Discipline Familiale

Il l’avait cherché un peu partout le premier jour, sans pouvoir mettre sur lui. Son dernier hibou lui était revenu, avec le mot qu’il avait écrit à la hâte, prouvant que le destinataire était introuvable ou pas en mesure de recevoir du courrier. D’abord inquiet de ne trouver aucun signe de vie de son cousin, Caleb laissa la raison et la logique reprendre le dessus bien plus rapidement. Dmitri n’était pas en danger, du moins pas dans le sens où il risquait sa vie, il devait tout simplement avoir récolté les fruits de son inconscience et de ses actions. Après tout, si lui l’avait vu être l’auteur de l’attaque sur le professeur Hatwell, il était certain que d’autres, notamment la première concernée, l’est également remarquée. Et si lui était capable de garder cette information sous silence, cela n’était pas du tout dans l’intérêt de leur professeur d’Histoire de la magie de le faire. Deux autres jours suivirent et son courrier lui revenait encore. Alors, au lieu de continuer à l’aveugle, il décida d’intercepter un élève de l’année de son cousin, éloigné certes, et lui ordonna de l’informer lorsque le jeune Van Aken serait de retour.

C’est ce vendredi que l’information lui parvient sur un petit papier écrit à la hâte. Dmitri avait refait surface auprès de ses camarades de première année après trois jours d’absence. Caleb en était sûr, le jeune serdaigle avait été puni et il n’était pas simplement question de sa simple implication dans la révolution qui avait eu lieu, les autres protagonistes n’ayant pas disparu comme ce dernier du jour en lendemain sans prévenir personne. Le Serpentard laissa la journée se dérouler avant de reprendre le courrier qu’il avait tenté à maintes reprises d’envoyer. Cette fois-ci, il ne lui reviendrait pas et à peine eut-il terminé qu’il se dirigea vers le lieu de rencontre. Il lui avait donné dix minutes, pas plus et Dmitri n’avait pas intérêt à arriver en retard. Il l’avait déjà dans son collimateur depuis la révolte et il n’était pas conseillé de le mettre encore plus en colère. Après ce qu’il avait fait pour lui, son cousin avait intérêt à ne pas lui tenir tête.

Bras croisés, debout au centre de cette pièce réservée au Duel, le Serpentard attendait, silencieux, l'arrivée du première année. La faible lueur des bougies éclairait ce qu’il fallait de la pièce, rendant l’atmosphère légèrement inquiétante. Peu importe, il n’était pas là pour échanger des blagues et rire à gorge déployée avec le plus jeune. Bien au contraire. Cette discussion ne s’annonçait pas des plus agréables, l’humeur du plus âgé n’étant pas des plus chaleureuses depuis quelque temps.

Les dix minutes ne furent pas totalement écoulés lorsque la porte de la salle de Duel s’ouvrit dans son dos, amenant Caleb à se tourner à moitié pour voir le nouveau venu s’engouffrer dans la pièce. Il fixa Dmitri de son regard noir et indechiffrable, laissant ce dernier s’avancer vers lui. Dmitri. répondit-il simplement lorsque le plus jeune le salua de la même manière. Le ton de sa voix était presque froid, peu avenant. L’atmosphère de cette discussion était mise en place. Pas de place au doute. Un rictus passa sur son visage lorsqu’il lui demanda la raison de sa convocation. Le Serpentard décroisa les bras et fit quelques pas dans la pièce, laissant son regard parcourir la tapisserie sur les murs de la pièce, ignorant tout bonnement sa question. Tu refais enfin surface ? Je suppose que tu as été puni ? Question rhétorique qui ne demandait pas de réponse. Il n’était pas stupide. Il avait été assez puni pour se rendre compte que quelque chose clochait et que cette absence n’était pas à l’initiative du jeune Van Aken. Le bruit de ses pas résonnait presque dans la grand pièce destinée aux combats, laissant s’installer une ambiance pesante entre les murs. En même temps, quand on attaque un professeur, rien d’étonnant, non ? lâcha-t-il comme si de rien n'était, comme s’il faisait simplement la conversation. Aucune surprise, aucune colère, juste un ton neutre et sans émotion. Bien plus dérangeant en soit.

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Il regrettait. Pas sa tentative pour aider le premier année, car ça, même s’il se sentait coupable d’être responsable de la retenue collective, il l’assumait, comme à chaque fois qu’il était responsable d’une connerie. Il n’était pas le genre à se cacher lorsqu’il se faisait prendre. Ce n’était pas le cas cette fois-ci, il avait été discret et rapide. Personne ne l’avait vu et pourtant, il était venu taper à la porte de sa directrice de maison pour se confesser. Certain l’aurait stupide, complétement idiot de se rendre pour une chose qu’il avait si bien réussi à cacher. Non, c’était juste trop gros et il n’était pas le seul concerné. non ce qu’il regrettait c’était d’avoir bougé de son dortoir ce jour-là. Si cette simple décision n’avait pas été prise, il ne serait pas là à attendre Dmitri, les poings serrés. Ils n’étaient pas les plus proches dans cette famille et Dmitri était un lointain cousin dont le sang contenait une petite dose d’Avery. Mais il restait de sa famille, aussi éloignée soit elle. Et il ne pouvait pas se permettre d’ignorer un membre de celle-ci.

La porte s’ouvrit avant la fin des dix minutes et c’est silencieux qu’il suivit du regard le nouveau venu pénétrer dans la pièce à moitié éclairée par les bougies. Si ce dernier s’attendait à une approche chaleureuse, il devait bien être déçu. Ce n’était pas dans l’idée de Caleb. Il n’avait pas le temps, ni l’envie de jouer à ce jeu. La discussion n’allait surement pas être des plus agréables pour le plus jeune et sincèrement, il s’en contre fichait. Les salutations étaient froides et la question du jeune Van Aken sans réponse. Le Vert et argent arpenta la salle, sans porter la moindre attention à son interlocuteur, posant des questions qui n’en étaient pas et qui n’attendaient aucune réponse et d’une façon laissant croire qu’il aurait pu discuter de la météo, cela aurait été pareil pour lui. Et pourtant, au fond, la colère grondait. Voir son cousin lui rappeler ce qu’il s’était passé et la connerie que ce dernier avait fait, le forçant à réagir. Le voir lui rappelait sa propre connerie à lui et la culpabilité qu’il ressentait. Sentiment qu’il détestait tellement. La réaction ne tarda pas, tout d’abord un silence puis une question qui était celle qu’il attendait presque mot pour mot. Comment le savait-il ? C’était pourtant très simple. Je t’ai vu. C’était bien ça le problème. Et il n’était pas le seul. Pourquoi aurait-il fallu que ce soit Thorstein qui le capte également ? Parmi tous les professeurs, pourquoi elle ? Il s’était immobilisé, presque à hauteur du Serdaigle, son regard noir le transperçant sans ménagement. Ce même regard qu’il avait posé sur cet élève portant un masque du professeur O’Neill alors que plusieurs mètres les séparaient l’un de l’autre. Pourquoi fallait-il que tu te fasse prendre ? Si tu avais été plus discret, je n'aurais pas eu besoin d’intervenir. Et il n’aurait pas eu à se sentir mal par après. C’était égoïste, totalement, mais il n’en avait que faire. Il avait joué gros pour lui alors il pouvait se permettre de le lui faire remarquer.

La question qui suivit le fit froncer légèrement les sourcils. Il n’était pas au courant que quelque chose devait se passer durant le repas. La direction ne les avait pas averti mais Dmitri semblait espérer le contraire, comme si ce dernier allait devoir surmonter quelque chose de douloureux. De quoi tu parles ?

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Ça ne servait à rien de tourner en rond. Il n’avait pas fait venir le jeune Serdaigle pour jouer aux devinettes et attendre que ce dernier comprenne la raison de sa venue. alors, sans attendre, il avait lâché la bombe, ne jouant pas sur les mots, le visage fermé et son regard noir posé sur le visage encore enfantin de Dmitri. Il l’avait vu. Ce n’était pas plus compliqué que ça. Il avait suivi la scène, quand bien même il n’était pas à côté. Ses yeux étaient malheureusement, ou heureusement, tombés deux fois sur ce masque du professeur O’Neil. Une fois lors de l’attaque et la seconde fois lorsque Thorstein découvrait, en même temps que lui, qui était derrière celui-ci.

Le rictus ne passa pas inaperçu aux yeux du Serpentard, alors qu’il lui reprochait de s’être fait prendre. Ce comportement ne l’étonna guère, lui-même aurait eu la même réaction si on venait lui reprocher ce genre de chose plutôt que l’action en lui-même. Il n’était pas du tout en accord avec ce que le jeune Van Aken avait fait; attaquer un professeur était grave. Mais ça ne servait à rien de revenir sur ce fait qui n’était pas à l’origine de son intervention et de ce rendez-vous dans la salle des Duels. C’était bien le fait qu’il ait dû intervenir parce qu’il s’était fait prendre par le professeur de DCFM, qu’il lui reprochait. Une intervention qui en plus n’avait strictement servi à rien à part mettre toute l’école en retenue. Il aurait vraiment dû s’abstenir ce jour et rester dans sa chambre.

Laisse tomber… Je n’ai même pas réussi à t’atteindre avec le chien de garde que tu avais. Répondit-il à l’étonnement de son cousin éloigné, d’un ton calme. Il avait à peine réussi à lancer son sort, plongeant la grande salle dans un brouillard épais et avancer de quelques mètres sans pour autant réussir à rejoindre la table des professeurs. Au final, à bien y réfléchir, c’était peut-être un mal pour un bien quand on sait qui aurait bien pu l’attendre devant cette porte. Rien que d’y penser le fit frémir. Thor l’aurait étripé sur place. Mais au moins, je ne me suis pas fait prendre. Pas comme toi sous-entendait-il en lui lançant un regard noir en biais. Et heureusement. En plus de risquer son insigne, c’était également sa place qui aurait été en jeu et les choses auraient été tout autrement que lors de son entrevue avec le professeur Kendrick. Rien que l’idée que cela aurait pu être une finalité à son choix d’intervenir lui rappelait à quel point il avait été irréfléchi à agir comme ça. Non pas qu’il le regrettait totalement, mais il regrettait le fait de ne pas avoir pris le temps de peser le pour ou le contre et de s’être lancé tête bêche dans cette situation.

Cale fronça les sourcils à l’écoute de la question de Dmitri. Il n’était au courant de rien concernant le repas de ce soir. Personne ne l’avait informé qu’un événement particulier allait se produire et il était certain que sa co-préfète ne l’était pas non plus. Pourtant, le regard du premier année en disait long et il semblait espérer un certain soutien de sa part, confirmé par le soupir de déception qui s'échappa d'entre ses lèvres lorsque le brun lui demanda de quoi il pouvait bien parler. Surpris par sa réaction, le septième année se rapprocha de lui, le regard posé sur ce visage dont l’abattement pouvait se voir. Ses explications ne tardèrent pas, faisant écarquiller ses yeux noirs, ses bras retombant le long de son corps. Quoi ? c’était à peine audible tellement il était choqué face à la nouvelle. Un rire sans joie s’échappa un bref instant, le visage levé vers le plafond, tandis qu’il s’éloignait de quelques pas avant de revenir vers le plus jeune. Des excuses publiques ? Dans la Grande salle et devant tout le monde ? Comment… commença-t-il la voix empreinte d’une colère froide avant de finir par se mordre l’intérieur des joues pour ne pas dire tout haut ce qu’il pensait tout bas. Alors, dans un soupir, il se laissa tomber contre la plateforme qui servait pour les Duels, laissant un instant son regard glisser vers le sol. C’est comme ça qu’elle fonctionne ? A l’humiliation ? Il se posait autant la question à lui-même qu’à Dmitri. Et dire qu’il avait cru que l’enseignement de cette Directrice n’était pas si mauvais. C’était bien beau de mettre en avant l’ouverture d’esprit mais en venir à humilier un premier année, qui plus est Sang-Pur, devant tout le monde, après les dernières restrictions qu’elle leur faisait subir, c’était tout simplement écoeurant. Le professeur Van Aken est au courant ? finit-il par demander à Dmitri, plongeant le noir de ses yeux dans les siens.

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Intervenir était un grand mot. Il n’avait que réussi à lancer un sort qui avait enfoui la Grande Salle dans un brouillard épais. Les quelques mètres qu’il avait réussi à faire par la suite ne l'avaient guère mené à son objectif : rejoindre la porte derrière la table des professeurs afin de sortir son cousin de là. Finalement, le fait qu’il n’est pas réussi n’était pas une si mauvaise chose. Lorsque la visibilité avait repris ses droits ce jour-là, il avait pu constater que le professeur Thorstein tenait la garde devant la porte et l’idée de se retrouver face à elle suffisait à le faire frémir. Cette dernière l’aurait étripée sur place et ce n’est pas seulement son insigne qui aurait sauté mais bien plus. Alors, il balaya la remarque de Dmitri d’une simple phrase mais lui fit tout de même remarquer que lui, il ne s’était pas fait prendre contrairement au premier année. Ca ne tomba pas dans les oreilles d’un sourd et c’est avec une lueur de défi au fond des yeux qui le regarda ouvrir la bouche sûrement pour se défendre avant de la refermer sans qu’aucun son n’y soit sorti. Franchement, cela aurait été clairement déplacé de sa part de se défendre sur ce coup. Il s’était fait avoir comme un amateur et en plus par la pire personne qu’il se doit. Il était même surpris qu’elle ne l'ait séquestré encore plus longtemps ou ne lui ait pas fait subir mille et une tortures.

Caleb haussa d’abord les sourcils face à la mine éclairée du jeune Van Aken puis se rembrunit rapidement lorsqu’il comprit où ce dernier voulait en venir. Un soupir las passa dans un premier temps ses lèvres alors que le noir de ses yeux rencontrait le plafond de la salle de Duel avant de lâcher un simple Ouai… amer pour confirmer ses paroles. Oui c’était bien lui qui était à l’origine du dernier sort et donc de la retenue collective. Il s’en voulait déjà assez, il n’y avait pas besoin d’en rajouter. Pourtant le rire de Dmitri lui parvint aux oreilles, ce qui acheva de le désespérer. Arrête de rire. lui lança-t-il dans un faux grognement avant qu’un fin sourire mi-amusé mi-vexé ne se dessine sur son visage. Il ne pouvait pas lui en vouloir de rire de la situation. C’était le plus jeune qui était puni, et c’était mérité, mais c’était bien lui, le préfet de Serpentard, qui était responsable de cette retenue que beaucoup devait trouver injuste. Bizarrement, le fait de voir son cousin en rire apaisa légèrement la culpabilité qu’il ressentait à cet égard sans pour autant la faire disparaître entièrement.

La suite, par contre, eut l’effet d’augmenter un peu plus la colère qu’il ressentait envers leur Directrice. La mâchoire serrée, le Serpentard faisait des allés retours dans la pièce à l’inverse du plus jeune qui restait immobile au milieu de celle-ci. Mme Appleton exigeait des excuses publiques de sa part et devant tout le monde lors du repas de ce soir. A ses yeux, il n’y avait pas plus humiliants que ça et il était certain que cette dernière en était consciente. Comment pouvait-elle faire ça à un gosse de onze ans ? Qu’elle exige qu’il s’excuse auprès du professeur Hatwell en privé était tout à fait normal mais de là à le faire devant les autres élèves et membres du personnel ? Caleb claqua la langue contre son palais alors qu’il en venait à penser qu’il y avait là comme une sorte d’avertissement pour tout autre élève qui comptait se rebeller de la sorte. L’exemple par l’humiliation. Quelle belle initiative … Drôle de manière d’appliquer ses valeurs. répondit-il alors que Dmitri affirmait qu’il s’agissait là d’humilier son nom plutôt que sa propre personne. Humilier un sang-pur qui plus est. Il n’était peut-être pas pro sang-pur mais il savait l’importance du nom dans ces familles, dont la sienne. Ce n’était pas que Dmitri qu’elle humiliait dans ce cas là mais également le professeur Van Aken qui était de la famille directe du plus jeune. En parlant de ce dernier, Caleb l’interrogea sur le fait de savoir si le professeur de Potions était au courant de la sanction de ce soir et c’est sombrement qu’il lui répondit par l'affirmative et lui explique pourquoi ce dernier ne pouvait pas intervenir en sa faveur. Le septième année soupira une nouvelle fois et de manière bien plus audible cette fois-ci. Il était des plus agacés. Même si Dmitri était de la famille éloignée, il avait tout de même la sensation d’être touché indirectement par cette sanction mais même si le vieux Van Aken ne pouvait rien faire, alors lui, le fils cadet des Avery, ne pouvait strictement rien faire à part être un soutien silencieux. Ses pas finirent par le mener face au plus jeune, son regard sombre posé dans celui plus clair de l’aiglon, une main posée sur son épaule. Garde la tête haute. Toi et ton nom ne se briseront pas avec ça. Oh non, ça ne devait pas l’atteindre ou du moins il ne devait pas le montrer. Dans ce genre de situation, il fallait savoir garder une touche de provocation. Et la dessus, Dmitri semblait être assez bon.

Après une dernière pression de ses doigts autour de l’épaule du Serdaigle, Caleb laissa retomber son bras le long de son corps tout en repensant à ce que le plus jeune lui avait dit quelques instants plus tôt. Il ne pouvait pas éviter les excuses publiques sinon il serait envoyé à Durmstrang. C’est ce dernier point qui piqua sa curiosité. J’y pense. Comment ça se fait que tu sois pas à Durmstrang comme les autres membres de ta famille ? En effet, le plus jeune des Van Aken était le seul scolarisé à Poudlard alors que les autres l’étaient dans l’école dont la réputation est la plus mauvaise.