Dmitri avait pris son temps pour monter jusqu’à la salle de cours d’étude des moldus ; non pas qu’il n’ait pas envie de s’y rendre, mais simplement qu’il était bien, au chaud dans son dortoir, à faire son devoir d’histoire de la magie. La simple idée de braver le froid des couloirs du château le rendait déjà las ; l’aiglon pouvait être très fainéant, parfois, et aujourd’hui était l’un de ces jours où il n’avait envie de faire aucun effort. Le retour des vacances, sans doute... Pourtant, il avait bien fallu qu’il parte, un moment. Silas était déjà en route, peut-être même était-il déjà arrivé mais le chanceux avait Bane pour l’y escorter sans nécessiter de lui la moindre action.

Lorsqu’il arriva enfin dans la pièce, son camarade était déjà affalé à un pupitre du fond, l’air à peine plus motivé que lui. Ses yeux étaient rivés avec insistance sur une pile de vêtements chauds, qu’il finit par reconnaître grâce à la tignasse rousse qui émergeait difficilement de l’écharpe. Ok ; cette fois-ci, c’était elle qui arborait les traits tirés de quelqu’un qui vivait mal son hiver. Le Tchèque ne pouvait l’en blâmer : il n’aimait pas beaucoup ça non plus, et encore moins en Écosse, ce pays froid, venteux et peu accueillant.

Arrivant un peu en retard sur les autres, Dmitri hésita à rejoindre ses deux compères de bouderie... avant de voir McGregor s’asseoir un peu trop près du duo de quatrième année. L’avoir dans son champ de vision était bien la dernière chose qu’il voulait pour ce cours – ou l’avant dernière, il n’imaginait pas plus disputer un match d’un quelconque sport moldu – aussi alla-t-il prendre place de l’autre côté de la pièce, le dos contre le mur, la tête reposant contre la pierre. Ses yeux contemplèrent le plafond sans trop le voir, son esprit fuyant vers de lointaines contrées faites des gobelins de son devoir d’histoire de la magie. Ses pensées revinrent sur la terre ferme lorsque le bruit des chaises qui rappaient le sol et les bavardages s’éveillèrent, chacun allant trouver un partenaire.

Lentement, le jeune van Aken imita ses camarades, rejoignant l’un d’eux, qui n’avait pas encore de binôme.

- On se met ensemble ?

Il n’avait pas besoin d’aller avec un foudre de guerre et n’escomptait pas particulièrement briller en cours, aujourd’hui ; n’importe qui ferait l’affaire, pourvu qu’il puisse se salir les mains à sa place.

Avec le froid polaire qui régnait hors du château, Thomas en était presque à attendre avec impatience les heures de cours passées au chaud, assis confortablement dans une salle de classe. Presque. Il tenait de moins en moins en place ces-derniers temps, pris d’un mélange de nervosité en raison des pleines lunes répétées qui le fatiguaient et du manque de luminosité de l’hiver écossais.

Le cours d’étude des moldus était néanmoins l’un de ses préférés de l’année. D’une part parce que, ayant vécu dans le monde moldu lui-même, il avait un peu d’avance sur la plupart de ses camarades, et aussi parce qu’on n’utilisait pas la magie en classe. Même si la pratique de la sorcellerie était rare dans les matières que suivait Thomas, il arrivait parfois que le professeur demande de sortir sa baguette et c’était toujours un moment de confusion – et de déception – que de se retrouver de facto exclu du reste du groupe. Bien sûr, la plupart du temps les enseignants lui trouvaient quelque chose à faire pour l’intégrer, mais ce n’était pas pareil. En cours d’étude des moldus, au moins, tout le monde était sur un pied d’égalité. Et en plus le prof était cool, la dernière fois ils avaient fait du foot !

Thomas n’avait pas sitôt posé écharpe et bonnet toujours humides de revenir de la forêt interdite que Dmitri lui proposa de faire équipe.

- Tu viens… briser la glace ? demanda-t-il avec malice. « Ok on va tout déchirer ! »

Pourquoi était-il si enthousiaste tout d’un coup ? Parce que la science moldu lui donnait un peu l’impression d’être un magicien ? ou juste parce que la perspective de faire un devoir qui se mange l’inspirait.

- C’est quoi ton parfum préféré ? Moi c’est la viande rouge.

Il croisa le regard de son ami. « Je suis sérieux, ça devient obsédant en ce moment et c’est chiant parce que j’essaye d’être végétarien. »

@Dmitri D. van Aken

Se mettre en binôme avec Thomas relevait presque de la stratégie ; malgré sa passion pour la technologie moldue et son niveau scolaire très bon, Dmitri était un peu à la traîne dans cette matière. Avec Teddy, il était sûrement l’élève le moins coutumier de ce monde et en prime, il suspectait un peu le professeur de l’avoir dans le collimateur depuis le cours sur le foot. À l’inverse, l’apprenti garde-chasse connaissait bien les moldus et les enseignants semblaient l’avoir à la bonne ; sans doute était-ce sa qualité de presque membre du personnel qui lui accordait cette immunité. Ça et le fait qu’il était bon vivant ; il fallait l’admettre, il était difficile de ne pas l’apprécier. Il était toujours plutôt jovial et ne se vexait pas facilement, en plus d’avoir son côté loup-garou qui le rendait fort intéressant.

- Y’a intérêt, je dois remonter ma moyenne, avoua-t-il. « Et dès qu’il est question d’eaux glaciales, c’est à toi que je pense, désormais. »

Il lui fit un clin d’œil faussement romantique à son camarade. Le Tchèque était un peu moins enjoué à l’idée que lui à l’idée de faire des glaces, surtout à cette époque de l’année, mais une fois n’était pas coutume, il tint sa langue.

- Quelque chose de plus classique. Citron, peut-être.

Il n’était à vrai dire pas un grand mangeur de glaces, plus encore depuis qu’il vivait dans un pays où la pluie et le vent s’acharnaient été comme hiver pour assombrir le quotidien... lorsqu’il était plus petit d’ailleurs, il n’aimait tout simplement pas ça, pour la simple – et très bonne raison – que la glace était froide et qu’il trouvait cela fort désagréable pour son palais.  

- Ton côté loup-garou te donne vraiment envie de manger de la viande ?

Ce n’était pas si absurde que cela, à vrai dire, mais il avait toujours du mal à imaginer son ami, d’un naturel très gentil, en monstre sanguinaire attiré par le sang et la chair fraîche.

Armé des ingrédients et des verres pour le mélange, le duo s’installa sur une table pour commencer leur mixture. Puisqu’il était doué en potions, il ne doutait pas de sa capacité à faire quelques mélanges rudimentaires ; ça n’était pas bien sorcier d’ajouter deux liquides qui, en outre, ne risquaient pas de l’agresser dans le processus. Méticuleusement, il se mit à verser le lait dans le bol.

- J’ai l’impression d’être retourné en cours de potions avec ma grand-mère... murmura-t-il à l’adresse de son camarade, tandis qu’il attrapait la crème pour en ajouter dans sa préparation.

La manière d’enseigner du professeur Alexander demeurait malgré tout sensiblement différente de celle de sa grand-mère ; elle ne l’avait jamais pris pour un idiot, contrairement au directeur de maison de gryffondor qui s’adressait à la classe comme à des enfants.

- Tu n’as qu’à prendre fraise, c’est ce qu’il y a de visuellement plus proche de la viande rouge.

Pour sa part, il opta pour orange à défaut d’avoir du citron. Une agrume pour en remplacer une autre, ça restait acceptable.

Résultat du dé:

Va pour citron, donc. Thomas s’en alla récupérer le matériel tout en bavardant à voix basse. Il préférait largement ce genre de cours de travaux pratiques que ceux où ils passaient l’après midi les fesses vissées sur une chaise à écouter les enseignants disserter sur des sujets sommes toutes vraiment pas très intéressants.

- Ton côté loup-garou te donne vraiment envie de manger de la viande ?

- Oui, confirma-t-il en jetant un coup d’œil du côté du prof qui venait de rebondir sur sa remarque. « C’est pas genre obsédant hein mais c’est comme avoir envie de bouffer du chocolat. »

Il déposa les ustensiles sur leur table et commença à arranger les ingrédients par ordre d’apparition dans la recette.

- J’ai l’impression d’être retourné en cours de potions avec ma grand-mère...

- C’est vrai que ça rappelle les cours de chimie au collège. En fait c’est ça. Les potions c’est plus marrant non ? mais je suis pas pour couper des limaces en morceaux pour les recettes. Et puis vous les buvez après… c’est quand même bien dégueu non ?

Il agita le sac de glace sous le nez de son camarade.

- J’espère que tu n’as pas… froid aux yeux ! dit-il en levant le pouce, très fier de sa blague nulle. « Ok pour fraise ça fera illusion. »

Il accompagna Dmitri dans la préparation du mélange, plus concentré qu’il ne l’avait jamais été sur aucun devoir d’histoire de la magie. La recette n’était somme toute pas très compliqué, mais elle requérait plusieurs étapes malgré tout dont certaines prenaient un peu de temps ce qui en laissait pour discuter.

- C’est comme un cours de potions pour moldu. D’ailleurs tu sais qu’on… qu’ils vous ont dépassé ? j’ai écouté une vidéo pendant les vacances sur les pires assassinats de l’histoire et certains utilisent des éléments radioactifs pour assassiner ! c’est un peu autre chose qu’une potion qui te fait changer de couleur hein ?

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1 ; 2 = bravo Thomas ! le boulot est bien fait
3 ; 4 ; 5 = un peu moins de bavardage et un peu plus de concentration svp jeune homme...
➤ 6 = un trou dans le sachet ou une erreur en le refermant, l'eau glacée se répand sur toute la table et le sol !
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- Meeeeeeerde...

Dmitri opina vigoureusement du chef, comprenant l’idée qui se cachait derrière les désirs de l’hybride.

- Il faudrait demander aux cuisines de te faire des glaces aux arômes de viande rouge, suggéra-t-il d’un ton très sérieux. Comme ça il pouvait satisfaire son envie naturelle sans que ça n’aille à l’encontre de son désir de devenir végétarien.

Le cours prenait progressivement l’allure de cours de cuisine, ou de cours de potions amateurs, les ingrédients immondes en moins. Le professeur d’étude des moldus était également plus dynamique et souriant que l’ancien maître des potions, s’attirant sûrement plus facilement la sympathie des élèves, même si ses tentatives d’enseignements amusants n’avaient pas toujours été très fructueuses. Un court instant, le Tchèque eut un regard en direction de son camarade de dortoir, en binôme avec Teddy. Une fois n’était pas coutume, aucun des deux ne s’était mis en tête d’être désagréable avec l’enseignant.

- C’est vrai que ça rappelle les cours de chimie au collège. En fait c’est ça. Les potions c’est plus marrant non ?

L’aiglon haussa des épaule.

- Je sais pas trop, je n’ai jamais eu de cours de chimie, je te rappelle.

Il était toujours bon public lorsque Thomas évoquait ses époques de collège moldu : il était très curieux de ce monde qui lui paraissait lointain, un peu fantastique même et entendre son ami en parler réveillait en lui sa curiosité tout enfantine qu’il avait un peu perdu avec le temps.

- Si tu rates ta potion, c’est dégueu, oui. Ça motive à les réussir ! C’était bien les cours de chimie ? Il marqua une pause, le temps de mélanger sa préparation. « Ça sert à quoi, d’ailleurs ? A part faire des glaces, je veux dire. »

Si les instructions pouvaient ressembler à celles de potions élémentaires, faire une glace demeurait malgré tout simple ; il ne risquait pas de concocter une substance aux vapeurs mortelles.

- Les éléments radioactifs, c’est les trucs qui aliment vos usines explosifs, c’est ça ?

Il en avait entendu à plusieurs reprises : lorsque les sorciers devaient critiquer leurs homologues dénués de magie, ils aimaient bien parler des centrales pour rappeler combien les moldus étaient dangereux et néfastes pour la planète.

- J’ai vu dans un livre qu’ils avaient des vaisseaux marins alimentés avec ça. Ils peuvent aller hyper loin sous l’eau avec, c’est plus efficace que ce qu’on a fait pour aller dans le lac noir !

Le souvenir de leur escapade marine le fit sourire ; cela avait failli mal se finir, mais en y repensant, il ne gardait en mémoire qu’une après-midi franchement amusante. Froide, mais drôle.

Pour le cours, ils restaient dans le thème et comme chaque fois que les deux garçons jouaient avec de l’eau glaciale, l’un d’eux devait forcément faire quelque chose de travers. Cette fois-ci, ce fut Thomas dont l’erreur provoqua la formation d’une flaque d’eau partout autour d’eux. Le liquide se répandit sur leur table et au sol, collant un peu à cause du sucre et faisant crisser leurs chaussures quand ils bougeaient.

- Attends, je m’en occupe. Il sortit sa baguette de la poche. « Tergeo ! »

Un peu de magie s’échappa du bout de bois, retirant très légèrement de l’eau, mais le sucre restait quant à lui bien collé sur le pupitre.

- Je crois que t’as un peu abusé sur le sucre et le lait, déclara-t-il en affichant une moue désappointée. « Tergeo ! »

Cette fois-ci, le sort fit pleinement son œuvre, effaçant la moindre trace du liquide. C’était tout juste si leurs chaussures ne brillaient pas d’une belle lueur, comme neuve.

Dés:

Thomas se montra peu convaincu à l’idée d’aller réclamer aux elfes un dessert parfum barbaque. Outre qu’il les sollicitait suffisamment comme ça pour ne pas leur donner du travail inutile en plus, il préférait tenter de se sevrer de ces envies en restant le plus éloigné possible de la tentation, ou de ce qui pourrait la lui rappeler. On commençait avec un arôme, et on finissait avec un réel bout de bidoche dans l’assiette.

Mieux valait s’atteler à l’exercice pour ne pas trop y penser.

- C’est vrai que t’as jamais été à l’école avant, fit-il pensif. Bien sûr, c’était le cas de beaucoup d’élèves à Poudlard, les nés-moldus représentaient même plutôt une minorité, mais en avançant dans les années ce genre de différence avaient tendance à être nivelée par la culture sorcière que tous les élèves se forgeaient en commun et on pouvait parfois oublier que tous ne venaient – littéralement – pas du même monde. « Non c’était pas bien les cours de chimie » ricana Thomas.

Aucun cours, en fait, il les avait tous détesté, partagé entre l’ennuie et la peur d’être interrogé. Poudlard avait été une libération en ce sens, même s’il lui arrivait encore plus que de raison de rêvasser en regardant par la fenêtre pendant les leçons d’histoire de la magie.

- Toi t’as déjà mangé une limace alors ?

Puis il hocha la tête. « Usines nucléaires. C’est comme ça qu’on fait de l’électricité. Mais oui on peut en faire des bombes. »

Une idée lui traversa soudain l’esprit et il dévisagea son camarade avec intérêt.

- Attends… me dis pas que t’as jamais entendu parler de la bombe atomique ? Les Américains en ont jeté une sur la Chine !

C’était fou de ne pas savoir ça, quand même ! Il en était si curieux que sa préparation déborda sur la table, erreur d’inattention que son camarade répara heureusement d’un coup de baguette magique.

- Bravo Nanny McPhee.

Thomas ne sembla pas très enjaillé par la suggestion du Tchèque et préféra s’atteler à la confection d’une glace plus typique. Le travail n’était en lui-même pas très compliqué : il suffisait de faire quelques mélanges qui ne demandaient pas une grande finesse, ni même une attention particulièrement minutieuse. Il se prêtait donc plutôt bien aux bavardages en tout genre, et heureusement pour eux, l’enseignant ne semblait pas s’en formaliser. C’était l’avantage des cours d’étude des moldus : puisqu’ils n’étaient pas très nombreux, ils pouvaient aisément discuter sans qu’un brouhaha trop important ne vienne à envahir la pièce.

- Jamais, confirma Dmitri en refermant la poche de glace pour la remuer.

Il n’y avait pas de honte à ça, mais parfois, il en était un peu frustré. Les nés-moldus et une bonne partie des sang-mêlés avaient d’abord été scolarisés dans des écoles moldues, tandis que d’autres enfants de sorciers rejoignaient des petits groupes d’enfants sorciers, mais lui, à l’instar de beaucoup de sang-purs, avait été scolarisé à la maison sous la houlette de sa grand-mère. Cela avait eu de bons côtés, bien sûr, mais il enviait les anecdotes enfantines de ses camarades.

L’aiglon grimaça.

- Manger une limace ? Beurk, non !

Peut-être avait-il déjà bu une potion qui comportait de la bave de limace ? À vrai dire, c’était même assez probable, mais si cela avait déjà été le cas, il n’y avait jamais trop prêté attention. Pas suffisamment pour qu’il s’en souvienne. Une fois mélangé avec les autres ingrédients, plus personne n’y prêtait vraiment attention.
Ou personne n’avait envie.

Emporté par le sujet, et parce qu’il avait toujours été fasciné par les créations moldues autour de leur « électricité », il en oubliait presque qu’il était en cours pour faire de la glace. À vrai dire, il ne comprenait toujours pas pourquoi le professeur Alexander s’évertuait à leur faire faire ce genre de choses alors qu’il pourrait parler des fusées, avions et autres créations extraordinaires.

- Si j’en ai entendu parler ! s’offusqua-t-il en voyant le regard curieux de son camarade. Ils n’avaient sans doute pas étudié la chose de la même façon, mais on lui avait parlé des guerres moldues. « Et ce sont les Japonais, pas les Chinois » ajouta-t-il d’un ton un brin boudeur. Pour qui il le prenait ? Sa mère lui avait raconté comment les sorciers japonais avaient dû intervenir pour endiguer les effets de l’arme moldue – non sans préciser au combien ces êtres dénués de magie détruisaient tout sur leur passage. Il se souvenait d’ailleurs d’avoir vu plusieurs photos animées prises pendant la deuxième guerre que s’étaient livrés les gouvernements moldus.  

En parlant d’arme chimique, d’ailleurs, la préparation du lycanthrope se répandit sur la table et le sol, obligeant Dmitri à tout nettoyer d’un sort.

- Heu... merci.

Il hésita un instant, sa peau claire de slave d’empourprant légèrement.

- C’est qui, Nanny Mc...phi ?

Thomas agita la main d’un air mi-provocateur, mi-pas convaincu à l’adresse de Dmitri quand celui-ci lui affirma n’avoir jamais mangé de limace.

- Ça ressemble quand même pas mal à un truc que font les sorciers hein. Bave de crapaud et tout hein.

Rien que pour ça, il était plutôt heureux de ne pas avoir à suivre le cours de potion, même si le prix à payer semblait assez faible en comparaison des effets prodigieux que pouvaient produire certaines préparation dont on lui avait parlé.
Néanmoins, les moldus par certains aspects étaient capable de prouesses à leurs manières. Le nucléaire en était une : obtenir de l’électricité de manière quasi illimitée avait quelque chose de magique en soi, même si Thomas n’y comprenait pas grand-chose. La bombe représentait la face sombre de ces prodiges technologiques.

- Ah, oui. Les Japonais…

Maintenant que Dmitri le disait, c’est vrai que c’était là-bas que les Américains avaient lancé leurs bombes. Thomas haussa les épaules l’air de dire que ça n’avait pas d’importance. Il allait enchaîner quand sa propre bombe explosa, ou plutôt son paquet de glace, répandant de l’eau gelée sur le sol. Dmitri nettoya le désastre d’un coup de baguette, s’attirant les félicitations du lycantrope.

- T’as jamais vu Nan… ah mais oui.

D’un air compatissant et accablé, il tapota l’épaule de son camarade. « Tellement de choses à découvrir jeune padaw… ah ça non plus attends ! »

Evidement cette réf là non plus, le Tchèque ne l’aurait pas. C’était frustrant, et un peu bizarre de se dire qu’on pouvait avoir passé toute son enfance sans jamais entendre parler de Star Wars.

- Tu sais ce qui manque à l’école ? Un ciné-club. On pourrait montrer plein de films moldus aux élèves sorciers ça les ferait délirer !

Après tout, si les nés-moldus avaient à refaire toute leur culture en magie lorsqu’ils mettaient un pied dans l’école, il était de bonne guerre de retourner l’opprobre en initiant les petits sorciers de sang-purs à une culture qu’ils ne connaissaient pas.

- On pourrait manger des pop corns et tout.

@Dmitri D. van Aken

Le Tchèque leva exagérément les yeux au ciel, avant de rétorquer sur le même ton, un sourire goguenard sur les lèvres :

- Parce que tu crois qu’il y a quoi, dans la potion Tue-Loup ? Juste des jolies fleurs toutes belles, toutes pimpantes ?

Un point partout, souafle au centre : les sorciers buvaient peut-être des choses un peu dégoutantes, mais depuis que Thomas avait pleinement intégré leur monde, il devait s’y mettre aussi. Tout naturellement, la discussion vira sur les créations moldues qui, au regard des faibles connaissances qu’en avait Dmitri, étaient tout bonnement passionnante : petit, il avait découvert un peu par hasard – et au grand damne de ses parents – l’existence de certaines inventions permettaient de voler dans les cieux sans balais ni sort et depuis, il s’intéressait à tout ce qu’ils avaient réussis à faire sans la magie. À défaut d’avoir des géniteurs très prolixes sur le sujet, il avait malgré tout pu apprendre quelques petites choses, ici ou là, de la bouche même des sorciers qui, sous couvert de rappeler au combien les êtres dénués de magie détruisaient le monde avec leurs horribles choses, avaient lâchés quelques bribes d’informations au garçon. Ça n’était jamais suffisant toutefois, d’autant que ses camarades ne cessaient sans vraiment le vouloir de lui rappeler tout ce qu’il avait ignoré jusqu’à présent.

Le sorcier foudroya son camarade du regard, alors qu’il enchaînait les références qui lui demeuraient obscures. Sa suggestion éveilla tout de suite beaucoup plus son intérêt :

- Mon oncle se retournerait sûrement dans sa tombe, s’il t’entendait. Mais ça serait super bien ! Il haussa des épaules, l’air un peu plus rembruni. « Mais à ce qu’il paraît, ces choses-là ne marchent pas à Poudlard, c’est pour ça qu’ils organisent toujours des trucs dehors et que les cours ne servent qu’à faire de la glace ou jouer à la balle.

Il aimait bien les cours d’études des moldus, généralement, mais il devait admettre qu’il enchaînait déception sur déception : rares étaient les sujets abordés qui touchaient à ce que Dmitri avait demandé et il ne s’agissait le plus souvent que d’enseignement théorique sur le mode des vies des moldus... ça ne l’aidait pas vraiment à comprendre les blagues de Thomas ou les remarques de Silas.

- Oh mais j’y pense !

Il glissa à nouveau sa baguette dans la poche de son uniforme.

- Mes parents ne savent pas qu’Alexander avait refusé que je passe quelques chez toi, la dernière fois... Je suis sûre que je peux les convaincre de me laisser passer quelques jours chez un camarade. Un rictus fendit son visage. « Ça les arrangera en plus, ils n’auront même pas besoin de venir en Écosse ! »

S’il demandait à sa mère en arguant quelque argument larmoyant, il avait ses chances, cette fois-ci.

Thomas resta muet quand son camarade évoqua la potion tue-loup. En vérité, il ne s’était JAMAIS posé la question de ce que le breuvage nécessitait comme ingrédients pour être préparé. Tout ce qu’il savait, c’est que le goût était mauvais et le laissait à tous les coups nauséeux un bon quart d’heure après ingestion. Pour ce qu’il en savait, on pouvait bien lui faire boire de la pisse de chameaux qu’il l’aurait tout autant avalé. Il grimaça.

- Je préfère pas savoir… si j’en bois toute ma vie… imagine si je découvre qu’en fait c’est fait avec des ongles de pieds…

L’idée lui arracha un frisson d’horreur et il la balaya d’un mouvement du poignet. Plus amusant était le sujet du cinéma, d’autant que pour une fois, Dmitri était beaucoup moins calé que lui. Ne pas connaître Star Wars, même si les premiers films commençaient à dater, c’était tout de même à peine croyable d’avoir pu passer à côté d’une franchise aussi culte.

- Vrai que ce qui est électrique déconne, expliqua-t-il tout en baissant la voix sur le dernier mot. « Faudrait organiser ça à Pré-au-Lard… sauf si ça marche pas là-bas non plus.

Il visualisa mentalement le village, à la recherche d’une trace de technologie moldu, quand Dmitri l’interrompit soudain dans sa réflexion.

- Oh ! sans aller jusqu’à dire que la mort du grand-oncle de Dmitri avait des aspects positifs, Thomas fut soudain presque prêt à le penser. Il retint sa langue toutefois avec sagesse et pesa ses mots. C’est une bonne idée. Mais tu vas arriver à survivre chez les moldus, t’es sûr ? »

L’idée de ramener son camarade guindé chez lui avait quelque chose de bizarre. Chouette, mais bizarre. Sans doute autant qu’un cracmol débarquant à Poudlard, ceci dit, juste que la banlieue de Glasgow tranchait en tout point avec le château gothique ou, sans aucun doute, le Manoir van Aken dans les Hébrides, de ce que Dmitri lui en avait décrit.