« Miss Cahn...
- Mrs.
- Je vous demande pardon ?
- Mrs Fawkes. »

La dite Mrs Fawkes ferma la porte derrière elle sans autre bruit que le cling de la poignée, sans quitter de son regard bleu glacial le médicomage qui se trouvait derrière son bureau. Sa confusion n'échappa pas à son regard.

« Toutes mes excuses, je devais recevoir Miss Cahn, je ne... »

La sorcière ne le laissa pas terminer sa phrase, le coupant alors que d'un pas fluide, elle s'avançait vers lui puis s'installait comme s'il y avait invité, pas troublé le moins du monde.

« Je suis mariée. Vous avez dû recevoir une note à ce sujet. »


L'homme, toujours confus, vérifia ses papiers alors que Riley attendait patiemment, jambe droite croisée sur la jambe gauche, les doigts croisées sur ses cuisses, le dos droit. Son regard impassible effleura le bureau qui lui faisait face, jaugeant et jugeant tout à la fois.

« Hum. Oui, bien sûr. Vous êtes donc là pour...
- Je connais très précisément les raisons de ma venue ici, Dr Sims, je n'ai pas été frappé d'amnésie entre mon retour de Chine et maintenant. »

Son regard était remontée sur l'homme alors que sa voix presque tranquille avait claqué presque sèchement. Transpercé par deux orbes bleus presque indifférents s'ils ne reflétaient pas un profond ennui, l'homme fronça légèrement les sourcils, peu habitué à être coupé dans son élan, avant de prendre l'un de ses papiers pour enchainer.

« Bien sûr. 12 Décembre 1993, vous avez grandit avec vos parents...
- Ma mère uniquement. »


L'homme leva les yeux de sa feuille étonné, la dévisageant trop longtemps aux yeux de la sorcière dont les traits se tintent d'agacement alors qu'elle hausse un sourcil interrogatif presque... dédaigneux. Etre dévisagé de la sorte lui semblait presque... impoli. Pendant une seconde, le guérisseur hésita à insister, mais l'inconfort de la situation l'incita à choisir ses batailles.

« ... Votre mère donc, à côté de Loutry Ste Chaspoule.»

Riley ne bougea pas un cil, attendant la suite, malgré l'attente manifeste d'une confirmation de sa part. Il n'était pas exactement dans sa nature de parler pour rien.

« Très bien. Fille unique. Première manifestation de magie à 8 ans. »

Riley resta toujours silencieuse. Elle avait senti l'hésitation du médicomage mais décida de l'ignorer même si elle en devinait la raison. Tout ceci n'avait rien d'une question et elle n'avait rien à corriger. S'il voulait des précisions, il devrait les demander.


L'homme tenta alors, maladroitement :

« Enfance heureuse ? »

Les lèvres de Riley frémirent dans une sorte de sourire narquois alors qu'un léger ricanement amer lui échappait. Manifestement la question n'avait rien de drôle et lui semblait particulièrement stupide.

« Riley ? »

La sorcière eut l'air d'avoir avalé de travers face à cette soudaine familiarité. Ses yeux se rétrécirent en deux fentes, défiant le médicomage de tenter une nouvelle fois de l'appeler de cette manière. Mais puisqu'il attendait une réponse, Riley la lui offrit... laconiquement :

« Non. »


Son manque évident de bonne volonté face à ce qu'il voyait comme étant son travail, mais qu'elle ne pouvait pas voir autrement que comme un viol de sa vie privée, lui fait lâcher ses parchemins avant d'inspirer profondément.

« Riley...
- Mrs. Fawkes. »

Cette fois-ci, la réprimande fut orale, claquant sèchement, affirmant clairement qu'elle ne lui permettrait pas cette familiarité. L'homme la jaugea un instant, comme s'il vérifiait s'il fallait ou non la prendre au sérieux. Il dû estimer qu'il ne valait mieux pas passer outre son exigence car il poursuivit dans un soupir :

« Mrs Fawkes. Je croyais que vous saviez pourquoi nous étions là. Si vous ne pouvez me donner un minimum de détails, mon verdict sera trop incertain pour vous faire embaucher. »

A son tour, la sorcière le jaugea du regard, évaluant la pertinence de sa demande. Elle savait exactement pourquoi elle était là mais elle n'avait pas imaginé que des détails plus précis que son lieu de vie ou sa première manifestation magique lui seraient demandés sur son enfance. Clairement réticente, elle lâcha, glaciale :

« Non, je n'ai pas eu une enfance heureuse. »


Sims haussa ses sourcils face à une coopération si faible. Il lui faudrait manifestement un peu plus que cela, et, à contrecœur, elle poursuivit, la machoire serrée :

« Ma mère n'avait pas exactement la fibre maternelle. Ses parents ont principalement veillé à notre confort matériel, mais ma mère était davantage ma baby-sitter, puis ma colocataire que ma mère. Est-ce suffisant pour atteindre votre minimum ?
- Vous lui en voulez ? »

Elle haussa un sourcil interrogateur, sincère. Il explicita :

« De son incapacité à remplir son rôle auprès de vous.
- Non. »

La réponse fusa. Immédiate. Claquante. Cinglante. Elle avait l'allure d'une sentence, comme si elle avait répondu oui. Elle le savait. Elle savait que c'était ce qu'il entendrait. Et son expression neutre se ferma comme si elle se protégeait déjà de la réponse qui allait venir, non sans raisons...


« Vous en êtes sûre ? On sent une certaine amertume dans votre...
- Comme je vous l'ai dit, Dr, ce n'est pas exactement la meilleure partie de ma vie, il me semble donc naturel de ne pas vouloir m'y attarder. Ma mère a été ce qu'elle a été, je ne vois pas l'intérêt de m'appesantir sur la question.
- C'est malheureusement nécessaire, Mrs, si on veut pouvoir revenir sur les circonstances de votre adoption...
- Je n'ai été adoptée qu'à la fin de mes études, Dr.
- Mais vous avez vécu avec les White dès vos 9 ans pourtant. »

Si elle n'avait pas eu l'air très ouverte à la conversation jusque-là, ces paroles eurent pour effet de la rendre méfiante et distante alors qu'elle se raidissait sur sa chaise. La conversation ne prenait clairement pas une direction qu'elle avait envisagé ou seulement souhaité. Elle prit, cependant, sur elle pour siffler à contrecœur :

« Les White ont été assez aimable pour me prendre à leur charge après que ma mère ait vu mes capacités magiques et ait décidé qu'elle ne pouvait supporter d'avoir une fille si semblable à son père, oubliant au passage qu'elle était elle-même une sorcière. Dois-je vous décrire la scène dans laquelle je l'ai retrouvé ou votre curiosité malsaine se satisfera-t-elle de ce que vous avez déjà lu dans mon dossier ?
- Serait-ce trop dur pour vous ? »

La sorcière se raidit davantage sur sa chaise, alors que ses yeux s'étaient rétréci en deux fentes, jaugeant l'homme qui lui faisait face qui n'avait même pas été déstabilisé par son sarcasme mordant.


Si l'homme se redressa pour faire face, son tortillement était manifeste de son malaise. Il allait trop loin et elle n'avait aucun scrupule à le lui faire sentir.

« Je n'ai rancoeur ni envers ma mère ni envers mes grands-parents. Pas plus que je ne cauchemarde sa mort la nuit. Il n'y a ni complexe du héros, ni auto-flagellation, pas plus de culpabilité du survivant. Vous arrivez quinze ans trop tard si vous pensez que j'ai besoin de votre aide pour exorciser quelques démons d'enfance, Dr Sims. »

Glaciale, Riley toisait l'homme qui lui faisait avec un mélange de méfiance et de dédain. L'homme avait probablement déjà pris connaissance des séances qu'elle avait eu avec une psy pendant quelques années et des conclusions mais il souhaitait épiloguer dessus et elle ne le laisserait certainement pas aller plus loin. Tout cela n'avait aucun rapport avec son retour de Chine et son embauche potentiel à Poudlard.

« Loin de moi cette idée, Mrs Fawkes, mais...
- Vos justifications ne m'intéressent pas. Je vous ai répondu et on ne s'attardera pas sur la réponse. »

Cette fois-ci, le ton de sa voix s'était durcit. C'était une conclusion et elle ne tolérait pas qu'il poursuive davantage sur la question. L'homme sembla hésiter un instant mais sous le regard froid de la sorcière, il sembla abandonner ce combat pour poursuivre :

« Serpentard... »


« ... Je lis que vous n'avez été préfète que deux mois. Vous m'expliquez ?
- J'ai décidé que je ne voulais pas l'être.
- Parce que... ?
- Trop de responsabilités.
- Vraiment ? »

Riley haussa un sourcil, le défiant de remettre sa parole en doute. Au moins, cette fois-ci, elle savait pourquoi il lui posait la question. Mais là encore, il aurait déjà dû avoir la réponse sous les yeux. L'homme décida de mettre son doigt sur un point quelque peu paradoxal :

« Et vous demandez à ce qu'on vous confie la responsabilité d'adolescents ?
- Je suis certaine qu'à 15 ans vous n'étiez pas plus que prêt à être guérisseur que moi professeure.
- Une simple immaturité, c'est ce que vous voulez me dire ?
- ... Si ça vous fait plaisir.
- La vérité me ferait plaisir.
- Vous la connaissez déjà, vous souhaitez juste que je le dise. Je ne sais si je dois être vexée ou flattée de savoir que vous tenez pour vérité ce qui est écrit sous vos yeux que si je prononce la même chose. Vous devriez me passer vos papiers pour que je les lise à voix haute, ainsi, vous pourriez y apporter foi. »


Riley commençait doucement à s'agacer de cette perte de temps. Tout ceci n'avait que peu d'importance, s'était-il prit pour son psychologue, son ami ou son confesseur ? Mais le médicomage eut un geste surprenant, qu'elle aurait pourtant dû prévoir, il lui tendit les papiers. Presque malgré elle, son regard les effleura avant qu'elle ne se reprenne et fusille l'homme des yeux.

« Vous plaisantez.
- Vous avez demandé. »

La sorcière le jaugea du regard encore un instant, comme pour vérifier s'il était sérieux avant de tendre la main pour les prendre, presque délicatement comme s'ils risquaient de se désagréger si elle les prenait. Elle ne lâcha son regard que lorsqu'elle les eut tourné vers elle et les feuilleta presque négligemment. Son regard se glaça sous les images de ses parents ou de la mort de sa mère baignant dans son sang, se teinta d'indifférence vis-à-vis de ses bulletins scolaires, resta neutre devant les différents rapports de sa psy, et à peine ennuyé devant les copies de ses différents contrats et son acte de mariage. Redressant son regard qu'elle figea dans celui du médicomage, elle lui rendit les feuilles avec la même douceur menaçante.


Décidant de lui rendre son geste d'honnêteté, Riley répondit à sa question :

« Par chance, mon père n'a pas reconnu sa paternité, j'avais donc le nom de ma mère, mais à Serpentard, on savait tous de qui j'étais la fille, ce genre de chose se sait, et ça s'est répandu. Je n'avais ni besoin ni envie d'attirer l'attention sur moi.
- Et pour éviter d'attirer l'attention, vous avez choisit d'abuser de vos droits de préfets ? »

Les lèvres de Riley frémirent pour la seconde fois depuis le début de l'entretien dans ce qui semblait être un... sourire... sincèrement amusé qui puis est.

« Je dois avouer que j'ai été déçue qu'ils mettent autant de temps à me démettre de mes fonctions. Mais oui, c'est exactement cela. Comme vous l'avez dit... immaturité.
- Votre père n'était pourtant pas un mangemort de premier plan. Il est étonnant que vous ayez pu attirer l'attention au point de vouloir rester dans l'ombre... »

Son amusement disparu aussitôt alors que sa machoire se serrait. Elle fusilla même l'homme du regard, qui sembla presque se ratatiner sous l'effet. Elle lâcha dans une sorte de grognement dédaigneux :

« La peur. »


Le médicomage haussa ses sourcils, sincèrement perdu. Se retenant à grande peine de lever les yeux au ciel, la sorcière soupira d'agacement avant de poursuivre, tranchante :

« Ne faites pas comme si vous ne compreniez pas. Après tout, vous me posez ces questions pour la même raison. Les enfants des mangemorts ont toujours été suspectés de suivre la voie de leurs parents, on les surveille et chaque geste est décortiqué. Quand c'est suspect, c'est une preuve, et quand ça ne l'est pas, c'est une preuve qu'il est assez malin pour paraitre innocent. Il n'était certes pas connu, mais il a tué un héros de guerre. Un proche du héros, alors j'ai été regardée de travers.
- Comment se fait-il que vous ne prononciez pas son nom ?
- A qui ? Le précieux héros ?
- Votre père.
- Je n'en ai pas l'intérêt.
- Faites-moi ce plaisir. »

Impassible, Riley le jaugea un instant. De nouveau, cet entretien lui semblait aller trop loin. On touchait à son intimité, sa vie privée, sa vie d'enfant. De nouveau, il se prenait pour son psychologue. Méfiante, elle pinça les lèvres avant de lâcher à contrecœur :

« Antonin Dolohov. »


Sims sembla l'observer un instant comme s'il essayait de trouver une trace d'émotion sur son visage, une faille qui dévoilerait son opinion, ses sentiments à propos de son paternel, mais Riley lui opposa une figure impassible, forgée par l'habitude. Il lâcha un soupir las avant de demander :

« Pourquoi nier que vous avez grandit avec lui ?
- Parce que c'est faux.
- J'ai cru comprendre qu'il n'avait été envoyé à Azkaban qu'après...
- Vous savez très exactement ce qu'il en est si vous savez lire, je n'ai nulle envie de perdre davantage mon temps en confirmant ce que vous savez déjà. »

Deuxième rappel à l'ordre qui claqua sèchement sans qu'elle eut besoin d'élever la voix. Cet entretien commençait doucement à grignoter sa patience déjà peu existante. Elle était là pour parler compétence, pas histoire familiale. L'homme sembla mal à l'aise avec son refus mais l'attitude de la sorcière le dissuada d'insister. Il changea donc de sujet :

« 9 BUSES, 7 ASPIC. Je note que rien de ce que vous avez pu entreprendre après n'a de lien avec l'enseignement. »


Riley haussa un sourcil, dédaigneux. Elle réclamait le poste de Professeure de Soins aux Créatures magie et avait obtenu sa Buse et son Aspic dans cette matière, avec un Optimal puis un Effort Exceptionnel, le poste qu'elle réclamait était-il plus important que la matière qu'elle avait choisit ? Le défiant de préciser ce qu'il sous-entendait, la sorcière ne décrochait pas un mot. Pas de questions, pas de réponses, cela évitait des paroles douteuses. L'homme explicita obligeamment :

« Vous n'avez pas la vocation, n'est-ce pas ?
- Serait-elle nécessaire pour être compétent ? »

Riley toisa le médicomage sans animosité, une lueur de déception couvant dans son regard dans l'attente d'un oui. Elle n'avait déjà pas beaucoup d'estime pour le médicomage, mais s'il se permettait d'être aussi fermé...

« C'était une observation.
- C'était une question. »

A la fois une correction et un défi à répondre à la sienne. Le médicomage choisit de ne saisir aucune des deux perches. A raison. Un bon instinct de survie.

« Vous avez été embauché dans une vingtaine de jobs différents dans les deux premières années de votre vie active, votre stabilité professionnelle est une question valable, Mrs Fawkes. »


« Vous pourrez voir que cela fait trois ans que je vivais en Chine, travaillant dans la même réserve. Et ça, c'est une réponse valable, Dr Sims. »

Cet entretien lui plaisait de moins en moins. Elle avait l'impression tenue qu'il cherchait spécifiquement à la mettre en difficulté, ou qu'on l'avait envoyé vers lui car on savait qu'ils ne se plairaient pas. A moins qu'il soit juste incompétent. Mais non, il savait interpréter les signes, il était juste d'une indiscrétion gênante.

« Pas votre mariage ?
- Je vous demande pardon ?
- Votre mariage. Vous n'estimez pas que c'est une preuve de stabilité ?
- Pas de stabilité professionnelle, non. Et c'est bien de cela dont il est question, n'est-ce pas ? Nous sommes là pour jauger ma fiabilité professionnelle.
- Votre mariage exige que vous preniez un travail stable pourtant, surtout que vous avez désormais à charge une petite fille, non ? »

Riley resta silencieuse à nouveau, dévisageant l'homme avec méfiance. A quoi jouait-il ? Elle avait l'impression qu'il soufflait le chaud et le froid et n'arrivait pas à savoir ce qu'il cherchait à faire. Réticente, elle souffla, froide :

« J'accepte l'argument. »


L'homme la jaugea encore quelques instants avant de regarder de nouveau ses papiers, expirant bruyamment avant de poursuivre :

« Bien. Je vois ici que vous avez travaillé dans la ménagerie magique du Chemin de Traverse quelques mois, au ministère également dans l'Office de Recherche et contrôle des Dragons, puis dans l'unité de capture... et même au bureau du liaison des gobelins... très brièvement d'ailleurs. Pourquoi des périodes aussi brèves ?
- La ménagerie était un travail trop routinier, l'Office était trop administratif, l'Unité trop dans la violence et avec les gobelins... disons que j'ai eu un désaccord avec le mauvais gobelin. »

Riley se renfrogna en voyant l'air presque amusé du médicomage, qu'il semblait, à sa décharge, essayer de cacher au mieux. Qu'y pouvait-elle si tous ces travails ne lui avaient pas correspondu ? Pourtant, sur le papier, ils lui avaient tous semblé intéressants... enfin sauf la ménagerie qui n'était qu'un tremplin.

« Vous avez fait beaucoup d'autres petits boulots mais rien en rapport avec les créatures magiques alors je vous épargne leur liste...
- ... Avec plaisir ...
- Mais vous avez raccroché avec cette branche il y a 6 ans quand vous avez travaillé dans le service des nuisibles...
- Une erreur de parcours.
- Une erreur ?
- J'avais besoin d'un job d'urgence, j'y suis resté aussi peu de temps que possible.
- Pourquoi donc ? »


Riley haussa un sourcil, comme s'il avait posé une question complètement idiote dont la réponse était l'évidence même. Ironiquement, elle répondit :

« Je n'avais pas pour ambition de chasser des doxys et des gnomes toute ma vie.
- Alors quelle est votre ambition ?
- ... Pas celle-ci. »

Un silence.

« Vous avez conscience que la bonne réponse était "Professeure de Soins aux Créatures magiques" ?
- Il me semblait que la bonne réponse était la vérité.
- Donc ce n'est pas ce que vous voulez ?
- Je n'ai pas dit cela. »

De nouveau, il essayait de la piéger. Pourtant, la sorcière semblait étrangement tranquille comme si elle s'était attendue à ces questions. Son visage n'affichait toujours qu'une neutralité banale alors que sa voix, sans la moindre chaleur, s'élevait presque nonchalamment, tranchant avec la profondeur et la fraicheur de son regard.

« Pourquoi voulez-vous ce poste, Mrs Fawkes ? »


Est-ce le moment de jouer carte sur table ? Riley le jaugea du regard, prenant le temps qui lui semblait nécessaire pour composer une réponse qui saurait convaincre. Avancer ces compétences ne serait pas une bonne réponse. Il n'était pas assez bête pour en douter. Pas après lu qu'elle avait chassé des dragons autant qu'elle en avait soigné, pas quand elle avait chassé des braconniers autant qu'elle avait pris soins de vivets dorés, pas après avoir passé une année en Amérique pour servir d'assistante à magizoologiste. Non, ce qu'il questionnait, c'était ses motivations. C'était à cela que servait toutes ces questions sur sa mère, son père ou son rôle de préfète. Parce qu'il avait peur. Ils avaient tous peurs. Et qui pouvait imaginer une serpentarde sans ambition ? L'ironie de la situation ne lui échappa pas plus que les 53èmes dernières fois où elle avait eu un entretien. Le fantôme d'Antonin Dolohov hantait ses pas. Encore. Mais cette fois-ci, c'était la dernière fois. Fawkes n'avait aucun lien avec Dolohov. Il serait le dernier à l'emmerder avec ça. Le premier depuis 3 ans et le dernier à vie.

...

Ou s'il y en avait un prochain, elle l'enverrait sur les Hébrides, pour servir de nourriture aux Noirs des Hébrides.

« L'opportunité. »

L'homme la dévisagea sans comprendre.

« Pardon ?
- Ni par vocation, ni par ambition, je vous l'assure. Je n'ai pas non plus d'amour particulier envers les enfants ou de désir particulier d'éduquer les jeunes générations. Pour être franche, je m'attends à grincer des dents très souvent. Comme vous l'avez noté, je suis mariée, je me dois de subvenir aux besoins de mon foyer. Mais, au-delà de ça, je le peux. L'occasion se présente, j'ai les compétences, et il est autant hors de question que je retourne au ministère que d'aller chasser les doxys ou les lutins de cornouailles. Pas davantage que la perspective de protéger de nouveau des vivets dorés ne m'intéresse. J'aurais les compétences pour tout ça. J'ai reçu des offres pour tout ça. Mais je ne le veux pas.
- Etes-vous en train de dire que vous postulez parce que c'est le dernier poste en lien avec les créatures magiques qui ne vous désintéresse pas ? »


Riley esquissa un sourire désabusé. Il était tellement à mille lieux de cela et pourtant, c'était si près de la vérité.

« Cela vous choquerait ?
- Ce ne serait pas très flatteur.
- Ni tout-à-fait vrai.
- Vous avez conscience que ça ne joue pas en votre faveur ?
- J'ai un argument en ma faveur, si vous préférez.
- Je vous écoute.
- Je ne supporte pas la routine.
- C'est votre argument ? Vous mangerez à heures fixes, à place fixe, avec des cours à heures fixes... »

Riley balaya l'argument d'un revers de la main.

« Il ne s'agit pas de cela. De ce genre de routine. Ce n'est que la forme, ça n'a aucune importance, c'est le fond qui ne se ressemble pas. Je ne ferais ni que de la paperasse, ni que de la pratique. Je serais enfermé entre quatre murs quand je le voudrais et dehors quand je le voudrais. J'enseignerais comme je le souhaiterais, en respectant les règles bien entendu. J'aurais l'autonomie, le toit, la sécurité et l'adrénaline. C'est bien ce que vous vouliez savoir quand vous avez parler stabilité, n'est-ce pas ? Vous aviez peur que je disparaisse à la fin du semestre, ou même avant. Je suis mère, désormais, et épouse. Je sais ce que sont les responsabilités et je sais ce qui me conviendra jamais tout comme je sais ce qui peut me convenir. Et ce poste me conviendra. J'y resterai. Et j'y serais bien. »

L'homme la dévisagea en silence alors que Riley tombait à son tour dans le mutisme. Les secondes s'engrangèrent alors qu'il semblait évaluer la pertinence de ses arguments et surtout leur validité. Finalement, ses épaules se relâchèrent sous les yeux de Riley qui avaient perdu la sorte de feu glacial, mordant et déterminé qui les avaient animés pendant son monologue. Elle semblait comme l'avoir mis à couvert. La femme n'était pas froide, elle brûlait d'un feu intérieur qu'elle contrôlait soigneusement.

« Cela a des allures de conclusions, mais je vous assure que nous n'en sommes pas à la fin.
- Je vous écoute. »

L'homme prit une seconde pour retrouver le parchemin qu'il souhaitait.

« Je vais devoir vous décevoir en revenant sur la question de vos parents. »

Les yeux bleus de Riley se glacèrent dangereusement, mais elle ne dit mot, comme laissant le bénéfice du doute au médicomage. La dernière marge de manoeuvre avant de clore le débat, comme pour vérifier la validité de ses questionnements. Elle attendit.

« Quels étaient vos rapports avec eux ?
- Inexistants.
- Mrs...
- Je n'ai jamais vu mon père de ma vie et vous le savez, nous n'épiloguerons pas dessus. Quant à ma mère, je vous l'ai déjà dis, elle a été ma baby-sitter puis colocataire.
- Qu'est-ce que vous entendez par là ?
- ... Je veux dire que nous vivions côté à côté dans la maison et non ensemble, si cette nuance a un sens pour vous.
- Je parlais du plan émotionnel. »


Riley fronça les sourcils, cette fois-ci non de mécontentement mais d'incompréhension.

« Vous entreteniez de bons rapports avant l'incident...
- Vous pouvez utiliser le mot suicide, Dr, ça ne va pas la tuer une seconde fois.
- ... avant son suicide donc, quels rapports entreteniez-vous ?
- ... Vous n'avez pas idée à quel point votre question est flou n'est-ce pas ? Je vous l'ai dit : aucun. Je n'ai aucun souvenir d'émotions ressentis vis-à-vis de ma mère, hormis quand j'ai retrouvé son cadavre. Je ne saurais mieux vous dire que ce que je vous ai déjà dis. Et encore une fois, les rapports de ma psychologue vous seront d'une bien meilleure aide. »

L'homme sembla jauger sa sincérité. Il avait manifestement du mal à avec l'idée que la jeune femme n'éprouvait aucun sentiment d'aucune sorte envers ses géniteurs. Il décida d'attaquer différemment :

« Votre mère a-t-elle réellement fait ingérer un philtre d'am...
- Oui. »

Cinglante, la réponse fusa avant même qu'il ne termine la question. Elle aurait aimé ne pas répondre mais elle n'avait qu'une envie, actuellement : terminer cet entretien le plus rapidement possible.


Elle soutint le regard du médicomage sans le moindre effort, se désolant intérieurement de sa tentative de la faire plier. Elle n'était pas exactement d'une nature... impressionnable.

« Comment le savez-vous ?
- Elle me l'a dit.
- Il n'y a pas que cela, n'est-ce pas ?
- Vous voulez savoir si j'avais des preuves ? Oui. Comme vous avez déjà pu le lire, elle vendait des philtres d'amour et elle avait un béguin pour lui, jusqu'au retour officiel du Seigneur des Ténèbres.
- Du Seigneur des Ténèbres... ? »

Riley claqua sa langue sur son palais d'agacement. Il comptait reprendre chaque mot de son vocabulaire, évidemment, surtout sur un sujet aussi important.

« Vous-savez-qui, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, Lord Voldemort, Tom Jedusor. Appelez-le comme vous le voulez, c'est ainsi qu'il est couramment nommé en Chine quand il est évoqué. Et croyez-moi, quand on est une anglaise en terre étrangère, on vous en parle bien trop. »

L'homme sembla encore la jauger du regard. Elle savait qu'il n'avait pas ce qu'il voulait. Hormis la mention du Seigneur des Ténèbres, ainsi que l'appelaient les Mangemorts, qu'elle avait habilement justifié, elle n'avait montré aucun signe de penchant pro ou anti-moldu. Et elle n'avait pas l'intention de le faire. L'homme regarda de nouveau ses fiches avant de changer de sujet :

« Savez-vous pourquoi les White vous ont recueillit après le suicide de votre mère ? »


Riley ricana.

« Vous allez rire.
- ... Faites donc.
- Je suis fille de mangemort. »

L'homme haussa les sourcils, surpris malgré lui, et presque... intrigué... Non, méfiant. Riley le coupa alors qu'il ouvrait la bouche avant même qu'il ne prononce un mot :

« Non. Ne le dites pas. C'est l'insulte que vous ne pouvez pas vous permettre. Ma mère, Alanna White et mon père, Lucien, sont des gens biens. Du genre à vouloir donner un avenir aux enfants qui n'en ont pas. Beaucoup de gens étaient morts et les orphelins des héros n'ont eu presque aucun mal à avoir une nouvelle famille parce que les gens se sentaient redevables envers ceux qui étaient tombés au combat, pour eux, pour le monde de la magie. Et plus ils étaient connus, plus ils étaient voulus. Mais mes parents savaient que nous étions aussi innocents que les enfants des héros. Alors ils m'ont recueillis. D'abord en famille d'accueil avant de m'adopter quand je suis devenue majeure. Alors non, vous ne pouvez pas vous permettre la moindre suspicion d'affection envers les mangemorts, le Seigneur des Ténèbres ou les idées anti-moldu vis-à-vis d'eux. Pas. La. Moindre. »

Le ton de la sorcière était devenue dur. Intransigeante, sa voix avait claquée, implacable, incontournable. C'était une nouvelle ligne rouge infranchissable qu'elle traçait et qu'elle lui déniait le droit de traverser. L'homme, cependant, ne semblait pas touché le moins du monde par sa virulence, comme s'il l'attendait. Comme s'il avait espéré l'entendre. Cela n'empêcha pas Riley de le fixer avec défiance, ce qui le toucha bien plus que le ton de sa voix. Il leva les mains en signe de non-agression avant de poursuivre :

« Beaucoup d'affection, donc, pour vos parents adoptifs.
- Pour mes parents. Et non, vous ne pouvez pas non plus vous permettre la moindre correction.
- Pourtant, j'ai cru lire que vous ne les aviez jamais appeler maman ou p...
- Puis-je savoir à quoi riment ces questions hormis tester les limites de ma patience ? »


Cette fois-ci, le médicomage Sims atteignait réellement les limites de sa patience. Il en était peu qui s'était permis autant d'insultes en si peu de temps et qui en étaient sortis indemnes et elle se retenait de partir en claquant la porte.

« A mieux vous cerner, n'en prenez pas ombrage. »

Riley resta impassible, glaciale, sans prononcer un seul mot, transperçant le sorcier de son regard glacial. Malgré son maintien, il n'avait pas à l'air à l'aise du tout mais c'était comme s'il s'obligeait à aller au-delà de sa capacité à soutenir son regard, sans avoir conscience qu'il jouait avec le feu.

« J'ai simplement besoin de connaitre vos rapports avec les membres de votre famille ainsi qu'avec vos époux et sa fille.
- Notre fille.
-... Bien entendu, votre fille. »

Riley n'aima pas le sourire qu'elle avait vu fleurir sur le médicomage mais décida de s'exécuter de mauvaise grâce quoi qu'avec le minimum syndical.

« J'ai toujours eu de bons rapports avec Alanna et Luce...
- J'ai cru lire que vous aviez pourtant eu des conflits avec eux...
- Immaturité. Je serais curieuse de croiser un adolescent à qui cet adjectif ne peut être collé. »

Une nouvelle fois, le médicomage sembla amusé mais elle en fit abstraction.

« Quant à mes frères et soeurs, je n'ai pas beaucoup de rapports avec eux, mais le peu que j'ai est assez cordial.
- Problème d'intégration ?
- ... Nous sommes... différents. Cela n'empêche pas de se respecter et de se porter de l'affection.
- Je vois. ... Personne qui sorte du lot ? »


Riley dévisagea le sorcier alors que son cerveau cherchait à la fois à comprendre ce qu'il voulait et à passer les visages de Candice, Elyos et Nate dans sa tête. Mais non, tous étaient différents, aucun ne lui était plus proche qu'un autre. Elle avait seulement des ententes avec certains sur des sujets qu'elle n'avait pas avec d'autres et inversement.

« Non. »

Le médicomage sembla encore l'observer sans que cela ne l'affecte d'une quelconque manière. Elle avait compris. Tout comme il lui semblait incroyable qu'elle n'ait aucun sentiment envers ses parents biologiques, il ne comprenait pas son manque de lien avec sa fratrie adoptive. Et pourtant. Nate était plus vieux qu'elle de presque dix ans, abominablement sérieux, il était facile de parler de sujet grave avec lui, c'était simple, clair et carré. Il aurait pu lui ressembler s'il n'était pas aussi abominablement susceptible. Elyos aurait pu être son préféré avec son caractère franc, blagueur, impétueux, cinglant, sans tact, s'ils ne se comprenaient pas si peu. Ou plutôt ils n'avaient aucun point commun, aucun terrain d'entente, rien à partager. Pourtant, elle admettait sans peine que son ainé de deux ans était toujours rafraichissant et divertissant. Il était un plaisir à voir... à petites doses. Quant à Candice, on aurait pu croire qu'avec une seule année de différence, elle se serait entendue avec sa cadette, d'autant plus que c'était une fille. Pourtant, elles n'auraient pas pu être plus différentes, Candice était toute l'émotivité et le sentimentalisme que Riley ne serait jamais. Elle n'était que spontanéité, coquetterie et moralisme. Quelque part, nul doute que Riley avait de l'affection pour elle mais si elle était différente d'Elyos, au moins arrivait-elle à le comprendre à défaut de partager ses opinions et ses réactions, mais Candice... lui échappait totalement. Il ne s'agissait même pas d'intérêts différents, mais d'intérêts contraires car chacune semblait stupéfaite d'incompréhension face aux intérêts de l'autre. La seule chose qu'elles partageaient régulièrement, était l'art de s'envoyer des piques, la seule manière qu'elles avaient de communiquer... et encore, leur art de la réplique était totalement différent.

« Bien... Puis-je connaitre votre histoire avec votre compagnon ?
- Je vous demande pardon ?
- Rien de personnel, je vous rassure, les simples grandes lignes. »


Riley fronça les sourcils une seconde, avant de répondre lentement :

« Nous nous sommes rencontrés dans la réserve de Boutefeu Chinois où je travaillais. Kiyoshi y travaillait déjà et nous sommes très vite devenu amis. ... Puis plus. »

Riley fronça les sourcils en regardant le médicomage. Travaillait-il aussi pour le ministère de la magie ? Suspectait-il ce qu'ils appelaient, un mariage blanc ? Le regard froid, elle dévisagea l'homme, se refermant sur elle-même comme pour éviter de dire quoi que ce soit qui pourrait être servit contre lui ou Mitsuko, leur fille. Mais le médicomage refusa de la laisser là.

« Et c'est tout ? C'est ainsi que vous êtes revenu mariée et avec une petite-fille sans jamais avoir eu de relations amoureuses auparavant ? »

Riley haussa un sourcil à moitié surpris, à moitié blasée alors qu'elle ironisait :

« J'ignorais que ma virginité avait une telle importance pour mon embauche. »


« Non, en effet, mais vous admettrez qu'il y a des choses surprenantes. Vous avez avouer vous-même n'avoir aucun feeling avec les enfants.
- Mitsu est adorable. »

S'il avait fallu trouver une seule étincelle de tendresse ou d'affection sincère dans toute cette conversation, c'était maintenant qu'elle existait. Dans toute cette histoire, il n'y avait qu'une chose qu'elle n'avait jamais contrôler, c'était l'affection qu'elle avait pour sa belle-fille. Ca n'avait pas été voulu, ni prémédité, ni contrôlé, ni même attendu. Non, ça lui était tombé dessus. Comme ça. Et puis, quelque part, il y avait quelque chose comme de la compassion... et une pointe de douleur. Douleur qu'elle effaça bien vite en enchainant :

« Mais je comprends surtout que revenir mariée et avec une gamine qui n'est pas la sienne est la moindre des questions quand on sait que je suis la principale suspecté d'un meurtre en Chine.
- En effet. Heureusement qu'il n'existe aucun accord entre l'Angleterre et la Chine qui vous obligerait à y retourner.
- Heureusement, oui. »


Riley savait qu'ils allaient passer par là, c'était obligatoire. C'était l'autre question du jour après son embauche à Poudlard. Mais cela ne l'empêcha pas de toiser le médicomage, le défiant de poser la question. Peut-être que s'il avait un peu de cran... juste un peu... A moins qu'elle ne respecte davantage la décence de la discrétion, mais on ne pouvait dire qu'il en avait fait la preuve jusque-là.

« Surprenant tout de même que ce meurtre soit celui de la défunte Mrs Fawkes.
- Très surprenant oui. »

Impassible, Riley soutenait son regard sans le moindre effort, attendant patiemment qu'il cède. Elle ne cillerait pas, ne ploierait pas, ne tiquerait pas. Et l'homme céda. Posant ses avant-bras sur la table, il se pencha en avant alors qu'il posait la question fatidique :

« Avez-vous tuer l'ex-compagne de votre époux, Riley ? »

Cette fois-ci, la sorcière ne cilla pas. Elle le savait. Elle savait qu'il utiliserait son prénom. Comme un moyen de l'assouplir, comme pour mieux la toucher, l'atteindre. Mais il ne pourrait jamais. Et de toute manière, c'était inutile, car elle n'avait aucune intention de mentir.

« Non. »

Arriver en cours d'année n'était pas évident sur le papier. Sur le papier.

Debout dans l'ombre des arbres, Riley laissa la brise qui agita les feuilles s'engouffrer dans ses cheveux. Son regard bleu glacial fixait les élèves qui descendaient le long du parc pour rejoindre la lisière de la forêt interdite là où se trouvait une clairière près du lac. Debout, droite, elle semblait presque se fondre dans le décor dans sa robe de sorcière brune stricte et sobre, boutonnée jusqu'au col alors que les deux pans de sa cape vert bouteille se repliait autour de ses chevilles. Riley laissa les adolescents arriver par petits groupes, quoi que peu éloignés les uns des autres. Quand sa montre lui indiqua qu'il était l'heure, elle porta deux doigts à sa bouche avant d'émettre un très long sifflement pour se faire remarquer et inciter à l'arrêt des bavardages.

Accompagné de son sifflement, elle se mû soudainement, apparaissant clairement aux élèves qui ne l'avaient pas encore perçu. Son regard avait eu le temps de dévisager soigneusement chaque élève, relevant les éléments qui lui déplaisait, les attitudes intéressantes ou déplaisantes. Elle retrouva facilement la tête rousse du Poufsouffle qui tenait sa baguette à la main. Son regard vrilla dans le sien alors que le gamin semblait frémir de peur sous son emprise.

« Rangez votre baguette, Mr. »

L'ordre avait fusé, claquant comme un fouet. Du moins est-ce l'impression que ressentit le gamin vu son sursaut et son empressement à ranger sa baguette sous les ricanements de quelques uns de ses camarades que son regard traqua impitoyablement.

« Cet ordre est valable pour tout le monde. J'ai bien conscience que vous n'êtes, pour la plupart, que des agités de la baguette, mais je n'en tolérais pas la présence tant que je n'en donne pas l'autorisation. »

Son ton était aussi ferme que son regard restait froid. Il y avait quelque chose comme... de la hauteur dans son attitude, une dignité, un charisme qui lui évitait d'élever la voix. On ne rigolait pas avec elle ou on en payait le prix. Et ça, ils n'allaient pas tarder à l'apprendre puisque comme tous les gamins, ils ne comprendraient que le feu brûle que lorsqu'ils se seraient brûlés.

« Je vous souhaiterais bien la bienvenue en cours de Soins aux Créatures Magiques mais je doute que la moitié d'entre vous sache ce qu'il fait là, alors que l'autre moitié a probablement choisit l'option à la courte paille. Je suis la Professeure Fawkes et vous ne vous adressez à moi de nulle autre manière qu'en ces termes. J'exige également une tenue impeccable en cours. Etre en extérieur n'est nullement une raison à un quelconque relâchement ou un prétexte à s'habiller en moldu, sauf situation exceptionnelle que je vous signalerais à l'avance. »

Son regard glacial brûla les quelques élèves dont elle avait perçu les manquements dans l'habillement, soit à cause d'une cravate mal serrée ou d'une tenue débraillée.

« Dernier point sur lequel je suis intransigeante, c'est la sécurité, autant la vôtre que celle des créatures que vous allez étudier. Si vous voulez les neutraliser ou les découper en morceaux, je ne doute pas que vos professeurs de Défense Contre les Forces du Mal ou de Potions vous seront d'une aide précieuse, mais ce ne sont pas les raisons d'être de cette matière. Vous êtes ici pour apprendre à connaitre, comprendre et soigner différentes créatures. J'attends donc de vous une attention de tous les instants et la maladresse ne sera pas une excuse à vos échecs. Je serais intransigeante sur tous ces points et si vous me trouvez déjà sévère, je ne doute pas que vous ne souhaitiez pas savoir ce qui arrivera si vous violez l'une de ces règles. »

Son regard balaya l'ensemble des élèves, les transperçant pour leur faire comprendre qu'elle ne rigolait pas. Mais ils ne pipèrent pas un mot. Hum. Savoureux de les intimider, elle était presque surprise que ce soit si facile. Différent de tenir tête à des adultes ou des dragons, sans commune mesure.

« Si vous avez des questions, c'est maintenant, après nous avons du travail. »

Son regard perdit son éclat glacial. Les intimider oui, mais leur faire peur au point qu'ils n'osent lui poser des questions pertinentes, ça n'aurait aucun intérêt car ils risquaient de faire des erreurs plus tard, ce qui était clairement dans l'intérêt de personne. Une petite main s'élève.

« Je vous écoute Miss. »

Son intonation était claire, ce n'était pas une question cachée pour savoir son nom de famille. Cela l'indifférait.

« On... On n'utilisera jamais la magie ? »

Agités de la baguette. Riley ne pensait pas que ses soupçons se confirmeraient si vite. Dévisageant la jeune Serdaigle qui avait osé lever la main, qui rougissait désormais en se maudissant surement de son culot alors que la classe semblait avoir pitié pour elle, Riley prit quelques secondes pour offrir une réponse correct, un souffle mélangeant menace sous-jacente et regrets anticipés :

« Je l'espère. »

La réponse semble surprendre la Serdaigle et il est évident que cela ne la satisfait pas du tout mais la sorcière n'en a cure, satisfaire ses élèves n'est pas réellement son but premier. Balayant le troupeau de gamins devant elle à la recherche d'une autre question, et constatant avec soulagement qu'il n'y en a aucune, elle enchaine.

« Levez les yeux et cherchez les intrus. »

Elle-même tourna le dos à ses élèves, ses yeux fouilla dans les branchements des arbres à la recherche des touffes de poils qui pourraient ressortir ou bouger suffisamment pour être visible. Elle en aperçoit un sur une branche basse, les oreilles pointus presque aussi grandes que sa tête, sa queue fine terminant par un pompom de poils blancs tombant sous la branche, se balançant légèrement alors que son pelage roux foncé se fondait presque dans l'écorce quand les rayons du soleil traversaient le feuillage. Pinçant les lèvres, Riley émit un petit son qui incita la créature à descendre des arbres avec agilité alors que d'autres se mirent à bouger à leur tour. Tournant la tête vers les gamins dans son dos, Riley demanda :

« Alors ? Une idée de ce dont il s'agit ? »