I. C I N I S

Son histoire aurait pu commencer d'une manière particulière, voire tragique. Une tempête aurait pu accompagner sa naissance, si violente qu'elle aurait été le présage d'un sombre destin. Ou une autre signification qu'on pourrait retrouver dans n'importe quel roman fantastique. Pourtant, rien de tout ça n'arriva. Petite princesse à la naissance sans encombre, ravivant la joie d'une mère, satisfaisant le désir d'un père. Le nom continuerait d'exister avec ses aînés et une alliance potentielle pouvait désormais voir le jour pour perpétuer la pureté d'un sang. Isadora, en poussant ses premiers crient, n'en avait pour l'heure aucune idée.

« Tu dois toujours être parfaite. » Ses mots, dès son plus jeune âge son père les lui avait dits. À cinq ans, elle n'en comprenait pas la signification, pourtant cela l'amusa. Toujours parfaitement coiffée, jamais un mot de travers, toujours prête à suivre les cours donnés par leur précepteur. Jamais elle n'alla à l'encontre de son paternel, ravissant ainsi son grand-père par la même occasion. Après tout, Isadora se devait de briller pour sa famille. Et c'est ce qu'elle fit, débutant les cours avec leur précepteur de famille. Très vite, son potentiel se réveilla. La demoiselle se plaisait à apprendre sur tout un tas de sujet. Puis elle appréciait particulièrement ses moments qu'elle partageait avec ses deux frères. Azraël semblait cependant moins enclin qu'elle à apprendre ce qui l'amusait grandement.

Très souvent petite, elle s'était d'ailleurs laissé entraîner par ce dernier à vivre tout un tas d'aventure autour du manoir. Il était le grand frère drôle, qui l'aidait à rêver sans se poser de question. Alors, Isadora le suivait partout comme son ombre. Puis elle grandit et une forme de réticence finit par prendre place, mais en s'apercevant que ses parents la grondaient peu, elle en profita. Très vite, Isadora comprit le pouvoir qu'elle avait sur sa famille. Petite dernière, princesse de la famille, au fil des années le sentiment se faisait ressentir et la demoiselle s'en délectait. Malgré l'épée invisible qui se tenait suspendu au-dessus de sa tête. Elle n'en avait encore aucune idée.

Pendant son enfance, elle fut choyée par ses parents. Sa mère partageait une relation très fusionnelle avec la jeune fille. Elles passaient des heures ensemble dans la serre familiale. Ses moments étaient précieux pour les deux femmes. L'une appréciait l'amour d'une mère, modelait son apparence à cette dernière. Un vrai mimétisme. Sa mère, elle, voulait veiller sur son enfant temps qu'elle lui appartenait. Elle ne savait que trop bien ce qui allait finir par arriver sur sa fille. Son père quant à lui était plus réservé dans ses démonstrations d'affection. Il avait pourtant grand espoir en sa fille. Tout comme le grand-père. Ce dernier se lia avec Isadora très rapidement, conquis par ce visage d'ange.

Puis d'un manoir toujours plein de vie, Isadora finie par se retrouver seule au milieu de la campagne écossaise. Ses deux frères étaient désormais à Poudlard et il ne lui restait plus que ses livres et l'horizon à perte de vue. C'est fut sans doute pendant cette année qu'Isadora est tombée amoureuse du paysage. Ses parents ne cherchaient plus après elle, ils savaient pertinemment où elle se trouvait. Assise sur la colline à quelques mètres du manoir, profitant de la vue et ceux peu importe la saison. C'était son petit endroit et il allait d'autant plus compter pour elle au fur et à mesure de sa vie.

Cette année seule, fut aussi une des années les plus éprouvante pour elle. La petite princesse prenait conscience de ce qui reposait sur ses épaules. « Tu dois être parfaite, ne me déçois pas. » Les mots sont lourds de sens, brutal pour un enfant en construction. Ozwald, fut énormément présent pour elle par lettre pendant cette année-là. Non pas qu'Azraël ne l'était pas, mais Isadora n'était pas certaine qu'il puisse comprendre ce qu'elle vivait à cet instant. Elle l'enviait, le jalousait de se ficher de l'apparence que leurs parents souhaitaient qu'il adopte. Elle, elle ne s'en sentait pas capable. Ce fut donc la première fois qu'elle mentit à Azraël, lui cachant ses conversations avec leur paternel contrairement à d'Ozwald.

La veille de sa rentrée à Poudlard, son père la convoqua. Le soleil avait quitté le ciel depuis de nombreuses heures lorsque la jeune fille poussa la porte du bureau de son père. Elle resta silencieuse, debout face à son paternel, observant ce dernier. « Demain, tu dois nous faire honneur, tout comme Ozwald avant toi. » Ses yeux bleus ne trahir pas ses pensées, sa bouche ne laissa aucun son sortir. Isadora se contenta de hocher le menton. « Tu as le devoir de nous rendre fiers. » Encore trop jeune pour oser, l'esprit embrumé par cette famille qui l'empoisonne d'idéaux. Isadora, une fois de plus, viens hocher son menton. « Je ne vous décevrais pas. » Ce furent ses seuls mots ce soir-là. Les derniers mots qu'elle échangea avec son père avant de rejoindre Poudlard. Lorsqu'elle quitta son bureau, elle pouvait sentir le regard fier de ce dernier. Elle n'avait pas le droit à l'erreur.

II.  I G N I S

La tête haute, c'est ainsi que la jeune fille entra pour la première fois dans le château. Elle était pleine de rêves et d'envie, mais le devoir lui incombait davantage. C'était à son tour de rendre honneur à sa famille. C'est du moins ce dont elle était persuadée, encore bien trop naïve et douce pour se forger un caractère. Une première année haut en couleur, avec des lettres sur la pureté d'un sang à protéger. Ce discours était loin de lui être inconnu, mais avec deux grands frères à Poudlard elle préféra agir dans l'ombre et se laisser le temps d'une année pour observer son nouveau quotidien. Après tout, Poudlard allait être sa maison pour les futures années à venir alors il était hors de question qu'elle se fasse remarquer trop vite de la mauvaise façon. Naïve, mais loin d'être idiote, déjà à cet âge elle savait jouer des apparences. Toutefois, Isadora se fit tout de même remarquer par ses professeurs. Au plaisir de ses derniers, elle était une des élèves les plus brillantes de sa promotion. Des félicitations qui ne tardèrent pas à être accueilli par ses parents.

Durant sa seconde année, Evelyn Appleton prit les rênes de Poudlard. « C'est une honte » avait-elle entendu son père s'écrier suite à l'annonce. Elle ne pouvait que le comprendre, bien que contrairement à lui, elle se fichait bien des enfants nés moldus ou bien même de ces derniers. Isadora ne les détestait pas, tout comme elle n'éprouvait aucun sentiment positif à leur égard. Ils la laissaient indifférente. C'est sans doute une des causes qui l'ont toujours tenue à distance de sa cousine. Fille d'une mère moldu, elle a souvent entendu les adultes parler de la honte que le père de cette dernière avait porté sur la famille MacMillan. A vraie dire sans Azraël, elle n'aurait sans doute aucune relation avec Salem.

Les années passèrent, Isadora se fit petit à petit sa place au sein du château et des élèves. Elle joua sur différents tableaux. L'enfant parfait, la soeur compréhensive ou encore un mystère pour d'autres. Elle s'amuse, montrant à son interlocuteur la personne qu'il souhaite qu'elle soit. Toujours avec ce petit sourire moqueur sur le coin des lèvres. Elle observe avant d'agir, de manier les mots avec grâce, aussi blessants, peuvent-ils être. Au fond, il ne s'agit que d'une forme de protection. Cependant, tout cela l'aide à se faire remarquer durant sa quatrième année. L'année d'avant, un nouveau directeur prit place à la direction du château. Le grade d'or lui fut remis pendant son année. Il n'était qu'un gadget de plus à ajouter à sa collection de parfaite sang-pur. Isadora se délecta de ce sentiment de supériorité qu'elle gagna au cours de cette année. Ses fréquentations changèrent du tout au tout et elles étaient bien loin d'être fréquentables. Elle se surpris elle-même à ressentir du dédain envers les êtres dit inférieurs à elle. Heureusement pour elle, son frère et sa cousine n'étaient pas très loin pour lui éviter de se perdre dans des idéaux qui ne lui ressemblaient pas totalement, du moins, c'est ce qu'elle espérait sincèrement.

Toutefois, aussi, vite, le directeur Kaspær Sørensen arriva à Poudlard qu’il disparut. Un nouveau directeur, une fois de plus. Les murmures, l’espoir que représenta Fergal Armitage n’était pas au goût de la jeune femme, mais elle se garda bien d’émettre son avis. Après tout, cela n’allait rien changer à sa vie.

Elle brille dans ses études, s'amuse des pitreries d'Azrael. Et malgré tout le temps qu'elle passe avec son frère et sa cousine, Isadora ne peut que ressentir le fossé qui se creuse entre eux au fil des années. Cependant, elle garde tout pour elle, tout comme la sensation d'oppression que son père fait peser de plus en plus sur ses épaules. Et c'est peut-être la fierté de ce dernier qui joue sur sa relation avec son frère. Elle doit veiller sur lui, éviter les ennuie pour le bien de leur nom. C'est toujours la même chose pour au retour pas grand-chose. Et au fond, Isadora refuse de changer son frère. Elle l'envie bien trop d'être ainsi et il est sans doute le seul réel pilier qu'elle possède dans cette famille. Les autres attendent beaucoup trop d'elle. Alors, en apprenant qu'elle se retrouvait dans la même promo qu'Azraël et Salem, Isadora sut que le chaos allait arriver.


Deux ans. Voilà ce qui lui reste avant la fin de son temps à Poudlard. Elle n'a plus le luxe de jouer, elle doit faire place aux responsabilités qui la rattrapent. Responsabilités qu'elle n'a jamais voulues. Alors, elle fuit, s'enfermant un peu plus dans ses livres, se livrant à des relations futiles. Tout est bon pour faire taire les peurs qui grandissent en elles. Petite dernière, petite princesse faisant la fierté de ses parents. Aujourd'hui, l'illusion se brise et l'angoisse augmente. C'est brutal. « Un jour, ça sera ton tour, amuse-toi tant que tu peux. » Lui avait dit sa mère en l'embrassant sur le quai du Poudlard Express. Il était rare qu'elle sorte de la maison, pourtant, elle était venue ce jour-là. Sans doute, car la fin d'une époque se fait sentir de plus en plus. C'est à cet instant que les doutes se mirent à assiéger, Isadora. Elle était loin d'être un jeune enfant désormais, c'était devenu une belle jeune femme. Et les mots de sa mère faisaient écho en elle.

Personne ne devait cependant remarquer les changements qui se faisaient en elle. Alors, elle entra dans sa sixième année la tête haute, toujours impeccablement tirée à deux épingles. Elle ne pouvait pas se laisser faiblir par des peurs jusqu'alors infondées. Pourtant, les vacances de Noël changèrent toute sa vision. Il était déjà trop tard.

Parfaite illusion, elle marche dans les idéaux de son père. Personne ne sait jusqu'où la barrière du paraître et du vrai s'arrête. Petite, elle l'aimait, comme toute petite fille qui aime son père, après tout ce dernier se montrait doux avec cette dernière par moment. Évidemment rien de très démonstratif, mais une chose était sur Isadora était et est sa préférée. Cependant, les années lui ont fait ouvrir les yeux sur l'homme cruel qu'il est. Et la petite fille qui voulait plaire finit par le détester. Elle le hait. Aussi purement que ce sentiment peut exister dans le monde. Ce dernier n'en sait pourtant rien, tant la jeune femme n'a jamais changé son comportement face à lui. À vrai, dire, ce dernier vient de moins en moins au manoir, cela aide la jeune femme. Plus loin, est-il, mieux se porte-t-elle, alors, qu'il reste au Ministère de la magie.

Une touche de féminité mortelle. C'est ainsi qu'Isadora a toujours perçu sa mère. Belle et à la fois piquante. Bien sûr, vu de l'extérieur, elle semble bien différente, docile à se laisser marcher dessus par un mari qui se fiche bien d'elle. Mais au fond, elle est bien plus sombre et cruelle que ce dernier peut imaginer. Isadora le sait, elle connaît tous ses secrets. À force de l'observer, Isadora s'est retrouvée en admiration face à cette femme au talent multiple et notamment en botanique. Petite, elle l'aidait désormais, elles échangent des conseils. Relation la plus pure qu'Isadora partage avec l'un de ses parents. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que Winnifred lui donne depuis toute petite les clés pour éviter de se retrouver enfermé tout comme elle. Elle ne le sait pas où ne veut juste pas le voir. Isadora aime sa mère, si bien que sa haine envers son père à augmenter face au comportement absent de ce dernier. Elle qui aime les romans d'amour et les jolies d'histoires ses parents sont loin d'être un exemple.

Si dans sa fratrie Isadora a dû ressentir de la compétition, c'est bien avec Ozwald. Sans doute quelle n'aurait jamais vu le jour si leur père ne les avait pas poussés vers cette pente glissante. Cela aurait pu briser leur relation à tout jamais. Cependant, leur mère veille à désamorcer la bombe et très vite une réelle relation se créa entre l'aînée et la cadette de la famille. Isadora ne se sent pas le plus proche d'Ozwald, mais elle sait qu'elle peut compter sur lui. Ce dernier lui a prouvé à son arrivée à Poudlard. Après tout, la pression du père, ils l'ont tous les deux partagée. Il est le frère calme celui qui l'écoute attentivement, celui qui la pousse à s'améliorer. Désormais, qu'il n'est plus à Poudlard, Isadora et lui s'envoient un hibou par mois minimum. Il veille sur sa petite sœur ou la surveille-t-il pour leur père ?

Aussi étrange que cela puisse paraître, Isadora est proche d'Azraël. Bien plus proche de n'importe quel autre membre de sa famille. Il est l'allumette qui réveille la flamme de folie cachée en elle. Au fond, si son masque tombe, c'est bien en sa présence. Du moins une partie, car avec lui, elle ne craint pas de se montrer sous un autre angle. Petite, elle disait à tout le monde qu'Azraël était son prince. Toujours le premier à la faire rire, toujours le premier à lui proposer de partir à l'aventure. Ainsi, leur relation fraternelle avait su exister au-delà de leur différence. Isadora à une confiance aveugle dans son frère, bien qu'elle ne lui jamais tout. Elle sait que de toute leur famille, il est le seul qui ne lui plantera jamais un couteau dans le dos. Un peu en admiration face à lui, pour rien au monde, elle essayerait de le changer.

La préférée. C'est clairement ce qu'elle est pour son grand-père. Petite, il l'emmenait souvent avec lui se promener. En grandissant, il prit plaisir à lui présenter de nombreuses familles de sang pur. Isadora était un joyau qu'il prenait plaisir à montrer. Après tout, sa petite fille correspondait à la parfaite petite sang-pur de bonne famille. Au départ, la jeune fille appréciait simplement de passer du temps avec son grand-père. Il lui offrait toujours de beaux cadeaux. Petit à petit, alors qu'elle se faisait son propre avis du monde qui l'entourait, Isadora se sentit un peu mal à l'aise avec les idéaux de son grand-père, notamment sur la suprématie du sang. Cependant, encore aujourd'hui, elle n'arrive pas à le détester, appréciant bien trop leur conversation sur la divination et les potions.
 

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