dents, ce fut l’intervention de cette petite ingénue qui continuait ponctuellement de de faire son intéressante. « Comment se fait-il qu’elle ne soit pas encore morte ? » fis-je à celui qu’un vulgaire morceau de papier m’avait attribué comme amant dans l’espoir de nous vexer, probablement. « Avec ses pulsions suicidaires, cela relève presque de l’exploit. » Le destin avait décidé de faire disparaître son frère mais de nous laisser avec la sœur. Sa propre disparition rendrait pourtant notre air bien plus respirable. Encore plus si elle apprenait à garder sa bouche fermée. Notre Directeur balaya ses contestations comme d’un rien et ce fut au tour de Dmitri de se donner en spectacle. Je devais avouer que j’étais curieux de voir un artiste-peintre à l'œuvre, dans l’espoir de percer ses secrets, j’imagine. Malheureusement, je ne risquais pas d’en tirer grand chose, aujourd’hui. Mais cette ridiculisation sur la place publique était tout de même affreusement délectable.

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Avertissement

@Zeynep J. Özdemir
@Haley M. Strauss
@Erin B. Sørensen

Liam était habituellement un élève discret, sérieux, un poil bavard mais avec un fond gentil. Sa cote de popularité lui importait peu, ses activités favorites tournaient majoritairement autour de ses amis et du Quidditch, même si depuis la rentrée, ce dernier point devenait moins plaisant. Au diner, il avait eu pour espoir de partager de nouveaux éclats de rire avec Zeynep. Mais en arrivant dans la grande salle, plus de place à côté de son amie. Rien de mieux pour le contrarier. S’en était suivi une succession d’évènements hors du commun. La prise de parole du directeur pour sanctionner, voir humilier Dmitri et… La nouvelle intervention de Zey… Ce dernier point avait littéralement changé le déroulement de la soirée du Poufsouffle. Las de voir son amie s’embourber dans toujours plus de problèmes et sans jamais intervenir, il suivit son intuition. Le Liam de première année serait probablement resté assis à sa place, de peur de s’afficher devant l’école entière, mais le Liam de troisième année ne l’entendait plus de cette oreille. Il s’était levé et avait rejoint rapidement la place de Zey. Tentant de la calmer, le garçon n'avait pas prêté attention à sa voisine, Erin. Pourtant, cette dernière maintenait Zey assise de force. Alors qu’il s’attendait à entendre la voix de Zey lui répondre, ce fut Erin qui prit la parole d’un ton très désagréable en lui ordonnant de retourner s'asseoir. Liam porta donc un regard noir vers la septième année, sans répondre. Ses yeux parlaient pour lui. Il n’aimait ni son ton, ni le fait qu’elle touche l’épaule de Zey de cette façon. Pourtant, le résultat était bien présent puisque Zey était restée assise et que le scandale avait été contenu, mais on parlait là de l’action d’Erin. Il était impossible qu’elle ait de bonnes intentions en agissant ainsi.

Comme si cette intervention ne suffisait pas, la capitaine de Quidditch alerta Haley, la préfète. Liam n’avait rien contre cette Poufsouffle, bien au contraire. Mais à cet instant, elle n’allait pas faciliter les choses. Au son de son prénom, Liam se retourna. Haley lui ordonna à son tour de retourner à sa place. Liam serra la mâchoire et la supplia du regard de ne pas se mettre en travers de son chemin. Parce qu’elle ne voyait pas que lui n’avait que des bonnes intentions ? Qu’il voulait aider son amie actuellement en danger ? Jamais, au combien jamais, il ne ferait de scandale au milieu de la grande salle. Ce n’était pas son style, Haley l’avait déjà oublié ? Ou avait-elle simplement mal cerné le jeune Conley ?

Selon la préfète, Zey était entre de bonnes mains. Liam ouvrit les plus grands yeux jamais ouvert et manqua s’étouffer. Il ne put garder le silence… "Pardon ? Entre de bonnes mains ? Tu blagues j’espère !"

Liam sentit une main se serrer autour de son bras. Haley l’entraina de force vers sa place. Le garçon adressa un dernier regard noir à Erin et à Zey. Erin parce que c’était Erin et que cela suffisait amplement. Zey parce qu’elle n’avait même pas daigné lui adresser la parole alors qu’il avait pris des risques et dépasser ses propres limites pour elle. Le garçon se résigna ensuite à suivre la préfète d’un entrain qui laissait à désirer. Puis subitement, il tira son bras pour se détacher de l’emprise physique. "C’est bon Haley je sais marcher merci !" Oui, il était agacé. Par cette situation, Zey, Erin, Haley et même l’école toute entière. Il regagna sa place en affichant un visage fermé transpirant la colère et l’agacement.

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Evidemment, toute cette mise en scène avait pour but de faire passer un message : non seulement au principal concerné, mais à tous ceux qui s’imaginaient encore que le changement de direction de cette école n’aurait pas de conséquences sur eux. Les membres de la brigade avaient déjà fait remonter quelques écarts de comportement, et il était plus que temps de se montrer parfaitement clair sur ce qu’il attendait de cet établissement. Après un coup d’œil vers la table des professeurs, remarquant que certains commençaient à échanger à voix basse, il reporta son regard sur le jeune Serdaigle qui dessinait silencieusement, sur le pupitre placé au milieu de l’estrade. Il attendit patiemment qu’il ait terminé, les doigts entrecroisés appuyés sur son menton… « Et bien tu vois, mon garçon ? Ça n’avait rien de compliqué, tu peux retourner t’asseoir. » lança le patriarche, d’un ton serein, doucereux. Un geste de la main accompagna son invitation à regagner les bains, ainsi qu’un sourire un peu trop jovial pour être dénué de toute mauvaise intention. Après quelques secondes, il se leva finalement, mains dans le dos, et s’approcha de l’œuvre réalisée par le jeune garçon qui se trouvait encore sur le pupitre… Il demeura ainsi à la contempler, un air amusé sur le visage : il fallait bien reconnaître que cette caricature, volontairement exagérée, était plutôt réussie. Ces traits diaboliques avec lesquels il avait figuré lui donnaient l’aspect de l’un de ces vieux démons issus de la mythologie nordique…

Mais si la plaisanterie était peut-être de bon goût pour certains, il n’empêchait qu’il ne tenait pas spécialement à encourager ce genre de dérive. Le jeune Van Aken avait commencé à emprunter un mauvais chemin sans qu’il ne voie venir, et il ne pouvait laisser cette erreur se reproduire… Les électrons libres devenaient de mauvais éléments, en absence de contrôle sur ces derniers. Il attendit donc que l’adolescent ait quitté l’estrade pour reprendre la parole, cette fois à l’attention de toute son assemblée. « La nouvelle politique de cette école valorise le mérite et a pour objectif de valoriser les compétences de chacun. Or, je suis persuadé que tu peux mettre les tiennes au service d’une cause plus noble. » ajouta-t-il en étirant ses commissures de lèvres, comme si toute sa démarche n’avait eu pour optique que de l’encourager dans ses activités. Il n’empêchait que s’il n’avait pas été sanctionné directement, un avertissement implicite avait été donné… Ses yeux s’attardèrent un moment sur la jeune Poufsouffle qui avait élevé la voix et qu’Erin était chargée de canaliser. Son corps ne tarderait pas à manifester les premiers stigmates… Les éclats de voix qui avaient retenti s’étaient tus suite à l’intervention de la préfète, et il échangea un regard entendu avec sa petite fille. « Cependant, je t’invite à te montrer extrêmement précautionneux. Ce sont souvent ceux auxquels on tient qui pâtissent de nos erreurs. Souviens t’en, à l’avenir. » formula-t-il, son air prenant soudain un air plus grave. Puis, il se rassit, et fit signe à l’elfe de maison qui ne se trouvait non loin de lui resservir un peu de vin de cerise, considérant que cette affaire était définitivement réglée. Le repas pouvait reprendre, mais pour certains, il aurait un goût un peu plus amer…

Quelles conséquences ?:

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