Arrivé(e) le : 21/01/2024 Parchemins rédigés : 1262 Points : 5 Crédit : anaphore (signature) Année : Professeur de potions et directeur de Serdaigle ⊹ 45 ans (11/05)
DETAILS EN PLUS Et plus en détails ? Statut Sanguin: Né-Moldu Pouvoirs spéciaux: Aucun Poste de Quidditch: Supporter Patronus: N'a jamais essayé d'en lancer un, mais prendrait la forme d'un koala Epouvantard: Peut prendre plusieurs formes mais choisit surtout celle de son ex-femme Matières suivies et niveau: Points Défis: (410/2000) Disponible pour un RP ?: Bien sûr, on le commence quand ? D'autres comptes ?: Kryštof K. van Aken & Miles N. McCruikshank
(#) Sujet: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Mer 4 Sep - 19:12
Caerwyn connaissait déjà un peu Paris. Il l’avait déjà visité, une fois, avec Joan, quand Arthur était trop jeune pour s’en souvenir. Mais la capitale française ne lui avait pas laissé un souvenir impérissable. Ou était-ce plutôt le séjour en lui-même. Il avait eu le sentiment d’être passé à côté des trésors les plus inestimables de la ville et s’était juré d’y retourner un jour. Il s’était décidé sur un coup de tête, juste après avoir quitté l’Irlande et le foyer de Joan, désormais dénommée O’Donnell. Cela avait été éprouvant, comme il s’y était attendu. L’idée que le vent puisse tourner après tant d’années, qu’il puisse prétendre avoir réparation, d’avoir une révision plus juste et plus équitable l’avait ôté d’un poids certain. Dire qu’il était désormais serein était peut-être exagéré, mais il se sentait moins sur le point d’exploser à tout moment. La rentrée le tendait un peu, forcément. Il n’aimait toujours pas Poudlard après tout, mais il commençait doucement à s’y faire, à se réconcilier avec le château. Il se faisait violence, mais il avait le sentiment de faire quelques progrès. C’était laborieux, long et fastidieux, se forçait à s’ouvrir un peu, mais se rendait compte que certaines personnes n’étaient pas là pour l’accabler, mais pour l’aider. Et accepter un soutien, quel qu’il fut, n’avait rien de honteux.
Inviter Jack avait été son second coup de tête. Avec ou sans elle, il y serait allé et aurait tout autant profité du séjour. Mais il devait se rendre à l’évidence, savoir qu’il ferait son court voyage accompagné avait rendu son enthousiasme plus important encore. Et ressentir autre chose que de l’apathie, de l’abattement ou de la nervosité lui donnait cette impression de légèreté qu’il avait déjà eu plusieurs fois dans l’année. Autant ne pas s’en priver. Il avait pris un Portoloin depuis Cardiff pour Paris et avait retrouvé Jack à un endroit précis. Toute la journée, il s’était laissé docilement guider en long en large en travers de la ville, crapahutant jusqu’en haut de Montmartre, flânant dans les rues. Il laissait Jack lui faire découvrir le Paris plus secret, celui que seuls les connaisseurs gardaient pour eux. La botaniste avait dû s’improviser guide touristique malgré elle, car des questions Caerwyn en avait. Sur un peu tout d’ailleurs : l’Histoire, les monuments, les coutumes, des traductions en français. Wenceslas aurait pu avoir la preuve qu’il n’était peut-être pas si Serpentard que cela et méritait sa place de directeur de Serdaigle. Caerwyn avait eu juste une requête bien précise durant le parcours, Montmartre et plus précisément la place du Tertre. Les raisons d’un tel choix étaient évidentes, sans nul doute que la demande avait dû faire sourire la botaniste.
Caerwyn ne vit pas vraiment les heures passer ni même les kilomètres s’accumuler dans les jambes et la soirée s’installa un peu trop rapidement à son goût sur la capitale française. Jack choisit le restaurant quand leurs estomacs commencèrent à crier famine, et, fidèle à elle-même, avait tranché pour quelque chose de qualité. Après tout, ils étaient dans le royaume de la gastronomie, non ? Autant y mettre le prix. Il ne batailla pas bien longtemps pour savoir qui payerait l’addition. Le simple argument que cela lui faisait plaisir ne suffit pas. Leurs situations financières considérablement différentes firent pencher la balance du côté de Jack, et Caerwyn céda sa simple générosité désintéressée au pragmatisme raisonnable de sa collègue, qu’il n’avait évidemment pas à hésiter à remercier. La fatigue commença alors à se faire ressentir et ils se décidèrent à rentrer à l’hôtel. Ce n’était évident pas un établissement ultra-luxueux, Caerwyn l’ayant réservé pour lui à la base, mais il était suffisamment bien placé pour profiter des lumières de la ville et était tout de même d’une très bonne qualité. Pour la première fois depuis un long moment, le potionniste regarda sa montre et n’avait pas songé un seul instant qu’il était si tard. Ils avaient passé plus de temps qu’il ne l’aurait pensé au restaurant. Il se tourna alors vers Jack, avec un sourire.
— Vu l’heure, tu veux rester ici ou y a-t-il des choses sur la vie nocturne de Paris que je dois absolument savoir ?
Lui avait déjà sa réponse. Il avait quelque peu les jambes lourdes d’avoir autant marché et préférait rester au calme pour le reste de la nuit. D’autant plus qu’il avait prévu d’enchaîner les kilomètres à nouveau le lendemain en visitant le Louvre, dans lequel il n’avait jamais mis les pieds. À l’instar de Montmartre, cela faisait partie des sites qu’il voulait absolument voir. Comme pour indiquer subtilement (mais pas tant que cela) vers quel choix se tournait sa préférence, il posa une main sur sa hanche et l’embrassa, bien qu’encore un peu timidement, sur les lèvres, avec un sourire. Seule l’ombre au tableau, son téléphone qu’il entendait et surtout, qu’il sentait vibrer dans sa poche sans arrêt depuis plus d’une minute. Craignant qu’il ne s’agisse d’une urgence, mais ayant comme un mauvais pressentiment, il dit :
— Excuse-moi, deux secondes.
Jack pouvait certainement comprendre, elle avait deux adolescentes à sa charge, elle aussi. Il sortit son téléphone et son sourire jovial disparut immédiatement en reconnaissant les chiffres du numéro. Joan.
— Putain, mais c’est pas vrai…
Il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour qu’elle trouve son nouveau numéro. Il ignorait comme elle l’avait eu et il ne voulait pas le savoir. Il jeta un œil aux quelques SMS. Des insultes, encore. Et il ne voulait même pas compter combien d’appels manqués son esprit avait décidé d’ignorer. Il bloqua instantanément le numéro. Hors de question qu’il cède à ses chantages une nouvelle fois. Il releva alors le regard vers Jack et lui sourit d’un air désolé avant de hausser les épaules :
— Mon ex. Elle n’a pas apprécié que mon employeur ait décidé de lui coller un procès pour harcèlement d’un de ses employés sur son lieu de travail.
Malgré son ses lèvres étirées pour tenter de ne pas gâcher l’ambiance, il soupira d’un air las en allant poser le téléphone redevenu inerte sur un des meubles de la pièce. Il revint ensuite vers Jack et tenta de retrouver sa main.
— D’une certaine façon, elle a réussi à mettre la main sur mon nouveau numéro. Il va falloir que je te le donne d’ailleurs, avant que j’oublie encore.
Cette interruption était un peu tue-l’amour, c’était évident. Pourtant, il comptait oublier cet incident rapidement et retrouva rapidement le sourire. Il refusait catégoriquement de se laisser polluer par Joan à nouveau. Il passait une trop bonne journée pour y laisser s’y installer quelques nuages.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Ven 6 Sep - 19:10
( Sous le ciel de Paris )
Se promener à Paris ravissait Jack. Outre la coupure bienvenue dans un quotidien devenu anxiogène – von Meissen en cavale et les bouderies de Senna n’y étaient pas pour rien –, c’était l’occasion de passer du temps avec Caerwyn. Ils n’en avaient pas vraiment eu l’occasion, cet été, et leurs chamailleries légères lui avaient manqué. Alors, dès qu’elle eut réceptionné le colis – c’est-à-dire Caerwyn lui-même – sur le Champ-de-Mars, elle l’avait entraîné à sa suite en sirotant son café (elle lui avait bien sûr fourré le sien entre les mains dans un grand gobelet en carton fumant) et en plaquant avec autorité un sachet de viennoiseries fraîches sur sa poitrine. Qu’il s’en saisisse n’était pas vraiment une question, mais plutôt un ordre tacite. On visitait Paris ou on rentrait chez soi ! Ainsi, ils levèrent le nez vers la tour Eiffel, se dirigeant tranquillement vers le Trocadéro, son bassin et ses pelouses déjà noires de monde. Les enfants et les jeunes gens s’ébattaient déjà dans l’eau – baignade interdite, sauf pour ceux qui s’en foutaient (comprendre : tout le monde). Sans s’inquiéter de son train de marche sportif, madame lui avait fait sillonner les Buttes-Chaumont, traverser le pont des Arts, découvrir Pigalle (ses théâtres comme ses sex-shops), arpenter la place de la Comédie-Française et de l’Opéra de Paris… tout ça juchée sur des baskets d’un blanc si immaculé qu’on se demandait combien de fois elle utilisait sa baguette pour les blanchir. Ses longues jambes disparaissaient dans un pantalon fluide, coloré du même bleu que le ciel d’été qui les toisait. Un chemisier blanc léger et un grand chapeau tressé complétaient la tenue de touriste parisienne qu’elle s’était concoctée ; à demi pour être à l’aise, à demi pour être à son avantage. Bien sûr, elle obtempéra à ses désirs curieux et le dirigea dans l’adorable quartier de Montmartre, qu’elle affectionnait particulièrement pour son charme ancien et ses rues étroites. Elle le laissa même s’ébattre sur la place du Tertre, un sourire en coin accroché aux lèvres. Ce n’était qu’un appât à touristes crédules, mais, bah ! si c’était sa première fois, il pouvait bien s’ébahir un peu de toute cette foule de caricaturistes. Puisqu’il aimait le dessin, cependant, elle ne put s’empêcher de lui proposer d’admirer la vue depuis la butte, puis de flâner dans le cimetière du Père-Lachaise. C’était quand même autre chose ! Voilà un paysage et une ambiance qu’elle aurait aimé capturer si elle avait un soupçon d’âme créative. Jack répondit à toutes ses questions avec un enthousiasme non dissimulé, enchantée de dispenser ses connaissances culturelles et historiques sur la ville de son cœur. Probablement Caerwyn ne l’avait-il jamais vue aussi enthousiaste et volubile – sauf, bien entendu, lorsqu’il était question de botanique. Un peu fourbus, ils finirent par casser la croûte dans un restaurant quatre-étoiles qu’elle paya sans souffrir une seule protestation. Elle n’était pas là pour faire la charité, mais pour passer un bon moment sans se soucier d’endetter son ami. Enfin, ils rentrèrent à l’hôtel alors que la nuit était déjà tombée sur la capitale depuis une bonne heure. Griffith avait toujours été amoureuse de la vie parisienne nocturne et, si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait déjà répondu à son amant qu’ils repartaient pour un tour. Mais Caerwyn avait l’air fatigué et – en toute honnêteté –, Jack l’était tout autant. Ses jambes et son dos la tiraillaient, bien qu’elle ne l’admettrait jamais. “Il y a des tonnes de choses que tu dois apprendre sur la vie nocturne d’ici, mais je ne suis pas certaine que tu aies très envie que je t’entraîne jusqu’au bout de la nuit” gloussa-t-elle tout en se déchaussant, défaisant les boutons de sa chemise un à un avec minutie. “Là, tout de suite, j’ai surtout envie d’une bonne douche.” Comme pour marquer son approbation, Caerwyn s’approcha afin de poser une main sur sa hanche et un baiser encore timide sur ses lèvres. Sans se faire prier, Jack enroula ses bras autour de son cou pour l’attirer davantage à elle et lui rendre son baiser avec une assurance bien différente de la sienne. Seulement, leur ébauche d’étreinte fut rapidement interrompue par un importun bourdonnant dans la poche de son collègue. Irritée, Griffith lui fit toutefois signe de décrocher. Savait-on jamais ; à cette heure-ci, c’était rarement bon signe. Ça pouvait être grave – pire, ça pouvait concerner Arthur ou Jenny. Ou les deux. Il n’y avait pas pire scénariste que le cerveau d’un parent. La réaction du potionniste lui fit cependant hausser un sourcil. Un problème ; ou plutôt une emmerde, à son expression furieuse. Elle le laissa pianoter et scroller quelques secondes de plus, avant d’écarquiller les yeux en l’écoutant exposer le plus naturellement du monde qu’il s’agissait de son ex-femme, harceleuse de surcroît et apparemment poursuivie en justice par Fergal lui-même. “Quoi ?” Sa voix sonnait lointaine, comme dans un rêve. C’était délirant. “Mais qu’est-ce que tu racontes ? Fergal a collé un procès à ton ex-femme ? Pour harcèlement ?” La confusion le disputait à la colère sur ses traits, et elle ne réagit pas lorsqu’il tenta de retrouver sa main après avoir posé le téléphone. “Est-ce que je peux avoir des explications un peu moins folles que ça ?” Sa voix était un peu plus cassante qu’elle ne l’aurait voulu, mais il fallait reconnaître que ce n’était pas spécialement agréable d’apprendre ce genre de choses au détour d’une conversation anodine, comme s’il s’agissait d’une broutille. “Donc j’imagine que je sais désormais pourquoi tu n’as jamais répondu à mon dernier SMS et préféré m’envoyer des hiboux.” C’était un peu comme sortir avec James Bond, mais sans le côté glamour. Et sans les muscles, mais bon, ce n’était pas encore le pire. Un soupir plus tard et elle se pinçait l’arête du nez pour ravaler le mal de crâne qui pointait le bout de son nez. Qu’est-ce que c’étaient que ces histoires, encore… Des fois, elle compatissait sincèrement avec le directeur, qui devait en apprendre de belles de ce genre sur ses employés sans crier gare. “Écoute… Je sais que je ne suis pas exactement un modèle de transparence, mais ça, c’est un peu trop gros pour ne pas m’en toucher un mot. Ou un post-it, au moins.” Son trait d’humour sonna un peu plus railleur qu’elle l’avait envisagé, un peu plus vexée qu’elle ne l’aurait imaginé d’avoir été tenue à l’écart d’un si grand événement dans la vie de celui qui prétendait pourtant avoir des sentiments pour elle. Comme quoi, une femme faisait toujours bien de garder une distance de sécurité. Les hommes ne donnaient jamais rien et attendaient tout en retour. Voulait-il vraiment construire une relation avec elle, tout en la tenant à l’écart de sujets pareils ? Parfois, Caerwyn lui apparaissait comme une énigme insoluble. Ça avait son côté excitant, stimulant, bien sûr… Mais là, à cet instant, c’était surtout frustrant.
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À SAVOIR
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Sam 7 Sep - 17:31
Cela faisait une éternité que Caerwyn n’avait pas passé une aussi agréable journée. Arpenter Paris aux côtés de Jack était un instant tellement hors du temps qu’il se demandait parfois si c’était bien réel. S’il avait pensé que son enthousiasme presque enfantin à redécouvrir la capitale parisienne en bonne compagnie aurait pu la fatiguer, il avait constaté qu’il était totalement partagé. Il avait le cœur tellement léger qu’il n’avait pas senti les kilomètres alourdir ses jambes. Il n’aurait pu avoir d’yeux que pour Jack qui, comme à son habitude, rayonnait toujours de cette splendeur solaire, surtout ce jour-là. Mais les bâtiments haussmanniens semblaient être parvenus à lui voler le regard du potionniste. De tout ce qu’elle lui avait montré, ce fut le cimetière du Père Lachaise qui l’avait le plus marqué. L’ambiance du lieu était unique et il était presque déçu de ne pas pouvoir y rester quelques heures de plus pour pouvoir s’en imprégner un peu plus. Ce n’était pas grave, cela lui donnerait une excuse pour revenir. Cependant, une journée n’avait toujours que le même nombre d’heures et elle finit par toucher à sa fin. Rassasiés et épuisés, les deux collègues avaient fini par rentrer doucement à l’hôtel.
Après son questionnement sur la suite du programme, Jack lui annonça qu’il lui restait encore plein de choses à découvrir sur Paris et surtout sur sa vie nocturne. Il haussa les épaules avec nonchalance, tandis qu’il la regarda se mettre à l’aise avec un sourire. Rester là lui convenait tout à fait. La capitale française n’allait pas disparaître du jour au lendemain.
— Tu me montreras une prochaine fois.
Petite promesse implicite qu’ils reviendraient. Paris était vaste, ils n’avaient pas le temps de tout faire en deux jours. Mais il n’avait presque plus envie d’aller au Louvre le lendemain (qu’il n’aurait de toute façon pas le temps de visiter en une fois), voulant encore profiter des rues et des recoins encore un peu secrets. Il avait encore le temps de se décider, ou de se laisser convaincre. L’heure était pour l’instant au repos et les deux amants commencèrent à s’abandonner à un moment tendresse qui fut malheureusement interrompu par la personne qui ne voulait décidément pas du bonheur de Caerwyn. Ce dernier, après un soupir, culpabilisant de sentir le léger agacement de Jack à l’idée d’être dérangée, posa son téléphone devenu muet et lâcha l’origine du problème avec un peu trop de légèreté. Décidément, cette journée l’avait rendu bien trop heureux. Au résumé de la situation par la botaniste, il se contenta de hocher la tête pour confirmer ses propos, surpris qu’elle puisse remettre sa parole en doute. Malgré qu’il soit revenu vers elle, Jack semblait particulièrement dubitative quant à la raison de cette interruption et demanda des précisions. Un peu pris à dépourvu, redescendant de son petit nuage progressivement, il ne sut quoi répondre sur le coup.
— Je…
La remarque sur le dernier SMS qu’il n’avait jamais reçu lui arracha un sourire contrit et haussa les épaules.
— Je plaide coupable.
Mais cela ne suffit pas et Jack semblait s’agacer, en témoignait son nez pincé entre ses doigts graciles. Il resta silencieux sur le coup, son sourire s’étant effacé pour afficher un air plus préoccupé. Ce n’était pas comme cela qu’il voulait que la soirée se termine. Ce n’était pas comme cela qu’il voulait continuer à vivre non plus. Un sentiment d’agacement et de colère monta en lui, en parallèle à celui de Jack. Il en avait assez que Joan continue de lui empoisonner la vie toujours dans les pires moments. Mais la botaniste voulait savoir en plus et paraissait même un peu amère de ne pas avoir été mise dans la confidence. Une nouvelle fois, il fut pris de court et haussa les sourcils, un peu perdu.
— Tu avais dit que tu voulais quelque chose sans problème…
Il retrouva rapidement son sourire et ajouta d’un ton badin :
— Et elle, c’est un putain de problème, crois-moi.
Et c’était peu dire. Il eut un petit rire gêné, mais il se doutait que cela ne ferait pas mouche. Cependant, il n’avait pas forcément caché l’histoire à Jack. Il n’avait simplement pas jugé bon de l’en informer. Les problèmes judiciaires, de harcèlement, c’était évidemment toujours pénibles lorsque l’on y était confrontés. Il avait, implicitement, voulu la préserver. Jack avait déjà suffisamment de problèmes comme ça pour qu’il vienne l’embêter avec une ex un peu folle. Sachant que l’incident était déjà en cours de résolution. Mais il ne souhaitait pour rien au monde la voir frustrée. S’il devait sacrifier ses projets pour la soirée pour désamorcer le moindre malentendu, il le ferait. Il prit alors ses mains, avec douceur, mais conviction. Il l’invita alors à s’asseoir sur le bord du lit avec lui. Si elle devait repousser sa douche, autant soulager leurs jambes exténuées. Gardant ses doigts dans ses paumes, il lui sourit doucement, bien qu’un peu timidement. Parler n’avait jamais été son fort, mais il savait qu’il se devait de faire des efforts dans ce domaine. Et elle demandait des précisions, il ne pouvait pas le lui refuser.
— Je te l’avais dit, avant que je n’arrive à Poudlard, que je n’avais pas revu mes enfants depuis six ans. Je t’avoue qu’ils sont la seule et unique raison pour laquelle je suis venu. J’en avais un peu rien à faire de l’école, j’avais détesté l’endroit durant ma scolarité. Et Fergal est au courant, je ne lui ai pas caché cela.
Il avait été très transparent avec son meilleur ami. Ce dernier lui avait fait suffisamment confiance pour l’embaucher malgré ses motivations quelque peu égoïstes. Mais Caerwyn n’en avait plus si honte. Il estimait qu’il s’était acquitté de ses tâches et de ses responsabilités du mieux qu’il avait pu.
— Bref, comme je n’avais pas la garde, mon ex a évidemment vu ça comme un moyen détourné de les retrouver. Et c’est vrai. L’avantage, c’est qu’à Poudlard, il n’y a ni réseau, ni électricité, rien qu’une Moldue qui n’a aucune idée de comment ça marche ne puisse faire pour me contacter. Mais l’été est arrivé et elle n’a évidemment pas laissé passer cela. Elle a voulu des explications, m’a dit que si on en discutait pas, elle s’arrangerait pour foutre les gamins ailleurs.
Il eut un léger sourire triste avant de soupirer.
— Nous avons convenu d’une date, à la fin de l’été. Peu de temps après, elle a commencé à me foutre la pression. Des SMS, des appels… Elle en avait rien à faire que je sois à l’autre bout de l’Europe et que je devais superviser la moitié de l’école. Et ça s’intensifiait jour après jour, sûrement pour me faire craquer le jour J que j’appréhendais de plus en plus. Et ça fonctionnait, j’étais plutôt… tendu dans le train.
Elle avait certainement pu le remarquer. Cela n’avait d’ailleurs échappé à personne. Même Ambroise en avait fait les frais.
— Lorsque nous avons discuté toi et moi, j’avais éteint mon téléphone. Comme je l’avais donc ignorée pendant quelques heures, elle… Enfin c’est devenu pire, les messages, etc… Incapable de lui dire ce que je pensais d’elle, je me suis un peu vengé sur Fergal.
Il baissa les yeux, encore honteux de l’incident.
— J’ai vraiment pas été cool avec lui. Il dit ne pas m’en vouloir parce que c’est un mec super et qu’avant Poudlard, c’était un peu mon seul pote, mais bon…
Il ignorait si c’était bien nécessaire de raconter sa vie ainsi, ou même si cela intéressait Jack, mais il était parti sur sa lancée, autant continuer. Il tenta tant bien que mal de retrouver son air jovial.
— Il a fini par me piquer mon téléphone et voir le désastre. Il a fait les appels qu’il faut, m’a fait changer de numéro. J’ai eu la paix jusqu’à… ce soir visiblement. Enfin, j’ai pas cherché à comprendre, je l’ai bloquée à vue.
Les coins de ses lèvres étaient restés hauts, essayant de ne pas trop plomber l’ambiance avec son histoire.
— Enfin, quand le jour est arrivé, j’étais pas seul. Il y avait ce médiateur, ce Russel quelque chose, spécialisé dans ce genre de situation, avec moi. Fergal avait accepté de m’accompagner aussi. Et du coup, Poudlard a officiellement porté plainte pour harcèlement contre elle. Ça l’a un peu calmée. Du moins je l’espère. Je lui ai dit que j’hésiterai pas non plus à essayer de retrouver la garde des gosses, mais bon, j’attends de voir comme ça se passe. J’ai pas envie de les mêler à ça, ils ont rien demandé. Ce sont des trucs très chiants d’adultes. Surtout qu’ils rentrent tous les deux dans l’adolescence.
Il soupira plus lourdement cette fois-ci. Arthur et Jenny se retrouvaient au milieu de tout cela alors qu’ils arrivaient dans une période où tout changeait pour eux.
— Ironiquement, après l’incident du téléphone, Arthur a rejoint le voyage. J’espère que c’est une coïncidence, mais quelque chose me dit que peut-être pas vraiment. Je sais qu’il lui dit tout ce qu’il se passe à Poudlard. Les podcasts notamment.
L’absurde réputation de coureur de jupons de Caerwyn faisait peut-être rire à Poudlard, mais Joan ne l’avait pas du tout vu de cet œil-là. Il inspira profondément avant d’afficher un grand sourire.
— Ça va, ça rentrait sur un post-it !
Il eut un petit rire et conserva ses mains dans les siennes. Il avait cette crainte qu’elle ne s’enfuie. Après tout, parler des ex n’étaient jamais bien romantiques, surtout quand il y avait des problèmes judiciaires derrière. La nervosité commençait à prendre le pas sur la jovialité de sa journée. Joan avait encore réussi à mettre le nez dans sa vie et à la lui pourrir, d’une façon ou d’une autre. Il voulait juste s’en débarrasser une bonne fois pour toutes. S’affranchir de son influence pour se sentir libre enfin. Comme il l’avait été en flânant dans les rues de Paris en compagnie de Jack. Pas un seul instant, il n’avait pensé à son ex-femme et voilà maintenant qu’elle était au centre du sujet.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Ven 13 Sep - 19:34
( Sous le ciel de Paris )
Le rire qui était naturellement monté de son ventre pour accueillir la “prochaine fois” mentionnée par Caerwyn se tut brutalement lorsque leur esquisse d’étreinte fut interrompue par un coup de fil désagréable. La conversation qui suivit se révéla plus désagréable encore. En dépit de l’agacement et de l’incompréhension qui s’ajoutaient à la fatigue de cette journée pourtant agréable, Jack fournit l’effort d’exprimer ce qui la dérangeait. Évidemment, ce fut un flot d’excuses et de justifications non nécessaires que lui servit le potionniste. La botaniste ne put s’empêcher de l’interrompre, les mains sur les hanches ; spectacle un brin comique puisqu’elle était à moitié habillée, désormais. D’un autre côté, elle ne semblait pas spécialement perdre de son autorité naturelle. “Oui, entre nous, Caerwyn. Je ne voulais pas quelque chose de compliqué dans notre relation. Je ne veux pas me prendre la tête avec toi. Mais si tu as des problèmes, bon sang, évidemment que tu es libre d’en parler ! Est-ce que je t’ai l’air à ce point d’un monstre pour que tu penses une chose pareille ? Que je me contente de te baiser et de te foutre à la porte ?” L’exaspération et une étonnante pointe de colère avaient percé malgré elle dans son exclamation désabusée. Qu’il le veuille ou non, son attitude dénotait bien qu’il la craignait ; d’une façon ou d’une autre. Et Griffith ne voulait pas d’une telle chose ; elle ne voulait pas être son père. Le dégoût aux lèvres, elle ravala pourtant sa frustration et l’incompréhensible chagrin qui lui comprimait la poitrine. Ses mains quittèrent ses hanches pour se nicher dans le creux de ses coudes, croisant les bras dans une attitude inconsciemment protectrice. Alors, son amant eut l’heureux réflexe de saisir doucement ses mains dans les siennes pour décroiser ce bouclier aux allures d’épées en croix. Son attitude détendit imperceptiblement les épaules de la quinquagénaire, dont les yeux cristallins cherchaient les siens comme s’ils tentaient d’y trouver des réponses. À cet instant, peut-être, Jack avait sans doute l’air si sincèrement vulnérable que ça avait quelque chose de déstabilisant pour quiconque la connaissait intimement. Elle fit donc la seule chose qu’il lui restait à faire pour désamorcer le conflit : écouter. Elle n’était pas très douée pour ça, mais elle essaya. Ses sourcils décrivirent des figures complexes durant tout le temps que dura la longue exposition de la situation invraisemblablement tordue dans laquelle se trouvait son collègue. Le trait d’humour final de Caerwyn ne parvint même pas à la dérider, tant ses sourcils s’étaient progressivement froncés. Pour autant, elle ne recula pas ; pas plus qu’elle retira ses mains des siennes. “Pourquoi est-ce que tu…” Elle s’interrompit, secoua lentement la tête et soupira. “Je ne sais même pas quoi dire.” Ça faisait beaucoup d’informations à digérer, et certaines étaient franchement délirantes. Elle avait beau être elle-même divorcée et sa relation avec Alban n’était peut-être pas toujours au beau fixe, mais elle ne concevrait jamais de le traiter de cette façon – comme s’ils ne s’étaient jamais aimés, un jour. Ses yeux quittèrent le visage du potionniste, balayant le sol d’un air si lointain qu’on l’aurait crue soudain ailleurs. La tension qui s’était accumulée dans ses muscles depuis l’amorce de la conversation commençait seulement à se dissiper. Jack releva enfin le regard, esquissa un sourire un peu las et dégagea l’une de ses mains pour la poser sur l’une de joues barbues qui lui faisaient face. “Je suis désolée que tu aies eu à vivre ça seul si longtemps.” Et parce que Jack Griffith ne faisait pas preuve d’autant de douceur sans ressentir le besoin compulsif de compenser par un peu de violence, elle assena une claque de sa main caressante sur l’épaule de son amant. “Et arrête de t’excuser d’exister en te justifiant à chaque phrase.”
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Sam 14 Sep - 11:07
Les maigres tentatives d’explication de Caerwyn ne semblèrent pas convenir à Jack, une nouvelle fois. Après avoir avoué qu’il s’était tu sur l’incident majeur de ses vacances pour éviter toute prise de tête avec sa collègue, cette dernière ne semblait pas se satisfaire de cette justification. Vraisemblablement, il avait encore compris de travers. Lui qui n’était guère friand des conflits, il avait tenté de simplifier au mieux les choses pour Jack, sans succès. Les mains de la botaniste posées sur ses hanches avec irritation trahirent son échec, sa faute et il ne put s’empêcher d’avoir une moue gênée. Il l’écouta alors religieusement clarifier les choses, vu qu’il était trop stupide pour comprendre dès la première fois. (Voilà pourquoi il avait voulu poser des mots clairs entre eux, cela lui aurait évité des interprétations déformées.) Mais la deuxième partie de la petite remontrance de Jack l’interpela. Pourquoi se mettait-elle soudainement dans une position de bourreau ? Y avait-elle vu une forme de reproches ? Il fronça les sourcils, quelque peu interloqué par les tournures de phrase de la botaniste et ses lèvres s’entrouvrirent sans qu’aucun con ne s’en échappe dans l’immédiat. Puis, à ses questions rhétoriques, il ne put s’empêcher de marmonner sur un ton dérouté :
— N… Non…
Non, il ne la voyait pas comme un monstre, loin de là. Il connaissait son tempérament parfois explosif, son verbe qui taquinait parfois les limites du respect, et lui-même avait déjà dû essuyer l’absence de frontières à son courroux, mais il ne l’avait jamais perçue comme une tortionnaire. Elle semblait s’être braquée instantanément, sans que Caerwyn ne sache vraiment pourquoi. Bien évidemment, il ne put s’empêcher de se demander s’il avait fauté dans le choix de ses mots. Jack avait déjà laissé passer plusieurs informations sur son passé qui expliquaient pourquoi elle se montrait tant sur la défensive parfois. Comme à cet instant : les bras de la botaniste vinrent se croiser sur sa poitrine, se refermant sur elle-même et son visage affichait une expression étrange que Caerwyn ne parvint à interpréter. Ce n’était pas de la colère, c’était autre chose. Soucieux, il s’était donc décidé à prendre ses mains, à délier ses bras afin qu’elle ne soit pas plus contrariée. Qui sait, peut-être était-elle juste vexée que Caerwyn ne l’ait pas mise dans la confidence plus tôt ? Mais le regard qu’elle porta sur lui fut soudainement très différent de ceux des instants précédents. Il n’y avait plus une once de colère, ni d’exaspération, il y avait autre chose que le potionniste ne put, une nouvelle fois, pas interpréter. Qu’avait-il bien pu dire pour déclencher une telle réaction chez elle ?
Il les fit s’asseoir et lui donna ce qu’il pensait qu’elle voulait. Une longue explication, avec les détails nécessaires, afin que Jack puisse comprendre ce qu’il s’était passé ces dernières semaines. La botaniste ne voulait pas de problèmes avec lui, il en était bien conscient, mais il peinait à lui expliquer que, malheureusement, son ex-femme faisait, en quelque sorte, partie de lui. Non pas qu’il avait toujours des sentiments pour elle, loin de là. Mais l’ayant cru pendant des années et s’infligeant sa présence et une pseudo-vie commune pendant des années, pour les enfants, avaient laissé des stigmates. Il commençait doucement à comprendre que ses manques d’assurance et d’audace étaient les résultats de sa relation avec Joan. Qu’il en payait encore les conséquences aujourd’hui et qu’il subissait toujours son influence. Et comme il désirait s’en débarrasser…! Comme il souhaitait s’ouvrir un peu plus, recouvrir un semblant d’insouciance sans craindre un retour de bâton ! C’était ce qu’il essayait de faire, présentement, en donnant à Jack les informations qu’elle avait demandées de manière tacite. Une fois qu’il eut terminé de vider son sac, un certain silence s’installa et le visage de la botaniste resta ce qu’il pensait être perplexe. Il ne lui en voulait pas, mais ne put s’empêcher d’être tout de même un peu inquiet. L’histoire était grandiloquente après tout. Jack tenta un début de question qu’elle avorta, puis avoua ne pas savoir ce qu’elle pouvait répondre à tout ceci. Il recouvra son sourire, haussa les épaules et dit d’un ton doux et léger :
— Il n’y a pas grand-chose à dire.
Il ne lui en voudrait pas si elle ne prenait pas sa défense ou qu’elle ne réagisse pas à en sa faveur. Il ne s’estimait vraiment pas irréprochable dans cette histoire, surtout vis-à-vis de Fergal, victime collatérale indéniable, ou de ses enfants. Il respecta le silence de Jack, ne quittant pas son visage des yeux pour autant. Le regard de la botaniste se perdit devant elle sans que Caerwyn ne puisse y déchiffrer quoique ce soit. Il retint un soupir et baissa les yeux, sentant une certaine anxiété poindre discrètement. Peut-être était-elle en train de se rendre compte que le fardeau du potionniste était bien trop encombrant pour continuer de le fréquenter. Il n’avait pas lâché les mains de Jack pour autant, se permettant même d’en caresser doucement le dos avec son pouce. Finalement, elle releva les yeux vers lui et lui donna un sourire bien que las, mais qui ne tarda pas à y trouver son reflet sur les lèvres de Caerwyn. Les doigts graciles de la botaniste s’échappèrent des siens pour venir en poser la paume sur sa joue, renforçant un peu plus le sourire qui se cachait sous la barbe du potionniste. Puis, elle s’excusa pour lui, montrant une compassion qui réchauffa Caerwyn sans qu’il ne comprenne vraiment ce qu’il se passait ni pourquoi elle était désolée. De nouveau interloqué, il n’eut le temps de prononcer quoique ce soit que la main de Jack quitta sa joue pour venir frapper son épaule. Aux quelques mots ajoutés par la botaniste, son regard s’illumina d’une étincelle plus joviale. Il afficha alors un air faussement outré, trahi par un sourire plus solaire.
— Hé, je ne me suis pas excusé là ! C’est toi qui viens de le faire !
Il la poussa doucement de l’épaule, les yeux rieurs. Il avait toujours adoré chahuter. Si Jack voulait partir sur ce terrain-là, elle y trouverait son public avec plaisir, le même avec qui elle se chamaillait verbalement. Il conserva son sourire, mais son regard devint un peu plus sérieux avant de reprendre.
— Tu es désolée pour rien, là. C’est ma faute, après tout. J’ai trop voulu garder tout cela pour moi et ça ne m’a pas bien réussi.
Une erreur qu’il avait faite même au moment de son divorce. Plutôt que de se tourner vers les sorciers qu’il avait reniés, mais qui auraient sans nul doute l’aider, il avait préféré rester dans son coin et passer pour un fou devant tout le tribunal. Néanmoins, il était vrai qu’il s’excusait toujours pour un rien, résultat d’un mécanisme de défense qu’il avait développé durant son mariage. C’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour désamorcer plus ou moins efficacement un conflit avec Joan. À tel point que c’en était presque devenu un tic de langage. Il recouvra son sourire et regarda Jack. Il n’avait pas oublié ce qu’il avait perçu avant qu’il ne s’embarque dans ses explications. Mais puisque l’heure semblait être aux confessions plus qu’aux étreintes, autant essayer de comprendre pourquoi elle s’était placée en bourreau quelques instants plus tôt. Avec douceur et de sa main libre, il replaça une des mèches blondes de Jack derrière son oreille. Puis, il apposa sa paume sur son épaule nue, à l’opposé de lui et l’invita de manière tacite à se rapprocher de lui. Elle était, après tout, partie pour se doucher, peut-être autre chose, mais l’ambiance, sans pour autant être glaciale, n’était pas spécialement torride non plus.
— Je ne te vois pas comme un monstre, Jack, pourquoi tu as pensé ça ?
Le ton était toujours doux et chaud. Il s’était livré à elle, peut-être qu’elle le ferait aussi. D’une voix un peu moins assurée, il reprit :
— Si tu avais des problèmes, tu m’en ferais part aussi, n’est-ce pas ?
Et cela ne mentionnait pas seulement les ennuis dont était victime Senna, puisqu’il était déjà au courant. Mais sans nul doute que Jack Griffith était le genre de femme à vouloir régler ses désagréments elle-même. Elle paraissait avoir l’assurance pour penser pouvoir maîtriser tout toute seule. Caerwyn n’était pas si différent, hormis le fait que sa confiance en lui était drastiquement différente à celle de la botaniste et qu’il refusait de l’aide plus par peur de déranger (et un peu par ego). Tous deux semblaient peiner à s’ouvrir aux autres, pour des raisons bien différentes. Mais ce regard étrangement peiné qu’elle avait eu quelques instants plus tôt l’avait marqué.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Ven 20 Sep - 14:59
( Sous le ciel de Paris )
Dès l’instant où elle s’emporta, traversée de vents contraires, Jack observa Caerwyn se recroqueviller sur lui-même à la manière d’un animal intimidé. Sa faible dénégation paraissait tellement déstabilisée qu’elle ne prit même pas la peine de rebondir dessus ou d’insister ; vraisemblablement, elle manquait de clarté ou était totalement à côté de la plaque – un sentiment familier, qu’elle éprouvait habituellement en échangeant avec sa propre fille. Heureusement, la suite de la discussion fut nettement moins houleuse, et les propres forces contradictoires qui l’animaient finirent par trouver un point d’équilibre en se focalisant sur la peine qu’elle ressentait à l’idée que son amant ait vécu ça aussi longtemps, sans appui. Il eut beau sourire et évacuer le sujet avec légèreté en affirmant qu’il n’y avait pas grand-chose à dire, Griffith n’était pas, mais alors pas du tout d’accord. Ce n’était pas une broutille, tout de même ! La situation lui paraissait lunaire ; irréelle. Le silence qu’elle lui imposa lui permit, quelque part, de se reconcentrer sur l’essentiel : lui transmettre de la compassion – et un reproche, au passage. Évidemment, Caerwyn ne perdit pas une seconde pour prendre un air faussement scandalisé et répliquer sur le même ton. “Ce n’est pas une excuse, gros bêta, mais de la compassion” le corrigea-t-elle sur un ton railleur – néanmoins amusée. Ce n’était certainement pas le genre de la botaniste de s’excuser pour une faute qu’elle n’avait pas commise. Sans remords aucun, elle lui rendit son coup d’épaule avec sans doute un peu trop de force. Mais, eh ! elle gagnait toujours, c’était comme ça. “Je suis sans doute mal placée pour te reprocher de garder les choses pour toi, mais ce serait aussi trop facile de prétendre que c’est simple de prendre la parole quand on est victime de ce genre de personnes.” Culpabiliser ne lui rendrait pas service. Mais il devait au moins savoir qu’elle était (parfois) une bonne confidente, à défaut d’être la plus délicate des femmes. Elle n’était pas non plus la plus fine psychologue ou la plus équilibrée des personnes, mais au moins essayait-elle, à sa façon, de ne pas être un monstre. Mot qui d’ailleurs se retrouva dans la bouche de Caerwyn, visiblement interloqué de l’avoir entendu dans la bouche de sa collègue. Cette dernière manqua de sursauter en sentant ses doigts dégager l’une de ses mèches blondes ; à fleur de peau pour une raison qu’elle cernait mal. En dépit de ce premier contact inattendu, elle ne chercha pas à se défaire de la main qui se posa sur son épaule dénudée ; l’invitant silencieusement à se rapprocher. Toutefois, elle ne s’avança pas davantage vers lui. Les sourcils froncés et les yeux perdus dans le vague, elle tentait d’articuler des pensées poussiéreuses, qu’elle n’aimait pas déterrer. D’un autre côté, comment pouvait-elle s’étonner qu’il ne dise rien si elle n’en confiait pas davantage ? C’était elle-même qui avait parlé d’équilibre. “Pas un problème actuel” soupira-t-elle finalement – réponse qui n’en était pas vraiment une et cherchait davantage à gagner du temps pour remettre de l’ordre sous ce crâne récalcitrant. Un soupir supplémentaire – ou plutôt un grognement – la sortit néanmoins d’une forme de torpeur désagréable qui s’insinuait comme une brume froide aux longs doigts humides le long de ses tempes. Les pensées étaient embrouillées, les mots flous. Ce n’était pas facile de poser des mots sur ce genre de choses. Après un temps de réflexion ostensiblement pénible, elle passa le bout de sa langue sur ses lèches étrangement desséchées. “Parfois, j’ai peur d’être comme lui.” Ignorant si elle devait se montrer plus explicite, elle poursuivit avec une prudence peu coutumière : “Qu’une demi-vie passée dans son entourage direct m’ait irrémédiablement transformée. Que si… Si je ne me suis jamais vraiment sentie mère, c’est parce qu’il avait détruit toute l’innocence que je pourrais jamais donner à un enfant.” Et là, dans un déchaînement de fureur d’une rare amplitude, sa poitrine se contracta en de soudaines convulsions qui la submergèrent tout entière – c’était un séisme d’une violence inouïe, qui enfouit sa conscience sous des tonnes de décombres et la réduisit à un tas de bris qui avait été autrefois un tout. De l’extérieur, ce n’était plus qu’une femme qui avait plaqué sa main sur sa bouche pour étouffer le gémissement animal qui en avait jailli, avant d’éclater en sanglots incontrôlables.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Ven 20 Sep - 20:25
Caerwyn n’était pas spécialement habitué à ce qu’on éprouve de la compassion pour lui. Il y avait bien sa famille, bien évidemment, indéfectible support malgré le peu d’atomes crochus qu’ils partageaient, mais venant d’une personne extérieure, cela lui donnait étrange sensation. Introverti invétéré, s’entêtant un peu trop à tout vouloir garder pour lui et régler ses problèmes par lui-même, se confier ainsi à Jack lui avait donné impression sur laquelle il ne parvenait à mettre de mots. Il ignorait s’il se sentait plus léger, délesté d’un fardeau dont il ne soupçonnait pas le poids, ou s’il sentait pus nerveux et surtout, plus vulnérable. Il ne voulait pas jouer aux durs, aux masculinistes insensibles, ce n’était pas dans sa nature. Mais s’exposer lui donnait l’impression que la personne en face pour l’attaquer à tout moment, lui répéter ces mêmes mots qu’il avait entendus sans cesse pendant de trop longues années. Il y avait bien Fergal, ami de longue date qui lui avait passé tous ses travers sans rien dire, mais ce n’était pas bien différent. Le directeur de Poudlard n’avait que des bribes, des impressions. Caerwyn n’avait jamais eu le cœur à tout lui dévoiler. Après tout, Joan avait bien passé leur mariage à lui rabâcher que ses états d’âme n’avaient rien de légitimes.
Donc entendre de la part de Jack qu’elle compatissait le laissa dans une étrange sensation de chaleur, ce à quoi il ne put avoir qu’un simple sourire reconnaissant. Il ne put s’empêcher d’avoir un léger rire en sentant le choc entre leurs deux épaules. La botaniste n’y allait jamais de main morte, mais cela lui convenait parfaitement. Son humour était parfois étrange, à lui aussi. Les quelques mots qu’elle ajouta ensuite raisonnèrent étrangement dans sa tête. Il ne s’était jamais trop considéré comme une victime. Il avait longtemps cru qu’il était responsable de tout ce qui avait pu se passer, lui qui n’avait pas été assez présent, qui n’en faisait pas assez, etc. Récemment, en revanche, il avait fini par ouvrir un peu les yeux et comprendre que les torts étaient certainement partagés. Qu’il n’était en rien coupable de ce qui avait pu se passer dans le train (sauf avec Fergal, il s’en voulait toujours horriblement), qu’il n’avait jamais été obligé de décrocher ce maudit téléphone. Mais victime ? Comme compassion, le mot n’avait rien de rassurant, ni de réconfortant, mais lui prodiguait malgré tout une certaine chaleur. Ou plutôt un délestage. Comme quoi, mettre des mots sur des situations avait parfois certains avantages.
— J’espère que tu notes les efforts que je fais pour m’ouvrir, alors !
Il tenta un large sourire, le ton badin, visant une nouvelle fois à garder l’ambiance la plus légère possible. Malheureusement, Jack semblait être partie ailleurs, trahie par un regard vague et presque contrarié. Caerwyn avait senti le bref moment de surprise qu’elle avait eu en sentant ses doigts sur sa tempe. Et pendant un instant, il avait cru qu’il s’agissait d’un recul défensif, d’un rejet quelconque. Quelque peu nerveux, mais refusant de céder à ses insécurités, il avait porté une main à son épaule pour la réconforter elle, tout d’abord et pour se prouver que non, Jack n’avait aucune raison de le fuir ou de le refouler. Elle ne se déroba pas, sans pour autant aller vers lui. Nageant entre deux eaux, ne parvenant pas vraiment à saisir pourquoi l’atmosphère s’était alourdie d’un coup, Caerwyn avait tenté de l’inviter à se confier, qu’elle lui dise, elle aussi, ce qu’elle avait sur le cœur. Le mot monstre, à l’instar de compassion et victime, avait flotté dans l’air un moment et le potionniste était bien trop soucieux pour le laisser planer sans tenter d’en connaître la provenance. Il l’avait bien remarqué, le fardeau que Jack portait. Elle lui avait fait part, par bribes, de certains pans de sa vie, très peu reluisants pour la plupart et il était impossible que toutes ses blessures aient parfaitement cicatrisé.
Il lui laissa tout le temps qu’elle désirerait. De toute façon, si elle ne comptait pas parler, cela ferait bien longtemps qu’elle aurait chassé la conversation d’un revers décidé de la main. Il laissa donc l’ange passer, ne retirant pas sa main de l’épaule de la botaniste qui entreprit alors de confesser brièvement qu’il y avait effectivement un problème. Il la regarda, toujours sans rien dire. Il ne voulait ni la forcer, ni la hâter. Le regard qu’elle avait le peina effroyablement, se sentant impuissant devant ce silence toujours plus pesant. Caerwyn sentant quelque chose gronder. Un orage, mais pas de colère. Quelque chose montait inexorablement sans qu’il puisse mettre un mot dessus. Alors, elle avoua. Avoua avoir peur d’être comme un "lui" vague et innommé, ombre informe d’un passé lointain, mais bien trop présent. Il fouilla dans sa mémoire, cherchant dans les quelques mots qu’elle lui avait glissés sur son passé. Il se souvint d’un divorce houleux, mais pas trop en mauvais termes (puisque monsieur lui courrait toujours après), de problèmes familiaux, de traumatismes partagés avec sa sœur, d’un père inconnu et d’un beau-père qui avait voulu l’étouffer avec un oreiller. Peut-être se trompait-il, mais le "lui" désignait vraisemblablement celui qui avait été le plus violent envers Jack.
Avant qu’il ne puisse dire quoique ce soit (même s’il était déjà complètement démuni devant la situation), elle se confessa un peu plus, avouant craindre que cette enfance – ou plutôt, cette absence d’enfance – n’ait eu des répercussions sur sa maternité. Et ce fut là, que la chose grondante qu’il avait sentie monter finit par exploser. Ressasser le passé était visiblement bien trop douloureux et Caerwyn ne put être que le témoin impuissant d’un effondrement total de celle que beaucoup pensaient comme imperturbable. Démuni, dévasté par la détresse que Jack essayait tant bien que mal de contenir, il resta une brève seconde muet et immobile. Puis, réagissant instinctivement, il choisit de faire fi de cette timidité prudente qui l’entravait que trop dans son quotidien. Sans trop lui laisser le choix, mais avec douceur également, il la fit venir contre lui, l’étreignant chaleureusement. L’une de ses mains s’était posé à l’arrière de sa tête, ses doigts se perdant entre quelques mèches blondes, tandis que son autre bras enlaçait son dos. Il y avait quelque chose de ferme et de doux à la fois dans cette étreinte. Quelque chose qui voulait signifier qu’il était présent et ne la laisserait pas tomber. Néanmoins, il n’y mettait aucune force, seulement une douceur convaincue. Elle avait toute la liberté de se dégager de ses bras si l’envie (ou le besoin) lui prenait.
Il lui laissa plusieurs secondes, tout le temps dont elle aurait besoin pour expier cette douleur qu’elle aussi devait contenir depuis trop longtemps. Il finit même par poser sa joue sur le sommet de sa tête, toujours avec douceur et chaleur. Il marchait toujours sur des œufs, craignait d’être rejeté à nouveau, chassé, se demandant si cette étreinte aussi honnête que douce n’allait pas être considérée comme déplacée ou offensante. Il y avait des questions, des doutes sur sa façon de réagir, mais en réalité, tout était secondaire. Il avait agi avec son cœur, laissant sa tête essayer de mettre de l’ordre dans les quelques mots que lui avait glissés Jack. Bien évidemment que son problème était bien actuel. Il était bien placé pour savoir que le passé ne les laissait jamais vraiment en paix. Que malgré tous leurs efforts pour le renier, il était celui qui les construisait. Et maintenant, la botaniste craignait vraisemblablement que cela ne se ressente sur Senna. Caressant doucement ses cheveux, attendant qu’elle se soit calmée un peu, il dit d’un ton aussi doux que son étreinte :
— Tu n’es pas comme lui.
Avait-il simplement besoin de le préciser ? Il imaginait très mal Jack dire à sa fille unique qu’elle souhaitait l’étouffer avec un oreiller. C’était peut-être un peu trop premier degré, mais c’était bien trop absurde pour en être autrement.
— Et tu n’as même rien à voir avec lui.
Il lui manquait vraisemblablement des détails, mais là, il s’en moquait éperdument. Il réagissait peut-être un peu trop sous l’émotion, mais il n’en avait strictement rien à faire dans l’immédiat. Il reprit :
— Tu aimes ta fille, tu le sais et elle le sait, et il n’y a rien à dire de plus dessus. Il n’y a pas d’autres questions à se poser. Le parent parfait n’existe pas. On essaye, on fait avec ce qu’on peut, avec nos propres bagages, mais ça n’a jamais été facile pour personne.
Il ne bougea pas, continuant de caresser doucement les cheveux de Jack pour tenter de l’apaiser.
— Mais Senna t’aime – surtout si je me base sur la façon qu’elle a de te "protéger" de moi.
Il eut un léger rire, visant à alléger l’atmosphère. Que les épaules de Jack soient secouées par un rire plutôt que par les sanglots. Peut-être était-il hors-sujet, que ce n’était pas ce que la botaniste voulait entendre ou avait besoin d’entendre. Il n’avait jamais été très doué pour sociabiliser, encore moins pour remonter le moral, surtout à un stade aussi extrême. Mais il ne pouvait définitivement pas rester là sans rien faire. Il n’en avait pas envie, par ailleurs.
— Tu es une belle personne, Jack. Atypique, certes. Un peu exubérante, parfois. Mais vraiment, de ce que tu m’autorises à voir, tu es vraiment une belle personne. Tu as accueilli Teddy, tu la protèges, tu lui donnes un foyer sain… C’est peut-être pas parfait, ce ne le sera jamais, mais moi, je ne vois que de la bonté là-dedans.
Il eut un soupir avant de reprendre :
— Alors bien évidemment que tout ce que tu as pu traverser, que ce soit avec "lui", ou même à cause de la guerre, t’a irrémédiablement transformée. Mais pas dans le sens auquel tu penses. Cette innocence, dont tu parles, Senna l’a. Elle a grandi au milieu d’un père et d’une mère qui l’aiment. Mais des doutes en tant que parent, tu en auras toujours. Et tu sais quoi ? C’est une bonne chose, ça prouve que tu veux ce qu’il y a de mieux pour ta fille.
Sa gorge s’était nouée progressivement, touché par la peine de Jack et ne pouvant s’empêcher de penser à sa propre situation de parent raté. Ému, il sentit les larmes lui brûler les yeux.
— Tu vas me faire chialer aussi, merde.
Ils étaient en France, autant prendre les habitudes françaises. Le commentaire n’avait cependant rien de sérieux, un sourire étant se glisser dans sa voix. Il retira brièvement son bras du dos de Jack pour venir s’essuyer l’œil de la paume. Il voulait bien croire que le dragon des serres avait bien des défauts, mais jamais elle ne serait un monstre.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Mer 25 Sep - 17:45
( Sous le ciel de Paris )
Un moment de stupeur figea Caerwyn. Ce n’était pas tous les jours qu’on voyait le dragon des serres s’effondrer. Jack ne s’en formalisa pas, trop occupée elle-même à subir ce raz de marée qui la submergeait sans prévenir et sans une once de douceur. C’était comme être écrasée par les rouleaux marins d’une tempête électrique, ballottée par les flots impitoyables des courants agités de vents orageux. Elle ne pouvait plus respirer, plus bouger, plus penser ; seulement (tenter de) survivre à la brutale noyade qui obscurcissait tout. Lorsque les bras de Caerwyn l’enveloppèrent, elle se laissa faire comme une poupée de chiffon – anormalement molle, uniquement secouée de sanglots anarchiques qui avaient tout des gémissements d’une bête monstrueuse et rien des pleurs d’une femme. Griffith ignora combien de temps passa avant que sa gorge ne produise plus que des sons rauques, éreintée par la puissance de la crise ; sa voix se brisa petit à petit et ses larmes se tarirent d’épuisement davantage que de soulagement. Son amant n’avait pas bougé – la dernière ancre qui l’empêchait encore de dériver. Dans son étreinte, elle s’était affaissée jusqu’à n’être plus qu’une masse froissée et recroquevillée qui avait vaguement l’air d’une adulte. Un calme relatif revint, seulement perturbé des reniflements intempestifs et des hoquets résiduels du chaos qui venait de frapper. De sa voix douce, Caerwyn se mit à parler. Rassurant, mais ferme ; sans laisser de place au doute. Parfaitement silencieuse – et épuisée par ce qui l’avait secouée –, Jack écouta. Les caresses légères sur ses cheveux lui tiraient des frissons fiévreux, qui n’avaient rien d’agréable ; sensation de ne pas les mériter. Il lui déroula tout le discours bienveillant de la parentalité positive, sans qu’elle parvienne à y croire véritablement. La botaniste n’était pas une mère comme les autres. Un rire amer, éraillé, la secoua en l’entendant la qualifier d’atypique. Atypique is the new pétasse, il faut croire. Quelque chose, entre ses côtes recroquevillées, détestait chaque compliment, chaque tentative d’apaisement. Tout était parfaitement sincère, dans les mots de Caerwyn, mais tout sonnait faux aux oreilles de Jack. C’était parce qu’il ne savait pas ; il ne pouvait pas savoir toute la laideur de son intériorité. Le trémolo dans la voix du potionniste lui aurait sûrement fait lever le nez si elle en avait encore eu la force. Au lieu de quoi, elle souffla seulement : “Je n’ai jamais voulu d’elle, Caerwyn. Je n’ai jamais voulu de ma fille. Je ne l’ai pas désirée, je l’ai portée dans la colère et la honte, je l’ai accouchée dans la douleur et la rancœur. Et elle le sent, j’en suis certaine. C’est pour ça qu’elle me déteste, aujourd’hui.” Voilà, la vérité terrible avait fait trembler les murs – lâchée pourtant d’une voix à peine audible, comme on confesse un meurtre du bout des lèvres.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Jeu 26 Sep - 9:23
Qu’avait-il bien su passer dans la tête de Jack pour que ses propres digues rompent aussi brutalement ? Ce qui était en train de sortir, depuis combien d’années le gardait-elle pour elle-même ? Depuis combien de temps, elle laissait cela la ronger de l’intérieur ? Caerwyn n’avait pas bougé et ne comptait pas le faire. Il continuait de l’étreindre, doucement, patiemment, tentant de comprendre un minimum cette peine presque animale qui ne demandait qu’à être crachée loin d’elle. Les bras autour d’elle, la joue posée tendrement sur sa tête, il finit par soutenir Jack plus qu’il ne la serrait dans ses bras, sentant la botaniste s’affaisser un peu plus à chaque seconde – ou minute ?– qui passait. Il se moquait bien du temps qu’il lui faudrait. Il serait toujours bien insuffisant par rapport à cette douleur qu’elle avait sûrement contenue depuis trop de temps. Puis, petit à petit, la crise se tarit, ou plutôt, sa violence avait fini par avoir raison des forces de la botaniste. Aussi bonne avait été la journée, elle avait été épuisante physiquement. Et une tempête comme celle-ci alourdissait les épaules, enserrait le crâne, donnait juste l’envie de s’allonger et ne plus bouger, vaincu par soi-même.
Il s’était alors décidé à parler, se refusant de la laisser dans un silence impuissant. Peut-être que ses mots n’étaient pas efficaces. Peut-être que Jack n’était même plus en état d’écouter. L’émotion avait fini par le gagner également, à la fin de sa tirade, mais ce qu’il pouvait ressentir à ce moment-là n’était pas sa priorité. La botaniste articula quelques mots avec peine, discrets, comme s’il s’agissait d’un aveu honteux, d’une confession ignoble. Mais Caerwyn n’était pas d’accord avec ce qu’elle disait ou ce qu’elle se rapprochait. Il pouvait la comprendre sur certains points qu’elle avait décrits : la colère, la rancœur, le fait de ne pas avoir désiré son enfant. Il avait ressenti certaines choses similaires également, surtout pendant que Joan était enceinte de Jenny. Cela faisait-il de lui une mauvaise personne aussi ? Il l’ignorait, il n’avait pas envie de savoir, ni de se torturer l’esprit avec ces questions pour l’instant. Quant à la honte, il lui manquait vraisemblablement des éléments pour comprendre ce qui avait pu se passer chez les Clerc-Griffith. Et pour la douleur, cela, il ne pourrait jamais en avoir le moindre aperçu objectif. Il ne pouvait bien que compatir. N’ayant cessé de caresser les cheveux de la botaniste, il dit dans un soupir attristé :
— Jack…
Rien de plus ne sortit pour le moment, se sentant quelque peu impuissant face à la situation. Il peinait à chercher ses mots, avait des difficultés à savoir quoi dire dans cette situation. Lui non plus n’avait jamais désiré ses enfants, et il en avait deux. Alors, dans un sourire triste, il marmonna, plus pour lui que pour la botaniste :
— Si ne pas désirer un enfant fait de toi un monstre, alors que je crains que je n’en sois un aussi. Doublement pire.
Entre Arthur qui était un accident et Jenny dont il était persuadé que la conception était une tentative – malheureusement pour lui, fructueuse – de le garder au foyer, à aucun moment le couple n’avait parlé d’avoir un enfant. Il avait été très amer par rapport à la naissance de sa fille, particulièrement. Convaincu qu’elle n’était pas de lui, il s’était même mis à douter pour Arthur. Pourtant, il n’avait cessé de les aimer comme s’il s’agissait des siens. Ils n’étaient en rien responsables des histoires de leurs parents. Le fait qu’ils soient tous deux sorciers avaient rassuré Caerwyn, bien que Jenny soit son portrait craché, mais il s’était dit qu’il existait un monde où l’un des deux pouvait très bien être un pur Né-Moldu. Les probabilités étaient minces, voire quasiment improbables, mais c’était une idée un peu perverse qui avait taché sa paternité d’une certaine rancœur également. Son visage se ferma, essayant de retenir cette émotion qu’il ne s’autorisait pas à avoir maintenant. Après avoir inspiré profondément, il dit :
— Senna ne te déteste pas. J’ai du mal à comprendre ce qui peut t’amener à penser cela, à part le fait que tu t’inquiètes de voir ta fille devenir une ado.
Il eut un sourire qui s’était entendu dans la dernière partie de sa phrase.
— Écoute, je sais que je suis absolument personne par rapport à ta famille, mais je pense que tu te trompes par rapport à elle…
Du moins, de ce qu’il en voyait et de ce qu’il en savait. Après tout, il était loin d’être un modèle en termes de parentalités. Lui, ses enfants le détestaient, c’était indéniable, et il ne pouvait pas vraiment les blâmer.
— Tu as essayé de lui en parler ?
Lui qui avait tant de mal à s’exprimer, voilà maintenant qu’il poussait Jack à avoir une vraie discussion avec sa fille. C’était l’hôpital qui se foutait de la charité, il en était conscient. Il pouvait donc aisément concevoir que ce ne serait jamais aussi simple. Il reprit pourtant la parole, sur un ton plus assuré. Elle pouvait laisser cette question sans réponse, il n’insisterait pas.
— Peu importe ce que tu aies ressenti à ce moment-là. L’arrivée d’un enfant, c’est toujours un grand bouleversement et ce n’est vraiment pas aussi anodin que tout le monde s’accorde à le dire ou qu’on aimerait nous le faire croire. Ce qui importe, c’est que tu as toujours été là pour elle, tu as toujours été présente. Tu ne l’as jamais abandonnée.
Le dernier mot enrailla sa voix, Caerwyn étant victime de sa propre émotion. Ce ressenti exprimé par Arthur cet été lui donnait l’impression d’un couperet qui s’abattait sur lui à chaque fois qu’il avait le culot d’y repenser. Et puis, qu’en savait-il de ce que pouvait ressentir Jack ? Ne lui avait-on pas rabâché que le lien d’une mère avec son enfant était et serait toujours bien différent de celui d’un père ? Inconsciemment, il raffermit doucement son étreinte sur Jack. Il hésita à lui demander ce qu’il s’était passé pour que la botaniste en revienne à ressentir de la colère et de la honte à l’idée d’enfanter. Mais est-ce que cela le regardait vraiment, il n’en était pas certain. Jack était suffisamment ébranlée comme cela, il n’y avait peut-être pas besoin de ressasser des réminiscences douloureuses. De plus, des rares échos qu’il avait eus d’Alban, ce dernier n’était pas dépeint comme un homme mauvais. Certes, peut-être un peu insistant pour tenter de reconquérir son ex-épouse (du point de vue de Caerwyn seulement) mais le potionniste avait du mal à savoir si c’était le père de famille qui était le "fautif" dans l’histoire. Il lui manquait clairement des éléments pour comprendre pourquoi Jack se sentait aussi négative par rapport à la conception de sa fille. Elle lui en parlerait si elle le désirait, il n’avait aucune envie de la brusquer. Au lieu de cela, il dit, lui aussi avec une voix qui manquait d’assurance, peu fier de sa confession :
— Tu sais, je me suis souvent dit que j’aurais préféré ne jamais avoir d’enfants, que cela aurait été tellement plus simple sans eux sur bien des points. Et pourtant, je les aime plus que tout, je donnerai ma vie pour eux.
Il eut un léger rire sans joie.
— Pardon, j’ai menti. En fait, je me le dis toujours régulièrement, que j’aurais préféré qu’ils ne soient pas là.
Peut-être exagérait-il un peu, mais il n’en était pas certain. Quand ce genre d’idées grotesques lui venait en tête, il préférait les faire taire brusquement. Et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de les ressentir. Et pourtant encore, il aimait vraiment ses enfants. Ils avaient été ce phare dans la nuit pendant tellement d’années et ils l’étaient, bien évidemment, encore à ce jour. Il soupira profondément, commençant à avoir les yeux humides, mais ne bougea pas, continuant de tenir Jack contre lui. D’une certaine façon, elle l’empêchait de s’effondrer également.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Mer 2 Oct - 14:42
( Sous le ciel de Paris )
Un silence prévisible s’installa après sa confession. Pourtant, il ne dura pas aussi longtemps qu’elle l’avait anticipé. Caerwyn le brisa pour murmurer à son tour que ne pas désirer un enfant faisait aussi de lui un monstre. Les mâchoires de Jack se crispèrent ; de frustration et de colère. “Ça n’a rien à voir.” Le ton était éraillé, mais indubitablement sec. “Ce n’est pas toi qui as choisi.” De les garder, de les porter, de les accoucher. Griffith avait beau savoir au fond d’elle qu’il ne cherchait qu’à l’apaiser, elle se hérissait à chaque protestation, à chaque contre-exemple – elle n’en distinguait que les failles et les différences, car rien ne lui semblait comparable au fardeau qu’elle portait depuis quatorze ans. Ce secret inavouable qu’elle n’avait jamais confessé à personne, pas même à Alban, elle l’avait enfoui tout au fond d’entrailles pourries pour ne plus avoir à s’y confronter. Et la suite des arguments de son amant ne fit qu’empirer le sentiment d’incompréhension dans sa poitrine abîmée de sanglots jamais évacués. “Crois-moi qu’elle ne s’est jamais comportée comme ça avec son père.” Alban le merveilleux, Alban le doux, Alban le sage – tout était mieux entre les bras de son ex-mari, pour Senna. Parfois, une jalousie aiguë lui piquait les flancs à la simple vue du regard que sa fille posait sur son père. Lentement, elle se redressa pour s’éloigner, se soustraire à ces caresses qui lui devenaient insupportables. L’impression lancinante de ne pas les mériter chevillée au cœur. Ramenant ses genoux contre elle, elle posa son menton à leur sommet avec un regard figé ; fixé sur un coin de la chambre d’hôtel pour ne pas avoir à le regarder en face. Dans sa bouche, tout semblait si simple. “Pour lui dire quoi ? Coucou, ma chérie, je ne t’ai jamais désirée, ça va ?” railla-t-elle, amère. Il y avait des vérités qu’il ne fallait jamais avouer ; des vérités qui n’étaient bonnes qu’à faire du mal. Elle préférait ne pas rebondir sur l’affirmation de Caerwyn, sur cette émotion dans sa voix qu’elle n’était pas prête à apaiser – trop concentrée sur elle-même pour pouvoir s’extirper du cachot de ses pensées. Non, elle ne l’avait jamais abandonnée. Pourtant, l’idée lui avait traversé l’esprit, les premiers mois – le bide en vrac et les sentiments en berne. Elle se souvenait de la sensation d’avoir fait la plus grosse connerie de sa vie ; du genre qu’elle ne pourrait jamais rattraper. C’était terrifiant, de tenir cette toute petite chose entre ses bras, et de s’en sentir responsable jusqu’à ce que la mort l’en empêche. Seul un soupir répondit à l’aveu du potionniste, vraisemblablement peu fier de lui. De son côté, Jack n’en éprouvait aucune surprise. “C’est très commun, chez les parents anxieux” lâcha-t-elle platement. Elle avait ingéré un nombre de livres astronomique sur le sujet ; ça parlait de phobie d’impulsion et d’anxiété, de TOC et de dépression post-partum… Mais jamais du non-désir d’enfant que l’on n’avait pas écouté. Mais puisque la discussion n’était plus à propos d’elle, elle releva ses yeux cristallins vers Caerwyn et étira un petit sourire triste. “Je suis désolée de ne pas être très empathique, là, tout de suite, mais s’il y a bien une chose à propos de laquelle tu ne dois pas culpabiliser, c’est quand tu penses que tu serais mieux sans eux. C’est ce qu’on appelle une pensée intrusive, générée par l’anxiété. C’est naturel et ce n’est pas le reflet de ce que tu penses vraiment.” Ça n’était pas son cas, à elle. Jack n’avait jamais été de nature anxieuse ; elle n’avait jamais douté qu’elle faisait de son mieux – elle savait simplement que ce n’était pas suffisant.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Mer 2 Oct - 20:08
La première tentative de Caerwyn pour rassurer Jack face à la confession qu’elle venait de lui faire s’écrasa misérablement face à un mur. Le ton de la botaniste fut sec, presque cinglant aux oreilles du potionniste. Ses deux phrases ne laissèrent aucune place au doute et le regard de Caerwyn se perdit dans le vide avec une mélancolie lasse que Jack, qu’il tenait toujours dans ses bras, ne pouvait pas voir. Les voilà, les remarques qu’il redoutait et qu’il n’aimait pas entendre. Celles qu’on lui avait rabâchées pendant des années pour lui faire comprendre que son cerveau étriqué et masculin ne pourrait pas comprendre. Il soupira simplement.
— Non, je n’ai pas choisi en effet.
Le ton était à l’image de ses yeux, las et, quelque part, un peu plus sec qu’il ne l’aurait pensé. Oui, il n’aurait jamais le dernier mot sur quoi que ce soit en rapport avec la progéniture. Il ne comprendrait évidemment jamais ce que cela fait de porter un enfant, de les sentir grandir et de leur donner naissance. Même s’il essayait aussi fort qu’il le pouvait, il n’y parviendrait jamais, ces dames le lui rappelaient souvent. De même du fait qu’elles n’avaient vraisemblablement pas besoin de sa compassion. Et Jack la fière, l’insubmersible et l’inébranlable, continuait de se flageller devant l’incompréhension et l’impuissance de Caerwyn qui commençait à manquer de mots pour tenter de la raisonner. Pourtant, il n’était pas surpris que la botaniste porte de tels fardeaux pour elle-même depuis longtemps. Il se sentait plutôt pris de cours, incapable de savoir comment réagir pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas à se haïr à ce point pour quelque chose qui n’était certainement pas si rare. Jack continua de se vilipender, soulignant de meilleurs termes entre Senna et son père. Il n’osa rien dire, se retenant de partir sur des clichés inutiles, à coup de "si Senna avait été un garçon, cela aurait certainement été l’inverse". Il refusait de croire que tout ceci pouvait être aussi binaire.
Puis, il la sentit se soustraire à son étreinte, mais ne tenta pas de la garder contre lui. Il ne se faisait pas d’idée, il n’avait pas vraiment réussi à la convaincre d’arrêter de s’en faire. Au contraire, elle préféra le contact de ses genoux contre elle, fixant pensivement un horizon qu’elle seule semblait pouvoir voir au travers du mur de la chambre. Il retint un soupir, mais pas la moue triste qui se dessina sous sa barbe, désemparé. Il essaya pourtant à nouveau de tenter de la rassurer, de trouver une solution, n’importe quoi qui puisse faire prendre conscience à Jack que non, elle n’était pas un monstre, loin de là. Il fut confronté à une raillerie peu surprenante. Son regard perdu lui aussi droit devant, il haussa les épaules, aveu tacite de son propre embourbement.
— Oui, tu as raison, c’est ridicule.
Il eut un sourire moqueur, mais sans chaleur, agacé de sa propre stupidité. Évidemment qu’elle ne pourrait pas la confronter sur un tel sujet. Il était si dépité et si facilement naïf qu’il s’était d’ores et déjà laissé convaincre qu’il était en tort. Pourtant, lorsqu’il lui avait proposé d’en parler avec Senna, il ne pensait pas à lui exposer le fait qu’elle ait été désirée ou non. Mais plutôt tenter de lui affirmer – ou réaffirmer – cet amour maternel indéfectible qu’elle avait pour sa fille. De recréer un lien, d’essayer de se comprendre, de parler. Mais qui était-il pour oser se mêler de ça ? Après tout, il n’était qu’un homme incapable de comprendre, comme le sexe opposé le lui rappelait, un géniteur absent aux yeux de sa propre progéniture, et un type bien trop secret et mutique, selon ses amis les plus proches.
Sa propre confession n’eut toujours pas l’effet escompté. Plutôt que d’apaiser, tenter de lui faire comprendre qu’elle n’était peut-être pas seule à éprouver des doutes féroces face à sa parentalité compliquée, il se heurta à nouveau à un commentaire d’une neutralité presque froide. Il sentit le regard de Jack se poser sur lui et il se força à soutenir son regard. Malgré son sourire triste, elle s’excusa de son manque d’empathie à l’instant et commença à tenter de le rassurer de manière presque… didactique. C’en était déroutant et il se sentit étrangement et légèrement mal à l’aise, conscient que tout ce qu’il avait pu dire aurait pu être mal interprété. Cela eut le mérite d’annihiler sa propre émotion, malgré ses yeux légèrement humides. Interloqué d’abord, il fronça doucement les sourcils, cherchant à comprendre pourquoi elle lui faisait subitement un bref exposé concis sur les pensées intrusives. Puis, il trouva le sens à cette intervention.
— Oh, mais je ne cherchais pas à avoir de l’empathie ! Ou à détourner la conversation sur moi…
Il eut une moue penaude et un sourire désolé. Non, minimiser les ressentiments de quelqu’un, surtout aussi important pour lui que Jack, pour prendre toute la place n’était vraiment pas son genre ni son envie, bien au contraire.
— J’essayais juste de te démontrer que… euh… tu n’étais pas la seule à… ressentir ce que tu ressens ?
La voix était hésitante et prudente. Il avait tellement eu l’impression de patauger dans la boue qu’il préférait désormais avancer avec précaution. Encore une fois, il n’était qu’un mâle, bien peu disposé à tenter de comprendre ce que les femmes pouvaient bien ressentir. Son sourire se fit plus large, tentant de retrouver un minimum d’aplomb. Finalement, dans un soupir, il se leva du lit pour se placer en face d’elle et s’accroupit. Ultime tentative avant d’être convaincu qu’il ferait mieux de la fermer dans ce genre de situation.
— Écoute… Je sais qu’il me manque des éléments, mais je ne vois pas pourquoi dans mon cas, il s’agirait de pensées intrusives et pas dans le tien. Je t’avoue que je ne sais pas quoi te dire pour te rassurer… Sûrement rien, tu vas me dire.
Son menton tomba doucement sur sa poitrine, le regard tourné désormais vers le sol, dans un soupir. Il marqua une courte de pause avant de finalement relever les yeux vers elle.
— Qu’est-ce que tu voudrais, toi ? Je veux dire, sincèrement. Et si tu me dis un bain, j’irai te le faire couler, il n’y aucun soucis, mais je voudrais que tu répondes à ma question d’abord.
Il retrouva une lueur plus taquine dans le regard avant de se remettre debout. Il croisa alors les bras sur sa poitrine et prit un air faussement hautain.
— D’ailleurs, je tiens à noter que tu t’es encore excusée. Ça fait déjà deux fois – si, la première fois ça comptait, compassion ou pas – plus le fait que tu te rabaisses, t’autoflagelles pour strictement rien ou qu’en sais-je, je vais finir par croire que je déteins sur toi. Mon Dieu, bientôt, tu vas te retrouver dans des festivals de métal à faire des pogos, on aura tout vu.
Son visage entier trahissait cette badinerie légère qu’il essayait de réinstaurer. Un peu de chaleur et d’autodérision ne pouvaient pas faire de mal. Cependant, il ne souhaitait pas qu’elle en profite pour se détourner de son interrogation.
— N’oublie pas ma question, néanmoins.
Se tenant toujours debout et les bras repliés contre lui, il continuait pourtant d’arborer un large sourire taquin. Peut-être continuait-il de s’enliser un peu plus dans son incapacité à remonter le moral à quelqu’un qui lui était cher. Il était dévoué, c’était indéniable, mais c’était d’autant plus frustrant lorsqu’il se sentait parfaitement inutile.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Dim 13 Oct - 11:28
( Sous le ciel de Paris )
Le soupir las de Caerwyn ne fit qu’aiguiser sa colère. Le besoin de la justifier, aussi. “Tu n’as pas décidé en ton âme et conscience de porter un enfant que tu ne désirais pas, n’est-ce pas ?” La question était âpre et amère, lancinante dans sa détresse et sa rage désespérée. Qu’est-ce qu’il s’imaginait, au juste ? Que leurs points communs pouvaient se confondre tout à fait et expliquer sa peine, sa douleur ? Ce n’était pas si simple, ce n’était ni banal ni normal. L’entendre balayer ses sentiments en les plaçant sur la même échelle que la sienne comme si leurs situations étaient comparables ne faisait qu’accentuer sa frustration et sa solitude. Jack avait la sensation d’être la seule reine d’un îlot désertique, où ne régnait que la stérilité des reproches et des regrets. Finissant par se recroqueviller pour se soustraire à l’étreinte qui lui devenait insupportable, Griffith s’abîma dans l’écume de son vague à l’âme. C’était la tempête en dedans, l’ouragan au-dehors. Son amant lâcha prise petit à petit, visiblement dépassé par la tournure des événements ou l’ampleur des émotions qui agitaient sa maîtresse. Abandonnant, comme toujours, l’idée d’apaiser le monstre qui s’acharnait entre ses côtes, elle revint à Caerwyn, à ce qu’il ressentait, à lui – tout simplement. C’était plus simple de s’occuper des autres que de soi-même. C’était toujours plus simple. Mais le potionniste ne se laissa pas dérouter par sa piètre tactique de diversion instinctive ; ce n’était même pas réfléchi, juste ancré en elle avec la force inhérente que possèdent les survivants. Se détourner, fuir pour ne pas sombrer. Il quitta le lit, le contourna pour venir s’accroupir près d’elle pour recréer une intimité moins invasive ; un surgissement de reconnaissance éclaboussa la quinquagénaire, dont les yeux s’humidifièrent encore. C’est probablement ce qui la poussa à détailler, enfin ; quoique péniblement. “Parce que je l’ai voulu. J’ai choisi d’être cette mère qui ne voulait pas de son enfant. Personne ne m’y a poussée. Personne ne m’y a contrainte. C’est ma faute.” Sa voix se brisa dans un filet presque inaudible, et de grosses larmes roulèrent à nouveau sur ses joues fatiguées. Prenant peut-être enfin conscience de l’ampleur des dégâts, Caerwyn lui demanda ce dont elle avait envie. De tout, sauf cette conversation. Pas le temps de répondre, cependant, qu’il enchaînait déjà sur une série de plaisanteries douces pour tenter de lui arracher un sourire. Belle joueuse, Jack émit un petit rire mouillé et secoua la tête d’un air désabusé. Il s’était remis debout, pour réinstaurer de la distance ou une certaine forme d’espace, elle ne savait pas trop, mais elle avait l’impression de mieux respirer à l’idée que le sujet s’éloignait de la conversation. “Aucun risque que tu déteignes sur moi.” Bravade superficielle, qui s’éteignit dans un soupir épuisé. Avec des mains lasses, elle frotta sa figure froissée et rougie, observant avec dépit le bout de ses doigts tachés de mascara et de fond de teint. “Un bain” répondit-elle alors, capitulant. De quoi laver toutes les immondices et les laisser couler le long de son corps, ne plus sentir le poids des remords et peut-être se noyer dans l’eau salie.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Dim 13 Oct - 19:26
Le courroux de Jack sonna désagréablement aux oreilles de Caerwyn. Il n’avait jamais aimé les conflits, les avait toujours tenus en horreur et tentait de les fuir le plus possible. Et ici, au lieu de désamorcer quoi que ce soit, il semblait qu’il soit parvenu à jeter de l’huile sur le feu.
— Non, tu as raison. Désolé…
Le dernier mot avait été prononcé instinctivement, dans un murmure, comme pour ponctuer sa phrase. Pourtant, désolé, il l’était. Désolé d’avoir échoué à essayer de la rassurer, de ne pas être resté à sa place, quelque part. Car aussi fort qu’il essayait de compatir, de comprendre, jamais il ne porterait un enfant, jamais il ne saurait ce que cela fait. En cela, Jack avait raison et lui s’était trompé. Il le reconnaissait volontiers. Baisser la tête et reconnaître ses torts, il savait le faire et n’avait aucun problème avec cela. Il espérait seulement que la botaniste ne lui en tienne pas trop rigueur.
Il s’était décidé à s’accroupir non loin d’elle lorsqu’elle brisa leur étreinte. Qu’elle ne souhaitât plus de contact ne le surprit pas. Pourtant, il ne voulut pas qu’elle pense qu’il se désintéressait d’elle. Que sa détresse manifeste n’était pas digne d’être écoutée. Que les gens brisés n’étaient pas les plus attrayants. Lui s’en moquait. Chacun avait son fardeau à porter et avait besoin, de temps en temps, de lâcher du lest. Quelque part, il se dit qu’il devait même prendre cela comme une marque de confiance. Bien évidemment que Jack portait un masque de force, parfois exubérante et un peu extrême, pour dissimuler des maux qu’elle conservait jalousement pour elle-même. Mais peut-être se trompait-il. Que tout le monde était au courant de ce qu’elle se reprochait par rapport à Senna ? Il en doutait cependant. Il était prêt à parier que ces personnes devaient se compter sur les doigts d’une main. Elle osa s’exprimer un peu plus sur son ressenti, se donnant un nouveau coup de fouet métaphorique en crachant que c’était sa faute, faisant à nouveau rouler des larmes sur son visage. Il n’eut rien à répondre qui sonnât intelligent, au début. Pourtant, il était convaincu qu’elle n’était en rien coupable dans cette histoire, du moins pas entièrement. Il voyait mal Jack l’intransigeante choisir quelque chose dont elle ne voulait pas, surtout d’aussi… contraignant ? Hésitant, il tenta pourtant :
— Ça va sonner un peu con, mais… il faut être deux pour faire un enfant, non ? Et choisir de le garder ?
Il ne renvoyait pas directement la faute sur Alban. Il ne le connaissait pas, après tout. Il essayait simplement de délester les épaules de Jack, qu’elle cesse de se flageller de manière si inattendue et presque compulsive. Malheureusement pour l’ex-mari de la botaniste, Caerwyn commençait à s’en faire un certain portrait. Pas spécialement mauvais, mais l’homme continuait de courtiser son ex-épouse malgré le divorce et Senna semblait afficher une nette préférence pour lui de par les témoignages que Jack lui en faisait. Le potionniste refusait de croire qu’il n’y avait pas eu une pression, même indirecte, inconsciente ou involontaire, sur la décision finale de la botaniste. Ce n’était donc nullement sa faute. Ou peut-être pas entièrement, si cela pouvait la conforter dans son autodépréciation.
Il vécut le simple rire qu’il était parvenu à lui arracher comme une petite victoire. Il eut un sourire amusé devant la répartie de la botaniste. Bien sûr que son tempérament introverti et trop effacé ne déteindrait jamais sur son audace fière. Il ne lui souhaitait pas, par ailleurs. Néanmoins, elle ne répondit pas exactement de la façon dont il voulait à sa question. C’était sa faute, il avait été trop vague. Il aurait voulu savoir ce qu’elle désirait pour améliorer les choses, rétablir un semblant de paix intérieure, mais il n’avait pas été assez explicite. Tant pis pour lui. Il lui sourit alors tendrement et acquiesça de la tête pour le bain.
— Avec plaisir.
Il fit alors un pas vers sa direction avant qu’une réflexion ne le frappe. Il n’y avait quelque chose qu’il ne comprenait pas dans toute cette histoire. Quelque chose qui manquait de sens et qui venait se mélanger avec son impulsive envie de savoir. Il se retourna alors vers Jack.
— Je peux te poser une question…?
À vrai dire, il n’attendit pas spécialement la réponse.
— Il y a quelque chose que je ne comprends pas…
Première pause. Le discours était décousu, peinant à aller droit au but, comme conscient qu’il s’aventurait peut-être dans une zone où il n’avait pas le droit de mettre les pieds. Il n’aimait pas poser les questions. Il n’avait pas à tirer les vers du nez à Jack. Et pourtant, il reprit :
— Tu… tu as vu des horreurs… en a vécues aussi.
Un père violent, les agressions qu’elle avait subies, sans parler de la guerre et encore moins d’Azkaban. Et encore, c’étaient des choses dont il était au courant. L’Enfer, elle l’avait effleuré plus d’une fois.
— Et… je… enfin, les monstres, les vrais, tu les as connus… Du coup, je ne comprends pas pourquoi avoir gardé un enfant dont tu n’as pas voulu te rapprocherait d’eux à tes yeux, de près ou de loin…
Il se ferait jeter certainement. Rien n’allait dans son intervention, il ne s’en rendait compte que maintenant. Maintenant qu’il était évidemment trop tard. C’était bien trop indiscret, et ce n’était absolument plus le moment d’intervenir de cette façon. Quel abruti. Jack était suffisamment ébranlée comme cela, pourquoi revenait-il à la charge ? Imbécile. Il secoua la tête, furieux contre lui-même, et s’empressa de dire :
— Je suis désolé… Oublie. Je… euh… Je vais te faire couler ton bain. Tu le préfères comment ? Chaud, tiède, froid ?
Il avait envie de s’insulter à voix haute, bien qu’il le fasse déjà intérieurement. Quel idiot stupide il était parfois. Dépité par lui-même, le maigre sourire qu’il offrit à Jack ne cacha pas son regard honteux et confus. Il fit un discret pas en direction de la salle de bain. Qu’elle lui donne la température qu’elle souhaitait, qu’il se fasse oublier quelques minutes.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Mer 23 Oct - 14:43
( Sous le ciel de Paris )
Il fallait être deux pour faire un enfant, oui. D’une main engourdie, Jack s’essuya le visage et renifla. “Alban voulait un enfant. Je n’en voulais pas. Il ne m’a jamais forcée, contrainte ou fait du chantage. Il était juste… triste, comme je ne l’ai jamais vu être triste. Et j’ai pris une décision stupide. Je me suis convaincue que s’il était heureux, je le serais aussi. C’est une bête histoire de stupidité.” Ni plus ni moins. Personne n’était coupable, si ce n’était Griffith d’avoir cédé aux sirènes d’une société qui lui susurrait qu’elle regretterait forcément un jour de ne pas avoir connu le bonheur d’être mère. Alban avait été parfait du début à la fin. C’était bien tout le problème, d’ailleurs. L’impression, écrasante, de ne mériter aucun des deux êtres les plus chers à son cœur avait eu raison d’elle. Le divorce était la meilleure solution. Et, parfois, elle se disait que la garde exclusive à son ex-mari pourrait en être une autre. Il suffisait de regarder Senna lorsqu’elle était avec son père ; elle était bien plus détendue, bien plus heureuse. Jack n’était qu’un boulet à ses pieds, qu’elle n’avait pas d’autre choix que de traîner pour le reste de sa vie. Rire lui fit du bien, évidemment. Elle voulait simplement oublier cette discussion désagréable et ces pensées atroces. Caerwyn lui sourit et acquiesça. Mais alors qu’il s’avançait vers elle, il s’interrompit, l’air soudain perplexe. Par réflexe, Jack se tendit. Quoi, encore ? Ne pouvaient-ils pas passer à autre chose ? À mesure qu’il parlait, les sourcils de la botaniste se froncèrent et son visage se ferma. “Il n’y a pas que les monstres et les autres, Caerwyn.” C’était infiniment plus complexe que ça. Une bonne personne pouvait prendre de mauvaises décisions ; une mauvaise personne pouvait prendre de bonnes décisions ; une mauvaise personne n’était pas forcément un monstre – et parfois, les bonnes personnes en devenaient pour de bonnes raisons. Son manichéisme presque enfantin acheva de l’agacer et elle se redressa presque d’un bond, le corps fourmillant d’une furieuse énergie. “Brûlant” se contenta-t-elle d’ajouter, avec une voix glaciale. Voilà pourquoi ça ne servait à rien de s’épancher. Personne ne comprenait jamais rien.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Mer 23 Oct - 17:28
Rien de forcé, rien de soumis. Finalement la décision qui pesait autant sur ses épaules encore à ce jour, Jack l’avait visiblement prise elle-même, culpabilisant d’avoir suscité une certaine déception chez son mari. Caerwyn comprit un peu mieux pourquoi la situation était si difficile à accepter pour elle, encore maintenant. Et oui, leurs situations n’avaient finalement pas grand-chose de similaire. Malgré leur non-désir partagé de vouloir des enfants à l’époque, Jack s’était infligée sa parentalité toute seule, là où Caerwyn avait été mis devant le fait accompli. La culpabilité, le fardeau avaient beau avoir une base commune, les détails n’avaient en revanche rien à voir entre eux. Il baissa la tête, laissant échapper un soupir songeur. La pénultième phrase de Jack raisonna dans son esprit, ne pouvant s’empêcher de faire un nouveau parallèle avec son propre mariage. Se convaincre que si on rendait l’autre heureux, on le serait également. Caerwyn s’était aveuglé de la sorte, également, dans des conditions bien différentes que Jack. Du moins, l’espérait-il fortement pour elle. Mais de ce qu’elle racontait, Alban semblait être quelqu’un de bien. Le potionniste n’avait pas tous les éléments de leur divorce – et n’allait certainement pas demander – mais il était plutôt rassurant de sentir qu’il ne semblait pas y avoir une guerre entre les parents de Senna. Seulement intérieure, chez Jack.
— D’accord, je comprends mieux…
Il n’insista pas plus sur le sujet. Du moins, jusqu’à ce qu’un cheminement saugrenu d’idées naquissent dans son esprit et viennent prendre le pas sur la raison et le raisonnable. Bien évidemment que son inextinguible curiosité vint se heurter au courroux farouche d’une Jack déjà ébranlée. Sa vaine et ultime tentative de lui faire entendre raison ne fit pas mouche et eut même l’effet inverse. Il aurait dû s’en douter. Sa propre fatigue avait dû lui faire oublier la prudence et la discrétion. Cela avait été bref, mais cela avait été suffisant pour que la colère de Jack ne puisse plus être cachée sur son visage. Le ton de sa réponse avait été froid et rêche, et il s’empressa de secouer la tête, acquiesçant silencieusement. Penaud, il baissa les yeux et n’osa rien dire de plus à ce sujet. Il savait que quoi qu’il puisse ajouter, rien ne semblait pouvoir la faire arrêter de se voir comme un monstre. Il manquait de mots, de tact aussi peut-être, ou même très certainement de compétences dans le domaine pour essayer de la convaincre qu’elle n’était pas l’horrible personne qu’elle décrivait être. Il se savait idéaliste, trop peut-être même, mais il savait qu’il ne parviendrait pas à arriver à la même conclusion qu’elle à son sujet. Une décision stupide ne faisait pas d’elle une ordure. Mais il ne reviendrait certainement pas à la charge. Pour lui dire quoi ? "Oui, Jack tu es un monstre, il se passe quoi maintenant ?" C’était ridicule et ce n’était pas dans le tempérament de surenchérir, surtout quand il avait fauté. Non, le moment était plutôt à la rédemption.
La vitesse à laquelle elle se leva du lit l’obligea à reporter un regard timoré sur elle. La voix glacée avec laquelle elle demanda la température de l’eau du bain le fit légèrement rentrer la tête dans les épaules. Il aurait pu s’excuser encore, parce qu’il était réellement désolé, mais à quoi bon ? Il l’avait déjà dit, autant prouver par des actes la sincérité de ses excuses. Pourtant, lorsque son regard croisa le sien qu’il soutint, il eut un instant d’arrêt. Le visage fermé de Jack, son maquillage qui avait coulé et le blanc de ses yeux encore rougis rendaient son regard encore plus clair, encore plus froid, rendant presque la botaniste effrayante. Caerwyn, de ses iris beaucoup plus ternes, soutenait pour celles de Jack, non pas avec peur, mais était nettement intimidé. Le contact visuel ne dura pas longtemps. Une ou deux secondes tout au plus. Le potionniste le brisa rapidement ce contact et se contenta de lui offrir un sourire doux, rassurant, comme si cela pouvait apaiser le dragon qu’il avait un peu trop chatouillé.
— Je te fais ça.
Le ton n’était pas léger, mais n’était pas froid pour autant. Il essayait de réinstaurer cette chaleur qu’il avait chassée par quelques mots bien trop maladroits. Pour l’heure, il valait mieux laisser Jack tranquille. Il en avait assez fait. Il disparut dans la salle de bain, laissant la porte ouverte néanmoins, et s’occupa de faire couler l’eau, déséquilibrant comme selon les souhaits du dragon sa température. Tandis qu’il regardait la baignoire se remplir doucement, les remous de l’eau autour du siphon le plongèrent dans ses pensées, qui n’étaient pas forcément très reluisantes. Pourquoi avait-il l’impression de tout gâcher à chaque fois ? Comment pouvait-il être un idiot aussi fini pour ne pas parvenir à remonter le moral de celle à qui il s’était certainement un peu trop attachée ces derniers temps ? Il se passa une main fatiguée sur son visage épuisé. La journée avait été parfaite et il avait l’impression d’avoir tout gâcher. De par sa maladresse, de par cet appel téléphonique de son ex de merde à lui qui avait lancé ses conversations trop personnelles pour eux peut-être. Quel abruti fini. Quel boulet sans nom, il était.
Un gros et lourd soupir affaissa ses épaules, le visage toujours caché dans la paume, accablé par une lassitude exaspérée de sa personne. Arriverait rapidement, trop rapidement le jour où Jack se rendrait compte qu’il n’était finalement qu’un pétard mouillé. Un idiot complexé et stupide qui, quand il ne bafouille pas, préfère raconter n’importe quoi. Nouveau soupir. Finalement, au bout de quelques instants, il daigna relever la tête, surveillant la hauteur progressive de l’eau. Il y plongea le bout de ses doigts et apprécia la morsure de l’eau brûlante sur ses phalanges. Il avait bien dosé. Il eut un sourire satisfait et joua de manière pensive avec la surface de l’eau. Les ondulations qu’il faisait de ses doigts, accompagné par le bruit du jet dans la baignoire lui rappela il ne savait trop comment une chanson. D’abord mélancolique, il la chantonna pour lui, doucement. Puis, petit à petit des bribes de paroles lui revinrent et il commença à chanter plus intelligiblement, mais presque timidement :
— Sous le ciel de Paris, jusqu’au soir vont chanter, mmh, mmh… L’hymne d’un peuple épris de sa vieille cité.
Son français était loin d’être parfait. Certains mots avaient même une prononciation qui pouvait laisser tout bon francophone dans l’incompréhension totale. Mais il s’en moquait, il chantait pour se faire plaisir, redonner un peu de chaleur ailleurs que dans ses doigts qui viraient au rouge cramoisi. Reprenant contenance, il osa donner un peu plus de coffre et poursuivit :
— Près de Notre-Dame, parfois couve un drame. Oui, mais à Paname, tout peut s’arranger…
Il n’avait aucune idée de ce qu’il chantait. D’ailleurs, il avait probablement dit "à Tadam" plutôt que "à Paname". Il s'amusa lui-même de sa connerie, recouvrant un sourire jovial. Bien évidemment, il s'agissait également d'une façon de réparer son erreur par cette chanson qui devait faire retourner Edith Piaf dans sa tombe du Père Lachaise. Tiens, Edith Piaf, elle ne roulait pas les ‘r’, elle ?
— Quelques rayons du ciel d’été…
Continuant de monter en puissance, assumant sa bêtise jusqu’au bout, il s’était mis en tête d’essayer d’imiter l’éminente chanteuse française. Cependant, la façon de rouler les ‘r’ du Gallois se rapprochait bien plus d’un accent écossais qu’autre chose, le tout avec une prononciation toujours aléatoire. Aussi s’en rendit-il compte, car le prochain vers se montra plus expérimental :
— Le caméléon d’un… Non. C’est pas ça.
Il reprit les deux derniers vers à coup de "nanana" en rythme, essayant de retrouver l’air, mais ayant visiblement oublié les paroles. Abandonnant, il chanta alors à gorge déployée la dernière partie qu’il connaissait mieux, la mieux prononcée également :
— L’espoir fleuriiiiit… AU CIEL DE PARIIIIIIIIIIS.
Il se moquait bien des voisins de la chambre d’à côté. Il n’était pas si tard et il ne comptait pas donner un concert toute la nuit non plus.
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Jeu 31 Oct - 18:32
( Sous le ciel de Paris )
Jack se sentit immensément soulagée que Caerwyn décide enfin de passer à autre chose. Parfois, il fallait renoncer. Peut-être le potioniste l’apprendrait-il un jour, mais le lâcher-prise était la clé de nombre de difficultés que l’on rencontrait au cours de sa vie ; et indubitablement, Griffith se considérait comme l’une d’entre elles. Il n’y avait rien que son amant puisse faire pour soulager ce poids qu’elle traînait depuis quatorze longues années. C’était ainsi. Peu importait combien Senna était une source de bonheur, peu importait combien Alban avait été présent et compatissant, peu importait qu’on la considère positivement… C’était comme ça, et ça ne changerait pas. Il fallait l’accepter. Chacun avait ses cicatrices. Mais alors que la botaniste tâchait de remettre de l’ordre dans sa figure fripée et son maquillage coulé, un drôle de son monta de la salle de bains où Caerwyn était parti lui faire couler un bain – brûlant. D’abord, elle fronça les sourcils, puis un sourire lui chatouilla les lèvres en reconnaissant l’air – massacré – de la chanson. Merlin… Mais c’est qu’il ne s’arrêta pas là, le bougre ! Il poursuivit, de plus en plus fort et de façon décomplexée, jusqu’à laisser ses r se tordre à la galloise et sa voix remplir toute la chambre. Un petit rire gagna Jack, qui secoua lentement la tête en passant ses doigts dans ses cheveux pour y remettre un peu d’ordre. Idiot. D’un mouvement décidé, elle quitta le lit et laissa tomber sur le sol les derniers habits qui l’entravaient encore. Puis elle rejoignit la salle de bains, sans se soucier du regard de son partenaire, avant de lever exagérément lentement une jambe musclée pour goûter l’eau. Satisfaite de la température, elle s’y plongea intégralement dans un soupir – presque d’aise, s’il ne lui restait pas autant d’amertume sur les lèvres. La tête penchée avec un petit sourire, Jack tendit une main pour caresser la joue barbue de Caerwyn, avant de déposer un baiser sur ses lèvres. “Tu es un idiot, mais un idiot attachant.”
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith Ven 1 Nov - 12:00
Accroupi à côté de la baignoire, Caerwyn se demandait encore ce qu’il lui était passé par la tête pour insister auprès de Jack. C’était pourtant évident qu’elle ne se confiait pas si facilement. Il ne doutait pas que tout ce qu’elle avait dit ce soir-là était d’une part, une preuve de confiance, de deux, purement cathartique. S’il avait voulu aider, il avait échoué, car il n’était pas qualifié pour pouvoir réparer certaines blessures. Lui-même traînait ses fardeaux, lui-même ne disait peut-être pas tout à Jack non plus. Par pudeur, certainement, ou par crainte d’être jugé, de passer pour un être ridicule et insignifiant. C’était stupide, il le savait. Mais il devait se rendre à l’évidence, il ne pouvait pas effacer des cicatrices trop profondes. Cela ne l’empêcherait pas d’être tout de même là si elle avait besoin de relâcher la pression. Il espérait qu’elle eût compris cela, au moins. Et comme pour prouver qu’il serait toujours un soutien, peu importe les circonstances, il adopta une autre stratégie : il ne pourrait la soulager de tous ses fardeaux, mais il pouvait au moins tenter de les alléger, de les lui faire oublier. Alors, il entreprit une interprétation hasardeuse de la chanson d’Edith Piaf, plutôt honorable vu les souvenirs des paroles qu’il en avait, mais sûrement horrible pour ceux qui la connaissaient un peu plus. Et vraisemblablement, cela fonctionna, en témoignait l’apparition de Jack dans la salle de bain. Le message était passé, ils passaient donc à autre chose.
— C’est ma voix de ténor qui t’a donné chaud comme ça ?
Il eut un sourire amusé, ne se privant pour regarder la silhouette dénudée de Jack quelques courts instants. Sans rien ajouter, ses yeux se reportant sur son visage, il la laissa venir jusqu’au bain, retirant ses doigts pour lui laisser la place. Silencieux, il observa cette jambe se présenter sous ses yeux d’une lenteur lascive afin de s’enquérir de la température de l’eau. Son regard se perdit sur la courbe de sa cuisse puis sur les formes de son corps qui finit par se soustraire lentement à ses yeux à mesure que Jack rentrait dans son bain. Satisfait de constater que la température lui convenait, il lui sourit simplement, d’une légèreté douce et tendre. La paume de la botaniste sur sa joue renforça son sourire un peu plus et le baiser qu’elle déposa sur ses lèvres le rassura sur les quelques doutes qu’il avait pu avoir sur lui-même quelques instants plus tôt. Et les quelques mots qu’elle prononça finir de le mettre sur un petit nuage bienheureux, le réchauffant de l’intérieur, comme s’il était lui-même en train de s’ébouillanter dans le bain brûlant de Jack. Ce n’était certainement que quelques mots pour la botaniste, mais cela suffit à balayer d’un revers de la main quelques insécurités que Caerwyn se traînait depuis un moment. Peut-être valait-il quelque chose, finalement. Peut-être avait-il le droit de se sentir légitime auprès d’elle, aussi éminente en tout point était-elle, surtout par rapport à lui.
— Bon bah tout va bien, alors.
Son sourire s’agrandit afin de cacher cette phrase pudique. Il aurait pu lui répondre quelque chose dans le même genre, un compliment de la même façon, mais il n’était pas dupe. Il savait que ses propres regards, ses propres sourires le trahissaient depuis un moment maintenant. Et si tout n’allait pas bien, en profondeur surtout, cela ne l’empêcherait pas d’avancer avec elle autant de temps qu’elle le souhaiterait. Cela n’empêcherait pas les choses d’être simples entre eux, comme ceux à quoi ils aspiraient tous les deux. Il ne pensa plus à Joan, élément déclencheur de cette crise soudaine qui les avait finalement pousser dans les bras l’un de l’autre. Il ne pensait plus qu’à terminer cette soirée de la manière la plus douce et apaisée qu’il soit. Il posa sa main sur celle de Jack contre sa joue et embrassa ses lèvres à nouveau.
"Uh no, the moustache, it was just for you"
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(#) Sujet: Re: Sous le ciel de Paris || Jack Griffith