C'est dans les étoiles que brille la lumière des songes (libre)

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C'est dans les étoiles que brille la lumière des songes

Ce soir-là, après le dîner – elle avait mangé tôt – mais avant le couvre-feu, Sarah s’était rendue à la bibliothèque. Elle était à jour dans son travail scolaire, mais avait envie de consulter des livres d’astronomie. Elle s’était assise à une table et consultait une page où il était question de la constellation d’Orion.
La rouge et or était fatiguée et avait senti plusieurs fois que ses yeux se fermaient et qu’elle dodelinait de la tête. Pour autant, elle n’avait pas écouté ces signaux que lui envoyait son corps et avait poursuivi sa lecture.

Puis, sans qu’elle ne se fût levée, sans avoir quitté la bibliothèque physiquement, elle se retrouva à la fenêtre de la salle commune des Gryffondors, observant le ciel. Elle repéra immédiatement Orion. Après tout, c’était sa constellation préférée. Et puis, les trois étoiles alignées aidaient à la retrouver. C’est alors qu’elle vit un chemin d’étoiles se dessiner devant elle, une passerelle scintillante, menant tout droit à Bételgeuse. Elle emprunta cette route, marchant parmi les étoiles. Une fois sur Bételgeuse, elle put observer comment était constituée cette supergéante rouge, mais également voir de plus près à quoi ressemblait Rigel, la supergéante bleue. Le spectacle était plus impressionnant que tout ce qu’elle avait pu voir au télescope.
Puis, après s’être promenée dans la nébuleuse d’Orion, découvrant au passage ce qui lui sembla l’équivalent d’un système solaire, elle rejoignit la constellation du grand chien, s’installant sur Sirius. Après avoir visité le chasseur fuyant sans fin le scorpion, elle avait rendu une visite à l’un des chiens du chasseur.
Dans sa promenade, elle ne rencontrait âme qui vive, mais contemplait de plus près que jamais les phénomènes qui la fascinait depuis la plus tendre enfance. Elle put même voir un météore traverser le ciel de plus près. Elle trouvait toujours cela aussi fascinant. Ce n’était pas la période des plus belles pluies d’étoiles filantes, elle le savait, mais dans un rêve, tout est possible n’est-ce pas ?
Puis, elle chevaucha la licorne pour aller écouter une discussion entre Castor et Pollux.

En même temps, elle se trouvait toujours assise à sa place à la bibliothèque, avachie sur son livre. Et l’heure du couvre-feu s’était sensiblement rapprochée. Comme elle dormait, elle ne s’en rendit pas compte jusqu’à ce qu’on la réveillât, mettant ainsi fin au rêve le plus serein qu’elle avait fait depuis bien longtemps.

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... brille la lumière des songes ?

I
l n’est jamais aisé de contrôler ses instincts. Ça vient parfois pendant un cours ou le soir après dîner, sans crier gare. Parfois dans les pires moments, comme au beau milieu de la Table des Gryffondors, juste après s’être servi d’une part de tarte aux noix, au milieu de tous ses camarades de classe. Et c’est ainsi qu’au beau milieu du repas, tandis que j’explique une énième fois à Betty Young que non, ça ne sert à rien de répondre au hibou de son ex pathétique qui est un menteur pathologique de surcroît, et que non, il n’a pas "changé", je sens mes canines pousser. Et comme à chaque fois, c’est douloureux, et j’ai du mal à me retenir de grimacer d’inconfort. Je sens la faim arriver, je sens que je pourrais mordre dans n’importe quoi, boire jusqu’à l’écœurement… La Grande Salle devient tout à coup un concentré d’odeurs, et tous mes sens sont puissamment exacerbés. Alors, je me lève, prétextant à mes voisines un passage express aux toilettes pour me repoudrer, et je disparais. J’ai chaud, tout à coup… Je retire ma robe de sorcière, ôte le premier bouton de ma chemise d’uniforme, et retrousse mes manches. Puis, j’extirpe de ma poche une sucette de sang, et la fourre dans ma bouche pour calmer mes ardeurs. Je commence à m’habituer à ce genre de situation, je sais juste qu’il me faut un endroit calme, pour m’isoler. Le temps que ça redescende, que je chasse ce goût acide dans ma bouche, que mes dents repoussent normalement. Et en passant devant une massive porte en bois, je m’arrête pour en pousser le battant : la bibliothèque. Tout est si différent de celle d'Ilvermorny... A cette heure-ci, elle est déserte s’y trouve de toute façon, seulement investie les intellos boutonneux obsédés par leur devoir d’arithmancie, et quelques fantômes qui errent en bavassant des anecdotes historiques que personne n’écoute. Je me réfugie donc entre les rayons de bouquins, et m’adosse à une étagère remplie de grimoires ennuyeux à mourir… Et j’inspire longuement. Je ferme les yeux, compte dans ma tête, tout en suçotant le bonbon aromatisé à l’hémoglobine, avec lequel je calme mon appétit. On ne peut pas dire que les séjours dans l’antre du savoir m’enchantent particulièrement, mais il y a dans cette immense pièce un trésor rare que l’on ne trouve pas dans le reste de l’école : le silence. C’est particulièrement apaisant, quand on doit oublier que l’on est devenu une buveuse de sang compulsive.

Quelques minutes passent, et je sens que cela va déjà mieux. J’ouvre un œil, et jette un regard autour de moi… Il n’y a plus personne. Et j’expire enfin, félicitant mon mental pour m’être bien comportée. Je croque dans le bonbon autour du bâtonnet, avant de fourrer aussitôt une nouvelle sucette dans ma bouche, par simple précaution. Je m’apprête donc à regagner le hall… les préfets ne vont pas tarder à nous demander de remonter bien sagement dans nos quartiers, alors évitons de traîner. Mais tandis que je longe les grandes tables de travail, seulement illuminées par des lampes à huile ancienne, vous ne devinerez jamais sur qui je tombe, chers lecteurs : c’est une élève de ma maison, de quelques années ma cadette de toute évidence, qui est avachie sur son ouvrage. Haussant un sourcil, je m’approche d’elle… Oh, un traité d’astronomie, tu m’étonnes qu’elle en profite pour rattraper sa nuit ! J’hésite un peu à la laisser là – après tout, ce n’est pas mon problème si on la trouve ici -, mais finalement ma bonne conscience me rappelle à l’ordre. Je m’éclaircis donc la gorge, et l’interpelle à mi-voix : « Allô ? La Terre appelle la Belle au bois dormant. » Je guette une réaction, un remuement de paupières, une ouverture de lèvres, un pli sur son visage… Pas de réponse. La petite voix dans ma tête me susurre que ce serait le bon moment, pour rassasier ma faim. Elle est inconsciente, elle ne se rendrait compte de rien… Même la trace de morsure sur sa clavicule serait à peine apparente. Mais je ne l’écoute pas, malgré la tentation. Quelques secondes s’écoulent, et je commence à m’impatienter… « Eh oh, chérie, active-toi ! Tu vas te faire enfermer dans la bibliothèque, si t’attends l’arrivée du prince charmant. » lancé-je, en haussant légèrement le ton. C’est vraiment ma bonne action de l’année… Et la voilà qui entrouvre un œil ; formidable, on progresse ! Mais je n’ai pas le temps de l’interroger davantage, les lumières des lustres s’éteignent tout à coup, puis j’entends le cliquetis de la porte que l’on vient de verrouiller. Est-ce que l’on vient vraiment de nous boucler ici ?

@Sarah C. Davenport

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C'est dans les étoiles que brille la lumière des songes

Plongée dans sa lecture, puis dans son rêve, Sarah n’avait pas remarqué l’entrée d’Agatha dans la bibliothèque. Lorsque sa camarade l’appela une première fois, l’enfant ne l’entendit pas. Elle en était au moment où elle écoutait la discussion entre Castor et Pollux. Puis, tout d’un coup, une voix qui n’était pas celle des étoiles et des paroles qui n’avaient rien à voir avec la conversation qu’elle écoutait. Finalement, la rouge et or ouvrit les yeux, voyant que c’était une de ses aînées de sa maison qui l’avait réveillée. Elle s’apprêtait à la remercier de l’avoir réveillée, malgré le fait qu’elle eût interrompu un rêve agréable et passionnant, lorsque la lumière qu’elle avait cru percevoir à son réveil s’éteignit.

« Que… qu’est-ce… ? »

Elle n’était pas assez réveillée ni pour avoir entendu le cliquetis des clefs dans la serrure ni pour avoir compris que la bibliothèque avait fermé ses portes. Sans doute était-ce mieux en un sens. De même, heureusement pour elle, elles se trouvaient dans une vaste pièce et non confinées dans un tout petit espace. Sinon, elle aurait eu tôt fait de paniquer.

Non sans avoir essayé de se réveiller davantage et comprenant qu’il devait être tard, elle finit par dire :

« Merci de m’avoir réveillée »

Aucune ironie là-dedans, simple politesse de base. Si elle n’était pas particulièrement liée à sa camarade, cela ne la dispensait des politesses de base.
Ayant un peu plus émergé entretemps, elle réalisa que si les lumières de la bibliothèque était éteinte, c’est que l’heure du couvre-feu avait dû arriver et que la pièce devait être en train de fermer ou avait dû fermer. A défaut d’avoir entendu le bruit de la clef, elle connaissait les horaires de la bibliothèque et était habituée à rester parfois jusqu’aux dernières minutes. Elle savait donc aussi comment celle-ci fonctionnait.

« Il est si tard que ça ? » demanda-t-elle, afin de vérifier son intuition.

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V
ous savez, chers lecteurs, je ne demandais rien, moi, à la base. J’étais simplement partie m’isoler un peu le temps d’étancher ma soif avec quelques sucettes au sang, et à peine mes instincts primaires refoulés, voilà que je découvre qu’on nous a bouclés ici. Oui, messieurs-dames, dans la bibliothèque moyenâgeuse de l’école ! Le tout accompagnée d’une dormeuse qui a cru judicieux de rattraper sa nuit sur l’un des pupitres… On se croirait dans le scénario d’un mauvais roman, mais ça n’est rien de plus que la triste réalité. Cette dernière, au moins polie, me remercie de l’avoir réveillée… Ben oui, voyons, on m’appelle justement Marraine la bonne Fée. Je ne sais pas d’où elle sort, mais à Ilvermorny, ça ne nous serait pas venu à l’esprit de nous assoupir sur les divans de la bibliothèque… notamment parce que Mr. Wilson, le gardien des clés, nous aurait passé un sale quart d’heure. « Mais qu’est-ce que tu fichais là, au juste ? Tu sais, à l’étage ils ont des lits, si besoin. » ne pus-je m’empêcher de lui faire remarquer. Oui, ça a l’air un peu désobligeant dit comme ça, mais tout de même, sait-on jamais, l’information pourrait lui être réellement utile… si ça peut lui éviter, à l’avenir, de se retrouver coincée entre ces quatre murs, c’est bon à prendre ! Des fois, je me demande si c’est bien moi, la nouvelle arrivée, ou bien tous ceux qui m’entourent. C’est que ma camarade n’a pas l’air méchante… mais elle est tout de même dans de beaux draps, tout comme moi.

Les couloirs de la bibliothèque paraissent labyrinthiques, quand ils sont désertés de toutes les âmes qui les arpentent. Seule la lumière des lampes de lecture et celle des torches rendent l’atmosphère légèrement moins oppressantes. Nous avons heureusement des siècles de littératures et d’archives historiques à notre disposition pour nous occuper cette nuit, quelle aubaine… J’ai de la peine pour tous les chercheurs en sorcellerie contemporaine qui seront un jour obligés d’avaler de tels pavés, moi je préfèrerais encore me planter un pieu dans le cœur. « Visiblement. » commenté-je, avec un air passablement désappointé. Bon sang, quelle sotte idée de me réfugier ici pour faire passer mon envie de sang humain ! Si j’avais su, j’aurais mieux de mordre le premier élève qui passait, je suis pratiquement sûre que ça m’aurait causé moins de problèmes. Enfin, je me garde de partager cette réflexion à haute voix avec ma camarade… « Les profs repasseront s’ils voient de la lumière, mais s’ils nous trouvent ici, on va avoir de sacrés problèmes. » Avec un peu de chance, ils se contenteront de retirer quelques points à notre sablier… de toute façon, je n’étais pas très investie dans cette course pour obtenir la coupe des quatre maisons. Mais on risque fort d’être envoyées en retenue, et cela ne me plaît pas : je suis bien trop jeune et belle pour aller astiquer les vitrines de la salle des trophées ! Vous croyez que c’est en restant enfermée que je vais retrouver mon teint de pêche ? Mon égo a grand besoin de se rappeler combien j’étincelais, avant d’être mordue, et que mon visage ne se retrouve orné de cernes violacées. Et comble de malheur, je ne pourrais jamais me rendre aux cuisines soulager ma fin, alors que j’aurais pu y faire un détour pour subtiliser quelques côtes d’agneau bien saignantes… Alors, au comble du désespoir, je me tourne vers ma jeune camarade d’infortune en soupirant… « Bon, tu as une idée pour nous sortir de là, petit génie ? » Après tout, si elle se sent aussi à l’aise pour y dormir, c’est que la belle au bois dormant doit bien la connaître, la bibliothèque. Elle n’a pas l’air bien dégourdie, mais c’est généralement le problème, avec les intellos… Comme je n’ai pas l’intention de me faire un lit de fortune avec les premiers grimoires soporifiques qui me tomberont sous la main entre deux étagères, il va bien falloir qu’elle nous trouve une solution.

@Sarah C. Davenport

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C'est dans les étoiles que brille la lumière des songes

Sarah n’avait pas anticipé le moins du monde qu’elle risquait de s’endormir à la bibliothèque. Après tout, ça ne lui était pas arrivé les années précédentes alors qu’elle faisait des cauchemars récurrents et manquait cruellement de sommeil. Là, sans que tout soit revenu au beau fixe, elle était bien loin d’être aussi fatiguée que les deux années précédentes.

« J’étais venue lire un peu d’astronomie. Je ne m’étais pas rendue compte que j’étais aussi fatiguée et je n’avais pas imaginé que j’allais m’endormir sur ma lecture. Sinon, j’aurai juste emprunté le livre et aurai regagné notre salle commune effectivement » répondit-elle avec honnêteté et embarras.

Si la rouge et or se confiait parfois difficilement, là, elle n’avait aucune raison de cacher ce qu’il en était. Même si sa camarade de maison ne faisait pas partie de son cercle de proches ni même de celui de ses amis, Sarah pouvait facilement soutenir une conversation sans avoir d’affinités particulières.
Elle se serait alors vraisemblablement endormie sur le canapé ou sur une table de la salle, surtout avec le feu dans la cheminée, mais pour inadéquate que fut la salle pour faire sa nuit, cela aurait tout de même mieux valu que la situation présente. Plus encore qu’elle ne le soupçonnait en cet instant précis.

En cet instant, avoir des ennuis avec les professeurs ou faire perdre des points à sa maison était le cadet des soucis de la troisième année. Elle commençait à comprendre qu’elles étaient peut-être bien enfermées là et si c’était bien le cas, attirer l’attention des professeurs – pour une fois – l’arrangerait bien, en un sens. Surtout qu’avant le dîner, elle avait déposé la plupart de ses affaires dans sa chambre et elle ne savait plus si elle avait ou non glissé dans sa poche le canif offert par Cassi lors de sa première année. Pas plus qu’elle ne se souvenait – encore trop endormie pour cela – si elle avait avec elle le parchemin enchanté par Léo sur demande de Kathleen. Et pour l’heure, elle n’avait pas même encore pensé à ces deux objets.

Exprimant la pensée qui ne lui avait jusqu’alors que traversé l’esprit, elle demanda :

« Tu veux dire qu’on est enfermées ? »

Elle tentait de contrôler sa voix, mais cela ne lui plaisait pas du tout et bien que l’espace fut grand, elle sentit sa phobie se réveiller. Comme elle n’était pas précisément avec quelqu’un en qui elle avait une grande confiance, elle tenta de masquer du mieux qu’elle le pouvait ce qu’il en était. Ce n’était pas comme si elle risquait de tomber dans les pommes dans les minutes à venir.

« Je suppose que la formule de déverrouillage de porte ne fonctionnera pas… Ça serait trop simple autrement d’entrer dans la bibliothèque de nuit quand il n’y a personne… »

Ce fameux alohomora dont elle oubliait la formule à chaque fois qu’elle se retrouvait enfermée sous l’effet de la panique.
En plus, cette fois-ci, entre les conséquences de sa phobie et le fait qu’elle n’était pas complètement réveillée, son jugement s’en retrouvait obscurci.
Néanmoins, sa camarade avait raison, il fallait trouver une solution pour sortir de là. Elle s’approcha des fenêtres, ayant une idée bien digne d’une lionne qui germait dans son esprit, mais encore fallait-il que ce fût réalisable… Cela supposait de pouvoir ouvrir les fenêtres et d’avoir un arbre à portée de main.
Il y avait sans doute des solutions plus simples ou moins téméraires que celle-là, mais laissez Sarah en proie à la panique chercher à sortir d’une pièce rimait soit à avoir une gamine paralysée soit à faire ressortir son coté casse-cou (qui allait toujours croissant quand ça n’allait pas pour elle d’une manière ou d’une autre).

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J
e ne peux m'empêcher de sourciller lorsqu'elle m'explique, le plus sérieusement du monde, qu'elle était réellement plongée dans la lecture de ce bouquin à la taille indécente. Les européens ont-ils tous une tendance au masochisme, ou fais-je face à une exception ? « Je ne sais pas ce qui me surprend le plus, que tu ailles lire de ta propre volonté des manuels d’astronomie, ou bien que tu sois étonnée de t’être endormie en le lisant. Ton truc, c’est le meilleur remède aux insomnies, si tu veux mon avis. » Sauf s’il y a un chapitre consacré à l’horoscope, mais j’en doute. Si ces énormes pavés étaient faits pour être intéressants, on serait fourrés à la bibliothèque toute la journée... Toutes ces théories intellectuelles fumeuses sur ce qu'on peut trouver dans une carte stellaire, ça me file des maux de crâne. Mais puisque j'ai de toute évidence affaire à un rat de bibliothèque, j'imagine qu'il est de coutume chez eux de faire semblant de s'intéresser à toutes sortes de sujets ennuyeux à mourir. Mal lui en a pris, la voilà coincée au milieu de ces fichus bouquins ! Et pour mon plus grand malheur, moi également... « Jusqu’à ce que le concierge nous tombe dessus, en tout cas. J’espère que tu t’entends bien avec lui, moi je le trouve un peu louche. » laissé-je échapper. Il n'est là que depuis quelques jours, c'est vrai... Mais que peut-on en entendre de plus de la part d'un type dont le rôle consiste à surveiller des élèves toute la journée ? Ma théorie, c'est qu'ils deviennent des stalkers par la suite... Mais pour cette fois, j'espère que celui qu'on se coltine à Poudlard est bien dans les parages.

C'est plutôt fâcheux. J'aurais voulu faire un dernier passage aux cuisines, me délecter de quelques trouvailles encore sanguinolentes conservées dans leur cave à viande... à la place, me voilà coincée au milieu d'énormes bouquins inintéressants qui eux, n'ont pas le bon goût d'être comestibles. Je brandis ma baguette et l'agite en direction du loquet. "Alhomora." Mais la porte, massive et inflexible, refuse de se soumettre face à mon sortilège. Je laisse échapper un long soupir, et retourne auprès de ma camarade d'infortune. Force est de constater qu'elle avait raison... "Bien vu, miss "première de la classe"." J’ai bien l’impression qu’à Poudlard, tout est fait pour nous rendre la vie plus difficile, on dirait presque un piège à souris à taille humaine sous forme de château. De lassitude, je finis par me laisser tomber dans l'un de ces fauteuils d'époque, face à elle... L'ennui, c'est la faim qui me tiraille. Elle me tord les boyaux, m'obsède au point que j'en oublie tout ce qui m'entoure... et la seule que je perçois, dans l'ombre des étagères remplies d'énormes traités sur la magie dans l'antiquité, c'est cette fille. C'est comme si à quelques mètres d'elle, je pouvais entendre son coeur battre, le voir cogner dans sa poitrine à travers la chemise de son uniforme. En proie à mes instincts primaires, je suis tentée de lui céder... Je calcule la distance qui nous sépare, et j'ai cette pensée froide qui gagne mon esprit : en à peine trois secondes, je pourrais brusquement bondir sur elle, arracher la manche qui recouvre son bras gauche, et enfoncer mes canines naissantes dans son épiderme. Elle n'aurait pas le temps de réagir, il n'y aurait pas un seul témoin... Malgré tout, je demeure face à elle, immobile, inexpressive. Puis, je reviens soudainement à la raison... « Chérie, pourquoi tu n’irais pas voir dans les rayons là-bas s’il n’y a pas un fantôme qui rôde ? » lancé-je en lui indiquant la pièce du fond, m'efforçant de dissimuler mon agitation intérieure. Ça m'étonnerait franchement qu'elle trouve qui que ce soit dans ce recoin de la bibliothèque... Je ressens ce besoin pressant de l'éloigner... Si je veux gagner ce combat intérieur contre moi-même, elle doit absolument disparaître de mon périmètre. Autrement, elle s'expose à un danger assurément plus grand que celui de passer la nuit dans cette foutue bibliothèque...

@Sarah C. Davenport

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Sarah trouvait surtout effectivement surprenant de s’être endormie sur son livre, mais elle savait que tout le monde ne partageait pas sa passion pour l’astronomie et que cette science pouvait paraître difficile à comprendre, inintéressante ou ennuyante à ceux qui ne l'appréciaient pas.

« Je sais que tout le monde ne partage pas mon avis sur la question et je le conçois parfaitement, mais pour ma part, l’astronomie est une passion depuis de longues années. Lire un livre qui en parle n’a donc rien de surprenant de ma part, m’endormir dessus, davantage. » expliqua-t-elle.

Elle notait que sa camarade de Gryffondor devait faire partie des nombreux élèves qui ne trouvaient pas plus d'intérêt que cela à l’astronomie. C’était un sujet de conversation en moins possible entre elles. Car si elles devaient rester coincées là toute la nuit, il faudrait bien trouver à meubler un peu le silence… Surtout que sans lumière, elle ne pouvait pas simplement lire un livre dans son coin. Ce qui aurait eu le mérite non seulement de la distraire, mais aussi de lui éviter de penser au fait qu’elle était enfermée…

« Je ne connais le concierge que de vue. Je n’ai donc ni bonne ni mauvaise relation avec lui. » lui répondit-elle.

*J’espère qu’il nous trouvera vite. Lui ou un autre adulte quelconque* pensa-t-elle en elle-même.

Elle se tenait prête d’une part à dire la vérité quant à sa présence à la bibliothèque, puisqu’à la base, elle n’avait rien à se reprocher. Mais, aussi à assumer les conséquences de son endormissement si nécessaire, surtout si cela pouvait lui permettre de respirer de l’air frais au passage. Elle se tenait également à plaider en faveur de sa camarade. Si celle-ci n’était pas une amie, elle était cependant consciente que c’était pour la réveiller qu’Agatha s’était retrouvée bloquée avec elle et ne voulait pas que son interlocutrice se retrouvât punie ou pénaliser de quelque manière que ce fût pour cela. En l’occurrence, son goût de la justice primait sur toute sympathie, antipathie ou quelque sentiment que ce fût.
N'ayant toujours pas retrouvé la formule alohomora dans sa tête, la petite rouge et or observa son aînée utiliser ce sort sur la serrure, en vain. Cela se présentait décidément mal pour elles.

« Ça ne m’étonne malheureusement pas que ça n’ait pas marché… »

Elle faisait aussi de son mieux pour cacher que sous l'effet de sa phobie de l'enfermement, elle oubliait une formule de première année.
Lorsqu’elle avait observé les fenêtres, elle avait fini par revenir au bon sens d’estimer que si elle sortait seule par là, sa camarade resterait en difficulté, puisqu’elle ne pourrait la libérer…. Et il n’était pas question de l’entrainer dans des acrobaties nocturnes…

Après quoi, elle s’était rassise dans un fauteuil, ne sachant trop quoi dire et essayant tant bien que mal de trouver une solution, sa peur l’empêchant toujours de raisonner correctement. C’est alors que sa camarade lui demanda d’aller voir à l’autre bout de la bibliothèque. Elle doutait fort d’y trouver le moindre fantôme, mais saisit que pour une raison qui lui échappait, Agatha voulait mettre le plus de distance possible entre elles deux. Respectueuse de son prochain, elle accepta donc de s’éloigner.

« Je serais surprise que les fantômes viennent hanter la bibliothèque, mais soit, je vais aller faire un tour du côté de la réserve »

*Et des fenêtres qui en sont le plus proches* songea-t-elle.

Ce qu’elle fit. Ayant de plus en plus besoin de respirer de l’air frais, elle s’évertua à ouvrir les fenêtres. Après quoi, elle se laissa glisser assise au sol. Il y a avait certes des chaises pas si éloignées que cela, mais qui l’étaient encore trop des fenêtres à son goût.

(c) Kira pour Never Utopia

@Agatha Kline

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J
e ne sais pas si elle a réellement l'intention de me faire entendre que tous ces traités indéchiffrables peuvent servir à autre chose qu'à caler une porte, mais une chose est sûre, elle ne me convaincra pas ce soir. Elle est bizarre cette fille, elle doit être capricorne si vous voulez mon avis... Si la perspective de passer la nuit dans ce repère d'encyclopédies ne me paraissait pas être une torture, j'essaierais plutôt de lui enseigner quelques rudiments d'astrologie : elle ira probablement plus loin dans la vie en connaissant son horoscope plutôt que la position des étoiles dans l'univers. « Hum, si tu le dis, Einstein. » me contenté-je de répondre, en haussant nonchalamment les épaules. « Même si j’ai du mal à saisir l’intérêt. C’est des boules de feu géantes dans le ciel hein, et si tu veux mon avis, elles sont beaucoup trop nombreuses. » Quand je pense qu’il y en a qui passent leur temps de pause à apprendre le nom des constellations et tout ce bazar, je me dis la vie doit être bien triste pour certaines personnes. Et sans vouloir froisser mon interlocutrice, je me dis que si elle avait choisi d’apprendre des techniques d’évasion à la place de l’astronomie, elle saurait comment nous sortir de là au lieu de connaître la position de la Grande Ourse.

Mais il y a plus urgent que notre enfermement entre les rangées de bouquins... Il se réveille en moi quelque chose que j'aurais préféré garder ensommeillé, à une heure où ma camarade ne peut me fuir. Je ne connais que trop bien cette sensation désagréable que j'ai dans la mâchoire. Sentir mes dents pousser à travers ma paroi gingivale est assurément une expérience que je ne recommande pas... Et c'est avec un certain soulagement que je la vois s'éloigner en direction des rayonnages du fond, disparaissant dans l'obscurité comme si la bibliothèque l'avait avalée. J'inspire et expire longuement, tachant de me concentrer sur des pensées positives. Tout va bien. Je ne vais pas mordre cette gamine, avec ce qui s'est passé avec le Serpentard en début d'année cet incident ne pourrait que me porter préjudice. Et puis... elle est encore jeune. Elle a l'air intelligente, j'imagine qu'elle sera amenée à faire des études dans une brillante université, qu'elle est promise à un bel avenir... Je ne lui ferais pas l'affront de le lui gâcher, de lui faire ce qu'on m'a fait. Moi, je sais que je n'ai plus de futur. « Alors petit génie, tu trouves quelque chose ? » demandé-je, suffisamment fort pour me faire entendre à travers les étagères qui nous séparent. En réalité, même si elle n'a rien trouvé, c'est peut-être mieux comme ça : au moins, de là où elle est, elle ne risque rien.

Heureusement, je parviens à me contrôler : d'un geste mécanique, j'ôte d'une pincée l'emballage autour d'une nouvelle sucette au sang que je glisse dans ma bouche, espérant que son arôme sera suffisamment fort pour canaliser mes pulsions. Le doux goût d'hémoglobine me chatouille la langue, et j'en profite pour faire naître à l'extrémité de ma baguette une lueur que j'espère suffisamment visible depuis l'extérieur pour nous faire repérer... "Lumos Maxima" murmuré-je en fixant la petite boule de lumière qui venait de brusquement s'intensifier, répandant son aura brillante dans la bibliothèque. Avec un peu de chance, on devinerait notre présence grâce aux reflets brillants des vitraux des fenêtres, depuis l'extérieur... « Et interdiction de paniquer. » rajouté-je, plus pour moi-même. Tout va bien. Je vais me prouver que je peux sortir de cette bibliothèque sans être devenu un animal buveur de sang. Et que cette gamine en ressortira indemne, que pas plus tard que demain elle aura à nouveau le nez plongé dans ses pavés mortellement ennuyeux, c'est une promesse que je me fais.

@Sarah C. Davenport

black pumpkin

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Sarah avait bien compris que son interlocutrice ne saisissait pas l’intérêt de l’astronomie. Elle savait qui était Einstein, du fait de son intérêt pour cette science, mais elle se doutait qu’en l’occurrence, ce n’était pas un compliment.

« Oui, j’ai bien compris que tu n’en vois pas l’intérêt. Disons simplement que les goûts sont dans la nature et que nous ne partageons pas tous nos centres d’intérêts. Et je ne te parlerai pas longuement d’un sujet dont tu ne vois pas l’intérêt »

Parler pour occuper leur « captivité », cela pouvait être une option pour se changer les idées, selon la cadette, cependant, elle n’imposerait pas un sujet de conversation. Elle préférait encore soutenir un sujet dont elle n’avait rien à faire et qui passionnerait son interlocutrice – de par son éducation, elle savait le faire depuis longtemps – plutôt que de faire le contraire.

Sur demande d’Agatha, l’adolescente s’était éloignée à l’autre bout de la bibliothèque, sachant fort bien qu’elle n’y trouverait qu’étagères, livres, tables, chaises, fenêtres et réserve. Elle doutait que le moindre fantôme serait de passage… Cela aurait pourtant été un moyen de donner l’alerte – selon le fantôme concerné -….

« A part des livres, rien. Apparemment, les fantômes hantent d’autres parties du château » lui répondit-elle.

Si Sarah espérait qu’un adulte comprendrait qu’elles étaient enfermées dans la bibliothèque, elle n’avait pas osé se signaler, craignant que cela n’embêtât sa camarade. Ce bien qu’elle fut bien décidée à la défendre en assumant ses responsabilités dans l’affaire si on les trouvait là. Non par amitié, mais par souci de justice. Et par reconnaissance aussi.
Enfin, bref, elle vit une forte lumière se diffuser autour de sa compagne d’infortune.

*Pourvu que quelqu’un voie cette lumière* pensa-t-elle, avant de se demander si elle pouvait trouver quelque chose pour les libérer. Elle en doutait car elle avait déposé une bonne partie de ses affaires dans son dortoir, ne s’attendant par à se retrouver confronter à sa phobie.

Elle commença alors à faire du bruit contre la fenêtre, elle aurait préféré le faire sur la porte, mais ignorait si sa camarade permettrait qu’elle se rapprochât ainsi tout de suite.

Elle respira profondément avant de tenter d’invoquer de la lumière à son tour, pour voir si elle pourrait malgré sa difficulté à réfléchir trouver une autre solution qu’espérer l’intervention d’un adulte.

« Lumos » fit-elle d’une voix plus mal assurée qu’elle ne l’aurait voulu. Pour autant, une lueur s’alluma au bout de sa baguette.

Elle laissa la fenêtre tranquille et commença à retourner ses poches. Dans la première, elle ne trouva rien qui pût leur être utile.

« Tu crois qu’il peut être quelle heure ? » demanda-t-elle à son interlocutrice, maîtrisant sa voix de son mieux et essayant de savoir si – dans le cas où elle l’avait sur elle – le parchemin qui lui avait confié Kathleen pourrait lui servir ou s’il était de toute façon trop tard pour la prévenir.

C'est alors qu'elle perçut vaguement l’interdiction de paniquer de son interlocutrice, mais de son côté, c’était trop tard, c’était fait et elle ne savait pas vraiment à qui s’adressaient ces mots. Il lui semblait d’ailleurs que sa respiration s’altérait, alors, elle tenta de se raisonner mentalement tout en essayant de garder le contrôle de sa respiration :

*Tout va bien, Sarah, il y a de l’espace. Ça va aller. Respire.* s'intima-t-elle, silencieusement.

En réalité, elle avait juste envie de fondre en larmes comme une enfant, comme à chaque fois qu’elle se retrouvait enfermée trop longtemps sans être libérée. Mais, elle prit sur elle. Il était hors de question d’offrir ce genre de spectacle à Agatha.

(c) Kira pour Never Utopia

@Agatha Kline

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... brille la lumière des songes ?

O
h, j’ai effectivement bien remarqué en détaillant mon interlocutrice qu’elle et moi ne venons pas du même monde. Celle-ci ne semble jurer que par ces bouquins barbants et des sciences obscures qui n’intéressent personne, tandis moi, je sais que plutôt que de compter sur mon intelligence, je n’aurais qu’à épouser quelqu’un de riche. Un banquier, avec un peu de chance ! L’avantage, avec mon physique, c’est qu’on a pas à s’embarrasser de ce genre de considérations. Et encore moins à s’intéresser à l’astronomie… « Merci, c’est trop aimable. » soupiré-je. Par Morgane, je suis peut-être coincée ici jusqu’à l’aurore, et pour double-peine il faudrait que j’endure des cours du soir ? Très peu pour moi. « Par contre, si tu veux mon avis, tu devrais t’intéresser à l’astrologie. Ça c’est intéressant ! On a beau entendre tout un tas de choses sur le sujet, il n’empêche que les prédictions tombent très souvent juste. » ne pus-je m’empêcher d’ajouter, le regard animé d’une drôle de lueur. Peut-être même que si j’avais lu un peu plus attentivement l’horoscope du jour ce matin, j’aurais su qu’il était déconseillé pour les verseaux assoiffés de s’aventurer dans la bibliothèque de l’école… mais il est trop tard pour y songer. L’ennui, c’est que je sens mes canines pointer, et connaissant mes habitudes alimentaires, ce n’est qu’une question de temps avant ça ne dérape… Je m’efforce de garder mon calme et éloigne ma camarade. Par chance, la bibliothèque est immense, mais malgré les dizaines de rangées d’ouvrages qui nous séparent, je pourrais sentir son odeur n’importe où et la traquer comme un petit animal. En fouillant ma poche, je remarque que je suis à court de sucettes au sang… c’est bien ma veine. Pour faire diversion, je l’interroge sur la présence des spectres, mais évidemment, aucun d’eux n’est dans le coin. « Sérieusement ? Ils sont morts, c’est pas comme s’ils avaient autre chose à foutre pendant l'éternité, sérieux. » fis-je remarquer, sourcils froncés. C’est pas leur boulot, de faire des rondes dans l’école et d’aller et venir à toute heure du jour et de la nuit ? A Ilvermorny, le fantôme de Sir James était toujours dans le coin pour nous faire la morale, où qu’on puisse se trouver. Et je n’aurais cru dire ça un jour, mais ce vieil aristo snobinard commence à me manquer.

Je tourne en rond, faisant les cent pas autour de cette colonne ornée d’un hibou, repassant en boucle devant le même pupitre qui expose cet exemplaire ancien de je ne sais quel traité magique. Je passe inlassablement ma langue sur mes crocs pointus, tentant de chasser le goût métallique que j’ai en bouche… Silencieusement, je m’ordonne de me contenir, me répétant que je vaux mieux que ça, que je vaux mieux que lui. A l’autre bout de la bibliothèques, vers les rayons consacrés aux aux arts divinatoires, j’entends la voix incertaine de Miss-je-sais-tout s’élever. « Probablement onze heures. Pourquoi, on t’attend quelque part ? » demandé-je, la voix teintée d’ironie. Le couvre-feu est déjà passé depuis belle lurette, une sanction bien salée nous attend, quelle que soit l’heure de la nuit à laquelle on nous trouve là. Quand je pense que je ne pourrais même pas passer aux cuisines me rassasier de côtelettes sanguinolentes sur le chemin du retour ! Je me dis que j’ai envie d’un bon bain chaud. Maxton doit déjà dormir, impossible donc de négocier la moindre escapade nocturne dans la salle de bains qui lui est réservée… A la place, me voilà condamnée à une cure de littérature à une heure où tous mes sens sont en effervescence, à une heure où je pourrais mordre la jugulaire de quelqu’un si je ne faisais pas attention. J’entends la petite formuler une incantation pour allumer la lumière, mais demandant si son rayonnement sera suffisant pour que l’on nous repère… Et tout à coup, à travers les vitraux colorés qui nous séparent du grand escalier, je la devine : une imposante silhouette, celle d’un adulte, manifestement équipé d’une baguette. Mon regard s’illumine. « Petit génie ! On dirait que quelqu’un arrive. » lancé-je à l’adresse de ma camarade, triomphante. J’ai le sentiment que le mauvais sort qui s’acharnait sur nous est sur le point d’être conjuré et cette perspective me réjouit. Mes instincts de prédatrice nocturne n’auront donc pas à prendre le dessus, dans cette bataille perpétuelle que je mène contre eux…

@Sarah C. Davenport
@Septimus Veturia (si tu veux nous rejoindre)

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C’est dans les étoiles que brille la lumière des songes

feat. Agatha Kline & Sarah C. Davenport

Si au début, Septimus avait détesté l’idée de faire des rondes dans l’école, il commençait finalement à y prendre goût. Après tout, la nuit était le seul moment de la journée où le château était calme ; la fraîcheur nocturne imprégnait les vieilles pierres de l’édifice, infusant ses doigts glacés dans les longs couloirs de Poudlard. Contrairement à la plupart des gens, le concierge préférait largement le froid au chaud ; un beau matin d’hiver glacé qui rosissait les joues, c’était ce qu’il préférait. Aussi, il n’avait rien contre ce que d’autres auraient pu qualifier de promenade sinistre – et même déprimante. Il en profitait pour réviser sa cartographie mentale des lieux, qu’il avait largement eu le temps d’oublier depuis sa scolarité (qu’il s’était même efforcé d’oublier, à vrai dire). La seule chose qui le chagrinait avec les rondes, c’était la possibilité de surprendre un élève dehors malgré le couvre-feu. Il n’était pas un grand adepte des punitions et des reproches paternalistes. Mais, eh bien… C’était le job. Il était payé pour ça.

Tandis qu’il descendait prudemment l’escalier, une main agitant devant lui le lent balancement d’une lanterne puissante et l’autre glissant le long de la rambarde en pierre massive, un éclat de lumière attira son attention à travers la fenêtre. Clignant des yeux avec étonnement, il leva sa lanterne pour mieux diffuser son éclairage autour de lui et distinguer deux silhouettes minces derrière les vitraux éclairés une seconde plus tôt. C’était bien sa veine ! Et c’était doublement sa veine, parce qu’en levant sa lanterne à bout de bras, produisant une ombre démesurée derrière lui, il bascula maladroitement en arrière – c’était ça, de ne pas faire attention à ses talons en équilibre précaire sur le bord d’une marche – et il s’en fallut de peu pour qu’il ne dégringole les escaliers sur les fesses ou le dos. Heureusement, si l’on pouvait dire, il avait lâché sa source de lumière dans un cri étranglé pour s’agripper des deux mains à la rambarde ; le bruit de verre brisé résonna tout autour de lui, attirant les regards endormis des portraits sur sa maigre personne.

Septimus poussa un juron en constatant que la lanterne était fichue. Dans un soupir, il jeta un regard alentour, descendit les marches et s’empara d’une longue bougie torsadée posée sur un meuble, dont la flamme tremblait en ombres vacillantes sur les murs. Elle éclairait de façon singulièrement inquiétante son visage anguleux, mais bah, il n’avait rien d’autre sous la main. Il devrait s’en contenter et ramasser les débris de verre lorsqu’il aurait attrapé les deux gamins dans la bibliothèque.

Remontant le grand escalier en direction de la bibliothèque, il se sentit las d’avance à la perspective de gérer deux adolescents en dehors de leurs dortoirs. Mais ne dormaient-ils jamais, ces mômes ? N’étaient-ils pas épuisés par leurs journées déjà bien remplies ? C’était fou, quand même, autant d’énergie.

Parvenant enfin devant la porte de la bibliothèque, il s’empara de l’épais trousseau de clés pendu à sa ceinture et déverrouilla la serrure. Lorsqu’il la poussa d’une paume pâle, il découvrit deux jeunes filles qui n’avaient vraisemblablement pas l’air de passer le meilleur moment de leur vie. Haussant un sourcil aigu en fronçant les sourcils, il leva la bougie pour éclairer un peu mieux autour de tout ce petit monde, balayant automatiquement la pièce pourtant parfaitement en ordre de ses yeux trop clairs. Aucune ne lui rappelait un nom.

— Je peux savoir ce que vous faites là, toutes les deux ? Je vais devoir en parler au directeur de votre maison, soupira-t-il à la simple idée d’ajouter cette pénible tâche à la longue liste de choses à faire demain matin.

D’un geste du bras, il les invita à passer devant lui pour les escorter jusqu’à leur dortoir.

— J’espère que vos petites histoires nous divertiront sur le chemin de votre lit.

Honnêtement, il n’avait aucune intention de leur passer un savon ou de les sermonner. A priori, il n’y avait rien de grave. Le reste, ça regarderait leur responsable. En revanche, il jeta un étrange regard à la plus âgée des deux ; il y avait un il-ne-savait-quoi de perturbant dans son expression, dans la façon dont tout son corps criait une impatience que même lui percevait malgré ses vastes lacunes en matière de langage corporel. Un détail le perturbait et lui travaillait l’arrière du crâne, mais il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.

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C'est dans les étoiles que brille la lumière des songes

Si Sarah était sincèrement reconnaissante de l’intention qu’avait eue Agatha en la réveillant, de part la façon dont celle-ci s’adressait à elle, Sarah doutait d’en faire un jour une amie. De toute façon, elle savait bien ne pouvoir être amie de tout le monde dans l’école. Elle ne répondit pas à la réflexion de son aînée concernant le fait qu’elle ne comptait pas l’abreuver de discours astronomiques même pour passer le temps.

« Je n’y connais pas grand-chose à l’astrologie, c’est vrai. J’aurais donc du mal à évaluer la fiabilité des prédictions qui en ressortent. » fit-elle simplement.

*Je n’aurais pas assez d’une vie pour étudier tous les domaines possibles* pensa-t-elle en elle-même, s’abstenant de faire la réflexion à voix haute pour ne pas froisser son interlocutrice.

Elle avait toujours pensé qu’elle était un peu trop « terre à terre » par certains aspects – et malgré sa tendance à rêvasser – pour la divination ou l’astrologie. Et elle ne se sentait donc pas attirée par ses disciplines. Après, elle prenait la réflexion de sa camarade pour ce qu’elle était, un avis.

« Toi, tu as l’air de t’y connaître dans ce domaine et de t’y intéresser en tous cas » fit-elle avec une certaine douceur.

Bon et parler aussi lui permettait de ne pas penser au fait qu’elle était enfermée et donc de limiter un peu sa crise de panique qu’elle sentait monter en elle.

Alors qu’elle s’était éloignée de son interlocutrice, elles en virent à parler des fantômes qui n’étaient pas dans les parages.

« Oh, ils sont sûrement en train de hanter d’autres couloirs, mais le château est assez grand pour que la bibliothèque ne soit pas forcément leur priorité la nuit »

Sans compter que les dits fantômes avaient peut-être envie de passer du temps entre fantômes sans se préoccuper des étudiants enfreignant le couvre-feu. Il n’y avait que Peeves à sa connaissance que le fait de dénoncer des élèves amusât. Et vu la situation, elle appréciait que ce revenant fut ailleurs dans la bâtisse.

Elle essaya cependant de masquer son malaise à sa camarade avant de lui répondre, reprenant son souffle - aussi naturellement que possible - aussi souvent qu'elle le pouvait :

« Autant que je sache, on est dans la même situation l’une que l’autre par rapport à l’heure. Et non, je n’ai pas de rendez-vous. Je me demandais juste… Dans l’éventualité où j’aurais ce qu’il faut avec moi… Si je pouvais essayer de prévenir quelqu’un qu’on est bloquées là. » répondit-elle.

Mais, s’il était bien onze heures, ses chances de trouver Kathleen réveillée lui paraissaient insuffisantes…
Combien de temps allait-elle encore tenir comme ça ? Telle était la question, selon elle, mais qu’elle n’était pas disposée à partager avec son aînée.

D'autant que plus le temps passait, plus Sarah avait l’impression d’avoir du mal à respirer. Elle savait que c’était l’effet de sa phobie. Tout comme les tremblements qui la parcouraient. Mais, le résultat était qu’elle n’en menait pas large. Sans compter que ce jour de la première semaine de sa première année où elle avait été victime d’une mauvaise blague et s’était retrouvée enfermée intentionnellement par un élève plus âgé dans un cachot lui était revenu en mémoire. Et elle savait pertinemment bien que si elle était encore tout à fait consciente, elle ne le devait qu’au fait de se trouver dans une vaste pièce, de ne pas cumuler le fait d’être enfermée et dans un endroit exigü. Sinon, depuis le temps qu’elle était là, elle aurait sûrement perdu connaissance, comme en première année…

Enfin, Agatha lui apporta une lueur d’espoir. Quelqu’un s’approchait de la bibliothèque.

« Pourvu… Que tu aies raison. Et que cette personne nous repère alors ! » lui répondit-elle.

Lorsque Septimus ouvrit la porte, Sarah était toujours dans son coin, dans un état pas brillant.
Ouf, la porte s’était ouverte ! Elles étaient libérées ! Elle connaissait encore très mal le concierge, mais espérait pouvoir faire appel à un esprit de justice et d’équité de sa part. Si elle devait assumer de s’être endormie là, elle le ferait. S’il racontait qu’il les avait trouvées là à leur directeur de maison, en un sens… Cela lui donnerait peut-être l’opportunité d’évoquer avec Monsieur Alexander sa phobie… Et elle ne doutait pas un instant que ce dernier prendrait des décisions justes. Et au moment présent, elle n’en demandait pas plus. Au-delà de ça, elle n’enfreignait pas trop souvent les règles, ce qui pouvait la servir. Son directeur de maison avait été témoin d’une autre fois, quand elle était en première année et avait trouvé refuge dans la forêt interdite. Le jour de mai où elle elle touchait le fond. Elle se souvenait très bien qu’il avait compris à quel point elle allait mal alors et elle en avait été quitte pour se faire légèrement remonter les bretelles. Elle ne craignait donc pas une réaction disproportionnée de sa part.

« Merci Monsieur » ne put-elle s’empêcher d’exprimer ainsi son soulagement.

Sous-entendu, elle le remerciait de les libérer. D’avoir vu qu’elles étaient enfermées là… Ça pouvait paraître complètement décalé comme réaction, mais elle appréciait sincèrement son intervention, quelques pussent en être les conséquences. Ce qui était révélateur de son état.
Elle respira aussi profondément qu’elle le put, se mordant les lèvres pour ne pas fondre en larmes. La pression retombait, mais ça ne changeait rien au fait qu'elle venait de faire une belle crise de panique.
Elle aurait voulu aller prendre l’air dehors ou à défaut à une fenêtre, mais savait ne pas être en position de demander quelque chose de ce genre, à moins que l’adulte ne remarquât les traces de son malaise. Sinon, même si elle aurait voulu ne pas attendre autant, elle prendrait sa bouffée d’air frais à la fenêtre de la salle commune ou de son dortoir. Elle savait qu’il lui faudrait de toute façon un moment pour être dans un état propice à trouver le sommeil. Même en prenant en compte sa fatigue… qui était visiblement un peu trop marquée.
Son état avait cessé d’empirer dès que la porte s’était ouverte, mais il lui fallait quelques instants pour reprendre un souffle totalement normal et que ses tremblements la laissassent totalement tranquille. Elle se leva cependant, prenant appui sur les étagères les plus proches ainsi que sur le rebord de la fenêtre tout en s’efforçant de garder contenance, comme elle le faisait depuis toujours.

« Je n’ai pas voulu enfreindre le règlement ni le couvre-feu. J’ai mal évalué certains facteurs… et je me suis endormie sur ma lecture. Ma camarade n’est responsable que du fait d’avoir voulu me réveiller. D’avoir voulu qu’on quitte la bibliothèque toutes les deux avant sa fermeture… Mais, je ne me suis pas réveillée assez vite… » fit-elle, avec franchise. Elle pensait que là, la vérité était sa meilleure carte, leur meilleure carte. Après tout, ce n’était pas la même chose d’avoir raté le couvre-feu pour s’être endormie à un endroit peu adapté, d'avoir voulu rendre service à une camarade ou d’avoir voulu faire une promenade nocturne… Elle espérait ainsi limiter autant que possible les ennuis, d'abord pour Agatha, ensuite pour elle-même.

(c) Kira pour Never Utopia

Hors-Jeu:

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... brille la lumière des songes ?

C
oincées dans cette bibliothèque de malheur, nous ne tomberons de toute évidence pas d’accord, mon interlocutrice et moi. C’est dommage qu’il n’y ait pas de presse people dans toute cette mine de savoir, je lui aurais bien montré à côté de quoi elle passe, mais visiblement il n’y en a que pour les biographies de savants fous et les encyclopédies sur des sujets qui n’intéressent personne. Je laisse mon regard vagabonder en direction des rayons, laissant un doigt passer sur la tranche des livres, leur ôtant une file pellicule de poussière sur laquelle je souffle. « Bien sûr que c’est fiable, ce sont quand même des spécialistes qui les publient. » Et dans Sorcière Hebdo, qui plus est ! Pour elle qui s’intéresse à ce qui se passe dans les étoiles, elle devrait le savoir, non ? Tenez, pour preuve : la semaine dernière mon horoscope m’annonçait justement que je ferais une rencontre des plus déplaisantes, et voilà que le midi-même je vois le prof de sortilèges et son air renfrogné assis à ma table aux Trois-Balais, vous ne trouvez pas que c’est plus qu’une sacrée coïncidence ? Enfin si mon interlocutrice parvient à faire preuve de pragmatisme, moi je commence à m’impatienter. Mes pas se font de plus en plus rapides tandis que je continue à tourner nerveusement autour de cette fichue statue… L’espoir de voir venir quelqu’un faiblit, mais l’apparition fugace d’une silhouette à travers les vitraux me surprend. Un bruit sourd se fait entendre, et je m’empresse de rejoindre ma camarade, refoulant mes envies de planter mes dents dans son cou tendre. Un cliquetis sonore se fait entendre du côté de la serrure dans la grande porte, et j’attends avec impatience de la voir s’ouvrir. Je m’empresse de m’extirper de ce lieu maudit et retrouve avec plaisir les couloirs lugubres parsemés de tableaux moyenâgeux… La vie est plutôt ironique, chers lecteurs : si mon horoscope m’avait dit un jour que je devrais mon salut au concierge de l’école, je ne l’aurais pas cru ! Vous imaginez, vous, votre ange gardien apparaître sous la forme du personnel de ménage ? Une fois face à lui, je le détaille de haut en bas, me retenant de juger son style vestimentaire puisqu’il nous a tout de même sauvées, et lui adresse un regard illuminé. « Ouf, merci, vous imaginez pas l’angoisse que c’était, là-dedans ! » m’exclamé-je en me ruant dehors. Passer toute une nuit en compagnie de tomes volumineux de livres inintéressants, je ne vous raconte pas le cauchemar… ! Imaginez, sur le coup de l’ennui, j’aurais pu être tentée d’en ouvrir un, pensez aux idées suicidaires que cela m’aurait sans doute inspiré. En fin de compte, tous ces intellos boutonneux ont bien du mérite à fréquenter ce lieu de leur plein gré, même si j’imagine que c’est surtout parce qu’ils n’ont pas d’amis…

Maintenant, vient l’heure des problèmes : autour de nous, les couloirs sont obscurs, seule la lumière de la baguette de Sarah apporte un peu de vie à la nuit noire. Notre sauveur va guère tarder à devenir notre bourreau et déclare vouloir parler à notre directeur de maison… Je prends un air offusqué, mais heureusement, c’est ma camarade d’infortune qui s’exprime à ma place. « Oui, c’est exactement comme elle dit, je n’étais que de passage. D’habitude, je n’ai jamais de problème, alors vous pensez bien que pour moi, c’est particulièrement saugrenu, comme situation ! » minaudé-je en espérant que le poisson prendrait. Allez quoi, j’espère que ce type va bien se rendre compte que nous n’organisions pas de soirée mousse dans cette foutue bibliothèque ! Par pitié, il est vingt-trois heures et je n’ai pas envie de d’ôter le premier bouton de ma chemise pour obtenir gain de cause ou lui faire mon numéro de la collégienne en uniforme. Je sais que les vieux pervers dans son genre ne se priveraient pas pour se rincer l’oeil, mais je commence à être fatiguée avec toutes ces émotions ! Regardez comme j’affronte cette situation avec dignité alors que je meurs d’envie d’un bon bain chaud et que je devrais déjà avoir appliqué mon masque de nuit à l’eucalyptus… Enfin, au bout de quelques secondes, je me rappelle tout de même de la présence de la jeune Gryffondor à mes côtés, et daigne prendre la parole à son sujet : « Mais disons que ma camarade a fait ce qu’elle a pu pour nous sortir de là. » Avec un peu de chance, en elle réchappera aussi ! C’est que même si elle est un peu étrange, cette fille-là, elle n’est pas méchante. Sa vie doit être déjà bien assez morne avec tout ce qu’elle lit à longueur de journée, ce serait cruel de lui infliger une retenue en prime, vous ne trouvez pas ? En ce qui la concerne, sa punition c’est déjà en quelque sorte son existence, pas besoin d’en rajouter. Je reviens à notre interlocuteur, en battant des cils. « On peut y aller, monsieur ? Il y a cours demain, vous savez. » trouvé-je judicieux de rajouter, espérant que cela ferait pencher la balance en notre faveur. C’est qu’après tout, il n’est pas encore trop tard, pour espérer se réveiller avec le teint frais. Oh, et s’il pouvait nous escorter jusqu’au dortoir, ce serait parfait !

@Sarah C. Davenport
@Septimus Veturia (si tu veux nous rejoindre)

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C’est dans les étoiles que brille la lumière des songes

feat. Agatha Kline & Sarah C. Davenport

De prime abord, Septimus s’était laissé déstabiliser par le calme des lieux et la mine défaite des adolescentes qu’il avait chassées de la bibliothèque. Mais il y avait une raison bien simple à cela : c’est que, si l’on en croyait les dires des jeunes filles, aucune ne s’était trouvée là de bon cœur ou par malice. Elles s’étaient retrouvées enfermées entre les rangées de livres poussiéreux ! C’était quand même embêtant, cette affaire. Comment le bibliothécaire avait-il pu oublier des élèves entre les murs du lieu dont il était le gardien ? Ce n’était pas au directeur de Gryffondor qu’il devrait s’adresser, mais plutôt au directeur tout court. On pouvait oublier des livres, mais des ados… C’était quand même un poil plus encombrant et bruyant. Mais enfin… !

Oublier des élèves, s’insurgea-t-il intérieurement, scandalisé.

Et puis, il était assez tenté de les croire étant donné la configuration dans laquelle il les avait surprises et la politesse très reconnaissable de la cadette – il l’avait rarement croisée, mais elle l’avait systématiquement salué. Il fallait vraiment qu’il essaye de retenir les noms de toutes ces petites têtes blondes. Ça lui serait quand même plus pratique pour les interpeller dans les couloirs, plutôt que de lancer un « Eh ! Toi, oui, machin là, avec les cheveux tressés ! » D’autant qu’il n’avait pas une mémoire folle des visages ; il ne pouvait pas compter là-dessus pour offrir un portrait-robot fidèle à l’un de ses collègues pour retrouver le nom du filou ou de la filoute.

Quoi qu’il en soit, il les dévisagea tour à tour avec une mine sceptique. Les excuses de la plus âgée lui paraissaient franchement à la limite de la moquerie, mais il n’en était pas très sûr. Après tout, il ne la connaissait pas et il percevait mal le second degré. De toute façon, être sur la défensive n’était pas la bonne attitude à avoir.

— Vous étiez enfermées ? répéta-t-il en fronçant les sourcils, jetant un œil noir à la porte de la bibliothèque comme si elle l’avait gravement offensé. C’est embêtant. Et ce n’est pas votre faute, ne vous inquiétez pas.

La plus petite des deux élèves paraissait d’ailleurs étrangement affectée par cet épisode inopiné ; il avait envie de se montrer rassurant, pas autoritaire. Il ignora la remarque concernant les cours et ne prêta aucune attention à la façon dont l’aînée battit des cils dans sa direction, songeant d’un air soucieux qu’elles devaient non seulement avoir raté le dîner, mais être fatiguées et assoiffées d’avoir passé tant de temps dans un lieu si poussiéreux. En tout cas, lui aurait soif, à leur place. Son front se lissa en même temps qu’un sourire éclairait ce visage jusqu’ici froissé de fatigue et d’ennui, indiquant le couloir du bout de sa chandelle torsadée.

— Vous devez avoir faim et soif ! s’exclama-t-il. Vous avez eu le temps de dîner, avant d’être enfermées ? Venez, je vous emmène faire un tour aux cuisines pour votre peine. Une tisane et au lit ! Je passerai cette fois l’éponge sur l’heure, ajouta-t-il en ouvrant la marche sans un regard en arrière.

Septimus n’était pas ce genre de personne qui attendait qu’on la remercie pour quelque chose qui lui paraissait tout aussi naturel qu’évident. Il faisait plutôt partie de celles qui proposaient toujours une tasse de thé en cas de souci – on ne savait jamais, des fois que la chaleur et l’hydratation résolvent la faim dans le monde.

Quelques escaliers plus tard et deux ou trois enfilades de corridors interminables comme seul Poudlard en réservait à ses habitants, la petite équipée fit un crochet aux cuisines pour offrir la pitance promise par le concierge. Qu’elles aient faim ou soif importait peu, finalement ; les elfes de maison étaient ravis de voir Septimus, qui se montrait toujours très avenant avec eux, et n’eurent aucun mal à prodiguer de quoi ragaillardir ces jeunes filles égarées. Il apprit ainsi qu’elles se nommaient Sarah et Agatha. N’étant pas un très grand amateur de small talk, Septimus s’intéressa davantage à un souci de fourneaux exposé par les elfes qu’aux adolescentes, leur laissant tout loisir de prendre ce qu’il fallait tandis qu’il se penchait sur le problème. Il fallait également avouer qu’il attendait avec une certaine impatience le dénouement que lui avait promis Misty, une elfe de maison avec laquelle il avait sympathisé, concernant un début de romance entre deux élèves de troisième année. La plupart du temps, les gens sous-estimaient bien trop la mine d’informations que représentaient les elfes ; le concierge, lui, les mettait très largement à profit pour satisfaire son plaisir coupable le plus délectable, les ragots. Cependant, il ne pouvait pas s’étendre éternellement devant les Gryffondors attablées sans avoir l’air d’une commère invétérée – ce qu’il était, en toute honnêteté. Bah, il verrait ça demain. Il en avait le temps, maintenant qu’il n’avait plus à faire un rapport pénible à Jaimie.

S’assurant que tout le monde avait terminé sa tisane – pas de thé avant de se coucher, voyons –, qu’il avait posée devant chacune des jeunes filles avec une certaine autorité (vous savez, celle-là même qu’a votre grand-mère quand elle vous demande de reprendre de la tarte parce que franchement, vous êtes maigre), il frotta ses mains mécaniquement en leur indiquant qu’ils pouvaient lever le camp vers la tour de Gryffondor.

Il ne leur laissa pas vraiment d’autre choix que de se coucher, le ventre plein et au chaud, en sécurité dans leurs lits. Même si, il devait l’avouer, Septimus demeurait assez troublé par certaines impressions dégagées par les deux gamines. Un sentiment dérangeant de familiarité le tenaillait depuis qu’il avait surpris une certaine mélancolie dans le regard de Sarah et quelque chose grattait toujours furieusement dans un recoin de sa tête concernant Agatha. Peut-être était-ce simplement la fatigue, après tout. Ou peut-être leurs chemins se recroiseraient-ils pour des raisons tout à fait différentes.

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C'est dans les étoiles que brille la lumière des songes

Si passer la nuit au milieu des livres ne l’aurait pas dérangée en soit, il n’en était pas de même pour le fait de passer une nuit complète enfermée, même dans la bibliothèque. Si elle fut plus discrète qu’Agatha dans l’expression de soulagement, celui-ci n’en était pas moindre pour autant. Elle n’aimait juste pas attirer l’attention sur sa claustrophobie.

Si défendre sa compagne d’infortune avait été une évidence pour la jeune rouge et or – elle ne connaissait certes pas le programme de la soirée de son aînée, mais elle savait qu’aucune d’elles n’avait eu l’intention de passer la nuit là -, elle apprécia tout de même le fait que celle-ci en fît de même pour elle, même si Sarah estimait n’avoir pas été d’une grande efficacité pour les sortir de là. Comme trop souvent, elle s’était sentie privée de ses moyens, perdue, incapable d’aligner des pensées censées, cohérentes,…

Elle aurait voulu acquiescer d’un signe de tête plutôt que de répondre concernant le fait d’avoir été enfermée dans la bibliothèque – pour mieux éviter de mettre en avant son état -, mais elle fit tout de même l’effort, après avoir pris de nouveau sa respiration pour maîtriser sa voix, de formuler un simple :

« Oui, c’est ça. »

Elle fut surprise lorsqu’il dit que ce n’était pas de leur faute. D’avoir enfreint le couvre-feu, pas vraiment, mais elle s’estimait quand même responsable de la situation dans la mesure où il lui aurait suffit de quitter les lieux aux premiers signes de fatigue pour éviter ce qu’il s’était produit : elle aurait donc dû s’écouter davantage.

« Pour ma part, oui. J’ai pu dîner. » lui répondit-elle.

Elle ne savait pas ce qu’il en était de son aînée et n’allait donc pas répondre à sa place sur ce point.

Elle comprit bien vite que non seulement elles ne seraient pas punies pour cette infraction au règlement, mais qu’en plus, le concierge essayait de faire ce qu’il pouvait pour les rassurer, les réconforter, les empêcher de rester sur le souvenir de la porte close.

« Merci Monsieur » fit-elle une nouvelle fois, toujours aussi polie.

Elle s’était tenue prête à assumer ses erreurs, mais ne pouvait qu’apprécier d’être passée entre les mailles du filet. Au moins cette mésaventure ne pénaliserait-elle pas leur maison. Elle comprenait cependant bien qu’il faisait une exception pour cette fois et qu’il ne fallait pas non plus jouer avec le feu.

Quand ils se retrouvèrent tous les trois au sous-sol, comme toujours dans cette partie du château, la jeune Davenport sentit une légère oppression, peut-être même un chouillas plus forte qu’à l’accoutumée. Elle n’aimait vraiment pas cette partie du château. Elle y ferait face, comme d’habitude.

Et puis, une chose était d’estimer qu’il fallait qu’au moins un adulte fût au courant pour sa phobie – et même si elle se disait que le psychologue scolaire saurait peut-être lui suggérer des outils pour mieux vivre cela, dans l’immédiat, elle pensait plus à son directeur de maison – une autre était de le révéler à toutes les personnes qu’elle croisait. Elle avait déjà été bien assez gênée par l’article qui était sorti dans le Petit Croâsseur qui la concernait, durant sa première année…

Une fois à la cuisine, elle accepta la tisane que souhaitait leur faire boire le concierge. Après tout, ça l’aiderait peut-être à se détendre et se réhydrater ne serait pas une mauvaise chose en soit. Et elle demanda également un peu de chocolat aux elfes de maison, le tout avec douceur, respect et politesse. Elle le demandait davantage comme une faveur que comme quelque chose qui lui était dû.

Si en temps normal, Sarah pouvait être un véritable moulin à paroles, elle avait d’une part, appris à respecter le fait que son prochain pût apprécier le silence ou ne pas vouloir discuter et d’autre part, Septimus n’était pas loin du compte en estimant qu’elle devait être fatiguée : elle l’était nerveusement parlant après avoir paniqué et pris sur elle pendant tout ce temps.

Elle laissa donc l’adulte s’intéresser aux elfes et resta disponible pour sa compagne d’infortune, non sans lui glisser à elle aussi un « merci » discret, qui était autant celui d’avoir voulu lui éviter tout cela que d’avoir voulu qu'on lui épargnât une trop dure sanction.

Quand l’excursion aux cuisines fut terminée, elle apprécia le fait que le concierge les raccompagnât jusqu’à leur tour. Être en présence d’un adulte éviterait sans doute des scènes gênantes dans le cas où elles viendraient à rencontrer quelqu’un dans les couloirs.
Une fois de retour dans son dortoir – dans une tentative d’être le plus discrète possible – elle ouvrit la fenêtre pour respirer de l’air frais. Ce n’est qu’après cela et avoir refermé la fenêtre qu’elle se coucha.

(c) Kira pour Never Utopia

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