Est-ce qu’avoir une vie classique peut plus facilement pousser à avoir envie de la bousculer ? C’est en tout cas ce que Lucy a très vite compris, ayant vécu une enfance normale, à Londres, née d’une maman pâtissière et sorcière ; et d’un papa comptable et moldu. La petite fille était encadrée, protégée et guidée par son grand frère Jared avant d’obtenir (inconsciemment) toutes les clés pour devenir à son tour LA protectrice. La naissance de Blaze, Lucy ne s’en souvient pas, à part quelques bribes de souvenirs, mais elle se souvient en revanche d’une bonne partie de leur enfance ; elle entend encore sa mère lui dire « Lucy, tu dois montrer l’exemple à ton petit frère ». D’aucun dirait qu’elle n’avait rien d'une vraie grande sœur puisque plus âgée d’un an seulement, mais ces petites phrases la remplissaient de fierté et la jalousie et les bagarres n’ont jamais vraiment eu lieu d’être entre son petit frère et elle. Lucy a rapidement développé un petit caractère de cheftaine, une volonté de persévérer, de réussir et d’avoir les armes pour protéger les autres. « Les autres », c’est son frère en premier lieu, premier bénéficiaire du témoignage de son esprit de famille. C'est aussi les personnes envers qui elle se prend d'une affection sincère. Elle se souvient d’avoir souvent voulu asseoir sa présence, à l’école, histoire de ne laisser l’occasion à personne de croire que Blaze était tout seul, et réciproquement, qu’il était inutile de vouloir lui chercher des noises.

La pâtisserie de sa mère ne l’a jamais intéressée… les activités comptables de son père non plus. Sa maturité assez rapide lui a permis de comprendre qu’elle était sorcière et que ses ambitions se tourneraient vers ce pan de ses origines. Jared était à Poudlard, elle aussi rêvait d’y aller et l’enfant n’a pas attendu d’y être officiellement élève pour commencer à lire les livres de son aîné, pour essayer dans le vide ou avec un bout de bois les gestes relatifs aux sortilèges et essayer de retenir un maximum d’informations sur la façon de réaliser les potions.
Lucy n’a jamais eu peur de faire son entrée dans la cour des grands et se souvient comme si c’était hier de ses premiers pas au château et du sourire flamboyant qu’elle a adressé à Jared au moment où elle traversait la Grande Salle. Sa lettre d’admission au collège Poudlard est encadrée et représente l’une des fiertés que la jeune fille s’est toujours plu à contempler pour son bon plaisir.

Bien sûr, elle est loin d’avoir oublié sa deuxième année… une année qu’elle attendait avec impatience après une première entrée en la matière couronnée de succès. Blaze était élève, lui aussi… mais il avait surtout sauté à pied joint dans les folies de Blackman qui parvient, cette année là, à investir Poudlard et à faire subir les pires horreurs aux enfants de moldus. Cette année là, Lucy se promit de ne jamais se laisser faire, de garder en ligne de mire son petit frère (et Jared) et d’avoir un seul objectif : que sa famille s'en tire. La fratrie ne craignait rien, à première vue, ils n’étaient pas nés-moldus, mais pas loin… Lucy savait bien qu’une petite enquête suffirait à dévoiler son père. Il fallait redoubler d’effort pour bosser, pour suivre les cours et pour mesurer la gravité de la situation. Pour Lucy, elle était grave, sérieuse et se termina par le choc de la mort de la directrice. Pour la première fois, Lucy tenta pendant toute l’année de contrer le comportement de Blaze en lui disant de se faire tout petit… pas facile lorsque c’est loin d’être la norme. Pas facile avec un petit têtu de la sorte, habitué à être protégé en dépit de tout et écouté.

Lucy ne s’en tira pas aussi bien que son cadet, dans l’histoire, et développa quelques angoisses qui lui faisaient craindre un retour de la situation…ou plus généralement, un retour de Blackman. L’été qui suivit cette deuxième année fut riche en réflexion et la jeune élève se promit de garder l’œil ouvert, de faire prendre conscience à Blaze qu’il fallait faire attention et surtout : travailler pour ne pas avoir la moindre raison d’être incapable de se défendre. Jared était invisible, mais Blaze se faisait toujours un peu plus visible, à Poudlard. Occupée par son travail scolaire qu’elle fixait en première ligne, Lucy assumait son sourire crispé face au comportement de son frère, gardant un œil sur lui alors qu'il eut la mauvaise idée de s’intéresser aux âneries sur balais… une exubérance qui n’intéressait pas la petite et qui lui semblait plus dangereux qu’autre chose. Affublée de ses manuels et ouvrages empruntés à la bibliothèque, Lucy commença à contre-cœur à interroger son frère pour savoir s’il n’avait pas l’occasion de commettre d’imprudence et à rôder près du terrain de Quidditch. Etre la protectrice de l’ombre était un rôle qui lui allait bien et qu’elle adopta assez vite. Sans prétention aucune, Lucy était persuadée être celle qui détiendrait la bonne solution si jamais une catastrophe supplémentaire venait à survenir à Poudlard. Elle avait intérieurement fait une promesse à ses parents : celle de ramener son petit frère sain et sauf et elle prenait la mission à cœur… (contrairement à Jared qui avait pris les choses à la légère) Peut-être manquait-elle encore d’ambition personnelle, à ce moment là. Cela ne l’empêcha pas de se faire deux meilleures amies avec qui elle forma un groupe solide et avec qui elle s’entendit pour constituer le groupe des rebelles. Un peu commères, moqueuses et détentrices de secrets importants, Lucy se détacha légèrement de son frère au moment où elle commença à apprécier vraiment ses amies et à croire que ses capacités étaient suffisantes pour se défendre.

Avait-elle baissé la garde au moment de l’incendie ? Sans doute puisqu’une vague d’angoisse manqua de la noyer sec lorsqu’elle se rendit compte qu’elle n’avait pas Blaze à proximité lorsque Poudlard se mit à brûler de toute part. Un traumatisme supplémentaire pour la jeune perfectionniste qui eut l’impression de subir un échec (bien que Blaze fut, tout comme elle, évacué de Poudlard sans la moindre encombre). L’objectif était donc devenu le suivant : se pardonner. Lucy se sentait coupable d’avoir délaissé Blaze et ses petites affaires pour s’occuper d’elle, de ses cours et de ses prouesses ainsi que de ses copines. Rien ne l’empêcha néanmoins d’entamer une cinquième année avec des exigences ultimes. Lucy voulait encore être la meilleure, apprendre davantage et anticiper le danger. Fondre en larme devant sa mère un soir de juillet après l'épisode de l'incendie l'avait aidé à mettre des mots sur ses problèmes et elle comprenait petit à petit que Blaze grandissait, qu'il prendrait également soin de lui-même et qu'elle ne devait pas vivre pour le protéger. Difficile à intégrer alors que sa vie n'avait jusqu'alors tourné qu'autour de cette ambition. Lucy avait de nombreuses BUSE à valider et il fallait qu'elle y arrive, coûte que coûte. Elle voulait faire de sa cinquième année l'année du changement, celle où elle s'intéresserait davantage aux autres et un peu moins à son obsession : la protection de son frère.

Garrett Mansfield : Lucy n'est pas une Mansfield pour rien. Elle tient tout de lui : ambitieux, sérieux, assidu et très travailleur; Garrett est un moldu et exerce en tant que comptable en banlieue Londonienne. Il fait partie des moldus « dans la confidence » car il s'est marié à Sofia, une sorcière qui lui a tapé dans l’œil dans la seconde où il l'a aperçue. Suite à cela, il a engendré trois petits sorciers qu'il se plait à voir évoluer dans un monde qui le fascine mais dont il reste à distance. Garrett se sent impuissant face aux troubles qui secouent le monde des sorciers mais tâche d'être là pour chacun de ses trois enfants en gardant son habituelle bonne humeur et un optimisme à toute épreuve. Pas facile pour un homme sans autre pouvoir que son amour pour ses enfants lorsqu'il entend parler de mages noirs, d'incendies massifs ou de serpents géants...

Sofia Forester-Mansfield : Sofia Forester-Mansfield est une sorcière, née à Londres. Elle a grandi et évolué dans le milieu de la pâtisserie magique et en a fait son métier, reprenant l’entreprise familiale située sur le chemin de traverse. Elle n’a jamais brillé dans aucun des domaines magiques mais n’a pas vraiment cherché à le faire un jour. Sofia est une femme qui a très vite su s’adapter à son rôle de maman, endossant avec brillo toutes les difficultés qui se présentaient à elle. D’une manière différente de son mari, elle est pleine de détermination, forte et solide pour mener sa famille à emprunter les meilleurs chemins. Il ne peut pas en être autrement ; Sofia a ses enfants, certes, mais elle a surtout Garrett : son ange gardien, son roc, celui qui la fait rire et sourire et qui est là pour elle et le sera toujours. A deux, ils supportent les mauvaises nouvelles venant de Poudlard qui s'enchaînent, se demandant souvent s'ils usent des bonnes méthodes pour protéger leurs enfants.

Jared Mansfield : Jared est une copie conforme de Lucy ... en mieux ! Il est sympa, avenant, beau et impliqué dans tout ce qu'il fait. Lucy n'a jamais oublié l'absence totale d'hésitation de la part de Jared lorsqu'elle lui a demandé de lui prêter ses manuels de Poudlard. Un geste qu'elle a apprécié et qui aurait peut-être valu quelques minutes de réflexion. La petite blonde voulait mettre la charrue avant les bœufs et Jared n'a pas jugé bon de lui reprocher. Peut-être se rend-elle parfaitement compte qu'il est un peu trop bon et que la balance manque d'équilibre. Peu importe ! Lucy admire les études de médicomage entamées par Jared et se sent tout aussi proche de son grand frère que du petit. Ce dernier ne donne d'ailleurs pas l'impression d'avoir été inquiété par les événements qui ont eu lieu à Poudlard au contraire de Lucy qui n'oublie pas un seul détail de ce qu'ils ont vécu. Jared a des capacités magiques inédites que Lucy lui envie, parfois : il est capable d'apaiser les gens et d'accomplir beaucoup de choses par un simple sourire ou quelques douces paroles.

Blaze Mansfield : « Lucy, tu dois montrer l’exemple à ton petit frère » Ces mots résonnent encore dans la tête de la jeune fille. Des paroles ayant eu un impact considérable sur sa vie et son développement. Lucy n'a jamais eu besoin de se détacher de Blaze et a sans doute interprété à sa manière ce qu'on attendait d'elle. Elle a très vite vu le monde comme un danger (la cour d'école est remplie de fauves) et s'est mis en tête d'être celle qui agirait pour le bien de ce petit... pourtant pas beaucoup plus petit.
Lucy trouva rapidement une réponse à la question de savoir comment faire pour montrer que le duo de Mansfield était là : elle attaquait la première ou asseyait sa présence d'une manière un peu violente, mais efficace. « Pas touche à mon frère ! » est vite devenu le leit motiv que Lucy n'est jamais parvenu à lâcher. L'entrée à Poudlard n'a pas changé grand chose et la jeune fille peine à se dire que Blaze peut évoluer sereinement sans elle. C'est une erreur dont elle prend conscience tout en se sentant piégée par cette habitude solidement ancrée. Le pire, c'est qu'elle s'entend bien avec Blaze et qu'il ne semble pas lui tenir rigueur de son côté protecteur maladif. Sa personnalité haute en couleur l'amuse et elle n'a pas beaucoup de souvenirs de conflits entre eux. Ils ont pris pour habitude d'aller dans le sens de l'autre et de ne pas vraiment souligner les comportements qui posent problème. Leurs différences sont flagrantes mais ne font pas offices d'obstacles à leur relation.

La volonté des ses camarades à se dissimuler derrière elle pour ne pas dévoiler leurs tremblements était palpable pour Lucy qui patientait pour grimper dans une barque pour traverser le lac. Ridicule ! Elle-même n’avait pas la moindre volonté de se cacher et voulait au contraire être en première ligne pour découvrir le château et tout ce qui les attendait pour sept ans. Elle savait qu’il y aurait des moments intimidants et que son cœur lui jouerait quelques tours, mais elle ne voyait pas de raisons de ne pas aller au devant de ce qu’elle attendait depuis plusieurs années.

Les jours qui avaient suivi sa première rentrée n’avaient pas été exempts d’une excitation et d’une effervescence rare dans le foyer des Mansfield. Lucy avait tenu à faire partager sa joie et n’avait pas fait dans la demi-mesure pour le faire : elle avait exigé un dernier film au cinéma (purement moldu) à cinq, voulu faire un gâteau et des cookies (avec l’aide des aptitudes magiques de sa mère), ramassé des tas de fleurs dans le jardin qu’elle avait réunies pour former d’énormes bouquets et avait contemplé ses manuels flambants neufs pendant des heures avant de faire partager – à qui voulait bien l’écouter – tout ce qu’elle savait déjà sur la magie. Cette entrée à Poudlard était un bonheur à venir, pour la petite fille, et la journée passée sur le chemin de traverse pour les fournitures reste aujourd’hui l’un de ses meilleurs souvenirs. Elle ne découvrit pas la cachette de la voie 9 ¾ ni la beauté fulgurante du Poudlard Express car habituée à y conduire Jared chaque 1er septembre depuis quelques années, mais cette fois, elle quittait le quai en même temps que son frère. S’il y avait une ombre au tableau (et pas des moindres) c’était Blaze qui restait accroché à la main de leur mère et qu’elle doit voir rapetisser à mesure qu’ils s’éloignaient de Londres. Un déchirement pour la petite qu’elle ne partagea avec personne avant de se focaliser sur autre chose pour ne pas sombrer dans une angoisse qu’elle sentait poindre à l’horizon. Blaze était assez grand pour lui écrire (sans fautes d’orthographe !) et pour lui donner toutes les nouvelles qu’elle réclamerait.

C’est d’ailleurs au moment de l’ouverture de la porte de la Grande Salle qu’elle oublia momentanément son petit frère adoré. Cette salle était magique, dans tous les sens du terme et elle avança sans craintes (mais avec le battement de cœur attendu, malgré tout), croisant bien vite le regard de Jared qui hocha franchement la tête pour l’encourager. Il avait tout compris ! Lucy avait besoin de ce genre de soutien, pas d’un encouragement à tenir le choc face à tous les visages qui la regardaient, mais plutôt d’un soutien franc et discret. Bientôt, elle connaitrait la maison qui serait la sienne et chassa de son esprit ses préférences quant aux différentes maisons. Le choixpeau en déciderait. Lucy était en train d’observer la vaisselle étincelante posée devant les professeurs qui les observaient, eux aussi, lorsque son nom et prénom furent prononcés. Elle s’avança, se posa sur le tabouret et sentit le choixpeau se poser sur sa tête. A cet instant, elle fit de son mieux pour graver l’instant dans sa mémoire avant que la voix de l’objet magique ne s’élève pour crier ….

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