Ainsi donc je venais d'être répartie à Poufsouffle, une maison dont je ne savais rien si ce n'est qu'elle devait correspondre à mon caractère, à ma personnalité. Je l'espérais fortement à vrai dire. J'étais venue à Poudlard dans l'espoir de comprendre qui j'étais, de mieux me connaître et de rencontrer des gens comme moi. Et donc mon premier désir était de m'intégrer à cette maison à laquelle j'allais appartenir pendant plusieurs années.
Je regardai donc rapidement où se trouvaient les autres et me dirigeai vers eux, d'un pas que je voulais assuré. La salle était bruyante et assez impressionnante avec son plafond magique qui nous illuminait de mille étoiles. Mais le bruit venait bien quant à lui en grande partie de la table que je venait de rejoindre. Assurément je n'avais pas été répartie à Poufsouffle pour ma capacité à me taire !
Je scrutai les visages autour de moi, sans chercher de tête connue, cela aurait été bien inutile, mais plutôt pour voir avec qui j'allais passer ma scolarité. C'était une longue tablée de visages, pour la plupart souriant même s'il y avait des exceptions. En parlant d'exception, l'un d'eux retint mon attention : c'était un jeune homme d'environ 15 ans peu avenant et visiblement absolument pas heureux d'être ici. Je ne sais pas ce qu'il se disait intérieurement mais je sentais que s'il avait pu partir loin de tous ces gens, il l'aurait fait. Et en plus, son visage me disait quelque chose...
En cherchant quelque peu dans ma mémoire, je me souvins avoir été avec lui dans le train. Je ne me rappelais bien évidemment pas de tout le monde mais il avait eu un comportement suffisamment étrange pour être remarqué : il n'avait pas dit un seul mot d'anglais mais s'était exprimé dans une langue étrangère, peut-être du russe, en tout cas cela y ressemblait. Autre chose m'intriguait : il semblait être le seul de son âge à avoir été réparti, tous les autres, du moins de ce que je me souvenais, avait mon âge. Je voulais en savoir plus mais n'eus pas le temps car la directrice intima le silence, ce qui fonctionna bien plus vite que dans mon ancienne école.
Son discours me laissa perplexe. Tout d'abord je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi l'ancien directeur n'était plus là, ce n'était jamais bon signe quand la direction changeait. Tout le début de son discours n'avait rien de réjouissant. À demi-mots je comprenais les graves difficultés qui agitait cette école. Moi, qui voulait faire une scolarité tranquille, cela semblait compromis. Au moins la directrice semblait vouloir faire changer les choses sans se faire d'illusions sur sa marge de manœuvre, c'était tout à son honneur. De plus j'eus presque les larmes aux yeux quand elle évoqua les difficultés auxquelles faisaient face les sorciers issus de famille moldu comme moi. Je lui était reconnaissante d'en parler, surtout qu'elle disait l'avoir vécu, ce serait peut-être un point d'appui pour moi, pus qu'un directeur qui ne s'en préoccuperait pas. Mais en même temps cela signifiait que dans ce monde je ne serais sans doute jamais comme les autres, ma condition de née-moldue me différencierait visiblement toujours de ceux qui n'avaient ne serait-ce qu'un parent sorcier. Pour moi, qui voulais m'intégrer, qui voulais enfin me trouver normal parmi les autres, c'était un coup. J'avais été naïve de penser que ce serait simple et je commençais à entrevoir toute la complexité de ma nouvelle vie.
Sa mise au point sur le règlement me fis d'autant plus peur : si elle rappelait ce qui me semblait être des évidences c'est que certains trouvaient ça normal d'insulter les autres de leur faire craindre pour leur sécurité... En cela ce rappel est tout ce qui précédait sonnait donc plus comme un vœu pieux qu'une réelle possibilité de changement. Enfin je verrai bien, je n'allais pas me faire un avis définitif maintenant, la vie ici n'était peut-être pas si noire que cela.
Elle passa ensuite à la présentation des nouveaux professeurs et c'est là je fis attention à qui se trouvaient à ses côtés. J'eus alors le plaisir de voir le professeur Lindberg, celui qui m'avait aidé dans mes courses de rentrée. Je lui adressai un grand sourire pour lui exprimer ma gratitude et mon plaisir d'être là, un sourire sincère, pas du tout forcé, mais je ne sais pas s'il le vit.

C’était comme à sa première rentrée. Tout autour de Lena était flou et au ralenti. Elle se sentait complètement perdue sur le quai de la gare entourée de visages pourtant familiers. La Serdaigle avait longuement hésité à retourner dans cette école de malheur et une partie d’elle n’avait aucune envie de monter dans le Poudlard Express pour une nouvelle année remplie de dangers et d’insécurité. Entourée de ses deux frères, qui l’abandonnèrent rapidement pour rejoindre leurs amis respectifs, Lena contemplait le quai de la gare remplie d’enfants aussi inconscients les uns que les autres. Mais pourquoi diable auraient-ils envie de retourner à Poudlard après tout ce qu’ils s’était passé ? Mais le pire résidait dans l’esprit des parents qui envoyaient délibérément leurs enfants dans un si terrible endroit. Lena aurait aimé rester chez elle à Bearpark, recommencer sa scolarité moldue et finir pharmacienne anonyme au fin fond de la campagne anglaise. C’était une certaine lettre de leur nouvelle directrice qui lui fit finalement changer d’avis. En tant que préfète elle avait trouvé une opportunité de pouvoir faire changer les choses. Serdaigle sous sa surveillance, elle ne laisserait aucun écart passer en ce qui concernait l’acharnement sur les nés-moldus. Elle prendrait ses rondes très au sérieux et ferait tout ce qui est en son possible pour garder l’école loin des néo-mangemorts et du reste. C’était la mission qu’elle s’était fixée. C’était ce qui la motiverait à passer une année de plus à Poudlard, bien qu’elle ne soit pas folle de cette idée.
Après le long voyage en train, les étudiants pénétrèrent dans la Grande Salle, bien qu’encore un peu sombre, méconnaissable. L’équipe de reconstruction avait fait un excellent travail. Bien que l’on ressente encore la lourde présence du Feudaymon, les murs et le mobilier se trouvaient presque comme neufs. Lena repéra la table des Serdaigles qui se remplissait petit à petit et reconnut une camarade de Quidditch: Casey. La vue de son visage lui rappela que parmi le contrainte d’étudier dans l’école la plus insécuritaire du Royaume-Uni, il y avait le bonheur de jouer au Quidditch. Ce qui lui fit penser que les sélections arrivaient à grands pas et qu’il fallait qu’elle se remette en jambe si elle voulait réintégrer l’équipe cette année. La jeune cinquième année s’avança et prit place en face de Casey.
– Salut ! Je peux m’asseoir là ?
Avant que les deux filles aient le temps de papoter davantage, madame Appleton se lança dans un discours qui se voulait sans doute rassurant pour les nés-moldus en particulier. Il était vrai que cette femme avait l’air de savoir ce qu’elle voulait mais on a déjà entendu ce genre de discours avec d’autres directeurs sans vraiment de résultats. Comme si la simple volonté de changer les chose allait suffire. Poudlard était le témoin de bien trop d’horreurs ces dernières années pour que Lena gobe les belles paroles d’Appleton. Même Casey semblait ne pas croire un seul mot à ce qu’elle racontait. Mais il fallait tout de même avouer que cette nouvelle directrice serait probablement plus déterminée que son prédécesseur.
Les présentations faites, les tables de la Grande Salle se remplirent de mets en abondance, comme à chaque rentrée. Toute cette nourriture avait le don d’amadouer Lena, il ne fallait pas se mentir. Elle avait oublié à quel point on mangeait bien à Poudlard. Cela fait au moins un bon point à accorder à cette école. La jeune fille, après s’être grossièrement servie de tout ce qu’elle pouvait mettre dans son assiette leva la tête vers Casey.
– Alors, tu as passé de bonnes vacances ?

Poudlard Ҩ Jane

« Bonne rentrée à tous ! »

Et c’était reparti. Les choses avaient repris leur cour naturel. Jane se sentait chez elle entre ces murs, un brin nostalgique, aussi. Elle était de l’autre côté du bureau miroir, à présent. Et tout à coup, c’était un peu la panique.


Et si elle tombait devant tout le monde en se prenant les pieds sur l’estrade ? Et si on lui demandait de dire quelques mots devant toute l’école pour se présenter ? Que devrait-elle dire ? Comment devait-elle se dénommer ? Assistante ? Stagiaire ? Infirmière ? Devaient-ils la tutoyer ? La vouvoyer ? Et si l’infirmier Lennox était absent et qu’il y avait un problème dépassant clairement ses compétences ? Qui fallait-il prévenir en priorité ? Sainte-Mangouste ou la directrice ? Un milliard de questions se bousculaient dans son esprit. Et c’était ridicule, en soi. Elle savait répondre à tout cela, elle avait eu deux longs mois pour s’y préparer. Elle avait même déjà rencontré quelques étudiants du château et l’un et l’autre membre du personnel aussi. Et puis, elle n’était pas seule. Elle avait Remus. Et Wes était là, lui aussi, il lui apportait une sorte de stabilité au château, une attache, une accroche.


Le banquet de début d’année, ça avait toujours été quelque chose. La répartition était le moment le plus génial pour Jane, il lui arrivait même d’être stressée à la place du première année qui attendait que sa maison lui soit attribuée. Il y a quelques temps déjà, elle avait chaque fois applaudi les Serdaigles avec autant de joie et d’entrain qu’il était possible. Aujourd’hui encore, elle ne pouvait s’empêcher de soutenir son ancienne maison, c’était sa famille d’adoption, les membres faisant office de frères et sœurs pour Jane fut un temps.


Un peu intimidée de se retrouver au milieu de tant de monde, la jeune assistante était restée un peu en retrait le temps que tous prennent place et elle s’était glissée aux côtés de Wes avec discrétion, espérant se rendre invisible ou presque. Elle l’avait salué d’un petit sourire crispé, ne pouvant en faire plus. Elle n’aurait pas pu dire un mot tellement la boule dans son ventre avait pris de l’ampleur au fur et à mesure des minutes. La nouvelle directrice avait fait un beau discours, donnant espoir tout en n’oubliant pas la réalité des faits et des circonstances. Et puis elle avait présenté les nouveaux membres de l’équipe. Un professeur, un conseiller et elle-même. Et la demoiselle s’était mise à rougir, mal à l’aise. Elle avait bu une longue gorgée d’eau, espérant faire passer son coup de chaleur un peu plus vite.


Une fois le discours terminé, Jane observa les élèves quelques temps. Il y avait peu de têtes connues, mais c’était déjà ça. Elle avait vu brillé un insigne de préfet sur la robe de Ollie, ainsi que sur celle de Rhys. Elle était très fière pour eux, il faudrait qu’elle pense à les féliciter, tous les deux !


Un professeur fit un petit mot d’encouragement à l’équipe, et même si elle n’y trouva rien à dire de plus à cause de la timidité, la blonde leva tout de même son verre d’eau pour trinquer avec les autres. Il aurait été impoli de ne pas répondre à son toast.


Parmi la multitude de plats sur la table, Jane ne savait que choisir. Elle mit quelques brocolis et carottes dans son assiette, un peu de purée et un tout petit morceau de poulet. Ca ne lui ressemblait pas trop de manger si peu, surtout que la nourriture de Poudlard était bien meilleure que la cuisine de ses parents. Mais la boule dans son estomac empêchait la faim de se faire réellement sentir. Il fallait qu’elle arrive à se détendre. Elle aurait peut-être mieux fait de prendre un thé juste avant de descendre au banquet. Mais bon… Elle chipota un peu dans son assiette, sans vraiment avaler quoi que ce soit avant de finalement réussir à ouvrir la bouche pour parler à son voisin. C’était Wes. Elle n’allait quand même pas faire la timide avec lui !


« Alors Wes, Tu as passé une bonne fin de vacances ? »


Un peu banal comme question, mais le naturel du bibliothécaire l’aiderait sûrement à se sentir un peu plus à sa place.


« Ca m’a fait plaisir de discuter avec toi au feu de camp, c’était vraiment chouette comme soirée. »


Par soirée, elle n’entendait pas une grosse fiesta boum boum évidemment.

Je regardais, effarée, les montagnes de nourriture qui apparaissaient devant moi au fur et à mesure. Il y avait de tout, du poulet, des salades diverses, des frites à n'en plus finir... C'en était presque indécent. Je n'avais jamais connu la faim chez moi mais mes nombreux voyages tous les étés en Turquie m'avaient appris concrétement qu'elle existait bien de nos jours encore. Et puis chez moi, on ne pouvait se permettre de gaspiller, question de budget toujours serré. Là, nous avions beau être très nombreux, je pouvais être sûre que tout ne serais pas consommé. Et je me demandais bien comment toutes ces victuailles étaient faites et comment elles apparaissaient ainsi.
Autour de moi tout le monde, ou presque, mangeaient avec appétit et je me mis en devoir de les imiter. La journée avait été pleine d'émotions et j'étais morte de faim. Je pris donc gaiement une cuisse de poulet et une poignée de frites mais je me rend vite compte que j'ai l'estomac trop noué par le stress pour manger sereinement. Cela m'arrivait souvent, surtout ces derniers temps et je savais que normalement il suffisait d'attendre. Je commençai donc à observer d'un œil curieux les gens autour de moi. Mis à part le nouveau plus âgé que j'avais déjà remarqué (Misha) il y avait beaucoup d'autres Poufsouffle. L'une d'entre eux (Felicia) me souhaita la bienvenue d'un air machinal, sans que je sache si ces mots m'étaient réellement destinés. Je notai un détail sans le comprendre : contrairement aux autres elle arborait une sorte d'insigne sur sa robe, distinction dont je ne connaissais pas le sens.
Je n'eus pas tellement le temps d'observer les autres plus en détails puisque c'est alors qu'on m'adressa la parole. C'était ma voisine de table (Maya), une jeune fille de mon âge environ, qui engloutissait vaillamment la nourriture posée devant elle. T'es tombée dans la meilleure maison qui soit ! Tu vas te plaire ici, tu verras. Comment tu t'appelles déjà? Je n'avais jamais été très sociable mais c'était la rentrée et je voulais quand même un minimum faire le nécessaire pour découvrir ceux avec qui je débutais ma nouvelle vie.
Je m'appelle Zeynep, mais tout le monde m'appelle Zey... Et toi ? Je n'attendis pas sa réponse avant d'enchaîner : Pourquoi tu dis que c'est la meilleure maison, c'est quoi les différences, je n'y connais rien, c'est tout nouveau pour moi... Ce n'est pas que la question m'intéressa particulièrement en fait, je me disais que j'aurais bien assez vite le temps de m'en rendre compte et que cela ressemblait assez aux vantardises d'un début d'année, comme l'était l'espèce de compétition entre les différentes classes de mon école l'année dernière, mais je jugeai que c'était un moyen comme un autre d'engager la conversation.