J’ai toujours espéré trouver un jour cet endroit que je nommerai maison, un endroit où je voudrais me réfugier lorsque la peur ou la tristesse m’envahit, un endroit où l’impression de bienvenue et de plénitude régnerait, un endroit qui représenterait cette famille unie dont je rêvais. Je n’ai jamais connu cette sensation.

Bailey, fut le nom choisi par mes parents à ma naissance. Une naissance attendue par une mère qui voulait retenir l’homme qu’elle aimait, celui-ci très occupé, souvent absent. Né sur le territoire anglais, ce fut à Bristol que mon premier cri fut entendu, une ville moyennement grande dans le sud ouest de l’Angleterre. Lieu de mes ancêtres, ma mère a grandi dans un village à quelques kilomètres de cette ville, un endroit qu’elle a toujours considéré comme sa maison, son foyer. Ce ne fut pas mon cas. Malgré cette jolie maison à la campagne, cette devanture de roses, cette atmosphère champêtre, je n’y ai jamais trouvé ma place. Et comment aurais-je pu ? Ce n’est pas pour les souvenirs que j’y ai créé, pour les moments passés en famille, pour mes noëls près de la cheminée, pour mes étés dans les champs. Tout cela, je ne l’ai pas eu.

Je ne me souviens pas de mon père, de celui qui a participé à ma conception. Aussi loin que je m’en souvienne, il n’y a toujours eu que ma mère et moi. Il m’est impossible de me souvenir de son nom, de son visage, de sa voix … Il a quitté le domicile familial lorsque je n’étais encore qu’un enfant, qu’un nourrisson de quelques mois. Toute trace de son existence fut par la suite bannie de ma vie. Il n’y avait pas une seule photo de lui dans la demeure, pas un seul souvenir, rien qui puisse laisser croire qu’il eut un jour existé. Elle n’a jamais voulu prononcer le moindre mot sur cet homme, préférant me laisser dans l’ombre. Je n’avais osé que très rarement poser des questions à son sujet. A chaque fois, elle s’était mise dans une colère noire, ne comprenant pas pourquoi j’eus envie d’avoir des informations sur un lâche, un peureux, une personne méprisable. Il était évident qu’elle le détestait de tout son être. Mais sa haine qui la consumait continuait d’être nourrie par sa présence. Il vivait à travers moi. Chaque jour, elle le voyait dans les boucles qui me tombaient sur les yeux, dans mes yeux brillant un peu trop bleu, dans ma manie de faire une moue quand j’étais contrarié. Son cauchemar ne s’arrêtait jamais.

Je n’ai jamais aimé être à la maison. Je me souviens du temps passé dans le champ de coquelicot, allongé au soleil, ou à jouer seul dans mon coin. Je me rappelle ces jours entiers à rester près du lac à observer les poissons nager. Elle ne voulait pas que je lui attire des problèmes, ou que j’aille au village seul, mais je pouvais vaquer à mes occupations. Tout était mieux que de rester à la maison avec elle.

Je crois n’avoir jamais aimé l’école non plus. Une maternelle et une primaire qui regorgeait des mêmes enfants du village. Ces mêmes enfants qui m’avaient toujours trouvé étranges, qui n’avaient jamais voulu jouer avec moi, qui s’amusaient à m’humilier. Je les détestais tous. Les croches pattes dans la cour, les grenouilles dans mon sac, le vol de mes crayons, les moqueries et les grimaces … je n’étais pas comme eux, et j’étais seul. Aussi seul à l’école qu’à la maison. Je crois que ça ne me dérangeait pas tant que cela à l’époque. Je me complaisais dans ma solitude, dans mon envie de les mettre tous dans le même sac. Ils ne voulaient pas de moi, et je ne voulais pas faire parti de leur monde non plus. Je crois que les professeurs fermaient les yeux, ou s’en fichaient. Tant qu’ils ne disaient rien à ma mère, ça m’allait. Rien n’aurait été pire que de subir une nouvelle fois sa colère.

Pour autant, j’ai toujours eu cette sensation enfouie au fond de moi, cette sensation d’être spécial, comme s’il y avait une part de moi qui n’attendait plus qu’à sortir et à pouvoir enfin s’exprimer. Je n’avais jamais cependant jamais pu mettre le doigt dessus. Pour autant, des choses inattendues et inexpliqués semblaient parfois m’arriver, des choses étranges lorsque je ressentais de fortes émotions comme la colère ou bien quand j’étais très fatigué. Des mûrs qui tremblent, des objets qui bougent, des images dans un miroir qui disparaissent aussi vite qu’elles sont apparus … Je m’étais souvent posés pleins de questions, gribouillant des hypothèses sur mon petit carnet qui auraient pu expliquer ces faits. Etais-je le responsable de tout cela ? Plus d’une fois, j’avais rêvassé, je m’étais pris à divaguer … mon imagination était telle que j’avais pensé à de la magie. Evidemment, cela était impossible, la magie n’existait pas après tout. Mais parfois, après une énième correction de ma mère, je m’imaginais une vie où la magie était possible, où je pouvais avoir ces pouvoirs, où j’étais quelqu’un de spécial, un petit garçon différent de celui que j’étais, consumé par une solitude étouffante, différent de la femme qui n’avait jamais assumé son rôle de mère aimante auprès de moi. Je rêvais d’être différent d’elle en tout point. C’est ce jour dont je me souviendrais toute ma vie, ce jour où mes rêves les plus fous s’étaient réalisés. Une personne était arrivée à la maison le jour de mon onzième anniversaire. Une personne étrange, avec des mots étranges, et une aura étrange, mais qui confirmait ma différence. Personne n’y croyait.  Ma mère pensait même à une mauvaise blague d’un gamin du quartier. Et pourtant c’était ma nouvelle réalité.

Mais cette annonce n’a pourtant rien facilité à la maison. Cette tare, comme elle était désignée sous mon toit, avait renforcé le fossé entre ma mère et moi. J’ai douté, j’ai eu peur plus d’une fois.

Je suis arrivé à Poudlard comme un conquérant, comme un enfant qui cherche absolument à trouver un endroit où il se sentirait chez lui. Je cherchais un idéal dans cet endroit que je ne connaissais pas. Je cherchais la douceur d’un lit, le bonheur des repas complets, l’ivresse de n’être plus coincée entre solitude et terreur. Une maison … comme celle qu’on attribut aux nouveaux élèves à peine arrivés à l’aide d’un vieux choixpeau. Poudlard a commencé à être mon refuge, la preuve que j’étais quelqu’un de spécial. Il m’a également offert un endroit pour trouver, si ce n’est un sentiment de maison, une protection. Une protection contre le rejet que j’avais trop ressenti chez moi par le passé, une protection contre la colère et le jugement … mais pas pour longtemps malheureusement. J’ai découvert les inégalités et les travers de ce monde que j’idéalisais. J’ai découvert cette condescendance envers les sang-impurs comme le mien.

Dés ma première année, j’ai senti que cette école ne serait sans doute pas le havre de paix que je m’imaginais. Des choses étranges s’y passaient. Les fantômes du passé semblaient hanter les élèves les plus âgés. Et rien de mieux que pour raviver la peur chez les élèves qu’un incendie qui détruisit le château. J’avais eu peur. Peur que l’école ne ferme, et que je ne sois renvoyé chez moi. D’être obligé d’abandonner ce monde et de retourner à la maison. L’idée me terrorisait et me dévorait à petit feu. Mais la vie avait repris son cours, le château avait été réhabilité, et on ne m’avait jamais obligé à retourner définitivement au village. Je devais simplement y résider pendant les vacances, rien de plus.
Madame Appleton  semblait être une bonne directrice. Elle était douce, et en faveur d’une coalition entre monde moldu et monde sorcier. L’étude des moldus avait été rendu obligatoire, et je détestais chaque instant passé dans cette classe. Je ne voulais pas en apprendre davantage sur un monde que je ne connaissais que trop bien, un monde dont je méprisais déjà tout aspect. Elle perdu tout respect lorsqu’elle prit la décision de nous ôter nos baguettes, me confisquant l’objet qui me définissait dans ton mon être. Elle fut renvoyée pour toutes ses erreurs. Je me fichais de son sort. Mais je ne m’attendais pas à subir un revirement de situation à 180 degrés : un sang-pur aux commandes, avec une envie à peine caché de mettre les nés-moldus en bas de l’échelle alimentaire de l’école. Pour un homme comme lui, je n’étais rien, aussi insignifiant qu’un moldu. Pourtant je les méprisais tout autant que le monde dont ils m’avaient rejetés.

Sophia Dawson – Ma mère, celle qui m’a mit au monde. Elle travaille comme serveuse dans le restaurant du village. Appréciée de tous, elle est vue comme une personne charmante, souriante, et travailleuse. Elle me voit comme un enfant difficile, capricieux, impossible à vivre. Je ne me suis jamais senti proche d’elle, et je pense que ce sentiment est réciproque. Elle me voit comme la réplique d’un homme qui l’a blessé, le souvenir de ce que sa vie aurait pu être si je n’avais jamais existé.

Père/Géniteur – Je n’ai aucune information sur cet homme, seulement le fait qu’il est parti, abandonnant femme et enfant, dés mon plus jeune âge. Ma mère n’a jamais voulu me donner son nom. Et je n’ai jamais réellement eu envie de savoir qui il était. Après tout, s’il avait voulu me connaître, il aurait déjà fait un pas vers moi.

Anastasia - Zia est ma famille. Elle fut la première personne à venir me parler dans le train. Petite, espiègle, et forte tête, elle paraissait sûre d’elle du haut de ses onze ans, comme si rien ne pouvait l’atteindre ou l’effrayer. Je ne sais pas vraiment ce qui lui a donné envie de venir dans mon compartiment. J’étais seul et calme, pas très bavard pourtant. Aujourd’hui, elle reste la personne la plus importante dans ma vie. C’est mon amie, ma sœur, celle qui est là pour me défendre contre vents et marée, ou pour me remettre les pendules à l’heure lorsqu’elle est en désaccord. Elle est celle avec qui je n’ai pas peur d’être moi-même. Elle sait tout ou presque. Même elle, sait que certains sujets ne doivent pas être abordés. Elle n’est pas aimée de tous. Personne ne l’est. Son côté princesse, ses manières, c’est peut être ce qui dérange. Moi, je la prends comme elle est.
 

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