[1, 2 & 3èmes années] Premiers secours

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Le professeur van Aken avait peut-être un peu plus que d'habitude le visage fermé, les muscles de son visage crispé dans un air sévère, à moins que ce ne soit simplement la morosité ambiante de ce début d'hiver qui donne à tous les enseignants des traits tirés et une mine grave. En tout cas il était bien là, pour ce premier cours après Noël, revenu de l'hôpital où il n'avait heureusement passé que quelques jours en observation, le jury avait - semblait-il - été attaqué moins durement par le poison que le ministre, ce que les enquêteurs cherchaient d'ailleurs à comprendre. Toujours était-il que le maître des potions ne semblait pas d'excellente humeur pour la reprise des cours et que les multiples interrogatoires qu'on lui avait fait passé au bureau des aurors ne l'avaient pas aidé à prendre beaucoup de repos pendant ces vacances.

- A vos tables, nous passons directement à la pratique, inutile de mettre un chaudron à chauffer, sortez vos affaires et du silence.

Il ne s'était pas levé de son fauteuil en disant cela, préférant rester partiellement dans l'ombre des chandelles comme lorsqu'il souhaitait se donner un air lugubre ou piquer un somme rapide sans que ses élèves ne s'en rendent compte. Pendant que tout le monde commençait à déballer ses affaires il avait levé sa canne et frappant le sol d'un coup sec une craie s'en alla voltiger jusqu'au tableau pour y tracer un mot unique :

empoisonnement

- Une thématique de circonstance.

Laissant un instant de silence pour que chacun prenne note de la gravité du sujet d'aujourd'hui, il reprit ensuite la parole d'un ton grave.

- Au vu des derniers évènements, j'ai jugé pertinent de m'éloigner un peu du programme pour vous offrir à tous quelques séances bienvenues sur les empoisonnements et la manière de les contrer rapidement.

De nouveau il y eut un silence. Puis il se leva dans un grincement de cuir et s'avança jusqu'à son bureau d'un tiroir duquel il sortit une imposante cage où grouillait visiblement une vingtaine de rats.

- L'existence est ainsi faite qu'en cas d'ingestion d'un produit dangereux il n'est pas toujours possible de préparer une potion complexe. Il faut donc savoir faire avec des ingrédients simples qu'il est de bon ton d'avoir sur soi.

D'un geste de la canne, l'un des rat s'échappa soudain de la masse de ses congénère par le haut et s'envolant dans les airs, alors que van Aken ouvrait le dessus de la cage, atterrit dans la paume du maître des potions qui referma ses doigts sur lui.

- Trois éléments clefs : savoir, calme et réactivité. Une bonne connaissance encyclopédique afin de ne pas administrer un remède pire que le mal, ne pas céder à la panique et avoir confiance en ses aptitudes, enfin savoir analyser les symptômes pour identifier le problème.

Il eut un long regard pour sa classe puis dans un enchaînement de gestes rapides une petite potion noire apparue entre ses doigts et déjà le rat se précipitait sur le goulot. Quelques secondes plus tard, il se tordait dans la main de van Aken, parcouru de mouvement frénétiques et poussant sans cesse de petits cris, comme un animal qu'on torture... ou qu'on chatouille.

Le professeur interrogea du regard ses élèves.

- Si vous souhaitez, vous pouvez vous rapprocher afin de mieux voir, mais chaque seconde peut compter dans une telle situation. Ma question est simple : que dois-je faire pour sauver la vie de cette créature ?

@Jazzlyn Foster
@Sarah C. Davenport
@Dmitri D. van Aken
@Y. Amaïa Sawner
@Colin Hill
@Kovit E. Pheling
@Ombeline de Chateaubriant
@Kathleen Kirte
@Liam Conley
@Zeynep J. Özdemir
@Florent Kane
@Maya A. Wolffhart

Dans le cours du jour du professeur Van Aken, Kathleen allait être à son affaire. Les soins et la guérison, voilà qui était ce qu’elle avait l’habitude de pratiquer. Les empoisonnements, sa maman avait jugé que ce n’était pas de son niveau d’apprendre à les soigner de manière absolue, du moins pour l’instant. Elle n’avait donc que des bases à ce sujet. Mais elle avait bien l’intention d’en faire profiter le reste de la classe. Et puis, ce qu’elle ne maîtrisait pas, le professeur van Aken pourrait le lui apprendre. Elle était donc impatiente de voir le cours démarrer et d’apprendre tout ce qu’elle pourrait.

La base d’avoir sur soi quelques ingrédients utiles en toute circonstance, c’était la base de l’éducation de Kathleen. En effet, elle portait toujours sur elle une trousse courante contenant des potions et des onguents cicatrisants et désinfectants, des linges et des bandes, mais également des antidotes simples, préparés par sa mère. Ça ne pouvait servir que de premiers soins et il était évident que ça ne soignait pas tout, mais c’était parfois un bon moyen de stabiliser un état compliqué et de maintenir une personne en vie le temps de pouvoir bénéficier de plus de secours. Le professeur les invita à s’approcher et Kathleen ne se fit pas prier, prenant avec elle dans sa poche un bézoard et un antidote aux poisons les plus courants, la seule chose qu’elle eut dans sa trousse qui corresponde au sujet du cours.

Le professeur fit apparaître une fiole noire dont il fit boire le contenu à un rat. Celui-ci se mit à se tortiller. Il était pénible à la jeune Poufsouffle de voir l’animal se tortiller ainsi de douleur et quand le professeur leur demanda comment il était possible de l’aider, la fillette s’avança et demanda la parole. Quand le professeur la lui accorda, elle sortit de ses poches ce qu’elle avait pris dans sa trousse.

« Sans savoir ce que vous lui avez exactement donné, il est difficile de le soigner, mais il semble souffrir et sa vie est peut-être en danger. Pour stabiliser son état, j’utiliserai soit un bézoard dont j’enfoncerais un morceau dans sa gorge, ou je lui donnerais un peu de cet antidote aux poisons les plus communs. »

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Passé l'instant de stupeur naturel en voyant le rat se tortiller dans sa main, les élèves commencèrent à réagir. Si certains se contentèrent d'abord de remuer, mal à l'aise - et c'était l'objectif assumé de van Aken, dans une situation d'empoisonnement autrement plus impressionnante qu'un petit rat gémissant, il fallait garder son sang-froid - ce fut la jeune Kirte qui demanda la parole la première, ce en quoi il la lui accorda.

Disposant de quelques bases intéressantes en potionisme, il était toujours intéressant d'entre ce qu'elle avait à dire, ne serait-ce que pour se faire une idée de son niveau réel. Parfaite incarnation de ces savoirs secrets que chaque vieille famille de sang-purs gardait jalousement à son compte, elles étaient le reliquat de leur supériorité, l'expression concrète que le pouvoir se façonnait dans le temps et la tradition.

Tenant toujours le rat qui continuait de s'agiter, sans frémir, van Aken hocha la tête laconiquement.

- Le bézoard est une valeur sûre, en effet. Toutefois non seulement il est rare, mais dans ce cas précis ne fonctionne pas sur les petits animaux, il doit être placé entier dans la bouche et des petits morceaux n'ont pas le même effet que la totalité de la pierre.

Van Aken laissa trainer son regard sur le rat qui s'agitait de plus en plus énergiquement entre ses doigts.

- Prenez garde aussi avec les bézoards, les jeunes enfants ont vite fait de l'avaler, ce que personne ne souhaite.

Ses yeux se plissèrent, donnant un instant l'impression que le vieux professeur s'amusait de la situation.

- Prenez le temps de bien analyser la situation... Le rat s'agite certes mais ce ne sont pas des spasmes, sa respiration n'est pas étouffée ou sifflante donc il n'étouffe pas. En fait il se se tortille dans ma main... Je suis certain que vous pouvez comprendre ce qui lui arrive et agir en conséquences. Qu'est-ce qui peut bien pousser un animal ou un homme à se tordre frénétiquement sans pouvoir s'arrêter ?

Cours de potions
‟ 1ère, 2ème & 3ème années „

Depuis le retour des vacances et l’annonce de l’interdiction d’utiliser la magie en dehors des cours et des salles prévues à cet effet, le tchèque était d’assez mauvaise humeur. Il ne pouvait d’ailleurs pas prétendre avoir passé les meilleures fêtes de fin d’année qui soit ; c’était la première fois qu’il passait Noël loin de chez lui et s’il avait décidé de ne pas rester à Poudlard, principalement parce que la plupart de ses camarades rentraient chez eux pour les vacances, il n’avait pas prévu qu’un idiot empoisonnerait le ministre de la magie et par la même occasion son aïeul. Et si l’homme n’était, de l’avis certes peu objectif du garçon, pas des plus facile à vivre d’ordinaire, les circonstances ne l’avaient pas rendu plus jovial. Ainsi, pour une fois, il était sur une longueur d’onde assez similaire à celle du maître des potions.

En entrant dans le cachot, l’aiglon salua distraitement d’un signe de tête l’aîné des van Aken et, sans plus lui prêter d’attention que nécessaire, rejoignit sans tarder sa place habituelle. Un sourire caustique naquit sur son visage lorsqu’il vit le sujet du jour. Les empoisonnements, ou comment faire remarquer que les compétences du malandrin qui s’est amusé à substituer un poison à la potion sont discutables.

À l’instar de plusieurs de ses camarades, Dmitri s’avança un peu plus pour mieux distinguer l’animal qui se tortillait dans la main de son grand-oncle. Il faut dire qu’il était loin d’être le plus grand et qu’en voyant certains élèves plus âgés, voire les plus grands de sa classe, s’avancer, il avait rapidement craint de ne plus distinguer autre chose que le dos des autres enfants. Mais contrairement à certains de ses comparses, voir se tortiller l’animal en poussant de petits cris aigus ne l’indisposait pas le moins du monde. Sans doute avait-il du mal à éprouver de l’empathie pour une créature si différente de lui, à moins qu’il ne soit tout simplement pas doté de capacité émotionnelle assez développée pour s’émouvoir de la souffrance d’un autre être ; de manière générale, si ça ne le touchait pas particulièrement, qu’il s’agisse directement de lui ou d’une personne qui lui était proche, il demeurait assez détaché.

La première à parler fut une élève de poufsouffle. L’idée du bézoard lui avait également traversé l’esprit mais un certain pragmatisme lui faisait dire que ce n’était pas la meilleure des idées. « Vu le prix que coûte un bézoard, ce serait du gâchis de l’utiliser pour sauver un rat » fit-il en rigolant avant que son aïeul ne poursuive, décrivant les symptômes de l’animal. « Qu'est-ce qui peut bien pousser un animal ou un homme à se tordre frénétiquement sans pouvoir s'arrêter ? » Les yeux du garçon se posèrent un instant sur le rat. Il n’était pas un grand admirateur de ces créatures et à son humble avis, inviter un chat dans la pièce serait une riche idée. « La douleur » répondit-il en haussant nonchalamment les épaules. « Si sa vie n’est pas immédiatement menacée, on peut simplement chercher à atténuer la douleur le temps de trouver un meilleur remède ? » Il eut un bref instant de réflexion, avant d’ajouter : « De la poudre de jais devrait pouvoir suffire ? Le souci, c’est qu’il faut la chauffer, c’est un peu long. »

design ϟ vocivus

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Après le chaos du bal de Noël, un cours sur les empoisonnements était évidemment à prévoir afin de contrecarrer efficacement ce genre « d'incident ».
Cet événement avait eu le don de d'aggraver l'humeur de la forte tête qu'était son arrière-grand-mère qui avait menacé de se déplacer elle-même pour trouver ce « patient zéro de la connerie » pour la citer. Le repas de Noël familial avait donc dû être décalé de quelques jours à cause du malheureux incident qui avait retardé le départ des Sawner-Pheling de Poudlard, ce qui avait alimenté l'inquiétude déjà culminante de son père.
Autant dire que les vacances de Noël avaient été mouvementées si bien que le métis n'avait pas vu le temps passer.

Si l'idée d'avoir cours avec le senior du corps enseignant ne l'enchantait d'ordinaire pas beaucoup, l'attitude encore plus assombrie ne présageait rien de bon pour ce cours. Certes, les potions étaient intéressantes, mais avec un professeur qui en était venu aux mains avec lui, Kovit comptait rester dans son coin à écouter en silence.
Les membres du jury s'étaient remis plus vite de l'attaque au poison dont ils avaient été victimes, ce qui était un bon dénouement en soi, Mamaya avait même commenté durant le repas de Noël que « ce casse-gonades de van Aken n'a pas fini de jouer au cobaye de breuvage douteux ! Et je ne parle pas que de son whisky qui goûte le vieux placard ! ».
Kovit avait vite compris que les familles de sang-purs n'étaient pas vraiment monnaie courantes au Royaume-Uni, il était donc normal que chaque membre se connaisse au moins de vue et, malgré qu'elle ait coupé les ponts avec cette partie de la société, son aïeule restait plutôt bien informée de ce qu'il s'y passait.

Un coup de canne ramena l'attention du Serpentard sur le tableau qui affichait le thème du jour, le Thaïlandais avait vu juste vis-à-vis de l'humeur du professeur. En même temps, s'il avait été maître des potions, il aurait mal pris le fait de se faire empoisonner.
Après une brève introduction du sujet et quelques conseils sur l'attitude à adopter si les élèves étaient amenés à devoir gérer un empoisonnement, l'adulte offrit une décoction à un rat qui commença à se tortiller en poussant des petits cris aigus.

- Si vous souhaitez, vous pouvez vous rapprocher afin de mieux voir, mais chaque seconde peut compter dans une telle situation. Ma question est simple : que dois-je faire pour sauver la vie de cette créature ?

D'abord interloqué, le garçon ne bougea pas d'un pouce, leur professeur n'était tout de même pas entrain de torturer un animal devant eux ? Pas après le fiasco du bal ?
Le Thaïlandais scruta froidement les traits du potionniste à la recherche d'un indice qui lui prouverait que van Aken n'était pas encore sénile au point d'exposer ses élèves à la torture, même si c'était sur un petit rongeur assez peu apprécié dans la culture populaire.
La présence d'un inspecteur à Poudlard rendait cette action d'autant plus impensable, mais peut-être van Aken n'en avait cure.
Kovit ne s'y connaissait pas assez dans le domaine pour pouvoir déterminer si les cris de l'animal étaient dus à la douleur ou à autre chose, il était plus facile de reconnaître la douleur chez les Hommes, surtout que le rat ne pouvait pas les orienter vers la source du problème.
Il eut cependant une pensée pour son colocataire, Colin, assis un peu plus loin. Ce dernier possédait un rat, peut-être pourrait-il l'éclairer à ce sujet ? Mais si ce n'était pas de la douleur, qu'est-ce que cela pourrait être ? Une sorte de manie dansante de Saint-Guy ?
Le première année espérait juste que la pauvre bête ne se faisait pas réellement torturer sous leurs yeux, car certains risquaient d'être plus sensibles à ce genre de démonstration.

Ce fut Kathleen qui se manifesta la première, proposant quelques solutions, notamment une pierre nommée Bézoard et une fiole d'antidote. Kovit n'avait pas encore pris le temps d'explorer le manuel de potions en profondeur de sorte qu'il découvrait encore beaucoup d'ingrédients et leurs effets.

« Vu le prix que coûte un bézoard, ce serait du gâchis de l’utiliser pour sauver un rat. »

La remarque du Serdaigle étonna le Thaïlandais, son camarade ne semblait absolument pas décontenancé par le comportement du rat. Il coula un regard vers Colin mais ne put apercevoir ses traits, il ne savait pas vraiment comment son colocataire pouvait réagir vis-à-vis des congénères de son animal de compagnie.

- Prenez le temps de bien analyser la situation... Le rat s'agite certes mais ce ne sont pas des spasmes, sa respiration n'est pas étouffée ou sifflante donc il n'étouffe pas. En fait, il se tortille dans ma main... Je suis certain que vous pouvez comprendre ce qui lui arrive et agir en conséquence. Qu'est-ce qui peut bien pousser un animal ou un homme à se tordre frénétiquement sans pouvoir s'arrêter ?

Ces paroles eurent le don de mettre la puce à l'oreille du Serpentard. Insinuait-il que le rat ne souffrait pas ou était-ce tout le contraire ? Visiblement, Dmitri le pensait puisqu'il suggéra que c'était bien la douleur qui faisait s'agiter le petit être, il conclut en proposant de lui administrer de la poudre de jais.
À ces mots, Kovit avait fini par se rapprocher dû à quelques élèves plus grand lui bouchant la vue.
Le visage toujours neutre, il resta cependant à bonne distance cherchant autant à apprendre qu'à jauger les réactions du senior.
Il s'était posté près de sa cousine, ne sachant pas si la vision d'un petit être potentiellement en souffrance pouvait la mettre à mal, mais préférant se poser sagement au cas où elle avait besoin de soutien.

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La petite masse des élèves entourait désormais les mains du professeur où le rat s'agitait toujours, de plus en plus fort et de plus en plus violemment. Certains - certainement les moins braves - avaient préféré rester à leur place mais les autres enfants semblaient tous assez fascinés, preuve soit d'une certaine curiosité morbide soit d'un véritable désir de venir en aide à la créature.

- Ne vous laissez pas impressionner. dit simplement van Aken, percevant quelques grimaces dans la masse de ses étudiants.

Les murmures allaient bon train autour de lui, chacun y allant de sa petite opinion ou exprimant son empathie pour l'animal. Sans relever la remarquer de Dmitri, plutôt pertinente cela dit, il relança la classe sur l'analyse des symptômes. Bien sûr, il était beaucoup plus difficile de décrypter le comportement d'un rat que celui d'un être humain mais parfois même face à l'un de ses semblables il était malaisé de lire correctement et rapidement les troubles qui l'habitaient. S'entrainer sur un rat obligeait les enfants à se montrer attentifs aux détails.

- La douleur en effet. hocha-t-il la tête. Dans ce cas-là monsieur van Aken, vous avez raison, atténuer les souffrances est une priorité. En plus d'être un geste naturel d'empathie, elle permet d'éviter que l'empoisonné ne se blesse mais également de le faire parler et donc de recueillir des informations précieuses sur ce qu'il a ingéré et sur l'origine de son mal.

Il n'en dit pas plus, attendant la proposition du jeune homme et de nouveau hocha la tête.

- Comme vous le dites, un bon choix mais lent à préparer. Préférez la fumeterre des murailles ou la menthe des bois pour atténuer la douleur, d'autant que selon votre environnement il est parfois possible d'en trouver à l'état sauvage avec un sortilège d'attraction.

Le professeur eut un regard pour le rat qui remuait toujours et émettait désormais un halètement régulier.

- Voila, il se met à étouffer. Évolution logique des symptômes, voyons si la menthe l’apaisera.

D'un geste de sa canne, une petite boîte s'envola de son bureau pour voler jusqu'à lui. D'un nouveau geste de la main, le rat ouvrit sa bouche et avec une certaine délicatesse, van Aken y introduit un tout petit morceau de feuille roulée en boule entre ses doigts. Sans doute l'animal devait être sous l'influence d'un sortilège d'impero car il l'avala sans faire d'histoire.

Petit à petit, graduellement, sa respiration commença à s’apaiser ainsi que ses mouvements, bien que sans totalement cesser.

- Il semble que vous ayez partiellement raison monsieur van Aken, appaiser les sens est parfois une bonne initiative quand l'individu s'agite trop. Toutefois vous avez fait une erreur de diagnostique...

Un nouveau geste de canne et une fiole apparut entre les doigts de l'enseignant qui en versa une goutte dans la gueule du rat. Celui-ci s’apaisa immédiatement, s'abandonnant sur le dos, reprenant visiblement son souffle.

- Le rat ne souffrait pas, il riait. Dans ce cas là, jais , menthe ou fumeterre des murailles, ayez ces trois ingrédients en tête et particulièrement sur cette dernière. A très forte dose elle anesthésie le corps et permet d’apaiser tous les sens, le temps de trouver un remède plus précis.

Quelques sourires apparurent sur le visages des élèves, certainement rassurés à l'idée de n'avoir pas assisté à une séance de torture mais plutôt à quelques inoffensifs chatouillis.

- Une affreuse manière de mourir. précisa l'enseignant d'un ton lugubre. Passons au prochain.

Il reposa le rat épuisé dans la cage et se saisit d'un autre animal par la queue, lui tirant un couinement léger, avant de le déposer dans sa paume.

- Reculez un peu, les vapeurs de celle-ci peuvent être dangereuses.

Il déboucha un nouveau flacon tiré de sa veste et présenta le goulot sous le nez de l'animal qui eut un mouvement de recul. L'instant d'après, fébril, il se mettait à cracher des petits jets sanglants.

- Nouveaux symptômes, nouvelle déduction, arriverez-vous à sauver celui-ci ? Une hémorragie interne doit vous permettre de faire des hypothèses sur ce à quoi nous avons affaire.

Kathleen était consciente qu’elle avait encore bien des choses à apprendre. Rangeant ce qu’elle avait sorti de sa trousse, elle prit un calepin et un crayon pour noter les informations que le professeur lui avait donné sur le bézoard. Elle savait qu’elle avait encore beaucoup à apprendre. Elle n’avait que les bases de la botanique et des potions pour le moment, mais les enseignements du professeur Van Aken allaient lui permettre d’avancer sur le chemin de son héritage. Elle n’aurait pas pu avoir un meilleur cours que celui-là dans tous les cours de potion. Elle allait apprendre plein de choses utiles.

Elle aurait dû penser à la menthe des bois qu’elle avait utilisée dans la potion pour le concours de potions qui avait vu son résultat au bal de Noël. Elle nota des informations sur les plantes capables d’atténuer la douleur. Administrer la menthe des bois sembla apaiser l’animal dont le professeur expliqua qu’il était en fait en train de s’étouffer de rire et non de douleur. Mais malgré l’erreur de diagnostic, les plantes à utiliser étaient les mêmes. Un coup de chance. Cela dit, Kathleen n’était pas satisfaite du résultat. Elle allait devoir se concentrer pour la suite, afin d’obtenir de meilleurs résultats.

Kathleen fit un pas en arrière devant la mise en garde de son enseignant. Elle avait appris qu’en potion, il était dangereux de ne pas tenir compte des conseils des experts en la matière. Le rat, une fois la potion ingérée, se mit à vomir du sang. Kathleen réfléchit un instant, elle n’était pas certaine de son diagnostic et de la solution à proposer, mais il fallait bien tenter quelque chose. Et comme ça, elle apprendrait de ses erreurs. L’avantage, c’était qu’elle avait un expert sous la main alors que sa mère n’était pas là pour répondre à ses questions. Elle redemanda donc la parole.

« Il crache du sang », observa-t-elle avec calme, « La potion a dû créer des lésions quelque part dans son système digestif. Est-ce que du dictame pourrait l’aider, Professeur ? Cela répare les lésions, non ? Cela pourrait-il stabiliser son état ? »

Inspection surprise

Stephen McCord quitta les serres de botanique un peu avant la fin du cours pour retrouver la directrice Appleton dans son bureau afin de prendre un bon café matinal. Il avait déjà sillonné de bonnes heures dans les couloirs afin de s’assurer que l’interdiction d’utiliser sa baguette en dehors des cours était bien respectée… Pour l’heure, il n’avait rien remarqué d’alarmant : la plupart respectait les dernières mesures imposées sans discuter, et les quelques réfractaires étaient aussitôt envoyés dans le bureau de Mr. Armitage. Mais à peine avait-il eu le temps d’évoquer le sujet avec madame la Directrice que sonnait l’heure du cours de potions, là où il effectuerait sa prochaine inspection… Fourrant sa mallette sous son bras, il quitta les bureaux pour prendre la direction des sous-sols lugubres. Eh bien, voilà qui lui rappelait sa scolarité d’antan ! Puisque c’était de tout jeunes élèves qui étaient concernés par la leçon du jour, il décida de se montrer précautionneux, et opta pour adopter sa forme animagique. Matérialisant dans son esprit l’image du discret mulot sylvestre qu’il incarnait, il se transforma dans un recoin, et rejoint rapidement la salle de classe avant que la porte entrebâillée ne se referme sur lui. Tapi dans un recoin de la classe, il écouta bien attentivement le début du cours… Ses moustaches de petit rongeur frémirent légèrement devant le parfait sang froid qui semblait caractériser le professeur qui n’était plus à présenter : Alexander Van Aken, illustre maître des potions, et peintre reconnu. Examinant les différents portraits accrochés au mur, Stephen reconnaissait là bien cet homme que l’on lui avait souvent décrit. Cependant, la scène d’agonie du rat ne le laissa pas sans grimacer un peu…

En voyant l’enseignant déboucher une nouvelle fiole de poison, il se décida à reprendre sa forme humaine, considérant que le moment était bienvenu. Il grandit alors soudainement pour retrouver sa taille adulte et se débarrasser de son pelage gris, tandis qu’une bonne partie de la classe le toisait avec un certain étonnement. Finalement, il s’éclaircit la voix, comme si sa présence à ce cours était parfaitement légitime : « Si vous le permettez, Professeur Van Aken… » lança-t-il finalement, avec un sourire courtois, ouvrant un petit carnet. Il toisa alors le vieil enseignant avec un air de défi, n’étant pas certain de soutenir la pédagogie de ce dernier. S’avançant vers le bureau occupé par l’enseignant, il fixa la cage qui contenait une vingtaine de rats, et leva finalement un index accusateur en direction de celui « Je ne trouve pas très raisonnable que des élèves de cet âge-là manipulent des ingrédients de ce type. N’oublions pas que ce tragique événement est arrivé parce que des limites claires n’ont pas été posées… Ces jeunes gens ont le droit à un cadre, et aux règles qui vont avec, afin de permettre à cette école de poursuivre ses activités dans un environnement sain. » Après tout, c’était suite au concours qu’il avait organisé que le Ministre avait subi un grave empoisonnement… Sans doute s’était-il montré négligeant avec quelques uns de ses élèves, ou même peut-être pire : il se pouvait qu’il leur ait directement appris à composer leurs propres poisons offensifs. Certainement avec les meilleures intentions du monde… mais la magie mal utilisée se révélait souvent très dangereuse, il était bien placé pour le savoir. « Et puis, quelle thématique sinistre, vous ne voudriez pas traumatiser ces chers enfants avec un rat à l’agonie ! Pourquoi ne pas commencer plus en douceur, par exemple en proposant des remèdes aux maux de tête, ou au rhume ? » reprit-il en levant ses mains vers le ciel, avant de retrouver un air plus sympathique : « Enfin, je ne me permettrais pas de critiquer vos méthodes, mais avouez que c’est plutôt insolite. » ajouta-t-il avec un petit sourire, avant de reprendre sa prise de notes, comme s’il ne s’agissait là que d’une petite plaisanterie.

Se tournant finalement vers les plus jeunes élèves, il opta finalement pour la petite Poufsouffle qui s’était démarquée avec ses multiples interrogations. Son enthousiasme était aussi encourageant qu’inquiétant, aux yeux de Stephen… à croire qu’elle était familière avec ce genre de situations. « Miss Kirte, c’est bien ça ? Vous vous baladez… souvent, avec des petites fioles sur vous ? Ou un bézoard… ? » Après tout, elle n’avait que douze ou treize ans, à son âge il était impensable d’avoir de telles préoccupations, ou de transporter sur elle des antidotes dont on ne connaissait rien de la provenance ! Il parcourut des yeux le reste des enfants, dont il connaissait, pour certains, l’intégralité du dossier scolaire… comme le jeune Van Aken, qui avait probablement hérité de quelques traits de son grand-oncle, et qui était donc à surveiller. Finalement, il tira une chaise, et s’adressa directement à un jeune Serpentard qui se trouvait auprès d’une petite Serdaigle. « Monsieur Phelig, vous qui êtes un peu en retrait… avancez, n’ayez pas peur. » l’invita-t-il avec un sourire amical, à se rapprocher, avant de lui montrer de la main le pauvre rat qui se tortillait sur lui-même. « Dites-nous ce que vous en pensez, je suis certain que la classe aimerait avoir votre avis sur l’objet du cours. » C’était surtout lui qui était curieux de ce que pourrait bien dire le principal concerné… après tout, il imaginait mal que l’agonie d’animaux, même proposée dans un cadre strictement pédagogique, puisse laisser insensibles d’aussi jeunes enfants.

@Professeur A. Van Aken
@Kovit E. Pheling
@Kathleen Kirte

Avant même que le professeur Van Aken ait pu répondre à l’intervention de Kathleen, un homme surgit dans la pièce qui provenait d’un rat, un animagus, donc, très probablement. Il s’annonça comme inspecteur et Kathleen se souvint qu’on avait parlé que des cours devaient être inspectés. C’était donc le cas, dans ce cours de potions. Mais il ne semblait pas approuver le sujet du cours du professeur, ou alors c’était peut-être la façon dont il l’appréhendait qui ne lui plaisait pas. Toujours était-il que c’était la première fois qu’elle entendait son enseignant se prendre autant de critiques, du moins en face à face.

Cela dit, ce fut elle la cible suivante de l’inspecteur qui semblait surpris de la voir avec un antidote et un bézoard. Kathleen savait qu’elle ne faisait rien de mal, car elle avait confirmé auprès de sa mère ce qu’elle avait le droit ou pas de faire. Et elle se limitait strictement à ce que sa mère lui avait permis de faire. Il ne fallait pas prendre de risques avec la santé des autres, c’était la première leçon qu’une guérisseuse de sa lignée apprenait. Admettre qu’on n’en savait pas assez, c’était la première étape et la plus constructive de tous, et surtout une base sérieuse.

« Enchantée de vous connaître, Monsieur. Effectivement, », dit-elle en allant récupérer sa trousse de secours, « j’ai toujours un minimum de choses sur moi. Rien de très particulier, essentiellement des choses qui permettent de soigner de petites blessures ou de stabiliser quelqu’un le temps que quelqu’un d’autre intervienne. En fait, je descends, par ma mère, d’une lignée de guérisseuses. Mary Kirte, cela vous dit peut-être quelque chose. Depuis plusieurs années déjà, elle m’enseigne son savoir. C’est elle qui a fait toutes ces potions et ces onguents. Mais rassurez-vous, je ne les utilise que pour ce que je maîtrise déjà parfaitement, jamais plus. Vous avez pu le constater si vous avez entendu le début du cours, j’ai encore beaucoup à apprendre. »

Elle en profita pour ranger soigneusement le bézoard et l’antidote dans sa trousse et la ranger précautionneusement. Il fallait toujours prendre soin de son matériel, un autre des éléments de base.

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Le professeur de potions avoua enfin que le rat n'était soumis à aucune souffrance, ce qui détendit un peu le Thaïlandais. Au moins le senior avait encore assez de bon sens pour ne pas imposer une scène traumatisante à des enfants d'à peine onze ans pour les plus jeunes.
Kovit ne savait pas qu'il était possible de chatouiller un rat, ni aucun autre animal d'ailleurs donc cette éventualité ne lui avait pas vraiment traversé l'esprit.
Il remarqua les épaules de certains autres élèves, mis à mal par le spectacle, se détendre et des sourires s'échanger ça et là.

Coupant court aux œillades rassurées des élèves, le maître potionniste annonça l'exercice suivant et incita les étudiants à se reculer de quelques pas.
Cette demande n'augurait rien de bon pour le petit être qui venait à peine de se remettre de l'attaque de chatouilles, et il ne fallut pas longtemps pour que le rongeur ne se mette à cracher du sang.
Le métis retira mentalement tout ce qu'il avait pu penser sur le bon sens du professeur.
Certes, il pouvait comprendre le potentiel éducatif qu'offrait la pratique et il savait que les progrès en médecine et autres sciences n'auraient pu être réalisés sans les tests sur des cobayes.
Cependant, soumettre des enfants à cette vision violente, pour ceux qui n'y avait jamais été exposés, n'apportait rien niveau éducation, les élèves ne retiendront que le côté gore et malaisant.

De plus, si le senior tenait autant à leur montrer les symptômes physiques d'un empoisonnement, Kovit était presque sûr que dans un monde où la magie prime, il était possible de trouver un remplaçant à la petite boule de fourrure, en animant une peluche ou quelque chose dans le genre.
Mettre en scène les symptômes aurait été une option bien plus attrayante et les étudiants auraient sûrement été plus concentrés sur le contenu du cours que sur la souffrance d'un animal.

Une fois de plus, ce fut Kathleen qui proposa rapidement une solution pour remédier à l'hémorragie interne du rat. Soudainement, et avant que leur professeur n'ait pu répondre à la proposition de la Poufsouffle, un homme se matérialisa dans la pièce ou plutôt, il se métamorphosa à partir d'un rongeur.
Cette drôle de scène fit hausser les sourcils de l'enfant qui lança un coup d'œil à sa cousine, comme pour vérifier qu'il n'avait pas rêvé.
Un animagus.
Le Serpentard en avait eu vent par son arrière-grand-mère mais n'avait jamais eu l'occasion d'en voir un à l'œuvre, mais pourquoi avoir choisi un rongeur ? Certes, c'était discret mais ces animaux sont des proies, quitte à en être une autant choisir une paire d'ailes mais ce n'était que l'humble avis du garçon.

Passé l'effet de surprise, l'adulte alpagua son aîné à propos de ses méthodes d'enseignement et l'identité de l'étranger apparu alors comme une évidence : l'inspecteur.
Kovit n'avait pas encore eu l'occasion de croiser le personnage mais il comprenait désormais qu'il venait d'utiliser sa forme animal pour suivre le cours en toute discrétion et dans toute son authenticité.

« Et puis, quelle thématique sinistre, vous ne voudriez pas traumatiser ces chers enfants avec un rat à l’agonie ! Pourquoi ne pas commencer plus en douceur, par exemple en proposant des remèdes aux maux de tête, ou au rhume ? »

Cette remarque fit à nouveau hausser un sourcil au première année. Un remède contre les rhumes ou les maux de têtes ? Pourquoi gâcher des ingrédients sur quelque chose qui pouvait être surmonté rien que par le système immunitaire ? À moins que les maux de tête ne soient débilitants, il n'en voyait pas vraiment l'utilité.
Les empoisonnements restaient prioritaires au vu des récents événements, bien que cela n'était pas normal qu'ils le soient dans une école. Leur jeune âge ne devait pas les priver des connaissances nécessaires pour sauver des vies mais les moyens utilisés par van Aken pour leur inculquer ce savoir était loin d'être idéaux.

Après avoir tenté d'alléger l'atmosphère en faisant passer ses critiques pour un banal échange d'opinions, l'inspecteur échangea avec l'apprentie guérisseuse sur son habitude de transporter une trousse de fiole prêtes à l'emploi. La rouquine se dirigea ensuite vers son bureau pour ranger les éléments qu'elle avait présentés au senior.
Pendant ce temps, le visiteur impromptu scruta les visages des élèves, Kovit suivait discrètement le regard de l'homme qui s'arrêta un instant sur Dmitri avant de finir par se poser sur le duo Sawner-Pheling.
Le Thaïlandais ne s'en formalisa pas, pensant que l'adulte reprendrait bientôt sa joute avec leur enseignant mais l'inattendu se produisit.

« Monsieur Phelig, vous qui êtes un peu en retrait… Avancez, n’ayez pas peur. »

À cet appel, le garçon se raidit, jetant un regard interrogateur à Amaïa puis à l'inspecteur qui lui faisait signe de le rejoindre.
Était-il obligé ? Il n'avait pas vraiment envie de se coller au troupeau mais il n'était pas sûr d'avoir le choix présentement.
Les élèves s'écartèrent pour le laisser passer et il se retrouva au centre de l'attention, face au petit rongeur qui s'affaiblissait déjà.

« Dites-nous ce que vous en pensez, je suis certain que la classe aimerait avoir votre avis sur l’objet du cours. »

D'ordinaire, il aurait ignoré cette demande mais maintenant il ne pouvait pas faire marche arrière.
Cet homme essayait-il de le prendre à parti ? Il l'avait vu en retrait et avait peut-être interprété cela comme un signe de son désaccord avec la pédagogie du maître potionniste, ce qui n'était pas faux en soi.
Son esprit lui souffla qu'il venait de se faire manipuler, il ne pouvait évidemment décemment pas dire que le sort du rongeur lui importait peu, ce n'était ni vrai ni éthique. D'un autre côté, il ne pouvait pas non plus dénigrer les méthodes de son enseignant pour les sept années à suivre, un enseignant qui l'avait déjà attraper par le col pour moins que ça.
Son imagination et sa méfiance extrême envers les adultes le poussaient à assumer le pire mais, dans le doute, il préférait ne pas placer ses espoirs trop haut.
Kovit avait l'impression qu'on venait de le piéger et il n'appréciait pas beaucoup qu'on le pousse sur le devant de la scène pour servir d'excuse à cet inspecteur.

Après quelques secondes de réflexion, il détourna son regard du cobaye pour tomber sur celui de son professeur avant de finalement revenir sur l'homme qui l'avait mis dans cette situation déplaisante.

- « Je pense que plus on s'attardera en bavardages, plus il souffrira. Le soigner est la priorité. »

Le ton était froid, peut-être un poil accusateur, ces mots lancés comme pour mettre à jour l'hypocrisie de la situation.
Il avait dévié le sujet tout en répondant, en quelque sorte, à ce qui lui était demandé.
Aux yeux de l'enfant, l'inspecteur avait tenté de faire passer ses opinions pour du bon sens sans se rendre compte qu'il mettait en danger le pronostic vital de la petite créature, trop concentré sur son discours. À sa place, le métis aurait d'abord demandé à ce qu'on soigne l'animal avant de sortir sa démagogie.
Kovit n'était certes pas d'accord avec les méthodes de van Aken mais l'attitude de l'animagus ne méritait pas de médaille non plus.

Sans demander son reste, le Serpentard entama sa marche retour vers sa cousine mais stoppa son geste brièvement avant d'ajouter, la voix plus posée et son éternelle expression neutre plaquée sur le visage.

- « Et mon nom est Pheling, monsieur. »

Au moins, il ne fera pas l'erreur d'écorcher son nom la prochaine fois, en espérant que si cet homme s'adresse à nouveau à lui ce ne sera pas pour le mettre à nouveau dans une position délicate.

Cours de potions
‟ 1ère, 2ème & 3ème années „

D’une nature consciencieuse et particulièrement mauvais perdant, Dmitri s’était rapidement mis en tête de préparer assidument les enseignements de potions : s’il ne voyait pas de concurrence potentielle en la personne de Jazzlyn, qui ne semblait pas être aussi douée en potions qu’elle l’était en situation conflictuelle, ce n’était pas le cas de tous les autres élèves. S’agissant d’Amaïa, il ne la percevait pas non plus comme une concurrente, mais pour une toute autre raison : il avait beaucoup en commun avec elle et appréciait assez sa compagnie pour se réjouir de ses réussites, même au détriment de la sienne. S’il ne faisait pas montre d’une grande empathie envers l’animal, il en était, heureusement, autrement avec ses amis. À cette pensée, son regard se déporta en direction de sa camarade de serdaigle ; son cousin se tenait, comme souvent, à ses côtés. Kovit avait également montré un certain talent en potions, mais il n’était pas de ceux qui participaient assidûment à l’oral et attiraient l’attention sur eux, laissant à l’aiglon tout le loisir de s’épancher. Son principal adversaire se révélait en réalité être Kathleen. Les potions semblaient être un domaine qui lui tenait à cœur, au point qu’elle était toujours la première à prendre la parole. Le fait qu’elle soit d’un an son aînée rendait cette silencieuse compétition d’autant plus intéressante aux yeux du tchèque. Mais la poufsouffle avait un énorme défaut en la matière : elle était trop gentille et ses interventions semblaient mues par un réel désir d’apprendre, là où pour le tchèque, la démarche était bien plus intéressée. La compétition ne devait sans doute pas exister ailleurs que dans son esprit.

Dmitri eut une fugace pensée pour ceux de ses camarades qui avaient comme animal de compagnie un rat ; la vision d’une créature semblable à leur compagnon ne devait pas être des plus agréables. Pour sa part, étant assez peu décontenancé par les couinements de l’animal, il avait au moins l’avantage de pouvoir le regarder sans se sentir défaillir et ainsi mieux cerner le mal qui rongeait le cobaye. En le voyant se tordre dans la main de son aïeul, il trouva d’ailleurs l’hypothèse de la douleur assez crédible et proposa une solution en conséquence. Il observa avec une certaine satisfaction le maître des potions acquiescer à l’écouter de son hypothèse. « La douleur en effet. Dans ce cas-là monsieur van Aken, vous avez raison, atténuer les souffrances est une priorité. » De nouveau, l’enseignant confirma d’un signe de tête sa suggestion, quoiqu’avec une certaine réserve. « Préférez la fumeterre des murailles ou la menthe des bois pour atténuer la douleur. » Cette fois-ci, ce fut au tour du garçon d’opiner du chef non sans une légère frustration ; il avait conscience de l’inconvénient de temps que représentait le jais, mais en si peu de temps et de tête, il s’agissait de la première solution qui lui était venue.

Le professeur daigna finalement mettre fin aux souffrances de l’animal, lui faisant ingérer un peu de menthe des bois. « Le rat ne souffrait pas, il riait. » Conclusion peu conventionnelle qui sembla satisfaire certains de ses camarades. « Une affreuse manière de mourir. » L’aiglon masqua difficilement un rire moqueur par une toux qui n’avait rien de naturelle : son aïeul avait un don indéniable pour garder une ambiance tendue dans sa salle de cours. À croire qu’il prenait du plaisir à voir le visage des élèves les plus expressifs passer d’une émotion à l’autre, allant du dégout face aux tortillements du rat à l’effarement en découvrant qu’il était possible de mourir de rire, au sens le plus littéral du terme, en passant par un soulagement de courte durée.

À l’incitation de l’enseignement, les élèves se reculèrent d’un même mouvement ; certains semblaient regarder avec une certaine appréhension le nouveau rat, se demandant bien ce qui pourrait arriver à ce pauvre malheureux. Lorsque celui-ci se mit à cracher du sang, l’enseignent les invita nouvelle fois à envisager un remède. L’esprit en ébullition, bien déterminé à gagner son petit duel silencieux et unilatéral contre Kathleen, il la laissa toutefois prendre la parole en première. Galanterie ou simple manque de réactivité de sa part ?

Après la réponse de la poufsouffle, Dmitri allait à son tour prendre la parole, arguant une hypothèse quelque peu différente de celle de sa camarade de deuxième année, mais elle n’eut pas le temps, pris de vitesse non par un autre élève mais par un adulte qui venait d’apparaître ; ou plutôt de se métamorphoser. Un animagus. Il devait être dans le cachot depuis le début du cours sans que personne ne prête attention à la présence d’un énième rongeur caché par des pieds de chaises. Peut-être même que l’homme avait assisté à d’autres cours avant les vacances sans jamais se signaler, amassant des informations sur la pédagogie du plus âgé des van Aken. C’était fourbe, même pour un employé du ministère.

Toujours était-il que l’aiglon avait décidé de détester l’inspecteur : non seulement parce qu’il représentait la directrice, qui avait décidé d’interdire l’usage de magie en dehors des cours et que l’enfant appartenait à ceux qui étaient bien résolus à continuer à faire comme avant, mais également parce qu’il avait osé lui voler la parole. Et le garçon était d’une nature rancunière. Rien de ce qu’il entendrait de sa part ne pouvait trouver grâce à ses oreilles.

Au-delà même de ce préjugé, il n’appréciait pas les paroles de l’homme ; s’il n’était pas le plus grand défenseur des idées de son aïeul, il était forcé d’admettre qu’il appréciait les cours de potions et ne voulait pour rien au monde avoir à supporter un enseignement où l’on interdisait l’usage de certains ingrédients au motif qu’ils pouvaient être dangereux. S’ils ne les utilisaient pas lorsqu’ils étaient surveillés et encadrés, comment pouvaient-ils apprendre à maîtriser les risques inhérents à leur usage ? À son humble avis, le « tragique évènement » n’était d’ailleurs pas dû au fait que des élèves aient maniés des substances dangereuses ; pour ce qu’il en comprenait, il s’agissait bien plus d’une question de politique. L’inspecteur ne pouvait pas l’ignorer, mais ce serait admettre que tous ne partageaient pas l’avis du ministre.

« Pourquoi ne pas commencer plus en douceur, par exemple en proposant des remèdes aux maux de tête, ou au rhume ? » Si son paternel entendait l’homme, il en ferait sûrement une syncope. Il n’était clairement pas de ceux qui prônaient une douceur excessive, même avec des enfants de leur âge : il n’y avait bien qu’en mettant les jeunes face à la réalité qu’ils apprenaient la vie et ça nécessitait donc d’accepter de les chambouler un peu. Certainement que son travail au bureau des aurors de Prague n’était pas sans lien avec la rudesse qui caractérisait l’éducation donnée à ses enfants. Même si Dmitri n’était pas en très bon terme avec lui et critiquait allègrement son géniteur, il avait indéniablement hérité d’une part de sa dureté et sans doute également de cette proportion à la violence qui ressurgissait parfois en lui. « Comme ça, si quelqu’un se fait à nouveau empoisonner, à défaut de pouvoir lui sauver la vie, on pourra toujours lui proposer un remède contre le rhume. Brillante idée. » railla-t-il à mi-voix, quoique suffisamment fort pour que l’inspecteur puisse l’entendre.

L’animagus se tourna finalement vers Kathleen pour la questionner, avant de balayer du regard l’étendue d’élèves. Le garçon eut la désagréable impression que son regard s’attardait quelques instants sur lui, mais peut-être se faisait-il des idées ; ce fut d’ailleurs à Kovit qu’il s’adressa ensuite.

Dmitri adressa un discret regard de compassion à son camarade de serpentard. D’ordinaire déjà peu loquace, la situation ne devait pas être des plus confortables pour lui. Sans doute aurait-il préféré que l’inspecteur soit présent à leur premier cours, lorsqu’il était aux prises avec le maître des potions. À la pensée de cet incident, il chercha du regard Jazzlyn. S’il y avait bien une personne susceptible de mettre le bazar dans les cachots, c’était elle. « Je pense que plus on s'attardera en bavardages, plus il souffrira. Le soigner est la priorité. » répondit le thaïlandais, provoquant chez l’aiglon un faible ricanement.

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Sans un regard pour l'animal qui toussait dans le creux de sa main, le professeur pouvait sentir la chaude humidité du sang de l'animal. Contrairement à certains de ses collègues, il ne portait presque jamais de gants en manipulant potions et ingrédients, trouvant un étrange plaisir charnel au contact des herbes et fluides sur sa peau, comme si cela lui permettait de mieux en percevoir la nature et le poids.

De nouveau, la petite Kirte reprit la parole. Elle faisait partie de ses étudiants les plus volontaires, on ne pouvait pas le lui retirer, et les connaissances de sa famille lui donnaient souvent une indéniable avance. Un autre enseignant aurait peut-être tenté de réfréner un peu les ardeurs de la jeune fille afin de laisser les autres participer également mais van Aken n'avait jamais eu ce soucis. Les meilleurs - et ce n'était pas un hasard s'il s'agissait généralement de sang-purs - devaient apprendre à s'imposer dès le plus jeune âge. Seule une compétition rude et sans concessions leur permettrait de dévoiler leur plein potentiel.

Il allait rebondir sur la remarque de la petite Poufsouffle lorsqu'un mouvement dans le fond de la salle et le coin de son oeil attira son attention. Un homme venait d'apparaitre, un homme qu'il ne connaissait pas ce qui permet à van Aken d'en déduire immédiatement qu'il devait s'agir du fameux inspecteur qu'on lui avait annoncé. Qui d'autre sinon aurait été assez sot pour pénétrer dans sa classe sans frapper avant à la porte ?

Carnet à la main, sourire courtois et regard de défi. Un pion d'Appelton, aussi misérable que lui, de talent comme d'esprit, sans aucun doute. Ces gens n'avaient ni manière ni grandeur, de la race des ratés et des fonctionnaires, tous justes bons à devenir inspecteur, infoutus d'agir par eux-mêmes ils ne savaient que passer derrière les autres pour critiquer leurs méthodes. Aurait-il été syndicaliste que cela n'aurait pas étonné le professeur de potion outre-mesure.

Ce dernier n'esquissa pas un geste de salut et l'autre ne sembla pas s'en formaliser. Se tenant droit, le rat agonisant dans sa main gauche, la droite comme scellée sur le pommeau de sa canne, les jointures blanchies, ne se dégageait de lui qu'un mélange d'hostilité froide, silencieuse et figée. Et l'inspecteur parlait, parlait, incapable de finesse et réfugié derrière des discours convenus et débilitant, il manquait de tout : d'intelligence et de verbe, infoutu de dissimuler correctement ses critiques et reproches derrière des marques de politesse.

Un bref instant, van Aken eut un regard pour Dmitri, son petit-neveu, lorsque ce-dernier s'autorisa une raillerie. Un coup d'oeil que seul ce-dernier, parce qu'ils commençaient à bien se connaitre, aurait pu interpréter pour vouloir dire "regarde Dmitri, regarde la lie de l'humanité, les médiocres donnent des leçons aux maîtres, l'agneau ose se dresser face au loup, voila le monde qu'ils nous réservent, un monde où l'idiot n'a pas appris à se taire, où les sots paradent sans honte", mais de ces paroles aucune ne fut prononcée et ce regard fut l'unique mouvement que l'on pu déceler chez le vieil homme pendant toute la tirade de l'inspecteur.

Avec une politesse qui soudain l'agaça, Kathleen répondit sagement aux questions de l’intrus, précisant qu'en effet elle se promenait avec un bézoard sur elle au quotidien. La remarque aurait pu tirer un sourire amusé à l'enseignant mais il n'en montra rien. Kathleen était l'exception, cet idiot avait simplement mal choisit son élève. Sans se démonter, il s'était ensuite tourné vers le reste des élèves, en choisissant un au hasard, sans doute un pas trop âgé, de peur qu'il fasse preuve de répartie.

Pheling. Forte tête, du talent mais aucune discipline et un manque de manière caractéristique de ces gens d'Asie, bien éloignés des valeurs aristocratiques de la vieille Europe. Toutefois, le petit Serpentard était capable de faire preuve d'un certain bon sens, il l'avait déjà prouvé et en ouvrant la bouche rappela que par son intervention, l'inspecteur mettait avant toute chose la vie du rat en danger. Dans un coin de sa tête, van Aken nota de lui rajouter quelques points. Il était visiblement le seul à avoir gardé le sens des priorités.

Le gamin reprit alors son aîné sur son nom et van Aken balaya l'idée de lui donner des points. L'inspecteur avait beau être d'une bêtise crasse, ce n'était pas une raison pour manquer de respect à un adulte. Il y eut un silence et le maître des potions jugea que le cirque avait assez duré.

- Pardonnez-moi, jeune homme, mais il ne me semble pas connaitre votre nom ?

Comme une statue qui se serait soudain mise à bouger, van Aken venait de sortir de sa droiture cadavérique et son ton était à l'image de son visage : froid comme la glace, doux comme du poison. Lentement, il se tourna vers Kathleen.

- Mademoiselle Kirte, allez dont me chercher le dictame avant qu'il ne soit trop tard.

Puis il se tourna vers l'inspecteur et fit un pas en avant... pour venir lui placer le rat dans les mains.

- Pourriez vous me le tenir un instant ? Avant de s'adresser aux élèves : Il ne faut pas sous-estimer la difficulté de faire avaler un antidote à un individu qui se meurt ou souffre, une bonne dose de force est parfois nécessaire mais n'usez jamais de sortilège de pétrification sur un empoisonné dont vous n'avez pas clairement identifié la source du trouble, vous risqueriez de causer plus de mal encore.

A présent les mains libres, le professeur tira un mouchoir blanc de sa veste et entreprit de s'essuyer du sang du rat qui lui maculait encore la paume.

- La pétrification peut toutefois s'avérer utile si l'empoisonnement est dans le sang, ralentir la circulation en figeant les muscles fait alors gagner quelques précieuses secondes.

De nouveau, son attention se reporta sur l'inspecteur.

- Le talent, monsieur McCord, la vivacité d'esprit, le pouvoir, le savoir encyclopédique. Voila ce qui en situation de vie ou de mort, sauve un homme ou cause sa perte. Dans ce cours, nous ne soignons pas les rhumes, nous mettons des mots et des réflexes sur la mince différence qui sépare la vie du trépas. En somme, nous nous comportons en sorciers et non pas en pharmaciens.

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La Classe & Amaïa

☆☆ Cours de

Potion☆☆

Empoisonnement. Elle ne savait pas si elle devait être heureuse de faire un cours qu'elle n'avait pas déjà suivis l'an passé ou être attristée par le fait que ce cours s'était mis en place suite aux évènements du bal de Noël dans lequel elle avait entrainé son cousin contre son gré. Interrogeant le rythme irrégulier de son coeur elle finit par pousser un soupir ne sachant si elle était excitée ou simplement prise d'un malaise à l'idée de travailler sur une thématique aussi sombre. Elle salua d'un petit signe poli de tête le professeur Van Aken en arrivant, qui le visage fermé semblait être d'une humeur différente de d'habitude. Si arracher un sourire au vieil homme relevait de l'exploit, aujourd'hui cela aurait été un miracle tellement les traits de son visage était prêt à se confronter en duel. Elle se dépêcha de rejoindre Kovit dans un coin de la pièce sans émettre un commentaire.

Si par habitude, elle aimait discuter avec Kovit, elle ne souhaitait pas le faire en présence de Van Aken. C'était l'un des seuls cours, sinon le seul qui arrivait à la passionner véritablement, à la faire sortir de son manque de concentration et à lui donner l'impression qu'elle n'était pas une moins que rien. Alors par respect pour le vieil homme et les connaissances qu'il lui apportait c'était également le seul cours dans lequel elle était sage et essayait de participer dès qu'elle le pouvait.
Néanmoins ce qu'elle avait pris pour de l'excitation à l'entrée de la salle de cours se releva être en fait tout autre chose lorsque la petite boule de poil que le professeur de potion tenait dans sa main se mit à se tortiller en poussant des cris aigus. Si au début la jeune Serdaigle avait relevé un sourcil interrogateur en faisant un pas en avant pour voir si l'animal n'avait pas juste le hoquet ou ne se roulait pas sur le ventre pour se gratter, elle avait immédiatement reculé en fronçant les sourcils lorsque Dmitri trancha en faveur de ce que l'on appelait la "douleur". Restant sagement sur ses gardes, la jeune aiglonne scruta le visage du vieil homme sans réussir à obtenir une quelconque réponse dans son regard fixé et déterminé. Faisait-il mal à cette petite bête pour leur apporter des connaissances? Cela paraissait incongru. Maman lui avait toujours dis de ne pas taper quelqu'un parce que cela faisait "mal", on l'avait souvent puni pour avoir provoqué de la "douleur" chez quelqu'un. Et lorsqu'elle avait demandé au médecin ce qu'il cherchait en touchant comme une brute son bras brulée il lui demandait sans cesse "Ne ressens-tu pas de douleur?" Elle en avait conclu que c'était quelque chose de mal, qu'il fallait éviter. Mais elle se voyait mal avertir Van Aken de la possibilité d'une punition si il nuisait à autrui alors pour ce premier tour elle se contenta de regarder de loin, vaguement intéressée tout de même, laissant ses camarades trouver vite la solution au problème pour que ce petit animal arrête de se débattre sous son nez.

"Le rat ne souffrait pas, il riait. Dans ce cas là, jais , menthe ou fumeterre des murailles, ayez ces trois ingrédients en tête et particulièrement sur cette dernière. A très forte dose elle anesthésie le corps et permet d’apaiser tous les sens, le temps de trouver un remède plus précis."

Le petite tête brune finit par faire un pas en avant. Il riait? Elle fait dû mal à le concevoir mais en regardant de plus près le petit animal dans la main de Van Aken elle ne pouvait qu'admirer l'exactitude des faits énoncés par son professeur quand aux manifestations de ce que le rat ressentait. Elle alla attraper un petit carnet dans son sac pour copier les informations que Van Aken venait de leur donner.

A présent moins fébrile à l'idée de voir la suite, elle attendit patiemment que la prochaine bouteille soit débouché pour observer attentivement ce qu'il se passait. C'était une sorte de jeu en fin de compte, un peu morbide mais un jeu de devinette tout de même. Le principe était simple, elle observait, elle déduisait, elle concluait, elle soignait. La première chose que la petite Serdaigle retint fut la notion de "vapeur" que le professeur employa. Toutes les potions n'avaient pas des vapeurs mortelles et toutes potions n'avaient pas non plus le même type de vapeur. Voyant le petit animal se crisper et cracher du sang, elle n'eut pas le temps de chercher une réponse que Kathleen sauta à l'assaut et proposa de donner à l'animal mal en point du dictâmes pour soigner ses blessures. Le dictame n'étant utile que pour autre chose que les os ou les muscles, l'appareil digestif comme étant l'origine de la lésion était une bonne idée, mais cela aurait bien pu être également autre chose. La jeune Serdaigle était maître en l'art d'observer l'extérieur, néanmoins en ce qui considérer l'intérieur, elle n'était pas experte et n'avait aucune envie d'aller vérifier l'origine du saignement par elle-même.

Soudain son attention fut attiré par un mouvement à sa droite. Détournant le regard de l'échange que Kathleen était en train de réaliser afin d'établir son diagnostic, elle trouva dans la salle un inconnu souriant d'une manière qu'elle n'appréciait que très peu. Qui était-il et que faisait-il en plein milieu de leur cours? Elle croisa le regard de Kovit et d'un haussement d'épaule li fit comprendre qu'elle non plus ne savait pas de qui il s'agissait. Elle fronça les sourcils lorsqu'il commença à parler. Pourquoi fallait-il que cet illustre inconnu débarque dans le cours de potions? Quitte à perdre du temps ne voulait-il pas le faire dans une matière moins intéressante? Et puis elle n'aimait pas le fait qu'il critiquait ouvertement les méthode de travail d'un professeur qu'elle respectait. Elle avait dit à Dmitri qu'elle aimait beaucoup la manière dont son Grand Oncle enseignait, cet Homme là n'en savait rien et il se contenait de le prendre sur le fait alors qu'il souhaitait apporter des connaissances à ses élèves, c'était irrespectueux comme dirait Maman.

« Comme ça, si quelqu’un se fait à nouveau empoisonner, à défaut de pouvoir lui sauver la vie, on pourra toujours lui proposer un remède contre le rhume. Brillante idée. »

Son attention se tourna vers Dmitri posté plus loin. Elle le regarda interloquée. Un "Jincha?" muet franchit ses lèvres alors qu'elle interrogeait son compagnon bleu et argent du regard. Une brillante idée? Elle ne trouvait pas, elle avait beau chercher elle ne voyait pas où Dmitri voulait en venir. Pourquoi proposer un remède contre le rhume à quelqu'un qui venait de se faire empoisonner?

« Monsieur Phelig, vous qui êtes un peu en retrait… avancez, n’ayez pas peur. »

Décidément ils se volaient la vedette quand à détourner l'attention de la fillette qui ne savait plus ou donner de la tête. Elle croisa le regard de Kovit. Vu comment celui-ci avait cherché son regard elle en déduisit qu'il avait besoin d'un certain soutient, elle l'encouragea d'un petit signe de tête. C'est d'une froideur qu'elle ne lui connaissait plus avec elle qui s'exprima clairement et se permit de reprendre l'homme à lunette sur son nom de famille. Imperceptiblement elle releva le menton, sans qu'elle ne sache pourquoi elle avait l'envie d'étirer ses lèvres en un sourire. Lorsque Kovit revint à ses côtés elle se contenta de regarder l'homme pour lui demander ce qu'il faisait encore là.
C'est à ce moment précis que le professeur Van Aken reprit enfin la situation en main et commença à parler à l'inconnu à lunette.

"Le talent, monsieur McCord, la vivacité d'esprit, le pouvoir, le savoir encyclopédique. Voila ce qui en situation de vie ou de mort, sauve un homme ou cause sa perte. Dans ce cours, nous ne soignons pas les rhumes, nous mettons des mots et des réflexes sur la mince différence qui sépare la vie du trépas. En somme, nous nous comportons en sorciers et non pas en pharmaciens."

Un léger sourire franchit les lèvres de la petite Serdaigle. Néanmoins celui-ci s'évanouit bien vite quand elle se rendit compte de la situation. Un blanc inconfortable venait de s'installer dans la pièce. Les deux hommes se toisaient du regard et tout le monde semblait attendre quelque chose, comme lorsque l'on regardait le ciel noir en attendant de voir l'éclair fendre la nuit. Elle déglutit et mal à l'aise piétina. Elle détestait ce genre de situation, celle où elle n'était pas sûre de savoir comment agir, celle où elle ne savait même pas ce qu'il se passait. C'était une situation tendue. Et les situations tendue avec elle était à proscrire. Elle inspira, calma les battements furibond de son coeur, et redressa la tête. Cet inconnu n'allait certainement pas lui gâcher son plaisir de revenir en cours de potion, qu'il soit là où non le cours devait continuer. Alors faisant fi de la situation, elle leva la main, attendit que l'attention de son professeur se reporte sur elle et qu'il l'interroge.

"Si nous sommes dans le cas d'une hémorragie comme celle-ci, devons-nous utiliser à la suite du dictame une Potion de Régénération sanguine ou cela n'est-il pas nécessaire?"

Elle sembla soudain se rappeler qu'il n'avait pas répondu à la question de Kathleen. Afin de traiter un problème il fallait toujours partir à la source, ne savoir que les conséquences d'une potion ou d'un poison ne pouvait pas forcément aider. Le diagnostic était primordial. Une fois le problème à la source localisé ils pourraient associer une conséquences externes à une conséquences interne. Elle reprit donc.

"Professeur? Quelle était finalement la cause de sa..."

Cherchant ses mots, elle se tourna à demi vers Dmitri et se souvenant des paroles prononcés quelques minutes plutôt par son ami choisit d'employer le même terme afin d'exprimer sa pensée

"...douleur?"

☾ anesidora

Cours de potions
‟ 1ère, 2ème & 3ème années „

Les moments de complicité des deux van Aken n’étaient pas les plus fréquents. Mais il semblait que la venue de l’inspecteur ait suffit à unir l’espace d’un instant leurs esprits, comme si la présence d’un ennemi commun les rapprochait. Il n’y eut pourtant rien de plus qu’un échange de regard ; en se moquant des propos de l’impromptu employé du ministère, Dmitri n’avait pas pu s’empêcher de déporter son regard vers son aïeul, comme pour vérifier si sa discrète insolence allait provoquer un retour de bâton, au sens figuré comme au littéral. En apprenant peu à peu à connaître Alexander, l’aiglon avait rapidement su repérer la lueur froide et sensiblement dangereuse qui annonçait des remontrances. Il s’agissait en réalité de la première chose qu’il avait remarqué chez son tuteur, sans doute par habitude des punitions, qu’elles viennent de son père ou de l’aîné de la famille. Mais aujourd’hui, il ne s’agissait pas de ça : le regard du professeur n’était pas menaçant ou réprobateur. Ou si d’ailleurs, mais la déception qu’il y lisait n’était pas destiné au garçon mais se contentait de le prendre à partie, comme s’il lui désignait la décadence qui menaçait la société sorcière. Un sujet qui, indéniablement, avait été source de discussions parfois houleuses entre eux, mais qui en ce jour les voyait d’un même avis. Un sourire narquois traversa furtivement le visage du plus jeune van Aken : le pauvre inspecteur ne faisait pas le poids face à son grand-oncle, aussi l’idée de voir un adulte subir un courroux qui pour une fois ne lui était pas destiné le rendait presque jouasse. Pourtant, l’enseignant resta de marbre pendant toute l’intervention de l’employé du ministère ; une passivité qui, assurément, n’augurait rien de bon. Le calme avant la tempête, et il était bien placé pour le savoir.

Détournant le regard de son aïeul, il croisa celui, plus interrogateur, de sa camarade de serdaigle. Connaissant assez Amaïa pour savoir qu’elle n’était pas des plus familières du concept de sarcasme, il comprit rapidement sa question silencieuse. Elle le prenait très souvent au mot, aussi devait-il toujours faire attention à ce qu’il disait, ou du moins veiller à lui adresser un regard assez éloquent pour qu’elle comprenne qu’il ne s’agissait que de l’humour, sans doute très contestable, du garçon. Il lui fit un sourire amusé tout en remuant la tête de gauche à droite en espérant lui faire comprendre qu’il ne fallait pas prendre au sérieux ses paroles, et finalement, se décala légèrement pour s’approcher d’elle alors que Kovit s’en éloignait, à la demande de l’animagus. Cette fois-ci, lorsqu’il parla, ce fut dans un murmure un peu plus discret que précédemment, ne désirant pas partager ses commentaires à l’intégralité du cachot, quoiqu’il ne mît pas plus d’efforts que nécessaire à cacher la teneur de ses petites messes basses ; s’il était doué pour les sarcasmes et autres insolences, il avait toujours eu un côté assez fanfaron qui le rendait particulièrement apte à s’attirer la colère des adultes. Et au fond, il aimait bien jouer avec le feu. « Si tous les employés du ministère sont comme cet inspecteur, je suis surpris que le ministre soit encore en vie... »

Heureusement pour le rat, certaines personnes gardaient un peu de bon sens dans ce cachot, comme leur camarade thaïlandais grâce à qui le cours pu reprendre un semblant de normalité. Enfin si l’on considérait que voir Alexander fourguer un rat agonisant dans les mains d’un binoclard avant de l’insulter avec la plus grande politesse du monde soit normal.

« La pétrification peut toutefois s'avérer utile » Une fois de plus, Dmitri savoura l’instant comme une bonne blague, quoiqu’il ne puisse en partager la teneur avec ses camarades. L’idée absurde que l’enseignant puisse pétrifier McCord avait traversé son esprit ; une réminiscence d’expériences personnelles qui trouvait ici une saveur toute particulière, même s’il la savait, malheureusement, totalement improbable. Si cette perspective était très amusante, nul doute en effet que cela signerait le départ irrévocable du maître des potions. Pour l’heure, il n’était d’ailleurs pas question de lancer un sort à l’inspecteur, mais bien au rat ; c’était beaucoup plus décevant dans ce sens, mais le garçon avait tout de même largement de quoi se délecter dans ce duel pacifique que se disputaient les deux adultes. La jeune métisse anglo-coréenne semblait moins à l’aise que lui dans cette situation et à sa grande surprise, il l’a vit demander la parole. Il savait qu’elle appréciait les cours de potions et si elle restait parfois en retrait, laissant d’autres élèves comme Kathleen, prendre la parole, ses interventions étaient souvent très pertinentes. Son sens de l’observation hors du commun devait indéniablement être un atout dans le domaine.

design ϟ vocivus

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Cours de potions

Les cours de potions n’avaient pas manqués à notre deuxième année. Il revenait de vacances, qu’il avait passé en compagnie de Zey. Ça avait été des vacances carrément étranges. Pleine d’interrogations suite à l’évènement du bal de Noël. A leur retour à Poudlard, les élèves avaient appris qu’il leur était interdit de pratiquer de la magie en dehors des heures de cours. Inadmissible évidemment aux yeux de Liam. C’était une école de magie ou un simple internat moldu ? Bon alors ! Encore une mesure incompréhensible, qui ne résoudrait rien des problèmes de l’école. En attendant, Liam et Zey se dirigèrent vers les cachots pour retrouver leur chère et tendre professeur Van Aken. Il était encore vivant lui ? Pas de chance…

Liam s’installa et directement le premier ordre tomba. Pas de chaudron et juste les affaires… Bon… Encore une super ambiance… Et le cours allait porter sur l’empoisonnement. Comme par hasard ! Le professeur entama ses explications avec un rat dans la main et lui administra une sorte de potion de couloir noire. Et après l’avoir bu, le rat ne sembla pas en forme, bien au contraire. Liam fronça les sourcils. Tout ça était vraiment nécessaire ? Faire du mal à un animal était réellement indispensable pour faire comprendre l’objet du cours ? Non évidemment. Liam chuchota à Zey : "Taré… Son empoisonnement ne lui a pas fait que du bien…"

Kath proposa d’utiliser un bézoard. Visiblement ça ne convenait pas totalement à Van Aken puisque le rat continuait de se tortiller. Liam détourna le regard. Dmitri intervint et Van Aken calma enfin l’animal avec de la menthe avant de rajouter que le rat « riait ». Liam afficha une moue surprise. Tant mieux hein… mais c’était quand même étrange. En tout cas Liam se sentait mal à l’aise, il n’aurait su vraiment l’expliquer. Et le Poufsouffle n’était pas au bout de ses peines… Le rat suivant se mit à cracher du sang. Horrible. Et Liam n’avait aucune idée de comment sauver l’animal.

C’est alors qu’il ne su comment, un homme apparut dans la classe. Liam ouvrit de grands yeux. C’était qui lui ? Et il sortait d’où ?? Il jeta un regard à Zey. La suite promettait d’être intéressante, Van Aken n’était pas du genre amical. L’homme se permit d’intervenir en donnant son avis négatif sur le cours et en interrogeant les élèves. Liam n’en croyait pas ses oreilles. Van Aken venait d’être sévèrement remis à sa place, même critiqué. Énorme, le Poufsouffle tenta de dissimuler au mieux son sourire. Mais il reprit vite son sérieux pour écouter les réponses de Kathleen et de Kovit.

Van Aken Senior reprit enfin les reines de son cours. Une vraie mascarade. Mais au moins ils ne s’ennuyaient pas ! Et en y réfléchissant bien, l’objet du cours était plutôt intéressant. Réagir au mieux en cas d’empoisonnement, comme ça avait pu être le cas à Noël. Liam approuva étrangement les arguments du professeur de potions. Par contre la méthode, clairement non. Mais ce McCord se permettait d’intervenir un peu vite… Il ne lui inspirait pas confiance. Actuellement, les adultes se toisaient comme deux coqs en plein duel. Pendant ce temps, le rat souffrait et cela ne semblait déranger personne sauf Kovit. Liam, grand proche des animaux et créatures, ne put s’empêcher d’intervenir à son tour d’un ton mêlant colère et détresse :

"Bon professeur le rat s’il vous plait !"

Histoire de rappeler à tout le monde qu’une petite boule de poil était en train de se vider de son sang. Kovit avait fait une remarque dans le même sens, mais visiblement ça n’avait eu aucun effet. Tant pis s’il risquait de s’attirer les foudres du professeur…

Codage par Libella sur Graphiorum

L’inspecteur ne s’en était pas pris à la bonne personne en interrogeant Kathleen concernant ses remèdes. S’il espérait la mettre en déroute, il se trompait. Kathleen ne faisait presque jamais de bêtises et quand c’était le cas, c’était généralement involontaire. Mais elle n’était pas sa seule cible et elle commença à penser que cet inspecteur cherchait les problèmes. Elle se demanda pourquoi il faisait ça. Elle pouvait comprendre qu’il ne trouve pas ça très à-propos qu’on leur parle de poisons, même si elle n’était pas d’accord avec lui, mais pas qu’on s’en prenne aux élèves. Kovit avait l’air complètement effarouché.

Le professeur l’envoya immédiatement chercher du dictame, ce qui lui laissa à penser que sa solution était bonne. Elle ne se fit pas prier et se précipita vers les ingrédients disponibles. Forte de son expérience, elle identifia sans trop de mal le dictame et le récupéra en un éclair. Puis, elle rejoignit son professeur et lui tendit le flacon en espérant qu’il soit encore temps. Même s’il ne s’agissait que d’un rat, Kathleen espérait le sauver. Elle détestait voir souffrir et périr d’innocentes créatures autant que d’innocentes personnes. Sa bonté et son cœur lui valaient naturellement de tenter de protéger les innocents.

« Voici, Professeur. »

Elle entendit Ama demander si une potion de régénération sanguine serait nécessaire pour aider le rat à la suite de la potion de dictame. La jeune Poufsouffle aurait parié que oui, mais elle n’en était pas sûre. Elle préférait donc laisser le professeur de potions répondre à son amie. En attendant, elle échangea un regard avec Liam, partageant sa priorité de la santé et du bien-être de l’animal avant la guéguerre que menaient le professeur et l’inspecteur. Il y en avait vraiment qui n’avait pas un bon sens des priorités. Kathleen espérait que le rat irait bien.

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Cours de potions : premiers secours

Ce jour-là, Sarah avait cours de potions. Elle s’y était rendue avec ses amis. Comme toujours, le trajet dans les cachots lui fut pénible, c’était plus fort qu’elle. La décoration de la salle de cours, avec ses tableaux représentant l’extérieur avaient le bon goût d’atténuer légèrement son malaise. Assez pour lui permettre de ne rien en montrer, de ne rien laisser paraître.
Une fois installée, elle vit le professeur Van Aken écrire le thème de ce cours. Effectivement, on pouvait dire qu’il était de circonstance. Et de plus, c’était toujours utile de savoir reconnaître un empoisonnement ou comment y réagir. Son père aurait sans doute poussé la réflexion dans un autre sens et y aurait trouvé une autre utilité, Sarah le savait bien, mais c’était l’un des nombreux cas où leurs avis divergeaient. Toujours est-il qu’elle écouta attentivement le professeur et observa.
Sa sensibilité était telle que voir le premier rat se tortiller lui déplut, mais elle n’en laissa rien voir. Elle en savait assez pour le professeur de potions pour ne pas vouloir qu’il connût cet aspect-là de sa personnalité. Tout comme elle préférait que ses parents l’ignorassent. Elle s’abstint donc de se rapprocher, elle voyait bien assez à son goût.
Elle ne fut pas surprise que Kathleen intervînt en premier. Sarah, de son côté se contentait pour l’heure d’écouter et de tenter d’analyser la situation, sans prendre la parole.
Elle ne se rapprocha à son tour, comme d’autres, que lorsque cela s’avéra indispensable pour suivre le cours. Bien évidemment, elle se recula lorsque l’enseignant le leur demanda, permettant ainsi à ceux qui se trouvaient devant elle de reculer également. Elle dut faire preuve d’une grande maîtrise d’elle-même et du sang-froid qu’elle avait été forcée d’apprendre à garder pour ne pas montrer que les saignements de l’animal l’atteignaient en réalité.
Après une nouvelle intervention de son amie de Poufsouffle, comme tout le monde, elle vit apparaître l’inspecteur. C’est alors que comme d’autres, elle se souvint qu’il avait été dit qu’il passerait dans certains cours.
Au fur et à mesure, elle notait consciencieusement toutes les informations importantes, à la fois dans sa tête et sur son parchemin.

(c) Kira pour Never Utopia

Azure était arrivé tout juste en classe. Elle avait été retenue par une discussion très intéressante avec une bonne amie et elle n’avait pas vu le temps passé. Vite, elle avait pris une bonne cadence pour descendre jusqu’au sous-terrain en espérant ne pas avoir raté quelque chose et faire perdre des points à sa maison. Gryffondor semblait en mauvaise position depuis le début de l’année et bien qu’elle essayât tout ce qu’elle pouvait pour ne pas arriver en retard au cours le matin, c’était souvent hors de son réel contrôle; elle loupait toujours quelque chose qui la forçait à remonter à son dortoir en catastrophe.

La brunette soupira tout bas en prenant place à côté de son partenaire de potion. Il était encore brouillon depuis leur retour en train de la veille. Elle lui jeta un coup d’œil, avant de lever les yeux au ciel d’une brève exaspération. Ils étaient toujours au beau fixe avec lui. Aucune excuse pour avoir décidé de briser sa parole l’autre jours. Mais son supplice ne dura pas très longtemps car de l’ombre leur enseignant grava avec sa craie soigneusement un mot tout à fait d’actualité. Là, qu’elle le veule ou non, elle allait en entendre parler de toutes ces situations qu’elle espérait allait s’estomper avec les vacances de Noël. Ça aurait été bien trop beau. Il lui retourna un petit sourire mal à l’aise et lorsque Professeur van Aken les invita à s’avancer, elle eut presqu’envie que ce soit la fin du cours pour pouvoir, peut-être, recoller les morceaux avec lui.

Ils se séparèrent causé par l’arrivée d’élève de plus au fond de la classe qu’eux deux. Elle regarda les rongeurs enfermés et l’un d’eux se faire prendre avec précaution. Elle écoutait la pauvre bête crier, sans vraiment donner plus de signe sur son état après l’administration de la petite potion noire. Calme, elle observa les choses se dérouler sans intervenir. Les réponses fusaient, et bien que la raison du sujet d’aujourd’hui n’était qu’une épine sur son dos, le sujet n’était pas moins utile et intéressant. Quand il annonça que l’animal souffrait de rire… Elle était un peu choquée; c’était un piège en quelque sorte. Un humain, on aurait tout de suite trouvé cela étrange et pu mieux interpréter les signes. En soit van Aken, les piégeaient en leur permettant de n’avoir qu’une demi-idée des symptômes. Le rat se calma sous l’effet de la menthe; et elle prit des notes dans son calepin.

Et puis, soudainement captivé par le sujet, elle ne remarqua pas le rat qui prenait taille humaine non loin d’elle. Reprenant constance rapidement après avoir entendu un adulte qui n’était pas préalablement dans la pièce au début du cours, elle le regarda avant de suivre du regard l’échange entre les deux adultes dans la pièce. Elle était assez d’accord que c’était lugubre comme sujet. Elle voyait et entendait les commentaires sur la question. Mais déjà, il y avait une seconde victime qui elle crachait déjà du sang. Elle sourit aux Poufsouffle qui ramena la conversation. Après tout il avait raison.

Elle leva la main et attendit l'autorisation de parler.

-Proffesseur, si vous nous dites qu'il est important d'être calme; mais tout à l'heure, c'était un piège avec le premier rat, vous nous avez pris un peu de cours. Si ça aurait été un humain nous aurions pu plus rapidement le déceler qu'il riait. Je sais que ça peut paraître étrange mais... à moins que nous soyons seul avec la victime; il ne devrait pas avoir quelqu'un qui recherche comment il a été administré ? Selon la forme et la manière cela peut nous donner aussi des indices sur ce que cela peut être. Couleur, odeurs, textures; une quelconque trace. Ça n'aide pas le rat actuellement, mais dans un cas réel; ça ne serait pas judicieux ?

Elle tapait avec le dos de sa plume sur son carnet.

Inspection surprise

Les chuchotements allaient bon train suite à sa transformation, mais Stephen McCord n’y prit pas garde ; il était habitué à ce que ses interventions en classe suscitent quelques commentaires. Le regard du Professeur Van Aken n’était guère trompeur, et la rigidité presque cadavérique de son corps donnait quelques indices quant à l’antipathie qu’il lui vouait… Là aussi, l’inspecteur ne s’attendait guère à mieux : avec un tel personnage, quelques précautions étaient de mise. Mais personnage illustre ou non, les règles étaient les règles : il connaissait bien la mission dont il était investi par le ministre Appleton, et comptait bien se donner les moyens d’y parvenir. Il s’adressa donc à une jeune Poufsouffle qui semblait, pour son âge, bien équipée… Cette dernière lui répondit tout naturellement que sa mère, descendante d’une lignée de guérisseurs, avait trouvé de bon goût de lui fournir une pharmacie complète en s’attendant à ce qu’elle exerce auprès des blessés. Cette femme n’avait-elle donc aucune conscience ? Un incident était si vite arrivé, sans évoquer les risques de dépendance qui pouvaient découler d’une ingestion non règlementée de certaines substances. « Je vois, je vois. » répondit-il distraitement, occupé à noter quelques phrases sur son petit carnet, soulignant plusieurs fois le fait qu’une enfant aussi jeune se balade avec sa propre médicamentation était hautement problématique. Et si tous les élèves se mettaient à ramener leurs propres remèdes maison, alors il n’imaginait pas le désordre que cela causerait dans l’école… Et si un procès les mettait en cause pour négligence pour avoir laissé des deuxièmes années exercer la médecine sans surveillance, ils le perdraient à coup sûr ! « Eh bien, il y a une infirmière pour accomplir ces taches-là. Je doute que cela relève de votre responsabilité, en attendant que vos études vous permettent de la remplacer. Une fois votre majorité atteinte, je suis d’ailleurs certain qu’elle sera ravie de vous avoir pour assistante ! » ajouta-t-il d’une voix extrêmement douce, comme s’il s’adressait à un enfant en bas âge. Avec une telle mentalité, il ne fallait guère s’étonner que des affaires d’empoisonnement surviennent de temps à autres… l’école s’était montrée trop laxiste avec le matériel de potions que pouvaient emprunter les élèves, c’était un fait. Il interrogea ensuite un jeune Serpentard qui semblait un peu plus timide que les autres, et qui le reprit seulement sur la prononciation de son nom, en plus d’insister pour faire avancer le cours. L’inspecteur fronça les sourcils… « Mes excuses, monsieur Pheling. » Il rédigea quelques phrases d’un air préoccupé, tandis que quelques ridules creusaient son visage. Décidément, ces enfants semblaient dénués de toute émotion, comme si ce Van Aken les avait habitués dès leur première année à assister à des spectacles sanguinolents, à se familiariser avec la souffrance animale, au point qu’elle ne les choque même plus lorsqu’ils y seraient confrontés…

Noircissant son petit carnet de quelques pages de remarques peu élogieuses, Stephen Mc Cord finit par le refermer avec un air pincé. Décidément, il avait sous-estimé les dégâts de ce cours de potions… Alexander Van Aken était peut-être un potionniste hautement renommé, mais l’enseignement de sa discipline, et surtout sa pédagogie, étaient clairement à remettre en cause. Il en eut confirmation en entendant la petite remarque lancée par le jeune Dmitri, qui se trouvait être le petit neveu de l’enseignant. Il n’y avait aucun doute sur le fait que ce dernier était forcément influencé par son grand oncle et ses idées ambiguës… Il adressa donc au jeune Serdaigle un sourire bienveillant, comme pour s’assurer que ce dernier comprenait bien ce qu’il s’apprêtait à lui dire. « Monsieur Van Aken, il y a des autorités compétentes pour cela, ce rôle ne revient pas aux élèves. Vous êtes en sécurité entre les murs de ce château, et l’équipe pédagogique n’a pour autre mission que de faire en sorte que ce genre de tragique événement n’ait tout simplement plus à se reproduire. Il n’y aura plus d’empoisonnement. » l’assura-t-il d’un ton qu’il souhaitait rassurant. Inutile donc, que son grand-oncle aille lui polluer l’esprit en lui parlant de rats mourants et de premiers secours ! Des élèves de douze ou treize ans n’avaient nullement à se retrouver devant une telle scène d’horreur, à s’imaginer devoir intervenir pour sauver une vie. Et pour répondre au vieil homme qui le défiait manifestement, Stephen Mc Cord prit un ton de voix plus sec. « Tout cela est absolument passionnant. Mais sauf votre respect, cher monsieur Van Aken, ce qui sauve un homme, c’est un sorcier adulte qui justifie d’une expérience pertinente et qui a bénéficié d’un apprentissage solide en offrant au patient des soins adéquats. Pas un enfant, qui pourrait se méprendre en tentant de soigner un malheureux, et souffrir d’un violent traumatisme en assistant à sa perte. » Voilà qui était bon à rappeler de temps à autre. Pourtant, tous les élèves semblaient tellement persuadés qu’ils se trouvaient bien à leur place dans cette salle de classe lugubre à regarder des animaux agoniser ! Il fallait agir, et le plus tôt serait le mieux. « Par ailleurs mes enfants, je vous rappelle que le bureau de monsieur Bradford vous est ouvert, dès lors que vous en avez besoin. Surtout après un cours comme… celui-ci. » ajouta-t-il d’un ton de voix doucereux, articulant bien comme pour s’assurer que chacun aurait bien saisi le message. Il risquait de ne pas se faire un ami en la personne du professeur de potions, mais il était temps de rappeler à ce dernier les méthodes préconisées par le ministère : notamment empêcher le mésusage de la magie...

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Plus que la présence de l'inspecteur en elle-même - van Aken avait connu son lot de larbins de l'Etat, à commencer par Bradford - c'était le chaos et l'excitation qu'elle avait provoqué chez ses élèves qui le contrariait. Les étudiants les plus jeunes étaient souvent les plus difficiles à canaliser sans compter qu'il y avait de sacrés cas dans cette promotion, alors si en plus ce moustachu imbécile commençait à énerver tout le monde en remettant en question ses méthodes, ils allaient devenir tout bonnement intenables.

Terminant sa tirade par un blanc tendu, celui-ci fut soudain interrompue par la voix timide de la petite Amaïa. Heureusement pour elle et à la grande satisfaction de van Aken, la première année semblait elle aussi décidée à se concentrer sur le cours et faire fi de l'intervention de McCord. Si sa question n'était pas très pertinente, elle avait au moins le mérite de rappeler à tout le monde qui était le professeur dans la pièce.

- Remarque judicieuse mademoiselle Sawner, mais la régénération sanguine doit venir après avoir stoppé l'hémorragie, sinon vous risquez de fluidifier le sang et d'accentuer le mal.

La gamine semblait avoir autre chose sur le cœur et van Aken fut curieux de la voir se tourner vers son neveu avant de finalement cracher le morceau et poser sa question. Peut-être n'était-il pas si anodin que ce-dernier ait décidé de la prendre pour modèle lors de sa première création ?

- De l'essence d'arrête-boeuf, mademoiselle. Cela cristallise les vaisseaux sanguins et les fait exploser. Vous reconnaitrez ses effets parce qu'ils provoquent l’hémorragie au niveau des poumons chez l'humain comme chez le rat, voyez la tâche sombre sur son torse ? McCord, veuillez je vous prie le mettre à la lumière.

Dans les rangs, on s'agitait, un petit poufsouffle du nom de Liam réclama qu'on vienne en aide au rat avec une effronterie que laissa passer l'enseignant. Il avait plus gros poisson à gérer que les protestations d'un deuxième année pour le moment. Entre temps, la petite Kirte était revenue avec le dictame.

Les élèves étaient de plus en plus remuant, une petite pique de Dmitri parvint aux oreilles de van Aken qui ne réagit pas, se contentant de s'en amuser intérieurement... jusqu'à ce que McCord se mette en tête de faire la leçon à son neveu.

Voila qui était beaucoup moins acceptables, mais une chose à la fois ou tout allait s'enmêler. Récupérant le rat qui semblait littéralement au bout de sa vie, van Aken lui fit renifler un peu du dictame ce qui eut pour effet immédiat de l'appaiser et de calmer ses crachotement.

- Essence de dictame. récita-t-il d'un ton docte. Adaptée pour les plaies externes généralistes, mais a la bonne idée de pouvoir être respirée grâce à son très fort parfum. Toutefois éviter d'en boire, les sucs gastriques annulent ses effets, privilégiez les attaques aux poumons et à la peau.

Il jeta un œil au rat alors qu'une élève de gryffondor du nom d'Azure Zinnia levait la main pour poser une question. Décidément on ne s'en sortait pas, mais van Aken avait pour lui d'être ordonné, à défaut d'être patient, et décidé à traiter chaque chose les unes après les autres. Et si au passage il pouvait ignorer superbement l'inspecteur pour souligner que sa présence était plus que superflue, c'était un peu mesquin mais ne mangeait pas de pain.

- Vous avez parfaitement raison de le souligner, toutefois je tiens également à vous mettre en garde : vous n'êtes pas médecins, comme l'a justement souligné monsieur McCord ici, vous ne pouvez donc avoir totalement confiance dans les symptômes que vous croyez remarquer, ceux-ci peuvent être trompeurs. Néanmoins en cas d’hémorragie, d'étouffement, vous n'aurez pas toujours le temps d'une enquête approfondie, il faut donc trouver un compromis : la science des potions aide à corréler certains comportements manifestes avec certaines ingestions, plus que le rire ou la douleur, c'est le spasme qui indique un dérèglement nerveux.

Bien. Avait-on terminé ? Pouvait-on passer aux choses sérieuses ? Il se tourna vers l'inspecteur.

- Monsieur McCord...

Il plissa froidement les yeux en le fixant. Par Merlin que cet homme était pathétique...

- La force d'un sorcier réside dans sa polyvalence, c'est bien pour cela que Poudlard offre aux étudiants un enseignement généraliste jusqu'à leur cinquième année. La vie de chacun des membres de notre petite communauté est précieuse et sans rappeler que la sécurité de ce château souffre manifestement de quelques lacunes, une formation aux premiers secours me semble de plus en plus de circonstance.

Imperceptiblement, il baissa d'un ton.

- Nous vivons une époque dangereuse, monsieur McCord, et les adultes tombent comme des mouches.

Puis avança d'un pas.

- Et je ne vous autorise pas à faire la leçon à mon neveu.

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