Vies et morts du professeur van Aken

1 - Naissance et enfance (1950-1961)

Alexander Augustus Anthonius naquit, comme tous les enfants de la lignée britannique des van Aken, dans le manoir familial, situé sur une petite île des Hébrides. Il s'agissait d'une grande bâtisse incartable, entourée d'un terrain sec et rocailleux d'un petit kilomètre carré et bordé de falaises battues par la marée et les tempêtes venues de l'Atlantique. Loin des domaines plus mondains, le lieu était relativement austère, laborieusement entretenu par un vieil elfe de maison qui devait lutter contre le sel et la fiente pour garder les jardins en état, mais c'était leur domaine, leur refuge. Les moldus n'y percevaient qu'un amas de récifs habités seulement de quelques oiseaux marins et depuis des générations, la famille van Aken avait pu y prospérer en toute sécurité, perfectionner son art loin du bruit et de la furie de la société.

Ludmilla Avery-van Aken avait donné naissance dans l'une des pièces à l'étage, par une nuit d'orage comme on en connait tant dans cette région du monde. Le dernier né de l'illustre famille avait avait été baptisé Alexander pour lui souhaiter grandeur et ambition, et avait reçu en deuxièmes prénoms ceux de ses deux grand-pères, présents pour assister à cet heureux événement. Alexander était le premier enfant de Ludmilla et d'Abraham, faisant de lui le premier-né d'une nouvelle génération de van Aken. Il y eut une grande fête au manoir ce soir là et comme le voulait la coutume, on invita tous les portraits de famille à venir se pencher au dessus du berceau de l'enfant, soit pour lui souhaiter bienvenue, soit pour proférer des bénédictions censées conjurer le mauvais sort et appeler la bonne fortune. Plus de mille années d'histoire veilleraient désormais sur lui.

La jeunesse d'Alexander se passa ainsi loin du monde et de son agitation. Bien sûr il lui arrivait souvent de se rendre en ville par portoloin, pour des fêtes et de la socialisation entre nobles, mais la seconde guerre mondiale avait quelque peu passé l'envie à ses parents de s'impliquer dans le monde. L'essentiel de son enfance consista donc à explorer les hébrydes. Très tôt il apprit à naviguer et pêcher, à voler également derrière les mouettes et cormorans qui peuplaient la région. Le domaine van Aken n'était pas très grand, mais il possédait de quoi ravir un petit enfant : balançoires, labyrinthe, grottes marines et embarcadère, de quoi développer son imagination et son esprit d'aventure en compagnie de ses cousins qui habitaient également la maison et de son petit frère, Arthus, qui ne tarda pas à le rejoindre un an après.

Mais plus que les jardins, ce fut la bibliothèque qui rapidement attira le petit Alexander. Enfant réservé, un peu moins téméraire que le reste des gamins, il aimait parfois s'isoler des autres et pouvait passer des après-midi entières dans les vieux rayonnages à explorer la collection privée de sa famille. Il était également - mais c'est souvent le cas chez les van Aken - un ami des peintures. Celles-ci, quand on sait les écouter et les réaliser correctement, on souvent foule de choses à dire et à apprendre, sur le passé, ses mœurs et ses étrangetés. Ses ancêtres se faisaient un plaisir de lui raconter foule d'anecdotes étonnantes pour lui plaire quand il était petit, et bientôt pour l'instruire, comme des centaines de professeurs aux parcours étonnants, chacun détenant des savoirs oubliés, parfois archaïques, parfois étonnants.


2 - Les années Poudlard (1961-1968)

Bien que, comme de nombreuses familles nobles, Alexander ait en partie reçu une éducation à la maison, Poudlard restait incontestablement LA référence de l'éducation magique dans le monde britannique. Elle comptait comme professeurs les plus éminents experts dans leurs domaines et faisait autorité, même dans les lignées les plus conservatrices. Alexander fit sa rentrée en septembre 1961, à l'âge de onze ans et fut sans trop d'hésitations envoyé à la maison Serpentard où étaient déjà passé la plupart de ses ancêtres. Si les van Aken comptaient sans rougir un certain nombre de serdaigles, c'était globalement l'ambition et la ruse qui prédominaient dans leur éducation.

A la déception de ses parents, et malgré les cours particuliers dont il bénéficiait, le jeune Alexander se révéla globalement un élève médiocre, bon en théorie, peu doué en pratique. Les sortilèges avaient tendance à venir difficilement, il était indiscutablement mauvais en métamorphose malgré les efforts du professeur McGonagall, et la défense contre les forces du mal fut tout autant un fiasco. Toutefois, Alexander excellait dans les matières qui ne demandaient pas d'agiter bêtement sa baguette. Il se révéla déjà à l'époque des talents certains pour le potionisme et l'étude des runes, ainsi que pour l'histoire, domaine dans lequel il était indiscutablement favorisé.

Il eut aussi quelques gloires au quidditch, intégrant l'équipe de Serpentard en troisième année, au poste de batteur. Équipe avec laquelle il remporta deux coupes lors de sa scolarité. A la fin de sa cinquième année, il obtient six BUSE, en botanique, astronomie, histoire, runes, potion et arithmancie, toutes avec la note optimale. Il échoua néanmoins en examens de sortilège, métamorphose et DCFM. Il obtient également ses ASPIC dans les mêmes matières, dans l'idée de devenir alchimiste ou enchanteur de runes.


3 - Profession et ascension de Voldemort (1968-1980)

Ses examens en poche, le jeune Alexander fit son entrée dans le monde du travail dans une période troublée. Lord Voldemort occupait petit à petit une place de plus en plus grande dans le monde des sorciers, obligeant chacun à prendre parti, pour ou contre lui. Attachés à la pureté du sang, les van Aken étaient par nature séduits par le discours de cet ambitieux mage noir, et habitués à graviter discrètement autour du pouvoir, ils lui vinrent en aide plus ou moins directement au cours de la période.

Le frère d'Abraham van Aken, Ladislas, fut l'un des premiers à se déclarer ouvertement pour le Seigneur des Ténèbres lors des réunions de famille. Ses deux enfants, les cousins d'Alexander, ne tardèrent d'ailleurs pas à rejoindre les rangs des mangemorts. Abrahaman, lui, était plus mitigé au départ, tout comme ses fils, Alexander et Arthus. Par prudence ou par lâcheté, ils préfèrent attendre et observer, conformément à la célèbre maxime britannique. Voldemort gagnant en pouvoir, Abrahamn se laissa finalement convaincre et pour plaire au Seigneur des Ténèbres sans trop se mouiller, se lança dans la confection d'un portrait vivant du mage noir et lui fit parvenir de l'or.

Pendant cette décennie troublée, Alexander, de son côté, obtint tout d'abord un emploi comme runiste. Apprenti dans un atelier de chaudrons, il gravait l'intérieur des récipients pour les enchanter et les rendre plus efficaces dans la confections de certaines potions et la réalisation de rituels précis. Il participa notamment à la réalisation d'une commande de pensines pour le ministère de la magie. Ce premier travail lui plaisait beaucoup, lui permettant d'allier sa passion pour les runes et l'alchimie, en plus d'être assez rentable. En parallèle de cela, Alexander se lança véritablement sérieusement dans la peinture vivante, suivant les enseignements des portraits des grands peintres familiaux qui lui enseignèrent cet art délicat.

S'il ne rejoint jamais les mangemorts, Alexander fut indéniablement proche d'eux, partageant au moins le manoir avec certains d'entre eux. Bien que nulle preuve n'existe de cela, il leur fournit à l'époque une aide indirecte certaine et travailla à l'enchantement runique de certains artefacts de magies noires qui furent utilisés lors de la guerre. Toutefois, Le jeune homme resta toujours relativement prudent par rapport à cette affaire, à la fois protégé du camp de Voldemort par sa famille, il restait également en bon termes avec le ministère de la magie pour lequel il travaillait et à qui, occasionnellement, il arriva de fournir quelques informations afin de rester dans leurs bonnes grâces.

L'époque, néanmoins, ne fut pas que sombre. Alexander fit connaissance de Patricia Willibrod, une sang-pure néerlandaise qu'il rencontra lors d'une réunion de famille avec la branche flamande des van Aken. Les deux jeunes gens se fréquentèrent de plus en plus régulièrement et Alexander entreprit de lui faire la cour dans le plus pur respect des traditions, avant de finalement demander sa main à ses parents qui la lui accordèrent. Désormais fiancés, la période n'était guère propice au mariage et les deux jeunes gens choisirent de patienter un peu avant de se passer la bague au doigt.


4 - L'entre-deux guerre des sorciers, les procès et la décadence des van Aken (1980-1996)

La chute brutale du Seigneur des Ténèbres marqua un coup dur pour toute la famille van Aken. Du côté de la lignée britannique, les cousins d'Alexander furent tous deux tués lors de la défaite. Leur père, Ladislas, fut arrêté, jugé et mourut à Azkaban peu de temps après, touché par le baiser des détraqueurs. Abraham, lui, fut condamné à une lourde peine de prison lorsque ses accointances avec Voldemort furent révélées. Il sortir d'Azkaban sept ans plus tard et décéda peu de temps après sa libération, emportant sa femme avec lui. Le portrait du Seigneur des Ténèbres, le seul connu à ce jour, fut officiellement détruit par le ministère de la magie. Des rumeurs disent toutefois qu'il ne s'agirait que d'une copie et que l'originale serait toujours détenu dans un coffre au manoir van Aken, ou à la banque Gringotts.

Du côté néerlandais, la branche s'éteignit avec son cousin germain, Caspar, qui décéda dans un règlement de compte. Secrètement au service des mangemorts, il tenta de retourner sa veste lors de la chute de Voldemort et fut assassiné par ses anciens amis avant qu'il ne puisse révéler les noms d'un certain nombre d'entre eux. Malheureusement et à la grande colère d'Alexander et Arthus, le gouvernement se saisit des possessions flamandes des van Aken, à titre de dédommagement pour la collaboration de cette branche de la famille, et ils ne purent hériter de rien.

De leur côté, Alexander et Arthus, furent également arrêtés et envoyés à Azkaban pendant sept mois en attente de leur jugement, mais sans preuves concluantes de leur implication dans la guerre, ils furent finalement relâchés. Cette expérience marqua durablement les deux jeunes gens : Arthus choisit de se retirer de Grande-Bretagne pour échapper à la disgrâce et s'en alla habiter en République tchèque, Alexander, lui, se mit à boire. Du fait de la décision de son frère, il se trouvait donc dernier van Aken vivant sur les îles britanniques, il hérita du manoir où il s'installa avec sa fiancée. Leur mariage fut célébré l'année suivante, en petit comité.

Bien qu'Alexander ait été blanchi de tout lien avec les mangemorts, le nom des van Aken était désormais entaché et la période qui suivit fut plus dure pour les derniers survivants. Largement désargenté, Alexander perdit son emploi et vivota sur les restes de la fortune familiale. Il trouva quelques petits boulots assez anecdotiques, dont l'un notable fut toutefois d'illustrer les cartes de chocogrenouilles de petit portraits de sorciers célèbres. Pendant quinze ans, Alexander et Patricia se firent discrets, restant le plus souvent dans leur manoir, en mauvais termes avec les anciens mangemorts rescapés qui ne leur faisaient pas confiance autant qu'avec la population des sorciers qui continuait à les soupçonner.

Avec le temps, néanmoins, les choses s'arrangèrent. La plupart des peintres magiques étaient désormais morts mais la demande n'avait pas chuté. Petit à petit, les commandes revinrent pour Alexander qui fut en autre demandé pour réaliser le portrait de Cornelius Fudge et celui de son ancien directeur, le Professeur Dumbledore, quelques années avant sa mort. Ses travaux longs et complexes étaient chers et permirent à Alexander et sa femme de vivre un peu mieux. Ils envisagèrent un moment d'avoir un enfant, Alexander étant attaché à la survie de son sang, mais n'y parvinrent pas. Le projet fut finalement abandonné non sans une certaine tristesse.

Pendant cette période, laissé à lui-même, et de toute façon déjà mal-vu, Alexander se lança dans divers expériences dans la discrétion de son domaine, et sur les conseils de ses ancêtres. Objectivement et dans le plus grand secret, il devint à son tour un "mage noir", pratiquant des sortilèges et enchantements interdits par le ministère. Les van Aken avaient toujours été des scientifiques, des expérimentateurs et s'étaient généralement peu soucié de l'avis de leurs contemporain, réalisant leurs travaux cachés aux yeux du monde. Reprenant les ambitions de certains de ses aïeuls, il explora un peu plus loin la magie de la peinture vivante et ses caractéristiques, cherchant à projeter sa propre existence dans un tableau.

En 1994, Alexander van Aken fut contacté pour travailler comme potioniste au ministère, ce qu'il accepta avec joie.


5 - Seconde guerre des sorciers (1996 -1998)

Le retour soudain de Voldemort plongea Alexander dans une certaine circonspection. S'il n'était pas en soit hostile à son message, suivre le Seigneur des Ténèbres avait quasiment provoqué la chute et la ruine de toute sa famille. Sur les conseils de sa femme, il décida de ne pas répondre aux appels des mangemorts et repoussa systématiquement tous ceux qui se présentèrent à son manoir, afin de le recruter. Lassé de ces demandes insistantes, il se résolu finalement à piéger l'île où il se trouvait, provoquant le décès d'un des partisans du mage noir. Cette décision et cet événement se révélèrent au départ peu avisés puisqu'ils survirent quelques mois seulement avant la prise de pouvoir de Lord Voldemort au ministère de la magie. Alexander fut donc logiquement catalogué comme hostile à son règne et déclaré hors-la-loi. Ne pouvant revenir en arrière, il ne souhaitait pas pour autant activement s'investir dans la lutte contre l’ascension de ce-dernier, ne souhaitant pas risquer sa vie pour se battre aux côtés de né-moldus et autres impurs, et pris le parti du statut quo. Il fut un moment tenté de fuir l'Europe, mais refusa finalement d'abandonner son manoir et les portraits de ses ancêtres qui représentaient une mine de connaissance et de mémoire inestimable, et se résolut à défendre les lieux avec l'aide de Patricia.

Le manoir devint rapidement une véritable forteresse, protégée par les runes d'Alexander et les sortilèges de sa femme. Il devint également un refuge pour certains amis de la famille qui, eux aussi, n'avaient pas vu le retour du Seigneur des Ténèbres d'un bon œil. Petit à petit, le bruit se répandit qu'il existait un lieu hautement protégé pour ceux qui souhaitaient s'éloigner des troubles que traversaient le monde des sorciers et plusieurs familles affluèrent au manoir. Alexander ne poussa pas la tolérance jusqu'à accepter chez lui des sang-de-bourbes, mais nombreux sang-mêlés trouvèrent porte-ouverte, à condition de contribuer à la vie sur l'île et à protéger les lieux. Le couple van Aken prit rapidement conscience qu'à faire de son manoir une place forte, il serait perçu un jour ou l'autre comme un lieu de résistance et deviendrait une cible, aussi décision fut prise de renforcer toujours plus l'île qui demeure encore aujourd'hui l'un des lieux les plus dangereux et hermétique de Grande Bretagne.

Heureusement pour tout le monde, le règne des mages noirs ne dura pas assez longtemps pour présenter un danger et ces derniers avaient certainement autre chose à faire que de lancer un assaut difficile sur un cailloux perdu des Hébrides. Aussi les van Aken et ceux qui vivaient désormais avec eux n'eurent-ils aucun soucis à se faire jusqu'à la mort définitive de Voldemort un an après, lors de la bataille de Poudlard, ce qui dissipa définitivement toute menace.


6 - L'ère Potter et le retour en grâce (1998 -2019)

Enfin, les van Aken étaient à nouveau du bon côté de l'histoire. Sur le témoignage des gens qu'il avait accueilli chez lui pour les protéger, Alexander fut décoré de l'ordre de Merlin deuxième classe. Il put revenir à la vie mondaine avec un certain plaisir, bien que les politiques pro-moldus qui suivirent la chute des mangemorts ne lui plurent que très peu. Heureusement, il n'était pas le seul à trouver cette tolérance de la société vis-à-vis des sang-de-bourbes peu souhaitables. A la fois héros de guerre et proche des vieilles familles de sang-purs, Alexander van Aken était rapidement et sans l'avoir choisi, devenu un personnage relativement central dans la vie politique d'après-guerre, qui avait l'oreil d'un grand nombre de personnes différentes.

Il fut de fait poussé à un poste de juge-sorcier du mangemagot en 1999, chargé de juger les collaborateurs de Voldemort, et dont il devint vice-président-sorcier en 2010. A ce poste, Alexander contribua à ralentir les lois et décrets progressistes sur la mixité du sang, embrassant l'aile conservatrice du pays. Son influence en politique grandissait, soutenue par les vieilles familles qui se servirent de lui autant qu'il se servit d'elles. S'il n'atteignit jamais le niveau de richesse qui avait précédé la première guerre des sorciers, les van Aken étaient largement revenus en grâce et étant l'une des dernières familles de sang-pur britannique, faisaient référence pour ceux qui accordaient encore de l'importance à ces choses-là.


7 - Les arts noirs et l'enquête (2019 -2024)

Du fait de son poste important au magenmagot, de son influence au ministère et parmi les puissantes familles de sang-purs, Alexander van Aken se sentait relativement en sécurité désormais. Assez en tout cas pour reprendre avec encore plus de détermination ses expériences de magie noire. Secondé par sa femme qui se révélait tout aussi ambitieuse que lui, ils aménagèrent le sous-sol du manoir en un grand laboratoire où mener leurs expérimentations en potions en incantations. Convaincus que le progrès et la recherche magique devaient être encouragés pour préserver la supériorité des sorciers sur la technologie des moldus qu'ils méprisaient, ils jugeaient les catégorisations de "magie blanche" et "noire" archaïques et ridicules.

Dans la discrétion de leur manoir, ils firent de nombreux progrès. Néanmoins, la disparition de quelques pêcheurs moldus de la région, bien qu'en petit nombre et la plupart du temps camouflées en accident, finirent par attirer l'attention du bureau des aurors. Ce dernier dépêcha un enquêteur sur place qui finit par obtenir un permis de perquisitionner le manoir. Le temps de l'enquête, Alexander fut suspendu de son poste de vice-président sorcier au magenmagot. L'enquête ne donna rien, les aurors n'étant pas parvenu à percer les secrets des runes qui dissimulaient les salles les plus sensibles du manoir, mais le dossier van Aken était toujours ouvert.

Alexander et Patricia durent abandonner momentanément leurs recherches, par prudence, et l'on poussa Alexander vers la sortie de son travail, prétextant que son âge devenait un peu avancé pour de telle responsabilités et on l'invita à prendre une retraite anticipée. Alexander en ressentit une certaine indignation et claqua la porte du ministère. S'en tenant au respect de la loi, désormais, il fournit un grand nombre de boutiques en potions complexes et rares mais refusait désormais de travailler pour l'Etat. En parallèle, il se remit à la peinture avec plus d'ardeur, pour son plaisir cette fois, réalisant les portraits de son père, de son oncle et de ses cousins pour les ajouter à la galerie familiale.


8 - Le deuil et le nouveau départ (2024 -2026)

Patricia mourut le 12 octobre 2024, au manoir van Aken. Elle avait contracté une maladie magique rare que les potions de son mari ne parvinrent pas à endiguer. Vivant cela comme un traumatisme, se sentant responsable de la mort de l'amour de sa vie, Alexander vécu une année de deuil sur son domaine, se coupant du monde, méditant et se promenant dans les jardins avec pour seule compagnie son elfe de maison, les portraits de ses ancêtres et les quelques amis qui, parfois, venaient lui rendre visite.

Pendant cette période, il accorda toute son énergie à peindre le portrait posthume de sa bien-aimée qu'il acheva un an après, durant l'été 2025. Ce fut un grand moment de joie pour le vieil homme, désormais, sa femme serait à ses côtés pour toujours. De son point de vue, peut-être obscurci par l'âge et l'isolement, il ne lui restait grand chose à accomplir sinon peut-être peindre un autoportrait grâce auquel il pourrait rejoindre sa bien aimée. Quand il lui fit par de cela, Patricia n'eut pas de mots assez durs pour qualifier son projet, traitant entre autre son mari de "vieux shnok rabougri" et "de lâche imbécile". A présent, il était le seul des deux à posséder une existence physique, il devait donc porter pour eux leurs ambitions.

Motivé par sa femme, Alexander fit son grand retour dans le monde, plus déterminé que jamais. Grâce à la magie des tableaux et ses connaissances en potion, il gardait une force de caractère certaine et bien qu'amoindri par l'âge, son esprit possédait encore toute sa lucidité. 75 ans n'était pas un âge si vieux pour les sorciers, après tout, et il était bien décidé à reprendre ses fonctions au magenmagot et en politique en générale. Malheureusement pour lui, le monde avait quelque peu changé durant son absence. Avec l'échec de l’extrémiste Blackman, l'idéologie pro-sang-pur avait du plomb dans l'aile, que ce soit au ministère ou dans les cercles d'influences magiques dont Poudlard faisait partie. En apprenant qu'une née-moldu avait maintenant obtenu la direction de l'école, Alexander fut horrifié de constater que la société avait été gagnée par un tel niveau de décadence durant son retrait.

Lors d'une réunion officieuse regroupant la plupart des vieilles familles britanniques encore en vie, il se proposa pour représenter les intérêts des sang-purs à Poudlard où un poste comme professeur de potion venait d'être laissé vacant. Soutenu par quelques individus stratégiquement placés dans des postes à responsabilité au ministère qui permirent de faire passer sa candidature en haut de la pile, il obtint le poste pour la rentrée 2026, en même temps qu'un arrivage de nombreux nouveaux et jeunes enseignants.


9 - Retour à Poudlard (2026 - ?)

L'histoire reste à écrire. On dit néanmoins que le Professeur van Aken se serait activement mis au travail à la confection d'un portrait unique, le représentant, et autour duquel il nourrirait des ambitions particulièrement exceptionnelles.

Grandeur et décadence de l’illustre famille Van Aken

« Partout nous sommes, nulle part on ne nous voit. »

Voila l’étrange inscription qu'on pouvait lire gravée au-dessus de la cheminée du Manoir van Aken, dans les Hébrides. Souvent grandiloquentes, les devises familiales avaient en général également quelque chose de pompeux, un je-ne-sais quoi de prétentieusement poussiéreux. Celle des van Aken, pourtant, était probablement l'une des plus honnête de Grande-Bretagne que l'on puisse trouver. Lentement, insidieusement, ce vieux clan d'origine flamande avait laissé sa marque dans le monde des sorciers et pourtant, paradoxalement, il était rare d'en trouver trace ou mention. La raison de cette discrétion était simple : les sorciers de la famille avaient longtemps grandit à l'ombre des puissants, s’étant fait une spécialité dans la peinture des tableaux vivants. Il s'agissait là d'une discipline complexe qui demandait certaines connaissances spécifiques en magie, et que l’on se léguait comme un héritage à chaque nouvelle génération. De fait, il n’était pas un seul membre de la lignée qui ne peigne pas, et lorsqu'un magicien souhaitait passer commande d'un tableau, les plus riches faisaient toujours appel aux van Aken, dont le nom était gage de qualité et de finesse magique.

Fort de ce savoir, la devise prenait son sens : les van Aken assistaient à l'Histoire, mais toujours de l’autre côté du tableau, celui qu’on ne voit pas, qu’on oublie bien souvent, celui qui tient le pinceau. Familiers des cours des princes sorciers leurs œuvres étaient connues et reconnues dans cette petite société et la famille avait bâti la majeure partie de sa fortune et de son influence sur ce travail.

Noms célèbres dans l’histoire :

Jheronimus van Aken, dit Jheronimus Bosche est un magicien célèbre du XVème siècle et appartenant au mouvement des primitifs flamands. Connu pour ses scènes bibliques particulièrement inspirées, il fut soupçonné à plusieurs reprise de blasphème et sorcellerie durant sa carrière par les autorités religieuses. Accusé de trop jeter la lumière sur le monde des sorciers, il finira oublietté sur ordre du gouvernement de l’époque et l’on simulera sa mort en 1516. Il termine sa vie dans le Manoir van Aken et décède six ans plus tard.

Gustavo Michaeli-van Aken fut l’un des assistants et apprenti du célèbre cracmol Leonard De Vinci. On dit que c’est grâce à ses discrètes retouches sur les travaux de son maître qu’on peut parfois apercevoir la Joconde bailler dans son cadre, quand personne ne regarde.

Côtoyer les puissants n’est jamais exempt de risques. Caliban van Aken, arrière-arrière-arrière-arrière-grand-oncle d’Alexander, est ainsi tristement célèbre pour avoir été assassiné, ainsi que ses trois enfants et sa femme, par la puissante famille de sang-purs autrichiens des van Habsbourg qui le soupçonnaient de se servir des tableaux afin de les espionner pour le compte du Roi de France.

Abigaelle van Aken-Croupton, de la lignée britannique, connu un sort similaire lorsque Marie Stuart l’accusa de se servir d’un portrait pour la maudire à petit feu, en retouchant régulièrement le dessin. Cette fois-ci, les accusations semblaient malheureusement un peu plus fondées.

Caliban van Aken fut responsable du département des mystères pendant plus de soixante ans, de 1847 à 1912. Décoré de l'ordre de Merlin, il contribua grandement à façonner la profession de langue-de-plomb telle qu'elle est connue aujourd'hui et participa activement à la construction des défenses de ce lieu. Il mourut d'un accident de balais en essayant de décoller complètement ivre le jour du mariage de sa cousine, Miranda Black.

Célèbre mais également détesté pour avoir fricoté avec les moldus, Dorian van Aken-Grey aurait, dit-on, réussi à prolonger sa vie en ensorcelant son propre portrait pour le faire vieillir à sa place. Même s’il s’est allégrement enorgueilli d’un tel exploit, les historiens et experts du monde magique doutent encore qu’il soit réellement parvenu à réaliser le tiers de ce dont il se vante. Toutefois il est indéniable que Dorian Grey eut une longévité particulièrement élevée mais décéda violemment d’une crise de démence durant laquelle il poignarda son propre portrait.

Première guerre des sorciers :

Gregory Van Aken et Martina van Aken sont les cousins d’Alexander et ouvertement ralliés aux mangemorts. Tous deux périrent tués par des aurors dans la banlieue de Munich pendant la première guerre des sorciers.

L’oncle d’Alexander, Ladislas van Aken, et père de Gregory et Martina, décéda quant à lui en prison après avoir été reconnu coupable de plusieurs meurtres pour le compte du Seigneur des Ténèbres.

Abraham van Aken, le père d’Alexander, écopa d’une peine de sept années d’incarcération à Azkaban. Il en sortit passablement affaibli et l’esprit brisé avant de finalement s'éteindre dans son sommeil quelques années après sa libération. Ludmilla van Aken, sa mère, mourut de chagrin peu après.

Enfin, Caspar van Aken, un cousin germain, périt également, fauché par le sortilège d’un mangemort, dit-on. Il est très difficile de savoir s’ils étaient en train de s’affronter ou si ce-dernier s’est retourné contre lui alors qu’ils étaient dans le même camp. Dans le doute, une médaille de guerre lui fut remise à titre posthume mais son trépas mit fin à l’ancienne branche hollandaise des van Aken.

Famille proche :

Alexander possède un frère : Arthus van Aken. Il officie comme sculpteur de bois à Prague et possède sept enfants qui eux-mêmes ont des petits enfants.
La femme d’Alexander, Patricia Willibrod-van Aken, est morte récemment de maladie. Ils n’ont pas eu d’enfants. Suite à son décès, Alexander se lança dans une carrière dans la politique britannique qu’il jugeait décadente et fut encouragé par ses amis à briguer un poste de professeur à Poudlard.

Deux elfes de maison se sont succédé au service de la famille van Aken durant la vie d'Alexander : Karkasse, qui l'avait vu naître et s'éteignit quand Alexander était adolescent, et son fils, Frimord, qui est aujourd'hui encore au service des van Aken et s'occupe de leur manoir.

Le cachot du maître des potions, autrefois considéré comme l’une des salles les plus lugubres du château, avait été débarrassé de toutes ses torches et de la plupart de ses étagères à ingrédients qu’on avait reléguées dans la réserve qui lui était adjacente. A la place, sur les murs avaient été accrochés une douzaine de grands portraits à taille humaine, représentants divers paysages bucoliques ou intérieurs feutrés, ce qui donnait l’étrange impression que la pièce était trouée d’autant de portes qui donnaient chacune sur un espace différent. Cinq sur le mur de droite, cinq sur le mur de gauche et deux dans le fond de la salle. Seul l’espace derrière le bureau du professeur van Aken en était dépourvu mais il comportait un grand tableau noir pour écrire, ce qui donnait le sentiment désagréable qu’il s’agissait d’une treizième peinture ne représentant que l’obscurité et qu’à tout moment la silhouette de quelque personnage inquiétant allait s’y découper dans les ténèbres. Derrière le bureau, un chaudron de la taille d’un bol fumait sur un feu doux.

Le professeur n'était pas encore là, et la plupart des tableaux étaient vides. Seul deux possédaient des locataires, une vieille femme à gauche, qui tricotait près de la porte en lançant des regards courroucés aux élèves trop bruyants lorsqu’ils entraient en classe, et deux hommes à la mine austère qui fumaient ensemble dans un seul cadre en conversant à voix basse. Un regard attentif sur les visages des peintures aurait peut-être su déceler un je-ne-sais quoi de familier dans leur traits qui rappelaient ceux du professeur van Aken. Il n’était pas difficile de deviner qu’ils devaient appartenir à sa famille. Le reste des portraits vides, toutefois, portaient des traces d’activité récente : cigares encore fumants et potions en train de bouillir, laissant penser que les tableaux possédaient bien des occupants, simplement ces-derniers étaient affairés ailleurs.

Le professeur de potion, lui, n’était toujours pas arrivé. Relevant finalement les yeux de son lainage, la vieille femme dans le portrait de gauche siffla d’un air agacé entre ses dents.

- « Asseyez-vous donc, là, au lieu de vous agiter, et un peu de silence, enfin, qu’est-ce que c’est que cette jeunesse qui…!? »

Mais elle n’acheva pas. Alexander van Aken venait d’apparaitre de l’autre côté de son bureau, au fond de la pièce, en bras de chemise, s’extirpant d’un air gaillard de la porte qui menait à la réserve. Il salua d’un geste vif les élèves, leur fit signe de s’asseoir et, pendant que tout le monde s’installait, s’approcha de son petit chaudron qui fumait toujours et y jeta une pincée de quelque chose. La fumée vira verte. Le vieil homme s’empara alors d’une tasse vide et en appuyant doucement sur le chaudron, y déversa un peu de son contenu à l’intérieur.
Puis, il s’en retourna vers son bureau et prit place dans son fauteuil avec un léger grognement de satisfaction. Toujours sans un regard pour ses élèves, il leva la tasse d’un geste lent et précautionneux, la portant à ses lèvres, et avala ce qui semblait être une infime gorgée. Puis il hocha la tête et la reposa sur la table, d'un air visiblement satisfait. Son regard allait à présent du liquide aux élèves et sa bouche s’étira soudain d’un petit sourire calme.

- « Ne vous en faites pas. Ce n’est que du thé. »

Il avait dit cela à la manière d'un homme qui répondrait avec sang-froid à une grave accusation muette. Que ses élèves l'aient jugé problématique ou non, le professeur de potion semblait trouver nécessaire d'expliquer un peu son geste, pourtant plutôt anodin au regard de néophytes.

- « Il serait parfaitement inconscient de consommer une quelconque potion alors que vous êtes sous ma responsabilité. Considérons cela comme notre première leçon, voulez-vous ?»

Le regard perdu dans le vague, il fixait sans la voir sa tasse, parlant d'un ton calme et doux, comme on raconterait une histoire. D'un geste un peu mécanique, il laissait glisser son doigt contre la porcelaine, d'un air visiblement préoccupé.

- « Même les plus grands professionnels ne sont pas à l’abri d’une erreur dans leurs préparations, c'est indéniable, et, eh bien, contrairement aux sortilèges, il est beaucoup plus difficile d’identifier d’où provient l’empoisonnement lorsque qu'il survient quand vous buvez quelque chose de faussé.»

Son regard se reposa sur les élèves. Il semblait hanté d'un mélange étrange de soucis sincère et d'une espèce de lassitude comme si, quoi qu'il puisse bien dire, de toute façon personne n'en tiendrait compte au final.

- « En règle générale, évitez au maximum d’ingérer quoi que ce soit de magique avant un événement d’importance ou durant lequel vous auriez des responsabilités. C’est un conseil autant qu’une recommandation. »

Ayant dit cela, il tira du tiroir de son bureau une large flasque de whisky et s’en versa une bonne lampée dans sa tasse qu’il bu d’un coup sec. Son sourire s’était imperceptiblement élargit et il reprit, cette fois d’un ton entendu.

- « J’ai bien plus confiance dans un pur malte irlandais que dans la moindre des fioles sur ces étagères. De fait, je n’exclue pas de vous en faire goûter une gorgée à l’occasion si vous veniez à travailler de manière rigoureuse. Bien ! » annonça-t-il soudain d’une voix plus forte avant de se relever et de désigner le tableau derrière lui.

- « Au cours de cette année, votre travail sera de deux natures. L'une évidente, l’autre moins. »

D'un regard suspicieux, il embrassa la salle, comme s'il doutait un instant que ce qui était évident pour lui le soit également pour ses élèves.

- « La première est d’une simplicité enfantine, et j'insiste là dessus : il vous faudra suivre à la lettre les instructions que je noterai au tableau. »

A nouveau il laissa promener sur eux un œil critique.

- « Comme j’estime pouvoir décemment espérer que tout le monde ici sache lire, je n’attends aucune difficulté particulière pour cette étape. A vrai dire, seule la préparation de certains ingrédients peut parfois se montrer fastidieuse mais, vous vous en rendrez compte assez vite, nous sommes nombreux et disponibles pour vous orienter. »

D’un geste rapide de la main, il désigna les portraits qui muraient la salle. La sorcière au tricot grogna quelque chose dans sa moustache mais les deux hommes qui discutaient à voix basse relevèrent la tête en même temps et saluèrent les élèves, l’un souriant, l’autre les lèvres pincées et l’air sévère.

- « A présent que ceci est clair, je me permets de vous poser une question parfaitement rhétorique, aussi inutile de lever la main. »

Il jeta cette fois-ci un regard accusateur aux élèves du premier rang, comme pour pour dissuader quiconque de s’y risquer.

- «Pourquoi, mes enfants, s’il suffisait de suivre les instructions écrites sur un tableau ou un parchemin, l’art subtil de la préparation de potion est-il considéré comme si complexe ? Après tout, le premier moldu venu est bien capable de lire une liste de course sans se tromper ou de respecter une recette de gâteau. »

Il leur laissa une demi-seconde pour digérer sa question avant de reprendre avec une intonation las.

- « En vérité, si vous avez eu assez de jugeote ou de curiosité critique pour vous poser cette question ne serait-ce qu’une seule fois au cours de votre vie, sachez que vous êtes certainement allé plus loin que la plupart des sorciers adultes de notre génération d’incapables, en ce qui concerne les potions. »

Il soupira d’un air désolé, comme s’il venait d’annoncer une vérité qui l’accablait sincèrement et qui l'obligeait à porter sur ses seules épaules tout un tas de responsabilités dont il se serait bien passé.

- « Nous touchons donc à présent à la deuxième sorte de travail que j’attends de vous et sur lequel, je ne vous le cache pas, reposera autant vos compétences que vos notes. »

Brutalement, soudainement, il avait frappé le sol avec sa canne, ponctuant son discours d'un petit élan de fureur contenue qui brillait à présent au fond de ses yeux et crispait son visage. Il avait de la passion dans la voix, c'était indiscutable, mais également ce genre de folie douce qui nait parfois chez les gens qui se sont aventuré un peu trop loin et trop intensément dans leur domaine d'expertise, et ont du mal à regarder le monde en se détachant de ce prisme.

- « Une potion n’est pas une recette de cuisine ! Une potion n’est pas une série d’étapes détachées les unes des autres que l’on doit suivre machinalement comme le premier boulanger venu ! Réaliser une potion c’est avant tout comprendre ce qui lie ses ingrédients les uns aux autres, leurs caractéristiques et propriétés essentielles et pourquoi nous leur faisons subir certaines transformations, ou la manière dont nous les associons. Cela, aucun livre ne vous l’apprendra, je le crains, il vous faudra travailler par vous-même, en amont. »

Il fixa un peu la classe du regard puis eu soudain une expression qui semblait vraiment vouloir dire « bon de toute façon ceux-là ne comprendront rien si je ne leur montre pas. », haussa les épaules avant d’afficher un petit sourire fatigué.

- « Voila pourquoi pour ce premier cours, nous allons apprendre à faire du thé. Mais je vous garantie qu’il s’agira très certainement du meilleur thé que vous aurez bu de votre vie car, ainsi que je vous l’ai expliqué, il ne s’agira pas de plonger machinalement quelques feuilles dans de l’eau chaude et de retourner un sablier. Nous allons nous demander comment les feuilles réagissent à l’eau, qu’est-ce que le processus d’infusion, voila l’essence de notre art, chers élèves, voila ce qui fait la différence entre médiocrité et talent, entre vie et mort, parfois : le sérieux, l’application, l’intelligence, ma foi, tout le reste n’est que broutille et vous pourrez connaitre autant de recettes et de sortilèges qu’il vous plaira, si vous n’en saisissez pas l’essence, vous ne serez jamais que des chiens savants ! »

Quand il acheva sa phrase, il avait quelque chose dans l’expression de son visage qui évoquait une colère froid, ou du moins une sorte d’indignation.

- « Allez ! A vos théières ! Par groupes de deux ! Aujourd’hui, nous étudierons le Earl Grey. Si vous n’êtes pas fichus de me proposer une boisson convenable à la fin de la séance, inutile d’espérer réussir à produire le moindre élixir de contre-rhumatisme. »