Devant son miroir, Marlow tentait de faire en sorte que les battements de son cœur acceptent de ralentir leur cadence effrénée. Elle y parvenait de temps en temps, mais dès qu’elle se mettait à repenser à la soirée qui l’attendait, ils repartaient de plus belle, ne lui laissant aucun répit. Et pour cause, elle avait accepté de se rendre au bal d’Halloween avec James et cette idée lui donnait presque envie de s’évanouir. Sur le coup, elle s’était dit que l’idée était peut-être bonne après tout, elle n’avait quasiment jamais mis les pieds à un événement organisé par l’école par crainte de la foule qui s’y trouvait mais maintenant que l’échéance se rapprochait, elle se trouvait totalement stupide. Comment avait-elle pu croire que les choses allaient bien se passer ? C’était totalement ridicule et elle en prenait désormais confiance. Toutefois, James l’attendait et il avait eu l’air tellement sûr de lui lorsqu’il lui avait proposé qu’ils y aillent ensemble, elle ne pouvait pas se permettre de renoncer pas alors qu’il avait fait tous ces efforts pour la convaincre.

Ignorant tout de son futur déguisement, elle avait réfléchi au sien avec attention pendant le temps qui lui était imparti. Les possibilités étaient multiples pour un soir d’Halloween mais la jeune fille avait fini par opter pour une créature sanguinaire un peu surnaturelle, à mi-chemin entre l’humain et l’animal… Le costume était relativement simple à réaliser et le résultat assez surprenant voire un peu effrayant. Elle espérait que le résultat dissuaderait quelques élèves de l’approcher trop près et espérait en même temps ne pas faire regretter son choix à James. La rouge et or ne tenait pas à lui pourrir sa soirée. Elle s’était donc affairée longtemps pour que le costume prenne forme, du faux sang et une robe de mousseline rose avaient été les seuls nécessaires pour le créer. Elle avait découpé sa vieille robe de façon à lui redonner un petit coup de jeune, avant de la badigeonner de larges bandes de faux sang, le rendu n’était pas trop mauvais, au moins elle ne s’était pas engagée dans l’art pour rien. Avant la soirée, elle avait filé sous la douche pour se laver les cheveux avec ce même faux sang et lorsqu’elle avait revêtu sa robe, elle avait eu presque l’impression que quelqu’un s’était vidé de son sang au-dessus de sa tête. C’était bien la première fois qu’elle faisait autant attention à ses vêtements.

Sauf que désormais, il lui fallait sortir de son dortoir et la tâche était beaucoup moins aisée qu’elle en avait l’air. Marlow regrettait d’avoir laissé ses bras à l’air libre, hésitait à gâcher un gilet blanc pour enlever ce défaut de son costume, se demandait si elle ne devait pas dormir tout de suite et dire à James qu’elle s’était sentie mal… Mais non, elle était une Gryffondor donc une fille courageuse. Après une dernière grande inspiration, la jeune fille sortit de son dortoir, puis de sa salle commune, se mêlant à la foule d’élèves en gardant son regard rivé sur le sol, évitant le plus possible d’attirer l’attention. Arrivée devant la salle de bal, elle mit un certain temps avant de repérer James, le jeune homme avait réussi avec peu de moyens à se métamorphoser, le résultat était angoissant mais très réussi.

« Salut. » Dit-elle simplement en réussissant à slalomer entre les élèves pour se rapprocher de lui. « Ton costume est vraiment très réussi, t’es flippant. »

Le mot était même faible, mais peut-être était-elle aussi un peu trop émotive, son cœur menaçait encore de se décrocher, la soirée allait être longue.

Spoiler:

La plupart des personnes sur cette Terre aurait probablement dit que January et moi n’avions rien à faire ensemble, et que notre couple était voué à l’échec. Mais la vérité était que chaque moment que je passait avec elle était encore mieux que le précédent, et que ça ne cessait de s’améliorer. Bien sûr il y avait ces moments où nous étions en désaccord, nous étions tous les deux plutôt têtus et cela était donc inévitable mais les bons moments surpassaient tellement ces disputes qu’elles étaient bien vite oubliées. Il y avait néanmoins une chose qu’il fallait que je dise à Jan si je voulais être honnête avec elle. Mais la vérité était que j’avais peur. J’avais peur de lui dire ce que j’avais fait car je craignais sa réaction, la soirée s’annonçait tellement bien que je n’avais aucune envie de la gâcher. Cependant je pouvais être certain qu’elle réagirait mieux si j’étais celui qui lui disait que j’avais furtivement embrassé Sunny plutôt qu’elle ne l’apprenne par quelqu’un d’autre. Il fallait simplement que je trouve le bon moment pour lui dire. Et ce moment risquait d’être un instant difficile. Pour nous deux.

Je souriais lorsqu’elle me demanda si j’allais lui demander d’ouvrir le courrier de mes admiratrices. A vrai dire ce ne serait pas une mauvaise idée tiens ! Je suis sûr qu’on pourrait s’amuser en lisant ces lettres, elles sont toujours un peu étranges. Mais si tu veux je pourrais en échange t’aider à ouvrir tes propres courriers, je parie que je fais des jaloux aussi. Cependant, lorsqu’elle me parla du fait que je ne pouvais pas lui mentir, je réagissais de façon un peu moins enjouée. En fais je ne disais rien à ce sujet pour la simple et bonne raison que je savais que malheureusement pour elle c’était faux. Je pouvais lui mentir si j’en avais envie, il ne tenait qu’à moi d’être honnête avec elle. Et je n’avais aucune envie de la blesser, c’est pour cette raison que je décidais que j’allais lui dire la vérité, d’un instant à l’autre. Mais en attendant je ne pouvais rien laisser paraître.

Lorsqu’elle me dit que j’aurais très bien pu avoir envie de passer cette soirée avec mes amis, je relevais doucement son menton pour qu’elle me regarde dans les yeux et je lui dis le plus sincèrement du monde : J’ai beau tenir à mes amis, j’ai tout le temps de les voir. Alors que toi, entre nos emplois du temps différents et le fait que nous soyons dans deux maisons différentes, j’ai l’impression que le temps passe beaucoup trop vite et que je ne te vois pas assez. C’est pour cette raison que je t’ai choisie toi comme ma cavalière pour ce soir, toi et personne d’autre. Je suis ravi que tu aies accepté mon invitation néanmoins, je crois que j’ai bien fais de le faire dès que j’ai eu connaissance de cette soirée avant de risquer de voir qu’un autre mec aurait pu te faire cet honneur. C’est vrai quoi, January avait le don de plaire, et que ce soit à moi ou à un autre garçon, je n’avais encore jamais vu qui que ce soit lui résister. J’étais secrètement très regardant concernant ses fréquentations, bien que je n’en dise rien, mais il est vrai que le fait qu’elle fréquente des nés-moldus me dérangeait encore tout autant qu’au premier jour.

J’avais déposé un baiser sur ses lèvres et malgré moi dans ce baiser avait pu être ressentie toute l’hésitation que j’avais à ce moment-là concernant ce que je m’apprêtais à lui dire. Ce n’était pas facile à avouer, surtout que par le passé, jamais je n’avais eu à rendre de compte. A personne. Et aujourd’hui non plus, en tout cas pas vraiment. Après tout Jan m’avait prouvé qu’elle me faisait confiance et qu’elle me laissait libre de faire ce que je veux mais je savais que quelle que soit la manière par laquelle elle apprendrait la nouvelle, elle souffrirait, autant faire que ce soit le moins le cas possible. Intérieurement, je me sentais au plus mal lorsqu’elle me sourit et me dit que maintenant les choses étaient différentes en bien. Elle voulait trinquer à cette soirée mais alors qu’elle disait cela, comme si j’étais poussé par une force supérieure à être honnête avec elle, je vis que Sunny venait de faire son entrée dans la salle. Nous avions beau être en bons termes, il valait mieux ne pas marcher sur des charbons ardents et j’essayais donc calmement de me préparer à tout dire à Jan.

Je serais ravi d’aller trinquer à notre couple, et à cette soirée aussi évidemment, mais avant il faut que je te dise quelque chose. Ce n’est rien de grave mais je pense qu’il vaudrait mieux que tu le sache. Afin que les choses soient claires entre nous tu comprends ? Je n’attendais pas sa réponse, alors que ma gorge se serrait je lui dis : Voilà, il y a environ un mois et demi j’ai rencontré Sunny et il se trouve que ce jour-là nous étions tous les deux d’humeur joueuse et … Je l’ai .. embrassée. Le reste de ma phrase fut prononcé de façon tellement rapide qu’on pouvait facilement remarquer que j’essayais tant bien que mal de faciliter les choses pour Jan : Mais il n’y avait aucune ambiguité là dedans, c’était plutôt comme un défi et j’ai appris que malheureusement ça avait été son premier baiser et même si pour moi ça ne représentait rien elle a mal pris le fait que je le lui vole, comme tu peux l’imaginer et elle s’est un peu énervée mais là n’est pas la question, je voulais simplement que tu le sache car j’ai détesté te le cacher et je voulais t’éviter de l’apprendre par quelqu’un d’autre je … Je soupirais, avant de dire plus silencieusement : Je suis désolé Jan.

Les admiratrices d’Asling avaient beau être relativement nombreuses ce qui n’enchantait pas du tout la Poufsouffle, elle ne put s’empêcher de rire en l’entendant répondre de la sorte. Il avait un certain don pour jouer les anguilles et éviter les problèmes en reportant la faute sur elle. Il est vrai que niveau passé, ils étaient un peu dans le même cas, à ceci près que pour January, c’était de la poudre aux yeux et rien de plus.

« Même pas, je préfère agir qu’écrire, tu es bien placé pour le savoir. »

Un clin d’œil vint ponctuer sa réponse, elle occultait très volontairement une partie de leur relation passée mais ça n’avait pas d’importance. Elle ne voulait pas se souvenir dans sa vie que du moment de doute qui l’avait traversé au moment où elle croyait qu’il ne cèderait jamais à ses avances. Elle lui avait bien avoué qu’elle l’avait imaginé, mais hors de question qu’il passe sa vie à le lui rabâcher, c’était déjà bien assez difficile comme ça à admettre. Mais en attendant, elle profitait pleinement de le voir jouer de ses charmes, il était plutôt doué pour manier les mots et ne pas se laisser embobiner semblait être quasiment impossible.

« J’aurais pas accepté de toute façon. » Répondit-elle très sereinement alors que quelques mois auparavant, jamais elle ne l’aurait avoué. « J’y serais sans doute allée avec mes copines, mais pas avec un autre garçon. »

Ça avait le mérite d’être honnête. On disait que l’honnêteté était toujours récompensée et January avait fait de gros efforts ces derniers temps pour extérioriser un peu plus et ne pas être la petite amie glaciale dont Asling ne voudrait plus au bout de quelques semaines. Et puis, le temps aidant, elle avait fini par y prendre goût et trouvait même agréable de voir naitre une certaine complicité entre eux. Ils avaient beau ne pas être le couple idéal, ils parvenaient à composer et il était rassurant de se rendre compte qu’elle n’était pas aussi inapte sentimentalement parlant qu’elle avait voulu le croire. Sauf que les événements prirent une tournure totalement inédite et le nuage rose sur lequel elle était perché devint en une fraction de seconde très instable. Dès qu’Asling avait commencé à parler, elle avait vu sur son visage que quelque chose n’allait pas, mais alors qu’il continuait sur sa lancée, la jeune fille avait la nette impression de faire une chute de dix étages. Son cœur battait dans sa poitrine à une vitesse folle, menaçant de se décrocher à chaque instant. Elle avait du mal à croire que ça puisse être vrai, elle ne voulait pas croire que ça puisse être vrai. Alors qu’il s’était arrêté de parler, elle resta quelques secondes sans rien dire, choquée, mais une boule de colère ne tarda pas à se former dans sa gorge, menaçant d’exploser à tout instant. Lorsqu’elle prit la parole, ce fut pourtant relativement calmement. Le calme avant la tempête.

« Tu ne voulais pas que je l’apprenne par quelqu’un d’autre et tu attends un mois et demi pour me le dire ? T’as conscience que Sunny est en cinquième année comme moi et qu’on partage le même dortoir ? » Lui demanda-t-elle sur un ton glacial. « Non, je ne comprends pas et ce n’est pas à toi de décider si c’est grave ou pas. Tu te fous de moi ? Tu te prétends droit et honnête en face et derrière moi tu te comportes comme un connard ! Tu aurais au moins pu avoir le courage d’assumer. »

Les mots se bousculaient sans pour autant réussir à sortir dans l’ordre qu’elle voulait bien leur donner. Des larmes de colère montaient sans qu’elle puisse les retenir, elle ne pleurait pas, pas encore tout du moins mais elle le détestait pour ce qu’il venait de lui dire.

Spoiler:

Je crois que dorénavant je ferais mieux de me taire au lieu de décider de jouer la carte de l’honnêteté. C’est d’ailleurs bien pour ça que pendant ce mois et demi j’étais resté silencieux quant à ma petite mésaventure avec Sunny. Après tout cela n’avait absolument la moindre espèce d’importance et pourtant je savais que si Jan venait à apprendre ce qui c’était passé elle ne prendraient pas bien la chose bien du tout. Mais pouvais-je la blâmer ? Non, absolument. Car je lui avais proposé cette relation exclusive et c’était maintenant moi qui jouait au con ? Elle avait toutes les raisons de m’en vouloir à vrai dire. Et moi-même je me demandais ce qui avait bien pu me passer par la tête. C’est vrai quoi, risquer de perdre January pour une mésaventure comme celle-là ? Avais-je perdu l’esprit ? Oui, je crois bien. Que je vous explique : Jamais je n’avais vécu une telle relation. Jamais je n’avais ressenti de tels sentiments. Et elle parvenait à me faire sentir vivant à chaque instant, quelle que soit mon humeur avant que je ne la voie, elle réussissait à illuminer mon quotidien grâce à un simple mot, ou à un seul sourire. Et voilà que je gâchais tout à cause de mes instincts et de mes vieilles habitudes ? Non définitivement il y avait quelque chose qui cloche chez moi. Pourtant je ne pouvais pas laisser la situation telle qu’elle était actuellement. Et j’essayais donc de calmer la discussion, bien que Jan avait déjà eu un ton très posé. Je savais qu’intérieurement sa rage était difficile à maîtriser. Je pouvais la ressentir à travers ses mots et je ne supportais pas en être la cause.

Ecoute Jan, je ne savais pas comment te le dire. Si j’ai attendu aussi longtemps ce n’était pas pour te cacher la vérité, loin de moi cette idée, mais ce que je voulais surtout c’est trouver le bon moment pour te le dire.. Oui parce que cette soirée était le meilleur moment ? Bravo Asling, magnifique idée. Peut être que les choses pour toi ont une importance et d’un côté je dois dire que, même si ce n’est pas du tout le moment pour m’en rendre compte, cela me montre au moins que tu tiens à moi, mais la vérité c’est qu’à l’instant où cela s’est passé, je n’avais que ton visage à l’esprit et tu me diras, j’aurais mieux fait de garder mes distances avec elle mais c’est comme si pendant un instant j’avais eu besoin de redevenir mon ancien moi. Mais ensuite je me suis rendu compte que ce que j’avais ressenti n’était qu’une honte envers moi-même, car je t’avais assuré que je te resterais fidèle et crois moi c’est bien dans mes intentions, c’était un moment de faiblesse et dire que cela ne se reproduira jamais est un euphémisme.

A cet instant j’aurais voulu la prendre dans mes bras, lui dire que tout allait bien se passer, lui expliquer à quel point j’étais désolé, mais les mots semblaient coincés dans ma gorge alors que je ne pouvais pas bouger. C’était comme si une barrière invisible s’était immiscée entre nous et je détestais ça, je ne pouvais pas le supporter. Mais je savais que ce n’était pas à moi de la prendre dans mes bras et qu’elle seule avait le pouvoir de tirer un trait sur cette erreur …

Difficile de savoir sur quel pied danser. Marlow était à la fois contente d’avoir eu le courage de se rendre jusqu’ici et de retrouver James qui avait eu l’air si enthousiaste à l’idée de participer à cet événement organisé par l’école, mais de l’autre, elle se demandait si ce n’était pas la plus mauvaise idée qu’elle ait pu avoir depuis le début de sa scolarité. Sa mère lui aurait sûrement dit qu’elle avait raison de s’amuser, mais elle n’y croyait franchement pas. Toutefois, le Gryffondor avait l’air de vouloir la mettre à l’aise et c’était tout à son honneur, elle lui était reconnaissante d’être toujours au petit soin pour elle, Marlow reconnaissant sans mal être probablement difficile à supporter.

« Promis. Je serais sage comme une image. »

Un pâle sourire éclaira son visage, ce qui devait lui donner l’air plus effrayant qu’autre chose, puis le jeune homme lui donna le signal du départ, signe qu’elle allait devoir prendre son courage à deux mains et affronter la foule qui se pressait devant eux. La rouge et or emboita le pas à son ami, restant quasiment collé à lui comme s’il disposait d’une barrière protectrice lui évitant d’approcher de trop près les autres élèves. Elle faisait tout de même très attention à ne pas le frôler, chose pas évidente lorsque la seule envie qu’elle pouvait avoir à l’heure actuelle était de se métamorphoser en une petite poupée pour pouvoir terminer la soirée dans sa poche et éviter ainsi d’être confrontée aux autres élèves. Mais ça paraissait trop facile, elle ne pouvait pas se permettre une telle chose.

« Moi je trouve qu’il y en a de très réussi, t’as vu Ele ? » Demanda-t-elle en réponse à sa gentille moquerie. « La citrouille lui va bien au teint. »

En attendant, c’était son teint à elle qui devenait de plus en plus pâle au fur et à mesure qu’ils avançaient dans la pièce. Marlow n’était pas spécialement agoraphobe mais ce genre d’ambiance lui donnait envie de passer par la fenêtre. Toutefois, elle tenait à respecter son engagement et à se comportement comme une adolescente normale. Elle s’était juré que cette année serait différente qu’elle cesserait de se faire du souci pour tout et de jouer les potiches transparentes. Elle voyait bien les coups d’œil inquiets que lui lançait le jeune homme et était à la fois touchée par tant de considération et un peu mal-à-l’aise de lui pourrir ainsi sa soirée.

« Ça va aller, t’inquiètes. » Crut-elle utile de lui faire remarquer avant qu’il ait un torticolis. « Tu veux faire quoi ? Manger ? Boire ? Discuter ? Je ne suis pas très douée pour danser, j’ai que quelques bases. »

D’autant plus que les danses qu’elle pouvait pratiquer se comptaient sur les doigts d’une main. Mais quitte à être ici autant qu’elle profite de la soirée dans son ensemble, au moins elle pourrait dire par la suite qu’elle l’avait fait, une grande fierté.

Si elle avait su que cette soirée d’Halloween devrait prendre cette tournure, elle ne serait jamais venue. Elle détestait Asling de lui avoir dit ça maintenant et surtout de le voir si calme et mesuré alors qu’elle avait juste envie de lui mettre sa main dans sa figure. Mais même au milieu de la première crise de couple qu’elle ait pu connaitre dans sa vie, son côté superficiel refaisait surface. Sa réputation allait en prendre un sacré coup si elle provoquait un scandale en public et elle ne voulait pas que ça arrive. Passer pour la crétine amoureuse qui avait été la seule à ne pas voir l’infidélité de son copain, très peu pour elle. Si tout le monde pouvait éviter de le savoir, ça l’arrangerait bien.

« Parce que tu penses que là, c’est le bon moment ? » Répondit-elle un peu plus rageusement qu’elle ne l’aurait voulu. « Je ne peux même pas te mettre ma main dans la figure… Tout le monde va nous regarder. J’ai juste envie de t’insulter, de pleurer et de m’en aller… »

Mais évidemment, elle n’en fit rien, c’était bien trop difficile. Elle n’était peut-être pas capable de prendre le recul nécessaire actuellement pour analyser la situation, mais elle savait tout de même que malgré toute la colère qu’elle pouvait ressentir à son égard, elle était absolument incapable de le planter là et de mettre les voiles. Si elle agissait de la sorte, c’était comme si elle mettait fin à leur relation en quelques sortes et c’était bien trop soudain pour qu’elle puisse l’envisager. Il y avait à peine deux minutes, ils étaient heureux, elle était en train de penser à tous les changements positifs qu’il y avait eu dans sa vie depuis qu’il y était entré et depuis, la douche froide. Les larmes qu’elle avait réussi jusqu’ici à contenir roulèrent sur ses joues, mais elle les essuya rapidement d’un revers de main, reprenant un semblant de contenance. Hors de question qu’elle se donne en spectacle, il n’allait pas lui enlever tout son travail en plus de son amour propre et de la confiance qu’elle avait pu lui donner.

« Tu ne l’as embrassé qu’une fois alors ? Et après plus jamais ? » Demanda-t-elle en sachant pertinemment quelle était la réponse à cette question.]b] « Si tu pensais à moi pendant tout ce temps en sachant pertinemment que j’allais mal le prendre, pourquoi tu l’as fait quand même ? C’est si difficile que ça de renoncer ? »[/b]

Autant de questions qui n’en étaient pas vraiment, il ne pouvait pas se justifier plus qu’il l’avait déjà fait. January se sentait affreusement blessée, elle lui avait donné sa confiance et son cœur par la même occasion, et elle avait la très nette impression qu’il les avait balancés dans la première poubelle venue sans un seul regard en arrière et pas la moindre considération. C’était sûrement ce qu’elle avait le plus de mal à accepter.

« Bien sûr que je tiens à toi… Tu n’avais pas besoin de ça pour le découvrir. Si tu avais des doutes au sujet, le mieux aurait sûrement été de venir m’en parler. Je suis pas spécialement expansive, je le sais, mais ne rejette pas la faute sur moi… Je ne t’ai pas poussé à me tromper pour être rassuré sur mes sentiments, il y a des façons bien plus correctes d’agir pour ça. »

Etait-ce ridicule qu’elle trouve quand même positif qu’il se sente honteux ? Il pouvait largement la mener en bateau encore une fois. Mais quoi qu’il arrive et quelle que soit la rancune qu’elle puisse éprouver, il lui fallait faire bonne figure et assumer cette soirée. Une vraie partie de plaisir.

A l’heure actuelle tout ce que je voulais c’était essayer d’expliquer tout ce qui s’était passé avec Sunny de la façon la plus calme possible mais à vrai dire, Jan avait raison, ce n’était absolument pas le bon moment pour en parler. Néanmoins ça avait été plus fort que moi, lorsque j’avais vu Sunny faire son entrée j’avais eu l’impression que je devais être honnête avec Jan, au moins en guise de respect. Lorsque Jan me dit qu’elle ne pouvait même pas me frapper un sourire triste passa sur mes lèvres, jusqu’à ce qu’elle me dise que tout ce dont elle avait envie était de pleurer et de m’insulter.
Je ne savais pas précisément quel comportement je devrais adopter, jamais je n’avais eu à me justifier pour avoir embrassé une fille, c’était peut être un des inconvénients d’une véritable relation de couple. Mais le jeu en valait largement la chandelle et il ne me restait plus qu’à essayer de calmer le jeu, sans trop m’enfoncer d’avantage comme j’étais en train de le faire. Mais le simple fait que cette discussion soit une première ne m’aidait pas vraiment. J’aimerais dire à Jan tout ce qu’elle souhaitait entendre mais je n’étais pas sûr de savoir ce dont il s’agissait. Sans compter que après ce que je venais de lui avouer, il ne me suffisait pas de lui dire ce qu’elle voulait entendre, mais il fallait aussi que cela soit sincère, sinon c’était inutile.

Lorsque je vis une larme couler le long de sa joue, je n’y tint plus et après qu’elle l’ait essuyé du revers de la main, je la serrais contre moi car à cet instant c’était la seule chose que j’avais envie de faire. J’aurais préféré qu’elle me frappe plutôt que d’encaisser ça silencieusement mais je la connaissais trop pour savoir qu’elle ne ferait jamais une chose pareille au beau milieu d’un bal, où des dizaines de personnes pourraient assister à cette scène.

J’embrassais ses cheveux et elle me demanda si je n’avais embrassé Sunny qu’une seule fois. Crois moi une fois était suffisante, j’ai appris ma leçon. Le problème c’est que je ne pensais pas qu’un tel geste prendrait autant d’ampleur. Comme je te l’ai dis pour moi il s’agissait presque d’un défi et par Merlin c’était stupide de ma part de le relever mais il est trop tard pour revenir en arrière, je sais que j’ai mal agis. Crois le ou non si je devais faire un choix entre mes habitudes passées et ma vie de couple avec toi c’est sans hésiter que je te choisirais, mais il m’arrive parfois de déraper et de faire des choses que j’aurais pu faire dans le passé mais qui aujourd’hui ont une toute autre importance.

Sunny choisit de venir nous saluer au beau milieu de la conversation et je crois que malgré le fait que je lui ai promis d’essayer de repartir sur de bonnes bases avec elle, jamais je n’ai autant fusillé quelqu’un du regard. Heureusement qu’un regard ne peux pas tuer car je n’aurais pas donné cher de sa peau si c’était le cas.

Effectivement, désolé Sunny, on discutera une prochaine fois si ça ne te dérange pas ?

J’avais essayé de rester calme pour faire bonne figure mais j’avais été soulagé lorsque je l’avais vue s’éloigner. Je déposais un baiser sur le front de Jan et lui dis presque dans un murmure :
Tu ne pourrais pas me détester plus que je ne me déteste là maintenant pour te faire souffrir.. A l’avenir sache que jamais je ne pourrais te faire souffrir de la sorte à nouveau, te voir dans cet état est bien trop difficile surtout lorsque je sais que je suis la cause de ta douleur.

Il fallait dire ce qui était, Knox était aux anges ce soir. Elle était à un bal, un événement qu'elle adorait. Elle portait une belle robe, qu'elle avait confectionné elle même, une fierté pour cette demoiselle qui n'a aucune bonne estime d'elle même. Et elle était au bras d'un garçon, certes qu'elle n'avait vu qu'une seule fois et dont la rencontre remontait aujourd'hui à quelques mois, mais quand même. Elle aurait pu aussi trouver ça étrange qu'un garçon qu'elle n'avait vu qu'une seule fois et avec qui le contact était passé assez difficilement l'invite, mais non, elle n'y avait même pas songé, comme si cela avait été naturel, normal. Knox est bien incapable d'avoir de moments sans tension, du coup les rencontres comme celle qu'elle a eu avec Noel était de l'ordre du normal, ce qui ne l'était pas en revanche, c'était que le garçon voulait la revoir, mais ça, Knox n'avait pas envie d'y songer. Pourquoi se prendre la tête avec ça ? Pourquoi n'avait-elle pas le droit elle aussi de plaire ou d'intriguer les autres ? Certes elle n'avait pas ou peu d'amis, mais ça ne voulait pas dire qu'elle était inintéressante comme fille. Elle savait que si les gens la fuyaient, c'était essentiellement pour ses sautes d'humeur, ses nombreuses bouderies et le fait qu'elle même n'avait pas forcément envie de les revoir. Elle n'était pas Aurora, c'est vrai, mais elle grandissait, elle espérait un jour avoir elle aussi un petit ami, même si c'était encore une notion vague et lointaine. Noel était quelqu'un qui vivait dans un cirque, donc il avait forcément de l'intérêt pour Knox et en plus il était totalement différent de son frère et de sa soeur, ce qui plaisait à la jeune fille. Evidemment, elle ne voulait pas se l'avouer, pourquoi le ferait-elle de toute façon ?

"Tu crois ?"

Lâcha Knoxslay en passant les portes. Cette phrase lui avait échappé, il fallait bien l'avouer mais c'était normal au vu de la situation. D'une part, c'était la première fois qu'on lui disait qu'en sa compagnie, quelqu'un allait faire des jaloux. En général, les gens l'évitaient ou elle les envoyait paître. Du coup, personne ne pensait un seul instant qu'en sa compagnie, elle allait faire des jaloux. C'était quelque chose de nouveau, mais très agréable et surprenant. Alors c'était ça que l'on ressentait quand on était fière ? c'était un sentiment assez étrange, nouveau et perturbant. Knox n'arrivait pas à savoir si elle aimait ou détestait. Ce qui était sûr c'était qu'elle ne contrôlait rien et ça la dérangeait un peu. Ensuite, le contact de la main de Noel dans la sienne était aussi quelque chose de totalement nouveau. Même s'il n'y avait aucun sous-entendu, c'était étrange, perturbant, tout en était assez agréable. Un frisson avait parcouru son échine, sentiment tout nouveau. Décidément, cette soirée allait être pleine de surprises.

"Non pourquoi ? Tu veux attendre toi ?"

La question la laissa perplexe. Pourquoi attendre ? C'était stupide, les gens faisaient bien ce qu'ils voulaient mais elle n'était pas un mouton. On lui a toujours dis et elle a toujours vu que dans les bals, on était là pour danser et se pavaner au bras de quelqu'un. Pour une fois qu'elle pouvait faire les deux en même temps, autant en profiter. Certes, il était loin d'être le stéréotype même du prince charmant, mais il ferait l'affaire pour ce soir. C'était son premier "vrai rendez-vous", si on pouvait appeler ça comme ça, elle n'allait pas y cracher dessus. Surtout que même s'il était loin d'être un prince charmant, il restait néanmoins charmant, tout du moins aux yeux de Knox. Il savait fait des tours de magie et ça ça lui plaisait, il vivait dans un cirque. Il était un des triplés, ce qu'elle trouvait chelou, mais elle arrivait étrangement à passer au dessus, ce qui était assez étrange. Le plus étrange également, c'était que jusqu'à présent, elle s'était montrée plutôt sympa, pas casse-couille, ce qui était pourtant son crédo jusqu'à présent. Combien de temps cela va-t-il durer ? Là est la question.

Etalyrae aurait réduit son frère en un tas de cendres si ses yeux avaient eu la faculté de lancer des rayons lasers mais à la place, elle se contenta de lui lancer un regard noir, ce n'était pas grand chose mais elle préférait cette méthode pour se faire comprendre plutôt que de crier au scandale juste devant le lieu où se dérouler la soirée, elle risquait de perdre le seul garçon qui l'avait invité à être sa cavalière et tout le monde ou presque serait au courant qu'elle avait été si désespérée de se rendre au bal seule qu'elle avait du avoir recours à la présence de son frère. La jeune fille respira un grand coup pour se donner du courage s'aidant du souvenir de leur anniversaire pour espérer une assez bonne entente entre eux juste le temps de cette soirée pour bonne figure devant tous leurs petits camarades.

« Après sept ans passés au château, c'est seulement maintenant que tu daignes te rendre à un bal ? Je me demande si il y a une raison particulière. »

La subtilité n'était pas de rigueur ce soir, Etalyrae ne cherchait pas à se cacher, elle était curieuse de savoir ce qui avait poussé son jumeau à faire ce premier pas en avant et elle comptait bien lui faire lâcher le morceau avant qu'ils retournent tous les deux dans leurs dortoirs respectifs, elle connaissait suffisamment son frère pour se douter là qu'il y avait une bonne raison derrière tout ça sans compter qu'il avait juger beaucoup mieux de s'y rendre en sa compagnie plutôt que tout seul, c'était bizarre cette décision quand on savait qu'ils avaient plus l'habitude d'être comme chien et chat tous les deux. Peut-être que la raison du déclic de Jesse lui apparaîtrait durant la soirée à défaut de l'entendre dire de lui-même. Dès qu'ils furent rentrés dans la salle, Etalyrae eut la surprise de le voir perdre son regard dans le décolleté de l'une de leurs camarades, elle ne doutait pas à un seul instant que ça soit pour se rincer l'oeil qu'il soit venu mais fût quand même outrée qu'il perde ainsi son regard dès leur arrivée, tous les deux ne sortaient pas ensemble – encore heureux, quelle horreur sinon – mais la préfète restait sa cavalière et il devrait éviter ce genre d'égard à l'avenir. Il ne lui laissa pas le temps de lui faire la remarque, prétextant aller leur chercher à boire mais Etalyrae ne manqua pas de voir que son frère recroisa la route de Lisbeth quelques secondes plus tard et même si cette dernière ne resta pas longtemps ce fût largement assez pour que Etalyrae le rejoigne avec la ferme intention de mettre les choses aux claires.

« C'est elle qui a des vues sur toi ou alors toi sur elle ? Parce que dans ce cas là il fallait que tu l'invites elle et pas moi mais maintenant que c'est moi qui suis ta cavalière j'ai pas l'intention de te laisser prendre la poudre d'escampette avec la première fille venue pour me retrouver comme une cruche toute seule au beau milieu de tout ce monde. »

L'ego de la jeune fille en avait pris un sacré coup suite à son manque de succès auprès de la gente masculine, elle aurait beaucoup aimé s'amuser à choisir à qui elle donnerait l'honneur de pouvoir se vanter d'avoir eu à son bras le temps d'une soirée la préfète des Serpentard mais ce qu'elle avait espéré n'était resté que fiction puisque rien ne s'était passé comme elle le voulait. Etre accompagner de Jesse était un chose misérable mais bien encore plus si il finissait par la délaisser lui aussi.

Spoiler:

Le Serpentard soupira ostensiblement à la remarque de sa jumelle, bien décidé à taire les raisons réelles de son envie de faire autre chose ce soir-là. C'était tellement ridicule, tellement digne d'un mauvais roman qu'il préférait feindre le simple souhait de voir de ses propres yeux ce qu'on lui racontait depuis des années.

« Si je ne le fais pas maintenant, quand le pourrais-je ? C'est la dernière année que nous passons entre les murs de Poudlard, je ne pensais pas avoir à te le rappeler. »

Il avait parlé d'une voix détachée, comme s'il s'agissait là d'une évidence. Les choses se compliquèrent une fois qu'ils furent à l'intérieur. S'il n'avait pas su vraiment à quoi s'attendre en se rendant à cette stupide soirée, il commençait déjà à regretter d'y avoir mis les pieds. Passer pour le dernier des pervers en présence de sa sœur n'était pas dans ses habitudes, ni devant personne d'autre d'ailleurs, c'était tellement loin de ce qu'il était... Il avait simplement été surpris, perturbé par l'arrivée provocante de Lisbeth dans son champ de vision. Il fallait reconnaître que les seules filles qu'il avait pour habitude de côtoyer étaient celles qu'on trouvait dans les tréfonds de la bibliothèque, et elles ne mettaient pas ainsi leur atouts en valeur... Ca n'avait été que la surprise, rien d'autre. Loin de lui l'envie de se mettre à reluquer toutes les filles qu'il croiserait ce soir. Si sa fuite vers le buffet semblait être une bonne idée, elle changea rapidement de statut lorsqu'il vit Etalyrae se ruer vers lui, il ne chercha pas à savoir pour quelle raison et ralentit simplement sa course pour s'arrêter à sa hauteur avant de lui fourrer son verre dans les mains.

« Qui ? Henderson ? » s'étonna t-il avant de plonger ses lèvres dans son propre verre tandis que son regard cherchait distraitement la jeune femme en question. Manque de chance, ça ne fut pas sur elle qu'il tomba mais sur Marlow, juste derrière l'objet des suspicions d'Etalyrae. Sous le choc, il avala de travers et manqua de s'étouffer, toussant à maintes reprises en manquant de renverser son jus de citrouille tant sur lui que sur sa cavalière. « N'importe quoi ! Plutôt mourir que d'avoir des vues sur elle, elle ressemble à une prostituée ! »

Son visage avait perdu toutes ses couleurs. Elle était là. Là où il avait été certain de ne jamais la croiser, là où elle avait toujours prétendu ne jamais mettre les pieds. Et en charmante compagnie de ce qu'il avait cru voir lors de l'infime seconde qu'il avait pu passer à la regarder. N'était-ce pas là le pire ? Qu'elle ait pu le remplacer en quelques semaines à peine... Comme si, finalement, ça n'avait été qu'un amusement comme un autre, au dessus duquel il était aisé de passer. Quelle chance elle pouvait avoir ! Chaque battement de son cœur lui semblait plus douloureux que le précédent, comme pour lui faire regretter davantage encore tant d'être venu que de l'avoir lâchement abandonnée. Enfin, elle n'avait pas l'air particulièrement traumatisé, bien au contraire... Il n'osait pas reposer les yeux sur elle mais malgré la distance qui les séparait, il avait l'impression de ressentir chacun de ses mouvements. C'était un véritable cauchemar. Il fallait faire comme si de rien n'était, bien sûr, comme toujours... Reportant son attention sur sa sœur, il posa son verre à moitié vide sur une table proche.

« Je n'ai pas l'intention de prendre la poudre d'escampette, Etalyrae. »

Emrick avait attendu relativement longtemps cette soirée, puisque l’Halloween était une de ses fêtes préférées. Il avait passé un bon moment à préparer son costume, de sorte qu’il soit juste assez épeurant pour les autres élèves qu’il connaissait. S’il pouvait tout simplement ne pas se faire reconnaitre, il considérait que son déguisement était une réussite totale. Il ne fallait seulement pas faire trop peur à qui que ce soit, il ne voulait pas que ses amis ne le reconnaissent pas et s’enfuient en courant, tout de même, cela n’était quand même pas son but ultime. Quoique si Franz et ses amis puissent le craindre, il ne s’en plaindrait pas.

Il descendait les marches de son dortoir pour rejoindre Callie devant leur salle commune, comme ils se l’étaient dits plus tôt. Le fait que la Poufsouffle semblait vouloir cacher leur relation le plus longtemps possible commençait à énerver un peu Emrick, surtout qu’il ne voyait pas pourquoi elle y tenait autant. Certes, leur couple était récent et ce n’était pas aux autres de se mêler de leurs affaires, mais il aurait aimé ne pas avoir l’impression de toujours devoir se cacher devant les yeux des autres élèves. Sortant de la salle commune, il vit sa copine qui l’attendait déjà devant la porte. Il posa une main sur son épaule, voyant qu’elle ne l’avait toujours pas remarqué, dans le but de lui faire légèrement peut lorsqu’elle se retournerait. Elle était déguisée en fantôme, s’il avait bien compris.

« Charmant. » Dit-il d’un ton légèrement sarcastique, puisque ce n’était tout de même pas le plus mignon des déguisements qu’elle aurait pu choisir, il n’allait pas lui mentir par rapport à cela.

Il se mit à marcher en direction de la grande salle, remarquant au passage que Callie semblait essayer de s’y rendre le plus lentement possible. Quand à lui, même s’il savait que leur relation allait probablement s’officialiser aux yeux de tous ce soir, il ne lui prit pas la main pour se diriger vers la salle. Il savait que ce genre de gestes n’était pas ce qu’elle préférait, et de plus, il repensait à la lettre que Sunny lui avait envoyée plus tôt et à laquelle il n’avait pas encore répondu. Il espérait que ce n’était pas nécessairement vrai, tout ce qu’elle lui avait dit. La grande salle se dressait maintenant devant eux et il y rentra sans y penser à deux fois. Plusieurs personnes y étaient déjà et il lança un rapide regard vers Sunny, se retenant pour ne pas rouler les yeux. Il se retourna vers Callie, lui souriant.

« Alors, tu veux aller voir quelqu’un en particulier ? »

Spoiler:

La voir aussi agréable avait eu vite fait de détendre le Gryffondor, il craignait de moins en moins qu'elle s'énerve pour rien, ou qu'il finisse par se prendre un bouquin en pleine tronche. Mine de rien, comme première rencontre, ça avait le don de traumatiser ! Bon, pas suffisamment pour lui passer l'envie de recommencer mais était-ce de sa faute si elle avait passé toute cette première fois à l'intriguer plus qu'il ne l'aurait imaginé ? Ce n'était pas humain d'insupporter les gens comme ça tout en réussissant à leur faire éprouver toute la sympathie du monde à votre égard...

« Bien sûr ! » décréta t-il comme s'il s'agissait d'une évidence. « Y'en a peu qui pourront se vanter d'avoir passé la soirée au bras d'une princesse, non ? Regarde, y'a des sorcières, des fantômes, des zombies, des trucs comme ça... Mais y'en a pas une aussi jolie que toi. »

Il n'y avait pas la moindre moquerie dans sa voix, pas la moindre arrière-pensée non plus d'ailleurs. C'était juste sincère, et il espérait que ça pourrait lui donner un peu plus confiance qu'elle semblait en avoir pour l'instant. C'était vraiment bizarre parce qu'autant la dernière fois, elle lui avait donné l'impression d'être sûre d'elle et de ne douter de rien que, cette fois, elle paraissait fragile et enfantine. Le Gryffondor ne savait pas vraiment sur quel pied danser ce soir, mais ça ne le dérangeait qu'à moitié. Il avait l'impression d'avoir fait plaisir à sa cavalière, jusque là du moins, et contre toute attente il en était particulièrement heureux.

« Non, du tout. Mais j'pensais qu'une fille, ça attendait de faire comme les autres filles, en fait... »

Il remarqua presque aussitôt le risque qu'il venait de prendre sans le faire exprès. La comparer aux « autres filles » n'était probablement pas l'idée du siècle, elle allait sûrement mal le prendre et se mettre à bouder et finirait immanquablement par le traiter de tache ou un truc comme ça avant de le planter là sans lui laisser le temps de se justifier... Il n'y avait pas à dire, Noël Shiver était décidément un vrai boulet quand il était question de filles. Un vrai boulet tout court, même... Il fallait qu'il trouve un moyen de se rattraper et vite. Il haussa les épaules et lui adressa un sourire un peu désolé, comme s'il s'excusait d'être un crétin même s'il n'y était pas pour grand chose dans le fond... Après, il fallait vite se faire pardonner s'il ne voulait pas la voir quitter la salle dans les trois secondes. Peut-être même qu'il se serait pris une baffe entre temps et qu'il l'aurait entendue lui hurler dessus qu'il avait qu'à aller voir toutes les autres pendant qu'il y était, ou un truc excessif du genre qu'on voyait toujours dans les films et qu'il avait malheureusement aucun mal à envisager venant de Knoxslay. Il finit par lui tendre la main qui avait tenu la sienne quelques instants auparavant et s'inclina respectueusement devant elle, un peu comme on voyait sur les stupides tableaux des bals d'antan, un sourire vaguement amusé étirant toutefois ses lèvres.

« Si Mademoiselle veut bien m'accorder cette danse... »

Lorsqu’Asling la prit dans ses bras, la jeune fille eut un mouvement de recul instinctif, mais elle se ravisa, consciente que les bras du Serpentard étaient probablement l’endroit le plus sûr pour elle en ce moment. Elle n’était pas obligée d’afficher un visage joyeux puisqu’il était invisible aux yeux des autres élèves, tant mieux. Pour la première fois depuis son arrivée à l’école, jouer la comédie était pesant pour la jeune fille, elle avait envie de fuir cette salle et tous ses camarades heureux qui s’y trouvaient. Asling avait gâché la soirée, elle ne voyait pas franchement comment elle pourrait en profiter à présent. Lorsqu’il lui embrassa les cheveux, elle n’eut même pas le courage de le repousser, elle voulait surtout avoir des réponses à ses questions et espérait un miracle, un petit quelque chose qui lui permette de se rendre compte qu’elle avait eu raison de lui faire confiance.

« Des choses ? Je croyais que c’était arrivé seulement une fois… » Demanda-elle vaguement inquiète. Si elle devait se rendre compte qu’il lui cachait d’autres choses en plus de ça, elle ne le supporterait pas. « C’est pas le geste en lui-même qui est dérangeant… Enfin si, ça me déplait que tu n’aies pas été capable de résister, mais c’est tout ce qu’il y a derrière… Je t’ai accordé ma confiance, tu m’as dit que tu en étais capable et tu m’as trahie. T’as tout gâché, Asling. »

Et alors qu’elle pensait avoir touché le fond et ne pas vivre de pire instant que celui-ci, Sunny Milbury fit son apparition, la bouche en cœur, heureuse de pouvoir les saluer. Avec les révélations que venait de lui faire son petit ami, la jeune fille avait maintenant la nette conviction que quelqu’un de mal intentionné était en train de jouer avec une poupée vaudou à son effigie, il n’y avait pas d’autre explication possible. Elle se décolla du jeune homme pour dévisager la nouvelle venue. Elle avait envie de lui exploser la tête, là tout de suite, maintenant, mais ce n’était pas envisageable. Son éducation et sa réputation le lui interdisaient. Au lieu de ça, elle choisit de broyer la main de son petit ami entre ses doigts, sans se soucier de la douleur que ça pourrait lui procurer. Il eut l’air de comprendre très vite que la situation ne jouait pas en sa faveur puisqu’il congédia la Poufsouffle sans trop de cérémonie, mais January ne pouvait pas rester muette, après tout, elle l’avait complimenté sur son déguisement.

« Merci Sunny, ton déguisement est parfait, il te va à ravir. » Après tout, une abeille piquait et sa colocataire semblait être douée pour piquer les petits amis des autres. « Ne t’inquiètes pas pour moi, je vais très bien, j’espère que tu passeras une excellente soirée. »

Un petit sourire hypocrite ponctua ses paroles alors qu’elle resserrait encore la pression sur la main d’Asling, elle allait devenir bleue à ce train-là. Fort heureusement, Sunny avait visiblement l’air assez perspicace et elle ne tarda pas à mettre les voiles, à la fois encouragée par le couple et consciente que quelque chose était en train de se tramer. Elle resta donc seule face au Serpentard et à sa révélation qui l’avait tant remué. La pression qu’elle exerçait sur sa main se relâcha et elle finit par s’éloigner de lui, le laissant reprendre la parole pour tenter de se justifier.

« Il fallait y penser avant, tu ne crois pas ? Le mal est fait. »

Vraiment, elle ne parvenait pas à comprendre et encore moins à lui pardonner. S’il la jugeait aussi importante que ça, pourquoi s’était-il senti obligé de lui faire vivre cet enfer ? Jamais January ne pourrait le concevoir.

Marlow avait vraiment eu de la chance, elle n’était pas tombé sur le garçon un peu lourd qui lui aurait fait du rentre-dedans toute la soirée, ni sur le populaire qui n’aurait pas arrêté de la laisser tomber pour aller parler à plusieurs amis, et encore moins sur le prétentieux qui aurait juste voulu l’inviter pour ne pas être seul et pouvoir dire qu’il avait eu une cavalière pour la soirée. Non, James était totalement différent, il était gentil, attentionné et semblait même se mettre une certaine pression quant à la réussite de ce moment passé à deux. La Gryffondor aurait bien aimé lui dire que tout allait bien se dérouler, mais elle n’en avait elle-même pas la moindre certitude et le mensonge n’était pas sa tasse de thé.

« Excellent programme, ça me va. »

A ceci près qu’elle aurait voulu aller avec lui jusqu’au buffet pour chercher à boire au lieu de s’éloigner de lui, mais elle n’était plus une enfant et n’avait aucunement la volonté de passer pour la dernière des crétines, surtout devant le Gryffondor. Aussi le laissa-t-elle s’éloigner sans pour autant le quitter des yeux, en se concentrant sur ce qu’il était en train de faire, Marlow avait moins de chance de prêter attention à ce qu’il se passait dans son environnement proche et donc de paniquer. Fort heureusement, le jeune homme ne tarda pas à revenir, accompagné de ce qui semblait être deux cocktails de couleurs vives. La jeune fille saisit le sien par le pied, se rendant compte par la même occasion que sa main tremblait légèrement. Il allait lui falloir bien du courage.

« Merci. »

Elle ne put s’empêcher de rire quand il dut baisser son masque pour pouvoir boire, il était vrai que son déguisement ne lui autorisait pas une totale liberté de mouvement, mais en même temps, c’était le prix à payer pour pouvoir faire preuve d’originalité. Elle n’avait d’ailleurs pas la moindre idée de la manière dont il avait pu pêcher cette idée-là, mais elle la trouvait franchement génial. Elle-même avait pas mal hésité à porter un costume qui la recouvrirait toute entière des pieds à la tête, un peu comme une momie, histoire de ne pas avoir besoin de flipper de cette façon, mais quitte à faire un pas en avant, autant le faire correctement et non pas en se surprotégeant.

« A dire vrai, je préfère aussi quand tu le baisses. C’est vraiment étrange de ne voir que tes yeux, je ne distingue plus tellement toutes les expressions de ton visage, c’est déstabilisant. »

Il était grand temps de trinquer à cette soirée qui promettait d’être riche en rebondissements, leurs verres s’entrechoquèrent dans un tintement presque imperceptible à travers le brouhaha des conversations des autres élèves. Elle n’était pas certaine que le vœu de James puisse être exhaussé mais elle l’espérait de tout cœur.

« Tu ne devrais pas te mettre la pression, je suis venue de mon plein gré même si tu as mis du temps à me convaincre et je suis très heureuse d’être ici avec toi. »

Et c’était totalement sincère. Elle n’aimait vraiment pas la foule, mais au-delà de ça, elle était ravie qu’il ait pensé à l’inviter et que contrairement à bien d’autres personnes, il ne la considère pas comme le dernier des boulets. Marlow savait qu’elle n’était pas la compagne la plus agréable qui soit dans ce genre de circonstances. James contribuait à faire renaitre le mince espoir que son cas ne soit finalement pas si désespéré qu’il en avait l’air.