Tout commence par l’union de deux sorciers rencontrés sur les bancs de l’école de Poudlard. Une histoire banale, en somme. L’écossais Gryffondor amoureux de la belle anglaise Serpentard qui s’amusait à lui faire de l’œil. Trois années avaient suffi pour que leur duo fasse des étincelles, et quatre autres pour les mener au mariage. Leur premier enfant, Edward, naquit la même année. Violet suivit trois ans plus tard, et au bout de deux ans, ce fut au tour d’Owen de montrer le bout de son nez. Une famille de sorciers ordinaires, si on oubliait leur tempérament de feu qui embrasait un peu trop souvent leur foyer.

Quand elle eut l’âge de mettre des mots sur des choses, Violet appelait ces moments-là la Colère. La Colère, c’était ce qui faisait crier ses parents, quand les choses n’allaient pas dans leur sens, quand ils oubliaient qu’ils s’aimaient, quand ils préféraient se faire du mal plutôt que d’essayer de régler ce qui n’allait pas. Souvent, ça commençait par des disputes de couple entre le père et la mère, pour un sujet ou un autre ; le problème, c’était que lorsque la Colère était lancée, plus rien n’était à l’abri. Violet avait vu plus d’une fois son grand frère Edward tenter de s’interposer. Ça n’avait jamais terminé bien, ni pour lui, ni pour personne. Alors elle avait préféré choisir l’option du repli. Elle partait se réfugier dans un coin de sa chambre et elle attendait, parfois seule, parfois avec son petit frère, et parfois même, quand il n’était pas si borné, avec son frère aîné.

Si on oubliait les cris qui provenaient d’une autre pièce de la maison, ces moments-là n’étaient en somme pas si pire. Les trois enfants s’entendaient bien, malgré quelques chamailleries par-ci et là, mais jamais de grande envergure. La plupart du temps, Edward et Owen jouaient ensemble, à s’imaginer mille et une histoires dans lesquelles ils étaient des grands sorciers en quête contre les forces du Mal ; quant à Violet, dès qu’elle eut l’âge de lire, elle s’installait sur un petit fauteuil près de la bibliothèque, et elle lisait. Elle lisait beaucoup, de tout et n’importe quoi, de la fiction, des livres de sorts, des biographies sur les sorciers qui avaient marqué l’histoire – peu importe, elle lisait. Et quand elle ne lisait pas, elle demandait à Edward de prendre un livre et de l’interroger dessus, juste pour montrer toute l’étendue de ce qu’elle avait appris.

Bientôt, Edward eut onze ans et partit faire sa rentrée à Poudlard, laissant Violet et Owen seuls face à la Colère. Pour le plus petit, la séparation était plus difficile – il fallait dire qu’à passer son temps le nez plongé dans ses bouquins, sa grande sœur était quand même beaucoup moins drôle. Pire encore, elle s’était trouvée une nouvelle passion : démolir ses jouets magiques et tenter de les reconstruire pour comprendre comment ils fonctionnaient. Elle adorait manier les pièces, les assembler, les changer de place, elle trouvait leur fabrication fascinante. Owen évidemment était moins joyeux à l’idée de se faire piquer et détruire ses jouets par sa grande sœur et pleurait souvent ; mais Violet l’ignorait. Les larmes, les cris de colère, ça fait bien longtemps qu’elle avait appris à ne plus les entendre.

Quand Edward rentra pour Noël, il leur décrivit Poudlard comme un endroit incroyable, bien meilleur que le foyer toxique dans lequel ils vivaient. Il déclara la guerre à leurs parents, ne faisant en vérité que nourrir la Colère, se disputant avec eux presqu’aussi violemment qu’ils ne le faisaient eux-mêmes. Violet, elle, décida que rien n’avait d’importance et que le mieux à faire était de supporter en silence. Si elle s’efforçait de ne pas y penser alors rien ne pouvait l’atteindre. L’été suivant, Edward le passa à moitié avec ses camarades d’école, pour faire du camping en Irlande. Il leur envoya un hibou pour leur décrire la dure vie à la campagne, en insistant bien sur le fait qu’il était réellement heureux d’être si loin de sa famille. En lisant ces mots, Violet prit le parti d’y rester parfaitement indifférente, contrairement à Owen qui passa son été à répéter à quel point il le détestait de l’avoir abandonné ainsi. Il espérait un peu que sa grande sœur le rejoigne sur son opinion, mais elle préférait lui répondre qu’elle se fichait bien du nouveau bonheur d’Edward et qu’elle avait bien d’autres choses à penser.

Elle n’eut pas plus de réaction lorsque, alors qu’Edward venait d’entrer en deuxième année, ils apprirent la montée aux pouvoir d’anciens Mangemorts, provoquant le chaos dans le monde sorcier. Tant qu’elle pouvait continuer à lire, le monde pouvait bien s’écrouler autour d’elle, cela lui était bien égal. Violet n’avait jamais vraiment eu d’animosité envers les moldus et les sorciers d’ascendance moldue, mais elle n’avait pas plus d’intention que ça de se battre pour eux. Ce n’était pas le cas d’Edward : quand les choses se calmèrent et qu’il put enfin revenir, à la mi-août, elle apprit qu’il avait été révolté par la manière dont les nés-moldus avaient été traités toute l’année et qu’il avait fait partie de la rébellion, d’où les cicatrices sur son corps qui n’avaient pas pu partir. Si Owen avait regardé son frère avec des étoiles dans les yeux quand il leur avait raconté la bataille, Violet avait simplement haussé les épaules et était repartie dans la chambre pour étudier un nouveau casse-tête. Encore une fois, elle ne laissait rien l’atteindre et préférait garder ses émotions enterrées au fin fond de son être – la vie lui semblait bien plus supportable ainsi.

Les courriers d’Edward se raréfièrent encore au cours de sa troisième année, et Violet ne le vit quasiment pas de l’été. Elle reçut sa lettre quelques semaines avant la rentrée et, lorsqu’ils firent leurs emplettes sur le Chemin de Traverse, elle réussit à convaincre ses parents de lui acheter quelques livres en plus de ceux obligatoires pour l’année. Dans le Poudlard Express, elle trouva un compartiment vide et s’y installa pour lire. Elle n’avait pas envie de se mêler à la foule d’élèves, préférant la solitude, et même si elle était plutôt impatiente de commencer certains cours pour en apprendre plus sur quelques sujets qui l’intéressait, elle n’avait pas vraiment hâte d’avoir à sociabiliser avec les autres enfants. Elle avait pris l’habitude d’ignorer les membres de sa famille lorsqu’ils criaient ou pleuraient, mais devoir supporter le chahut d’une classe entière rempli d’enfants surexcités risquait d’être au-dessus de ses moyens.

Par chance cependant, le début d’année se passa mieux qu’elle ne l’aurait pensé et Violet prit rapidement goût aux cours et à l’école de sorciers. Discrète et souvent silencieuse, elle n’était pas certaine que beaucoup de monde connaisse son nom, mais ça lui était bien égal. Elle fut par conséquent assez surprise lorsqu’elle reçut une lettre anonyme lui proposant de rejoindre un groupe et de porter un signe distinctif pour afficher sa lignée « pure ». Pour la première fois depuis la rentrée, son grand frère était alors venu la voir pour lui dire de ne surtout pas accepter, que c’était un groupe de radicaux anti-moldus etc., ce à quoi Violet avait répondu par un simple haussement d’épaules, à son habitude. N’ayant aucun intérêt pour ce pseudo groupe, elle décida de ne pas y prendre garde plus que ça et refusa de porter le badge.

Sa première année fut remplie d’événements bizarre et menaçants pour les élèves de Poudlard, et même en faisant tous les efforts du monde pour les ignorer et se concentrer plutôt sur ses cours, Violet commença malgré tout à s’interroger sur ce nouveau mystère. Elle n’enquêta pas elle-même, mais se rendit de plus en plus attentive aux nouvelles – et lorsque la bibliothèque (qui était de loin son endroit préféré du château) fut attaquée, après les vacances de Noël, elle eut du mal à rester de marbre. Rien ne pouvait l’atteindre – du moins dans une certaine mesure. Malheureusement, les choses ne firent qu’empirer au fil des mois, jusqu’à ce qu’un incendie criminel soit déclaré dans le château, faisant même quelques victimes. Violet fut heureusement épargnée, et ressentit un immense soulagement en voyant que son frère l’était aussi, malgré leur éloignement évident. Il réussit même à la convaincre de venir aider à la reconstruction de l’école pendant les vacances – elle accepta en insistant sur le fait qu’elle ne le faisait que pour pouvoir retrouver sa bibliothèque comme au début de l’année.

Du côté de la famille McGregor, rien de nouveau. Owen avait passé l’été à les supplier de l’emmener avec eux à Poudlard, se disant incapable de tenir une autre année de plus à supporter leurs parents. Malheureusement pour lui, il n’avait pas encore l’âge de rejoindre l’école des sorciers, et c’est avec une profonde tristesse qu’il dut les regarder s’éloigner à bord du Poudlard Express lorsque septembre arriva. Rapprochés par les évènements récents, Edward et Violet passèrent le trajet ensemble, même si leur conversation restait largement entrecoupée de longs silences. Edward racontait qu’il avait lu qu’une nouvelle directrice, une née-moldue, avait été nommée à Poudlard et qu’il avait plutôt hâte de voir ce que son arrivée allait donner. Il disait que les sorciers d’ascendance moldue avait tellement souffert ces derniers temps qu’un peu de changements en leur faveur ne leur ferait pas de mal. C’était ce genre de phrases qui énervaient bien leur parents chaque fois qu’il les prononçait devant eux, mais il se fichait bien de les clamer haut et fort malgré tout. Violet, fidèle à elle-même, décréta qu’elle se fichait bien de voir les nés-moldus parvenir à s’intégrer ou non parmi les autres élèves – cependant, elle devait aussi admettre qu’elle était curieuse de voir ce que cette année allait donner, et elle espérait qu’elle ne serait pas aussi tendue que les précédentes. Finalement, elle s’avéra plus ou moins tranquille et Violet arriva au terme de sa seconde année sans trop de difficultés.

Owen entra en première année au mois de septembre suivant, et Violet ne l’avait pas vu aussi joyeux et surexcité depuis des lustres. Pas très bon élève, il n’aimait pas tellement assister aux cours, mais il passait son temps à explorer le château, heureux de pouvoir enfin visiter ce lieu magique que décrivait son grand frère chaque été. Violet, quant à elle, était entrée en troisième année et avait sélectionné de nouveaux cours optionnels qui l’avait intéressée depuis longtemps ; notamment l’arithmancie et l’étude des runes, qui la passionnaient. L’étude des moldus était devenu obligatoire depuis le début de l’année, mais ça n’était pas pour lui déplaire : elle trouvait leur ingéniosité admirable, et tous ces gadgets qui fonctionnaient sans magie avaient quelque chose de fascinant. Elle se prit à s’interroger sur le processus de fabrication de certains objets technologiques qu’ils utilisaient quotidiennement, et se fit une note mentale de s’en procurer à l’occasion pour pouvoir les étudier de plus près.

L’année se passa beaucoup moins tranquillement que la dernière : après la tentative d’assassinat du Ministre de la Magie lors du bal de Noël, plus rien ne rentra dans l’ordre à Poudlard. Un souffle de rébellion soufflait entre les murs du château et les mena finalement jusqu’au procès de la directrice, auquel plusieurs élèves et professeurs furent appelés à témoigner. Si Edward avait tenu à apporter son soutien envers Appleton, Violet avait refusé de parler, n’ayant pas assez d’affection pour la directrice pour vouloir la voir rester, ni assez d’animosité pour désirer qu’elle s’en aille – en d’autres termes, la sentence ne lui faisait ni chaud ni froid. Finalement, Appleton fut destituée et remplacée par un certain Kaspær Sørensen, apparemment bien décidé à redorer le blason de Poudlard comme il l’entendait.

Revenus de Durmstrang où ils avaient passé leur été avec leurs camarades d’école, les enfants McGregor rentrèrent de nouveau à Poudlard pour une nouvelle année. C’était la dernière pour Edward et depuis le procès perdu de l’ancienne directrice, il n’avait pas l’air en grande forme. Devant les mesures traditionnelles prises par le nouveau directeur, il ne cessa de les critiquer, répétant à longueur de journée que Poudlard redescendait encore une fois droit dans le mur et qu’il aurait préféré terminer sa scolarité en meilleurs termes. Owen, qui avait du mal à être attentif en cours et essuyait mauvaise note sur mauvaise note, se sentit clairement dépassé par ce nouveau système de mérite et de rang mis en place ; ce qui était loin d’être le cas de Violet, qui sortait généralement de ses cours le sourire aux lèvres, satisfaite des nouvelles choses qu’elle avait apprises et de pouvoir se classer parmi les meilleurs élèves de son année.

Violet était dans la bibliothèque lorsque la bombe avait explosé dans la Tour Privilège. Lassée de voir Poudlard être détruit presque chaque année, elle prit l’initiative d’aller confronter son frère aîné pour lui demander s’il n’avait pas un lien avec cette explosion, sachant pertinemment qu’il faisait partie des révoltés contre le système en place. Edward lui répondit simplement qu’il n’aurait jamais pu accepter de commettre une chose aussi violente et qu’il était fâché qu’elle puisse penser le contraire. Mine de rien, leur relation déjà fragile se dégrada de nouveau après cette altercation et ils recommencèrent à s’éviter. Finalement, juin arriva et Violet décida de reporter toute son attention envers ses cours, bien décidée à terminer sa quatrième année de la meilleure façon possible.

Sarah McGregor, née Adams. La mère. Sang-pur et ancienne élève de Serpentard, elle a un caractère bien trempé et n’a pas la langue dans sa poche. Un rien peut la sortir hors de ses gonds et elle a l’insulte facile. Elle entretient avec Adam une relation à la fois fusionnelle et toxique, ils s’aiment autant qu’ils se haïssent et peu importe si leurs enfants pâtissent de leurs disputes parfois très violentes. Née dans une famille sorcière depuis plusieurs générations, elle ne connait pas ou peu les moldus et leur univers, n’ayant réellement que des stéréotypes et clichés rabaissants pour les représenter.

Adam McGregor. Le père. Sang-pur de même, il a fait sa scolarité dans la maison Gryffondor. Son passe-temps favori est de se plaindre pour un oui ou pour un non. D’un naturel négatif, il déteste beaucoup de choses et d’après lui beaucoup de choses le détestent de même. Souvent sur la défensive, il supporte mal les reproches et peut partir très rapidement au quart de tour, ce qui l’amène généralement à se battre pour des malentendus. Sa relation malsaine avec Sarah fait es ravages au sein de sa famille, mais il n’a pas l’air de s’en soucier plus que ça – du moins, il aime faire comme si de rien n’était une fois que la colère s’est calmée. Il voit les moldus comme des êtres inférieurs aux sorciers et les méprise généralement.

Edward McGregor. Le grand frère. Rebelle et tête brûlée, il est du genre à foncer tête baissée dans la bagarre, à militer pour la paix à grands coups de poing. Révolté par l’injustice faite envers les nés-moldus, il est prêt à se battre pour les défendre et l’a d’ailleurs déjà fait à plusieurs reprises. Il hait ses parents et ne le cache pas, fier de penser qu’il vaut mieux qu’eux. Il aime en revanche son frère et sa sœur, même s’il peine parfois à le montrer, trop occupé à faire entendre ses valeurs plutôt qu’à leur parler. Sa relation avec Violet est plutôt bancale et fragile, les deux ayant deux caractères bien différents, et ils ne se sont réellement adressé la parole que quelques fois durant toute leur scolarité commune à Poudlard.

Owen McGregor. Le petit frère. L’enfant turbulent par excellence, il est extraverti et a toujours besoin de se dépenser. Meilleur sur un balai que devant un livre de cours, il suit le Quidditch avec un intérêt particulier. Il admire beaucoup Edward qu’il voit comme son modèle et boit ses paroles chaque fois qu’il leur raconte l’une de ses nombreuses aventures. Il déteste en revanche lorsqu’il a l’impression que celui-ci l’abandonne et a très peur de se retrouver seul. Il n’aime pas vraiment Violet, qui ne s’occupe pas assez de lui et ne lui donne pas assez d’attention à son goût.

Keith. Le hibou. Acheté juste avant sa rentrée en deuxième année, Keith passe son temps dans le dortoir de Violet. C’est un hibou de couleur marron très foncé et aux yeux jaunes. Il est relativement calme et silencieux et passe ses journées à dormir ; il est d’ailleurs presque boudeur lorsqu’il est réveillé pour envoyer du courrier.

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