Je viens de faire 4. Mon chiffre fétiche. Un signe ? Je l'espère. Je m'avance d'un pas résolu, bien décidée à ne pas me démonter. Si je montre de suite mes faiblesses, que vont penser les gens de moi ? Pas que cela m'importe vraiment mais … Si en fait, un peu. L'image que je renvoie a de l'importance pour moi. Et quand on sait ça on se demande vraiment ce que je fais là. Que voulez-vous, je suis faible et je me suis faite avoir. Mais je ne baisserai pas les bras, ça n'est pas dans mes habitudes.

A peine ai-je posé le pied sur la quatrième case que le décor change entièrement autour de moi. Comme si j'avais pris un portoloin. Le décor m'est familier : il s'agit de la Grande Salle de Poudlard. Je suis assise à ma table, celle des Poufsouffles devant un petit déjeuné fort copieu. Autour de moi il y a les visages habituels : Aelita, Daniela, Callie … Bref tout paraît normal. Je regarde autour de moi, rien n'a bougé. Tout est exactement comme ce matin. Etonnée, je me demande ce qu'il va se passer. Un tremblement de terre ? Un troll qui va surgir ? Un lustre qui va encore s'écraser sur moi. Pourtant les secondes s'écoulent et toujours rien. Etrange. Peut-être que le petit déjeuné fait peur à quelqu'un …

Soudain des battement d'ailes retentissent et me font lever la tête : encore une fois rien d'anormal ce sont simplement les chouettes qui viennent apporter le courrier. D'un regard distrait je contemple leurs ballets aériens quand soudain l'une fond sur moi. Je tressaille. Elle ne me fonce pas dessus bien évidemment, elle s'arrête devant moi et se met à manger dans mon assiette tout en me tendant comme si rien n'était sa patte qui porte un courrier à mon nom. Mon vrai nom. Je m'empresse de la retourner pour que mes voisines ne voient pas alors que mes mains tremblent légèrement. Un petit coup d'oeil par ci par là, c'est bon, personne n'a rien remarqué. Je m'empresse de la déplier et me rend rapidement compte que l'écriture ne m'est absolument pas inconnue et que c'est du français. C'est Benjamin ! Il m'écrit enfin après tout ce temps et après toutes mes lettres restées sans réponses. Heureuse, je commence ma lecture.

"Keleana.

C'est finit entre nous." Je fronce les sourcils, je bug. Hein ? De quoi ?
"Arrête de m'envoyer des lettres, arrête d'essayer de prendre de mes nouvelles. Si je ne te réponds plus c'est bien pour une raison : tu me fais chier. Franchement, je suis bien content que tu sois partie de Beauxbâtons, je n'aurais plus à feindre de t'aimer et de sortir avec toi" Double QUOI ? Depuis quand on sort ensemble ? Pourquoi est-ce qu'il écrit ça ? Il a pété un câble ou quoi ? Il n'a jamais été question d'amour entre nous! Nous nous sommes rencontrés en deuxième année et nous sommes simplement amis depuis, qu'est-ce qu'il me fait ? Et comment diable pourrais-je être en couple avec lui alors que je ne suis même pas au courant ? Je souffre d'amnésie ou bien ?
"T'es qu'une idiote et on est bien mieux sans toi ici. Sérieusement, t'as que ta richesse et le nom de tes parents pour toi. Sans ça, t'es rien. Tu crois être douée en musique, en cours et en sport mais regarde la vérité en face : tu n'es qu'une sous merde. Tout le monde faisait semblant de t'apprécier, moi le premier, mais c'était simplement pour ton fric greluche. Ouvre les yeux ! Il a été tellement facile de t'avoir après ta rupture avec Alexandre, tu étais tellement démolie que j'ai pu faire de toi tout ce que je voulais. T'es trop naïve ma pauvre." Mes yeux sont écarquillés grands comme des soucoupes. Est-ce que je suis bien en train de lire ce que je suis en train de lire ? Non mais c'est pas possible ! On parle bien du même Benjy ? Le casse-cou fouteur de merde qui aimait nous faire rire et avec qui on faisait les 400 coups ? Surtout que … Après ma rupture avec Alexandre je n'étais pas détruite du tout ! C'est moi qui ait rompu … Mais qu'est-ce que c'est que ça. Abasourdie je continue ma lecture alors que les larmes me montent aux yeux.

" Tu ne manques à personne. Et quand je dis personne c'est vraiment personne. Tout le monde était heureux d'apprendre que la pauvre conne de Rochechouart avait été exilée en angleterre pour des raisons familiales. Sérieux, ta tête ne manque à personne. Surtout que franchement Kele … T'es même pas mignonne avec ta grosse face, tes grosses joues et ton nez bizarre qui n'arrange pas le tableau. Tu trouveras au dos de cette lettre l'adresse d'une chirurgienne esthétique en Angleterre, fais-en bon usage ! T'as vu, je suis quand même trop gentil, j'ai pris la peine de chercher ça.
Bref, tout ça pour dire que je romps avec toi. Ca ne sert à rien de répondre à cette lettre ça ne m'intéresse même pas. Va pleurer ailleurs.
Ah et pendant que j'y suis, je t'ai vite remplacée par Camille. Elle au moins elle est bonne et elle est intelligente.

Allez, bon vent.
Benjamin"

Camille et Benjamin ? Ensemble ? On parle bien de la même Camille ? Cette fille égoïste et égocentrique qui ne sait parler que d'elle et qui a des résultats pitoyables ? Cette fille qui ne rigole pas aux blagues de Benjy ? Cette fille qu'il a en horreur ? Mais mais … Où va le monde ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi cette lettre ? Pourquoi tout ça ? Pourtant tant de méchanceté et tant de critique ? Pourquoi est-ce qu'il me balance ça comme ça ? Surtout … Qu'encore une fois on est jamais sorti ensemble même si ça a pu être ambigu lors de certaines soirées … Je suis perdue et lorsque je relève la tête pour regarder alentour je me rend compte que je ne suis plus dans la grande salle. Tout s'est évaporé et la lettre que je tenais aussi. Mes mains se referment sur du vide. Je suis sur un plateau de jeu et je me rappelle soudainement les règles du jeu. Nous devons affronter nos peurs. Celle-ci n'était clairement pas la mienne mais m'a déboussolée. Je secoue la tête pour reprendre mes esprits, ce n'était pas réel, c'est juste le jeu (et quel jeu de sadique !) et c'est à nouveau à moi de jouer. Je lance donc le dé. Pourtant les mots qui étaient écris ne s'effacent pas tout à fait de ma mémoire …

Danni avait laissé l'orage et la tente de camping derrière elle. Elle se retrouvait désormais dans une pièce assez étrange. En effet, cette pièce était entièrement vide, il n'y avait ni porte ni fenêtre. Était-elle à Poudlard ? A vrai dire, peu lui importait car devant elle se tenait une personne qu'elle n'avait pas vue depuis plusieurs mois, une personne qu'elle pensait encore à l'autre bout du monde, occupé à ses fouilles archéologiques, une personne qu'elle chérissait plus que tout au monde.

"Papa !" s'exclama-t-elle en sautant au cou de l'homme aux cheveux châtain doré et au taches de rousseur. Le père et la fille se ressemblaient beaucoup, le même nez retroussé et le même sourire malicieux.

"J'ai tant de choses à te raconter ! Poudlard est formidable, j'apprends chaque jour toujours plus de choses intéressantes ! Et toi ? As-tu trouvé des squelettes de dinosaures en Egypte ?" demanda-t-elle d'un air enthousiaste.

Mais à peine commença-t-il à lui répondre qu'il s'arrêta, une main sur sa poitrine et le teint livide.

"Papa ?" demanda-t-elle d'un air inquiet. Air inquiet qui se transforma très vite en air paniqué quand son père s'écroula au sol.

"Papa ! Qu'est-ce que tu as ? Réponds-moi !" S'exclama-t-elle en s'agenouillant près de son père.

Celui-ci respirait difficilement, le regard figé et le teint pâle. Danni lui toucha le front et elle le trouva glacé, comme s'il était presque mort.

"Papa je t'en supplie, réponds-moi ! A l'aide !" hurla-t-elle, les yeux plein de larmes en regardant autour d'elle. Mais l'absence de porte et même de fenêtre lui sauta aux yeux bien plus qu'à son arrivée. Elle était seule, sans personne pour l'aider et son père était en train de mourir dans ses bras. Tâtonnant sa combinaison, elle en sortit sa minuscule trousse de secours, l'ouvrit et vida à la hâte son contenu sur le sol. Mais elle constata avec horreur qu'elle ne contenait que quelques pansements, bien inutiles pour sauver son père. Celui-ci respirait à peine...

"Papa, me laisse pas... je t'en prie..." dit-elle les joues inondées de larmes tandis qu'elle posait son front sur la poitrine de son père.

"PAPA !" hurla-t-elle une dernière fois tandis qu'elle se sentit tirée vers l'arrière.

Ouvrant les yeux, elle reconnut l'entrée du plateau de jeu. Le regard un peu perdu dans le vide, il lui fallut de longues secondes avant de sortir de ce cauchemar éveillé. Quand ses idées se remirent en place, le son parvint de nouveau à ses oreilles et elle entendit le brouhaha des spectateurs dans les gradins. Certains criaient pour soutenir leur maison, d'autres riaient...

Le cœur battant à tout rompre, Danni inspira plusieurs fois. Ce n'était pas réel, son père n'était pas mort devant ses yeux, c'était le jeu.. le jeu ! Quel jeu cruel ! Ce n'était plus un tournoi, c'était de la torture ! Elle entendit quelqu'un se moquer dans les gradins mais elle ne chercha même pas à savoir qui c'était. D'un geste rageur, Danni essuya ses yeux d'un revers de manche. Elle était en colère. Elle allait leur montrer de quoi elle était capable ! Jamais elle n'abandonnerait !

Empoignant fermement les dés, elle les lança de nouveau et s'avança d'un pas déterminé sur le plateau de jeu.