Un pour tous et tous pour un

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Un pour tous et tous pour un
fêtons notre défaite

ft. @Caleb P. Avery, @Carla P. Yaxley, @E. Murphy Leonhart & C. Junior d’Archambault

Mes lèvres effleurèrent celles d'Erin dans l'obscurité d'un couloir tranquille et je l'abandonnai à sa soirée pour rejoindre la mienne. J'avais vu dans son regard toutes les moqueries et les incompréhensions du monde lorsque j'avais arraché quelques notes ensorcelés de leur bloc fourré dans mon sac et rédigé, la tête posée sur ses genoux et ses doigts perdus dans mes cheveux, une brève invitation à l'adresse de mes coéquipiers. Je n'avais jamais été très friand des retrouvailles du genre, préférant célébrer mes victoires dans le calme de notre intimité plutôt que dans les démonstrations braillardes d'une joie trop grande pour avoir l'air sincère... mais là... puisqu'il était encore possible de trier sur le volet les invités... Loin de moi l'envie d'exclure qui que ce soit, bien sûr, j'étais un modèle d'ouverture d'esprit et d'espoirs d'inclusion, tout le monde le savait, mais notre chère capitaine n'ayant pas donné signe de vie à la suite de ce match, allant sûrement maudire l'humanité toute entière pour sa seule nullité, j'avais décidé de prendre son silence pour une envie de rester seule et, grand Seigneur, j'étais bien décidé à la respecter. Ce n'était pas que je n'avais pas fait l'effort de l'inviter, c'est que j'avais lu entre les lignes, voilà tout. Et puis, sincèrement, qui la voudrait parmi nous ? Sans même parler de son sang, cette fille était imbuvable ! Une soirée agréable passait nécessairement par son absence, une absence que je n'avais même pas pris la peine de cacher auprès de Caleb lorsqu'il s'était enquis du monde qui nous accompagnerait et qu'il n'avait pas daigné relever. Nous étions d'accord, c'était déjà une bonne chose.
Sur le chemin de ma salle commune, je fis un détour par les cuisines, comme convenu. Un elfe me jeta un regard mauvais, baragouinant quelque chose qui devait sûrement ressembler à des plaintes sans intérêt contre les élèves qui se croyaient chez eux. N'était-ce pas le cas ? N'étais-je pas chez moi ? Ne l'étais-je pas même davantage encore maintenant que l'école toute entière appartenait aux Sørensen ? Les esclaves n'étaient décidément plus ce qu'ils étaient ! Toujours à donner un avis que personne ne leur avait demandé, à se fendre de remarque qu'ils n'auraient même pas dû oser penser !

— Je pourrai te faire empailler pour moins que ça, soufflai-je d'une voix tranquille comme si je venais de le saluer poliment.

Son regard soutint le mien une seconde de plus avant qu'il ne reprenne le cours de ses corvées. Mieux. Qu'il réalise donc où était sa place ! Heureusement, à côté, un autre se perdait en courbettes pathétiques, ses oreilles démesurées tombant à moitié dans une cuvette pleine d'eau. Je ne sais pas si c'est la crainte de voir sa tête décorer le dessus d'une cheminée – qu'il se rassure, j'avais des goûts plus sûrs en matière de décoration, merci Merlin ! – ou la simple envie de faire correctement son travail mais il accepta de nous préparer de quoi grignoter, un pichet de jus de citrouille et une théière fumante. Le reste, Caleb était censé s'en charger, à condition que la petite Murphy, du haut de ses douze ans, n'y pose pas un doigt. Quelques secondes de plus et il accepta même d'effectuer la livraison directement sur place, ce qui m'éviterait de passer dans la salle commune les bras chargés sous les regards curieux des gueux affamés qui commençaient à souiller nos murs. Moins nous attirerions l'attention, mieux c'était. Évitons de donner à n'importe qui l'idée de s'incruster...
La porte de notre nid grinça, faisant tourner quelques têtes dans ma direction, mais je me contentai de lever les yeux au ciel avec une lassitude évidente et de filer droit sur les escaliers. Le hasard sembla se satisfaire de ma façon de faire puisqu'il me mit sur le chemin de l'une de mes coéquipières descendant les marches menant aux dortoirs des garçons. Je me glissai à sa hauteur, un sourire amusé et amical sur les lèvres.

— Pressée de nous retrouver, à ce que je vois.

Je pouvais comprendre tant l'ambiance était morose dans la salle d'à côté. Il fallait croire qu'on les avait trop habitué à briller et qu'une défaite les poussait entre les griffes acérées de la dépression. Il ne fallait pas exagérer, tout de même, ça n'était qu'un jeu ! Si l'un des membres les plus anciens de l'équipe – parmi ceux qu'il restait en tout cas – se fichait éperdument de gagner ou pas, le reste de la maison pouvait en faire de même ! J'avais bien conscience que les échecs de notre équipe ne m'impactaient que très peu, je n'avais jamais envisagé une carrière dans le sport et, quand bien même ça aurait été le cas, rares étaient les fois où je ne me distinguais pas d'une manière ou d'une autre, qu'il s'agisse d'un but brillamment marqué ou d'une passe décisive. Sans prétention aucune, j'étais doué... et j'aurais pu aller loin... si tout ça n'était décidément pas qu'un jeu dont je me fichais bien ! J'ouvris la porte sans prendre la peine de frapper.

— Je te ramène du monde, lâchai-je à l'attention de Caleb avant de m'effacer dans une révérence profonde et trop exagérée pour pouvoir être prise au sérieux. Si Madame veut bien nous faire l'honneur d'entrer dans notre humble demeure...

Je posais ma veste sur le dossier d'une chaise, glissai mes chaussures sous mon lit et grimpai sur celui-ci alors qu'un crac ! se faisait entendre. L'elfe déposa ce qu'il avait préparé sur la commode qui séparait le lit de Caleb du mien et disparut aussi vite qu'il était arrivé. Je reportai mon attention sur notre invitée et mon sourire s'agrandit discrètement.

— Surtout, fais comme chez toi. Mais, entre nous, je te déconseille de t'installer là-bas, on ne sait jamais trop où il va traîner.

Sur quoi je désignai d'un geste et d'un gloussement étouffé l'espace de notre attrapeur. Il n'y avait rien de méchant, ça s'entendait d'ailleurs, ça n'était rien qu'une taquinerie comme une autre, comme j'aurais pu le faire avec des amis, des vrais, qu'importe que ceux-ci n'en soient pas vraiment... on se contentait de peu, à Poudlard.

(c) jawn

À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1181 Points : 10

Un pour tous et tous pour un

Carla s’était tellement tenue à carreau depuis la rentrée qu’elle avait fini par atteindre son objectif et se fonder littéralement dans le décor. Que Thaddeus l’invite au bal avait été une première consécration, preuve que peu à peu, ses frasques rejoignaient un endroit situé entre l’oubli et le néant. Mais ce n’était qu’en recevant le message de Junior sur le fait de noyer leur défaite qu’elle avait conclu qu’elle était désormais réellement intégrée. Bon, ce n’était que dans son équipe de Quidditch, certes, mais Junior ne saurait probablement jamais à quel point elle en avait été heureuse. Elle avait été plutôt solitaire jusque là, pour ne pas dire franchement isolée. Alors bizarrement, la défaite lui paraissait presque agréable si l’idée était de la fêter avec ses petits camarades. Même Caleb. Elle allait finir par l’apprécier, si cela continuait ainsi. Elle s’était donc joyeusement préparée en enfilée une jolie robe noire suffisamment sage pour être acceptable et assez élégante pour une soirée. Peut-être qu’elle croiserait Thaddeus après tout ? Elle ne savait pas réellement ce qu’il avait dit du bal du solstice et de ses suites à ses camarades de dortoir, mais hors de question d’être débraillée si elle devait le voir. Bluebell l’avait observée sans rien dire, ce qui avait achevé de la mettre dans d’excellentes dispositions. D’accord, ils avaient perdu, mais ils n’allaient pas se pendre pour autant non ? Elle laissait à Skyler qui devait être en train de ruminer de sombres pensées quelque part.

Elle fouilla dans ses affaires pour récupérer diverses sucreries à emmener, elle était bien trop polie pour ne rien apporter à une invitation, et se glissa vers le dortoir des garçons, prenant garde de ne pas attirer l’attention. Aucune envie d’attirer un supporter désespéré par leur défaite qui se serait donné pour seule mission de leur refaire la stratégie d’un match comme s’il l’avait joué lui-même. Elle n’en pouvait plus de ces commentateurs de pacotille qui parlaient au lieu d’enfourcher leur balai et de passer les sélections. Alors qu’elle était en train de descendre les escaliers, elle croisa Junior et lui rendit sous sourire amical avec une joie non dissimulée.

- Tu sais en ce moment j’accueille Bluebell dans mon dortoir donc je suis toujours pressée de fuir …

La langue acérée de Bluebell n’était pas un secret, tout comme sa patience allait finir par devenir proverbiale. Mais l’avantage était qu’elle n’avait jamais senti chez Junior la moindre passion pour les Sherwin, ce qui lui laissait tout loisir de se plaindre un peu. Elle lui emboîta le pas pour entrer dans leur chambre et laissa échapper un rire face à sa révérence appuyée

- Avec un tel accueil, je reviendrai !

Quoi qu’il était hautement improbable que Caleb accepte deux fois sa présence dans la même année. Elle regarda autour d’elle et admit, presque étonnée

- C’est une belle demeure. Bonsoir Cab.

Les trois garçons étaient étonnamment plus ordonnés que tout ce qu’elle avait pu imaginer. Voyant un elfe de maison déposer des victuailles sur la commode, elle alla elle-même ajouter les trop nombreuses friandises qu’elle avait ramenées. Au pire, il leur resterait des réserves. Elle avait toujours des stocks indécents de sucre dans sa chambre. Elle resta un instant immobile, affichant une moue amusée face aux paroles de Junior, mais en réalité un brin perdue. S’asseoir dans l’espace de Caleb aurait été une déclaration de guerre bien maladroite pour un début de soirée, la proximité de Junior ne la dérangeait pas, mais il aurait été étonnant qu’elle la recherche. Elle finit par opter pour le lit de Thaddeus sur lequel elle s’assit prudemment. Normalement, ils avaient été assez proches pour qu’elle puisse se le permettre sans encourir sa désapprobation.

- Qui est invité à cette petite sauterie ?

Est-ce qu’il était politiquement correct de demander à boire en présence d’une gamine de l’âge de Murphy ? Pire, est-ce qu’elle était la plus mauvaise des coéquipières si elle avouait qu’elle n’imaginait pas Skyler venir ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Un pour tous et tous pour un

Soirée de défaite

« Aïe » laissa échapper Murphy, avec une grimace douloureuse, serrant les dents. « Doucement, Miss Leonhart. » la gronda l’assistant de l’infirmière sur un ton mi-réprobateur mi-lassé, tandis que l’adolescente gigotait, assise sur son lit d’infirmerie, laissant échapper quelques « aïe » plaintifs, la bouche déformée en une moue un peu boudeuse. Se balançant d’avant en arrière, comme pour éviter la prochaine offensive qui la viserait, la jeune Serpentard commençait à regretter d’avoir opté pour l’infirmerie ; elle aurait du se débrouiller toute seule ! Et dire qu’elle avait échappé aux cognards de Sherwin cet après-midi pour se retrouver coincée en pleine séance d’acupuncture… « Aïe » lança-t-elle à nouveau, sourcils légèrement froncés, avec un regard noir pour le jeune homme qui prêtait main forte à Jane Gray. Pour elle qui n’avait jamais moufté en se perfusant elle-même le bras, elle découvrait que l’extrémité de ses phalanges était une zone étonnamment sensible ! Elle tenta de retirer sa main, tandis que l’infirmière, armée d’une petite pince, était affairée à lui ôter une longue épine plantée dans son annulaire. « Vous le faites exprès ? Tenez-vous tranquille, maintenant. » soupira l’adulte, qui revenait à la charge une énième fois, retirant une longue écharde de son index sanguinolent. « Vous pouvez me rappeler ce que vous fabriquez avec des épines de porc-épic, déjà ? » demanda-t-il sur un ton suspicieux, reposant la pince sur un plateau métallique. Murphy s’attendait à ce que sa venue, les mains entaillées par de longs piquants gris interroge le personnel… ça ne voulait en revanche pas dire qu’elle avait envie de répondre aux questions. Avec ses antécédents, expliquer qu’elle préparait elle-même son propre Ratconfortant, pour mieux amadouer les rongeurs égarés de ce château, ne serait certainement pas de très bon goût aux yeux du personnel. « C’est pour un devoir de poti… aïe ! » gémit-elle, avant d’ajouter aussitôt : « J’peux y aller, maintenant ? » C’était que l’heure tournait : il était bientôt vingt heures trente, et elle avait promis à Junior qu’elle serait présente… Il n’était pas coutumier pour elle d’être invitée aux soirées des autres, alors quelle déception ce serait de louper cette occasion parce qu’elle avait eu le malheur de mal manipuler les ingrédients nécessaires à sa préparation… même pour fêter leur défaite ! Examinant une dernière fois les doigts blessés de la jeune fille, le stagiaire tacha d’appliquer un épais pansement à l’aide de sa baguette après avoir désinfecté les plaies, et leva les yeux au ciel. « Filez. » Sans se faire prier, Murphy s’exécuta aussitôt et se leva d’un bon du lit pour se ruer vers la sortie, marmonnant un « merci » à peine audible.

Ça, c’était la honte : elle allait devoir s’y rendre avec des mains grossièrement bandées, et même pas à cause d’une blessure de guerre causée par un cognard durant le match ! Cela faisait bien trois heures que celui-ci s’était terminé, se soldant par la victoire de Gryffondor lorsque le poing bien serré de Hilary Fitzpatrick s’était refermé autour du vif d’or. Caleb était parti d’un pas furieux, Skyler avait envoyé ce mot qui laissait entrevoir son amère déception… et Murphy avait décidé da pallier à sa frustration en menant quelques expériences dans son atelier, un coin laissé à l’abandon dans la salle sur demande. Adrian n’avait eu de cesse de la charrier, lui expliquant que si elle avait foncé directement sur le souafle dès lors que Carla Yaxley s’en était emparée en effectuant un virage à 180°, elle n’aurait pas laissé l’opportunité à Kane de s’en emparer par la suite, ce à quoi elle répliquait en lui tirant la langue. Il pouvait bien causer celui-là, il était mort de toute façon, alors des souafles elle en attraperait sûrement plus que lui ! Mais à cause de lui et de ses distractions, elle n’avait pas fait attention et avait plongé sa main toute entière dans le bocal d’épines au lieu de s’en saisir minutieusement comme elle le faisait d’ordinaire. Résultat des courses, son Ratconfortant était fichu, elle ressemblait à une momie avec ses mains recouvertes de pansements, et elle eut bien du mal à enfiler un jean pour tenter de paraître présentable. Tous les membres de son équipe étaient nettement plus âgés qu’elle, et gagner leur respect était une chose importante pour elle : ce n’était pas grave si le processus pour y parvenir était long, sa quête de vie éternelle l’avait habituée à se montrer patiente. Une ambiance mortuaire régnait dans la salle commune ce soir, ce qui ne donnait guère envie de s’y attarder… Seul Junior ne semblait pas se laisser affecter par la morosité ambiante, sans doute galvanisé par son but, le seul de ce match, et elle avait dans l’idée de se laisser contaminer par cette bonne humeur, malgré ses mains meurtries.

Alors, vêtue d’un pull noir à col roulé sur lequel elle avait veillé à ne pas mettre de trace de sang par mégarde, les cheveux en queue de cheval attachée par un foulard, elle avait pris le chemin du dortoir des garçons, camouflant ses mains. Elle entendait déjà un peu de bruit derrière la porte… « Salut ! J’ai rien manqué, j'espère ? » lança-t-elle joyeusement, à ses trois coéquipiers déjà installés. A priori, elle n'était pas la dernière, Skyler n'était pas encore arrivée ! La pièce était bien loin de ressembler à ce qu’elle s’était imaginé… C’était bien ordonné, presque emprunt d’un charme anglais : il y avait même une théière fumante ! Junior était vraiment un garçon énigmatique, quand elle y pensait… mais elle gardait bien en tête sa proposition d’intercéder en sa faveur, pour lui permettre d’atteindre le grade or. Elle hésita à reparler du match, mais au fut de la réaction de Caleb au coup de sifflet, elle se fit la réflexion que ce ne serait guère de bon goût… Aussi, elle préféra finalement ne pas réaborder le sujet. « Merci pour l’invitation, c’est la première fois que je vois à quoi ça ressemble, chez les septièmes. » s'exclama-t-elle avec un regard laissant transparaître une sincère reconnaissance, avant d’ajouter aussitôt : « c’est cool ». Il lui restait encore trois bonnes années avant d’investir les lieux à son tour… C’était amusant, de prendre un peu d’avance sur le programme. Ils étaient tous plus âgés qu’elle, il était possible qu’ils se retrouvent à fumer ou boire devant elle, et ça ne la dérangeait pas outre mesure. Elle laissa traîner ses yeux un partout dans la pièce, louchant sur les friandises déposées sur la commode… Son regard croisa celui de leur attrapeur, ce qui lui fit penser qu’elle n’était pas venue les mains vides. « Au fait Caleb, c’est ton anniversaire dans quelques jours, non ? » Elle plongea une de ses mains bandées dans sa sacoche, et en sortit avec quelques difficultés un petit paquet mal emballé qu’elle tendit au Serpentard. « Mon frère m’a dit de te donner ça, mais de l’ouvrir que le onze. Tu devrais passer le voir à l’occasion ! » Evidemment, c’était elle qui avait du se cotiser, puisque son frère ne risquait pas de la rembourser de sitôt depuis l’au-delà, mais ça avait eu l’air de lui faire réellement plaisir. Et puis, maintenant qu’elle était l’une de ses coéquipières, elle avait envie de bien s’entendre avec lui ! Et aussi avec Junior et Carla, qui à ses yeux avaient tous deux une certaine stature. Sans toutefois se laisser impressionner, elle laissa son sourire s’étendre sur son visage : « Où est-ce que je peux m’asseoir ? » lança-t-elle aux trois autres, ne sachant trop où s’installer, les lits étant pris.

Emi Burton

Plus d'informations sur le personnage ::

Murphy's law

by Wiise

Un pour tous et tous pour un

Les soins de Jane sont toujours une petite merveille après un match de Quidditch. Je retrouve rapidement la faculté à mouvoir mon épaule comme bon me semble. Encore heureux que ce ne soit pas celle de gauche cette fois-ci, fragilisée depuis l’année dernière. Autant physiquement je me sens en forme désormais, autant moralement ce n’est pas vraiment le cas. Je déteste perdre et encore plus quand je suis responsable de ne pas avoir su attraper le vif d’or avant l’attrapeur adverse. Car il faut bien le reconnaître, même sans se cognard mal dévié, je n’étais pas assez proche de la balle dorée pour l’attraper en premier. Et fortement rageant d’être témoin de la scène. C’est la première fois que je ressens cette frustration et ce poids sur mes épaules. Au point de vouloir quitter le terrain rapidement et rentrer seul au château. C’est tellement compliqué de supporter l’effusion de joie des autres dans cette situation.

Je m’étais attendu à finir la soirée dans mon dortoir, à ruminer dans mon coin, mais ce fut Junior qui prit l’initiative de changer mes plans en me proposant une soirée avec le reste de l’équipe. Surpris, je l’avais été, mais j’avais rapidement mis de côté ce sentiment afin d’accepter sa requête. J’avais bien besoin de me changer les idées et pourquoi pas profiter de mes boissons favorites. Après quelques échanges, nous avons convenu de nous retrouver avec les autres dans notre dortoir. Par les autres, j’entends le reste de l’équipe ou du moins une partie d’après ce que j’avais pu comprendre dans le courrier de mon colocataire, sans vraiment chercher à comprendre par où il venait en venir.

Après le repas, et avoir salué mon meilleur pote au niveau des escaliers, je m’engouffre dans les couloirs du cachot afin de rejoindre ma salle commune. Je ne suis pas de ronde ce soir, ce qui m’arrange beaucoup. L’atmosphère n’est pas des plus accueillante alors que je pénètre dans l’antre des Serpentards et je sens bien les regards de déception de la part de certains membres de la maison. J’ai une envie folle d’aller leur tordre le cou à ceux-là, mais je me retiens, traversant, la tête haute et un regard froid à l’encontre de ceux qui croisent on regard, la salle comune afin de rejoindre mon dortoir. Je suis le premier arrivé et j’en profite pour aller récupérer une des bouteilles que j’ai ramené de ma dernière sortie. Il est certain que je ne compte pas passer la soirée à boire des jus de fruit ou du thé alors que j’ai le moral à plat. Rien de mieux qu’une bonne bouteille pour se remonter le moral.

Assis sur mon lit, en tailleur, Popy devant moi, j’entends la porte de la chambre s’ouvrir et la voix de junior s'élever. Mon regard glisse vers lui alors qu’il fait une espèce de révérence - qui me fait lever les yeux au ciel - à son invité qui n’est d’autre que Carla. Je pose un regard indéchiffrable sur celle-ci, les souvenirs douloureux de notre dernière conversation bien présents dans ma tête. Salut. Je lui réponds en retour d’une voix neutre. Je soupire à la boutade que m’adresse Junior, laissant malgré tout un coin de mes lèvres s’étirer. Tu serai étonné de la réponse. Je lâche avec une touche d’ironie. Cela fait un petit moment que mon lit n’a pas accueilli qui que ce soit et que mon corps ne rencontre pas ceux de la gente féminine.

Carla finit par s’installer sur le lit de Thaddeus tout en demandant qui d’autres est encore conviée à notre petite sauterie de fin de match. Silencieux, je passe de la blonde à Junior, moi-même curieux de la réponse. C’est à ce moment-là que la porte s’ouvre à nouveau laissant place à Murphy. Celle-ci semble joyeuse malgré la défaite de notre équipe et pénètre dans la pièce tout en nous remerciant de l’invitation. Mes doigts continuent de glisser sous le pelage de mon chat qui ronronne sous mes caresses, laissant Junior prendre les remerciements entièrement. L’idée vient de lui après tout. Mon regard finit par croiser celui de la plus jeune qui me demande si la date de mon anniversaire n’est pas proche. ...Oui Je ne vois pas tout de suite pourquoi cette question. Jusqu’à ce qu’elle glisse ses mains sans sa sacoche pour y ressortir un petit paquet qu'elle me tend de la part de son frère, avoir consigne de ne l’ouvrir que le jour même. Ses mains bandées m'interpellent et je reste un instant à les regarder avant d'attraper le cadeau entre mes mains. Surpris et légèrement suspicieux, j’inspecte rapidement le paquet. Penser à Adrian me fait toujours un pincement au cœur et depuis que Murphy est dans l’équipe, j’y pense bien plus qu’avant. J’ai toujours du mal à faire face à sa mort. A l’accepter. Au point d’avoir mis Adrian de côté. A simplement le saluer alors que je le croie sous sa forme fantomatique. Alors recevoir un cadeau de sa part me fait me sentir encore plus con. Ouai… J’y penserai à l’occasion. Tu le remerciera pour moi. Si je ne suis pas capable de le faire moi-même.

Je pose délicatement le paquet sur ma table de chevet, avant d’attraper avec autant de délicatesse Popy et la déposer sur mes jambes afin de laisser de la place sur mon lit à Murphy. Tu peux t’asseoir ici. Je peux au moins faire ça pour la sœur d’Adrian.

Quand est-il de Skyler ? Je finis par lancer à l’attention de Junior. Je suis au courant du contrat qui lie la Capitaine à mon colocataire, tout autant que je suis conscient de l’animosité qu’il voue à celle-ci. Pour autant, je ne peux pas m’empêcher de poser cette question, qui aurait été tôt ou tard posée par l’un d’entre nous. Est-elle au moins au courant de cette soirée ?

Code by Cab

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Un pour tous et tous pour un
fêtons notre défaite

ft. @Caleb P. Avery, @Carla P. Yaxley, @E. Murphy Leonhart & C. Junior d’Archambault

Sûrement que la soirée aurait été plus agréable en compagnie d'Erin – aucune autre au monde ne pouvait de toute façon rivaliser – mais j'aimais à croire que cette réunion informelle et loin de ce que nous avions connu en tant qu'équipe, cette année comme les précédentes, ne serait pas trop insupportable. Il y avait peu de chance, après tout, le maillon faible de notre groupe se tiendrait à l'écart. Qu'il était bon de prendre les choses en main, quelques fois ! Jouer les instigateurs pour éviter le pire ! Je rattrapai Carla dans les escaliers et engageai la conversation d'un ton badin. Elle était de celle qu'on ne savait comment considérer. Trop pure pour lui être indifférent mais trop inconstante pour lui assurer une place sûre parmi les nôtres. C'était dommage. Elle n'était pas idiote, j'en étais convaincu, pas mal éduquée non plus... Il semblait seulement que son esprit incertain soit prompt à se laisser berner par des sourires impurs et des promesses en toc. Triste que la descendance des grands noms de notre communauté se laissait avoir si facilement... La noblesse n'était plus ce qu'elle fut !

— Tu sais en ce moment j’accueille Bluebell dans mon dortoir donc je suis toujours pressée de fuir…
— Essaye donc de l'étouffer dans son sommeil la prochaine fois, ça t'évitera la fuite.

Je n'avais jamais vraiment compris comment on pouvait supporter les Sherwin. Aussi bien elle que lui... Mes maigres tentatives s'étaient toujours soldées par des échecs. Ils faisaient partie de ces êtres à l'insipidité évidente qui se donnaient des airs importants pour faire oublier qu'ils ne valaient rien. Des grands mots, des phrases bien tournées mais si creux qu'ils en devenaient outrageants. Je me souvenais des promesses de Bluebell, à la rentrée dernière. Sa volonté de solidarité, ses injonctions à nous serrer les coudes... Face aux doutes que je n'avais pas pris la peine de masquer, elle m'avait presque juré que je verrais qu'elle disait vrai... elle m'avait surtout prouver que j'avais eu parfaitement raison de la croire incapable d'une telle chose. Ses belles actions étaient mortes avant même d'avoir eu la chance d'exister. Enfin peu importe. Je m'effaçai dans une courbette exagérée pour la laisser entrer dans notre dortoir. Si Erin avait fini par faire de ma chambre une annexe de la sienne, je n'y avais jamais vu grand monde... Mais peut-être que Thaddeus et Caleb profitaient eux aussi de l'absence des autres pour y faire leur vie... Je n'étais pas certain d'avoir envie de poser la question.

— Avec un tel accueil, je reviendrai ! C’est une belle demeure. Bonsoir Cab.
— Salut.

Bien. Ça ne s'étripait pas, c'était un bon début ! J'en profitai pour embêter un peu mon colocataire et rejoignis mon lit sur lequel je m'installai avec un plaisir non dissimulé. Après les bras de ma meilleure amie, c'était certainement l'endroit que je préférais au monde. Bon, d'accord, je préférais mon vrai lit, dans ma vraie chambre, mais je me contentais très bien de celui-ci lors des mois que je passais ici.

— Tu serais étonné de la réponse.
— Je préfère que tu gardes une part de mystère.

Carla préféra naturellement le lit de Thaddeus, ce qui me laissa supposer que ça n'était pas la première fois qu'elle s'y installait. Je la regardai faire non sans une pointe de jalousie devenue habituelle avec le temps. C'était mon ami, et après les années passées à devoir composer avec son absence, j'aurais aimé qu'il ait au moins la décence de m'offrir l'intégralité du temps qui nous restait à passer ensemble. Mais visiblement, Monsieur avait mieux à faire.

— Qui est invité à cette petite sauterie ?

Je sentis l'attention de Caleb me revenir et avant même que je n'ai eu le temps d'ouvrir la bouche, comme si elle avait senti que son nom allait être prononcé, Murphy fit son entrée dans le dortoir.

— Salut ! J’ai rien manqué, j'espère ?
— Non, on vient juste de s'installer, t'en fais pas, lui répondis-je dans un sourire qui se voulait amical.
— Merci pour l’invitation, c’est la première fois que je vois à quoi ça ressemble, chez les septièmes. C’est cool.

Mon sourire s'agrandit presque dans un « c'est normal » silencieux. Après tout, elle faisait partie de l'équipe, non ? Il n'y avait aucune raison qu'elle ne soit pas invitée. D'accord, ça aurait été plus agréable si c'était une victoire qu'il nous fallait fêter mais, dans le fond, quelle différence ? Peut-être était-il temps de brosser dans le sens du poil cette cohésion dont nous manquions tant... non ? Et ce soir, il n'y avait personne pour la mettre à mal. Et puis contre toute attente, elle se tourna vers notre attrapeur et sortit de sa poche un petit paquet qu'elle lui tendit.

— Au fait Caleb, c’est ton anniversaire dans quelques jours, non ? Mon frère m’a dit de te donner ça, mais de l’ouvrir que le onze. Tu devrais passer le voir à l’occasion !

Le regard que je posais sur Carla laissait voir toutes les questions que je pouvais bien me poser sur ce frère et le lien qu'il entretenait avec notre coéquipier. Je n'étais pas très au fait des relations des un et des autres... mais sûrement que j'aurais eu l'occasion de remarquer si un autre impur passait sa vie avec lui, assez pour se souvenir de son anniversaire et prendre soin de lui faire passer des cadeaux... Et puis, pourquoi ne pas le faire lui-même, d'ailleurs ? Craignait-il que Caleb l'envoie sur les roses ? En était-il seulement capable...? S'il supportait Carter depuis toutes ces années, j'avais tendance à croire qu'il était capable de supporter n'importe quoi... Mais le pauvre eut l'air mal à l'aise. Il y avait définitivement quelque chose qui m'échappait...

— ...Oui. Ouai… J’y penserai à l’occasion. Tu le remercieras pour moi.

La gamine ne parut pas être très réceptive à la gêne de mon colocataire puisqu'elle se fendit d'un sourire et reprit comme si de rien n'était :

— Où est-ce que je peux m’asseoir ?

J'esquissai un geste pour lui laisser un peu de place sur mon lit mais Caleb me prit de court, aussi je restai sagement à ma place, observant avec une curiosité commère leur petit manège.

— Tu peux t’asseoir ici.

Ce qu'elle fit... Je finis par tendre le bras jusqu'à la table pleine de choses à manger pour y attraper une tartelette à la citrouille. Je n'avais pas l'intention de faire le service, ils étaient assez grands pour le faire tout seul... et même si j'étais prêt à faire des efforts pour que ça se passe bien, c'était trop me demander que de jouer les domestiques.

— Qu'en est-il de Skyler ?

Je haussai simplement les épaules. Elle n'était pas là, de toute évidence, c'était censé répondre à sa question, non ? Mais puisqu'il fallait préserver cette équipe des tensions possibles et ne pas s'offusquer des liens à vomir qu'elle semblait avoir créés, je consentis à donner quelque explication :

— C'était à elle de prendre les devants pour organiser quelque chose, non...? Alors... face à son silence, j'ai supposé qu'elle préférait qu'on ne lui rappelle pas notre défaite.

Autrement dit : « c'est pour elle que je ne l'ai pas invitée, je ne voulais pas la mettre plus mal qu'elle ne l'est sûrement ». Bon samaritain, évidemment. Caleb et Carla n'allaient pas se faire avoir si facilement, je ne cherchais même pas à les berner... Murphy, elle, le prendrait comme elle voulait... mais avec un peu de chance, elle n'y verrait qu'un acte désintéressé et pas l'envie évidente de m'éviter la compagnie d'une sang-de-bourbe prétentieuse et capricieuse. Mon regard revint sur les deux plus âgés, allant de l'un à l'autre, un sourire innocent sur les lèvres mais une lueur plus provocatrice au fond des yeux.

— Mais... si elle te manque... rien ne t'empêche de lui demander de se joindre à nous, bien sûr.

Je m'adressais à Caleb parce que c'était lui qui avait posé la question, mais c'était tout aussi bien destiné à Yaxley qui, je le savais, n'était pas si éloignée que ça de sa chère Skyler... Prendre sa défense, utiliser son prénom – qui faisait ça pour la vermine, sérieusement ? – tenter de faire en sorte qu'elle évite l'humiliation... C'est qu'elle ne prenait soin, de sa capitaine, c'était beau à voir... Si je n'avais rien dit jusque là, parce qu'elle pouvait toujours prétendre que c'était pour elle seule qu'elle le faisait, pour que l'équipe fonctionne, pour voler vers la victoire... je ne m'en priverais pas cette fois-ci... Après tout, c'était rien d'autres qu'une soirée entre amis, lui proposer de nous rejoindre serait un aveu direct... et un véritable affront. Un regard appuyé puis je me tournai vers Murphy.

— Ça me fait plaisir que tu sois là, on a pas eu beaucoup l'occasion de passer du temps avec toi en dehors des entraînements, avouai-je avant de croquer dans ma tartelette. Vous vous connaissez depuis longtemps, avec Cab ?

Après tout, il y avait un mystère à percer de ce côté-là alors puisque nous y étions...

(c) jawn

**Contenu sponsorisé** À SAVOIR DETAILS EN PLUS