Ok, on ne pouvait pas dire qu'Artemisia était bavarde... En même temps, l'aborder en lui parlant de sa robe, c'était un peu pauvre. Mais tout de même, Mallory avait fait l'effort d'aller vers elle et d'engager une conversation hasardeuse, Artemisia aurait pu faire un effort pour répondre au moins quelque chose... Échec cuisant. Elle qui espérait se lancer dans une discussion pour penser à autre chose... c'était mort. Pourtant, elle aurait accepté n'importe quel sujet de conversation pour se sortir de la tête la présence plus que suspecte de Bluebell au bras de son frère. Mallory recommençait donc à se ronger un ongle en jetant des regards furtifs aux gens présents dans la salle quand une lueur d'espoir fit son apparition en la personne de Timéo. Mallory redressa des épaules instinctivement tandis qu'un sourire naissait enfin sur ses lèvres.

"Bonsoir... euh... merci..." répondit-elle sans pouvoir s'empêcher de grimacer légèrement car ça ne faisait aucun doute qu'il s'agissait là uniquement d'une formule de politesse et qu'il ne le pensait pas vraiment, du moins en ce qui la concernait.

Il demanda enfin si elle passait un bon moment et Mallory, qui avait du mal à mentir, regarda de nouveau en direction de son frère et de sa cavalière qui avait un sourire charmant collé au visage tandis que Cameron semblait complètement sur son nuage. Roxy passa en coup de vent en les saluant et Mallory, surprise, n'eut le temps que de lever vaguement la main pour la saluer en retour, qu'elle était déjà partie.

"Et bien..." commença-t-elle à répondre avant d'être coupée par Timéo lui-même qui leur faisait faux bond avant même qu'elle n'ait répondu à sa question. Ahurie et franchement blessée, Mallory le regarda s'éloigner pour se diriger... vers Jade. C'était une blague, pas vrai ? La lueur d'espoir qui était née avec son arrivée n'avait duré que quelques secondes, laissant place à une déception encore plus grande encore. Mallory se rembrunit aussitôt, se confortant dans son idée initiale que de chercher à s'ouvrir au monde n'apportait que tristesse et frustration.

Mallory se décida à aller faire un tour aux toilettes pour se rafraichir le visage et les idées quand la musique s'arrêta brusquement. Si elle pensa tout d'abord à un banal problème technique, la suite balaya bien vite cette hypothèse. Une voix résonna, leur intimant d'apprendre à rester à sa place avant que le corps d'une fillette ne lévite vers le plafond puis retombe lourdement au sol. Les hurlements, un rire sadique, la marque des ténèbres et maintenant un brouillard si épais qu'il empêchait quiconque de voir à deux pas... Les mauvais souvenirs refirent surface immédiatement, accompagnés de l'angoisse associée.

"Cam..." murmura-t-elle en mettant ses mains devant elle. Elle devait retrouver son frère. Mallory n'avait pas bougé de son coin depuis qu'elle était arrivée alors elle savait plus ou moins où se trouvait la direction de la porte mais également où se trouvait son frère et c'est vers lui que son choix se porta alors qu'elle commençait à avancer dans la direction où elle avait vu Cameron en dernier. Chercher à atteindre la porte sans lui ne faisait même pas partie des possibilités envisageables. Elle ne sortirait pas d'ici sans son frère. Elle cria son nom plusieurs fois mais les cris et le brouhaha rendaient ses efforts vains. Elle fut bousculée à plusieurs reprises, ce qui la désorienta, rendant sa trajectoire vers son frère incertaine. Pestant contre les gens incapables de maîtriser leur panique, Mallory continua d'avancer à l'aveuglette mais le brouillard se changea peu à peu en fumée noire, rendant l'air irrespirable.

On pourrait survivre à l’attaque d’un serpent géant et périr dans une nouvelle salle verrouillée de l’extérieur. Pas d’attaque de bête ou de monstre, on nous menace furtivement. Le seul danger visible à cet instant, c’est l’effet d’une foule en panique. Certains se prennent des coups, et j’ai même manqué de me vautrer la gueule et d’entraîner Skyler et Aster dans ma chute. Je ne sais pas où nous sommes, et je ne sais clairement pas où nous allons. Je laisse Skyler nous guider, presque trop confiant. Nous nous retrouvons nez à nez avec mes jaunes et noirs, eux aussi visiblement perdus. Misha se ravie de voir Skyler, moi, étonnement, je n’existe même pas à ses yeux. A ceux de Jade non plus d’ailleurs, qui s’en va dans une autre direction la seconde d’après. C’est quand on voit que je suis content de les savoir entier, qu’on peut voir que je ne suis pas rancunier hein. Mieux encore, c’est là qu’on voit pourquoi j’ai été choisis pour être leur préfet. Se soucier des autres n’en est l’une des fonctions premières, si on oublie celle qui retire autant de points qu’on veut. La fumée épaisse commence à devenir plus grisâtre, presque noire. Je ne vois presque plus aucun visage, mais je peux encore les entendre. Nous suivons instinctivement Misha sur quelques mètres et tombons sur Finn. J’entends celui-ci accuser Misha d’avoir foutu le feu. Sentir le cramer, sentir les effets des flammes sur mes cinq sens. Qu’est-ce qu’il raconte ? Pourquoi ce serait Misha ? J’ai beau toujours avoir détesté Finnbjörn, de nos jours j’ai plus confiance en lui qu’en Misha. J’ai un peu profité de son amnésie, c’est vrai, mais surtout, je lui laisse le bénéfice du doute. Pas le temps d’en entendre plus, le groupe se sépare. Je décide qu’il serait finalement mieux de ne suivre aucun d’eux. « Allé laisse tomber, même à deux doigts de se faire cramer les miches ils sont pas capables d'être aimables. » Je marmonne à Skyler, paré à les laisser sur place, déterminé à trouver cette porte sans eux. Nous étions en meute le temps de quelques secondes, et même si c’est le manque excessif de cohésion qui nous sépare, nous seront plus efficaces en nous éparpillant. Voyez quand même comme une telle situation dangereuse ne saurait jamais rapprocher les élèves de cette école. Ils sont complètement fous.

Ne lâchant pas la main de Skyler, je tousse un petit coup, un peu prit par les fumées du feu allumé sur le buffet. Je ne comprends pas bien. Si l'un d'entre nous l'a allumé, c'est quoi son but ? Se suicider en plein génocide ? Bref, faut qu'on retrouve la porte, où on va s'étouffer. Je doute qu'on puisse lutter contre le feu. S'en rapprocher serait causer notre perte, mais surtout, manquer d'air. « Je sais pas qui se l'est joué pyromane de cirque, mais j’vous jure que je lui exploserais la gueule à c'clown. » Je commence à avoir les nerfs, et ça se ressent. Je parle trop vite, conscient que je n'en ferais rien. Tout ça me dépasse. Depuis plus d’un an les drames nous menacent, s’ils ne cherchent pas carrément à nous tuer. Je suis lassé de cette folie et de l’intolérance de certains. Ce ne sont pas des hommes, ce sont des monstres, des animaux. Et je ne leur souhaite que l’abattoir. Sourcils froncés, yeux plissés, je tente de voir à travers la fumée devenue noire. Mais c’est difficile.


1 - 3 : Je peux voir les flammes oranges à travers la fumée, comme si les enfers remontaient jusqu’à nous. Je prends les devants en direction inverse aux autres et mène les deux Serpentard vers la porte. Bordel, je ne rêve pas, elle est devant moi, on y est !
2 – 5 : Je peux voir les flammes oranges à travers la fumée, comme si les enfers remontaient jusqu’à nous. Alors je m’en éloigne le plus possible. J’essaie de réfléchir, mais la panique rend les choses compliquées. Où est cette foutue porte ? Je crois qu'on s'en rapproche. Un pas de plus et je fonce dans quelqu’un. Je lève la tête et la voit, accompagnée d’autres filles ; Felicia.
4 – 6 : Je peux voir les flammes oranges à travers la fumée, comme si les enfers remontaient jusqu’à nous. Alors je m’en éloigne, mais surtout, je nous emmène loin de tout, même de la porte. Nous faisons face à des enfants moldus recroquevillés sur eux, totalement flippés. Bien joué Ollie, un plan B quelqu'un ? On est 3 bordel, aidons nous un peu.

Si Lena n’avais pas été nommée préfète cette année-là, il serait fort possible qu’elle ne prenne pas la peine de se rendre au bal annuel organisé pour Noël. D’habitude, elle prenait la direction de Bearpark avec ses deux frères le lendemain de cette soirée, comme tous les autres élèves. C’est pour cette raison que chaque année, Lena faisait une apparition aux soirées de l’école afin de passer un bon moment avec ses amis et bien entendu, pour profiter au maximum du buffet. Les soirées n’ont jamais vraiment intéressé la jeune Serdaigle, qui préférait la tranquillité et la solitude aux rassemblements où l’on adore montrer sa tenue chère et ses dernières acquisitions joaillières. D’autant plus que souvent, les fêtes de l’école se terminent en une attaque surprise des Forces du Mal et des néo-mangemorts. Étant née-moldue, Lena prenait le risque que l’une des fêtes se passe comme à cet Halloween de sa troisième année, où elle avait été fait prisonnière pendant toute l’année scolaire. Ce qui poussait Lena à participer à ce genre d’événements était la présence de ses amis et une occasion de passer un bon moment à rigoler. D’autant plus qu’elle, comme tous les autres élèves, devait patienter le lendemain pour embarquer dans le Poudlard Express pour retrouver sa famille.
Or, cette fois-ci, la soirée se passerait dans un orphelinat moldu en Écosse, à Inverness plus précisément. Et afin de s’y rendre, il fallait emprunter un portoloin. Lena détestait ce moyen de transport et c’est probablement ce qui l’aurait dissuadé de participer à la soirée caritative en temps normal. Mais Lena était préfète. Cela ne l’obligeait pas le moins du monde à prendre part à toutes les activités proposées par l’école. Mais si loin du château et, pour certains, dans un autre pays, Lena sentait qu’en acceptant le rôle de préfet, elle était en quelque sorte engagée à rester un repère pour sa maison. Certains élèves étaient des première années qui n’étaient pas encore tout à fait à l’aise dans l’école. De plus, elle savait que ses co-préfètes Bonnie, Prudence et Felicia se rendraient à la soirée. Cela ne pouvait pas être si terrible que ça avec elles trois.
Lena enfila une tenue très décontractée, bleue nuit: des collants épais et une robe large mais courte. Elle n’avait pas touché à ses cheveux et ses boucles brunes tombaient naturellement sur ses épaules. De toute façons, après avoir emprunté un portoloin, sa coiffure aurait été détruite. Accompagnée de son amie Gryffondor, la jeune fille retrouva ses Bonnie dans le hall de l’école, avant les consignes de leur directrice.
– Salut Bonnie ! Tu es très élégante, complimenta Lena.
La Serpentard remarqua la mine pâle de Prudence. La Gryffondor était sa meilleure amie et il était normal que Bonnie perçoive que quelque chose n’allait pas chez elle. En effet, Lena se tourna vers Prue et vit ce qui aurait dû lui sauter aux yeux: Prudence était visiblement malade. La jeune Rouge et Or était pourtant déterminée à se rendre tout de même à la soirée. Prudence était tenace et solide. Elle allait probablement rester dans un coin toute la soirée, mais elle ferait tout de même bonne figure.
Effectivement, lorsque tous les élèves avaient pris place dans le hall de l’orphelinat et que la fête battait son plein, le groupe de trois filles s’était glissé dans un coin de la salle. Lena ne s’amusait pas beaucoup. La présence de ses deux amies la soulageait grandement mais en vérité, elle avait hâte que cette soirée finisse. Elle jetait parfois un oeil à la foule, en particulier aux première et deuxième années et à son petit frère. Justin avait l’air de passer la soirée de sa vie, lui qui bougeait comme un diable au son de la musique, entouré de ses nombreux amis.
C’est alors que la soirée prit une toute autre tournure. Lena, qui pensait que les attaques envers Poudlard cesseraient depuis la découverte du mangemort déguisé en médicomage de Sainte-Mangouste au printemps dernier, sentit ses poils se hérisser alors que l’ambiance virait au cauchemar. Du beau milieu de la foule s’élevait le corps d’une jeune fille inconsciente. Cette vision d’horreur fit pousser un cri à Lena qui s’agrippa à son tour au bras de Bonnie. La scène était digne d’un film d’horreur. Une épaisse fumée suivie d’un rire machiavélique s’était répandue dans toute la salle. On ne voyait pas à deux mètres. La panique envahit la salle en un instant. Chacun se poussait afin de sortir au plus vite. La jeune Serdaigle entendit les voix de ses deux amies vouloir partir sur le champ. Étranglée par la fumée, Lena ne put rien répondre plus que des quintes de toux. Elle hocha la tête sans réellement savoir si le geste avait été visible pour Bonnie et Prue. Avant de faire le moindre pas, un corps les avait percuté, et toutes reconnurent la voix de Felicia.
Lena n’avait pas lâché son étreinte sur la Serpentard et se cachait la bouche avec son bras de libre. Elle s’en remettait donc totalement au sens de l’orientation de ses co-préfètes. Le petit groupe tentait de se diriger vers la porte mais pas facile de trouver son chemin dans cette fumée épaisse. Là où elles avaient atteris, Lena put distinguer la présence de sa capitaine de Quidditch ainsi que deux autres garçons de Serpentard. Felicia eut la bonne idée de proposer une chaîne humaine afin de ne pas se perdre. Lena n’avait pour seul contact la main de Prudence. La jeune Serdaigle espérait de tout son coeur que la porte ne soit plus très loin et qu’elle ne lâche pas dans la bousculade le contact avec ses amies.
Après plusieurs tentatives vaines pour trouver la bonne direction, Prudence se détacha du groupe dans un élan pressé.
– PRUE ! cria Lena, désemparée.
Peut-être que l’estomac fragile de son amie avait décidé de faire des siennes au pire moment possible, d’autant plus qu’une odeur de feu s’était désormais emparé de l’air. Peut-être avait elle trouvé le bon chemin, mais pourquoi lâcher prise tout à coup ? Lena était totalement désorientée et victime d’un terrible dilemme. Retrouver Bonnie et les autres ou suivre Prudence ? Tout cela se passa en un fragment de seconde.

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1, 2: Prudence était trop loin à présent et Lena reconnut la robe verte de Bonnie scintiller à travers la fumée. Elle se résout à abandonner la Gryffondor et à retourner vers le groupe en s’agrippant au bras de la Serpentard.
3: – PRUE ! Lena se précipite vers Prudence et se rend compte que la jeune fille s’était éloignée pour vomir. Lena retient les cheveux de sa pauvre amie et lui frotte gentiment le dos avant de s'apercevoir que Prudence venait de trouver le porte !
4, 5: Le dilemme était bien trop cruel pour Lena qui se retrouve complètement seule et désorientée. Ni Prudence ni Bonnie ne sont dans son champ de vision: uniquement des corps paniqués qui bougent dans tous les sens. Elle tombe sur (1: Finn Junior et Misha / 2: Eliana Hilary et Roxy / 3: Bluebell et Cameron / 4: Mallory et Artemisia / 5: Grace / 6: par miracle, elle retrouve Felicia et les autres)
6: Le dilemme était bien trop cruel pour Lena qui se retrouve complètement seule et désorientée. Ni Prudence ni Bonnie ne sont dans son champ de vision: uniquement des corps paniqués qui bougent dans tous les sens. Elle va devoir retrouver la porte par elle-même.

tenue de Lena:

La soirée était pourtant bien partie et avait tout pour qu'elles s'amusent dans cette ambiance festive. Malheureusement, le caractère bien trempé de Jade avait tendance à provoquer des étincelles à la moindre occasion. Et l'occasion du moment était l'arrivée de plusieurs autres personnes dans leur petit groupe formé prêt du buffet. Jade voulait se payer la tête de Timéo alors que c'était un brave garçon. Heureusement la manœuvre fut interrompue par l'arrivée bienfaitrice de Snowman-de-Norvège mais ravivée par l'arrivée beaucoup plus désagréable d'Erin. Bah... c'était Noël après tout... ils pouvaient bien faire un effort, tous... Joanne croisa le regard désespéré de Roxy et haussa les épaules l'air de dire qu'elle ne pouvait pas faire grand chose. Le mieux à faire était d'ignorer et de laisser couler sans s'en mêler, ce que sembla comprendre Roxy puisqu'elle lui demanda si elle voulait du cake. Joanne accepta avec enthousiasme.

Manque de chance, les choses devinrent pire encore quand la musique s'arrêta et qu'une petite fille lévita dans un hurlement. Ah... ça ça sentait pas bon du tout étant donné la présence de tous les Moldus qui ne devaient pas connaître l'existence de la magie. Une voix flippante parla de rester à sa place et ça ressemblait un peu beaucoup trop à ce qui se disait du temps de Blackman. Joanne eut tout juste le temps d'échanger un regard inquiet avec Roxy qu'un épais brouillard lui boucha la vue.

"Je suis là." répondit Joanne à l'appel de Roxy bien que les cris de panique commençaient à former un brouhaha puissant. D'ailleurs, il lui sembla que sa copine disait d'autres choses mais elle ne parvint pas à distinguer ses paroles. C'était quoi cette chaleur qu'elle sentait tout à coup ? Et puis ça sentait le brûlé non ? Il n'y allait tout de même pas y avoir un nouvel incendie ? En un rien de temps, elle perdit la trace de ses copines et se retrouva seule dans le brouillard, près d'une table de buffet qui commençait sérieusement à s'embraser. Il fallait se bouger et trouver la sortie et vite ! Elle savait ses copines assez malines pour en faire de même, elles se retrouveraient dehors.

Alors qu'elle avançait à l'aveuglette, un truc poilu et griffu la frappa en plein visage. Joanne fit quelques pas en arrière, déséquilibrée, avant de détacher l'animal de son visage, non sans obtenir quelques griffures sur les joues au passage.

"Typhus ? T'as l'air à moitié assommé mon pauvre... qu'est-ce qui t'es arrivé ? Reste avec moi, on va sortir de là..." lui dit-elle en gardant le niffleur un peu groggy contre elle, le laissant trifouiller à loisir ses sequins pour qu'il ne s'échappe pas.

noël pour la bonne cause ft. C. Junior d’Archambault et les autres Ça ne devait être qu’une soirée interminable à laquelle je n’avais aucune envie d’être. Regarder des animaux bipèdes se déhancher comme des possédés sur de la musique qui ne ressemblait à rien d’autre qu’à du bruit… J’aurais seulement dû me plaindre d’être coincé ici au lieu de profiter du calme qui devait régner à Poudlard… Mais au lieu de cela, c’était une peur teintée de désespoir qui m’avait pris pour cible. L’ambiance changea en un rien de temps et aux rires stupides avaient succédé les cris. Bien sûr, il y avait certainement des gens que nous connaissions de près ou de loin qui étaient derrière toute cette histoire et les risques que nous prenions en étant là étaient moindres… Mais je ne pouvais m’empêcher de me demander pourquoi mon père ne m’avait rien dit sur le sujet. Je savais par expérience qu’il me considérait bien davantage comme un pion à placer sur son échiquier social qu’autre chose mais tout de même… Ça n’avait aucun sens ! Qu’il veuille que l’on suive l’exemple des Sørensen, passe encore, mais pourquoi me garder dans l’ignorance ? Le brouillard sombre et opaque qui nous entourait me semblait croître encore, comme s’il n’allait jamais finir de noircir. Qu’elle était loin la petite fête ridicule à laquelle nous assistions ! J’en venais presque à la regretter ! Il n’y avait rien au monde que je détestais plus que l’obscurité et ainsi privé de mes repères, il me semblait qu’il n’y avait plus la moindre issue. Nous ne risquions rien. Nous ne risquions évidemment rien… J’avais beau me le répéter à tout va, rien n’y faisait. Je n’en étais pas convaincu. Comment voulait-on qu’on nous reconnaisse alors qu’autour de nous, dans cette nuit d’encre, tout s’agitait ?! Un sort perdu et c’était fini… Pourtant, Finnbjörn ne paraissait pas s’en inquiéter, comme si tout était parfaitement sous contrôle. — Ne pas se prrrécipiter comme du bétail, pourrr commencer. J’eus à peine le temps de percevoir sa voix qu’une douleur sourde prenait le dessus, engourdissant tout mon bras. C’était probablement un imbécile qui avait embarqué je ne sais quel objet dans le but de défoncer je ne sais quelle fenêtre, ou porte, ou qu’importe mais la situation était telle que j’étais bien incapable de le réaliser pleinement. C’était sûrement un accident mais quelle preuve en avions-nous ? Je ramenai péniblement mon bras contre moi en tâchant de faire taire les élancements qui irradiaient joyeusement. Nous ne risquions rien. Mon père était certainement au courant de ce qu’il se tramait ici et gardait je ne sais comment un oeil sur moi. Jamais il m’aurait envoyé à ce gala pathétique s’il avait supposé que je puisse y être blessé. N’est-ce pas…? La réponse ne me venait pas… ou du moins pas celle que j’aurais pu vouloir… — Que t’arrrive-t-il ? Quelque chose t’a touché… ? Je secouai machinalement la tête. Son calme m’enjoignait péniblement à garder le mien et à feindre que tout allait bien. Je ne savais pas ce que je cherchais inconsciemment à faire, si c’était à être à sa hauteur ou à garder le seul contrôle qui me restait encore : celui sur l’image que je pouvais bien renvoyer. — Non, ça va. C’était un mensonge pitoyable mais, jusque là, j’étais en mesure de faire semblant. La douleur restait tolérable (quiconque avait joué au Quidditch avait déjà connu pire et mes cousins n’avaient jamais été d’une tendresse incroyable durant nos matchs estivaux) et je ne me voyais pas expliquer que c’était notre environnement qui me posait davantage problème. Il aurait été sa soeur que je n’aurais pas eu besoin de dire quoi que ce soit, elle le savait très bien. Mais il ne l’était pas et je tenais à garder mes tares pour moi tant que je le pouvais encore. J’en étais là de mes tergiversations silencieuses, à réfléchir à n’importe quoi pour un peu que ça ne ressemble pas à la situation désespérée dans laquelle nous nous trouvions, lorsque Finnbjörn m’acheva en deux mots. — Oh non. — Quoi ?! Ce fut l’odeur qui me parvint avant tout. Une odeur chaude et piquante, comme quelque chose qui brûle. Mon visage dut perdre toutes ses couleurs, j’en suis certain, mais le brouillard qui nous enveloppait devait le masquer assez bien. Je n’étais pas du genre à paniquer facilement, plutôt habitué à garder une tranquillité de façade en toute circonstance mais me retrouver coincé dans une salle en flamme sans être capable de voir plus loin que le bout de mon nez — littéralement — avait le don de me faire légèrement paniqué. Mon coeur se mit à battre à tout rompre et je sentais ma respiration suivre le même rythme. Il n’y avait rien que je pouvais regretter davantage que d’avoir mis les pieds ici ce soir ! Sinon de n’avoir rien pu prévoir… C’était absolument pitoyable ! Pour voir la disparition d’un chien sans intérêt, il y avait du monde, mais pour envisager ma mort prochaine, il ne fallait même pas espérer rien qu’une seconde ! — Juniorrr, je crrrains malheurrreusement qu’il ne faille rrrattrapper les bêtises de ma soeurrr. Sa déclaration, presque balancée sur le ton de la conversation alors que la lueur des flammes léchaient le brouillard dans des ombres jaunâtres, me fit l’effet d’une gifle. Je savais qu’Erin n’était pas un ange et que cette famille traînait des soucis psychologiques importants, je les connaissais depuis trop longtemps pour ne pas m’être fait un avis sur la question et avais un jour décidé de n’en avoir pas grand chose à faire… Mais pourquoi aurait-elle décidé de mettre le feu à une salle dans laquelle nous étions tous pris au piège ?! C’était n’importe quoi ! Elle ne pouvait pas avoir consciemment signé à tous notre arrêt de mort ! Nous ne l’avions pas vue, ça aurait pu être n’importe qui d’autre et je refusais purement et simplement que ce soit l’oeuvre de ma meilleure amie. Mon cerveau était incapable de produire le moindre raisonnement, fut-il illogique, il se contentait de clamer l’innocence d’Erin comme on prétend l’existence de Dieu. Des croyances parfaitement désespérées auxquelles on s’accroche parce qu’il n’y a plus rien. Et ce soir, c’était exactement ça… Mais face à un tel blasphème, la justice divine ne trancha pas en ma faveur et m’imposa un châtiment à la hauteur de mon crime : Bradford arriva jusqu’à nous, sans aucune trace de la fugitive. Je n’eus même pas le temps d’ouvrir la bouche pour lui demander où elle était que Finn prenait les devants. — Forrrmidable, Brrradford. Tu es fierrr de ton feu ? Mais il venait de dire que… J’observais péniblement la scène alors que tout en moi me hurlait de déguerpir. J’en étais seulement bien incapable. Je les fixais tour à tour, bêtement, sans réaction, l’avalanche d’informations submergeant le peu de bon sens qui me restait encore. — Nous étions tout prrrrès, et nous t’avons vu te tenirrr à côté du buffet lorrrsque les prrremièrrres flammes ont prrrises. J’espèrrre que tu sais que tu rrrisques le rrrenvoi. Je n’avais rien vu du tout mais je me fichai bien d’acquiescer. La seule chose qui me sautait aux yeux était sa faculté de faire la conversation alors que la salle était en train de s’embraser et que sa soeur restait introuvable. L’air me parvenait de plus en plus difficilement à mesure que les minutes qui nous restaient très probablement à vivre s’envolaient en fumée. Le petit jeu de mon ami ne m’intéressait pas, je ne cherchais même pas à le comprendre, me contentant seulement d’y voir ce que je voulais : il était coupable et Erin innocente. Cette version eut le don de me rassurer une seconde mais pas assez pour me faire oublier le brasier dans lequel nous nous trouvions encore. — Il serrrait bon de nous éloigner avant que nos costumes ne roussissent. Qu’en penses-tu ? Sa suggestion me servit d’électrochoc et je hochai la tête non sans une certaine hystérie. Je déglutis difficilement et avançai au hasard, loin du buffet, bousculant Bradford au passage ce qui eut le don de réveiller la douleur qui vivait toujours dans mon bras. Je ne pris même pas la peine de vérifier s’ils me suivaient, tous deux m'insupportaient au plus haut point. — Nous serons chanceux s’il n’y a qu’eux, grognai-je plus pour moi qu’autre chose alors que je peinais à me frayer un chemin parmi les corps gesticulant qui n’avaient de cesse de brailler. Je ne me faisais pas d’illusions, s’ils étaient tous là c'est que nous étions coincés d’une manière ou d’une autre, alors inutile de commencer par cela. L’idée était de mettre la main sur Erin. Si nous devions y passer ce soir, je refusais qu’elle passe ses derniers instants seule dans cette masse grouillante de moldus idiots… Et tous les sang-de-bourbes qui s’y mêlaient si bien. Comme la préfète Chasemane qui se matérialisa sur mon chemin comme par magie. L’inquiétude qui se lisait sur son visage avait quelque chose de rassurant, d’immensément humain comparé à la froideur tranquille qui figeait celui de Finnbjörn. Nous étions tous dans le même bateau, ce soir, condamnés au même bûcher. — Y’a rien par là. Ça n’était qu’un murmure probablement inaudible pour quiconque sinon elle, du moins je l’espérais… Je n’avais pas envie d’avoir à me justifier pour cet égarement ridicule que l’on pouvait aisément mettre sur le compte de la panique grandissante qui m’engourdissait tout entier… Mais si elle parvenait à mettre la main sur la porte, peut-être pourrait-elle y rameuter les autres et réussir à l’ouvrir. Elle n’était qu’un insecte parmi tant d’autres, évidemment, mais si nous ne comptions que sur ceux qui ne l’étaient pas, ce soir, autant attendre simplement que la mort vienne nous étreindre. Et il en était hors de question ! Je ne lui accordai pas une seconde plus et repartis à la recherche d’Erin… code by bat'phanie

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