Dans la campagne environnant le petit village irlandais de Roundstone, il y a un ancien monastère. Celui-ci n'est plus un lieu de culte depuis bien longtemps, mais accueille au contraire un atelier de fabrication d'instruments de musique traditionnel. Si l'objet de fabrication principal de cet atelier est le bodhran, un tambour celte que l'on peut entendre lors des riverdances, un vieil homme bourru mais sympathique y a très longtemps fabriqué des violons traditionnels. Dès son plus jeune âge, son petit-fils, un jeune rouquin nommé Odran Collins, aimait se tenir derrière son épaule pour le regarder travailler. Alors, il se fit un devoir de lui transmettre son savoir-faire et ses plus belles mélodies, sachant qu'un jour, l'enfant assurerait la relève de cet art ancestral.

Quelques années plus tard, alors qu'Odran avait neuf ans, les McAmhalghaidh, une famille de touristes écossais, débarqua en plein mois de juin dans ce petit village où les visiteurs étaient pourtant rares, même durant la saison touristique. Ils avaient acheté là une maison au bord de la mer pour y passer leurs vacances.

Dès le premier jour, ils allèrent visiter le port du vieux village pêcheur et l'ancien monastère. Ils sympathisèrent avec le vieux Collins, qui porta Odran volontaire pour faire visiter à Jamie Roundstone et ses alentours. Les deux gamins devinrent inséparables, passant l'été entier à explorer les alentours et à faire les quatre cent coups. Six étés d'affilée, les McAmhalghaidh vinrent passer quelques jours à Edinburg, et six hivers d'affilée, les garçons se retrouvèrent comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. L'été de leurs quatorze ans, Odran repartit même avec Jamie, pour passer une dizaine de jours à Edinburgh en sa compagnie.

Et puis, l'été suivant, Jamie ne revint pas, et la maison de Roundstone fut vendue par un agent immobilier. Peu de temps après, Odran reçut une lettre de son ami : les McAmhalghaidh divorçaient. Malheureusement, cette lettre fut la dernière car, comme cela arrive parfois, ils perdirent contact lors du déménagement. Odran reprit sa vie comme autrefois, apprenant avec son grand-père tous les soirs après l'école.

Jamie, lui, se retrouva à faire des allers-retours entre le nouvel appartement de son père à Edinburgh et la maison de sa mère, à Melrose, une ville d'Ecosse chargée d'histoire qui le conforta dans la passion qu'il s'était découvert au coeur de la campagne irlandaise.

Les années passèrent, et enfin, le vieux Collins prit sa retraite, et Odran lui succéda. Jamie, lui, finit par aller étudier l'histoire à l'université d'Edinburgh. Et finalement, il fit sa thèse de doctorat sur les monastères celtes et leur impact sur la fondation des villages anciens. Et finalement, ses recherches le menèrent jusqu'à un petit village dont il avait oublié le nom, mais dont il aurait reconnu les collines verdoyantes entre mille : Roundstone.

Onze ans plus tard, Odran et Jamie avaient bien grandi. L'espiègle gamin irlandais était devenu jeune artiste élancé et mystérieux, qui jouait des airs envoûtants comme ceux d'un fey des récits d'antan. Le grand écossais curieux et bavard s'était changé en historien robuste et barbu, amateur de kilts, et de légendes qu'il contait avec un talent indéniable. A nouveau, ils se retrouvèrent comme si c'était hier... ou presque. Car le brun faisait désormais rougir le roux, et le roux faisait perdre ses mots au brun. Ils n'étaient plus des enfants, mais de jeunes hommes - de jeunes hommes qui tombèrent amoureux.

Trois ans plus tard, en mai 2015, l'Irlande légalisait le mariage homosexuel sous un gigantesque arc-en-ciel. Odran et Jamie se marièrent le 14 février 2016. Quelques mois plus tard, ils faisaient une demande d'agrément dans le but d'adopter et d'élever ensemble une famille. Au début, comme souvent dans ces cas-là, les démarches se révélèrent laborieuses. Et même une fois le dossier accepté, encore fallait-il qu'un enfant adoptable leur soit attribué. Finalement, la chance leur sourit de la plus terrible des manières...

Car Jamie avait deux nièces, nées de la folle romance entre sa petite soeur et l'amour de lycée de celle-ci. Ils les adorait, ses nièces, mais elles vivaient en Ecosse, et lui, en Irlande. Alors, il ne les avait vues q'une fois : d'abord, lorsque sa soeur avait accouché à l'hôpital de Galway durant des vacances à Roundstone, trois semaines avant la date prévue et la veille du retour en Ecosse, à la surprise générale. Et depuis, quelques fois lors d'appels skype avec sa soeur - mais cela comptait-il réellement ?

A l'approche de Noël 2017, Jamie se faisait donc une joie de voir arriver sa soeur et ses nièces (et le conjoint de sa soeur bien sûr, mais ça, ça ne lui faisait ni chaud, ni froid). Mais quelque jour avant qu'il soit temps d'aller les chercher à l'aéroport, il reçut de la part de sa mère un appel fatidique : Anne et Sheldon avaient été embouti par un camionneur ivre mort.

Et les filles ? Est-ce qu'elles vont bien ? Telle fut sa première pensée, sa première question - une inquiétude partagée par Odran. Ils décidèrent de partir en Ecosse au plus vite.
Comment ça, on était en décembre et les vols étaient complets ?
Et bien, ils partirent en pleine nuit, roulèrent jusqu'à Belfast, où un cousin d'Odran installa leur voiture dans la cale de son ferry et leur fit traverser la mer d'Irlande. Et là, ils reprirent la route jusqu'à Edinburg, jusqu'à finalement arriver à l'appartement d'Anne et Sheldon, où la grand-mère McAmhalghaidh avait pris le relais de la baby-sitter dès qu'elle avait été prévenue.

Jamie et Odran restèrent à Edinburg quelques temps, pour s'occuper des jumelles et mettre en ordre les affaires d'Anne et Sheldon. Ce dernier était fils unique, et les grand-parents étaient décidément trop vieux pour élever deux bébés. Alors, ils devinrent la famille d'accueil des jumelles et, une fois les démarches terminées, ils les adoptèrent et rentrèrent en Irlande avec elles. Après tout, Anne avait nommé chacun d'eux parrain d'une de ses filles, et elle aurait voulu qu'ils veillent sur elle s'il lui arrivait quelque chose.

Elles étaient peut-être leurs nièces, mais très vite, sans doute en partie par imitation des autres enfants et de la manière dont Jamie s'adressait à son père, elles commencèrent à les appeler Daid et, même s'ils avaient placé dans la maison des photos de leurs parents biologiques et que Jamie leur parlait parfois d'Anne, ils n'avaient pas le coeur à les contredire. Cependant, il n'était pas très pratique de les appeler de la même manière. Aussi convinrent-ils finalement qu'Odran serait Daid et Jamie Paw - respectivement les versions irlandaise et écossaise de "Papa".

Les jumelles grandirent donc dans la campagne irlandaise où leurs pères adoptifs avaient leurs plus beaux souvenirs de jeunesse, faisant les quatre cent coups, explorant le vieux monastère et la lande, et inventant ensemble des gadgets délirant. Rose aimait les tester, Iris préférait lire des livres pour comprendre ce qui n'avait pas marché le cas échéant. Rose était tout autant la première à veiller sur Iris que la première à l'entraîner dans des aventures - et, parfois, des bêtises. Et le soir, au coin du feu, Daid jouait de la musique traditionnelle irlandaise et Paw racontait les histoires les plus fantastiques.

Des contes et légendes issus des folklores des terres celtes et d'ailleurs, des mythes antiques, et la vie de personnages historiques comme Leonard de Vinci, mon préféré. C’était décidé : comme lui, j'inventerais un jour quelque chose qui me permettrait de voler.

Des inventions, on en avait un paquet. Certaines étaient très simple, comme l’attrappe-feuilles qui évitait à nos pères de ratisser la cour en automne, ou un peu plus technique, comme le ventilateur de cuillère qui nous évitait de souffler sur la soupe. D’autres étaient complètement délirantes, mais généralement au stade de prototypes miniatures inachevées, voire de croquis et calculs dans des carnets.

C’est il y a deux ans, pour Noël 2026, qu’on a lancé notre première invention d’envergure. On voulait préparer un cadeau unique en son genre pour nos pères, classe, amusant, mais surtout utile. Et c’est une boutade entre eux qui nous a donné l’idée de génie : Daid se plaignait que Paw ne montait pas le voir à son atelier - dans l’ancien monastère à quelques centaines de mètres de la maison - quand il venait pour y consulter les livres de la bibliothèque, au rez-de-chaussée. Paw plaisantait qu’après avoir grimpé la colline, les marches le fatiguaient trop.

Alors, on a décidé de lui fabriquer un siège monte-escalier. Iris s’est lancée dans des bouquins, moi, dans des vidéos sur internet. Et finalement, on a bricolé un circuit en consolidant et agençant les rails de notre train miniature. On y a installé ma vieille chaise de bureau – de toute manière, elle ne servait jamais – à part comme bac à linge sale – car je travaillais soit affalée sur mon lit, soit debout devant le bureau, soit par terre, en prenant toute la place et en changeant de position toutes les deux minutes. Enfin, on a dépiauté une voiture radiocommandée qu’on avait, et on a connecté le moteur à l’installation de manière à ce qu’il puisse contrôler la chaise.

Notre invention était géniale, et on était les meilleures, on en était convaincues. On était si fières ! J’ai convaincu Iris de la tester avec moi, et le 23 décembre, en haut de l’escalier, on s’est installées, elle devant et moi derrière. J’ai appuyé sur le bouton… Et rien ne s’est passé. Ah non, alors ! De l’élan, peut-être ? J’ai donné une impulsion avec mon pied… et la chaise est partie à toute vitesse. Au tournant de l’escalier, elle a déraillé. Iris a valsé, et moi, je suis tombée en hurlant dans l’escalier, que j’ai dévalé jusqu’en bas avant d’atterrir sur les fesses, avec plus de peur que de mal. Et là, j’ai vu le moteur de la petite voiture tomber vers moi à toute vitesse. J’ai levé les mains pour protéger ma tête de ce projectile métallique… Et soudain, il a interrompu son arc de cercle pour s’immobiliser en l’air. Je l’ai observé un instant, stupéfaite… Puis Paw a poussé un cri de surprise, le moteur est tombé au sol à la verticale. Je suis restée choquée un instant, puis j’ai cherché Iris des yeux : elle était dans les bras de Paw, l’air aussi choquée que moi.

Vous l’aurez compris, c’était l’apparition officielle de nos pouvoirs. Mais bien sûr, nous ignorions tout de la magie, à part les légendes que nous racontaient Paw et Daid – et si Daid, en bon irlandais, semblait parfois à moitié sérieux lorsqu’il parlait du petit peuple, Paw veillait à ce que nous connaissions bien la différence entre récit et connaissance historique. Alors bien sûr, il conclut qu'Iris n’avait sans doute pas vraiment volé, juste été emportée par son élan. J’ai alors décidé de ne dire à personne d’autre qu’à Iris ce qu’avait fait notre moteur, jusqu’à ce que j’ai réussi à comprendre ce qui s’était passé.

A partir de là, nos pères ont commencé à surveiller nos expériences de très près, et on a eu interdiction formelle de les tester dans leur accord et leur supervision. Mais ils n’avaient rien contre « le jonglage avec des pommes » et c’est sous ce prétexte que j’ai mené mes expériences pour comprendre ce qu’il s’était passé. Le moteur avait volé, et si je pouvais comprendre comment, alors je pourrais comprendre comment moi aussi, je pouvais voler, ou créer un engin volant. Mais mes expériences ont été infructueuses…

Et l’été dernier, on a enfin eu l’explication. Nous étions… des sorcières. C’était complètement délirant. On a eu un peu de mal à y croire, et nos pères encore plus – surtout Paw pour quo les sorcières n’étaient qu’un mythe inventé à la renaissance pour empêcher les femmes d’accéder à des positions d’influence. Mais après réflexion, j’ai conclu que c’était aussi la seule explication rationnelle.

En septembre, nous sommes donc allées à l’école. Non pas notre petite école, où nous étions dans la même classe et fréquentions les mêmes amis, mais une école de magie nommée Poudlard, un monde nouveau avec de nouveaux amis, certains communs, et d’autres non. Savoir que pour la première fois, je ne pourrais pas dormir dans le lit voisin de celui de ma sœur m’a fait un choc – mais à Poudlard, il y a des dortoirs qui correspondent à quatre maisons, et même au sein d’une maison, on ne choisit pas forcément où on dort.

Nos expériences et inventions ont poursuivi de plus belle, mais très différemment, puisque la technologie ne marche pas ici. J’ai fait des hypothèses et des tests répétés sur mes pouvoirs tandis que Rose, elle, a plongé plus que jamais dans les livres. Franchement, sa patience et sa rigueur forcent le respect.

Et surtout, j’ai commencé à suivre des cours de magie plus intéressants les uns que les autres. Parmi eux, mon préféré : le cours de vol. Et oui, ça y est : j’ai appris à voler…

Iris Collins - Soeur Jumelle : Iris est née quelques minutes seulement après Rose et pourtant un jour plus tard, le 21 juin, et même une saison plus tard, puisque minuit a marqué le passage du printemps à l'été. Quelques minutes, ce n'est rien, mais une saison, c'est beaucoup. Rose a toujours considéré qu'Iris est son adorable petite soeur, sur qui elle doit veiller. Elles sont très proches, âmes soeurs fraternelles, et Rose n'imagine pas sa vie sans Iris.

Odran Collins - Daid (Père adoptif) : Daid est un musicien aussi rêveur que Paw est bon vivant. Ils nous a joué de la musique et chanté des berceuses en gaélique dès la première nuit qu'on a passé avec lui, et il le fait toujours bien volontiers. Apparemment, c'est lui que notre mère avait choisi pour être mon parrain. Il a promis de m'apprendre comment il fait les violons celtiques quand je serais plus grande. Il parle peu, mais il est très affectueux.

Jamie McAmhalghaidh - Paw (Père adoptif) : Paw est un véritable papa poule, toujours là quand on a besoin de lui. Apparemment, c'est lui que notre maman biologique, Anne, avait choisi pour être le parrain d'Iris. J'adore écouter ses histoires, mais je n'ai pas la patience pour les livres qu'il partage avec ma soeur. Cela dit, je l'aime énormément, et j'adore en apprendre plus sur Leonard de Vinci avec lui. Il a toujours répondu à toutes mes questions sur nos parents qui apparaissent dans ces photos de nous bébés, car il considérait important que l'on sache d'où on vient. Il a une personnalité très joviale, et j'aime beaucoup danser avec lui - surtout sur les airs de Daid.

Ensemble, ils sont les meilleurs papas du monde.

Vinci - Chien : Quand on enfin eu le droit d'avoir un animal, Iris et moi avons eu un mal fou à nous mettre d'accord. Elle voulait un chat pour se lover sur ses genoux quand elle lisait, et moi, un chien pour courir dans la lande à mes côtés. Au final, ils nous ont cédé à toutes les deux, et j'ai eu Vinci, un magnifique berger australien joueur et câlin, mais qui ne rechigne pas à faire une petite sieste de temps en temps. Rose, elle, a eu un chat nommé Leonard.

Vinci:

décris la famille de ton personnage en un minimum de 150mots  

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