Une vieille ritournelle qui retentissait, encore et encore. Brooklyn et Casey ne cessaient de revenir à ce même sujet : que seraient-ils devenus s’ils n’avaient pas été sorciers ? Il ne faisait aucun doute que leur vie serait radicalement différente. Brooklyn serait allé au collège proche de chez lui, toujours plus proche de sa famille, dans ce cocon familial qui le sécurisait. Casey, elle, ne se voyait pas autrement que dans un quotidien difficile, au sein d’une famille d’accueil débordée bien que sans méchanceté, à parcourir les rues la nuit en compagnie de gens que la majorité jugerait peu fréquentable, continuant de fuir ces tuteurs qui ne représentaient rien pour elle. Elle était trop âgée et difficile pour être adoptée. C’était comme si sa vie sans magie se teintait de noir, plongeant son avenir dans l’obscurité, là où son présent actuel lui semblait plus facilement praticable. Une chose était sûre : ils ne se seraient probablement jamais retrouvés. Oxford était une grande ville et Casey ne savait même pas où vivait Brooklyn. Ils étaient dans des quartiers éloignés de la ville et hormis un coup du sort les amenant à se croiser dans une rue… Et ce n’était pas une rencontre de ce type qui leur aurait permis de se lier de nouveau. Mais, en même temps, peut-être que si ça n’avait pas été à Poudlard, leur toute première retrouvaille aurait moins été chargée de rancune. Impossible à dire. Tout aurait été différent. Et Casey aimait bien trop leur situation actuelle - bien qu’elle soit étrange - pour regretter qu’ils en soient là aujourd’hui. Et bien sûr leur vision respective sur la magie différait éternellement. C’est certain soupira-t-elle en hochant doucement la tête. Quels adolescents vivaient autant de terribles choses ? Aucun. Parce qu’il n’y avait qu’à Poudlard que tout était franchement déréglé. Je ne regrette absolument pas. Un de ses rares sourires étira ses lèvres tandis qu’elle détachait son regard de la foule pour le poser sur le visage de Brooklyn. Toujours incapable de second degré même si elle le comprenait de mieux en mieux, il lui était impossible d’ironiser sur la situation et impensable de lui laisser croire qu’elle regrettait un seul instant qu’ils en soient là où ils en étaient.

Et si eux ne se sentaient que moyennement à leur place, il y en avait d’autres qui semblaient souffrir de ce bal de Noël. Les sang-purs les plus traditionnels affichaient un air qui ne laissait aucune place au doute. Casey était convaincue qu’ils n’étaient pas là de leur plein gré, à l’image de ce qu’elle ressentirait durant la réception des Sørensen. Le ton de Brooklyn change légèrement alors qui s’interroge : la Serdaigle aussi a-t-elle été forcée de se rendre ici ? Bien évidemment que non. Pas du tout ! se défend-t-elle. Il m’oblige à me rendre à la réception des Sørensen mais ce soir c’est de mon propre chef. Comment pouvait-il penser qu’elle se rendait quelque part en sa compagnie par obligation ? Ou qu’elle lui ferait l’affront de le considérer comme un second choix ou une manière d’alléger sa peine ? Doutait-il encore à ce point-là d’elle ? Ils étaient tous les deux dans une situation assez nouvelle en ce qui les concernait, et ça se passait étonnement bien, ce n’était pas si surprenant que leurs défenses reprennent le dessus. Mais dans la globalité, leur soirée se déroulait à la perfection bien qu’ils soient un peu gauches et à mal à l’aise. Leurs tenus peu habituelles ne les aidaient pas à se sentir plus à l’aise : pourtant, Brooklyn était tout à fait élégant et pouvait se féliciter d’être parfaitement bien habillé. Sa chemise étoilée, qu’il dévoila en enlevant sa veste, laissa un sentiment étrange s’emparer de Casey alors qu’elle le détaillant, se faisant la réflexion qu’elle lui allait vraiment très bien. Et c’était les roses rougies de ces pensées qui la traversaient ainsi que des compliments de Brooklyn qu’elle détourna légèrement le regard. Depuis quand était-elle incapable de soutenir celui de son meilleur ami ?

Leur tête à tête fut interrompu par l’arrivé de Felicia et Jace. Casey salua la première comme elles le faisaient tout le temps, et le second eu le droit à un petit salut plus réservé. Si elle était proche de Felicia, ça n’était pas le cas du Serpentard. Brooklyn, lui, fit l’exact inverse. Il se montrait d’une froideur polaire et n’hésita pas à faire savoir à la préfète que sa compagnie le dérangeait. Casey n’était peut-être pas douée pour l’ironie, mais là, c’était tellement flagrant que le sous-entendu n’en était même plus un. La question de Felicia l’interrogea : il semblait régner une réelle animosité entre les deux. Casey, elle, ne savait même pas qu’ils se connaissaient plus que ça. Agréable répondit-elle, à la suite de Brooklyn, ses doigts se portant à son bras tandis qu’elle lui jetait un regard interrogateur. Oui c’est la première fois que nous venons à une soirée de l’école ensemble fit-elle, ignorant délibérément ce que Felicia cherchait réellement à lui dire. Il serait temps, plus tard, d’approfondir la question une fois les deux jeunes femmes seules. Mais Brooklyn ne comptait pas attendre gentiment que l’orage passe, et la mention de la bibliothèque enflammée lui arracha un frisson glacé. Comme un mauvais présage.

Le reste se passa à toute allure, dans une sorte de brouillard habituel des mauvais rêves. Une lumière attira son regard sur le pantalon de Felicia et Casey n’avait pas besoin de demander de quoi il s’agissait, elle était reconnaissable entre mille. Leurs regards se croisèrent, Felicia amorça une phrase puis tout s’emballa. La musique s’arrêta, une voix s’éleva en même temps qu’un corps, puis une marque annonciatrice d’ennuis s’éleva dans les airs avant qu’un épais brouillard ne vienne masquer à leur vue le reste de la pièce. Instinctivement, Casey attrapa la main de Brooklyn. Hors de question de le perdre de vue. Son coeur tambourinait dans sa poitrine mais son esprit restait clair et alerte, renvoyant la panique au fin fond de son esprit. Il ne fallait pas qu’elle pense au fait qu’elle avait traîné le Serpentard ici, qu’il pourrait lui en tenir rigueur, il fallait qu’ils s’en sortent. Elle ne voyait plus Jace et Felicia dont la voix s’éloigna en leur lançant de quitter les lieux d’un ton assuré que la brune ne lui connaissait pas. Mais elle ne répliqua rien, trop occupée à s’assurer que Brooklyn restait bien là. Ce dernier se montra moins silencieux à l’égard de Felicia, laissant éclater toute son irritation. Bien, super, ça partait bien cette histoire. Forcément, la jeune femme s’imaginait face à un nouveau Selma. Mais ils étaient dans un orphelinat moldu, c’était impossible… Alors quoi, des mangemorts ? Dans ce cas là, ils n’oseraient pas toucher une sang-mêlée dont le père avait des affiliations certaines avec leurs idéaux ? Et pouvait-elle se servir de cela pour protéger Brooklyn ? Et si c’était l’inverse ? Si des anti-sang-purs avaient fomenté cette attaque ? Il ne servait à rien de trop réfléchir, il fallait trouver la sortir et fuir ce merdier avant que l’angoisse ne la paralyse.

Heureusement la silhouette de Brooklyn se dessine et elle parvient à s’assurer qu’il est toujours là, lui permettant de lâcher sa main dans un geste désolé : elle ne voulait pas provoquer de gêne, ni de vision. Le Serpentard, vindicatif, lui fait tourner les yeux. Oui, c’était sa faute, d’accord, était-il obligé de le lui rappeler ? D’accord, tu avais raison, c’était une mauvaise idée ! Tu pourras me le reprocher autant que tu veux quand on sera sorti d’ici pesta-t-elle, agacée, par le destin qui s'acharne à lui donner tort et par Brooklyn qui ne se privait pas d’en rajouter une couche, mais surtout inquiète. Brooklyn prend les devant et s’empare de sa main avant de la tirer à sa suite, sans grand ménagement. De sa pochette, Casey se saisit maladroitement de sa baguette magique avant d’abandonner sans aucun remord le petit sac par terre. Resserrant sa prise autour de cet outil rassurant, la jeune femme adopta un pas rapide calqué sur l’allure de Brooklyn qui ne cherchait pas du tout à la ménager. Son regard sondait le brouillard à la recherche d’un potentiel danger, prête à réagir. Mais rien ne vint, sauf un grognement étouffé de son ami. Qu’est-ce qu’il y a, ça va ? s’inquiéta-t-elle. Mais ils continuaient de marcher, ce ne devait être rien de grave.

2 - Ils parviennent enfin à la porte : ne reste plus qu’à l’ouvrir pour en sortir.
4 - 6 - Ils continuent dans la bonne direction mais à marcher ainsi, sans trop savoir où ils vont, et cherchant à éviter les corps paniqués qui vont dans toutes les directions, ils ne sont pas encore arrivés à l’entrée.
IMPAIR - Ils s’égarent quelque peu sur le chemin, déstabilisés par le brouillard et les cris. Soudain ils distinguent de nouvelles silhouettes.
1 - Il s’agit de Finnbjörn et Junior
3 - Il s’agit de Felicia et des autres préfètes
5 - Il s’agit de Cameron et Bluebell