SEPTIMUS.
Evidemment que je suis consterné (je viens de cracher mon café, Misty en soi témoin). Tu lui as dit comme dans « dit à haute voix » ou dit comme dans « écrit sur du papier noir sur blanc elle ne peut pas avoir mal entendu ? »
Tu sais quoi, je te réponds dans quinze minutes. Le temps de boire le café que je viens de cracher. De calmer Misty qui piaille dans mes oreilles à propos de je ne sais quelle querelle d’elfe. (Je suis à de deux doigts de te la renvoyer en guise de vengeance, puisque de toute façon, elle passe plus de temps à ton service qu’au mien maintenant.) Et de faire une réponse un peu plus posée.

Septimus,

c'est effectivement délicat, mais nous allons éviter que ce genre de choses ne se reproduise. L’enfer est pavé de bonnes intentions comme on dit.

Si tu n’arrives pas à concevoir qu’il faille que tu te considères comme un potentiel danger, essaye de faire l’exercice suivant.
Mettons que tu sois responsable d’un enfant. Il est dans une école dont tu ne verras jamais les professeurs, à moins de les avoir eu toi-même autrefois. Est-ce que tu aimerais réellement qu’un mec dont tu n’as jamais entendu parler et dont tu ne peux pas vérifier personnellement qu’il n’est pas le tordu du coin (on sait tous que le recrutement à Poudlard, blablabla), dise à cet enfant surtout après une liste des plus augustes FESSIERS du château qu’il est tout joli ?  Tes paroles seront mal interprétées : ils sont mineurs, tu es responsable d’eux, ils n’ont pas le droit de  te plaire. (Et je sais que ce n’est pas ce que tu voulais dire, mais c’est quand même ce que tout le monde entendra.).

Je ne sais pas comment formuler une limite claire. Mais disons que nous n’avons pas à commenter leur physique, à aucun moment. Bon peut être que tu peux dire que le costume d’Halloween est vraiment très réussi. Mais pas que le costume souligne vraiment le bleu de tes yeux.

Est-ce que Teodora a émis le souhait de s’en plaindre à quelqu’un ? Est-ce que c’était à l’oral ou est-ce qu’il y a des traces écrites ?  Bon au moins, elle n’est pas timide, mais imagine la même chose avec une élève qui n’ose pas te dire qu’elle n’apprécie pas. Et qui s’en plaindrait  à ses parents. Ou à moi. Il y aurait des conséquences.

Je pense que concernant cette demoiselle, tu pouvais simplement t’arrêter au fait qu’elle ne devait pas se préoccuper de genre de choses, que sa valeur ne dépend du classement des autres mais de ce qui est important pour elle.  Les invités à puiser des ressources en eux, pas dans ton regard. C’est comme si tu marchais avec eux, tu as le droit de les encourager, de le soutenir, éventuellement de leur prendre la main s’il y a un passage à escalader mais à aucun putain de moment tu ne les portes.  

Parce que quelque part, en voulant mettre de côté le jugement des uns, tu lui offres aussi ta validation sur le même sujet. Tu as de la chance, visiblement, elle ne cherche pas la validation des hommes de deux fois son âge, et ne défilera pas en minijupe devant ta porte. Mais ça pourrait arriver.  Et comment tu t’en dépatouilles sans lui faire de la peine dans ce cas là ?

Concernant Daisy. Sérieusement tu te poses des questions alors que tu l’invites dans ta CHAMBRE. Il me semble qu’elle aussi à un peu de mal avec l’implicite. Il pourrait être envisageable de rappeler qu’elle peut se confier à toi en tant que membre du personnel et qu’elle peut avoir ta confiance, mais qu’à ce même titre tu n’as pas à partager des informations personnelles avec elle. Qu’est-ce qu’elle voulait savoir qui puisse t’avoir perturbé à ce point ? Je n’ai pas eu l’impression que mes mises en garde la dernière fois

En fait, je dirais que tu procèdes à l’envers. Il faut des limites d’abord, pour pouvoir les éprouver ensuite. Mais si la limite n’est pas clairement fixée au départ, difficile de savoir jusqu’où on peut aller pour eux comme pour toi.

Je ne dis pas qu’il ne faut pas les aider, les soutenir. Dans mon cas, le vouvoiement permet de garder une certaine distance, une sorte de barrière. J’ai un élève qui a passé la nuit dans mon bureau parce qu’il avait besoin de ne pas être seul. J’ai fini par l’appeler par son prénom parce que lui donner du monsieur aurait été un peu ridicule compte tenu des circonstances.  Et que nous tissons une relation de confiance. Ce serait peut être discutable d’un certain point de vue. Je lui ai tenu la main, je l’ai consolé, mais sans ambigüité parce que dès le départ j’ai posé les conditions de ma présence et de la sienne. C’est pas très chaleureux j’en conviens..

Mais ça vaudrait peut être le coup d’en revenir à cette base avec Daisy ? Je peux voir avec toi et te dire si tu es sur la bonne voie ?

Et non je n’ai pas mieux à faire. Bon sang par pitié si tu as d’autres questions de ce genre, tu peux même monter directement dans mon bureau ça nous coûtera à tous moins cher qu’un procès. C’est important qu’on puisse en discuter, ok?