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Winter is upon us ✉ clan Sørensen & familles de sangs purs sur invitation (Notting Hill, Londres, Décembre 2025)
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winter is upon us
invités & co


Cette soirée était insensée. Casey avait craint que le danger ne vienne de partout - du Grand-Père de Luca, des invités qui auraient pu voir d’un mauvais oeil qu’une sang-mêlée portant le glorieux nom des Pumpkin fasse ainsi son apparition au coeur de l’une des réceptions les plus guindées de l’aristocratie sorcière, même de ses camarades - mais sûrement pas de là. Elles étaient à des journées entières de la pleine lune et pourtant son auro opalescente les enveloppait au moment où elles s’y attendaient le moins. Quelle était la probabilité que ce soit elle, Bluebell Sherwin, cette confidente inconnue qui connaissait le moindre de ses secrets ? Ceux-là même que Casey ne s’avouait pas totalement, une fois quittées ces toilettes du premier étage qui symbolisaient leur secret. Et, pire encore, quelle était la probabilité qu’elles découvrent leur identité en plein milieu de cette réception ? Une seule allusion avait suffi : la mention d’une cheminée les avait perdues, et c’était aussi glaciales que le froid polaire qu’elles se faisaient maintenant face. Aucun doute possible, elles étaient entrain de ressasser les mêmes pensées et des schémas identiques se dessinaient dans leur esprit solitaire.

Elle sait tout. Elle sait tout de moi, mes plus profonds secrets, mes sentiments inavoués, mes haines et mes peines. Tout. Et elle n’aura aucun mal à faire le lien entre ce que je lui ai raconté et nos camarades. Une litanie similaire les plongea dans un silence partagé que rompit finalement Casey tout en conservait une distance froide avec sa camarade. Elles étaient toutes les deux chamboulées par cette découverte et ses implications : tout ce qu’elles avaient toujours redouté, toutes les peurs qu’elles laissaient de côté en pénétrant dans les toilettes les soirs de pleine lune et en usant d’un sortilège pour masquer leur identité, tout cela se réalisait ce soir. Alors Casey se montrait de glace, impassible, et Bluebell vindicative. La brune observa la Serpentard cracher le venin que l’inquiétude faisait monter chez elle. Elle appliquait le vieil adage affirmant que la meilleure défense était l’attaque. La Serdaigle ne voulait pas lui en tenir rigueur : tout ce qui lui importait c’était de trouver l’assurance que ses secrets seraient bien garder. De faire taire ce sentiment affolé qui montait, montait, montait, menaçant de créer une panique complète à l’idée que tout ce qu’elle avait jamais pensé de plus intime était entre les mains de cette fille. Pourtant, elle le savait depuis longtemps, que quelqu’un possédait le partage de ces secrets. Mais temps qu’elle-même restait anonyme, ces secrets n’étaient pas réels. Désormais, un peu de recherches et Sherwin saurait de qui Casey avait parlé. Il était impossible d’ignorer ce fait et la tentative de Bluebell lui fit hausser un sourcil sceptique : ne voyait-elle pas qu’il était trop tard ? Leurs yeux se croisèrent et elle lu dans celui de son interlocutrice que si, elle le comprenait. Alors Casey ne rajouta rien, se contentant de boire une longue lampée de l’alcool qu’elle tenait entre ses doigts.

Si la Serpentard ne cachait pas les émotions qui la saisissaient, affichant sa haine, tirant ses cheveux, dans une digne illustration d’une tragédienne face à l’acte final, la Serdaigle était toute de marbre et comme anesthésiée. Il fallait réfléchir, trouver une solution, mais quelle solution existait-il face à ce qui était inéluctable ? À savoir que, désormais, l’anonymat n’existait plus, que leurs belles confessions explosaient au grand jour, et qu’elles se retrouvaient nues, confiées au bon vouloir de l’autre. Un long regard partagé en dit bien plus que n’importe quelles paroles qu’elles auraient pu échanger. Si elles avaient été alliées dans les toilettes de Poudlard, elles étaient ennemies dans celles-ci. Par la force des choses, certes, mais ennemies tout de même. Casey n’allait pas s’abaisser à demander une trève, si Bluebell voulait une guerre froide, elle l’aurait, elle ne cherchait de toute façon aucune amitié dans cette école. Si la colère réciproque était le seul moyen de protéger ses secrets, elle plongeait dedans sans hésiter. Tendant le bras, la brune proposa à sa camarade de boire à son tour. La chaleur de l’alcool et ses propriétés dopantes faisaient un bien indéniable.

La scène qui se déroulait dans le miroir en face d’elle poussa Casey à s’adosser contre un des murs en marbre et à croiser les bras. Bluebell semblait bien moins maîtresse d’elle-même et ses gestes empruntés témoignent d’un besoin d’afficher une assurance qu’elle ne possédait peut-être pas tant que ça. La brune l’observa se rhabiller et réajuster son maquillage sans sourciller avant de croiser de nouveau son regard. Et alors elles abordèrent enfin ce qui les préoccupait.

Ainsi, Casey avait bien deviné : Finnbjörn était cette cheminée. Cela lui arracha un soupir : elle préférait réellement ne rien connaître de tangible. Non pas qu’elle ne soit pas capable de tenir un secret, elle en conservait de nombreux depuis son plus jeune âge, mais c’était bien simple quand on savait tout sans ne rien savoir. Hochant doucement la tête, sans perdre Bluebell du regard, elle répliqua du même ton dénué d’émotion qui était le sien depuis qu’elles avaient passé la porte des toilettes. Il ne saura rien de ce que tu éprouves pour lui. Si un jour il doit découvrir tes sentiments, ce sera de ton fait fit-elle, conciliante. Elle ne comptait pas se la mettre à dos, et si pour cela il fallait tempérer l’agressivité latente de ses paroles, et bien soit. C’était un bien faible prix à payer. Qu’il s’agisse de ton amour pour Finnbjörn, de tes haines et tes colères, ou encore des miennes, de mes peurs, de mon passé et de ma propre cheminée, tout cela ne doit jamais dépasser ces toilettes. Autant mettre les choses au clair directement, elles n’allaient pas y passer par quatre chemins. Nous voulons la même chose : que tout ceci reste entre nous. Et nous savons très bien que si nous commençions à dévoiler les secrets de l’autre, elle aurait tôt fait d’en dévoiler bien plus encore. Nous avons toutes les deux des cartes assassines en main, si nous les utilisons, même rien qu’une seule, c’est une guerre acharnée et aucune de nous n’en sortira intacte. C’était possible. Elles garderaient une méfiance éternelle et surveilleraient encore longtemps par-dessus leur épaule, mais si elles oubliaient l’existence de l’autre, tout ceci était possible. Elles avaient fait preuve de bienveillance l’une envers l’autre, pourquoi ne pas continuer ? Bien sûr leurs rendez-vous mensuels n’arriveraient probablement plus jamais mais peu importait, elles préféraient conserver leurs pensées intimes. Nous sommes d’accord ?

Leur conversation terminée, Casey porta sa main à la poignée de la porte et l’entrouvrit, avec un dernier regard pour Bluebell Sherwin, et retourna à la réception qui battait son plein.
electric bird.

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Winter is upon us

ft. L'Elite and The Other
Installée à la table, je ne savais pas exactement comment allait se dérouler cette soirée mais j'avais peur qu'elle ne soit pas aussi agréable que je ne l'avais espéré. Avec les Sorensen, il fallait toujours s'attendre à quelques entourloupes. Ils avaient toujours des idées tordues en tête, pour mettre en place d'autres idées tout aussi décalées et si on voulait faire parti de leur monde, il fallait supporter tout ça en silence et sourire, comme si tout allait bien. Mais j'étais loin d'être une débutante en la matière et je savais faire semblant d'être la personne qu'on attendait que je sois. Je feindrais donc de ne pas être chafouin parce que je n'étais pas installée aux côtés d'Hannibal et ravie de pouvoir profiter de cette soirée pour ressouder les liens qui m'unissaient à Alexis. Je plaisanterais avec mes voisins de table, échangeraient quelques regards complices avec Erin et espérerais en silence pouvoir profiter de la fin de soirée pour un petit tête à tête avec l'aîné de la famille.

Tout aurait pu bien se passer si seulement les gens avaient décidé de faire un léger effort. Mais il faut croire que c'était trop demander. Entre Alexis qui prend plaisir à envoyer des piques à Finn et mon meilleur ami qui décide de placer son insupportable ami à mes côtés, la soirée est définitivement loin d'être aussi agréable que je ne l'avais espéré. Junior arriva comme une fleur au début du repas. Monsieur ne peut pas faire comme tout le monde et arriver à l'heure, non il faut qu'il se pointe avec du retard pour être sûr qu'on le remarque. Vous comprenez, il se sait tellement insipide qu'il tente de palier ce défaut par d'autres défauts, encore plus agaçants, mais qui ne permette pas d'ignorer sa présence. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment Erin et Finn peuvent l'apprécier. Cela me donne la nausée de savoir que je dois faire bonne figure pour leur faire plaisir alors que ma seule envie serait de le pousser dans les escaliers dans l'espoir de le voir se rompre le cou. Mais au lieu de ça, je ronge mon frein, esquisse un sourire et me lève pour lui faire de la place à mes côtés. Une fois que sa chaise et ses couverts sont installés, je me réinstalle confortablement et, toujours armée de mon sourire, je me tourne vers lui pour lui répondre. "Junior. Une éternité !" Si seulement cela pouvait réellement faire une éternité. Malheureusement à chaque fois que je crois l'avoir évité, voilà que sa présence me revient en pleine face.

Je ne vais pas prétendre avoir eu la naïveté de croire qu'il ne serait pas convié à cette soirée. Connaissant la famille Sorensen, cela aurait été totalement aberrent qu'il ne soit pas des nôtres. Mais la table est suffisamment grande pour pouvoir le coller dans un coin, à l'opposé de moi. Au lieu de ça, mon meilleur ami à l'audace de me le coller dans les jambes. S'il tient vraiment à l'avoir à ses côtés, qu'il décale Hannibal, pourquoi me faire endurer ce supplice ? Quand il me "complimente" ? (non je déconne !) sur ma tenue, je laisse mon regard le balayer sans gêne, en quête d'une réponse convenable et dieu sait que c'est totalement à l'opposé de ce que j'ai en tête en ce moment. "Ta veste est .... ravissante !" Je ne pousse pas le vice à prétendre qu'elle lui va, il ne faut pas déconner. J'ai déjà fait un effort surhumain pour ne pas tenter de l'étrangler, qu'on ne m'en demande pas plus. Coincée entre Alexis et Junior, je me demande vraiment ce que j'ai fait pour mériter une chose pareille. Entre Miss Jenesaispascequejeveuxmaisj'adoreattirerl'attentionpourmesentirexister et Mister Jen'aiaucunepersonnalitéetpaslamoindrecapacitéderéflexionmaisjemedonnedesgrandsairs-
pourfeindred'avoirdelapersonnalité, je vais passer une soirée des plus délicieuse. Où est la Belladone ? Fort heureusement, les jumeaux Sorensen décidaient de nous divertir par une petite joute verbale que j'écoutais avec plaisir. Je pourrais avoir de la peine pour mon meilleur ami d'être ainsi ridiculisé mais la présence de Junior à mes côtés m'avait ôté toute envie d'être un soutien quelconque pour lui ce soir. Quand on cherche la merde, on la trouve. Mais j'avoue que quand je vois Roxy se mettre à lui répondre, avec son hypocrisie habituelle, cela est trop pour moi et je préfère me lever et prendre mon assiette. "Je vais profiter qu'il y ait moins de monde au buffet pour me servir." Balançais d'un ton qui se voulait sympathique alors qu'on pouvait malgré tout entendre une amertume en fond. Je détestais cette soirée et j'aurai préféré prétendre être malade plutôt que de subir tout cela. Je m'éloignais de la table pour rejoindre le buffet.


HARLEY-
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winter is upon us
ft. C. Junior d’Archambault et le gratin de Poudlard

Je n’avais eu qu’à mettre les pieds à cette réception pour comprendre que la soirée aurait été bien meilleure encore à attendre mon père à côté de la cheminée. On s’habituait très vite à devoir supporter quelques traîtres à ce genre d’événements, bien sûr, la décadence des moeurs touchait bien trop de sorciers ces derniers temps pour espérer échapper à leur si délicieuse présence mais je n’avais pas supposé une seule seconde qu’il aurait fallu composer directement avec des impurs. Au nom de quoi ? Ça n’avait absolument aucun sens et la déception qui en découlait était violente. Au moins autant que l’envie de faire demi-tour sur le champ. L’amitié que je vouais aux Sørensen ne valait pas une telle humiliation. Si ça les amusait, eux, de fricoter avec la vermine, que grand bien leur fasse, mais ça n’était pas mon cas ! Pour autant, je n’avais aucun mal à envisager que tous n’avaient pas eu leur mot à dire dans cette histoire… et je me voyais difficilement abandonner Erin à son triste sort alors qu’elle était probablement aussi dégoûtée que je pouvais bien l’être. Ce fut donc à contre-coeur, mais avec une cordialité évidente, que je rejoignis ma place entre notre maître de cérémonie et sa plus proche bouffonne. Parce qu’il ne me suffirait pas d’ignorer les insectes qui s’étaient frayé un chemin à cette table, non, il faudrait en plus avoir l’air ravi de passer la soirée aux côtés de leur représentante officielle

Junior. Une éternité !

Et notre entente sur ce point trahissait à elle seule l’antipathie réciproque que nous ressentions. Je ne me défis me pas de mon sourire alors qu’il se teintait d’une déception vague et hypocrite, comme si j’avais pu être assez bête pour trouver ça dommage rien qu’un instant. Moins je la voyais, mieux je me portais, c’était évident ! Mais la bienséance nous empêchait de nous étriper publiquement, si bien que nous nous étions toujours contentés de sourires faux et de conversations inexistantes. Il était probablement difficile, pour que que ce soit qui ne nous connaissait pas réellement, d’envisager réellement que nous ne nous entendions pas.

Ta veste est... ravissante !
Je sais, admis-je simplement avant de reporter mon attention sur ce qu’il se passait autour de la table.

Et autant dire que ça ne semblait pas s’arrêter… C’était un véritable ballet, des allées et venues à n’en plus finir. Les Sherwin, Knight, Pumpkin femelle… tout le monde disparaît et s’éparpille… Je ne pouvais que me tenir coi en essayant de suivre distraitement ces mystères qui pullulaient un peu partout. Mais ma meilleure amie ne m’en laissa pas vraiment le temps, s’adressant à son frère assez discrètement pour que nous puissions tous profiter du spectacle. Mon attention ne mit pas longtemps à être happée par leur discussion…

Finnbjörrrn, je voudrrrais ton avis. Penses-tu que Bluebell prrréfèrrre Casey Pumpkin à ta compagnie parrrce qu’elle développe un faible pourrr les Serrrdaigle et impurrrs de surrrcrrroit ?
Je suis navrrré, même en essayant de cherrrcher je ne vois pas pourrrquoi ça m’intérrresserrrait, lui répondit-il simplement.

L’attaque me semblait venir de nulle part et se poser sur la table comme un cheveu sur la soupe… Mais peut-être avais-je loupé un épisode…? À ma gauche, Finn restait imperturbable, comme à son habitude. Ce qui n’arrêta évidemment pas Erin.

Ou alorrrs carrr Casey se montrrre plus douée en magie que cerrrtains ?
Mais je t’invite à le lui demander toi-même si tu le désirrres, aux derrrnièrrres nouvelles je ne suis pas son porrrte-parrrole.

Un silence presque religieux s’était installé sur notre petit coin de table et Phoenix semblait tout aussi captivée par ce qui se déroulait sous nos yeux que je pouvais bien l’être moi-même. Ça avait au moins le mérite de faire l’animation et je n’étais pas loin de les remercier pour m’éviter d’avoir à faire la conversation à ma voisine. Tant qu’ils continuaient, nous avions une bonne excuse pour ne pas nous murer dans un mutisme plus parlant que toutes les mises en scène comme celle-ci…

Ou peut-êtrrre prrréfèrrre-t-elle simplement les filles.
Grrrand bien lui fasse. Aurrrait-elle décidé d’épouser un cheval que cela m’aurrrait autant ému.

Notre hôte perdait peu à peu son calme et commençait à pianoter sur le bord de la table. Le tap-tap qu’il produisait était parfaitement agaçant. Cela dit, ça n’aurait finalement pas eu grand chose d’étonnant qu’elle puisse s’éloigner sur des chemins aussi douteux que ceux-là… Les pauvres parents Sherwin devaient déchanter de voir leur progéniture se ridiculiser à la moindre occasion et ternir si salement leur blason. D’ici que l’on apprenne qu’ils avaient, tous autant qu’ils étaient, oeuvré pour sortir l’ignominie de son cachot, il n’y avait probablement qu’un pas.

Tu as d’autrrres inforrrmations de la plus haute imporrrtance à nous communiquer, ou bien tu comptes finalement cesser de nous couvrrrirrr de honte en plein rrrepas ?

L’histoire s’arrêta là et, avant de partir, le regard d’Erin s’accrocha un instant au mien. Je la suivis des yeux jusqu’au buffet et retins un soupir. Je ne savais pas ce qui se passait ce soir mais ça ne ressemblait en rien au moment que j’avais attendu. Et quelque chose me dérangeait dans sa manière de tout plaquer ainsi, juste pour suivre Judith. Finnbjörn bougea légèrement et me ramena aussitôt au reste de la table. J’abandonnai ma meilleure amie et sa soeur et me reconcentrai sur ce qui se racontait.

Au nom de notrrre famille, je vous prrrie d’excuser ma soeurrr. Vous constaterrrez que son besoin d’attention constant prrrend malheurrreusement le dessus surrr les civilités. J’espèrrre que vous ne vous en forrrmaliserez pas outrrre mesurrre.

J’étais incapable de savoir si c’était par politesse ou seulement pour enfoncer sa jumelle et se venger de la petite scène qu’elle venait de faire. Si le but de la soirée était de tirer dans les pattes de tout le monde, peut-être aurait-il mieux valu commencer par ce qui gisait lamentablement au bas de l’échelle plutôt que d’attaquer directement son sommet… Mais après, ce que j’en pensais… Du côté de mes parents, ça avait l’air plus simple et probablement plus digne d’intérêt. Je regrettai presque d’être ainsi exilé loin d’eux…

Ne t’en fais pas, répondit la petite Reid.
Et puis il faut voir le bon côté : on sait au moins qu’Erin est au mieux de sa forme, ce soir !

Un haussement d’épaules à la limite de l’indifférence ponctua ma phrase alors que j’acceptais le verre qu’on me proposait. Rares étaient les fois où je trouvais quoi que ce soit à lui reprocher. D’accord, les bonnes manières souffraient parfois un peu et la délicatesse était morte depuis longtemps mais elle avait le mérite de nous sortir des mornes conversations sur la pluie et le beau temps dont tout le monde se fichait pas mal.

Je vais profiter qu'il y ait moins de monde au buffet pour me servir.

Le monde entier semblait s’être pressé vers le buffet, ou peu s’en fallait, mais je ne pris même pas la peine de le lui faire remarquer. Elle n’avait pas tort, l’ambiance autour de cette table était pesante et il me tardait d’y échapper un peu également.

Elle n’a pas tort, lâchai-je doucement à l’attention de Finnbjörn, comme pour m’excuser de lui faire faux bond à l’instar du reste de la table ou presque, je reviens.

J’attrapai mon assiette et disparus aussitôt. Elle n’a pas tort, si ça n’avait pas été limite le désespoir qui parlait, jamais je n’aurais dit quelque chose comme ça de Phoenix Reyes. Quand bien même ça aurait pu être vrai, ce dont je doute, jamais je ne me serais rabaissé à le remarquer. Je laissai une distance raisonnable entre elle et moi et fuis rapidement en direction d’Erin et Judith.

Bonsoir Mesdames, soufflai-je alors en arrivant à leur hauteur, dans un respect sincère mais ouvertement exagéré, je commençais à me languir de votre compagnie…

Il faudrait qu’on m’explique pourquoi on m’imposait cette idiote de Gryffondor… Mais on ne discutait pas le plan de table et on faisait bonne figure. Qu’importe s’il s’agissait d’une idiote sans cervelle tout juste bonne à offrir des sourires mielleux à qui voulait bien les recevoir… Je balayai néanmoins tout ressenti à l’égard de Reyes et rivai mon regard clair au visage de ma meilleure amie. Là encore, il y avait des choses à expliquer !

C’était quoi, ça ?

Mon ton n’avait strictement rien de réprobateur, bien au contraire, et le regard que je coulai en direction de la Poufsouffle alors que je décorais mon assiette du premier truc qui me passait sous la main pour donner à ma présence ici une bonne raison trahissait sans le moindre mal mon amusement. Peut-être que cette soirée serait moins pénible qu’elle ne le laissait penser à mon arrivée…
code by bat'phanie


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winter is upon us
invités & co


Rien ne pouvait me faire plus plaisir ce soir que de voir Finnbjörn perdre de sa superbe. Je détestais les manières paternalistes qu’il se permettait parfois d’adopter avec moi, je maudissais son amnésie qui le poussait à une prudence malvenue nous empêchant de retrouver nos duels mais, en ce moment même, je l’exécrais surtout pour sa touche personnelle distillée dans le plan de table. Je n’étais pas dupe, je le connaissais trop bien pour ne pas reconnaître sa manière de faire. Une nouvelle fois il me tenait à l’écart à de ses petites combines et jugeait bon de manipuler son monde comme s’il était le Roi. Mais un Roi devait composer avec une Reine et je n’allais pas manquer de le lui rappeler ce soir. Mon éternel sourire teinté de cruauté ne le tromperait pas mais ce n’était pas le but : je lui laissais la main mise sur l’hypocrisie.

Tennessee Frey est un parfait prétexte pour lancer les hostilités mais j’ai besoin de plus pour les nourrir et enflammer ce feu qui brûle déjà entre nous. Sherwin bis et son air agités quittent la table en compagnie de Pumpkin impure, me laissant tout le loisir de saisir cette opportunité pour piquer mon frère tant adoré. Je ne sais pas exactement ce qu’il se jouait entre lui et la Serpentard mais je n’avais pas oublié son air méprisant teinté de dépit lorsqu’elle s’était présentée au bal de Noël au bras d’un incestueux bouseux. Et puis quand bien même je me trompais et que cela ne l’atteignait pas, maltraitrer la réputation de cette détestable fille était toujours un réel plaisir.

Son impassibilité digne d’une statue de marbre étire mon sourire fauve. Je sens les regards peser sur moi et j’adore ça : un spectacle n’est digne d’être appelé comme tel que lorsque la foule se presse pour le contempler. Finnbjörn avait voulu être entouré de cette pitoyable compagnie et agencer les invités de manière retorse, sachant sciemment à quel point je détesterais ça ? et bien soit. Ne te contente pas d’essayer. Cherrrche un peu plus, fait un efforrrt réponds-je du tac au tac, ouvertement moqueuse. J’ai souvenirrr d’un intérrrêt tout parrrticulier pour les frrréquentations de Bluebell, au bal de Noël si ma mémoirrre est exacte. Evidemment qu’elle l’était : je n’étais pas amnésique, contrairement à mon jumeau. Certains sujets étaient cependant trop sensibles pour que je me permette de les étaler en public. Et encore moins en si piètre compagnie. Je réservais ces traits pour de futurs moments où nous ne serions que tous les deux. Finnbjörn conserve son flegme glacial, m’amenant à poursuivre. Critiquer Bluebell était d’une facilité déconcertante et un plaisir indéniable. Je ne ressens une satisfaction sauvage que lorsque je vois les doigts de mon jumeau pianoter agressivement le bois de la table. Je constate en effet ton émoi m’amusé-je. Je me devais de savourer toutes les victoires, même les plus infimes. Et au coeur d’une réception donnée par notre famille, autour d’une tablée qu’il se veut présider, montrer le moindre signe d’agacement n’était pas si peu quand il s’agissait de mon tendre frère. Toute la fierté que je tire de cet échange pétille dans mes yeux clairs que je darde sur son visage lisse. Si j’apprécie être le centre de l’attention je sais qu’il déteste ça. Un deuxième point pour ma satisfaction personnelle. Cette soirée commencerait enfin à devenir divertissante. Je m’humecte impérieusement les lèvres avant de laisser un énième sourire dessiner les traits de mon visage face à l’agacement désormais perceptible de Finnbjörn. Ses mots, son ton, ou encore ses couverts qu’il replaçait comme pour se donner une contenance, et les elfes qu’il interpelle pour se redonner de la prestance. Tout me l’indique et me fait jubiler. Je n’ai pas encorrre décidé. Mais n’implique pas nos cherrrs invités dans cette converrrsation, Finnbjörrrn, tu es le seul que je cherrrche à couvrrrir de quoique ce soit. Derrière la moquerie et la satisfaction perçait une pointe de menace. Qu’il comprenne qu’il m’avait irritée ne me suffisait plus. Je voulais le sentir aussi mécontent que je l’étais.

J’avais toute la soirée, et bien plus encore, pour cela. Pour l’instant, le mouvement que ma cadette amorce en repoussant sa chaise loin de la table me donne envie d’aller respirer un air plus frais et moins alourdi de la suffisance de certains. Je me perds une seconde dans l’opalescence du regard de mon meilleur ami avant de quitter cette tablée dont la présence de tous ces impurs ternie bien plus que notre repas. Une main dans le dos de Judith, les ongles suffisamment enfoncés dans le tissu pour qu’elle les sente, je nous guide jusqu’au buffet. Tu fais forrrte imprrression avec cette sublime rrrobe fais-je, narquoise, tandis que j’intercepte un regard railleur de la part d’un invité qui croise notre chemin. Arrivées aux plats fumants, j’exerce une impulsion de ma main toujours fermement posée contre les omoplates de Judith. Suffisamment forte pour qu’elle fasse un faux pas tandis que je l’observe sans compassion, un bras protecteur levé dans sa direction comme si je cherchais à la retenir. Attention où tu mets les pieds. Tu pourrrais tomber. Je ne souhaite pas voir Grand-Mère débarquer derrière moi, silencieuse mais le regard sentencieux. Je suis irréprochable ce soir. C’est du moins l’apparence que je donne. Il n’y a bien que deux ou trois personnes que je ne cherche pas à tromper sur ce point.

Je balaie du regard les quelques invités qui se pressent autour des mets avec leurs assiettes. La pièce est envahie du brouhaha des conversations mais je note que la nôtre se vide de plus en plus. Un nouveau sourire vient faire vibrer mon visage : je n’étais pas la seule à fuir la présence de mon frère. Junior arrivait à notre hauteur tandis que je faisais ce doux constat et il bénéficia du premier sourire parfaitement sincère et dénué de venin depuis le début de cette réception. Forsvinn laché-je à l’intention de ma cadette avant de dédier toute mon intention à mon meilleur ami. Mon prrrince, tu es trrrès élégant. C’est à ta tenue que nous devons ton rrretarrrd ? Il était de notoriété publique que les d’Archambault n’avaient pas inscrit la ponctualité en lettres d’or dans leur devise, aussi me moqué-je gentiment de leur arrivée tardive mais somme toute habituelle. L’unique point dans tout cela qui me faisait grincer des dents était que je n’étais pas assise à ses côtés.

Je le suis, alourdissant distraitement mon assiette de choses et d’autres qui me semblent alléchantes, et son regard amusé provoque un petit rire. De quoi veux-tu parrrler ? fais-je d’un air faussement innocent. Je ne peux pas le conserver bien longtemps face à l’air entendu de Junior et son regard espiègle, semblable au mien. De cette pitoyable tablée orrrchestrrrée par mon frrrèrrre ? De mon rrressentiment à son égarrrd ? Ou de ma magnifique tenue ? terminé-je sur un ton prétentieux et ravi. Il ne faisait aucun doute pour moi que mon meilleur ami partageait entièrement mon point de vue sur nos compagnons d’un soir et sur leur droit d’être à cette table. Je comprenais les raisons qui poussaient Grand-Père à inviter ces personnes, mais je ne pouvais concevoir que Finnbjörn cherche à nous les imposer, encore plus alors qu’il nous divise sciemment.

Las ! il faudra bien tenir quelques heures encore. Je n’étais jamais à court d’imagination lorsqu’il s’agissait de faire fulminer mon jumeau. Et Junior n’était pas si loin de moi, de même que Phoenix. Mieux valait ne pas penser au reste et surtout pas aux cafards invités à la table des rois. Je me perds quelques secondes dans la contemplation de celle-ci, qui resplendit par l’absence d’une grand partie de ces membres. Je note soudainement que ni Bluebell, ni Casey ne sont revenues et je me tourne là où je les ai vu disparaître quelques minutes plus tôt. Que pouvaient-elles bien manigancer ? Accompagne-moi ! Ni mon ton, ni mes doigts qui s’enroulent doucement autour de son poignet ne sont une invitation : je ne lui laisse tout simplement pas le choix de venir avec moi. Il nous faudra bien trop vite retourner à table et être bien trop éloignés pour que je ne saisisse pas la moindre occasion de faire durer un petit peu notre complice tête-à-tête. Satané Finnbjörn ! Son calcul n’était pas des meilleurs en ce qui me concernait : s’il avait consenti à asseoir Junior à mes côtés, il se serait assuré une soirée des plus tranquilles. Pumpkin et Sherrrwin ne sont pas rrrevenues, je me demande ce qu’elles font lui expliqué-je tout en l’entraînant à ma suite. Elles avaient disparu dans ce couloir qui menait au reste de l’appartement. Si elles étaient allé fouiner quelque part, elles passeraient un mauvais quart d’heure. Avant d’aller vérifier par là-bas, je m’approche des toilettes situées quelques pas plus loin et colle mon oreille à la porte. Je n’entends rien les premières secondes puis mon ouïe s’ajuste progressivement, éludant les résidus de conversations qui proviennent de la salle principale. Les timbres qui me parviennent de derrière le battant en bois ne peuvent être que ceux de nos deux absentes. Je n’entends pas tout mais ce que je perçois me suffit. Rrretourrrnons à table avant d’êtrrre surrrprrris fais-je dans un souffle à l’intention de mon meilleur ami.

Quelques instants plus tard, le temps d’un rapide passage au buffet pour récupérer nos assiettes, et nous revoilà assis autour de l’enfer. Encore que je serais plus favorable à l’enfer qu’à cet endroit, présentement. Le destin décida précisément de se jouer de cette pensée furtive qui m’avait traversé l’esprit. Grand-Père et l’un de ses amis, que je reconnus comme était un Pumpkin, dressèrent leur imposante présence au-dessus de notre table. Mes enfants, j’espère que vous passez une agréable soirée commença Grand-Père, faisant naître un savant mélange de faux sourire et de grimace désabusée sur mon visage. Luca poursuivit-il en se tournant vers celui qui me faisait face, de l’autre côté de la table. Je disais à ton Grand-Père que nous n’avions pas eu l’occasion de te croiser cet été, lorsque nous avons été aimablement accueilli chez vous. Tu n’as pas changé ! Je ne peux m’empêcher de retrouver les traits de mon vieil ami continua-t-il en s’adressant de nouveau à son vieil ami. Cette apparition inopinée ne pouvait pas être fortuite, et je coulais un regard en direction de mon jumeau, puis de mon aîné, avant de revenir sur le visage de mon aïeul : que voulait-il ?
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“winter is upon us.”
Je ne cherche ni l’attention, ni la pitié. Simple isolation, simple choix de rester à table, là où j’aurais un œil sur tout, là où je n’aurais pas besoin de supporter la voix de qui que ce soit au creux de mon oreille. Je suis assis depuis de longues minutes, terminant calmement mon verre illuminé par quelques reflets argentés de la foule d’invité. Pensant à la situation, scrutant ma propre famille, ignorant presque tous les autres. Seul pèse mon regard. Puis c’est lorsqu’il ne reste plus une seule goutte de bourbon au fond de mon verre, que vient le moment d’ouvrir à nouveau mes écoutilles aux conversations qui tournent autour de la table. Et comme je l’avais estimé, ça ne vole clairement pas haut. Remarques désagréables, hypocrisie, plaintes, messes basses, je ne m’éternise finalement pas longtemps sur eux. Par exemple, Finnbjörn qui est assied à une personne de moi, subit les méandres de sa petite sœur, jeune Erin toujours aussi mauvaise. Elle parle justement de ma demi-sœur Casey, et c’est pour cette raison que j’écoute si attentivement. Serdaigle impure de surcroît, vraiment ? Si sa présence vous est aussi déplorante, pourquoi l’avoir invité ? Chacune des familles ici présentes sont fières de leur sang, c’est pourquoi je me suis longuement interrogé sur le rôle de Casey dans toute cette mascarade hypocrite. Les observer du coin de l’œil, sourire mesquinement lorsque mon ancienne admiratrice quitte la table. Le Gryffondor s’excuse alors, des doigts agacés contre ses tempes. Il s’adresse à l’attablée, au peu de personnes ayant le courage et la patience de rester près de lui. Une jeune fille lui dit de ne pas s’en faire. Pour ma part, je connais Erin, rien dans son comportement ne saura un jour m’étonner. « Les sœurs et leurs innocentes joues rondes ont le don de rendre cinglé. » Dis-je d'une voix légèrement cassée par mes minutes de silence. Aucune volonté de sympathiser, je profite juste de l’occasion pour critiquer. J’aurais pu suivre le mouvement d’Erin dans la seconde, mais je préfère ne pas m’embêter et accepter qu’il me face servir un verre. Pas un sourire ne perce sur mon visage. Le dessous de mon verre vide se pose sur la table et en appel un autre. Ne porter aucun regard à notre hôte, ni même à l’elfe de maison auquel il s’adresse, répondre pourtant à l’invitation de Finnbjörn Sorensen. « Surprenez-moi. » Je me fiche bien du liquide que je vais ingurgiter, à partir du moment où je ne me dessèche pas.

Voir revenir Erin à la table après quelques minutes, voir s’approcher en duo nos nos grands-pères respectifs. Un amas de trou de balles débarque en une fraction de secondes. Mon grand-père, accompagné du papi Sorensen me fixent. En fait, ils nous fixent, Erin et moi. Je ne porte même pas la moindre intention sur elle tellement leur regard m’énerve, pire encore lorsqu’ils nous abordent. Leur passage n’est que de courte durée, je le sais bien, pour autant ils auront le don de me faire bouillir. Et ça ne manque pas. Celle similitude entre moi et les membres de ma famille est une évidence que je renie. Nos yeux glacials sont notre signature, nos traits fins et caractériels sont notre marque. Mais je sens qu’ils veulent aller bien plus loin que ça. S’ils viennent à cette table en cet instant, c’est pour une bonne raison. Voir leurs petits enfants en premier lieu, cela va de soi. Mais ses gens ont toujours des choses derrière la tête. Ma parano se méfiera toujours. Me forçant à éloigner du bleu de mes yeux cette glace signée Pumpkin, j'écoute Papi Sorensen s’adresser à nous, à moi et Erin, à qui je jette finalement un regard ennuyé. Non monsieur, nous n’avons pas eu l’occasion de nous voir cet été, et je n’ai d’autre choix que de me préparer à lui lécher les bottes parce qu’au fond de moi, je n’en ai rien à cirer. Une chance, je n'ai pour l'instant qu'à me forcer à lui sourire, laissant mon propre aïeul prendre la parole. « Luca est un garçon très prometteur, je mets beaucoup d'espoir en lui, et j’en mettrais d’avantage s’il n’avait pas autant de conviction à dévier du chemin que je trace devant ses pas depuis son enfance. » Dit-il en réponse aux absurdités de son "ami". Il continue de plus belle. « Tiens, en parlant d’enfance, cela me rappel l'espoir que nous misions également sur l’union de nos petits enfants aînés. Il ne faisait aucun doute que cette paire de conformité ferait un jour le bonheur de ses aïeux. Et à en voir la femme fabuleuse qu'Erin est devenue, j'aurais presque encore l'espoir que cela se concrétise. T'en souviens-tu cher ami ? » Ah voilà, on y vient. La voix de mon grand-père s’adressant à Sorensen perce à travers chacune de nos oreilles. C'est qu'il trouverait presque ça drôle le bougre ! Bien au courant du coup de cœur qu’Erin avait pour moi autrefois, il est facile pour lui d’installer gêne et désaccord en peu de temps. Les deux chefs de clan se transforment en deux gros gamins, et moi, je m’efforce ne pas relever leur discussion qui sonne comme si nous n'étions pas là. Finalement c’est plus fort que moi. Leur portant un regard vide, je rétorque finalement des paroles que je me force de ne pas rendre abjectes. « J'imagine que ce doit être très embarrassant pour vous, de ne pouvoir tout contrôler. » Aussi simple que ça, un sourire hypocrite au coin de la lèvre. Oui, cette soirée est le genre de soirée où même le moins faux de tous est forcé de jouer le jeu. Je déteste ça.



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Amelia I. Ferguson

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Winter is upon us
Le gratin & Judith

« Nuit de folie »

Cette lente agonie n’aurait donc jamais de fin. Cette soirée était un véritable poison mais contrairement à ces derniers, elle ne me passionnait pas le moins du monde. L’air était un peu électrique et certains invités paraissaient légèrement sur les dents. A voir la tête que Phoenix faisait, elle n’était pas franchement ravie de voir Junior s’incruster entre elle et Finnbjörn. Peut-être aurait-elle préférée être installée aux côtés de notre aîné ? Je lui cédais volontiers ma place si le cœur lui en disait. Les tendres paroles d’Erin vinrent chatouiller mon ouïe. Incapable de se taire plus de quelques minutes, c’était désolant. A quel moment l’éducation de notre grand-mère avait-elle pêché avec elle ? La locomotive était lancée et, avec autant d’élégance d’un sanglier qui chargeait, elle piétina avec ardeur le semblant d’ambiance de cette réception. Finalement, le rôle de batteuse lui allait plutôt bien. Sur un balai ou dans une robe de bal, toujours la batte à la main. Finn allait faire un infarctus mais sa dignité à toute épreuve était louable, je n’aurais pas aimé être à sa place. D’un autre côté, la mienne n’était déjà pas vraiment enviable. J’écoutai d’une oreille distraite les commentaires agréables de ma sœur. Et comme d’ordinaire, je ne pouvais saisir la moitié des sous-entendus, faute de parler dans la même langue que les jumeaux. Ou peut-être était-ce que je ne me souciais guère de savoir à quoi ma sœur pouvait faire allusion. Je profitai de l’occasion pour m’enfuir : le moment était propice, le regard de chacun était alternativement rivé sur mon frère et ma sœur. En étant un peu discrète, personne ne me remarquerait. Personne excepté la reine des cauchemars elle-même. Manqué Judith. A croire que je passais moins inaperçue qu’autrefois… Le voix grinçante d’Erin manqua de me faire sursauter. « Judith, tu as bien rrraison d’aller cherrrcher de quoi te nourrrirrr, tu es maigrrre à en fairrre peurrr. » Voilà qui était formidable. Je lançai un regard de détresse en direction de mon frère avant de rejoindre le buffet. Ne pouvaient-ils pas régler leurs comptes seuls ? Si Finn n’avait pas été aussi jaloux du privilège accordé à sa jumelle, aurait-il décidé de la placer juste à côté de moi ? Car j’en avais la quasi-certitude, il était responsable de ce plan de table médiocre. Il n’y avait que dans un esprit comme le sien que pouvait germer des idées aussi saugrenues, pour ne pas dire incongrues.

C’est donc escortée de mon épouvantard que je me rapprochai du festin. Je n’avais plus tellement faim. Sa main griffue s’enfonçait dans mon épaule. Cette fille était un vrai monstre de contes de fées. Elle continuait à piailler, indifférente au chaos qu’elle avait semé à table. « Moins que toi avec ce diadème. » Contrairement à son accoutrement, le mien était passé presque inaperçu. La pression se fit soudain plus forte et je fis un pas de travers. Je serrai les dents, vexée et agacée. « Attention où tu mets les pieds. » Pourquoi ne me laissait-elle pas tranquille pour une fois ? La salle regorgeait de gens à torturer. D’ailleurs, les frasques de mon aînée semblait avoir entraîné un exode et derrière nous, d’autres s’étaient empressés de quitter la table pour venir se servir. Parmi eux, un prophète. « Bonsoir Mesdames » Junior vint me sauver la mise. Je lui adressai un sourire amical avant de me résigner. J’avais certainement l’air d’une idiote. En une fraction de seconde, l’attention d’Erin se porta entièrement sur Archambault et elle m’oublia par la même occasion. Mieux encore qu’une formule magique. L’instant suivant, elle disparaissait en entraînant le jeune homme à sa suite. Presque un mirage. Je ne voyais pas ce qu’il pouvait bien lui trouver, elle était aussi grossière qu’il était raffiné mais la seule chose qui comptait actuellement c’était que la mégère était repartie. Je pris mon temps pour me servir, observant et comparant minutieusement chacun des plats avec un intérêt feint. Notre grand-père s’était approché de la table et je préférai attendre qu’il termine son petit discours avant de revenir m’asseoir parmi les hôtes. Malheureusement pour moi, il ne semblait pas vouloir repartir et mon assiette allait finir par refroidir. A contrecœur, je repris le chemin du bagne. Je me glissai à ma place sans un bruit. Le type bizarre avait retrouvé l’usage de la parole et s’adressait à un homme qui accompagnait Kaspær. Impossible de savoir de quoi il retournait mais son ton ne me disait rien. J’aurais peut-être mieux fait de rester près du buffet finalement.

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August P. Rowle

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Winter is upon us | ft. les sangs-purs


Bluebell pouvait maîtriser ses remarques déplacées, ses colères noires, ses accès de mépris et bien d’autres éléments qui pourtant semblaient spontanés chez elle, car elle avait toujours préféré la dignité à des épanchements pathétiques comme dans les tragédies grecques. Mais le mouvement spasmodique de sa lèvre supérieure, qui se contracta un instant, tirant son nez et levant son sourcil dans une expression de dégoût et de dédain, parcourut son visage sans même que la Serpentard puisse s’en apercevoir.
L’amour.
Ce mot avait tout naturellement empreint son visage de cette expression désabusée, sûrement parce qu’il s’agissait d’un mot parfaitement inconnu et qui sonnait terriblement mal, prononcé par une amie qui en fin de compte venait de basculer du côté des ennemis par la simple faute d’avoir révélé son visage au grand jour. Cette réception était désastreuse, mais pas autant que la tempête glaciale qui soufflait en Bluebell, balayant toute rationalité, toute retenue, tout soupçon de tranquillité. La jeune fille resserra sa prise contre les bords du lavabo dans son dos, blanchissant ses phalanges et engourdissant l’extrémité de ses doigts glacés par la porcelaine. “Ne parle pas de choses que tu ignores. Ce n’est pas de l’amour, et la seule chose assassine qui puisse être, ce ne sont pas ces prétendues conclusions que tu tires d’un simple état d’âme d’adolescente. Ce sera mon attitude en ton égard si tu continues de prétendre que cet idiot de Sørensen suscite mon amour.” Bluebell eut alors une réaction des plus étonnantes ; sa froideur se brisa sous un éclat de rire nerveux à la prononciation de ce dernier mot. “Ne transpose pas sur moi l’amour que tu as pour Brooklyn, chère Pumpkin.” Elle croisa alors le regard de son interlocutrice avant de relever le menton. Bien, maintenant que les points sur les i étaient bien transposés et rédigés, elles pouvaient en toute confiance, au moins relative, se séparer. Bluebell se détacha du lavabo et fit un pas en direction de Casey. “Nous sommes d’accord. Gardons ces confidences pour les toilettes, après tout, le grand monde n’a pas besoin d’entendre parler de cheminées”, conclut-elle avec un hochement de tête entendu. Mais déjà Casey quittait la pièce, et Bluebell se retrouva bientôt seule dans ces toilettes fastueuses avec pour seule compagnie l’alcool qui montait en elle, réchauffant ses bras et secouant légèrement ses jambes.

La jeune fille poussa un long soupir avant de se tourner à nouveau vers son reflet. Il aurait certainement été temps pour elle de faire le point avec l’image renvoyé par le grand miroir devant elle. Laisser tomber son armure face à Finnbjörn dans les cachots, puis cette excursion dans la Forêt Interdite, ses doigts fermement serrés autour des siens ; leurs échanges houleux par hibou qu’elle attendait néanmoins avec une certaine impatience. De l’amour ? Une nouvelle moue traversa son visage. Pumpkin n’y comprenait rien. Après tout, la haine ressemblait en bien des points à de l’amour : elle obnubile, resserre l’estomac, agite la raison. La vengeance, tout comme la séduction, était méthodique, calculée, et prenait du temps. C’était par ailleurs ce qu’elle avait voulu entendre en parlant de sentiments en son égard ; des sentiments confus et sombres, après tout, combien de fois avait-elle eu envie de le briser alors qu’ils s’aventuraient dans cette maudite Forêt, collés l’un à l’autre ? Combien de fois avait-elle eu envie de le mettre plus bas que terre, de l’achever, de le détruire, lui et sa stupide perte de mémoire, lui et ses mimiques froides et détachées, ses mots incisifs, son regard glacial, son superbe arrogance et son égoïsme ?
Bluebell croisa son propre regard dans cette grande glace immaculée. Maintenant qu’elle avait réajusté certains détails, elle était à nouveau parfaite. Tout était bien régulé, contrôlé, maîtrisé, et ses yeux commençaient à éteindre l’étincelle qui les avait parcourus quelques instants auparavant. Elle semblait apaisée, alors qu’elle ouvrit l’eau du robinet pour se laver les mains, comme purgeant ses dernières pensées coupables.

Oui mais, combien de fois avait-elle manqué l’occasion de le ruiner de manière totalement consciente ? Pire, combien de fois avait-elle été vulnérable face à lui, combien de fois lui avait-elle été un soutien, combien de fois avait-elle fait son maximum pour le protéger et combien de fois avait-elle dépendu de lui pour s’en sortir ? Et si c’était finalement ça, la nuance de l’amour face à la haine ? L’abandon de son égo et la confiance aveugle dans les pires situations ? Y avait-il seulement eu une personne sur cette planète qui l’avait jamais vue aussi fragile, spontanée ? Et il ne l’avait toujours pas laissée tomber, depuis qu’ils s’étaient rencontrés à nouveau. Même son regard, lorsqu’elle était arrivée à la réception, avait été lourd de sous-entendus ; mais il n’avait pas pris une seule nuance malveillante ou mauvaise. Et si cette perte de mémoire qu’elle avait tant accusée et raillée avait finalement permis à toute cette sourde colère de se changer en une étrange forme de bienveillance ?

Bluebell prit le savon, frotta ses mains un instant avant de rincer ses doigts et de fermer le robinet. Elle leva à nouveau le visage sur son corps devant elle, se demandant si la sensation de lâcher prise et d’étourdissement venait de l’alcool qu’elle venait d’ingurgiter ou de la confusion de son propre esprit, puis partit à pas pressés vers la porte qu’elle ouvrit à la volée.

C’était si bruyant, aussi bien en elle que dans cette salle de réception bondée où les rires hypocrites allaient bon train. Croisant Phoenix qui avançait vers le buffet, la jeune fille adressa un sourire à son visage rayonnant, se demandant si elle aurait jamais la chance d’être autant maîtresse d’elle-même que cette Gryffondor sûre d’elle et déterminée. Puis elle avança vers la table, croisant au loin le regard de Maxton. Elle n’était pas tactile, mais pour une fois, Bluebell se serait volontiers ruée vers son frère pour qu’il la serre fermement contre lui ; ça avait été, dans ses rares moment de tristesse pure, où la colère ne prenait pas le pas sur son chagrin, son seul moyen de calmer les houles de mal être qui allait et venait contre les rochers de son égo. Mais ils étaient en pleine réception mondaine, et il semblait que Maxton était retenu prisonnier par une conversation avec sa voisine de table qui parlait davantage avec ses mouvements théâtraux de la main que sa bouche peinte d’un rouge carmin peu flatteur. La Serpentard reposa son regard sur cette maudite table vers laquelle elle était condamnée de se diriger, quand elle s’aperçut qu’Alexis avait pris sa place pour discuter avec son cher et tendre promis. Ignorant si elle préférait affronter l’acidité de sa sœur ou la distance de Finnbjörn à côté de qui il restait une place libre, Bluebell croisa le regard de leur hôte qui avait rejoint la tablée et lui adressa un sourire respectueux avant de finalement rejoindre le siège libre. Ses jambes tremblaient encore un peu, elle préférait autant s’asseoir avant de se ridiculiser dans une chute face à l’illustre Kaspær Sørensen. Se laissant tomber sur la chaise, Bluebell se mit à jouer avec le couteau, focalisant son attention sur celui-ci plutôt que d’affronter l’éventuelle joute oculaire avec son nouveau voisin de table. Les mots de Casey, qu’elle avait pourtant balayés d’un ton dédaigneux, dansaient encore derrière ses oreilles. C’était au moins une chance que les sorciers ne puissent pas encore ouvertement entendre les pensées des uns et des autres, ou en tout cas, que Finnbjörn ne soit pas capable de Legilimens. Il y avait encore certaines choses qu’il était préférable de cacher derrière une armure, aussi pesante et rouillée soit-elle.

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WINTERRR IS UPON US
La réception d'Hiver des Sørensen

Evidemment. J’aurais du me douter que l’entretien d’Erin avec Tennessee Frey aurait poussé cette dernière dans un état d’excitation tel qu’il serait impossible de l’arrêter ensuite : et ça n’a pas manqué, la voici dans toute sa splendeur, telle une reine capricieuse qui exige de ses bouffons qu’ils la divertissent. Seulement, voilà un détail : je ne suis pas son bouffon, et elle n’est certainement pas ma reine. Je garde le menton bien droit, la fixant sans pudeur, mes traits parfaitement immobiles comme si je craignais que le masque de mon visage ne se craquelle subitement en lui tenant tête. Si j’avais encore toute ma mémoire, je pense que j’aurais pu la gérer sans trop de difficultés : malheureusement, au vu de mes lacunes, ses réactions me sont encore en grande partie imprévisibles, et je ne peux me permettre de jouer ce soir sur un coup du hasard. Déclencher une tempête au vu du grand nombre de nos invités me mettrait dans l’embarras vis à vis de Grand-Père, et c’est bien là la dernière de mes intentions. « Tu as du te trrromper. Le seul intérrrêt que je nourrrris concerrrne tes bévues, qui n’ont de cesse de plonger cette famille dans le désarrroi. » déclaré-je d’un ton neutre en tapotant légèrement mes lèvres à l’aide de ma serviette afin d’ôter toute trace de soupe de homard. Je fais signe à un elfe de resservir mon verre, sans quitter ma jumelle des yeux, avant qu’elle ne prenne elle-même l’initiative de se lever. Tant mieux… Cela me fait gagner un peu de temps. Mes poumons relâchent la pression que j’engrange depuis quelques minutes, à choisir avec minutie mes réponses aux provocations d’Erin à mon encontre. Mon visage de façade demande une certaine énergie… Au moins, je me satisfais de la savoir éloignée, quand bien même je plains Judith qui l’accompagne, et j’ose espérer que Bluebell n’a strictement rien entendu de cette petite conversation déplaisante. Alors, je donne le change auprès nos invités, m’assure que le reste du repas se déroule de manière exemplaire, porte à ma bouche un morceau de cuisseau d’hippogriffe. Evidemment, toutes les discussions peinent à reprendre, toutes teintées par le malaise qu’a pu inspirer ma soeur en voulant jouer à la plus intéressante.

Et lorsque celle-ci réapparaît parmi nous, pimpante, comme si sa tentative de me mettre dans l’embarras n’avait jamais eu lieu, je m’agace. Elle tente de croiser mon regard lorsque Grand-Père se rapproche de notre table et prend la parole, mais je le détourne aussitôt : elle croit pouvoir compter sur mon soutien ? Elle se trompe. Qu’importe ce qu’elle attend de moi, elle ne l’obtiendra pas, j’en fais le serment… Et c’est lorsque j’entends le Grand-Père Pumpkin s’exprimer à son tour que je réprime un rire. Oh, c’est donc cela ? « Oh grrrand-Pèrrre, je crrrois que monsieur Pumpkin vient de mettrrre le doigt surrr une idée des plus intérrressantes. » ne puis-je m’empêcher de lancer, avant de reposer précautionneusement mes couverts dans mon assiette. « Voyez-vous, Errrin nourrrit une affection toute parrrticulièrrre pour Luca dont elle n’a de cesse de vanter les charmes. » Oeil pour oeil, dent pour dent. Je ne rentre pas dans ce genre d’enfantillages d’ordinaire, mais ce soir, il n’est pas question que ma soeur se croie en possession des pleins pouvoirs. « Il ne manque que le sens du devoirrr à la longue liste de qualités de ma soeurrr, mais je suppose qu’un époux pourrrrait parrrfaitement combler cette lacune. » Un sourire s’étend sur mes lèvres. Je ne m’attends pas à ce que cette histoire soit réellement prise au sérieux, Grand-Père ne prend pas ce genre de décision-là pour nous, mais j’ai hâte de voir la tête que va tirer le fils Pumpkin. Quant à Erin, cela devrait suffire à la calmer un peu… à moins que cela ne jette du vinaigre sur le feu déjà ardent qu’elle entretient activement. Tu parles, rien ne ferait plus rire que de l'imaginer en épouse : elle est tout le contraire, celui qui devrait se la farcir pour le reste de sa vie a grand intérêt à être bien accroché à sa chaise. Et je ne souhaite un tel sort à aucun de nos invités, pas même les plus pénibles...

J’aurais pu croire qu’elle s’en tiendrait là, mais la suite me prouve que j’ai tort. Sans crier gare, c’est Bluebell qui apparait, et qui s’assoie à côté de moi. Je la dévisage un instant, sans comprendre… Elle était avec Casey, manifestement en grande discussion, et tout à coup il semblerait qu’elle se soit interrompue pour me rejoindre. Et puis, tout finit par faire sens… J’aurais du m’en douter. Je profite d’un moment de distraction de mon grand-père, dont l’attention est déjà accaparée par ma soeur, pour me retourner vers ma voisine, et lui asséner d’un ton assassin, à voix suffisamment basse pour qu’elle puisse être la seule à l’entendre : « Laisse-moi deviner, c’est Errrin qui t’a demandé de prrrolonger un peu la mascarrrade ? » Que ma soeur fasse son spectacle, c’est une chose… Que Bluebell décide de jouer au même jeu en se moquant ouvertement de moi, c’en est une autre. A croire que me mettre dans l’embarras est la seule motivation qui les anime ce soir… Mon ressentiment à son égard, déjà bien attisé le soir du bal de Noël, semble atteindre son paroxysme. Je me rapproche de son oreille, et lui lâche à voix basse : « Tu sais, tu pourrrrais te contenter d’êtrrre une garrrce prrrétentieuse, nul besoin de jouer les pantins pourrr ma soeurrr. » Je crache mes mots plus que je ne les dis, comme si une colère sourde dirigeait mes paroles à ma place, que je n’étais plus le maître de ma propre langue. « Dirrre que j’ai pu me laisser convaincrrre que tu étais peut-êtrrre plus brrrillante que tu ne le laissais parrraîtrrre, quelle désillusion. » Ce qui est le plus étonnant, c’est que je sois réellement déçu par elle : pourtant, j’aurais du m’attendre à toutes les éventualités, celle-là y compris. L’histoire de la forêt m’a induit en erreur : ce rapprochement qui a semblé opérer entre nous n’a probablement existé que dans mon esprit, et n’a eu lieu que parce que nos vies étaient menacées. Du reste, nous sommes deux électrons à charges absolument opposées. Alexis m'avait prévenu... La vérité, c’est qu’elle n’a tout simplement jamais cessé de se moquer de ma perte de mémoire, et qu’Erin lui a simplement donné une occasion de recommencer.

L’air devient irrespirable, je ressens le besoin de m’éloigner. Je souris à l’adresse de Grand-Père, et me tourne de l’autre côté de la table : « Asterrr, Rrroxy, ne laissez pas vos assiettes vides, faites moi le plaisirrr de vous rrresserrrvirrr. » déclaré-je subitement, en me levant de table et en m’emparant de ma propre assiette, les invitant d’un regard insistant à en faire de même en leur indiquant la direction du buffet. Je m’efforce d’être un hôte parfait, comme le voudrait Grand-Père, mais soyons honnête, je me moque du contenu de leur plait au moment où je m’adresse à eux. Il est seulement nécessaire que je les isole du groupe, de préférence en ma compagnie. Je jette un oeil à Phoenix, quelques mètres plus loin, qui se trouve encore dans les environs du buffet. Peut-être comprend-elle mes intentions à l’égard de nos invités… Pour le moment, je fais d’une pierre deux coups : je m’éloigne de cette atmosphère toxique provoquée par ma soeur à table, et je m’apprête à en apprendre plus sur les intentions de ceux qui côtoient notre famille.

Plan de table:

Pour les joueurs:

code by bat'phanie


 
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winter is upon us
invités & co


Mes doigts ne lâchent pas ceux de Junior alors que je m’éloigne de la porte qui vient de me confier de si intéressants secrets. Mon sourire fauve en témoigne : je me délecte des bribes de conversation que je viens de percevoir. C’était tout simplement fabuleux - en même temps que parfaitement écoeurant - et mon esprit survolté échauffait déjà mille et une possibilités de se servir de l’information aux dorures assassines que je tenais désormais au creux de mes mains. Je ne consens à me détacher de mon meilleur ami qu’une fois arrivés au buffet sur lequel nous attendent toujours nos assiettes, vaguement remplies de mets. L’enfer se dessinait sous nos yeux et il nous fallait nous y attabler de nouveau. Je coulais un regard désabusé à Junior alors que nous nous rapprochions, mais retrouvait bien vite mon sourire après un rapide tour de table. Alexis est avec son fiancé, assied-toi à côté de moi soufflé-je plaintivement à l’intention du Serpentard, mes yeux se teintant d’une impérieuse supplication. Il ne pouvait tout de même pas préférer la compagnie de mon frère, pas ce soir, pas alors qu’il était, sans aucun doute possible, le responsable de cette gigantesque mascarade ! La soirrrée n’en deviendrrrait que meilleurrre poursuivis-je, mes lèvres s’étirant, enjôleuses. Nous n’avions pas à suivre aveuglément les ordres pointilleux donnés par un Sørensen qui n’était point le maître de cette maison. Deux chaises d’écart, c’était une séparation déjà bien trop grande à mon goût : je voulais mon meilleur ami auprès de moi. J’obtiens gain de cause, ce dont je n’avais pas douté un instant, et c’est d’une humeur bien meilleure que je prends place autour de cette grotesque hypocrisie, Junior à ma gauche.

L’appétit sincèrement aiguisé, telle un fauve que la chasse a affamé, je m’apprête à déguster un morceau de cuisse d’hippogriffe au moment où Grand-Père et l’un de ses invités apportent au-dessus de nos jeunes visages leur ombre imposante. Je tente de croiser le regard de Finnbjörn, mais celui-ci feint de ne pas percevoir ma tentative et détourne la tête. La colère assombrit mes prunelles cristallines : croyait-il pouvoir m’ignorer impunément ? Il jouait les offusqués alors qu’il était le seigneur maléfique qui avait tenté de prendre tout le monde dans une toile malhabile. Et il osait maintenant me bouder obstinément ? Je reprends un sourire de circonstance alors que Grand-Père prend la parole, mais au fond de moi, un volcan bouillonnant vient réchauffer mon irritation. Son attention se tourne aussitôt vers Luca, assis en face de moi et je m’interroge : que font-ils à notre table ? La ressemblance entre l’aïeul de l’ancien Serpentard et ce dernier est frappante : même regard glacial, mêmes traits acérés, même expression polaire… Encore que celle du plus jeune se durcit de mécontentement dès qu’il croise le regard de son aîné. Nos pupilles, d’un bleu bien différentes, se croisent, et je ne lis que de l’ennui dans celles de Luca. Les relations familiales semblent tendues chez lui. La suite ne tarde pas à nous tomber dessus, éloignant toutes ces considérations de mon esprit. La gorgée que j’étais entrain de boire pour masquer le petit sourire qui s’était emparé de mes lèvres manqua de m’étrangler. Les mots union de nos petits enfants aînés me rendirent sourde quelques secondes, pas suffisamment cependant pour ne pas entendre la suite des éloges faits à mon égard. Je repose mon verre dans un geste contrôlé mais l’éruption n’est plus très loin. Je ne savais pas ce qui m’échauffait le plus : qu’ils parlent de nous comme si nous n’étions pas là ou qu’ils ramènent sur le devant de la scène des béguins enfantins qui n’avaient plus lieu d’être.

Il m’aurait encore été possible de conserver le silence et de laisser le flegme narquois de Luca répondre à ces deux vieils amis qui venaient nous agacer de leurs sourires de connivence. Si mon haïssable jumeau n’avait pas pris la parole d’un ton doucereux que j'exècre presque autant que lui en cet instant précis. Oh Grrrand-Pèrrre, je crrrois que Finnbjörrrn a la langue trrrrop pendue et qu’il devrrrait apprrrendrrre à se tairrre lancé-je sur un ton outrageusement excédé, singeant les mimiques adoptées par mon traître de frère. Je dois réfréner mon envie de quitter cette table sur le champ : il ne fait pas le moindre doute que Grand-Père n’apprécierait guère le geste. Ceci étant, je n’étais pas certaine qu’il apprécierait non plus ce qui allait suivre : mais que Salazar m’en soit témoin, j’avais été prise à partie de la pire manière qui soit, par la pire personne qui soit. Tournant un sourire poli qui me brûlait les joues en direction de nos doyens, je m’adressai indifférement à eux : Veuillez parrrdonner mon jumeau, vous n’êtes pas sans savoirrr que sa mémoirrre lui joue des tourrrs, et ce qu’il crrroit êtrrre une rrréalité n’est en fait que le frrruit de son imagination. Luca est charrrmant mais je ne nourrris aucune affection parrrticulièrrre à son égarrrd. Grand-Père n’était assurément pas dupe : il ne pouvait que constater mon regard ombragé et se douter que je cherchais plus à rendre coup pour coup à Finnbjörn qu’à démentir réellement ce que je considérais, de toute manière, comme une absurdité. Mais peut-êtrrre qu’une épouse dévouée pourrrait combler cette lacune que nous constatons tous ici. Mon sens du devoirrr aiguisé me pousse à vous montrrrer cette voie que vous ne soupçonniez peut-êtrrre pas poursuivis-je, sans laisser à quiconque la possibilité de me couper dans mon élan. Nous jouions à armes égales et je ne craignais pas de porter des coups meurtriers, certainement pas à lui.

Je ne savais pas à l’avance quelle direction tout ceci allait prendre, mais le destin m'offre la suite sur un plateau d’argent. Bluebell Sherwin, cette vipère qu’il me plairait tant de voir dépossédée de tout son venin, prend place aux côtés de Finnbjörn, et celui-ci ne tarde pas à glisser son visage près de son oreille. Je ne peux entendre ce qu’ils se disent, mais peu m’importe. Il n’est pas non plus le moment de lâcher cette information capitale que je tiens entre mes doigts acérés : ce n’est pas Bluebell que je souhaite embarrasser le plus ce soit, mais mon maudit jumeau. Que disais-je ! m’exclamé-je, reprenant les rênes de la conversation avec un sourire féroce. Ne trrrouvez-vous pas que Finnbjörrrn soit délicieusement assorrrti à Bluebell Sherrrwin. Mes excuses, monsieur Pumpkin, ce n’est pas lui non plus qui pourrra sceller une union entrrre nos deux familles. Leurrr complicité est belle à voirrr. Non, il n’y avait rien de tout cela qui transparaissait sur leurs visages actuellement. Celui de mon frère était empreint de colère et celui de Sherwin se teintait d’une violence qui faisait brûler jusque son regard. Je n’avais pourtant pas rêvé ce que j’avais entendu : alors quoi ? Les sentiments de cette peste à l’égard de ce tyran n’étaient pas partagés ? Tant mieux. Cela n’en serait que plus satisfaisant et bien moins écoeurant.

Finnbjörn choisit de fuir, je décide de rester. Les nobles anciens suivent rapidement le chemin, constatant peut-être que les cartes qu’ils voulaient jouer n’ont pas été dévoilées avec suffisamment de précaution. Je peux déjà entendre les réprimandes de Grand-Père sur notre conduite, mais je n’en ai cure. La rancoeur que je porte à mon jumeau est plus forte que tout le reste. Et la soirée n’est pas terminée : qui sait ce qui pouvait encore arriver. Me renfonçant dans mon siège, je pose mes prunelles, toujours violemment agitées, sur Junior. Je le déteste ! soufflé-je avec rage, sans que ne plane le doute de l’identité qui souffrait mon courroux.
electric bird.

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Je notai distraitement les allées et venues en piochant dans mon assiette. La nourriture servie rattrapait un peu le sentiment d'oppression qui montait de cette soirée. Ici, faux-semblants, masques, hypocrisie faisaient foi et loi, et on ne savait jamais si l'on se confiait à un ennemi ou un potentiel allié.

Tout à mes pensées, je ne relevai la tête qu'au milieu des hostilités entre Finn et sa sœur. Lourde, les hostilités, au point que bien des invités préférèrent quitter la table pour se resservir discrètement au buffet. J'avouais que l'envie ne me manquait pas de faire pareil, Erin ressemblant à un cauchemar ambulant, je préférais ne pas avoir le plaisir d'être dans son radar.

Je finis mon assiette dans l'ambiance pesante. Est-ce que toutes leurs réceptions ressemblaient à cela ? Si tel était le cas, je déclinerai l'invitation la prochaine fois. Le spectacle était peu plaisant, et je serais bien chanceux si personne ne s'en prenait à moi comme une bonne partie de la tablée admonestait l'autre, que ce soit à grand cri ou en chuchotant furieusement.

Aussi suis-je étonné – je manquai presque de sursauter – quand Finn s'adressa à Roxy et moi. Je comprenais son désir de s'éloigner de toute cette mascarade, mais était-ce bien utile de nous embarquer dedans ?

Je me levais néanmoins devant son insistance et, assiette dans une main, canne dans l'autre, le suivit posément. Je doutais qu'il ne nous ait conviés à nous resservir par bonté d'âme, aussi me préparai-je à... autre chose, Merlin en savait probablement plus que moi. Je connaissais peu Roxy, mais peut-être voulait-il en savoir davantage sur ma famille et moi-même, qui revenions soudainement après des années de silence.

Le savoir, c'est le pouvoir : c'est ce que je me répétai à loisir tandis que j'épluchais livre sur livre dans diverses bibliothèques. Je ne pouvais le condamner de suivre la même doctrine.
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