En d’autres temps, Dmitri aurait attendu chacun de ses cours d’étude des moldus avec la plus grande des impatiences. Ç’avait été une joie indéniable que celle d’apprendre que la directrice Appleton rendait ces enseignements obligatoires pour tout un chacun mais depuis, deux ans s’étaient écoulés et avec eux, bien d’autres préoccupations. Il avait toujours cette même passion un peu étrange pour cet univers si différent du sien, cet attrait atypique que sa famille jugeait vulgaire et insultant. Mais à cet intérêt que l’on fustigeait s’ajoutait des problèmes nouveaux. L’aiglon n’avait pas oublié ou renié sa passion pour la technologie moldue, mais il avait été porté par d’autres choses plus importantes que nul caprice ne pouvait effacer. Peu à peu, il avait vu l’ombre funeste de la mort s’étendre au-dessus de tout ce qui avait pu captiver son attention et désormais il ne s’intéressait plus qu’aux projets que son aïeul lui confiait.

Alors quand le professeur Alexander avait commencé à leur parler d’ouvrages moldus, il n’y avait porté qu’un intérêt fort limité. Il avait rencontré l’enseignant l’année d’avant et l’avait trouvé plutôt sympathique, mais il ne parvenait pas assez à captiver son attention pour que l’aiglon s’attarde plus que de raison sur ses cours. En réalité, dès lors qu’il avait compris qu’il n’était pas question d’évoquer les fusées, avions et aux bijoux de technologies moldues, il s’était tout bonnement désintéressé de ce qu’il pouvait bien raconter. Dès lors, il se montrait moins passionné que ce que l’on aurait pu attendre de lui et il n’avait bien entendu pas dépassé le second chapitre de l’ouvrage qu’on lui avait demandé de lire.

En arrivant en cours, le jeune tchèque s’était donc affalé à la même table que d’accoutumé, à côté d’une vitre au travers de laquelle il avait le loisir d’observer le ciel plus ou moins éclatant selon les jours et – surtout – le paysage qui s’étendait loin derrière la forêt interdite. À peine le professeur avait-il entamé son introduction qu’il commençait déjà à décrocher, dessinant distraitement sur le parchemin qui était censé se voir recouvrir de notes de cours. Machinalement, son œil s’était porté vers une autre camarade de serdaigle – décidemment ils étaient plutôt nombreux dans cette classe à arborer les mêmes couleurs – pour laquelle il avait toujours eu une attirance un peu étrange.  @Elinette S. Rosier dégageait une aura atypique qui le fascinait ; elle avait quelque chose d’intéressant et de plus complexe à représenter dans un portrait. Elle était plus difficile à représenter, lui donnant parfois le sentiment de tenter de saisir un liquide qui coulait entre ses doigts.

La voix de l’adulte l’avait trop peu captivé pour qu’il se détache de son dessin – et de sa minutieuse contemplation du modèle qui s’ignorait – et il ne porta pas plus d’attention à celle d’une autre camarade. En réalité, il serait bien incapable de répéter les questions de l’enseignant ou même de redire ce qu’avaient répondues les autres élèves. Plus les semaines passaient, moins il faisait d’effort pour se donner l’air d’être intéressé par ce qu’il se passait autour de lui. Le garçon autrefois très studieux avait délaissé bien des matières, comme en témoignaient ses notes désormais passables dans biens des disciplines.