Si on demande à Marie-Alice de décrire sa famille, elle répondrait assez facilement qu’elle est atypique. En tout, ils sont huit. Son père, un moldu et sa mère, une sorcière née moldue. Puis vient ensuite ses 3 frères et ses 2 sœurs, tous aussi différents les uns que les autres. Grands, petits, blonds, bruns et même roux, chacun a sa petite particularité. Pour notre petite Marie-Alice, c’était son immense sourire et ses grands yeux rieurs.  La sorcière étant la première de la famille, elle a toujours été considérée comme une adulte avant l’heure et c’est très souvent occupée de ses frères et sœurs.  Née en juillet 94 dans le l’ouest de la France, l’enfance de Marie-Alice s’est déroulée assez tranquillement, totalement ignorante des histoires qui pouvaient secouer le monde magique à cette époque. Quand elle repense à cette partie de sa vie, Marie se souvient d’une ambiance tendue, des murmures auxquels elle ne comprenait rien et des visages graves. Pas bien grande à cette époque, la petite fille vécu ses années comme l’enfant qu’elle était dans la bonne humeur et la joie qui la caractérisait à l’époque.  

Comme sa mère avant elle, Marie-Alice s’est vue admise à l’école de BeauxBâtons à l’âge de ses onze ans. Née sur le territoire français d’une sorcière française et d’un moldu anglais, il était plutôt logique qu’elle fasse ses études dans l’école de magie française. Début des années 2000 et le monde magique libéré de la menace du Mage Noir, ses années d’études furent assez quelconques. Rythmés par les bêtises qu’elle pouvait faire avec ses amis, des disputes qu’elle pouvait avoir avec ses frères et sœurs et les cours, la jeune sorcière se révéla  une élève bosseuse mais quelque peu dissipée. Lorsque vint le moment de choisir une orientation, Marie-Alice pris la décision de mettre les choses entre parenthèse pendant quelques mois et de quitter sa France natale pour parcourir un peu le monde. Ancrée dans les deux mondes, magique et moldu, Marie-Alice fit le tour du monde aussi bien magique que moldu. Avant ce voyage, beaucoup la caractérisait comme une adolescente immature et incapable de s’occuper d’elle et ils avaient certainement raison. Cependant,  ce voyage fut un véritable tournant pour Marie-Alice. Revenue plus mûre, indépendante et sûre d’elle, la jeune femme entreprit des études de Médicomagie.  Et à la surprise pour tout le monde, en Angleterre. Sans réellement avoir la raison de ce choix, Marie-Alice suivit alors son instinct et quitta sa France natale pour s’installer au Royaume-Uni. Royaume Uni qu’elle ne quitta plus.

Les années passant et son diplôme en poche, Marie-Alice se vit offrir une place à Sainte Mangouste, dans des services les plus pointus les uns que les autres.  Ses connaissances dans le domaine, combinée à celles qu’elle avait apprise pendant son tour du monde étaient apprécié de ses collègues et des patients qui trouvaient souvent, pas toujours, réponse à leurs questions.

Pendant quelques années, Marie-Alice fut heureuse de son poste à l’hôpital. Amicale, attentionnée, bosseuse et quelque peu bougonne par moment, Marie-Alice fit des rencontres aussi bien amicales qu’amoureuses comme toute jeune fille dans la vingtaine. Passant son temps entre ses occupations sorcières et sa vie dans le monde moldu, la jeune femme ne pouvait pas se plaindre de sa vie. Jusqu’à ce que son ex-compagnon entre dans sa vie. Possessif, violent par moment, il mit Marie-Alice dans une situation délicate. Elle commença à s’isoler un peu de ses amis, de sa famille jusqu’à ne plus pouvoir les voir. Ne sortant plus, perdant son sourire lorsqu’elle rentrait à la maison, la jeune femme fut piégée dans une relation toxique qui dura plusieurs années.

Jusqu’à la claque de trop. Ce soir-là, deux ans auparavant, Marie-Alice quitta son petit appartement londonien, quitta l’Angleterre pour rejoindre la France. Réfugiée chez ses parents, la jeune femme mit du temps à se reconstruire. Processus encore incomplet à ce jour, la sorcière, poussée par sa famille, reprit sa vie en main. Sa lettre de recommandation de l’hôpital dans les mains, Marie-Alice toqua à la porte de Poudlard sans réellement y croire. Demander un poste d’infirmière alors qu’elle était médicomage ? Qui n’avait pas exercée depuis plus de deux ans ?  Marie Alice n’y croyait vraiment pas. La sorcière fut extrêmement étonnée de recevoir sa lettre d’acceptation quelques semaines plus tard. Elle avait l’impression de recevoir à nouveau sa lettre d’admission à BeauxBâtons. Ce sentiment d’excitation, elle ne l’avait ressenti depuis longtemps. C’était nouveau et c’était bon. Alors, ses valises et son chat sous le bras, Marie-Alice débarqua à Poudlard avec l’intention de reprendre sa vie et de s’occuper d’une montagne d’élèves plus imprudent les uns que les autres.

Alors bien sûr, Marie-Alice est au courant des dernières nouvelles de Poudlard, de ce qu’il s’est passés les dernières années. Comme beaucoup de sorciers, les débâcles de Poudlard ne sont un secret pour personne. Elle sait même que l’un de ses frères à partager les cours à BeauxBâtons avec quelques élèves de Poudlard en 2024. Elle connaît également cette problématique de castes qui lui tape sérieusement sur le système. Née de parents moldu et Sorcier, Marie-Alice ne comprends pas cette insistance à vouloir promouvoir les valeurs des Sangs-Purs alors qu’elles sont, à son avis, plutôt rétrogrades si on regarde les textes. Cependant, ce n’est que son avis et vu qu’elle n’était pas présente à ce moment-là, elle n’a aucun droit de donner son avis. Les deux dernières années, celle où elle était terrée chez ses parents, Marie-Alice a vu passer les nouvelles venant de Poudlard. Elle n’avait pris part à aucun débat familiale concernant les décisions prises là-bas, n’avait pas donnés son avis non plus. Trop amorphe pour trouver quoi que ce soit à dire sur le moment. Cependant, maintenant qu’elle sait qu’elle va mettre un pieds dans l’Ecole, Marie-Alice à fait ses petites recherches afin de comprendre la problématique dans son ensemble. Et elle a bien fait parce que les années précédentes furent fortes en émotions !

- MARIE-ALICE, CHARLES, RAPHAEL, SOPHIE, WILLIAM, CLAIRE STEWART ! Descendez manger ou je vous tire de vos chambre à coup de baguette, cria la mère de famille en bas des énormes escaliers qui trônent au milieux de la maison familiale.

Cette phrase, dans la famille Stewart, est une phrase que l’on entend assez souvent lorsque tous les enfants de la famille sont à la maison. Et ce week-end, la totalité des enfants Stewart se sont rassemblée pour fêter l’anniversaire de mariage de leurs parents. Les voir tous ensemble, au même moment, dans la maison familiale a quelque chose d’exceptionnel pour Louise Stewart. Elle n’a plus vraiment l’occasion d’avoir l’intégralité de ses enfants sous le même toit depuis que chacun a pris son envol. Et elle est heureuse de les voir évoluer, de les voir grandir et faire leur propre choix. Même si ces retrouvailles sont trop peu nombreuse à son goût.

- TOI AUSSI JAMES ARTHUR STEWART ! Laisse ton ordinateur tranquille et vient manger ! cria Louise une fois de plus dans le vide des escaliers.
- J’ARRIVE CHERIE ! entendit la mère de famille en réponse, ce qui la fit sourire.

Quelques secondes plus tard, Louise entend les pas pressées rejoindre les escaliers et voit la tête de ses six enfants apparaissant en haut des escaliers. Ils ont beaux être majeurs, vaccinés et en passe de devenir des pointes dans leurs métiers, dans cette maison, ils restent toujours des enfants.

Elle peut entendre Marie-Alice et Charles se chamailler sur le dernier match de Quidditch. William et Claire, les jumeaux, mettent un point d’honneur à descendre les escaliers en glissant sur la rampe malgré les années de remontrance de leurs parents. Sophie, d’un calme à tout épreuve dans la tumulte familiale descend les escaliers en première place et Raphael ne semble pas quitter son téléphone portable des yeux, en arrière du petit groupe.

Malgré qu’ils partagent les mêmes gênes, les enfants de Louise et James sont tous différents physiquement. A se demander si quelque chose ne s’est pas passé quelque part… Si Louise et James sont tous les deux assez grand, bruns aux yeux clairs, leurs enfants en revanche sont un éventail de gênes passés.

Marie-Alice est brune, petite aux yeux clairs. C’est celle qui ressemble le plus au couple. Elle a un petit air de ressemble avec James mais c’est avec sa mère qu’elle partage le plus de traits en commun. Elle passe d’ailleurs son temps à dire qu’elle est la plus banale de toute sa fratrie.

Charles, lui, est grand. Beaucoup trop grand pour le bien des cervicales de sa mère. Son métier d’Auror lui a fourni la carrure qu’aucun d’entre eux ne pourraient se permettre et il met un point d’honneur à oublier de discipliner ses cheveux blond à chacun de ses passages à la maison. Si Louise et Charles n’étaient pas certains que Charles étaient leur fils, ils se poseraient réellement des questions. Cependant, quand on regarde bien, Charles a des petites ressemblances avec un oncle de James, même après trente ans d’existence… Et le calme dont il fait preuve, lui vient de son père.

Raphael est tout l’opposer de son frère ainé. Il est grand, certes mais tellement fin que parfois, Louise à peur qu’il s’envole au vent. Et pourtant, Raphael est le plus gros mangeur de la famille après son frère William. Brun, comme sa grande sœur, ce dernier passe son temps à faire pousser ses cheveux pour les couper le plus court possible ensuite, comme s’il était encore indécis sur le style à adopter, même après 29 ans d’existence et un poste au Ministère de la Magie Français.

Sophie. La douce Sophie. La calme Sophie. Du haut de son mètre soixante-seize, agrémenter la plupart du temps de talons hauts, la jeune femme est la plus reconnaissable de la fratrie. Ses cheveux roux, ses yeux clair et le nez droit de son père lui donne un air assez sévère dont elle sait très bien se servir pour se faire une place dans un laboratoire de potion. Du haut de ses 23 ans, Sophie est la digne héritière de sa mère : elle sait se faire entendre comme il le faut mais en plus, elle suit les traces professionnelles de sa mère en étudiant les potions. Alors certes, elle ne finira certainement pas professeur de potion à BeauxBâtons comme elle mais les potions sont quelque chose qui lient passionnément mère et fille.

Et les jumeaux. William et Claire. Si différents et pourtant si complémentaires. Chaque faiblesse de l’un est la force de l’autre. Et chaque bêtises également… Tous les deux d’un bon mètre soixante-dix, ils se différent par leur sexe et la couleur de cheveux. William passe son temps à teindre des cheveux de couleurs improbables alors que Claire garde son brun comme si c’était le cadeau le plus précieux du monde. Couverts de tache de rousseur l’un comme l’autre, ils passent leur temps à dire qu’ils se sont tellement battus dans le ventre de leur mère, qu’ils en ont gardés des traces. S’ils sont identiques d’un point de vue physique, ce n’est pas du tout le cas de leurs caractères et de leurs carrières. Si Claire a choisi la communication, William lui a choisi de faire des études de Médecine. Moldue. Histoire de se démarquer un peu de sa sœur aînée, qui elle a fait des études magiques….

Et c’est avec toute sa tribu que Louise et James, arrivé jute à temps pour éviter les foudres de sa femme, que le repas dominical commença dans la bonne humeur et la cacophonie habituelle.

- Charles, ne lance pas les croutes de ton pain sur William…

- William… Ne réplique pas s’il te plait…

- Claire… Si tu n’aimes pas, ne donne pas les restes au chien, il va encore être malade…


- Raphael, ton téléphone à table s’il te plait…

- Charles… T’as quel âge franchement ?

- Sophie, ma chérie, tu veux bien arrêter de piquer ta fourchette dans le bras de ton frère ? On sait tous qu’il triche avec ses muscles.

- Marie, ma puce, tu veux reprendre un peu de poulet ?  Tu n’as pas beaucoup mangé….

- Je vais recommencer à travailler, annonce alors Marie-Alice, faisant taire les discussions et les actions autour de la table.

Tout le monde autour de la table est conscient que la décision de Marie est importante, qu’elle n’annonce pas les choses avec un sérieux aussi fort si elle n’était pas certaine de sa décision. Toute la famille est cependant sous le choc de l’annonce. Tout le monde se souvient de l’état de l’aînée de la famille lorsqu’elle était rentrée en France, deux ans plus tôt. Cela avait même fait l’objet d’un conseil de famille exceptionnel. Les mois qui avaient suivi n’avaient pas été évident. Marie-Alice était tellement au plus bras que James avait dû prendre un congé pour rester avec elle à la maison, de peur que les choses dérapent. Puis la sorcière avait remonté la pente. A l’aide de ses frères et sœurs principalement qui ont été d’un soutien sans faille, de ses parents qui ne l’ont jamais laissé tomber, que Marie Alice a pu surmonter une partie de ses traumatismes.

- Tu es sûre chérie ? demande alors James, les sourcils froncés sur son visage.
- J’en suis certaine. J’ai besoin de reprendre le travail, de faire quelque chose de mes journées. Et puis ce n’est pas comme si je retournais à l’hôpital tout de suite, murmure Marie dans son assiette, comme honteuse de ce qu’elle venait de dire.
- Comment ça, tu ne retournes pas à l’hôpital?, demande Charles, assis à ses cotés.
- J’ai demandé un poste à Poudlard. En tant qu’infirmière. J’ai besoin de reprendre le travail mais je ne veux pas retourner à l’hôpital. C’est gagnant/gagnant. Je retourne travailler et Poudlard obtient une infirmière sur-diplômée. St Mangouste m’a fait une lettre de recommandation. Le directeur est au courant que je suis médicomage. Je veux et je peux retourner travailler.

Un silence de plomb s’étend dans la pièce pourtant si joyeuse quelques minutes auparavant. Tout le monde se souvient des galères des deux dernières années pour Marie, des larmes, des crises d’angoisse et du reste. Personne ne veut la voir partir alors qu’elle n’est pas complétement remise. Cependant, comme elle le dit assez souvent « Je ne serais peut-être jamais remise complètement. Et je ne vais pas attendre pour continuer ma vie. Il m’a pris trop d’année pour cela. »

- Si c’est ce qu’il te faut ma chérie, alors vas-y, annonce Louise en posant les couverts sur la table.
- Mais si t’as besoin de quelqu’un pour venir taper sur les têtes de mules, je suis là, ajoute Charles en posant son énorme bras sur son épaule.
- On est tous là pour casser des gueules, crie William en levant le poing en l’air, suivi de l’intégralité de la marmaille Stewart.
- Personne ne va casser des gueules, lance la mère de famille, le regard sévère mais tout de même amusée de voir ses enfants si soudée. Et finissez vos légumes où vous n’aurez pas de dessert.

C’est dans un grognement général, James comprit, que la famille Stewart se remis à manger. De son côté, Marie-Alice était contente de son choix. Elle avait besoin de retrouver une vie en dehors de la France, en dehors du cocon familiale. Alors, elle savait que ce ne serait pas évident. Elle en était consciente mais elle avait pris sa décision. Elle ferait sa rentrée à Poudlard.