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Enfant, Nathaniel était quelqu’un de gentil, attentionné, généreux, enthousiaste. En gros : très positif et amoureux de la vie. Curieux de tout, il allait jusqu’à jouer le casse-cou pour voir absolument quelque chose de trop haut ou inaccessible pour lui. Il était très manuel et aimait construire un tas de choses à partir de rien. Il se découvrit une passion pour les animaux dont il prit grand soin dès qu’il pouvait en recueillir un. Adolescent, il se posa des questions sur la vie même, comme le font tous les jeunes de son âge en pleine crise. Très peu confiant, il intégra, en 1999 (et non en 1998 car il était du 31 décembre), l’école de Poudlard, à Poufsouffle – difficilement car il ne parvint pas à se faire un seul vrai ami. Malgré cela, c’était un garçon très travailleur et motivé. Quand il découvrit la matière des Soins aux Créatures Magiques en troisième année, ce fut la révélation : il voulait travailler auprès des animaux magiques quand il sortirait de Poudlard. Il fit donc tout pour avoir les meilleures notes, et quitta l’école en 2006 avec son diplôme, fier d’avoir pu trouver sa voie.

La même année, durant l’été, il trouva un poste au Ministère de la Magie, au Département de contrôle et régulation des créatures magiques. Au sein d’une équipe, il devait s’occuper des plaintes portant sur les créatures magiques, ainsi que réguler et contrôler l’élevage de nouvelles créatures. Il y resta quinze ans, jusqu’en 2020. Plusieurs fois, il démontra son efficacité et son côté pédagogue en formant les nouveaux venus au poste quand les plus anciens prenaient leur retraite. Il tenta ensuite un essai d’un an dans l’unité de capture des loups-garous. C’est durant cette année d’essai qu’il rencontra l’amour, à l’âge de trente-deux ans. Rencontrer l’amour voulait dire pour lui tomber vraiment amoureux. Il eut quelques aventures, de Poudlard à ses années au Ministère, mais rien de bien concluant. Bref, il n’aimait pas la rudesse avec laquelle les loups-garous étaient traités dans ce service. Et si cette fille-là lui assurait être de son côté face aux sorciers qui maltraitaient les loups-garous, elle servit un discours totalement différent au moment où tout le monde se réunit pour évoquer le sujet.

Il mit donc fin à la relation et à partir de là, le travail devint pénible. Pourquoi ? Car l'entièreté du Département de contrôle et régulation des créatures magiques savait pour son opposition aux procédés utilisés, que ce soit concernant les loups-garous ou toute autre créature considérée comme dangereuse. Conséquemment, il subit pas mal de brimades plus ou moins violentes de la part de ses collègues, ce qui le poussa, seulement quelques jours plus tard, à quitter le Ministère. Ce fut une épreuve difficile mais heureusement, il put retourner auprès de ses parents qui tenaient une boulangerie moldue à Londres. La convivialité et le travail acharné à la boulangerie lui firent très vite oublier ces derniers mois de malheur au Ministère.

Il retrouva l’amour peu de temps après, à trente-trois ans, en novembre 2021. Cette fois, c’était une moldue, Elisabeth Keynes, avec qui il se maria quelques mois plus tard, le 16 mars 2022. Rapide ? Effectivement mais pour Nathaniel, Elisabeth était la personne avec laquelle il voulait passer le restant de ses jours. Il le sentait, comme encré en lui, comme une évidence. Surtout que, même étant moldue, elle accepta le fait que Nathaniel était un sorcier. Le 24 février 2024, ils eurent un enfant, un petit garçon nommé Constantin. Nathaniel se trouva être un homme et un papa totalement comblé, épanoui, énergique et plein d’attention. En plus de son métier de boulanger – bien que cela lui prenne énormément de temps – il trouvait un peu de temps pour continuer à étudier les créatures magiques. Même s’il ne travaillait plus au Ministère, il était toujours passionné. D’autant plus qu’Elisabeth s’était rapidement attachée à cette passion et voulut que son mari lui parle de tout ce qu’il avait appris à ce sujet.

Depuis sa rencontre avec Elisabeth et jusqu'à la naissance de Constantin, Nathaniel vécut comme un moldu tout à fait ordinaire (si l’on met de côté sa passion pour les animaux magiques). Mais quand son fils devint capable de s'exprimer avec des mots et lui parla de Poudlard, l'école de magie où son père avait étudié et dans laquelle il rêvait d'aller à son tour (merci les histoires du soir avant le dodo !), il se dit qu'il était peut-être bon de renouer avec le monde des sorciers (autrement qu’à travers les créatures) afin de se tenir au courant des actualités, s'il advenait que Constantin en soit un à son tour. C'est ainsi qu'en se procurant les journaux magiques, il apprit que l'école subissait depuis quelques années de tristes événements. Elle était actuellement en reconstruction car quasiment en ruines. Grâce à la magie et à l'aide de nombreux professeurs et élèves, elle fut reconstruite et la rentrée put avoir lieu en 2026. Suite à l'empoisonnement du Ministre de la magie se trouvant sur place un peu plus tard, les restrictions sur la magie tombèrent et Nathaniel se demanda si ce serait toujours le cas dans quelques années, quand/si Constantin fréquentait l'école à ses onze ans. Même Elisabeth, qui était pourtant moldue et n'avait jamais connu la magie, s'inquiétait à ce sujet, car elle voulait que leur fils ait une scolarité stable et enrichissante, que ce soit dans le monde moldu comme dans celui des sorciers.

Ils apprirent ensuite l'histoire du procès contre la directrice de l'école à l'origine des restrictions sur la magie et des baguettes confisquées aux élèves. Nathaniel pensa tout de suite qu'en tant qu'élève, si cette histoire s'était déroulée à l'époque où il étudiait, il aurait été un des premiers à venir témoigner pour rendre à Poudlard sa fonction d'origine : une école de magie faite pour apprendre la magie, sans barrières abusives empêchant un bon apprentissage. Heureusement, la directrice perdit le procès, fut renvoyée et remplacée par l'un des parents d'élèves fervent défenseur de Poudlard : Kaspær Sørensen. Un soulagement pour Nathaniel et Elisabeth qui, même si Constantin n'avait que trois ans, pouvaient se rassurer sur le fait qu'il pourrait sûrement faire son entrée dans une école de magie digne de sa réputation d'autrefois.

Rien de bien particulier ne vint perturber la vie de la petite famille après ces événements. Mais ce fut de courte durée, à peine quelques semaines. Le début de l'année 2027 transforma Nathaniel en une personne totalement différente : le 3 avril, sa femme et son fils moururent brutalement dans un basique accident de voiture. Anéanti, Nathaniel chuta dans une dépression dont il ne se sortira peut-être jamais. Désemparé, il délaissa la boulangerie et s’enferma chez lui, incapable de voir le monde extérieur, se demandant s’il n’allait pas mettre fin à ses jours pour rejoindre sa famille.

Ce qui l’empêcha de commettre l’irréparable fut le fait d'apprendre que Poudlard recherchait un professeur de Soins aux Créatures Magiques. Après une longue réflexion de plusieurs semaines, il décida de proposer ses services, mettant en avant ses années au sein du Ministère et sa passion pour la matière. Il obtint le poste, pour commencer dès la rentrée, en septembre. Il va bientôt avoir quarante ans et espère pouvoir surmonter son mal-être en travaillant à nouveau au milieu des animaux magiques.

Psychologiquement, il ne va pas très bien mais il le cache derrière un masque parfois sérieux, parfois serein, parfois joyeux, parfois neutre. Ce qu'il arrive le mieux à faire la plupart du temps, c'est se dissimuler derrière une attitude puérile, enthousiaste, complètement barge et généreuse, bien que ce dernier critère existe naturellement en lui, même s'il est maladroit dans sa façon de faire.

► Femme : à trente-trois ans, en 2021, Nathaniel rencontre une moldue du nom d’Elisabeth Keynes, avec laquelle il se marie presque immédiatement. Elle est étudiante en littérature à Londres et vient tous les jours acheter son petit déjeuner dans la boulangerie où travaille Nathaniel. A force de se côtoyer en tant que vendeur et cliente, ils finissent par avoir un premier rendez-vous ensemble, après la journée de cours d’Elisabeth. Ils s’entendent immédiatement, c’est si fusionnel entre eux qu’on croirait qu’ils étaient destinés à se retrouver. Elle accepte le fait qu’il est un sorcier, bien que l’information lui paraisse très surprenante sur le coup. Mais après tout, elle l’aime et c’est tout ce qui compte. Elisabeth est décédée en 2027, à l’âge de trente-six ans, dans un accident de voiture.


► Enfant : les essais furent nombreux et l'attente très longue, mais Nathaniel et Elisabeth réussissent à avoir leur premier enfant, un petit garçon nommé Constantin, le 24 février 2024. Au niveau du caractère, il ressemble tant à son père que Nathaniel se demande comment ses propres parents faisaient pour le tenir cinq minutes au même endroit. Toujours à vouloir faire une activité différente, Constantin déborde de vie et souhaite toujours apprendre de nouvelles choses. C’est ainsi qu’il s’intéresse très jeune aux échecs et joue souvent avec son père, ainsi qu’aux petites voitures et à la magie. Le soir, pour l’endormir, Nathaniel lui fait des tours de magie, lui raconte des histoires de créatures fantastiques, et Constantin ne cesse de dire qu’un jour, il sera « un grand sorcier comme son papa ». Constantin est décédé en 2027, à l’âge de trois ans, dans un accident de voiture.


► Reste de la famille : Nathaniel a toujours ses parents. Wade, son père sorcier et Judith, sa mère moldue. Ils tiennent tous les deux la boulangerie familiale depuis trois générations (du côté de sa mère). Quand Nathaniel a perdu sa femme et son fils, ils ont été présents pour le soutenir et c’est Judith qui lui annonce la nouvelle concernant le poste de professeur à Poudlard. Ses parents l’incitent à postuler. D’après eux, Elisabeth aurait été heureuse de le savoir enfin dans son domaine et Nathaniel se dit qu'il aimerait retourner à Poudlard, lieu que Constantin aurait rêvé de fréquenter pour devenir un grand sorcier comme son papa.

C’était une matinée brumeuse, calme et silencieuse. Il ne neigeait pas mais la gelée s’accrochait tant aux brins d’herbe et aux arbres qu’elle donnait l’impression d’avoir succédé à une joyeuse tombée de flocons blancs. Le soleil se voyait à peine derrière les nuages à la fois grisonnants et blanchâtres, semblables au crayonné désinvolte d’un artiste à la recherche d’inspiration. L’air était un peu frais mais supportable, et les senteurs automnales se mélangeaient agréablement à la sensation de renouveau qui me gagnait au fur et à mesure que je me rapprochais de mon lieu de travail. Vingt-trois ans. Je n’avais plus foulé le sol de Poudlard depuis près de vingt-trois ans. L’époque de mes études paraissait si loin… Pourtant, rien ne semblait avoir changé depuis mon départ. Le château demeurait toujours le même, haut et majestueux, sombre mais élégant. Le sommet des plus hautes tours était caché par le brouillard, leur donnant l’air de s’élever à l’infini, permettant ainsi à mon imagination de s’éloigner vers une multitude de croyances et merveilles inconnues.
Quand j’entrai dans le hall d’entrée, amenant avec moi la brise matinale frôler le sol de pierre, j’eus l’étrange sensation de me sentir chez moi et, en même temps, d’être totalement perdu. J’avais passé sept ans ici à travailler dur pour avoir mes diplômes et espérer décrocher un travail dans le domaine des animaux magiques. Les cours de Soins aux Créatures Magiques s’étaient avérés pour moi l’évidence même de mon avenir. Dès la première heure, j’avais su que cette matière était faite pour moi. Et le feeling avec les animaux présentés par mon professeur était très bien passé. Maintenant, c’était à moi d’enseigner mes connaissances aux élèves de l’école. J’espérais être à la hauteur…
En attendant, je devais trouver l’endroit où j’allais dormir. Dans la lettre que j’avais reçue à propos de mon poste, quelques détails étaient indiqués comme l’emplacement de la salle de cours dont je pouvais me servir quand je n’avais pas besoin d’emmener les élèves dans la forêt interdite, mon bureau et mon coin personnel, les jours de la semaine où j’enseignerais, avec quelles classes, etc. Si les endroits indiqués dans la lettre n’avaient pas changé d’emplacement, alors je devais rester au rez-de-chaussée et me diriger vers la porte discrète qui se trouvait derrière le grand escalier menant aux étages. La cage de mon petit animal de compagnie et ma valise flottant derrière moi grâce à un sortilège de lévitation, je m’arrêtai devant cette porte. Sur une petite plaque d’or, à hauteur d’yeux contre le mur juste à côté, étaient inscrits ces mots « Cours de Soins aux Créatures Magiques ». Avec un demi sourire à la fois impatient et légèrement angoissé, j’ouvris.
La salle de classe était comme dans mes souvenirs. Grande, lumineuse – enfin… elle le serait quand j’aurais ouvert les vieux rideaux qui couvraient les fenêtres – accueillante. Il fallait simplement faire un peu de ménage. Mais avant cela, j’allai découvrir mon bureau, petit mais suffisant, et la chambre qui se trouvait derrière. J’y déposai ma valise et la petite cage, revins rapidement dans la salle de classe, la parcourus d’un regard fier... et mélancolique.
J’occupais désormais un poste qui me plaisait dans une école de magie fantastique, il ne me restait plus qu'à faire régner l'ordre et la discipline dans ce lieu tout en faisant diverses rencontres, j'allais pouvoir enseigner ma passion et la transmettre aux élèves… Et il fallait quand même que je me sente déprimé. L'année promettait d'être rebondissante. En attendant, j'allais devoir faire cours dans quelques minutes, aux troisièmes années. Sortant ma baguette magique de la poche intérieure de mon manteau, je décidai de faire un minimum de nettoyage pour donner à cette salle un aspect plus présentable. La poussière disparut, les tables et les chaises se rangèrent correctement, et le tableau noir se retrouva comme neuf. J’ouvrais les rideaux au moment où les premiers élèves entrèrent, leur envoyant la lumière du jour en plein visage, réveillant les moins matinaux et surprenant les plus rêveurs.
J'ignorais s'ils allaient être étonnés de me voir vêtu façon moldu, c'est-à-dire d'un costard-cravate habituel quand je voulais faire bonne impression la première fois, au lieu des fameuses capes et robes de sorciers que je n'aimais pas vraiment. Quand il s’agirait de cours en extérieur en compagnie de créatures, j’opterai pour une tenue plus décontractée. Chacun me salua poliment et j’y répondis à chaque fois avec un sourire respectueux. Quand l’heure du début du cours arriva, j’allai claquer doucement la porte d’une main et revins devant le tableau noir pour faire face à mes élèves.

- Je pense que nous pouvons commencer, déclarai-je d’une voix audible mais pas trop forte puisque la salle résonnait un peu. Tout d’abord, je me présente : Nathaniel Hunt, votre nouveau professeur de Soins aux Créatures Magiques. J'espère que cette année va bien se passer avec vous, ainsi que les suivantes.

Je ne voyais aucune raison pour que cela se passe mal mais je devais m’attendre à tout. Après avoir jeté un regard demi circulaire à la salle, je repris la parole.

- Les cours se dérouleront de la façon suivante : il s’agira principalement de cours théoriques ici, en intérieur, et pratiques dans le parc ou la Forêt Interdite.

Je marquai un temps d’arrêt.

- Forêt qui, soit dit en passant, reste évidemment interdite en dehors des cours. Mais ça, vous le savez déjà, ajoutai-je avec un demi sourire.

Je m’éclaircis la voix et continuai.

- Je vous demanderai seulement de bien prendre des notes durant les cours théoriques afin de pouvoir répondre à un petit test au début du cours suivant.

Voyant un ou deux regards inquiets, je m’empressai de prendre un ton rassurant.

- N’ayez crainte, je ne compte pas gâcher votre moyenne avec des questions pièges. C’est juste un moyen de vous faire assimiler l’essentiel du cours et vous éviter d’être pénalisés aux examens.

Les élèves qui n’avaient pas encore sorti leurs affaires prirent de quoi noter. J’attendis patiemment que tout le monde soit prêt puis je m’éclaircis la voix.

- Bien, commençons. Si vous avez la moindre question durant le cours, n'hésitez pas à vous manifester... et à me donner vos noms au passage.

J’agitai légèrement ma baguette en direction du tableau noir et les mots « Les animaux fantastiques : introduction » s’inscrivirent en gros.

- J’ai conscience que ce premier cours va être barbant mais vous aurez besoin de connaître quelques histoires, informations et définitions avant de rentrer dans le vif du sujet, à savoir l’étude même des créatures. C’est pourquoi je vais commencer par vous poser cette simple question : qu’est-ce qu’un animal fantastique ?