Notre histoire débute le 20 août 1984, avec la naissance de notre protagoniste dans la maternité d’un hôpital privé. Le jeune garçon, né de l’union de deux familles de sang-pur par ses parents, fut prénommé Ezekiel. Les premières années du jeune homme furent idylliques pour un enfant, il avait tout ce qu’il pouvait vouloir. Avec un père, Nathanael Raywood, directeur d’une des plus grosses entreprises de fabrication de balais magiques, la fortune familiale était bien assez suffisante pour sévir à tous ses caprices. Sa mère, Rosalind, était quant à elle journaliste d’investigation, un métier au salaire certes moins impressionnant, mais qui la passionnait et c’était le plus important. Seulement, ces deux métiers provoquaient peut-être le seul manque qu’il pouvait y avoir dans la jeune vie d’Ezekiel : ces professions demandent beaucoup de temps, temps qui ne pouvait donc être alloué à l’enfant qui se retrouvait bien plus souvent en compagnie des domestiques que de ses parents. S’il était trop jeune pour s’en rendre compte à ce moment-là, peut-être que sa venue au monde n’était qu’une histoire de prolonger la lignée.

La solitude du garçon prit pourtant fin 5 ans plus tard, en 1989. Sa mère, au ventre de nouveau rond, put passer un peu plus de temps avec lui. Et pourtant, alors que le jeune enfant devenait un jeune sorcier en découvrant ses premiers pouvoirs, ses jouets flottant paisiblement autour de lui, sa mère quitta promptement le domicile. Les jouets s’agitèrent et finirent par partir dans toutes les directions, les domestiques présents les esquivant de justesse, un vase et une fenêtre se brisant. Mais cet accès de colère ne fut pas de longue durée quand Ezekiel comprit la vraie raison du départ de sa mère ce jour-là. On l’emmena en effet, plus tard dans la soirée, à la maternité qui l’avait vu naître pour qu’il fasse la connaissance de sa petite sœur, Ethel. Emerveillé par l’apparition de cet ange dans sa vie, il oublia rapidement ce qu’il avait pris plus tôt pour une trahison. Et par la même occasion, sa solitude s’évapora. Si ses parents se révèleront toujours aussi absents par la suite, il aurait au moins sa petite sœur pour lui tenir compagnie.

Et effectivement, frère et sœur étaient inséparables. Dû au fait que leurs parents n’étaient pas souvent à la maison, Ezekiel assuma vite un rôle protecteur auprès de la petite Ethel, soignant ses bobos, écartant les enfants qui l’embêtent. C’était sûrement les premières graines de ce que deviendrait sa vie future, mais ne brûlons pas d’étapes. En retour, la petite sœur développait lentement une admiration et une confiance sans faille à son grand frère qui était toujours là pour elle. Elle, contrairement à lui, ne remarquait de fait pas l’absence récurrente de leurs parents.
C’est quand les 5 ans de Ethel sonnèrent, Ezekiel en ayant 10 et s’approchant de son entrée à Poudlard, que leur père décida de prendre le temps de leur inculquer quelques valeurs. Sûrement avait-il prévu de le faire au même âge pour le jeune garçon, mais en apprenant la naissance proche de la jeune fille, il avait décidé d’attendre et de faire d’une pierre deux coups. Ces valeurs d’un autre temps étaient transmises de génération en génération dans les familles comme les Raywood. Des valeurs de supériorité du sang, d’impureté d’une certaine catégorie de sorciers. Le package classique du sang pur, en somme. Cet enseignement dura jusqu’à l’entrée du jeune garçon à Poudlard, et continuerait après en toile de fond, pendant les repas de famille, pendant les vacances, etc… Et pourtant, il y était moins réceptif que sa sœur, peut-être à cause de son âge plus avancé, peut-être à cause des années de solitudes qui le rendaient moins attachés à ses parents. Quoiqu’il en soit, sa foi n'était pas aussi forte que n’aurait pu l’espérer Nathanael Raywood quand il fut laissé sur le quai par son fils qui montait dans le train vers ses années d’étude, en septembre 1995.


Chapitre 2 : Scolarité à Poudlard


Arrivée à Poudlard, traversée du lac noir, décision du choixpeau dans la Grande Salle. Celui-ci décréta qu’Ezekiel Raywood avait tout d’un Serdaigle, scission nette avec ses parents tous deux anciens Serpentards. Il n’avait pas cherché à éviter la maison, il n’avait pas cherché à influer le choixpeau pour en rejoindre une en particulier, le choix était impartial. L’artéfact magique avait décelé dans le jeune homme l’intérêt qu’il porterait au cours de ses sept années au château, à l’apprentissage de nouvelles choses, jugés plus importants que son tempérament prêt à aider tout le monde qui aurait bien pu l’envoyer chez Poufsouffle. Ainsi débuta sa scolarité, rejoignant les quartiers de sa nouvelle maison pour s’y installer.

Ses premières années se déroulèrent sans accrocs. Il se faisait des amis comme n’importe quel enfant, se disputait comme n’importe quel enfant… La seule différence était qu’il faisait un minimum attention à ses fréquentations, les enseignements de son père ayant tout de même fait un bout de chemin dans son esprit. Quant à ses études, comme l’avait prévu le choixpeau, il démontra un intérêt pour la plupart des matières, et notamment pour la divination et la possibilité de savoir ce que réservait l’avenir. Bien sûr, ça impliquait des choses futiles comme les questions qui pourraient tomber dans les contrôles, ou quand ceux-ci tomberaient, mais avec les années il aura l’occasion de s’y intéresser pour des sujets plus sérieux. Mais avant que ce temps ne vienne, nous devons parler des évènements qui secouèrent le château de Poudlard entre 1997 et 1998. La seconde guerre des sorciers. S’il était clair que sa famille se rangerait plutôt du côté des suprémacistes s’il y avait un camp à choisir, le jeune homme, lui, allait prendre de plein fouet les tendances violentes qu’apportent de tels idéaux.

Mais avant même que les vrais problèmes n’arrivent aux portes du château, le garçon fut troublé. Une nuit, en 1997, il se réveilla en sueur dans son dortoir. Rien ne s’était passé, si ce n’est un cauchemar. Un rêve dans lequel il voyait le directeur Dumbledore mourir. Il n’avait pas de détails sur la façon dont cela arrivait, aussi relégua-t-il ceci au rang de simple cauchemar dû au stress de l’ambiance pesante de guerre qui approchait. Et pourtant, quelques jours plus tard, l’annonce tomba, Dumbledore avait été tué. Bien que troublé par la coïncidence, il ne comprit pas qu’il s’agissait du premier cas de son don de voyance. Quoiqu’il en soit, une ère encore plus sombre tomba sur le château, menant inexorablement à la bataille de Poudlard l’année suivante. Ezekiel avait alors 14 ans. Trop jeune pour avoir son mot à dire, suffisamment vieux pour s’opposer aux idées présentées par le seigneur des ténèbres et la violence qui en découlait. Peut-être que sans ça, il aurait fini par croire à ce que son père tentait de lui inculquer depuis des années. Mais il fut marqué par ces évènements, suffisamment pour ne plus y croire, même si c’était sûrement déjà trop tard pour se découvrir des amis d’autres horizons.

Au moins, après ces deux années étouffantes, il put reprendre une scolarité normale. En 2000, sa sœur rejoint Poudlard à son tour. Elle qui n’avait pas vécu de front les horreurs qui s’étaient passés ici, elle était bien plus empreinte de l’idéologie familiale, et finit, comme ses parents, à Serpentard. Si cela arracha à Ezekiel un soupir, cela ne changeait pas grand-chose à la relation qu’il entretenait avec sa sœur, et il continuait de faire bonne figure auprès d’elle, et de ses parents, pour ne pas éveiller les soupçons de sa trahison. De toute façon, il avait autre chose à penser. De plus en plus, depuis la fin de la guerre, il faisait des rêves prémonitoires, de broutilles, de sujets plus importants, toujours de façon très floue. Le genre de vision qui ne prenait sens qu’une fois que ce qu’elle prévenait arrivait. Et puis, en 2001 lors de sa 6ème année, il se retrouva même à avoir une vision alors qu’il était éveillé. Le sujet qu’il avait gardé sur lui commençait à déborder et il en discuta avec le professeur de divination, qui lui expliqua qu’il existait des sorciers, comme lui, qui avaient le don de prévoir le futur. Ce n’était pas un don pratique, au sens où il ne se contrôlait pas vraiment, et qu’il devait surtout apprendre à décrypter les visions parfois alambiquées. Cela étant, ça expliquait ses résultats exceptionnels en cours de divination.

Et puis, en 2002, vint la fin de sa scolarité. Ses ASPIC s’étaient très bien passés, en divination bien sûr, mais également en sortilèges et métamorphose, ainsi que dans d’autres matières qu’il avait gardées après les BUSE. Après une remise des diplômes émouvante, il était donc temps de passer aux études supérieures qui s’offraient à lui.


Chapitre 3 : Après Poudlard et la belle vie


Sans trop tarder, Ezekiel fila droit vers l’université. Sa première année – grandement influée par les désirs de ses parents – le poussa vers des études de médecine magique. Mais il eut tôt fait de comprendre que ce n’était pas fait pour lui. Il avait toujours eu cette envie d’aider les autres, mais l’anatomie, la biologie, et tout ce que la magie pouvait apporter pour les remettre d’aplomb le dépassaient. Son orientation changerait donc bien vite, et pourtant cette année dans le vent ne l’était pas vraiment. Il y rencontra une née-moldue (dont il ne parlerait donc pas avant un moment à ses parents), Edwina Striker. Pour le jeune homme qui avait toujours eu tendance à prendre le rôle de protecteur, comme avec sa sœur, cette jeune femme qui ne se laissait guère faire était une bouffée d’air frais. En plus d’être un soutien scolaire conséquent pour éviter de se planter trop en beauté. Et de fil en aiguille, de séances de révision en séances détente, des sentiments réciproques naquirent entre les deux étudiants. Même les visions ponctuelles du voyant semblaient indiquer que c’était la femme de sa vie, bien que le jeune homme semble ignorer volontairement la part d’ombre que portaient les énigmatiques visions. Une passion qui ne s’éteindrait pas de sitôt, en somme, et même si Ezekiel changea de voie en fin d’année, leurs contacts ne cessèrent pas, par lettre, par sorties du week-end.

Alors qu’Edwina continuait dans la voie de la médecine, Ezekiel partait en effet plus du côté de la psychologie, après de longues discussions avec ses parents pour leur faire comprendre qu’il n’était pas fait pour la médecine dure. Là, il s’épanouit bien plus et comprit vite qu’il s’agissait là de sa vocation. Les 5 années de formation défilèrent presque plus vite que la seule année qui avait précédée tant il était dans son élément. Il en sortit diplômé, sans grande surprise, et déjà repéré par quelques cliniques et autres établissements proposant des séances de psy. 2008 marqua donc la fin de ses études, et le début de sa carrière professionnelle par la même occasion. Pendant un an après ça, pistonné, il travailla dans l’hôpital privé qui les avait vu naître, lui et sa sœur. Edwina, quant à elle, avait encore quelques années à bûcher, mais pouvait compter sur le soutien du jeune homme. Après 2 ans de cette situation, en 2010, Ezekiel estima qu’il avait appris ce que le travail de terrain pouvait apprendre dans l’hôpital et décida d’ouvrir son propre cabinet. Etait-ce lié au fait qu’Edwina terminait, de son côté, ses études la même année ? Bien entendu.

C’est également ce moment que choisit le jeune homme pour enfin parler de sa dulcinée à ses parents, sans la présenter en face à face pour autant, sachant pertinemment que ça n’allait pas être facile de la faire accepter. Et effectivement, la seule mention de son ascendance commença à embraser les relations parents-fils. Mais les sentiments d’Ezekiel étaient plus forts que les idéologies qu’on avait essayé de lui bourrer dans le crâne, et il ne comptait pas, comme Nathanael le lui sommait, se séparer de cette, je cite, impure. Ces tensions durèrent encore 2 années, jusqu’en 2012 où, après avoir emménagé ensemble dans une petite maison, le mariage fut d’actualité. Bien sûr, la bénédiction parentale ne fut guère accordée, mais ils feraient sans, provoquant une scission nette et définitive dans la famille. Après cette célébration, le seul membre de la famille qu’Ezekiel ne reverrait avant un bout de temps serait sa sœur, baignée dans l’idéologie familiale mais toujours attachée à son frère. Elle nourrissait secrètement l’espoir de le faire revenir sur le "droit chemin", en utilisant de méthodes plus douces. Quoiqu’il en soit, la famille Raywood s’opposant au mariage, ce fut Ezekiel qui changea de nom pour prendre celui de sa femme, Striker. Et une belle vie de couple s’installa entre eux, le seul point noir étant la volonté d’avoir un enfant, n’en déplaise au sang qui en finirait souillé, qui ne pourra pas être accomplie. Une vision, puis un examen médical confirmèrent la stérilité d’Edwina. Mais cela n’était qu’un faible inconvénient face à l’avantage de faire sa vie avec la femme de ses rêves.


Chapitre 4 : Le drame


Mais les histoires à l’eau de rose, c’est surfait. Les histoires qui se passent un peu trop bien, ça cache une tragédie, vous dites-vous ? Et vous avez parfaitement raison.
2019. Alors que Blackman prend le contrôle de Poudlard et instaure une nouvelle ère de ségrégation, Ezekiel, lui, vit paisiblement sa vie. Il a toutefois toujours dans un coin de la tête cette idéologie néfaste, mais concentre plus son attention sur ce que pourraient faire ses parents, sachant qu’il n’était pas encore trop tard pour préserver la pureté de leur sang, en l’absence de descendance. Il s’y concentrait dans l’espoir d’avoir une vision qui le préviendrait, s’ils faisaient quelque chose. Mais rien ne venait jamais, ses visions portant sur d’autres sujets. Cela endormit donc quelque peu sa méfiance, le soulagea, se disant qu’il n’y aurait rien qui se passerait. De son côté, sa femme avait changé de travail depuis l’été, rejoignant une firme spécialisée dans la confection de remèdes magiques. Tout se passait bien, jusqu’à la fin de l’année. Décembre fut une tout autre histoire. Toujours pas de vision de ses parents profitant de l’ambiance malsaine qu’imposait la présence de Blackman pour faire du tord à sa femme, pas de quoi s’affoler. Et pourtant.

Le 23 décembre, au soir, après une journée de travail normal, quelque chose clochait. Sa femme ne rentrait pas à l’heure habituelle. 17h, 18h, 20h, minuit. Elle ne rentrait toujours pas. Le lendemain, le 24, rien, l’angoisse déjà bien vivace la veille ne faisait que grandir chez un homme dont le domaine d’activité avait appris à contrôler ses émotions. Avant que midi ne sonne, il était au poste de police magique pour déclarer une disparition. Ils ne le prirent pas bien au sérieux, pensant déjà au repas de Noël et estimant qu’elle avait peut-être simplement fait une fête avec ses collègues qui avait été trop arrosé. Sous l’insistance d’Ezekiel qui savait pertinemment qu’elle l’aurait prévenu d’une manière ou d’une autre si c’était arrivé, les policiers prirent sa déposition, mais en réalité ne commencèrent pas plus les recherches que "si vous la voyez pendant vos patrouilles habituelles". C’est ainsi qu’il continua de vivre dans l’angoisse toute la journée, et pour le réveillon. Bien sûr, il ne resta pas sans rien faire, patrouillant lui-même les chemins que pouvait prendre sa femme entre le domicile et le travail, interrogeant les quelques collègues qu’il avait rencontré depuis qu’elle avait été embauchée. Rien. Jusqu’à l’heure fatidique de minuit.

Alors qu’il était dans un fauteuil, toujours en sueur aussi bien d’avoir couru toute la journée que par stress, Ezekiel entendit frapper à la porte. Avec empressement, il alla ouvrir, dans l’espoir que sa femme était là, mais il ne trouva qu’un homme, déjà plus petit que lui et encore rapetissé par sa position à moitié recroquevillée. Il avait l’aura d’un homme qu’on ne remarque pas vraiment, qui n’avait rien d’extravagant et qui se complaisait à ne pas être remarqué. L’homme se présenta comme un collègue de sa femme, et clama qu’il avait quelque chose à lui dire, qu’il aurait voulu attendre le lendemain pour ne pas gâcher la fête mais que ça le rongeait trop pour attendre aussi longtemps. Le sang d’Ezekiel ne fit qu’un tour, et dans son esprit un flash lui montra la scène de crime, inspectée par des policiers. Une vision bien trop claire à son goût.
« J’ai vu… votre femme… se faire assassiner par le patron… »
Il le savait déjà, au moins pour le décès d’Edwina, avant même que ces mots ne s’échappent de la bouche de l’homme. Il resta béat, ne sachant comment réagir. Devait-il en vouloir et s’en prendre à l’homme qui avait tout vu sans rien dire. Devait-il courir vers le lieu de travail de sa bien-aimée pour la retrouver lui-même. Devait-il aller voir ces incompétents de la police. Devait-il pleurer. La dernière option prit le dessus sans qu’il n’en ait le contrôle, ses jambes lâchant et finissant à genoux. L’homme s’excusait autant que possible, mais les mots ne faisaient que voler autour d’Ezekiel. Il venait de perdre sa femme.

L’enquête ne fut pas bien longue pour comprendre que le directeur de l’entreprise était un des fidèles de Blackman, qui avait embauché Edwina, puis attendu l’appel du mage noir pour libérer le monde d’une impureté de plus. La sépulture eut lieu entre Noël et le nouvel an. Les parents Raywood vinrent par pur devoir familial mais n’échangèrent pas même un mot avec leur fils. Le seul soutien qu’avait Ezekiel venait des amis du couple, et de sa sœur dans une certaine mesure. Pourtant, quels que soient les mots que ceux-ci pouvaient lui dire, ils ne s’imprimaient pas dans son esprit embrumé par beaucoup trop de pensées. S’il ne s’était pas autant concentré sur sa famille, aurait-il eu une vision pour le prévenir de cette tragédie ? Aurait-il pu de fait l’éviter ? Cette vision, il y a des années avant qu’il rencontre Edwina, était-ce ça, la part d’ombre qu’il avait refusé d’y voir ? Cette vision lui disait-il en fait "c’est la femme de ta vie, mais si tu t’y accroches ça ne se passera pas bien" ? Pourquoi les sang pur et mangemorts pensaient avoir droit de vie ou de mort sur les autres ? Pourquoi elle.

Ces pensées l’accompagnèrent longtemps, jusqu’à ce qu’il craque. Il sombra dans une profonde dépression, se demandant comment faire sa vie maintenant qu’elle n’était plus là, fixant des photographies qu’il avait d’elle, frôlant chaque jour la mort à force de ne plus avoir la force de manger. Son cabinet était à l’abandon, il ne sortait plus de chez lui, les volets n’étaient même pas ouverts. Les pensées noires étaient comme incrustées dans son esprit tant il n’arrivait, ou ne cherchait pas à les chasser. Le 30 janvier 2020, entouré de mots de condoléances et autres lettres qu’il n’avait même pas ouverte, il prit finalement la décision. Il fit couler un bain, et s’y installa. De sa baguette magique, faite de noisetier avec un crin de licorne pour cœur, il tenta de lancer un sortilège de coupure. Bien sûr, sa baguette refusa, ce qui lui valut d’être envoyée à l’autre bout de la salle de bain. Il attrapa une paire de ciseaux. Douce ironie que de mettre fin à ses jours par une méthode moldue.

…

Et pourtant, la vie n’avait pas décidé de le laisser rejoindre sa dulcinée. Sa sœur, qui avait décidé de lui laisser de l’espace en espérant que ses amis (qu’il avait rejetés, bien entendu) suffisent à lui faire remonter la pente, s’inquiétait trop de ne pas l’avoir vu du mois. Elle arriva, se heurta à la même porte fermée et volets fermés que tous les autres. Seulement, elle, décida d’un geste de baguette d’enfoncer la porte. Elle trouva l’horreur du lieu de vie d’un homme qui s’était enfermé dans sa dépression. Mais la pire des horreurs vint quand elle fouilla un peu plus le domicile et tomba sur la salle de bain. La baignoire était rouge de sang, la baguette de son frère fanée dans un coin de la salle. Le regard horrifié, elle finit par trouver le corps de son frère qui avait glissé dans la baignoire et se trouvait sous le sang dilué. Heureusement, elle était arrivée vite sur les lieux, appela vite des urgences en transplanant, et son frère fut rapidement amené à l’hôpital pour recevoir les soins qui lui éviteraient de perdre définitivement la vie.

Bien sûr, ce ne fut pas chose aisée de le remettre d’aplomb, il fallut un bon mois et demi pour les soins, la stabilisation, et une observation stricte pour éviter une rechute. La famille avait, malgré leurs relations moyennes, était secouée par l’évènement. Nathanael s’était assuré qu’il profite des meilleurs soins possibles pour le sauver, et passait même à son chevet quand c’était possible, bien qu’il soit toujours inconscient à ces moments-là. Et pourtant, une fois réveillé, l’homme sauvé n’était pas des plus ravis d’avoir été sauvé, et à force de tenter de recommencer, ou au moins de s’enfuir pour qu’on le laisse tranquille, il fut placé en hôpital psychiatrique, le meilleur, encore une fois grâce à l’aide dans l’ombre de son père. Il y passa un an et demi le temps qu’il arrive à se ressaisir et à se couper de ses pulsions suicidaires. Un an et demi où il put réfléchir et, à défaut de positiver, relativiser. Les soins finirent par faire leur effet, il s’adoucit avec le temps et reprit peu à peu sa constance, et il put sortir à l’été 2021, à la condition de continuer les séances avec un psychologue.


Chapitre 5 : La reprise d’une vie normale ?

Ces séances avaient un double but : s’assurer de la pérennité de son état plus stable, et valider un retour à ses occupations. Car malgré son épisode grave, il avait toujours été clair avec ses proches et les médecins : quitte à continuer, il voulait reprendre son métier de psychologue, pour aider les autres, ceux qui traversaient la même chose que lui, et ceux qui se tracassaient même pour moins que ça. Ce qu’il n’avait par contre dit à personne, c’est qu’il comptait tenter, en parallèle et dans la prolongation de cette détermination, dompter son don qui lui avait fait défaut. Pendant ces années d’hôpital, il avait tout de même gardé à l’esprit qu’avec une vision mieux dirigée, plus claire, il aurait pu éviter la tragédie. Et si pour lui, il était trop tard, il nourrissait l’espoir de pouvoir réussir ce tour de force pour les autres, de sauver les gens de la tristesse avant qu’elle ne leur tombe dessus. Un idéal bien difficile à atteindre, mais qui devint comme une obsession pour lui. Une obsession qui comblait le vide.

Un an de séances plus tard, en début 2023 comme s’il fallait passer l’épreuve de Noël et du Nouvel An pour s’assurer qu’il allait bien, le psychologue renommé qui le suivait donna un verdict positif, Ezekiel Raywood était prêt à reprendre une vie normale et à reprendre son travail. Il avait effectivement repris son nom de naissance, évitant de remuer le couteau dans la plaie en portant le nom de sa femme défunte, tout comme il trouva un appartement plutôt que retourner dans la maison qu’il possédait. Bien sûr, ce ne fut pas chose aisée, difficile de faire confiance à un psychologue qui lui-même est passé par un épisode aussi grave. Le temps de retrouver des clients, Ezekiel put faire des recherches, et se procura une nouvelle baguette, l’ancienne étant morte. Il se dota d’un outil en bois de tilleul argenté, réputée pour soutenir les dons de voyance, avec un cœur de dictame. Ce fut compliqué, mais sa réputation d’antan, le bouche à oreille, et peut-être aussi un coup de pouce des connaissance de papa travaillèrent lentement à lui redonner un nom dans le milieu, au moins assez pour que des clients viennent le voir sans crainte. Et ceux-ci étaient enchantés de leurs séances avec l’homme qui avait repris du poil de la bête, se montrait attentionné, et en plus était passé par de sales moments et comprenait donc d’autant plus les malheurs des autres.

C’est par cette aura, et encore une fois par un travail dans l’ombre de son père et de ses contacts, que le ministère le contacta pour devenir le psychologue de Poudlard, qui vivait régulièrement des épisodes tragiques. N’en déplaise au père d’Ezekiel qui avait pourtant joué un rôle là-dedans, le ministère avait décidé de prendre le pari de l’homme blessé par les pro-sang-pur pour avoir un employé qui s’opposerait bec et ongles à cette idéologie. Ezekiel, lui, y voyait surtout l’opportunité de développer son projet peut-être pas sur un panel de patients plus restreint, mais au moins dans un cadre plus limité, ce qui aiderait, peut-être, ses dons à se focaliser. Cela lui valut de faire encore une batterie de tests psychologiques pour être certain qu’il était stable, mais l’homme avait repris la maîtrise de lui qui avait été un de ses traits prépondérants pendant sa vie. Il ne montra donc aucun signe de faiblesse, celle-ci étant bien enfouie au fond de lui, et fut validé par tous les tests subis. Faisant ses valises, il prit donc la route vers le château.

Nathanael Raywood, le père de famille. Il est le directeur d’une des plus grandes entreprises de fabrication de balais magiques du Royaume-Uni. Né d’une famille de sang pur aux idées bien trempées, il a tenté de les convoyer à ses enfants. Bien qu’il ait coupé les ponts avec son fils suite à son mariage honteux avec une née-moldue, et qu’il n’ait pas été très présent dans son enfance, il subsiste un attachement à son fils, sûrement parce qu’il a failli le perdre quand il a fait sa tentative de suicide. Bien qu’il ne puisse vraiment revenir en arrière, il a tenté de l’aider, sans jamais le lui dire.

Rosalind Raywood, la mère de famille. C’est une journaliste d’investigation très impliquée dans son travail, peut-être trop même. Comme son mari, elle n’a pas été très présente dans la jeunesse de leur fils. Elle est aussi née d’une famille de sang pur aux idées de pureté, d’où le mariage avec Nathanael. Elle aurait sûrement été plus douce que son mari si son métier ne la poussait pas à partir parfois des jours entiers sans rentrer à la maison. Elle a peut-être bien poussé son mari à aider leur fils quand il en avait besoin en secret.

Ethel Raywood, la sœur d’Ezekiel. Etant donné leur enfance à deux, elle adore son frère. Pourtant, ses idées s’alignent plus à celles de leurs parents qu’à celles de son frère. Elle n’a pas vu d’un bon œil son mariage, mais a décidé de prendre la voie la plus futée, selon elle, pour ramener son frère dans le droit chemin. Encore aujourd’hui elle espère lui faire changer d’avis, d’autant plus qu’elle serait plutôt d’avis que son frère ne serait pas passé par autant de problèmes s’il ne s’était pas entiché d’une née-moldue (autrement dit, c’est la née-moldue qui est en tort, selon elle).