Life sucks

Killian & @Caleb P. Avery

Songeur, je regarde défiler sans vraiment les voir les maisons et les immeubles londoniens depuis l’étage du bus dans lequel je me trouve. C’est la première fois que je sors de chez moi depuis l’accident pour aller ailleurs qu’à Sainte Mangouste et ça me fait franchement bizarre. J’ai l’impression de redécouvrir le monde mais j’ai également la sensation que tous les regards se posent sur moi pour me dévisager. Je sais pourtant que ce n’est qu’une impression. Ils ne peuvent pas voir mes blessures et ce ne sont que mes craintes qui ressurgissent dans ma tête. Malgré les beaux jours que la fin du mois d’août nous procure, j’ai passé une veste noire par-dessus mon t-shirt pour être sûr de couvrir toutes les traces qui pourraient être visibles sur mes bras. Ainsi, mise à part la fatigue qui tire mes traits et le manque de nutrition qui m’a amaigri, j’ai l’air tout à fait normal. Je pousse un soupir. Personne ne peut voir ce qui m’est arrivé, ni la baguette magique qui se trouve dans le fond de ma poche au cas-où. C’est tout ce qui compte pour l’instant.

Je descends du bus après 30 minutes de trajet. Vu mon état, le transplanage n’est clairement pas conseillé et malgré tout désireux de vivre, j’ai préféré opter pour la bonne vieille méthode moldue : les transports en commun. Entouré par la foule qui s’affaire dans les rues, je regarde quelques instants ce spectacle banal avant de prendre la direction de mon rendez-vous. La visite de Carla m’a clairement sorti de ma bulle de malheur. Avant sa venue, je n’aurai même pas songé un instant à sortir de ma chambre, ou ne serait-ce qu’à ouvrir mes volets avant le jour fatidique du retour à Poudlard. Et surtout, je ne me serais peut-être même pas poussé à ouvrir mon courrier, ce qui m’aurait fait rater l’appel de détresse de Caleb. J’ai quand même longuement hésité avant de lui donner rendez-vous. Je redoute ses questions tout autant que son regard. Je me suis résolu à répondre à Carla mais je ne sais pas si je pourrai le faire une seconde fois, aussi vite. Egoïstement, j’avais dans un premier temps jeté le petit bout de parchemin de Caleb à l’abandon au fond d’un de mes tiroirs, estimant que cela pouvait attendre la rentrée, avant de revenir sur ma décision. Si Caleb a fait appel à moi, c’est que quelque chose de vraiment grave s’est passé. Sinon il n’aurait pas pris la peine de m’écrire. Et quel ami je ferai si je ne répondais pas à son appel ? Ce n’est pas parce que j’avais mes propres malheurs que les autres devaient passer après. Finalement, je suis parvenu à lui répondre, lui envoyant simplement une adresse. Avec presqu’une semaine de retard, mais c’est quand même mieux que rien.

Je vois sa silhouette se découper dans la rue lorsque je m’approche de lui. Je suis presque soulagé. Je n’étais pas sûr qu’il puisse se libérer et venir. Le point de rendez-vous doit le surprendre : pas loin du centre ville de Londres, en plein territoire moldu alors que j’aurai pu trouver quelque chose de bien plus classe. Mais la raison de choix est relativement simple : il fallait un truc pas trop loin pour moi, accessible et surtout où on passerait inaperçu. Si je lui avais donné rendez-vous au chemin de Traverse ou une autre des adresses favorites des sorciers, il ne fait aucun doute que nous aurions fini par rencontrer une connaissance. Et c’est ce que je voulais éviter. « Salut. Désolé pour le retard, j’espère que t’as pas trop attendu. » Je dis lorsque j’arrive à sa hauteur. Je me fends d’un sourire pour le saluer et faire notre check habituel. Mais très vite je reprends mon air sérieux et me tourne vers le bâtiment qui se trouve derrière nous. « Viens, rentrons. Personne ne fera attention à nous ici et on est sûr de ne croiser personne qu’on connaît. J’espère que tu m’en voudras pas trop pour le choix. » D’un geste, je lui montre le bar avant d’ouvrir la marche et de pénétrer à l’intérieur. Je repère rapidement une table dans un coin, au fond de la pièce et jette mon dévolu dessus. Je m’installe sans retirer ma veste, dos au mur pour avoir de la visibilité sur les gens qui font des allers et venues dans l’établissement, et me saisi de la carte pour la parcourir très rapidement. « J’te conseille cette bière, c’est pas mal pour un breuvage moldu. » Je lui recommande en lui tendant la carte en pointant mon doigt sur le breuvage en question. En tant que véritable sang-pur, je ne pense pas que Caleb s’y connaisse vraiment en matière de bouffe moldue. Je ne suis même pas sûr qu’il soit parfaitement à l’aise ici mais peu importe. Il faut ce qu’il faut. Je lui laisse encore quelques secondes avant de faire un signe au serveur. Je lui indique que je prendrai une blonde et regarde Caleb pour qu’il fasse son choix. Je ne suis même pas sûr qu’il soit majeur mais ça passera. Ce n’est que lorsque le serveur est parti pour aller chercher nos commandes que je me penche vers Caleb pour entrer dans le vif du sujet. « Bon. Comment est-ce que ça va ? J’suis pas sûr d’avoir tout pigé dans ta lettre mais ça avait l’air grave. Qui a fait quoi ? » Mes yeux sont rivés sur mon ami et j’attends, prêt à tout entendre. On est là pour ça de toute façon, non ?

made by black arrow

A peine le dîner fini et les invités partis, Caleb était monté directement dans sa chambre sans même jeter un regard à ses parents. Son père n’avait même pas pris la peine de le retenir ayant clairement dit ce qu’il avait à dire à son fils lorsque ce dernier était sorti de table après l’annonce. Dire que Caleb était furieux était encore trop peu, il était dans une colère noire. Une colère qu’il avait dû retenir toute la soirée afin de ne pas éclater devant les invités et ainsi éviter de salir le nom de sa famille. Il avait beau leur en vouloir il n’était pas encore prêt à faire ce genre de chose. La porte claqua derrière lui alors qu’il attrapait un bout de parchemin et écrivit à la hâte quelques mots avant d’envoyer un des hiboux de la famille rejoindre le destinataire. Depuis, une semaine s’était écoulée dans avoir de nouvelles du destinataire. Il avait un temps pesté, s’attendant à ce que son ami, l’un des plus proche, lui retourne un mot le lendemain, ce qui ne fut pas le cas. Puis les jours passèrent et Caleb en était venu à se dire que ce dernier devait avoir des choses plus importantes à faire que de supporter ses états d’âme. Ce fut donc une semaine après qu’il reçut la réponse de Killian, qui lui donnait un jour et un lieu de rendez-vous. ---- Après sa dernière tentative de transplanage, Caleb avait mis du temps à s’y remettre, s’entrainant chez lui sur de courte distance afin de ne pas se retrouver dans le même état qu’au centre de vacances. Il avait même fait les cents pas avant de se lancer lorsqu’il était allé rejoindre la soirée à laquelle Léo l’avait invité quelques jours avant. Heureusement tout c’était bien passé cette fois-ci. C’était donc avec moins d’appréhension qu’il se lança cette fois-ci, se concentrant bien sur le lieu de rendez-vous. A nouveau le tourbillon lui donna la sensation d’étouffer et il lui fallut quelques instants pour se remettre entièrement du voyage. Il avait atterri dans une ruelle déserte, derrière le bar où Killian lui avait donné rendez-vous. Respirant l’air frais, il sortit de cette dernière afin de rejoindre l’avant du bar et constater ainsi qu’il était le premier sur les lieux. Il était surpris que le gryffondor lui ai proposé un rendez-vous dans un bar moldu plutôt qu’au chemin de traverse autour d’une bierraubeurre. Les mains dans les poches et le dos posait contre la devanture du bar, il vit arriver Killian au loin et se redressa lorsque ce dernier fut à ses côtés, s’excusant du retard. « Salut mec. Non je viens à peine d’arriver » dit-il en haussant les épaules avant de faire leur check habituel pour se saluer. D’un geste de la main, Caleb montra le bar devant lequel ils se tenaient, un air mi surpris mi amusé collait au visage. « Je m’attendais pas à ce que tu me propose ce genre d’endroit comme lieu de rendez-vous » Un bar en plein territoire moldu. Etant sang-pur, il n’avait clairement pas pour habitude de se balader dans ces coins là ou peut-être quelques fois avec Maxwell quand ils se voyaient durant les vacances mais il se sentait toujours un peu mal à l’aise au début comme ayant la sensation d’être un total étranger. Le gryffondor l’invita à entrer, lui précisant qu’il avait choisi ce lieu afin de ne croiser personne qu’ils puissent connaître et éviter d’être déranger. Par un sourire en coin, le serpentard lui montra que ce n’était pas un problème pour lui et lui fit signe qu’il le suivait. A l’intérieur, les deux amis se dirigèrent vers une table au fond de la pièce et Caleb s’installa dos à cette dernière encore un peu mal à l’aise, sa veste accrochée à sa chaise. Il jeta un regard à son ami, surpris que ce dernier ne fasse de même mais se garda de tout commentaire. Ce n’était pas si important que ça. Carte en main, le gryffondor lui pointa une bière moldu qui lui conseilla et passa commande lorsque le serveur se pointa à leur table. Caleb commanda la bière conseillée, ne connaissant de toute façon pas les autres boissons indiquées sur la carte. A peine le serveur parti, Killian se pencha vers lui afin de prendre de ses nouvelles et lui demander plus de détails concernant son mot. Il est vrai que fait à la hâte, Caleb n’avait pas été très clair dans ses propos. C’est dans un soupir qu’il s’adossa à sa chaise, une main dans les cheveux, les souvenirs du dîner avec les Montgomery ressurgissant dans son esprit. « Tu t’souviens que je te disais me prendre pas mal la tête avec mon père ces derniers temps ? » Ils se prenaient relativement la tête depuis plusieurs mois lorsqu’on son père avait décrété que son comportement actuel ne lui convenait plus et que son fils devait se reprendre et retourner sur le bon chemin. Le patriarche de la famille avait souvent mentionné le mariage dans leur dispute ce qui avait pour conséquence d’augmenter la colère du plus jeune fils qui n’acceptait pas que sa vie soit régit par un mariage de convenance. « Il a invité les Montgomery, tu vois qui c’est ? Les grands-parents de Phoenix. » Bien que surpris que sa présence soit obligatoire, il n’avait pas vu ce dîner comme quelque chose de différent. Il avait l’habitude de devoir jouer au bon fils, bien éduqué. Il s’était bien trompé cette fois-ci. « P’tain, j’pensais que c’était juste un dîner pour maintenir les relations, tu vois l’genre. Bah tu sais comment ils vont les maintenir ? » Rien que d’y repenser, il sentait la colère grandir en lui. Il se souvenait encore du regard plein de défiance de son père et celui fuyant de sa mère. Il s’était senti blessé, trahi et comme si on voulait lui mettre des liens sur lesquels tirer lorsqu’il ferait un pas de travers. Las il posa ses coudes sur la table, la tête entre les mains. « Par un putain de mariage » Et pas n’importe lequel. « Le mien ... »

code by lizzou × gifs by tumblr

Life sucks

Killian & @Caleb P. Avery

Je retrouve Caleb devant le bar. Il m’attend déjà, ponctuel, comme toujours. Notre salutation habituelle donne l’impression que tout est normal. Pourtant, l’urgence dans son dernier hibou suggère tout le contraire. Ce qui m’est arrivé cet été également. Pour autant, comme à notre habitude, nous sauvegardons les apparences et ne montrons rien, bien trop fiers pour briser les carapaces trop vite. Pour l’instant. Quand nous ne sommes que tous les deux, les confidences finissent toujours par être de la partie. Et, comme nous avons déjà pu nous le prouver, ce qui est dit entre nous, reste entre nous. « On pourra parler tranquille. » Je réponds simplement comme si de rien n’était à sa remarque sur le choix du lieu avant d’ouvrir la voie pour entrer dans le bar. Mon expérience personnelle m’a toujours prouvé que pour passer incognito, il faut être au milieu d’une foule ou entouré de touristes. On fait moins attention à un ou deux individus quand on est dans un lieu public et fréquenté. Et c’est bien ce que j’ai mis en application aujourd’hui. Loin de nos fréquentations habituelles, nous ne risquons pas d’être interrompus et pourrons parler en toute discrétion de tout type de sujets. Je nous voyais mal en plein chemin de traverse parler de sujet sérieux alors que nous pouvions à tout moment être surpris par des camarades de Poudlard, des amis ou même des fans. Super les confidences.

Une fois les commandes prises, une bière chacun, je ne perds pas de temps et lance la conversation. Je ne prends pas de détour et aborde directement la lettre qu’il m’a envoyée. On n’est pas là pour compter les moutons. D’autant plus que c’est la première fois que je sors de chez moi et que je ne suis pas franchement détendu. Je jette fréquemment des petits coups d’œil vers la porte d’entrée, comme pour faire attention qu’aucun danger ne pourrait nous surprendre. Ou qu’aucune de nos connaissances ne choisisse ce jour précis pour visiter ce bar. « Ouais, peut-être. » Je réponds simplement en haussant légèrement les épaules, lorsqu’il me parle de son père et de ses disputes. Caleb est peut-être d’une haute lignée de sorcier, pour autant il n’a pas tout d’un enfant de sang pur classique. Il se fiche de la classe du sang entre autre, ce qui ne plaît pas forcément à papa. Et quand on ne suit pas les pensées et les principes des familles de la haute, il n’est pas rare que des engueulades éclatent. Jusque-là donc, rien de bien inquiétant en soit. Je ne compte moi-même plus les engueulades que j’ai pu avoir avec Daphné après mon adoption parce que j’étais trop ceci, pas assez cela et que je ne correspondais pas au modèle de gamin qu’elle s’était fait. La suite est un peu plus intrigante. Un dîner avec les grands-parents de Phoenix. Encore une fois, les repas de bienséance entre les grandes familles sont fréquents et bénins, permettant d’assurer la bonne entente et des potentielles alliances pour des sujets comme l’élection d’un nouveau premier ministre. Mais la réaction de mon ami me laisse clairement entendre que ce n’était pas qu’un simple repas. Et je devine ce qu’il en est précisément 2 secondes avant que le mot mariage ne franchisse la barrière de ses lèvres. Cela m’arrache une grimace tandis que je regarde impuissant mon ami se cacher dans ses propres mains. Je sais parfaitement ce qu’il ressent. Je suis passé par là il y a exactement un an de cela, quand Daphné a décidé de me lier à Alexis Sherwin. Les deux moutons noirs, les deux enfants adoptés qu’on veut façonner et contrôler. Je comprends beaucoup mieux le ton paniqué et urgent dans sa lettre. Et je comprends mieux pourquoi il a essayé de me joindre. Je m’en veux un peu de ne pas lui avoir répondu plus tôt. J’imagine très bien la colère et la détresse dans laquelle il était. Mais ça ne sert à rien de s’excuser maintenant. Nous sommes là, et c’est maintenant que la conversation se tient. « Putain. C'est bien, ils savent faire dans l’innovation ces familles de sang-purs. » Je commente avec un demi-sourire narquois qui n’a rien de joyeux mais qui se veut plutôt moqueur et sombre. « J'suis désolé qu'ils te fassent ça Cab. Je comprends pas pourquoi en 2026 ces sorciers pensent encore que c’est normal de forcer le mariage de leurs gamins. » Je lève les yeux au ciel en disant cela. A croire qu’ils n’apprennent pas de leurs erreurs. Combien de leur progéniture doivent-ils se mettre à dos avant d’arrêter ? J’imagine que la réponse est assez claire : autant qu’il le faudra, tant qu’ils peuvent avoir le contrôle. Tout est une histoire de contrôle et de pureté du sang. « Pourquoi elle ? » Je demande, essayant de comprendre le choix. De mémoire, Phoenix, une jolie brune qui est dans ma maison, sort avec le frère de Finnbjörn, qui est aussi un sang-pur. Il y a donc forcément une raison pour laquelle ce mariage arrangé doit avoir lieu. Est-ce qu’ils n’essaieraient pas de faire légion contre la famille des Norvégiens ? « Qu’est-ce que tu comptes faire mec ? J’imagine que je n’ai pas besoin de te rappeler à quel point c’est compliqué de retirer ces idées de la tête de ceux qui ont lancé le truc. Et qu’annuler un mariage arrangé n’a rien de facile non plus, j’en sais quelque chose. » Alexis et moi avions creusé toutes les pistes possibles et tenté tous les scénarios possibles et imaginables avec nos familles. Rien n’y faisait. Jusqu’à la disparition subite d’Alexis qui laisse un met un point final sur nos potentielles fiançailles. On ne peut pas se marier avec une disparue. Le serveur revient avec nos pintes et je le remercie d’un mouvement de tête, attendant qu’il soit parti avant de me retourner vers mon ami.

made by black arrow

Parler tranquille. C’est pour cette raison que Killian avait choisi un bar moldu où ils ne risquaient pas de rencontrer d’autres sorciers pouvant les déranger à tout moment. Et vu ce dont ils allaient parler, il valait mieux que ça en soit ainsi. Caleb suivit le gryffondor dans le bar et se dirigeait vers une table au fond de la pièce. Sans ‘attarder, ils se posèrent chacun sur leur chaise, lui dos au reste du bar. Les bières commandaient posés sur la table, Killian n’y alla pas par quatre chemin et aborda le courrier que Caleb lui avait envoyé il y a une semaine. Il lui avait déjà parlé de ses disputes avec son père des derniers mois, notamment sur le fait qu’il déviait totalement du chemin à suivre, celui que les Avery se devait de suivre. Il n’avait pas les mêmes idéologies, du moins il n’avait aucune envie de prendre partie pour qui que ce soit. Il ne voyait pas en quoi tel ou tel était différent de l’autre au point de parler de supériorité. Caleb avait toujours pensé que ce genre de disputes disparaîtraient au fil des années étant donné que son père n’entreprenait rien jusqu’à présent. Mais il s’était trompé et c’est la tête dans les mains qu’il annonçait à Killian qu’il s’était retrouvé fiancé de force avec Phoenix. La réaction de son ami ne tarda pas, cyniquement surpris du peu d’originalité qu’avaient les familles de sang-purs pour maintenir la lignée comme il se devait et garder une once de domination sur leur progéniture. Cab se redressa dans un soupir, passant une main dans les cheveux, exaspéré et en colère par la situation. Rien qu’en parler faisait remonter les émotions ressentis le soir même. Il se sentait tendu, pris au piège et incapable de trouver une solution pour s’en sortir. Killian était désolé pour lui et c’est un demi-sourire qui s’étira sur ses lèvres à ses mots. Lui non plus il ne comprenait pas. D’où forcer ses enfants étaient une bonne idée ? A part les éloigner, il ne voyait pas ce qu’il y avait de positif dedans. Sauf si on était la copie parfaite de ses parents. Ils l'ont pas fait avec mon frère… Vu comme il marche parfaitement dans les pas de mon père. Pourtant je suis sûr qu'il aurait accepté sans broncher. Ca aurait pourtant été plus logique qu’ils le fassent avec lui. Il était l'aîné et était clairement pro sang-pur. Mais Cab n’avait pas besoin de réfléchir bien loin pour connaître la raison de cette décision. Il était le rebel de la famille, la tâche qu’il fallait absolument enlever afin que leur nom ne soit pas sali. C’était l’une des manières de son père de le remettre sur le droit chemin. Il ne lui avait jamais caché cette idée mais le cadet de la famille n’avait pas imaginé qu’il le ferait aussi tôt. Il ne s’était pas préparé à ça. Pas encore. Le regard fixé sur son interlocuteur, il haussa les épaules à la question. Pourquoi Phoenix ? J'sais pas. Si mon père maintient des relations avec les Montgomery c'est qu'à ses yeux ils sont importants chez les Sang-Pur. D’autant plus s’il veut unifier les deux familles. La puissance, la supériorité, la noblesse, la pureté. Ce n’était question que de ça. Dans un mariage forcé on se moquait éperdument de l’amour et de ce que voulait réellement les mariés. Le but final était d’unifier deux familles et d’agrandir les rangs et la pureté de chacun. Pourtant lui non plus ne comprenait pas. Phoenix était avec Hannibal qui venait également d’une puissante famille, quand bien même il la trouvait cinglée. Pourquoi les grands-parents de cette dernière l’avait choisi lui ? Cab détourna le regard sur deux tables plus loin où deux moldus picolaient en se racontant des blagues. L’ambiance était bien plus joyeuse qu’à leur table. Ce qu’il comptait faire ? Le Serpentard resta silencieux alors que le serveur déposait leurs pintes sur la table avant de reparti. Il en tira une vers lui, déposant ses mains autour du verre. J’en sais rien … Mon père m’a clairement fait comprendre qu’il ne lâcherai pas l’affaire. Il a vraiment décidé de dicter ma vie à présent. Leur dispute après qu’il soit sorti de table s’était terminé sur ses mots et il entendait encore le bruit de la gifle qu’il lui avait retourné par la même occasion. J’pourrai me barrer… Et après ? Je n’ai aucune envie de me retrouver sans rien et renier. Je les déteste en ce moment de me faire ça mais ils restent ma famille et même si on et pas d’accord sur pleins d’choses, ils sont tout d’même important pour moi. Ce n’est pas parce qu’il n’était pas du même avis qu’eux qu’il ne les aimait pas. Sa mère avait toujours été là quand il en avait besoin, son père l’avait correctement éduqué et il n’avait jamais manqué de rien, quand bien même ses choix ne lui avaient pas plu. Jusqu’à ce soir là, même après autant de disputes, il ne s’était jamais senti aussi trahi et blessé. J’ai vraiment cru que même si ça leur plaisait pas, ils acceptaient tout d’même mes choix. Mais à croire que j’ai été con d’croire qu’il me laissait vraiment cette liberté.

code by lizzou × gifs by tumblr

Life sucks

Killian & @Caleb P. Avery

A partir du moment où je comprends ce qu’on lui impose, je n’ai aucun mal à me projeter à la place de mon ami. Il y a un an tout pile, je traversais la même épreuve. En pleine soirée pendant laquelle Daphné avait invité tout le beau monde sorcier londonien, elle avait décidé avec le beau-père d’Alexis, de mes fiançailles avec cette dernière. J’avais eu envie de rentrer dans une colère noire et de me transformer en véritable ouragan, mais j’ai été obligé de garder mon sang-froid pour sauvegarder les apparences et s’épargner les commentaires désobligeants de tout le gratin. Je n’ai aucun mal à imaginer qu’il en a été de même pour Caleb. De ce que j’entends, la décision a également été prise lors d’un repas, et les deux concernés n’avaient pas été mis dans la confidence. Basique.

Il me fait remarquer que son frère n’a pas eu à subir le même sort. Et selon lui, ce serait parce qu’il est bien trop docile. Cela aurait été trop simple avec lui. De toute évidence, ce que cherchait le père de Caleb, c’était le punir. Trouver un moyen de le contrôler pour qu’il fasse précisément ce qui est attendu de lui. Pour ne pas qu’il soit en roue libre. Exactement comme moi. J’étais un électron libre. Je ne collais pas du tout à l’image que Daphné se faisait de son héritier et je ne suivais pas ses ordres à la lettre. Elle a donc essayé de m’enchaîner et elle n’a rien trouvé de mieux que comme ça. « Peut-être parce qu’ils se sentent pas obligés de contrôler ton frère. Ils comptent sur sa docilité pour se trouver de lui-même une nana de bonne naissance et pour suivre comme un bon idiot conditionné la voie qui lui a été tracée. » Un truc que je ne supporte pas chez les sangs-pur. Cette nécessité de laver le cerveau de leur progéniture pour qu’ils n’aient aucune opinions sinon celles imposée par leur famille. Tu m’étonnes qu’on se retrouve face à des dégénérés qui se croient encore au 19ème siècle avec tout ça. Ils font ce qu’on leur impose au nom du sang, et s’étonnent que plus personne ne les prend au sérieux. De vrais tyrans. « Qu’est-ce que t’as fait dernièrement pour que ça te tombe dessus maintenant ? » Je demande avec sarcasme. Y a du avoir une goutte qui a fait déborder le vase. De son côté, et de celui de Phoenix. Parce que franchement, en étant encore à Poudlard, c’est chaud de vouloir fiancer ses gamins qui ne sont pas encore sortis de l’école.

Du coup, c’est tout naturellement que je demande pourquoi Phoenix. Apparemment, Caleb n’en sait pas plus que moi. Du moins, pour l’instant, il n’a aucune excuse valable en dehors de la lignée du sang et de l’unification de deux puissantes familles. Soit. Mais je suis prêt à parier qu’il y a plus derrière ça. Il y a toujours plus. « Ou alors, ils veulent aussi contrôler Phoenix pour une raison ou pour une autre. Ca m’étonnerait qu’elle soit du genre à être d’accord qu’on la marie de force. Surtout qu’elle sortait pas avec un Sorensen ? » Toute cette affaire me paraît encore plus louche que mes propres fiançailles avec Alexis. Nous, on voulait juste nous punir d’être des moutons noirs. Eux, je doute que ce soit la seule réponse.

Depuis que l’on se connait, Caleb était celui qui m’écoutait raconter mes mésaventures. Les bonnes, comme les mauvaises. Il était très bon public, m’écoutant toujours avec attention. Aujourd’hui, c’est à moi de lui retourner la pareille. Sa famille lui fait passer un sale moment et je suis bien placé pour le savoir, parce que je suis justement passé par là moi aussi. Et je sais qu’il y a de quoi se sentir désemparé. On réfléchit à toutes les options qui s’offrent à nous, même les pires. Et c’est pour ça que je demande à Caleb ce qu’il compte faire. Pour savoir plus précisément où il en est dans cette réflexion. Il a envisagé de partir. Evidemment. Mais il s’est rationnellement rendu compte qu’il n’irait pas loin sans les moyens de sa famille. Et tout comme moi, il ne voulait pas se faire renier et se retrouver sans rien. On est pas fous quand même. Et malgré tout le mal qu’ils peuvent lui faire, il ne peut pas se résoudre à les quitter aussi facilement. C’est sa famille après tout. Il possède une certaine attache que je n’ai jamais eu la chance de connaître. L’amour que les parents portent à leurs enfants. Et des enfants qui les aime en retour. Ce que je n’ai jamais connu. Je ne doute pas un seul instant que Caleb ressent une profonde trahison là où moi je prenais ça pour de la pure vengeance parce que je ne correspondais pas aux critères de Daphné et qu’elle me détestait. « Tes parents confondent amour et contrôle. Ils veulent pas ton bien là, mais celui de leurs propres intérêts. J’suis mal placé pour te conseiller sur les relations à avoir avec ta famille, même si entre nous je te dirais bien de leur mener la vie dure pour te venger, mais je sais ce que ça fait que d’être fiancé contre son gré. Et ça pue. Tu peux pas faire le con au risque de perdre le peu de liberté qu’il te reste. Tu peux pas te barrer si tu veux as être déshérité. La loi sorcière n’a aucune réglementation à ce sujet. Je sais, on avait creusé avec Alexis. » J’énonce, réfléchissant à haute voix aux différentes possibilités. Je me doute qu’il les a déjà toutes passées en revue. Néanmoins, il reste peut-être un truc. « Par contre, y a un truc que j’ai encore jamais eu le temps de mettre en application… Et si tu faisais en sorte que la famille de Phoenix ne veuille plus de toi en tant que gendre ? » Je lâche, sondant sa réaction. Ca faisait parti des plans que j’avais en réserve si à la majorité d’Alexis ils avaient toujours cette salle idée en tête mais … Les circonstances en ont décidé autrement. « Ils doivent bien avoir des exigences pour leur gamine, non ? Si tu leur prouve que tu n’es pas digne d’elle, pas digne d’eux, peut-être qu’ils te lâcheront la grappe et iront lui chercher un autre fiancé ? Je suis sûr qu’avec Max on pourrait trouver plein d’idées pour leur foutre la honte et s’assurer qu’ils ne veulent pas associer ton nom aux leurs. » Je propose parfaitement sérieux. Pour une fois, le sarcasme ne vient pas compléter mes plans. J’ai vraiment pour but d’aider mon ami qui est dans une situation oh combien délicate. « C’est soit ça … Soit le décès de l’un des deux. Ce que je ne souhaite à personne. » Je souffle, fronçant les sourcils avant de plonger sur mon verre pour tremper mes lèvres dedans. Penser qu’Alexis est morte est toujours particulièrement étrange et je ne m’y fais pas. Ca me libère du poids des fiançailles mais à quel prix …

made by black arrow

Life sucks

Killian & @Caleb P. Avery

Je m’en veux un peu d’avoir mis autant de temps à répondre à Caleb. Et encore, si Carla n’était pas passée, je n’aurais peut-être même pas pris la peine de lire sa lettre. Mais cela signifie quand même que je l’ai laissé seul dans sa tourmente pendant plusieurs jours. Et j’imagine très bien le mal dans lequel il était. Est-ce qu’il s’est confié à quelqu’un d’autre entre temps ? Il s’est sans doute empressé d’en avertir Maxwell, mais sur ce coup, Max ne peut pas le comprendre comme je peux le comprendre. Il n’a pas idée d’à quel point on peut se sentir coincé, enchaîné et dévêtu de tout libre arbitre, de tout futur normal. N’avoir plus que ça en tête, cette épée de Damoclès, cette liaison de sang ordonnée. Cela s’apparente en fait à vivre un véritable cauchemar. Il n’y a pas d’autres mots. Quoi que, enfer, ça marche aussi.

Surtout que pour des types comme nous, être contrôlé c’est pire que tout. Notre liberté, c’est tout ce qu’on possède vraiment. Dans mon cas j’étais un orphelin donc je ne possédais rien avant de devenir un Knight. Et en ayant un nom de Sang-Pur, on attend de nous qu’on se comporte comme tel. C’est comme si nous n’étions plus que notre nom. Et il nous reste très peu de marge de manœuvre. Qu’on nous retire avec ces fichus mariages arrangés. Du coup forcément, je m’intéresse aux motifs qui poussent le père de Caleb à précipiter cette décision. Et je suis atterré par la première réponse qu’il me donne. Il passerait ses nerfs sur son fils parce qu’il a été envoyé dans un séjour où il a dû côtoyer des moldus ? « Mais c’est pas contre toi qu’il devrait être énervé. C’est contre l’école ! T’étais pas au courant que cette année le séjour allait se dérouler au fin fond du cul du monde au milieu des Moldus … Je sais qu’il aime pas les Moldus mais quand même ! » Tu peux pas te venger sur ton fils comme ça quand même. Si ? En même temps, vu les Sang-Purs et leurs comportements qui n’ont aucun sens, je ne devrai même plus être surpris. Sa deuxième réflexion me fait pour le coup froncer des sourcils. Pas celle sur Maxwell, ça je n’en doute pas une seule seconde. Mais celle comme quoi il serait au courant des faits et gestes de Cab à Poudlard. « Tu crois que tu es surveillé à Poudlard ? Que quelqu’un lui fait des rapports ou un truc de ce genre ? » Je demande en baissant la voix et en regardant inconsciemment autour de moi pour m’assurer qu’il n’y a personne de suspect autour de nous. Un côté paranoïaque que je ne me connais pas est en train de surgir et m’inquiète. M’en rendant compte, je me secoue mentalement, essayant de chasser l’idée que quelqu’un nous espionne pour revenir sur la conversation. « Pour Max, t’as jamais voulu arrêter de le fréquenter pour lui faire plaisir alors c’est pas aujourd’hui que ça va changer. Et je vois pas en quoi te marier de force avec une meuf va te pousser à arrêter de fréquenter un né-moldu. Encore une fois, ça n’a pas de sens. » Je dis en levant les yeux au ciel. En même temps, les gens les plus insensés sont également les plus dangereux.

D’un côté, il y a les motivations du père de Caleb. Mais de l’autre, il y a également celles de la famille de Phoenix. En général, il faut que les deux partis soient d’accord pour unir les familles. Malheureusement, Caleb ne semble pas les connaître ce qui fait que nous sommes au point mort pour ce côté-là. Il me confirme qu’elle sort avec Hannibal. Il me faut quelques secondes pour le remettre. « Ah oui, le Serdaigle qui fait un peu psychopathe sur les bords. » Je commente avant de réaliser qu’en fait, ils font tous un peu psychopathe dans cette famille de toute façon. « Mais pourquoi toi alors. Les Sorensen sont des sangs-purs, si c’était uniquement pour l’image de leur famille ils auraient laissé les choses se faire. A moins qu’ils aient quelque chose en particulier contre cette famille. » Après tout les Sorensen sont puissant et ne sont pas anglais. Ils font peut être peur aux vieilles familles nobles anglaises. Qu’en sais-je, la politique de sang-pur m’intéresse pas franchement. Trop d’histoire à retenir, c’est barbant.

Je lui expose ce qui, de mon point de vue, correspond à ses différentes options et je vois bien que ça le dépite plus qu’autre chose. Il se sent coincé, sans aucune solution, obligé de prendre un parti. « Parce que les Sang-Pur comme ceux de ta famille sont incapables de rester neutre. Ils pensent en priorité à leur image et au pouvoir. Et forcément, ça se répercute sur les progénitures à un moment donné. Bienvenue au club. » Je lâche avec sarcasme avant de me redresser pour exposer une nouvelle idée. Une potentielle solution. « Il y a des choses qu’il ne peut pas camoufler, pas si il y a des preuves tangibles. L’idée serait à affiner, trouver des choses qui le coinceraient sans qu’il puisse te renier pour autant. Songes-y. Je vais essayer d’y réfléchir de mon côté aussi pour venir à la rentrée avec des options. » Au moins ça m’occupera l’esprit et ça me changera de mes idées noires. « Et ta mère, elle en dit quoi ? » J’ose demander alors lorsqu’il me dit qu’il pense que son père préfère son nom à son propre fils. Je crois savoir que sa mère est plus douce, plus aimante. Est-ce qu’elle n’a pas son mot à dire elle non plus ?

Forcément il reste une dernière option et je la mentionne d’une voix grave. Je regrette presque d’avoir prononcé ces mots à la seconde où ils effleurent mes lèvres et j’essaie de les noyer, trop tard, dans ma bière. Malheureusement, cela ne suffit pas à les effacer, ni à faire revenir Alexis. « Ouais. Une mort bien étrange. Mais une disparition qui arrange en quelque sorte. » Je commente en haussant les épaules avant de me reconcentrer sur ma bière. Je ne sais pas si je peux partager tous mes doutes à ce sujet avec mon ami. Je sais qu’il vaut mieux que je retienne mes soupçons. Les Sherwin ne se laissent pas faire et je ne peux pas me les mettre complètement à dos avant d’avoir le fin mot de l’histoire. Je dois la jouer fine et éviter de laisser des rumeurs courir. Je ne peux pas me permettre de m’épancher sur ce que je pense sans preuves.

Je relève les yeux, presque sur la défensive, lorsque Caleb fait une remarque sur ma veste. J’ai la désagréable impression qu’il peut voir à travers et cela me donne un frisson. Il n’a pas de vision bionique encore à ce que je sache. « Nan j’suis bien. Alors, elle est comment ? » Je demande en montrant sa bière pour changer de conversation. « Ca ne te dérange pas que je t’ai amené ici ? Avec … Tout ça ? » J’espère vraiment qu’il n’est pas suivi. Sinon comment réagirait son père si il apprenait que son fils était venu picoler de la bière moldue dans un bar moldu …

made by black arrow

Life sucks

Killian & @Caleb P. Avery

Ca me fait carrément chier pour Caleb qu’il se retrouve embarqué de la sorte dans un sale mariage arrangé. Personne ne mérite ça et étant moi-même passé par là il y a tout juste 1 an, je ne souhaite ça à personne. Même pas à mon pire ennemi. Le problème avec ces si prestigieux Sang-Pur, c’est que c’est un peu trop fréquent. Les rumeurs de consanguinités ne sont pas si fausses que ça et c’est sans doute pour ça qu’il ne faut pas s’étonner qu’ils soient aussi extrêmes et aussi flippants : à force de se reproduire entre eux, ils vont pas gagner en ouverture d’esprit ni en intelligence. Bien évidemment, ça j’évite de le dire à voix haute. Être un Sang-Pur a clairement des avantages également et ça m’a personnellement bien arrangé d’en devenir un. Toutes les portes se sont mises à s’ouvrir à moi et comme par hasard, on s’est mis à me pardonner des choses : mes années de débauches, mes comportements douteux. Tout ça n’avait plus tant d’importance maintenant que j’étais un Knight. On ne peut pas se permettre de salir le nom de Bailey, il est bien trop réputé dans ce qu’il fait. Et même si d’apparence on dirait un mec cool, je vous assure qu’il vaut mieux éviter de se retrouver face à lui lorsqu’il entre dans des colères noires. Un tout nouveau futur m’était donc promis. Il était loin, le gamin orphelin qui n’accomplirait jamais rien. Oublié. Comme si j’étais devenu une nouvelle personne. Il n’y avait qu’aux yeux de la glaciale Daphné que rien ne passait. Je restais le sale gosse dont elle n’avait jamais voulu et qui me gardait à l’œil. Hors de question que je puisse salir son nom ! Et elle me l’a bien fait comprendre en me fiançant avec Alexis. « Putain, flippant si c’est vraiment le cas. On est vraiment tombé dans des familles de taré hein. » Je n’avais jamais eu la sensation d’être observé ou surveillé à Poudlard. C’était mon terrain de jeu et je ne m’étais jamais posé la question. Mais si ça se trouve, on l’est tous. Il suffirait d’un prof ou même d’un elfe de maison qui fait des rapports réguliers à nos familles sur nos faits et gestes.

Je ne peux m’empêcher de comparer Daphné au père de Caleb. Ils sont de toute évidence de la même trempe à vouloir que tout soit parfait. A vouloir qu’on rentre dans le moule. A la différence de Caleb, je n’ai aucun lien filial avec Daphné, je ne la connais que depuis 2 ans et vu mon tempérament, je n’ai pas hésité à l’envoyer bouler plus d’une fois. Elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait, je fréquentais qui je voulais. Je ne vois pas en quoi être ami avec telle ou telle personne est supposé avoir un impact sur notre nom de famille. Mais encore une fois, je ne suis pas né dans cet environnement, je ne comprends pas tous leurs principes. « Ouais mais ça lui donne pas le droit d’intervenir pour autant. Ce besoin toxique de contrôle, j’te jure. J’ai la même à la maison. Avec Daphné, faut que tout roule comme elle l’a prévu sinon c’est la fin du monde. Ils comprennent vraiment rien à rien. C’est pas en nous forçant à faire des trucs qu’ils vont nous ranger dans leur camp. Faut qu’ils se mettent dans le crâne qu’on est des êtres humains, pas des animaux qu’ils peuvent contrôler à leur guise. » Mais ça, ils ne le comprendront jamais. J’imagine que du point de vue du père de Caleb, c’est lui qui l’a enfanté donc il lui doit la vie et par conséquent dévouement. Sauf qu’on est plus au 18ème siècle les gars !

Le grand mystère reste le suivant : pourquoi est-ce que la famille de Phoenix veut à tout pris l’éloigner des Sorensen. Parce que s’ils tenaient absolument à ce que la jeune fille aient un bon mariage, il était déjà tout trouvé étant donné qu’elle est déjà dans les bras d’un Sang-Pur. « Je t’avoue que je serai bien curieux de le savoir. Même si à mon avis, ça doit être une histoire de famille. » Dans l’immédiat, je ne vois pas d’autres raisons. Mais je ne suis pas exactement aux faits de tous les secrets de la Haute Société des Sang-Pur. J’ai déjà bien assez à gérer de mon côté. Mais peut-être que ça pourrait aider Caleb dans l’annulation du mariage. En tout cas, pour essayer de lui redonner espoir, je lui partage mes réflexions de quand j’étais dans cette situation. Et la meilleure option que je vois pour l’instant, c’est de nuire à la réputation de la famille de Phoenix pour qu’ils annulent son engagement. Bien sûr, les détails sont à réfléchir de façon un peu plus sérieuse si on veut que ça fonctionne, mais c’est mieux de se raccrocher à quelque chose que d’attendre tristement que le sort s’abatte sur lui.

Je tourne la bière entre mes mains, cherchant mes mots. Je comprends sa déception vis-à-vis de sa mère. On pense pouvoir compter sur quelqu’un mais finalement cette personne se tourne vers quelqu’un d’autre, oubliant de nous protéger et de nous défendre, préférant l’option de facilité. J’en ai eu des familles adoptives comme ça. Des fausses mères qui préféraient laisser leur mari être violent ou proféré des menaces plutôt que d’élever la voix. J’ai arrêté d’espérer depuis bien longtemps, ce qui explique très certainement le fait que je suis devenu un con fini et que je cherchais à me faire virer des familles d’accueil avant que je ne m’attache et qu’elles décident de me virer. C’était plus facile comme ça. « Elle en a peut-être peur et elle n’ose pas le contredire ? » Je tente une supposition ne cherchant pas à vexer mon ami. Après tout, je ne connais pas les relations entre ses parents et ce n’est pas ma place de supposer quelque chose, même si j’ai déjà rencontré ce genre de couple par le passé et que je me suis rendu compte que c’était plus commun que ce qu’on ne pouvait penser.

On laisse rapidement derrière nous le sujet d’Alexis. C’est un sujet encore un peu trop frais et sensible et je n’aurai pas grand-chose à dire. Tout simplement parce que je ne sais rien. Les raisons de sa fugue étaient assez vagues même si j’avais une petite idée sur la question et la découverte de sa mort m’ont extrêmement choqué. Je voudrais en savoir plus, étant persuadé qu’il ne s’agit ni d’un suicide ni d’un simple accident, mais j’ai conscience que poser des questions au Sherwin ne fera qu’attiser leur méfiance à mon égard. Bref, je marche sur des œufs et parler d’autre chose me va tout aussi bien. « Ouais niquel. J’aime beaucoup ce que font les moldus en termes de boisson. » Je commente en regardant le liquide doré avant de relever la tête pour m’assurer une nouvelle fois que ce lieu ne risque pas de porter préjudice à Caleb. Après tout, il sous entendait qu’il était suivi même à Poudlard. Le petit rictus qui se dessine sur ses lèvres et son expression moqueuse me détend. Dans un certain mimétisme, j’adopte la même attitude lâchant un petit rire qui me semble bien faux lorsqu’il demande si on peut lui infliger quelque chose de pire qu’un mariage. « Ah ça. J’ai cru comprendre que les Sang Pur sont toujours plein de ressources. Si on cherche un peu à les titiller encore, je suis sûr qu’ils ont encore de belles surprises pour nous. » Je dis d’un ton ironique. Il n’y a pas que les sangs purs. La vie aussi réserve bien des surprises mais je ne veux pas mettre ça sur le tapis et paraître trop pessimiste. « Et le reste de ton été ... T'as pu profiter avant toute cette histoire ? Moi j’te raconte pas le nombre d’Australiennes que j’ai pécho, c’était le paradis cet été ! » Avant qu’il ne vire au cauchemar. Mais ça, il n’a pas besoin de le savoir. Caleb a déjà bien assez à se soucier avec ses problèmes personnels, je ne vais pas lui en rajouter. Maintenant qu’il a lâché la bombe et qu’il a dit ce qu’il avait sur le cœur, je propose juste qu’on boit et qu’on s’amuse. Histoire qu’on oublie nos tracas l’espace de quelques heures et que nos retrouvailles avant cette année à Poudlard ne soient pas trop tristes et trop sombres.

made by black arrow