Légèrement dépitée, je poursuis ma route dans la forêt interdite. J’avais le coeur serré et ce n’était en rien dû à cette maladie qui nous empoisonnait la vie, à Finnbjörn et à moi. Mes pupilles opalines contemplent quelques instants le ciel étoilé qui se dessinait à la perfection au-dessus de la voûte des arbres. Nous aurions dû nous retrouver tous les deux, à monter sur ces fichus canassons. Ou à trouver un coin tranquille et observer les étoiles. Pas comme deux étrangers tout parce qu’il avait décidé de me fuir. La frustration devient une colère bouillonnante quand je manque de tomber en me prenant le pied dans une racine. Quelques mots en norvégien franchissent mes lèvres. Grand-Mère me punirait certainement si elle m’entendait adopter un tel langage. De rage, je frappe un grand coup dans cette maudite pousse végétale. La douleur est brutale, mais elle a le mérite de refouler ces sentiments chagrins qui commençaient à m’assaillir. Je préfère être énervée que triste. La faiblesse n’était pas une option. Si Junior ne voulait plus m’adresser la parole, grand bien lui fasse. Il me fallait simplement le temps de me défaire des délicieuses habitudes qui étaient les nôtres. Après, tout irait bien…

Pas à pas je sens le sol devenir vaseux. Rien de très agréable mais ce n’était pas pire que de choir dans de la viande pourrie. Quels chevaux se nourrissaient de ce type d’aliments ? La créature que j’avais eu sous les yeux continuait de hanter mon esprit. Il me faudrait interroger mon tendre frère, sans éveiller ses soupçons. S’il commençait à se douter de ce que je voulais faire, il allait encore me servir un discours à sa manière et m’assommer des bonnes dispositions que j’étais censée prendre au nom des Sørensen. Enfin, il me suffisait de lui expliquer ce que j’avais croisé ce soir et de lui partager toute l’étrangeté qui se dégageait de la créature pour qu’il accepte de partager son savoir et qu’il n’imagine pas que ce soit plus que de la curiosité fascinée. Mes pieds s’enfonçaient de plus en plus dans le sol devenu spongieux. Autour de moi, les arbres se faisaient mourants. Un décor infernal qui me convenait parfaitement. Mon pied gauche m’élançait toujours dès que je le posais au sol mais il m’était facile de l’ignorer. Ce n’était qu’un petit mal de rien du tout.

Soudain je me fige. Une silhouette se dessine sous mes yeux. Je reconnais rapidement sa chevelure ainsi que sa voix tandis qu’elle lance un sortilège de chatouillis et mon sourire revient, éclatant. Discrètement, j’ôte ma cape et la range. Le balai coincé derrière mes épaules, un bras passé autour, je m’annonce enfin à mon amie. Comme on se rrretrrrouve m’amusé-je en me plaçant à ses côtés. L’odeur ignoble qui nous entourait faisait frémir mes narines de dégoût, mais j’étais bien moins dépitée que Phoenix. Je préférais ça et n’importe quel marécage à un enclos où mon meilleur ami - bien que la question se pose chaque jour un peu plus - se trouvait, à quelques pas de moi. Qu’est-ce que tu faisais ? J’avais entendu la formule d’un sortilège de chatouillis, mais à qui tentait-elle de déclencher un fou rire ? En posant les yeux sur les racines d’un arbre qui nous faisait face, en l’associant à l’épouvantable odeur de pourriture qui nous enveloppait et devait imprégner nos vêtements, ainsi qu’à la liste des ingrédients, je compris. Je détestais les cours de soins aux créatures magiques, mais en temps que sorcière je connaissais tout de même certaines choses. Disons que soigner ces affreuses bestioles ne m’intéressait guère. Les neutraliser, par contre, beaucoup plus. Pointant ma baguette, je tente à mon tour de lancer un sort pour récupérer l’ingrédient nécessaire.

1 - 5 - 6 - Sortilège réussi
4 - 2 - Le sortilège échoue. Je soupire, agacée, et me tourne vers Phoenix, m'appuyant sur ma jambe droite pour soulager quelque peu mon pied gauche.
3 - Erin commence à s’embourber

Tu joues le jeu ? l'interrogé-je. Je l'imaginais mal faire équipe avec qui que ce soit, à part moi, mais elle semblait être en quête d'ingrédients, peut-être l'idée de s'occuper n'était-elle pas si désagréable à ses yeux.

Objet en ma possession - Balai volant
Ingrédients récupérés :
- 1 crin de Porlock
- 1 crin de Sombral (useless)
- 1 bébé Voltiflor (useless)

Le sourire de Phoenix réchauffe le mien. J’avance jusqu’à ses côtés, dans cette terre marécageuse qui s’étendait tout autour de nous. Mon pied m’élance, mais j’accueille la douleur avec soulagement. Elle étouffe le reste. Du moins jusqu’à ce que ma meilleure amie se fende d’une pique sarcastique sur l’absence de Junior. Mon regard se voile et je fronce le nez, tant de dégoût à cause de l’odeur qui collait même nos vêtements que pour chasser l’humidité qui s’emparait de mes yeux. L’envie de frapper de nouveau quelque chose revint. Mais il n’y avait rien d’autre que de la boue et c’était bien mieux comme ça pour mes orteils. C’est plutôt l’inverrrse répliqué-je, d’une mauvaise humeur flagrante qui venait tempêter jusque dans mon regard. Ce n’était pas comme si elle n’avait pas remarqué notre éloignement depuis de nombreux jours, ni comme si elle n’avait pas manqué de me faire savoir ce qu’elle en pensait. Pour elle, plus je me tenais éloignée de Junior, mieux je me portais. Je m’en foutais en temps normal. Aujourd’hui, ses mots résonnaient comme un écho douloureux. Ne parrrlons pas de lui. Si j’avais voulu continuer de penser à mon meilleur ami m’ignorant royalement et préférant la compagnie d’autres personnes, je serais restée sous ma cape à le suivre pour constater qu’il vivait parfaitement bien sans moi.

Au lieu de ça, je suis bien déterminée à profiter de cette soirée en compagnie de la Gryffondor. Je l’interroge sur ce qu’elle fait et tente à mon tour de réaliser le sortilège, sans succès notable. Je hausse les épaules, indifférente à mon échec. C’en est vrrraiment un ? Je n’avais pas assez suivi les cours de soins aux créatures magiques pour pouvoir affirmer en toute certitude que les choses dégoûtantes qui évoluaient sous nos yeux étaient des bandimons. Cela y ressemblait, mais pouvait tout aussi bien s’avérer être un cousin éloigné tout aussi écoeurant. Que dirrrais-tu de donner l’illusion avec moi ? proposé-je, en hochant la tête à ses paroles. Ce n’était qu’un piètre divertissement à une sortie qui n’avait plus aucune saveur depuis que Junior en avait enlevé sa présence. Ma meilleure amie tente une nouvelle fois sa chance, et cette fois-ci, cela fonctionne. La créature immobilisée laisse échapper une sécrétion qui ne devrait jamais, au grand jamais, toucher mes mains. Tu penses que je me balade avec des bols parrrtout où je vais ? Mon ton écoeuré laisse place à un soupir agacé. Dans quoi pouvait-on bien foutre cette chose ? Je repère une racine, ou un bout de bois, ou d’écorce pour ce que j’en savais, dont la forme creuse pourra parfaitement contenir la sécrétion. Je la tends à Phoenix, mon regard laissant clairement entendre qu’elle se débrouillait sur ce coup-là. Bon si tu as terrrminé, on peut aller dans un endrrroit un peu plus sympa ? râlé-je.

1 - 2 - Je m’enfonce un peu plus dans le sol boueux de cet endroit maudit. Il va falloir que Phoenix m’aide un petit peu mais nous pourrons ensuite nous enfuir.
Le reste - Tout va bien.

Objet en ma possession - Balai volant
Ingrédients récupérés :
- 1 crin de Porlock
- 1 crin de Sombral (useless)
- 1 bébé Voltiflor (useless)

Je hausse les épaules, balayant l’avis de Phoenix. Ce n’est pas qu’il m’indiffère mais quand même. J’adore ma meilleure amie, mais ce qu’elle pense de Junior m’a toujours effleuré sans jamais m’atteindre. Les deux ne se supportent pas. Ce qui m’amuse en temps normal m’irrite actuellement. La question ne se pose plus fais-je avec une humeur massacrante. Je n’étais pas du genre à étaler des sentiments aussi étranges que ceux-ci et encore moi à la personne qui pouvait le moins supporter le Serpentard au monde. Je connaissais son opinion sur la question par coeur : ce qu’elle n’aimait pas chez lui, pourquoi il me tirait vers le bas, à quel point je méritais mieux. Mais moi, je ne voulais pas d’autre meilleur ami que lui. Pas d’autre royaume, ni d’autre roi. Et en être autant convaincue malgré la situation dans laquelle nous étions me fit douloureusement prendre conscience que cet état de fait n’était pas prêt de changer.

Je préfère me concentrer sur cette ridicule chasse aux trésors. Ma meilleure amie aurait trouvé un bandimon. L’aspect peu ragoûtant de cette créature pouvait le confirmer, mais je n’avais jamais écouté les cours de soins aux créatures magiques, et ne m’y intéressais pas en dehors. Je partageais sa mine écoeurée : mais puisque nous étions là, autant aller jusqu’au bout. Et autant le faire à deux. Son beau sourire fait naître le mien, moins éclatant mais présent tout de même. Faisons donc comme ça ! Sa compagnie m’était mille fois plus agréables que celle de Blaze ou de l’autre cafard impure qui servait à compléter ce trio.

Sous l’impulsion de Phoenix, je m’en vais chercher, bon gré mal gré, un récipient potable pour accueillir les sécrétions de cette immonde créature. Je reviens avec un bout de bois et note le regard blasé de la jeune femme. Je lève les yeux au ciel : comme si j’avais le choix. Je n’étais pas dans un magasin de vaisselle, elle allait devoir faire avec. Et se débrouiller. Un sourire moqueur tandis que je l’observe avant de commencer à m’éloigner, accompagnant mes pas d’une phrase visant à nous en aller d’ici, et vite. Mais je n’avais pas fait quelques pas que le cri de ma meilleure amie me stoppe net. Le temps de me retourner et de revenir rapidement vers elle, le tout rendu difficile par la terre vaseuse, elle avait déjà sorti son sifflet pour appeler de l’aide. M’accrochant à une branche que je jugeais suffisamment solide, je tends ma main à Phoenix pour la tirer de là.

1 - 3 - 6 - La branche ne cède pas et je parviens à tirer Phoenix, ignorant ma douleur au pied. Un petit effort de sa part et nous pourrions partir au plus vite de ces marais infernaux. Nous n'avions qu'à enfourcher mon balai pour dire adieu à cette boue collante.
2 - 4 - 5 - La branche est en réalité pourrie de l’intérieure, et sitôt que Phoenix m’attrape la main, elle cède. Je tombe sur elle, mon genou se fracassant contre une racine ou une pierre, pour ce que j’en savais : dans cette position, il n'en faut pas plus pour que je commence à m'enfoncer dans le vase à mon tour.

Objet en ma possession - Balai volant
Ingrédients récupérés :
- 1 crin de Porlock
- 1 crin de Sombral (useless)
- 1 bébé Voltiflor (useless)