Il n’était pas dans mes habitudes de pactiser avec l’ennemi et pourtant. À une heure à peine du prochain match de Quidditch — le dernier de notre saison, celui au cours duquel nous devions arracher cette victoire qui nous revenait — j’étais attablée aux côtés de Junior. Il fallait bien une exception qui confirme la règle et mon meilleur ami avait cette délicieuse tendance à être celle de toutes les miennes. Il aurait été mentir que d’affirmer que j’étais dans le même état d’esprit assoiffé de sang que lors des précédents matchs que nous avions disputés. Nulle distance insupportable pour faire bouillir mon sang et la confiscation de nos baguettes par cette souillon à la tête de l’école datait de trop longtemps pour que je ressente un besoin d’extérioriser le mécontentement qu’elle créait. Néanmoins, je comptais bien me montrer impitoyable, comme je l’étais toujours juchée sur un balai, ma batte entre les mains, à l’affût des cognards. Le fait que l’équipe adverse soit composée d’impurs ou de traîtres à leur sang, Junior excepté, rendrait le tout plus satisfaisant encore. Déjà vêtue de ma tenue de Quidditch, mon balai à mes pieds et mes gants en cuir dans une poche, j’abandonnai mon meilleur ami une fois notre petit-déjeuner terminé, lui laissant quelques mots d’encouragement moqueur et l’ombre d’un baiser pour seule compagnie. Quelques pensées parasites tentèrent bien de prendre sa place et d’interroger une situation qui semblait s’être améliorée mais qui restait suspendue au-dessus de trop de non-dits à mon goût, mais ce n’était pas l’heure de les laisser s’installer. Je les chassai d’un mouvement de tête sec qui fit danser ma tresse dans mon dos et pénétrai dans les vestiaires pour retrouver le reste de l’équipe.

Comme à son habitude — et aujourd’hui plus encore alors que les enjeux étaient importants — Shepherd se montra d’une énergie folle, nous exortant à donner le meilleur de nous-mêmes. Comme si nous avions l’habitude de faire autrement. En ce qui me concernait, en tout cas, et j’avais tendance à l’inclure dans le même panier, tout comme Misha avec lequel j’échangeai un sourire fauve. Pour les autres, eh bien… il était inutile de se prononcer. Sur le terrain, une certaine tension pesait, entre excitation du jeu et frisson des paris. Le petit discours habituel rappela les règles, le fair play et puis le coup d’envoi fut donné. C’était parti. Mes yeux clairs à la recherche des balles sombres, mes doigts fermement enroulés autour de ma batte, je retrouvais déjà ces sensations que j’affectionnais tant. Un cognard me trouva avant que je ne le trouve moi. Probablement une balle folle laissée au hasard sur le terrain : la batteuse adversaire n’était qu’une impure de dernier rang, pas le genre à savoir jouer, de ce que j’avais pu constater lors des derniers matchs. Dans l’hypothèse où c’était néanmoins le cas et où elle était parvenue à me viser correctement et à me toucher… un sourire brûlant étira mes lèvres en même temps que la douleur irradiait dans mon épaule gauche. J’y prenais un certain plaisir : pourquoi se lamenter de la douleur quand elle pouvait devenir vecteur de force ? Est-ce que ce match promettait un peu de répondant ? Du coin de l'œil, j’avisai Junior, filant à toute allure, le Souafle contre lui. L’heure n’était pas à la distraction, je repris ma recherche de Cognard, attentive, fonçant sur le premier qui m’offrait l’opportunité recherchée.

1-4-5 : Brooklyn est touché.
3-6 : Le cognard ne touche personne.
2 : Trajectoire déviée, un coéquipier est touché

TOUR 1 sous cognard (touchée par 1 cognard)

( Pando )