Ha na Seo a écrit:

 

Première réunion de l'association des droits des élèves

Ha Na, de la famille Seo, ne se sentait pas vraiment à son aise à Poudlard.

Tout y était si différent de Mahoukotoro, de sa terre natale, si loin des traditions ancestrales qui avaient bercés son enfance, qui marquait sa personnalité au fer rouge. Elle était une Sang-pur, une sorcière dont l'ascendance était élevée sur l'échelle de la Roue Céleste. Si elle se montrait bonne bouddhiste, si elle obéissait à ses parents et prêtait attention aux autres, sa vie suivante serait certainement encore meilleure - mais la vie mettait sa patience et son endurance à rude épreuve.

Malgré l'année écoulée, elle n'était pas faite encore à cette égalitarisme forcené, à cette indifférence au mérite scolaire et à la catégorie sociale ; et c'était ce qui, au fond, l'avait incité à se rendre à cette réunion d'association. Elle était menée par Silas, un élève insupportable, dont le manque de contrôle et l'irrespect était flagrant, inconcevable à ses yeux. Elle ne l'aimait pas du tout ; mais elle était curieuse de ce que pouvait donner un club dont le but était de donner la parole aux élèves.

Peut-être, ainsi, parviendrait-elle à mieux comprendre les anglais, et ce fut avec un enthousiasme un peu forcé, le visage neutre mais amical, qu'elle se présenta à l'entrée de la Salle sur Demande.

Elle se sentait également gênée de venir sans y avoir été invitée. Elle reconnaissait évidemment beaucoup de monde, mais s'incruster à un évènement important et assister aux cours en compagnie de ses pairs en était une autre.
Cependant, il avait été notifié que chacun était le bienvenu. L'adolescente ne faisait donc probablement aucune bourde sociale en s'incrustant à la réunion.

Vêtue d'un hanbok traditionnel aux couleurs de Serpentard, son éventail et sa baguette accrochée à un des bijoux de sa robe de soie dans laquelle elle se mouvait avec facilité, elle s'assit sur un fauteuil, en songeant avec nostalgie aux coussins de la demeure de son grand-père.
Son regard passa des élèves, qu'elle salua en inclinant légèrement son buste, aux tableaux gribouillés un peu partout. Ses joues prirent une teinte pourpre en lisant l'ordre du jour, posa ses mains sur ses joues, tandis que le Serdaigle prenait finalement la parole.

Cela semblait couler de sources que l'école manquait de ce genre de cours dégoûtants - mais peut-être serait-il bon, avant tout, de savoir ce que signifiait une éducation "civique".
Quant à la course d’hippogriffes, bien qu'elle en gardât un souvenir plutôt apeuré, la jeune fille n'avait pas ressenti de problèmes particuliers. Elle avait représenté un défi, certes, et demandait une certaine maitrise qui échappait au Premières année ; mais quel valeur pouvait-elle bien avoir si elle ne présentait ni danger ni difficultés ?

En tout cas, il fallait avouer que la proposition de Gwendolyn était plutôt censée, et la jeune fille leva docilement la main avant de parler.

- "Gwendolyn, je trouve que c'est une excellente idée."

Elle tourna ensuite son regard sombre sur le reste des élèves, un peu intimidée. Elle n'avait pas prévu de se faire remarquer ; mais elle avait aussi besoin de comprendre, et de poser certaines questions. Clairement, il existait un fossé entre ces gaijins, ces étrangers, et elle.

- "Mais je ne comprends pas tout. C'est certainement parce que je suis étrangère, mais je ne sais pas ce qu'est un cours d'éducation... civique. Quant aux questions... plus intimes, ne sont-ce pas des avantages... non. Des "prérogatives", je crois cela se prononce ainsi, de nos parents ? Personne ne devrait prendre leur rôle. Nous ne pouvons pas exposer les enfants à des propos choquants, ni forcer leurs parents à accepter de briser leur innocence..."

Elle rougit, s'efforça de rester droite, et de leur offrir un sourire de politesse.

- "Quant aux Olympiades, il ne faut pas oublier qu'il est nécessaire d'établir de la difficulté et de demander une grande maîtrise aux participants. Il est normal que ce concours soit exigeant. Nous pourrions proposer de demander une limite d'âge aux participants, pour la sécurité des plus jeunes ?"

En réalité, Ha Na se sentait de plus en plus anxieuse. Sans doute aurait-elle mieux fait de se taire pour mieux s'intégrer ; mais la parole semblait ouverte à tous les élèves... elle comprise.

Codage par Libella sur Graphiorum

Saige avait scrutée le panneau d’affichage avec attention, ces derniers jours, espérant y voir d’autres noms s’ajouter en dessous de ceux de Dashiell et elle ; la déception fut grande de voir, le jour de la réunion, que seule Salem s’était glissée dans les inscrits de l’association de Silas. Le garçon n’était pas toujours simple à vivre, mais il aurait mérité d’avoir plus de monde qui le suive dans son projet ; elle-même l’avait d’abord fait plus par fidélité que par réelle conviction, mais en y réfléchissant et après quelques discussions avec lui comme avec d’autres personnes – parmi lesquels figurait étonnement le concierge – elle avait fini par réellement croire en cette association. Elle savait, au fond d’elle, qu’il y avait beaucoup à faire, beaucoup à dire pour l’école. Parmi les sujets qu’il avait mis au goût du jour, certains la touchaient d’ailleurs d’autant plus qu’elle aurait peut-être tiré bénéfice d’une telle association, quelques années plus tôt... alors, pour toutes ces raisons, sitôt le dernier cours de la journée terminée, elle avait emboîté le pas de Dashiell, pressant le pas pour rattraper son camarade à qui elle évitait d’ordinaire d’adresser la parole – et ce, dans la plus grande réciprocité.

- Dashiell, attend ! Elle le rejoignit, se plantant devant lui pour l’empêcher d’avancer. Puisqu’ils n’avaient pas eu de cours commun avec Silas, elle avait une occasion parfaite pour discuter avec lui sans oreilles indiscrètes. « J’imagine que tu vas à la réunion de l’asso de Silas ? » Elle ne lui laissa pas le temps de répondre. « Écoute, je sais que toi et moi, on est pas trop potes et que la dernière fois, je t’ai salement insulté... mais je sais aussi que tu es un vrai ami, fidèle et tout ça. Et que tu tiens à Silas. Alors je te propose que pendant la réunion, on enterre la hache de guerre, d’accord ? Tu pourras m’insulter plus tard si tu veux, mais pendant l’asso, pas de piques entre nous, pas de regards noirs. »

Faisant bonne figure, elle lui tendit la main, comme pour conclure le pacte de non-agression d’une simple poignée. Temporairement alliés. Le serdaigle avait suffisamment subi avec les brimades d’August, Kenneth et le mot « anonyme » sur l’annonce de la création de l’association, elle voulait simplement que le reste de son projet se fasse sans conflits... et s’il devait y avoir un trouble-fête, il valait mieux que Dashiell et elle soient du même côté.

Il leur restait encore un peu de temps avant le début de la réunion officielle et, la salle commune des lions n’étant pas si loin de la salle sur demande, Saige eut le temps de passer dans son dortoir avant de rejoindre le lieu de rendez-vous. Elle y déposa son sac de cours, glissant – au cas où – sa baguette dans une poche et fila rejoindre les membres de l’association... qui étaient plus nombreux qu’elle ne l’avait cru. Au-delà des inscrits officiels, plusieurs élèves s’y étaient greffés sans crier gare ; sur la route, d’abord, elle avait été rattrapée par Azure.

- À la réunion de l’asso ? Bien sûr que j’y vais... c’est cool que tu nous y rejoignes !

Mais ça n’était pas la seule ; quelques filles de serpentard s’étaient glissées parmi eux, installées chacune dans les confortables fauteuils invoqués par Silas. Saige adressa un sourire à l’organisateur, levant un pouce en l’air, l’air de dire « hey t’as géré mec ! » et alla s’installer sur l’une des chaises à côté de lui, pour mieux l’encourager du regard durant son discours. Gwendolyn et la Coréenne enchainèrent chacune leur tour, provocant parfois quelques tics irrités chez la gryffondor... mais elle se garda bien de les interrompre, ne désirant guère être celle qui lancerait les hostilités.

Laissant la benjamine terminer avec son lot de questions, elle ne put toutefois se retenir de se racler la gorge à la fin, pour réquisitionner la parole.

- Si je puis me permettre... Ha Na, c’est ça ? Je ne connais pas ta famille et le milieu d’où tu viens, mais tout le monde ici n’a pas de parents pour jouir de ses prérogatives dont tu parles, commença-t-elle d’un ton calme, les lèvres toutefois recourbées dans un rictus un peu irrité. « Si l’on fait abstraction de l’aspect un peu... vieillot ? de la chose, je n’ai pour ma part plus de parents pour m’expliquer quoi que ce soit. Et tous n’ont pas des parents pour qui cela revêt une importance religieuse, comme ça semble être le cas chez toi... et nous sommes dans une école, l’école devrait nous prodiguer toute sorte d’enseignement qui peut nous être utile. »  

Elle adressa un bref regard à Silas, les iris teintées d’une irritation qu’on ne lui connaissait guère ; les paroles de la Coréenne semblaient venir d’un autre monde et d’un autre temps. En outre, elle suggérait de laisser les gens comme elle, ou comme le serdaigle, se débrouiller seuls, faute d’avoir des géniteurs aussi présents et couvant que les siens semblaient l’être.

- Je trouverais très injuste que des gens comme toi bénéficient d’une éducation civique et sexuelle digne de ce nom, mais que les autres n’y aient pas le droit, simplement parce que quelques parents aux idéaux vieillots craignent de perdre de l’autorité sur leurs gosses ultra chouchoutés, termina-t-elle d’un ton qu’elle tâcha de modérer malgré une fermeté très prononcée dans ses propos.

Ha na Seo a écrit:

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Première réunion de l'association des droits des élèves

Ha Na fut surprise de la réaction des autres élèves. Elle n'aurait pas pensé que le projet puisse être si important pour des occidentaux, et elle se demanda si elle ne faisait pas fausse route. En réalité, elle se sentait désormais horriblement mal à l'aise, surtout que ladite Saige et que la Poufsouffle, qu'elle avait déjà vu, évidemment, dans les couloirs, se trouvaient être ses ainées, car elles étaient toutes deux en cinquième année.

La mention du décès des parents de Gryffondor l'emplit surtout d'une grande empathie. Quel malheur pouvait être plus grand que de perdre ses géniteurs, à qui un enfant devait tout, et qui trouvaient en eux un point d'ancrage indéfectible ?

Elle tâcha de son mieux de former un sourire déférent envers les deux jeunes filles plus âgées, et s'inclina légèrement devant la pauvre Saige qu'elle venait d'offenser, tandis que ses joues rougissaient de honte.

- "Je suis terriblement désolée de cette nouvelle, et je souhaite que leurs esprits t'accompagnent toujours pour te soutenir dans ta vie. Si cela peut te rassurer, je crois que mes parents préfèreraient ne pas se réincarner plutôt que de me parler de ces choses-là, parce que cela ne se fait pas dans ma famille. Mais il est vrai que j'ai reçu des cours de biologie sur le corps humain avant d'aller à Mahoukotoro. Je ne suis pas de religion catholique, ni même confucéenne, mais bouddhiste et chamanique. Les élans du corps ne sont pas une honte, mais je pense simplement que cela pourrait choquer des élèves sensibles et des parents exigeants de leurs enfants qu'ils se concentrent sur leur futur scolaire. Mais tu as raison, certains pourraient avoir besoin de ces cours. Peut-être que nous pourrions les demander facultatifs ? Peut-être que ce serait un moyen terme intéressant ? Comme je t'ai dit, je ne sais pas ce qu'est une éducation civique, mais si cela accompagne toujours l'éducation sexuelle, elle pourrait aussi être facultative, comme ça tout le monde serait libre de choisir."

Elle étira un sourire plus sincère et moins poli avant de se tourner en direction de Kathleen. L'adolescente l'avait toujours trouvé très jolie, et talentueuse également ; il était remarquable de sa part de faire preuve de tant de compassion envers les hippogriffes. C'étaient de belles et nobles bêtes, mais elle n'avait jamais aimé qu'ils soient mis en laisse et dressés.

- "Je crois que ce sont de magnifiques créatures sauvages qui devraient être libres. Le vent, la pluie et l'orage sont des circonstances naturelles de leur vol, et je pense que lorsqu'elles sont montées, c'est la compétence de leur guide qui doit leur éviter qu'elles se fassent mal. C'était un parcours dangereux, trop dangereux, je trouve, pour de simples élèves qui n'ont pas su et pas pu se contrôler. C'est pour ça que je pense qu'il est nécessaire d'en parler, et d'établir une limite d'âge, afin qu'humains comme bêtes soient en sécurité."

La jeune fille se rassit. Elle ne sentait pas vraiment à sa place dans cette école. Elle aurait aimé retourner à Mahoukotoro, à faire face à des principes et des manière de pensées avec lequel elle était familière. Ici, c'était un endroit étrange, aux mœurs très différentes, comme si elle avait changé de monde.

- "Dans ce sens, je rejoins tes propos. Je n'ai pas dit qu'il ne fallait pas en parler, mais qu'il faudrait peut-être proposer avec respect des changements. Peut-être qu'ils n'auraient pas dû laisser s'inscrire des élèves qui n'étaient pas familiers du vol sur Hippogriffes. J'ai moi-même pris des risques pour ma monture qui n'étaient pas adéquats."

Codage par Libella sur Graphiorum