Cette première semaine de cours était bien plus éprouvante que ce à quoi s’était attendue Lilith. En redoublant, avec ses capacités cérébrales retrouvées, elle pensait que tout allait être facile. Grave erreur ! Chaque couloir, chaque cours, chaque interaction avec des personnes déclenchait une réaction en chaîne de souvenirs et la laissait épuisée en fin de journée. Elle avait encore beaucoup de mal à mettre de l’ordre dans ses souvenirs nouvellement retrouvés. Il lui fallait comprendre dans quel ordre les évènements s’étaient réellement déclenchés et quels étaient les liens entre chaque vague de souvenir qui pouvaient lui revenir de façon absolument pas chronologique. En soit, elle n’était plus amnésique, ce qui était une énorme avancée. Son cerveau n’était plus un fromage à trou et lui était enfin utile ! Néanmoins, il lui fallait désormais dompter ses nouveaux mécanismes. Les médicomages disaient que ce n’était qu’une histoire de temps. Il fallait que son cerveau apprenne à refonctionner normalement. Après tout, cela faisait 15 ans qu’il l’handicapait. Il avait donc environ 15 ans de souvenirs à recracher. Il fallait être patient et l’entraîner à ne faire ressurgir que les évènements passés intéressants à la situation. C’était un exercice mental. Elle avait beau ne pas prendre à la lettre ce que disaient les médicomages, après tout ils avaient été incapables de faire quoi que ce soit pour elle des années durant - elle ne devait ce changement que grâce à deux amies - son instinct lui disait qu’ils n’avaient peut-être pas tout à fait tort à ce niveau là.

Son meilleur terrain d’entraînement était justement les cours qu’elle suivait. Elle essayait de ne faire appel qu’aux notions qu’ils étaient en train d’évoquer pendant l’heure et d’exclure tout ce qui pouvait être parasite. C’était pour l’instant le plus simple à gérer, et au bout d’une semaine, elle était parvenue à reproduire assez facilement les sortilèges qu’elle souhaitait. Stupefix. Revelio. Reparo. Aguamenti… Il lui était dorénavant plus simple de se souvenir correctement d’un sort et de le lancer sans manquer de faire exploser une aile du château car la prononciation n’était pas la bonne ou que le geste était complètement à côté de la plaque. Et ça, c’était un véritable changement pour elle. De sorcière médiocre sans futur, elle passait enfin au grade de sorcière faible mais à potentiel. Elle ne valait pour l’instant pas mieux qu’un première année avancé, mais elle n’en était qu’à sa première semaine de remise à niveau. Et pour la première fois, elle était convaincue qu’elle arriverait à faire quelque chose de sa baguette. Ca valait donc toutes les peines du monde. Même si cela signifiait qu’elle devait finir épuisée pour être autant en train de puiser de façon la plus contrôlée qui soit dans ses souvenirs.

Une autre des conséquences de cet épuisement était qu’elle avait très peu de patience et qu’elle était particulièrement grognon. Les gens n’avaient pas la moindre idée des efforts qu’elle devait produire. Ils n’avaient pas besoin de savoir en même temps. C’était sa vie. C’était ses souvenirs qu’elle venait de retrouver même si ils étaient encore complètement en pagaille. Et elle était prête à tout pour y mettre de l’ordre. Mais pour cela, il lui faudrait être patiente avec elle-même et accepter d’attendre que ses efforts portent leur fruit. La bonne nouvelle, c’est qu’on était vendredi et qu’elle venait de finir le dernier cours de la semaine. La perspective du weekend ne pouvait que la réjouir. Au programme, une grasse mat’ demain matin. Puis, si il faisait beau, elle pourrait se poser tranquillement au bord du lac ou faire une petite visite aux enclos du cours des créatures magiques. Avec l’approche du tournoi, les Hippogriffes venaient d’arriver et elle n’allait pas manquer d’observer ces magnifiques créatures même si elle ne comptait pas y participer.

Rêveuse, elle avançait tranquillement dans les couloirs en direction de sa salle commune lorsqu’un violent choc contre son épaule la fit perdre l’équilibre et lâcher les livres qu’elle tenait dans ses bras. « Eh les gars, regardez qui voilà ! Le poisson rouge de l’école ! Vous aviez remarqué qu’elle n’était plus dans notre promo ? Si elle est pas passée en 6ème année, c’est parce qu’elle a redoublé. Elle était trop bête pour passer ses BUSES. Si ça se trouve, elle redoublera éternellement sa cinquième année parce qu’elle n’a pas un seul neurone viable ! » Accroupie pour récupérer ses livres, Lilith leva lentement la tête pour porter un regard assassin vers le sale gosse qui avait osé dire ça. Grand, châtain et les cheveux en brosse, il ne lui fallut pas longtemps pour que son cerveau mette un nom sur l’adolescent. Peter Johnson. Une de ces brutes qui n’en manquait jamais une pour la tyranniser. Parmi toutes les images qui défilaient dans son cerveau lié à lui, aucune ne le mettait à son avantage. Il essayait toujours de la rabaisser comme si c’était son passe-temps préféré. Essayant d’être la personne la plus mature ici, elle se redressa ses livres en mains et lui asséna son regard le plus glacial. « L’idiot du village n’est pas non plus la baguette qui a le Lumos le plus éblouissant. Peut-être qu’au lieu de te moquer des gens, tu ferais mieux de grandir. » Lâcha-t-elle en faisant son possible pour que sa voix ne tremble pas. Le voir se figer sur place fut une victoire en soit. Elle savait pertinemment qu’elle ne lui avait jamais tenu tête jusqu’à présent et il ne s’y attendait certainement pas. Elle s’apprêtait à continuer son chemin lorsqu’il lui barra la route. « Elle a dit quoi la debilos là ? Elle a essayé de se foutre de ma gueule là, non ? » demanda-t-il à la ronde, essayant de rallier un maximum de personnes à sa mascarade. « Elle a dit laisse-moi passer. » Siffla-t-elle, commençant clairement à perdre patience. « T’as encore besoin qu’on te réexplique comment les choses fonctionnent ? En même temps, comme tu te souviens jamais de rien, une piqûre de rappel ne peux pas te faire de mal. » Répliqua-t-il avec un sourire goguenard avant de la pousser du plat de ses mains en arrière. Lilith trébucha et se retrouva sur les fesses, une douleur lancinante dans le poignet droit là où elle avait tenté de se rattraper. « On pourrait peut-être lui faire bouffer quelques pages de son manuel. Elle arrivera peut-être mieux à retenir les cours comme ça. » Proposa-t-il en se marrant grassement. Il n’en fallut pas plus à Lilith qui perdit tout sang-froid. Elle se releva dans un bond et pointa sa baguette en direction de Peter.  « Tu vas me foutre la paix ou sinon je fais te faire voire ce que ça fait de se noyer dans un bocal. Je ne plaisante même pas Johnson. Tu vas payer pour tout ce que tu m’as fait pendant toutes ces années. » Cracha-t-elle, une lueur menaçante dans le regard.

Lilith se découvrait une nouvelle facette. Jamais elle ne s’était montrée aussi agressive avec quelqu’un et au grand jamais se serait-elle imaginée menacer quiconque. Mais là, c’était trop. Ce goujat avait depuis bien trop longtemps abusé de sa gentillesse et de sa fragilité. Ils avaient dépassé le stade de non-retour depuis belle lurette et pour qu’on la laisse tranquille, il fallait qu’elle frappe un grand coup. Et tant qu’à faire, elle n’avait qu’à libérer toute sa frustration et toute sa haine envers les types de son genre. Elle détestait l’injustice, et elle haïssait plus que tout l’impunité avec laquelle ce genre de gaillards harcelait leurs victimes. Elle brandit sa baguette sans vraiment savoir ce qu’elle allait lui faire (lui enfoncer dans les narines ou plus dignement lui lancer un maléfice) lorsqu’elle fut interrompue par une voix autoritaire. Son bras resta suspendu quelques secondes dans les airs avant de retomber mollement le long de son buste. Le concierge venait de les interrompre et en général, se faire surprendre avec une baguette pointée sous le nez de quelqu’un n’était pas de bon augure. Avant que la silhouette de l’adulte ne s’interpose entre eux deux, Lilith envoya à Peter un énième regard glacial, laissant entendre qu’elle ne l'aurait pas laissé s’en sortir aussi facilement. Il était temps que les cartes soient rebattues et qu’il goutte du poison qu’il administrait quotidiennement. Même si ce jour n’allait clairement pas être aujourd’hui.

Lorsque cela leur fut demandé, elle articula son prénom et son nom du bout des lèvres. Elle ne savait pas où tout cela allait les mener jusqu’à ce que Monsieur Veturia lui demande de le suivre. A ELLE ! Et pas à l’autre troll des forêts.  « Mais, ce n’est … » Essaya-t-elle de se défendre mais le concierge tourna la tête vers elle. Le regard qu’il lui lança était sans appel. Il n’allait pas négocier là devant tout le monde et il lui avait demandé à elle de la suivre. Point. Lilith se faisait donc harceler, elle essayait de se défendre et c’était elle qu’on allait envoyer en retenue ? Encore une belle preuve que les enfoirés dans le genre de Johnson s’en sortaient toujours et qu’elle devrait encore une fois supporter cette injustice. Elle n’aurait pas dû sortir sa baguette. Lui balancer un livre au visage aurait-il suffit pour marquer des points sans paraître coupable ? Elle entendit le ricanement feutré de Johnson qui avait l’air particulièrement bien heureux de pouvoir partir tranquillement sans même un avertissement tandis qu’elle était forcée de suivre le concierge. Elle ramassa précipitamment quelques-uns de ses livres mais abandonna lâchement les parchemins qui s’étaient échappés de la pile. Avec un peu de chance, une bonne âme charitable les lui rapportera. Au pire des cas … Ca lui fera travailler sa mémoire.

Elle suivit à contre-coeur le concierge, faisant une moue dépitée, et ne s’arrêta que lorsqu’il referma sur eux la porte de la salle de runes. Elle lui tournait le dos, ostensiblement dans un geste de rébellion pour signifier avec une communication non-verbale flagrante d’adolescente qu’elle n’était pas franchement heureuse d’être ici. Aussi, elle ne remarqua pas que l’attitude de Veturia changea du tout au tout après qu’il ait tiré la porte et fut particulièrement surprise du ton qu’il emprunta. Elle se retourna, déconcertée. « Je croyais que vous m’aviez mise à l’écart pour me punir … C’est n’est pas pour ça qu’on est là ? » Demanda-t-elle, confuse, ne sachant pas sur quel pied elle devait danser. Devait-elle être sur la défensive ou pouvait-elle laisser tomber le masque et faire simplement redescendre la pression. « Oui, il m’a poussée. C’est lui qui m’a provoqué. Pourquoi vous ne lui avez rien dit à lui ? Pourquoi est-ce que les gens comme Johnson s’en sortent toujours sans encombre alors qu’il font vivre une misère aux autres ?» S’insurgea-t-elle alors, cherchant à comprendre comment l’autre ordure pouvait encore s’en sortir aussi facilement alors qu’elle avait le droit à un tête à tête particulier.

Lilith n’était pas connue pour faire des vagues à Poudlard. Elle avait tout du profil de la gentille Poufsouffle fragilisée par ses problèmes de mémoire. Un petit bisounours qui ne ferait de mal à personne. En l’état, c’était une bonne partie de sa personnalité. Mais avec ses souvenirs fraîchement retrouvés, toutes ses émotions étaient décuplées. Et elle avait très clairement des envies de violence envers certaines personnes qui s’étaient moqué d’elle bien trop souvent et pendant bien trop longtemps. De mémoire, elle ne s’était jamais battue - sauf enfant avec son frère, mais ça ne compte pas vraiment. Pourtant, aujourd’hui, elle avait été prête à en découdre. Elle était convaincue que lui mettre son poing dans la figure aurait été encore plus libérateur qu’un sortilège de jambe en coton. Ses phalanges n’auraient sans aucun doute pas supporté le choc, mais ça aurait été un dommage collatéral plus qu’acceptable. Malheureusement, à la place de ça, elle venait de se faire attraper dans les couloirs pointant une baguette sur un camarade et elle devait maintenant rendre des comptes alors que pour une fois dans sa vie elle essayait de se défendre. Elle ne comprenait pas pourquoi c’était elle qu’on avait isolé. Ce n’était pourtant pas elle le monstre ! Elle n’était que la victime ! Une victime qui en avait eu assez.

Le malentendu fut néanmoins vite dissipé et Lilith comprit que Veturia ne l’avait pas emmenée à part pour la punir, mais parce qu’il s’inquiétait pour elle. Lilith était quelque peu surprise. Ils ne se connaissaient pourtant pas tant que ça. Il avait fait ses premiers pas en tant que concierge à la fin de l’année scolaire dernière et Lilith n’avait pas eu le temps de vraiment faire sa connaissance pendant le voyage scolaire non plus étant donné qu’elle avait écourté le sien. Toutefois, il adoptait une sorte d’attitude protectrice avec elle. Etait-ce parce qu’elle avait l’air d’être faible ? Lilith secoua la tête et essaya de chasser cette idée. Elle n’est pas faible. Du moins, elle ne l’est plus. Elle est peut-être encore un peu instable émotivement parlant, mais rien qui ne soit inquiétant d’après les médicomages. « Excusez mon impolitesse alors que je comprends bien que vous avez essayez de m'aider ... Mais comment est-ce que les victimes peuvent apprendre à se défendre et à se venger de leurs agresseurs si on ne les laisse pas faire ? » demanda-t-elle d’une voix froide, essayant de masquer les restes de colères qui couvaient encore en elle. Elle avait tellement eu envie de lui rabattre le caquet à ce troll, et l’occasion avait été parfaite. Il la pensait encore faible, sans cervelle, à sa merci. Et elle était sur le point de lui prouver que les choses allaient être bien différentes à partir de maintenant. Mais elle n’avait pas pu. Elle avait été coupée dans son élan par quelqu’un qui, de toute évidence, lui voulait du bien. Voulait la protéger. Même si cela allait à l’encontre de son désir de revanche.

« Je vais bien. » finit-elle néanmoins par admettre essayant de se calmer en soufflant un bon coup. « Il m’a juste bousculée avant de se moquer de moi. Les moqueries habituelles. Je suis une cible facile pour ce genre d’idiot. Surtout que je viens de redoubler… » Admit-elle en essayant de se détacher de ses émotions contradictoires et de son envie de violence.  « J’aurai pu en rester là. C’est sans doute ce qui était attendu de moi. Pour ne pas envenimer la situation. Mais …  » Elle s’arrêta et hésita un instant. Elle avait besoin de parler en fait. Elle avait besoin de lâcher tout ce qu’elle avait sur le coeur. Mais pouvait-elle le faire avec le concierge ? Elle se décida : et pourquoi pas ? « En fait, j’ai tous mes souvenirs à propos de lui qui sont revenus dans un déferlement et ça m’a mis hors de moi. Je ne veux plus jamais me laisser faire Monsieur. Je ne veux plus être la cible facile. Pendant toutes ces années, ils m’ont traité des pires noms possibles à cause de mes problèmes de mémoire. Juste parce que c’est tellement facile de se moquer quand on ne vit pas ça. Ils n’ont montré aucune empathie. Aucune sympathie. Et maintenant, je veux juste leur faire regretter de m’avoir aussi mal traitée. » Avoua-t-elle et une flamme vengeresse s’alluma dans ses yeux. Puis se souvenant à qui elle parlait, elle baissa les yeux et essaya de se calmer. « Pardon. Je ne devrai pas m’emporter la sorte. Vous allez me dire que je devrai me montrer plus mature qu’eux et vous avez raison. J’ai juste besoin d’un petit peu de temps pour me calmer. » Essaya-t-elle de tempérer. Elle venait de se livrer aussi facilement à un adulte parce qu’elle en avait besoin. Même si cela ne réglerait pas ses problèmes, au moins cela lui permettait de lâcher l’animosité qu’elle gardait en elle.

Lâcher ce qu’elle avait sur le cœur lui faisait indéniablement du bien. Toute cette rage qu’elle n’avait pas pu déverser sur cet abruti de Johnson, elle avait à minima pu l’exprimer verbalement. Alors certes, son poing la démangeait toujours et elle avait une violente envie de frapper contre quelque chose, mais elle sentait au moins la pression qu’elle avait sur la poitrine se relâcher. Elle avait l’impression qu’elle pouvait enfin reprendre des respirations à peu près normales. A défaut de se sentir comprise, elle se sentait à minima écoutée et au vu de l’écoute attentive et vraiment intéressée du concierge, elle avait enfin l’impression que ce qu’elle ressentait et ce qu’elle avait vécu toutes ces années étaient entendues. Qu’elles avaient un sens et une légitimité en quelque sorte.

Le sourire triste qu’il lui adressa lui mit la puce à l’oreille. Elle était tellement enfermée dans son monde et dans sa propre tourmente, qu’elle ne s’était pas encore questionnée sur la véritable raison qui avait poussé le concierge à l’encourager à parler. A lui prêter son oreille. Après tout il n’était pas psy, ce n’était pas son travail. A la rigueur, son job consistait à savoir quand les balais arrivaient en bout de vie, pas à écouter les dramas existentiels des adolescents. Mais son expression en disait long. Et quelque chose disait à Lilith qu’en fait, il savait peut-être pertinemment ce qu’elle vivait. Que peut-être lui aussi était passé par là dans sa jeunesse et que peut-être lui aussi aurait aimé qu’on intervienne pour lui. Elle se faisait peut-être des idées. Elle interprétait peut-être très mal la situation, mais cette pensée continua de la calmer. Après avoir tourné autour de la chaise tel une lionne en cage, elle finit par l’accepter et s’enfonça contre le dossier, comme si elle essayait de disparaître.

Elle se concentra sur ses paroles. Voulu le couper lorsqu’il parla de vengeance mais elle se retint. Elle haussa les sourcils de surprise. Le club de duel. Ce club qui lui avait semblé toujours fermé car elle était une véritable catastrophe ambulante avec sa baguette. Mais ça, c’était avant. Et elle ne l’avait pas remis à l’ordre du jour. « Non. Jamais. En toute honnêteté, à cause de mes problèmes de mémoire, on a toujours voulu m’en tenir éloignée. Je risquais de créer un incendie en voulant lancer un Protego. Premier degré, c’est déjà arrivé. Je n’arrivais tellement pas à me souvenir des sorts et de la combinaison de mouvement que ça créait toujours quelque chose d’assez … Chaotique. » Expliqua-t-elle, parfaitement sérieuse, ne craignant même plus d’être jugée. Il l’avait vu dans une colère furieuse, il pouvait bien entendre qu’elle était un cas désespéré et une piètre sorcière. Avant. « Mais ça c’était avant cet été. Avant que … Mon cerveau ne remarche normalement. » Conclua-t-elle, essayant de se projeter. Et si cette année elle participait au club, qu’est-ce qu’elle aurait à y gagner ? Elle avait déjà une pile de parchemin à rattraper et un cerveau à dépoussiérer. Est-ce que ce serait bénéfique ? Mais surtout, pourquoi est-ce qu’il lui proposait ça ?  « Excusez-moi Monsieur, mais je ne suis pas sûre de vous suivre. S’il en faut pas essayer de se venger parce que la vengeance entretient la vengeance, en quoi m’inscrire au club de duel m’aiderait ? Est-ce que cela ne risquerait pas au contraire de me donner envie d’utiliser des sortilèges pour me défendre et me venger, au risque de blesser la personne en face ? Parce que je l’aurai voulu et que je connaissais comment faire ?  » Demanda-t-elle parfaitement honnête. Quitte à être dans l’introspection, autant aller jusqu’au bout.

Elle tressaillit presque lorsque Veturia repris avec gravité, lui assurant qu’il était là pour l’épauler si besoin. Elle fut surprise par cet élan de soutien et surtout par cet franchise qui émanait de lui. « Je … Merci beaucoup monsieur. Je n’hésiterai pas. » Promit-elle. Après tout, ça faisait du bien de se savoir soutenue. Elle savait que si besoin, le directeur n’était pas loin. Il avait toujours répondu à ses hiboux et l’avait même aidé il y a quelques années. Au moins, elle n’était pas seule, comme Veturia venait de dire. Elle lui lança un petit regard sous ses cils avant d’oser se jeter à l’eau et de poser la question qui la taraudait. « Vous avez vécu une situation similaire à la mienne Monsieur ? Je ne veux pas montrer une curiosité déplacée mais … Vous avez l’air de vraiment savoir de quoi je parle. » Et il l’écoutait vraiment. Sans porter de jugement. Essayant avant tout de l’aider et de la sortir de ce pétrin. « Excusez-moi si cela est trop personnel. Je n’aurai pas dû poser la question. » Se reprit-elle, ne parvenant pas à déchiffrer l’expression qui était en train d’apparaître sur son visage.