Assise sur l’une des inconfortables chaises en plastique qui meublaient l’hôpital, Eléonore attendait avec une décontraction qui trahissait une certaine habitude. Les couloirs aseptisés ne l’effrayaient plus depuis bien longtemps. Elle avait passé tellement de temps dans le service de pédiatrie que cet endroit était sa deuxième maison. Elle jeta un coup d’œil vers sa mère qui attendait assise à ses côtés, plongée dans un magazine qui avait sans doute trois ans et qu’elle avait déjà dû lire pour meubler le temps comme à chaque fois qu’elle l’accompagnait sa fille pour une consultation. Ses longs cheveux blonds tombaient délicatement sur ses épaules et Eléonore passa la main sur sa propre tête. Il n’y avait que quelques centimètres sous ses doigts mais cette simple sensation la fit sourire de manière irrépressible. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu la sensation que les choses évoluaient de manière favorable. Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’elle ait les cheveux aussi longs que ceux de sa mère.

La porte s’ouvrit enfin et un homme d’une cinquantaine d’année apparut. Les yeux de l’enfant affichèrent clairement la déception qu’elle se rendit compte que ce n’était pas sa pédopsychiatre habituelle. Elle aimait Anna, beaucoup. Elle lui avait confié beaucoup de secrets, tous ceux qu’elle ne pouvait pas dire à ses parents. C’était à elle qu’elle avait dit qu’elle s’en voulait d’être malade et de causer des soucis à ses parents. Qu’elle s’en voulait pour Louise qui avait loupé plein de choses dans sa vie d’enfant pour que leurs parents s’occupent de leur fille malade. Anna lui avait promis que personne ne pensait ça. Ouais, elle aurait préféré Anna.

Néanmoins, elle bondit sur ses pieds et entra dans la salle pour s’asseoir sur son siège habituel. Après avoir dévisagé l’homme devant elle, elle tendit la main dans un geste cérémonieux qu’elle pensait très classe mais qui était en réalité plus enfantin qu’autre chose.

- Je suis Eléonore Grace Wright. Mes amis m’appellent Léo. Ou Ellie.
- Enchanté, Eléonore.

Elle attendit qu’il se présente, ce qu’il ne fit pas. Elle en conclut qu’il était fort mal élevé. La règle numéro 1 de la politesse était de se présenter, non ? Elle l’appelait comment maintenant ? Monsieur, Docteur, Monique, Pâté en croûte …. ? Qui était-il ? Quels étaient ses réseaux ? Peut-être qu’il était un espion, ce qui expliquait son besoin d’anonymat. Plongée dans ses pensées, elle ne réalisa pas que l’autre bougre tentait de communiquer

- … Moi mon rôle, c’est donc de faire le point avec toi et de voir si tu es prête à sortir de l’hôpital. Tu comprends ?
- Oui.

Non. Les médecins avaient dit qu’elle était guérie. Elle s’en souvenait parfaitement, c’était pile dans la période où des phénomènes bizarres avaient commencé à se manifester. Cela avait commencé six mois auparavant. Éléonore avait déjà été malade plus jeune, une leucémie, et elle avait passé deux ans de sa vie ici à l’hôpital. À sa première rémission, elle avait pu rentrer chez elle et retrouver une vie presque normale, si on éliminait les contrôles réguliers qu’elle devait faire. Il y avait un an, pour ses 10 ans, elle avait fait une rechute. Elle savait bien avant que les examens ne lui donnent le résultat, elle connaissait parfaitement son corps et cela faisait des semaines qu’elle ne se sentait pas très bien. Elle avait cru que si elle ne disait rien, la sensation de finir par disparaître comme si elle l’avait imaginée. En réalité rien avait disparu, et cela avait été pire que la première fois. Personne ne lui avait rien dit évidemment, elle n’était qu’une enfant, mais elle entendait les infirmières parler entre elles. Elles avaient mentionné un cancer bien plus agressif que le premier et ses parents avaient l’air perpétuellement à deux doigts de fondre en larmes. Trouver ça stupide que personne ne lui explique, d’ailleurs. Elle était malade, pas aveugle ou débile. Les traitements s’étaient enchaînés, sans trop de succès. Il y avait toujours une nouvelle chose à essayer, évidemment, mais ce n’était jamais rassurant. Alors qu’elle venait de commencer de nouveaux rayons, elle se souvenait parfaitement avoir souhaité de toutes ses forces quand elle avait vu sa mère pleurer après un rendez-vous avec le médecin. Le lendemain, sa santé s’était améliorée et de nouveaux phénomènes étranges avaient commencé à avoir lieu : quand elle souhaitait un objet, elle retrouvait brusquement à proximité, même quand il se trouvait de la pièce, elle qui détestait son absence de cheveux avait retrouvé un fin duvet sur le crâne … cela rendait les gens perplexes quelques secondes, et puis les oublier. Il y avait mieux à penser de toute façon, comme sa santé. Ce qui tombait bien, puisque contre toute attente, elle allait mieux. Puis une semaine avant son anniversaire, une personne étrange était venue la voir avec ses parents. Une histoire de sorcellerie qui l’avait ravie. Ses parents avaient été plus sceptiques, évidemment, mais ils avaient besoin d’espoir et encore plus de magie. Il avait été impossible de savoir si sa guérison en cours était due à la manifestation de ses pouvoirs ou à la médecine. Les adultes parieraient sur la science, elle aimait se répéter qu’elle était son propre médicament. Et un mois après cela, ils l’avaient déclarée guérie.

- Comment te sens-tu ?
- Bien, merci.

Etrange question. Croyait-il vraiment qu’elle allait dire le contraire ?

- Dis-moi, tu sais ce que tu vas faire quand tu vas sortir de l’hôpital ?
- Ma mère a trouvé une école près de chez mes grands-parents. Elle est isolée dans la campagne, ça sera mieux pour ma santé. Ils ont des cours spéciaux … de musique, et j’ai très envie de faire ça. Je pourrai revenir pendant les vacances bien sûr.

Les mensonges convenus avec sa famille glissaient hors de sa bouche sans effort. Ce n’était guère compliqué, elle mentait avec le talent des enfants habitués à protéger les adultes. Elle avait passé des années à dire qu’elle ne sentait rien quand elle avait mal et qu’elle allait bien quand elle était à l’agonie. Ce n’était même pas de la gentillesse, juste un réflexe profond de protection. Aucun enfant n’avait envie de se confronter au chagrin ou à la pitié de ses proches. Elle, elle voulait être normale.

- C’est courageux d’aller en internat, ça ne te fait pas peur ?

Eléonore lança un regard dépité au psychologue devant elle, l’insultant intérieurement d’adulte, injure suprême pour tout enfant de 11 ans. Peur d’un pensionnat quand on avait failli passer l’arme à gauche ? La seule chose dont elle avait peur été d’avoir perdu bien trop de temps pour tout ce que le monde avait à offrir mais pas de vivre de nouvelles expériences. Au contraire, elle avait viscéralement besoin de croquer la vie à pleines dents. Besoin aussi de grandir seule. Et sa sœur allait enfin pouvoir prendre l’espace qu’elle méritait. Mais où diable était passée Anna, sa thérapeute habituelle ? Lui était stupide et lui faisait perdre un temps précieux qu’elle aurait pu passer loin de ces murs aseptisés.

- J’ai déjà vécu loin de chez moi quand j’étais ici. Je peux y aller maintenant ?

Balançant ses jambes d’un geste impatient, elle se fendit d’une moue suppliante. C’était le moment de la libérer. Est-ce qu’il sentit qu’il n’avait plus une once de son attention ou est-ce que lui-même se rendit compte de la futilité de cet entretien ? Il lui sourit et lui permit d’aller retrouver ses parents, son père étant arrivé dans l’affreuse salle d’attente. Bondissant sur ses pieds, elle se précipita dans le couloir en braillant qu’elle avait le droit de rentrer à la maison. L’air réjoui de ses parents n’avaient pas de prix. Et l’été qui suivit fut encore mieux.

* * *

Derek John Wright et Victoire Marie Joubert épouse Wright : Éléonore est née d’un père anglais et d’une mère française. Tous les deux se sont rencontrés alors qu’ils étaient encore à l’université, Victoire faisait un séjour linguistique. En plus d’avoir appris l’anglais, elle est revenue avec un mari. Ou plutôt, elle n’est pas revenue. Quand ses parents racontent leur rencontre, le récit donne toujours l’impression d’un conte de fées. Il l’avait trouvée fabuleuse au premier regard, elle s’était promis de se marier avec lui dès qu’elle avait vu. Deux ans après leur mariage, elle était née. Parfois, Éléonore ne peut s’empêcher de penser que leur bonheur était tellement éclatant qu’ils avaient fini par contrarier un dieu un peu trop susceptible et qu’elle était tombée malade. Sa relation avec ses parents est particulière, elle les aime de tout son cœur, puisqu’elle ne pourrait l’exprimer et c’est exactement pour cela qu’elle a pris l’habitude de les protéger. Avec eux, elle se comporte plus comme une adulte comme une enfant. L’essentiel entre eux est dit, : quoi qu’elle fasse ils l’aimeront toujours et la soutiendront. L’annonce de ses pouvoirs a été pris comme une bénédiction. Pour le reste, elle ne dit rien, ils se sont suffisamment inquiétés pour les cinq ans à venir. En réalité, elle sait qu’ils ont peur de tout la concernant, mais ils ne disent rien pour ne pas la freiner. Et elle en échange ne pipe jamais un mot sur l’enfant un peu trop téméraire qu’elle peut être quand elle ne se trouve plus sous leurs yeux.

Louise Faith Wright : Louise est la sœur d’Eléonore. Les deux filles s’apprécient, mais elles se connaissent finalement assez peu. Avec leurs cinq ans d’écart, elles n’ont jamais joué ensemble et surtout, Éléonore a plus longtemps vécu à l’hôpital que chez ses parents. Au-delà de sa tendresse fraternelle, Éléonore se sent surtout extrêmement coupable vis-à-vis de Louise. Elle sait que sa cadette a manqué d’attention quand ses parents se concentraient sur leur aînée malade. Pour cela, elle trouve vivre dans l’école de magie a ses avantages. Elle permet à Louise de grandir presque normalement, à condition de considérer qu’avoir une sorcière pour sœur est normale. Avant, sa cadette était trop jeune pour comprendre, mais maintenant elle commence à réaliser et Éléonore a peur qu’elle soit jalouse.

Éléonore suivit les autres enfants sans un mot, bouche bée par ce qui se déroulait autour d’elle. Elle n’était pas coutumière du monde magique, à vrai dire elle n’était pas coutumière du monde de manière générale, si bien qu’elle avait l’impression que son esprit n’était pas apte à engranger toutes les informations qui s’offraient à elle. Ces pupilles bougeaient rapidement alors qu’elle essayait de tout voir, tout comprendre. Sur le lac quand une enfant avait dit qu’il y avait des sirènes, elle s’était penchée si brusquement qu’elle avait failli faire chavirer la barque si l’un des adultes qui les encadraient ne l’avait pas rattrapée en râlant que chaque année c’était la même chose. Elle avait presque regretté de ne pas être tombée dans l’eau pour explorer l’étendue d’un noir d’encre et elle se promit d’y revenir dans la semaine pour explorer les fonds marins. Elle avait envie de tout toucher, tout découvrir, tout visiter. Ensuite, il y avait ces discussions sur les différentes maisons qui la passionnaient mais pour lesquelles elle n’était pas réellement en mesure de participer. Elle avait seulement compris qu’il ne valait mieux pas aller chez les Serpentards. Et enfin, il y avait surtout tout le décor qui était fascinant. C’était la première fois de sa vie qu’elle entrait dans un château et elle avait l’impression d’être une princesse. En plus, tout semblait animé à une vie propre. Il y avait les escaliers qui bougeaient seuls, les portes qui s’ouvraient, les tableaux qui parlaient entre eux … Ses yeux pétillèrent de bonheur et elle regretta que ses parents ne puissent voir tout cela. Sinon, ils auraient su qu’elle était réellement heureuse. Un fantôme apparut à leur côté, pour observer manifestement qui étaient les nouvelles recrues de cette année et elle sentit sa mâchoire se décrocher devant cette arrivée inattendue. Est-ce que si elle était morte plus jeune elle aurait pu devenir un fantôme elle aussi ?

- C’est le fantôme des Gryffondors.

Une blondinette à l’air affable venait de répondre à sa question silencieuse et Eléonore continua d’observer la consistance éthérée avant de s’élancer d’un pas décidé vers l’ectoplasme. Puis, sans autre forme de procès, elle tendit le bras pour le toucher. Sa peau traversa le spectre et elle eut la sensation d’avoir plongé dans une sorte d’eau glacée. C’était dérangeant mais elle se contenta d’agiter ses doigts d’un air concentré. Plus que les protestations du pauvre fantôme outré devant tant de familiarité, ce fut l’appel pour rejoindre la Grande Salle qui mit fin à cette expérience pour le moins fascinante. Elle courut pour rejoindre le groupe et faillit rentrer dans sa voisine devant tant elle essayait de se décrocher le cou à observer le ciel qui servait de plafond. Est-ce que la magie lui permettrait de voler ? Elle rêvait d’essayer.

Son nom de famille la positionnait nécessairement en queue de peloton, si bien qu’elle eut tout le loisir d’observer les autres pour savoir ce qu’elle devait faire. Il suffisait de poser ce vieux chapeau sur sa tête manifestement. Pouvait-il lire les pensées ? Etait-il vivant ? Tant d’interrogations qui tournaient en boucle dans son esprit. A l’appel de son nom, elle courut presque sur l’estrade et caressa du bout des doigts le tissu usé, presque avec déférence. Puis elle le mit sur sa tête en murmurant

- Bonjour Monsieur. Vous êtes le premier chapeau qui parle que je rencontre.

Une voix résonna dans sa tête, amusée

- Et comme je suis unique en mon genre, tu n’en rencontreras jamais d’autre.

Surprise, elle sursauta, ce qui fit rire l’assistance et elle sentit le rouge lui monter aux joues. Elle pinça les lèvres et haussa les épaules, prétendant que cela ne lui faisait rien. En réalité, elle n’avait pas envie d’être cataloguée comme idiote par toute l’école.

- Voyons où tu vas aller …

Maintenant que tu es réparti(e), il ne faut pas te reposer sur tes lauriers. Ta vie NYLienne commence à peine et pour la faire démarrer sur de bonnes bases, il te reste encore pas mal de petites choses à faire. Ne t'inquiète pas, je vais tout te montrer...

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Le HRP (hors-RP) te donnera également de quoi t'occuper grâce à une partie Flood bien remplie. N'hésite pas à lancer tes propres sujets ! Tu pourras également faire plaisir aux autres membres en leur offrant des cadeaux ou même présente tes propres créations. N'oublie pas, à l'occasion, de passer sur la ChatBox, il y a souvent du monde et avec un peu de chance, tu tomberas en plein jeu... S'il y a quelque chose que tu ne comprends pas, nous répondrons à toutes tes questions.

Sur ce, je te souhaite beaucoup de plaisir dans cette nouvelle vie qui commence, et plein de merveilleux RPs !