Après un détour par la bibliothèque pour emprunter un énième livre, la jeune gryffondor s'était rendu en cours de botanique avec une certaine impatiente. S’il y a bien une matière qu’elle appréciait sincèrement, en dehors de sa soif de connaissance, c’était la botanique. Une passion pour les plantes que sa mère avait pris soin de nourrir depuis qu’elle était toute petite. Isadora en avait passé des heures dans la serre familiale du manoir MacMillan à observer sa mère s’occuper des plantes. C’était donc naturellement qu’elle avait décider de poursuivre cette discipline dans laquelle elle s’épanouissait. Son père, lui, avait jugé ce choix de futile et inutile. Pourquoi s’intéresser aux plantes ? Ce n’était pas ainsi que sa fille allait faire briller sa famille et leur apporter la gloire. Il n’avait pas compris ce choix, mais Isadora n’avait pas cédé, petite rébellion qui pouvait sembler inoffensive et pourtant qui avait bien causé des tort à la jeune femme. En arrivant dans la serre, Isadora resta silencieuse un instant en observant la disposition de cette dernière. C’était assez inhabituel pour un cours, songea-t-elle en prenant place sur l’une des chaises. Isadora ne cacha pas son air perplexe après avoir salué son professeur. S'était-elle trompée d’horaire ? Rêvait-elle ? En voyant Bailey et Murphy déjà présent, tous les doutes s’effacèrent, notamment celle du rêve. Encore une idée étrange du professeur Griffith. Isadora n’avait jamais su quoi penser de son enseignante. Elle ne la détestait pas, mais de la à dire qu’elle l’appréciait était un grand mot. Non, la jeune adolescente, c’était contenté de la respecter depuis ses premiers cours avec et ça lui semblait bien suffisant.

Depuis le début du cours, Isadora n’avait pas ouvert la bouche. Que faisait-elle ici au juste ? Elle qui pensait pouvoir se plonger dans l’apprentissage et mettre de côté ses pensées sur l’avenir, c’était peine perdue. L’idée du programme sur mesure l’enchantait, mais parler d’un projet professionnel était source d’angoisse pour la demoiselle. Elle devait suivre ce qu’on lui dictait, alors exercer un métier qu’elle pouvait aimer ne lui avait jamais traverser l’esprit, encore moins ces derniers temps avec la menace d’un potentiel mariage arrangé. À cet instant si la gryffondor aurait pu disparaître elle se serait empresser de le faire. Son futur n’aurait sûrement aucun lien avec la botanique à son plus grand malheur. Cependant, autant voulait-elle disparaître que Bailey et Murphy l’amusèrent et elle ne regrettait pas sa présence. L’un aimait les plantes et l’autre souhaitait les utiliser à but d’expérience assez sombre. Isadora c’était contenté de juger silencieusement, même si au fond elle semblait aussi perdu que Bailey sur son avenir. “Est-ce que l’un d’entre vous a au moins une vague idée de ce qu’il projette de faire une fois diplômé ?” Avait demandé Griffith et c’est là où elle était sortie de son mutisme. « Est-ce nécessaire de savoir dès maintenant ? » La question était sincère alors qu’elle poursuivit. « J’aimerais étudier les plantes mortelles davantage, mais je ne suis pas certaine de pouvoir trouver un métier qui me permettrait cela. » Trouver ou qu’on la laisse surtout poursuivre dans cette voie.

‘Il se trouve que c’est l’un de mes domaines de prédilection, jeune fille, alors vous piochez la bonne carte !’ L’intérêt pour le cours d’aujourd’hui se fit brusquement voir sur le visage de la gryffondor à mesure que les mots du professeur Griffith venaient s’entrechoquer dans sa tête. Cette année allait finalement lui offrir un projet de recherche captivant, elle qui pensait s’ennuyer en cours, cela semblait pour son plus grand plaisir compromis. Ses pupilles se mirent à briller d’une étrange lueur face à l’excitation. Passion étrange, elle laissait paraître son désir d’études sur les plantes mortelles pour une simple curiosité scientifique alors que la vérité était tout autre. Une douce obsession qu’elle convoitait depuis quelques années secrètement. Initiée par sa mère à la dangerosité de certaines, l’idée de leurs utilités avait fini par triturer son esprit il y a peu. C’était sa réponse face à la menace dont sa mère l’avait mise en garde. Isadora s’était donc persuadée en montant dans le Poudlard Express que la maîtrises parfaites des plantes finirait par lui offrir un atout précieux et dangereux à la fois. Cependant, elle veillait à garder sa curiosité toxique pour elle, personne n’avait besoin de savoir la vérité. Murphy devrait sans doute songer à prendre exemple sur elle, mais la Serpentard avait décidé d’informer la terre entière de ses intentions macabre. Idiote, elle lui lança un rapide regard en biais sans cacher son jugement. Il ne fit qu’augmenter en voyant Murphy se lever pour suivre le professeur Griffith. Décidément, peu importe où elle se rendait la Serpentard avait besoin d’attirer l’attention. Si c’était ainsi à chaque cours, l’année allait être longue pour ses nerfs. Un soupir d’agacement s’échappa de sa bouche alors qu’elle venait croiser ses jambes et remonter sa sacoche sur ses cuisses pour attraper un carnet et une plume. C’était peut-être au fond une pointe de jalousie qui venait piquer la gryffondor. Elle, qui n’aimait pas être dans l’ombre, se retrouvait dans celle de Murphy et c’était agaçant.

Elle se détourna de la disparition des deux femmes pour se replonger sur elle-même. Contrairement à son frère, ce n’était pas ce qu’elle préférait, surtout ces derniers temps. Toutefois, l’angoisse de l’avenir apaisée, Isadora se prit de plaisir à envisager le programme sur mesure que son enseignante allait pouvoir lui concocter. Curieuse et avide d’assouvir son besoin de connaissance elle espérait pouvoir passer des heures à étudier diverses plantes, tout en pratiquant. Alors venant ouvrir son carnet de botanique la demoiselle passa en revue ses propres observations et études sur les plantes vénéneuses. Ce n’était qu’un début, mais le temps viendrait ou de curiosité, elle passerait pour experte. Elle profita du silence de la serre pour poursuivre ses propres notations encore maladroites sur le sujet qui l’obsédait, développant aussi des potentielles questions personnelles sur l’utilisation de certaines plantes. Si Griffith avait décidé de les laisser ici, elle n’allait pas attendre son retour les bras croisés, son temps était bien trop précieux pour ne pas être productive. Isadora veilla à ne pas trahir ses pensées pendant que sa plume venait s’agiter hâtivement, soulignant parfois certains mots comme :  un meurtre. Note innocente, au vu de tous ceux qui tomberaient sur ses notes. Après tout n’était-ce pas normal de passer la moindre idée au peigne fin afin de mener au mieux une étude ? Mettre un sujet de côté n’aurait sans doute rien de très scientifique et elle était connu pour être une élève curieuse et appliquée, survoler un sujet n’était pas dans ses habitudes. Non, son obsession n’annonçait rien de sain, mais pour autant, rien de tout ça n’annonçait un drame à venir.