Judith et Finn s'exercent

Je fais confiance à ma famille. A une heure où il est difficile pour moi de savoir vers qui me tourner, de me reposer sur autrui sans me méfier, je sais que je peux me tourner vers mon frère et mes soeurs en cas de nécessité. Et c’est ce que j’ai décidé de faire aujourd’hui : il est de plus en plus ardu pour moi d’assumer mes difficultés en sortilèges, malgré un entraînement acharné pour rattraper mon retard. A ce qui parait, je n’étais pas mauvais par le passé, je ne crois pas être démesurément arrogant en prétendant que j’étais même plutôt doué : et c’est d’autant plus rageant de se trouver désormais en dessous de tout. De supporter les sarcasmes de Bluebell à propos de mon niveau, et de la supériorité sanguine que j’aurais perdue avec ma mémoire. De devoir contempler les réussites de mes camarades insignifiants et les commentaires stupides qui en découlent, tandis que je peine à faire léviter correctement un manuel. Roxy et Alexis m’ont proposé leur aide, pour ce qui est de s’exercer : mais il faut croire que mon orgueil supporte assez mal l’idée de faire appel à elles. Alors, j’ai demandé à ma jeune soeur de me rejoindre : j’ose espérer ne recevoir aucun jugement ou commentaire désobligeant de sa part, ce à quoi j’aurais eu droit à coup sûr avec Erin.

Je l’aperçois un peu plus loin dans le couloir, avec cet air sérieux qui semble la caractériser. Je souris placidement, ouvre la porte, ayant à l’esprit nos derniers échanges. Nous n’avons pas encore eu le temps de reparler de ce que Phoenix a semblé sous-entendre à notre sujet, lors du soir d’Halloween… J’essaie de voir en elle une potentielle incendiaire, sans succès. Et pourtant, elle pourrait être tout aussi bien impliquée que moi. « Est-ce que ceci peut rrrester entrrre nous ? » finis-je par demander, avec l’air de celui qui n’y accorde pas d’importance. Comme si ça ne l’était pas. Je m’explique : « Je n’ai rrrien à dissimuler. Mais j’aime autant qu’Errrin et Hannibal n’en entendent pas parrrler. » Cette requête m’embarrasse, à vrai dire. Ce n’est pas que l’idée de jouer dans le dos de mon aîné et de ma jumelle m’enchante, c’est seulement que je préfère ne pas mettre en évidence le fait que c’est ma soeur de treize ans dont le niveau est le plus proche du mien. Et encore, je me retrouve à redouter l’humiliation qu’elle peut m’infliger… Nous pénétrons dans la salle, et je retire ma robe pour me retrouver en chemise et pantalon. Je retrousse précautionneusement mes manches, desserre légèrement mon noeud de cravates, sors ma baguette de mon étui. « Je ne souhaite pas que tu prrrennes de pincettes avec moi. Trrraite-moi comme n’imporrrte qui. » Car tel est mon souhait : je ne désire aucun traitement de faveur. Et puisque notre famille ne semble pas porter les moldus en très haute estime, alors ainsi soit-il, qu’elle mène ce duel comme si elle faisait face à un moldu.

Nous ne nous étendons pas en bavardages inutiles, nous ne nous questionnons pas à propos de la pluie, du beau temps, de l'état de santé de Monsieur Quelconque, dont je n'ai, pour tout dire, rien à cirer. Ce n'est pas le genre de la maison. Je ne connais que le minimum syndical en ce qui concerne les duels de magie, mais Grand-Père souligne toujours son amour de la politesse. Alors sans attendre, je m’incline sobrement, lui témoignant mes respects, ainsi que ma gratitude pour avoir accepté ma requête. Je sais que j’aurais bien tort de la sous-estimer à cause de son âge… « Quelles sont les rrrègles… ? » C’est mon premier duel de sorcellerie avec ces souvenirs-ci, alors je la laisse instaurer comme elle l’entend les principes qui régiront notre confrontation, me fiant à son bon sens.

Judith et Finn s'exercent

Elle formule ce qui ressemble bien à une promesse, ce qui me fait doucement sourire. J’apprécie sa discrétion ; Erin se serait probablement fait un plaisir de me faire honte devant Hannibal ou Grand-Père. Je ne connais pas vraiment la nature de notre relation fraternelle, mais j’aime à croire que je pouvais me fier à notre petite sœur. « Je tâcherrrais de m’en souvenirrr. » réponds-je en esquissant un léger sourire. Un trait d’humour ne fait pas de mal ; je tente de prendre mon amnésie avec une certaine légèreté. A vrai dire, je n’ai pas trop de choix... Si je me lamentais sur mon sort - comme je suis parfois tenté de le faire - je tomberais simplement dans le cycle infernal d’une sinistre déprime. Or, je n’ai pas le temps pour les émotions inutiles : j’ai décidé de le consacrer à des choses bien plus intéressantes. Et ce que j’aime particulièrement chez ma sœur, c’est qu’à mon instar, elle semble elle aussi s’être affranchie des considérations ridicules que peuvent avoir les adolescents qui pullulent dans cette école. Je m’assure qu’elle ne soit pas tentée de se montrer plus souple au vu de ma perte de mémoire ; c’est suffisamment humiliant de devoir me mettre au niveau de la troisième année, pas non plus la peine de heurter mon amour-propre en acceptant d’être traité comme un enfant. « Je n’en attendais pas moins de toi. J’ose espérrrer que tu trrraites tes camarrrades avec la même rrrigueurrr. » Je n’ai pas beaucoup de certitudes dans ma vie actuelle, mais celle-ci si : notre famille se doit de se montrer plus exigeante que n’importe qui. Pour la bonne et simple raison que nous ne sommes pas n’importe qui. Par ailleurs, en parlant de ses camarades... Je n’ai pas eu le temps de m’enquérir de sa relation avec celui qui m’a alpagué, et qui parle d’elle comme s’ils étaient familiers. « J’ai rrrencontrrré un garrrçon, lorrrs de la soirrrée d’Halloween. Il prrrétendait te connaîtrrre. » Je prends un ton léger ; j’occulte volontairement les paroles proférées par Phœnix, nous aborderons ce sujet en temps et en heure. Pour le moment, je me plais a faire comme si nous n’avions pas à être inquiétés par ces préoccupations. Bien sûr, c’est faux, elles finiront par nous rattraper.

Elle me détaille les règles qui régissent notre confrontation, et j’acquiesce à chacune d’entre elles ; je suis très respectueux de ce genre de convention, et n’approuve aucune forme de triche. Aussi, il est hors de question de faire appel à des compétences qui ne relèvent pas de la sorcellerie. Pour être honnête, j’ai un peu de mal à situer le niveau de notre benjamine... Mais il serait idiot de ma part de la sous-estimer à cause de son âge. Notre famille a des intérêts à protéger, qui nécessitent une bonne maîtrise des sortilèges ; en savoir davantage ne m’intéresse pas spécialement, je ferais ce que l’on attend de moi. Même si cela implique de mettre à mal mon orgueil dans un combat qui ne me rend pas justice. « Bien, ne perrrdons pas de temps. » lancé-je en faisant lestement tourner ma baguette entre mes doigts. Si nous avions prévu de prendre le thé, nous aurions choisi un lieu plus approprié. Elle semble m’offrir l’initiative, alors je ne réfléchis pas longtemps avant de me saisir de l’opportunité... Je tends mon bras, redresse ma colonne vertébrale pour prendre une posture bien droite, relève légèrement le menton. Je la regarde maintenant droit dans les yeux, comme si elle était une ennemie. « Everrrte Statum. » prononcé-je du mieux que je le puisse. Ce n’était pas un sortilège incroyable, j’en étais bien conscient, cependant j’estimais qu’il serait stupide de me mettre moi-même des difficultés en choisissant une formule que je maîtrisais à peine.


3 - 4 : L’incantation fait mouche, ma sœur est projetée à quelques mètres. J’espère que je ne lui ai fait mal, mais tant pis, les considérations médicales attendront la fin de notre duel.

1 - 2 : On voit bien que je ne dispose plus de la même habileté... le sortilège la fait reculer d’un ou deux pas, à la rigueur elle est légèrement déséquilibrée. Autant dire que ce n’est pas fameux.

5 - 6 : Rien de rien. Il aurait dû se passer quelque chose ?

Judith et Finn s'exercent

Ce qu’elle affirme à propos de sa classe n’est guère étonnant. Lorsque je regarde la mienne, c'est la ménagerie d'un zoo, je déplore le manque de sélections à l’entrée de l’école, qui dans un monde idéal, ne permettrait sûrement qu’aux sorciers dotés du plus grand potentiel d’en franchir les portes. Toujours dans un monde idéal, la plupart des empotés qui me servent de camarades de classe n’auraient ainsi certainement jamais eu l’occasion de découvrir à quoi ressemblait la grande salle… « Consterrrnant. » commenté-je en baissant les yeux. « Parrrviens-tu toutefois à garrrder ta concentrrration au-delà des ignarrres ? » Je n’ai cependant pas de doute sur le fait qu’elle parvient à relever le niveau avec brio ; après tout, Grand-Mère ne tarit pas d’éloges au sujet de ses dispositions en potions. Autre chose, j’aime bien ne pas avoir à m’embourber dans de longues explications laborieuses avec Judith, et perdre de précieuses secondes ; elle voit directement où je veux en venir, et nous n’avons pas à disserter plus de temps que nécessaire. Alors oui, j’ai choisi délibérément d’omettre ce qui s’est passé avec Phoenix. Nous y reviendrons, je ne vois pas comment nous pourrions passer un tel sujet sous silence, mais en parler pendant que nous échangeons des sortilèges ne me parait être ni le lieu ni l’endroit le plus approprié. Je choisis de parler d’Aster Courtesy, dont j’ai fait la connaissance le soir d’Halloween, et qui a mentionné ma soeur. Et je choisis de me tourner vers la principale intéressée pour parfaire mon jugement… « Garrrçon prrrécautionneux et peu fanfarrron. Il prrrétend vouloirrr se rrrapprocher de notrrre famille. » décris-je placidement. Ce n’est pas parce que son caractère discret est appréciable que nous lui ouvrirons tout de suite les portes de notre demeure, bien sûr que non. Grand-Père doit déjà confirmer que son nom et ses origines en font quelqu’un qu’il est bon de fréquenter, mais prélever quelques renseignements précieux par ma soeur qui se trouve être une de ses camarades de classe pourrait être d’une grande aide. « Il parrrait que je devrrrais me montrrrer plus attentif auprès de ceux qui m’apprrrochent. » Je fais par là référence à Roxy, que j’ai approchée sans me douter de possibles arrières-pensées; Hannibal et Phoenix me l’ont bien reproché ensuite… Mais soit, s’il faut que je me méfie de n’importe qui, il vaut mieux que je sonde le terrain… « Je voudrrrais simplement ton opinion à son sujet. » conclus-je. Après tout, n’ayant plus possession de mes souvenirs les plus basiques, ma requête ne me semble pas exagérée.

J’aurais du m’y attendre : ma baguette ne me répond pas. Je sais que je devrais me montrer suffisamment détaché pour ne pas paraître impacté par ce manque d’obéissance de sa part… Mais je n’y peux rien, la fierté est une traîtresse. Ma petite soeur ne semble pas émettre de jugement sur l’absence de résultats de ma part, et je l’en remercie silencieusement : c’est déjà suffisamment humiliant comme ça. D’autant plus lorsqu’elle s’exprime à son tour, et que je vois l’étincelle qui se forme à l’extrémité de sa baguette… Je sais, je ne devrais pas. Elle est certes plus jeune, je sais qu’elle est bien entraînée, et qu’elle n’est pas une de ces fainéantes qui se satisfont du minimum qu’elles peuvent fournir. Je savais que mon processus de réapprentissage serait long, intensif, et certainement pas des plus agréables, mais surtout, qu’il comporterait des échecs : celui d’aujourd’hui doit me servir de marche pour avancer. Je ne perds pas de temps, je conserve donc ma posture bien droite, et mon bras rigide, tendu en avant : « Prrrotego. » Seconde chance. Si je parviens à parer correctement, je pourrais tenter de reprendre l’avantage… J’ai déjà réussi certains sortilèges, je ne perds pas espoir que certains mécanismes me reviennent.


PROTEGO

IMPAIR - Cette fois, le sortilège fonctionne, et bloque avec brio le sortilège de désarmement. Je suis plutôt fier d’être parvenu à me reprendre, mais je ne me repose certainement pas sur mes lauriers : je dois contre-attaquer sans perdre une seconde, au risque de la voir anticiper mes prochains mouvements. « Deprimo » lancé-je en visant cette fois la surface de sol sous ses pieds.

PAIR - C’est un nouveau raté… Ma baguette s’envole de mes mains sans que je n’aie pu la retenir. Mentalement, c’est assez dur à encaisser. « Perrrmets-tu que nous rrreprrrenions ? Je rrreconnais ta victoirrre, cependant il serrrait un peu frrrustrrrant d’en rrrester là. » Je connais les règles, mais je ne suis pas venu simplement pour me faire écraser sans réahir.


DEPRIMO (en cas d’impair)

5-6 : C’est une réussite, si Judith ne fait rien, le sol sera creusé sur un mètre et l’emportera avec elle.
3-4 : Réussite moyenne, le sol est à peine creusé. Au moins, ça devrait suffire à lui faire perdre l’équilibre…
1-2 : Toujours rien, ça commence à être un peu rageant.

Judith et Finn s'exercent

Si Erin et moi savons communiquer parfaitement grâce à une connaissance aisée de l’autre, force est de constater que mon caractère est finalement plus proche de celui de ma petite soeur. Une certaine aptitude à garder son sang froid, un calme frôlant l’inexpressivité - mais qui est en réalité un audacieux camouflage. Oh, que j’aimerais sonder son esprit pour savoir ce qui s’y trouve actuellement… « J’aime autant que tu ne sois pas trrrès chaleurrreuse plutôt que de te voirrr leurrr rrressembler. A parrrt grrrandirrr mon indifférrrence, ils ne m’inspirrrent pas grrrand chose. » A vrai dire, je ne connais pas spécialement les élèves qu’elle côtoie, je me contente de les observer de loin lorsqu’ils se pavanent dans les couloirs, comme s’ils en étaient les rois. Or, je n’ai ni de sympathie ni de temps pour les rois… « Trouve-tu ton compte dans cette classe, ou seulement de la frustrrration… ? » Je ne parle bien sûr pas seulement des énergumènes qui lui servent de camarades, mais bel et bien du contenu des cours, notamment de ceux de potions. Je connais ses attentes, et encourage ses ambitions, quand bien même elles peuvent me paraître bien abstraites… Il me semble que c’est mon rôle. Je trouve ses talents admirables, son avis pertinent : seul son manque d’expérience pourrait bien constituer un handicap… Mais puisque ma mémoire est altérée, j’imagine que nous en sommes au même point. Je l’interroge sur Aster Courtesy, sur les fréquentations que nous partageons. Je n’attends pas de strictes vérités, simplement un point de vue qui pourrait m’aider à forger le mien… Elle prétend ne pas être douée pour faire la conversation, et je ne peux m’empêcher de répondre, en souriant. « Nous avons plus en commun que je ne l’imaginais. » Je ne me plais pas spécialement à prendre des nouvelles, à discuter de choses et d’autres, de l’ouverture des commerces à Pré-au-Lard ou du contenu des cours d’astronomie. « Je le soupçonnais de vouloirrr t’apprrrocher pourrr des rrraisons peu louables. » Se rapprocher de nous ou s’immiscer au sein de notre cercle privé, par exemple, en abordant celle d’entre nous qui est la plus jeune. Puis moi, qui souffre de troubles de la mémoire… Nous sommes des cibles privilégiées, après tout. Personne de censé ne rechercherait la compagnie d’Erin, et je pense sincèrement que Hannibal pourrait être encore plus manipulateur que les éléments les plus roublards de cette école réunis. Mais finalement, Aster pourrait bien être un individu fréquentable, contre toute attente… je toucherais à Grand-Père un mot à son sujet. Pour ce qui est de Roxy, je crains de devoir prendre mon mal en patience avant de trouver des réponses susceptibles de me convenir.

Norgarstein. Ce n’est pas la première fois que j’entends ce nom… Evidemment, j’ai lu un bon paquet d’articles de la gazette, suite à mon amnésie. Mais quant à savoir qui elle est exactement, je ne suis malheureusement pas un surhomme : les noms se mélangent aux autres, les dates sont abstraites, et chaque donnée que j’engrange peut se perdre dans la mélasse de celles que j’ai déjà accumulées. Mais un renvoi n’est pas une punition anodine, et puisque tout semble relié à ce qui s’est passé l’an dernier ou avec Blackman, je ne mets pas longtemps avant de comprendre de quoi elle a bien pu être accusée… « J’ai ma petite idée là-dessus. Je suis décidé à en apprrrendrrre plus. » Ce ne sont pas des paroles en l’air. J’obtiens peut-être des résultats, mais force est de constater que cela ne me suffit pas : tout réapprendre pas à pas, en sondant mes interlocuteurs, en lisant des manuels, est peut-être à ma portée… mais je n’ai pas le temps pour ça. « L’ignorrrance ne me convient plus, Judith. J’ai décidé de marrrcher dans les pas de notrrre grrrand frrrèrrre. » Et il est évident que je ne parle pas de sa passion pour le droit magique, ou de sa fascination pour les failles de notre système juridique. J’ai bien d’autres choses en tête… Il y a notamment une des facultés, parmi celles que possède Hannibal, qui m’intéresse, et qui est peut-être la clé pour retrouver ce que j’ai perdu. Pour l’heure, je n’en ai parlé à personne, mais j’ai cette intime intuition que Judith peut le comprendre, mieux que n’importe qui… C’est au cours de cet échange de sortilèges, au cours duquel nous livrons à la fois nos failles et nos faiblesses, que je me dévoile peut-être comme je ne l’ai jamais fait avec personne auparavant, du moins pas d’aussi loin que je me souvienne…

Mais la base de cette confiance repose sur notre honnêteté, et nous nous devons mutuellement une certaine franchise. Nos incantations ne sont pas destinées à nous épargner, et c’est avec une certaine satisfaction que j’ai réussi mon sortilège de forage… Finalement, il semblerait que je ne me débrouille pas si mal. Je fais le choix de ne pas m’inquiéter pour notre benjamine : avec les attentes que Grand-Mère a placées en elle, je sais qu’elle s’en sortira, ou qu’elle trouvera une parade adaptée. La fosse n’est pas bien grande, et voilà qu’elle brandit déjà sa baguette… Je souris. Elle pourra sortir, mais j’ai déjà le temps de penser à une nouvelle stratégie offensive. « Expedimenta. » Cette fois-ci, je joue gros : c’est un sortilège de quatrième année, que je n’ai pas eu le temps de prendre en main. Ma maîtrise doit être encore peaufinée, mais n’est-ce pas le but de cet entraînement… ?

2 - 3 : Malgré mon manque d’expérience, la gestuelle est bonne, c’est une réussite. Si Judith ne réplique pas, elle sera projetée en l’air et suspendue par les pieds.
5 - 6 : Ça n’est pas vraiment le résultat attendu, mais Judith est projetée hors de la fosse. Elle sera forcément secouée, mais pourra rapidement se remettre sur pieds.
1 - 4 : C’est un échec cuisant, Judith a même le temps de remonter et de s’extraire de la fosse pour se préparer à une contre-attaque.

Judith et Finn s'exercent

Cet entraînement censé remédier à mes difficultés mémorielles nous offre un moment privilégié. Je ne suis pas le genre de frère à m’étendre en embrassades ou en étreintes chaleureuses, et le temps que je consacre en conversations diverses est limité : je ne semble pas bien doué pour parler de la pluie et du beau temps, et je pense que ma jeune soeur en est bien consciente. Néanmoins, au vu de mes lacunes du moment, partager un moment avec Judith, qui est probablement la plus sage entre nous quatre, est loin d’être une perte de temps : les rôles sont un peu inversés, et je ne peux m’empêcher d’éprouver une certaine gêne à la voir prendre les rênes de cet entraînement, que j’aurais du pouvoir mener en temps normal. C’est moi qui devrais la conseiller, et il s’avère que je suis plutôt celui qui reçoit ses éclaircissements. Enfin, les dommages collatéraux que subit mon égo dans cette histoire sont moindres… Mais je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine pointe de jalousie en l’entendant parler de ses compétences en potions, qu’elle cultive jour après jour grâce au tutorat de notre Grand-Mère. Je sais, je ne devrais pas, mais c’est plus fort que moi… « Excellentes dispositions que celles que tu as prrrises. » réponds-je placidement en remettant en place un bouton de manchette. Certes, elle a mérité son niveau actuel, et personne ne devrait nourrir de doute sur le fait qu’elle est certainement capable de terrasser un dragon en préparant un simple poison. Mais l’avance qu’elle a me fait toujours rougir davantage de mon retard… « Quelle potion accaparrre ton temps en ce moment ? » la questionné-je cependant. La voir avancer dans ses expérimentations me provoque la même blessure que celle infligée par Erin et ses progrès en sortilèges, qu’Hannibal explorant toujours un peu plus l’étendue du droit magique. J’ai l’impression d’être le seul condamné à faire du surplace, et ça m’énerve quelque peu… Mes doigts viennent tapoter le manche de ma baguette, trahissant mon impatience, tandis que je me tiens prêt : notre confrontation n’a pas encore commencé, mais je me mets dans le bon état d’esprit. Elle me questionne à propos de ma promotion, évoquant l’avis prononcé par mon frère… pour ma part, je reste un peu sceptique ; je suis toujours en train d’évaluer ceux qui partagent mon environnement, et malheureusement aussi l’air que je respire. « A vrrrai dirrre, je n’en sais trrrop rrrien, je ne les apprrroche que peu. Cerrrtes ils me dérrrangent par leurrrs bavarrrdages envahissants, mais ils ont le mérrrite de me laisser trrranquille. » Mais surtout, je n’ai pas encore fixé mon opinion sur les conflits liés aux statuts sanguins. Je construis peu à peu ma pensée envers ces non privilégiés, et pour l’instant, le résultat est plutôt négatif… Toujours est-il que je juge qu’il est trop tôt pour me prononcer.

C’est pour lui témoigner ma pleine confiance que j’ai abordé le sujet de la légilimancie. Je n’en ai encore parlé à personne, Junior sera à mon avis le prochain à savoir, puisqu’il faut bien que je m’exerce avec quelqu’un. Erin attendra, c’est davantage sa réaction que je crains, puisque je doute fortement que ma jumelle au tempérament de feu laisse ses pensées être manipulées sans ne rien faire. En ce qui concerne Judith, dont le caractère contraste largement, j’ai dans l’idée que les choses seront plus simples. « Je veillerrrais à ne pas imporrrtuner ton esprrrit. » Dire que je ne serais pas tenté de fouiller dans les souvenirs ou dans les pensées de ma plus jeune soeur serait un mensonge éhonté : contrairement à Erin qui clame haut et fort tout ce qu’elle pense, notre benjamine est la plus secrète de la fratrie. Insondable, c’est sûrement ses opinions qu’il est le plus difficile de cerner : quoi qu’il en soit, je fais le choix de respecter l’intimité dont elle peut avoir besoin. Je n’ai pas la prétention de comprendre de quoi est faite l’adolescence, ni ce qu’elle peut traverser à son âge : tant qu’elle ne met pas dans l’embarras notre famille, j’assume pleinement mon choix de nourrir une pleine confiance en elle.

Confiance qu’elle récompense par son aide : évidemment, cela m’embarrasse que ma soeur de treize ans soit la seule que je puisse encore affronter avec un peu de dignité, mais dès lors que nos premiers échanges de sortilèges débutent, j’ai l’impression que je parviens à me défendre correctement. Je ne suis pas idiot au point de vouloir crier victoire trop vite, mais la réussite de mes sortilèges me tire un franc sourire : je suis plus étonné de la voir ainsi déstabilisée. Donne-t-elle réellement tout ce qu’elle a ? Je l’espère, je ne lui pardonnerais pas de ménager ses efforts parce qu’elle se retrouve face à un amnésique. « Du nerrrf, j’ai l’imprrression d’avoirrr affairrre à un prrremièrrre année. » persifflé-je, baguette toujours bien tendue dans sa direction : je sais que cela l’agacera, et c’est bien le but recherché. C’est bien arrogant de ma part de me permettre autant de libertés alors qu’elle a accepté ce combat pour m’aider, mais nous devons faire honneur à notre nom de famille en tirant le meilleur de nous-mêmes. Or, je l’incite à piocher dans ce potentiel… « Petrrrificus Totalus » finis-je par conclure.


3 : Le sortilège réussit, et Judith se retrouve figée. Je suis presque déçu que nous en ayons fini aussi rapidement… Une revanche s’imposera sans doute plus tard.

4-5 : Le sortilège ne parvient à la toucher qu’à l’épaule : cela risque d’être difficile avec un bras handicapé, mais elle peut encore bouger et se servir de son autre main, ce n’est pas terminé.

Le reste : On dirait que j’ai parlé un peu trop vite, ce sortilège pourtant à la portée d’un première année n’est pas efficace lorsque je fais appel à lui. Judith va pouvoir me rappeler de descendre de mon piédestal.

Judith et Finn s'exercent

Les potions sont un art complexe qui est encore bien abstrait à mes yeux. Si je fais mon possible pour restituer mes connaissances, m’approprier des notions inconnues, tout ceci est encore trop diffus pour moi. Les autres disciplines ne me donnent pas autant de fil à retordre… mais je fais tout pour garder ma moyenne à mon niveau. En cela, ma soeur nous surpasse en tous points : elle doit avoir même un meilleur niveau que celui de Hannibal, et il est certain que je ne peux y prétendre pour le moment. Je prends mon mal en patience, comme pour chacune de mes lacunes... Mais il est évident que j'ai besoin de progresser, et cet entraînement en compagnie de notre benjamine va y contribuer. J'affûte mes réflexes, je redéveloppe ma mémoire, j'imagine que les potions suivront... « Intérrressant. Sur quel sombrrre imbécile as-tu prrrévu de l’expérrrimenter ? » Je m'intéresse à elle, à ce qu'elle prépare, ce qui la préoccupe, à ses terrains de recherche. J'apprends l'humilité, et la tâche n'est guère aisée : reconnaître ouvertement que je peux avoir du retard sur tous les cancres et incapables qui pullulent dans cette école fait du mal à mon estime de moi. Mais cela fait partie du processus, je le sais : me mettre à la même hauteur qu'une adolescente de quatorze ans a de quoi blesser mon orgueil, mais je me rassure en me rappelant qu'il ne s'agit pas de n'importe quelle adolescente. En réalité, au sein de notre famille, personne n'est n'importe qui : la valeur individuelle de tous les membres qui la composent est plus inestimables que n'importe quel groupe de mi-élèves mi-bestiaux qui rampent dans les couloirs en quête d'attention et de gloire qu'ils n'obtiendront jamais. S'ils pouvaient susciter en moi le moindre sentiment de sympathie, je les plaindrais presque...

C'est ma décision, je lui parle de mon apprentissage : Erin aura sûrement en travers de la gorge mon choix de l'avouer en premier lieu à Judith au lieu de me tourner vers elle en premier, mais à l'heure actuelle, je n'en ai cure : je fais ce qui me semble bon pour l'intérêt collectif. Evidemment, je ne m'attends pas pour autant à l'approbation de ma petite soeur, qui semble voir d'un mauvais oeil cette disposition... Nourrit-elle les mêmes craintes vis à vis des aptitudes de Hannibal ? Certes, cette inquiétude concernant le respect du secret et de la vie privée est légitime, je n'ai pas à me dresser contre sa volonté. En sera-t-il ainsi vis à vis de tous les membres de ma famille ? C'est une question que je me pose... « J’en prrrends bonne note. Je ne ferrrais rrrien qui puisse nuirrre à l’intérrrêt de notrrre famille, Judith. » Je tiens à la rassurer : à l'heure actuelle, il est exclu que je fasse quoi que ce soit qui aille à l'encontre de ce principe. Je changerais peut-être d'avis si je jugeais que ses secrets pouvaient nuire à notre communauté, mais l'atout que représente Judith n'est pour le moment pas une menace pour le nom Sørensen ; j'imagine que Grand-Mère y a bien veillé. La vie privée est un privilège que l'on doit mériter...

Je ne m'attendais pas à ce que notre petite passe d'armes soit un jeu d'enfants pour moi, quand bien même mon adversaire a deux ans de moins : il lui manque peut-être un peu d'expérience, mais ce n'est pas non plus comme si je pouvais revendiquer la mienne, surtout en ce moment... Je raffermis ma concentration, baguette bien en main, tandis que je suis chacun de ses mouvements avec une grande attention, dans l'optique d'anticiper chacun d'eux. Je refuse d'être pris au dépourvu, et si elle n'a pas encore repris l'avantage malgré les quelques galères que je lui fais encourir, ma défense est pour le moment bien en place. J'entrevois ses lèvres s'ouvrir, tandis qu'elle prononce la formule destinée à me mettre au sol, j'imagine. Je reste bien immobile, et le bras bien droit, j'effectue naturellement le geste qui accompagne l'incantation de défense : « Prrrtego ». Je m'attends à ce qu'un bouclier se forme, et s'il s'avérait que cette manoeuvre échouait, je serais certainement dans de beaux draps...


PROTEGO

1-2-3 : Echec, le sortilège du bouclier échoue, et je me retrouve sans protection tandis que le maléfice me frappe de plein fouet. Me voilà rendu muet, ce qui marque sans aucun doute ma défaite dans cette confrontation.
4-5-6 : Réussite, le sortilège du bouclier s'effectue : il est légèrement imparfait, mais je vais m'en contenter, puisqu'il suffit à bloquer le maléfice visant à coller ma langue contre mon palais. Je peux donc contre-attaquer sans risque : « Incarrrcerrem. »


INCARCEREM :

Pair : Réussite. Le maléfice se dirige contre ma cible, qui a grand intérêt à avoir un bouclier bien en place pour riposter.
Impair : Echec. Ça ne fait rien, alors j'imagine qu'il vaut mieux que je me tienne prêt pour subir une riposte...

Judith et Finn s'exercent

Si sa classe est comparable à la mienne, je ne doute pas que les numéros de cirque et les phénomènes de foire doivent affluer en grand nombre. Mon opinion à propos des impurs est peut-être en train de muter, toujours est-il que je ne leur fais aucune confiance. Et s'il n'y avait pas des gens comme nous pour rétablir un peu l'équilibre, et redorer un peu le blason de cette école, nous serions bien mal lottis... « Les pitrrres ne manquent pas, tu aurrras cerrrtainement l’embarrrras du choix. » Je souris distraitement, quelque peu fier de notre benjamine, qui j'en suis sûr, parviens à s'imposer dans l'ombre sur tous les incapables qu'elle côtoie au quotidien. Peut-être que seules deux années nous séparent, mais à une heure où une amnésie quasi-totale a ravagé mon cerveau, nous voilà presque au même niveau. Nous avons cette proximité muette, qui me pousse instinctivement à la garder à l'oeil... Mais je lui fais confiance, et c'est pourquoi je lui révèle certaines de mes intentions. « Rrrrien pourrr l’instant. Je n’ai pas jugé utile d’aborrrder le sujet avec elle. » Je hausse simplement les épaules, et ne m'attarde pas sur le sujet. Au fond, je n'ai pas à me justifier ; il n'est pas impossible que je sois amené à utiliser ces talents-là sur Erin, si l'avenir le veut. Evidemment, je n'irais pas à l'encontre de sa liberté ou de sa vie privée par plaisir, seulement si cela peut nous sortir d'affaire dans une situation qui l'exige. C'est tout le problème de ma soeur, son imprévisibilité... Je ne m'attends pas spécialement à ce que Judith comprenne, seulement à ce qu'elle tienne sa langue sur le sujet : à présent, elle commence à grandir, et à forger un avis propre sur les choses. Il est temps de cesser de lui tenir la main.

Notre échange de sortilèges se poursuit, dans les règles. Nous enchaînons, l'un après l'autre, parfois avec quelques ratés, parfois avec panache. Electrisé, je retrouve la gestuelle et la sensation qui m'avait tant manqué dans cette discipline... Mon maléfice de ligotage fonctionne, et ne se heurte pas à une défense ennemie. « Allons Judith, Grrrand-Mèrrre attend sûrrrement plus de rrrépondant. » lancé-je tandis que je la fixe, se débattant avec ses cordes. C'est de la provocation, peut-être que je vais trop loin... Après tout, c'est moi qu'elle a voulu aider en acceptant ce duel. Mais dans une famille comme la notre, où l'exigence est reine, je ne peux me permettre de faire preuve de faire preuve de laxisme. Quelque part, je lui rends même service... l'oeil de notre Grand-Père n'est pas mon oeil. « Est-ce ainsi que tu comptes imposer le rrrespect chez tes camarrrades… ? » Je ne suis pas juste avec elle, et je le sais : mais j’attends de la voir sortir de sa zone de confort, de la voir me mettre réellement en difficulté. Elle en est capable, je le sais... la plupart de ses sortilèges défensifs sont très correctement réalisés, et j'attends d'elle qu'elle passe réellement à l'offensive : sans l'agressivité propre à notre soeur, mais avec les atouts qui sont les siens : sa ruse et son esprit de déduction. Peut-être qu'au final, ce duel n'est pas une leçon pour moi... il est un apprentissage pour nous deux, une marche pour nous permettre de nous élever plus que nous ne le sommes déjà. Enfin, elle parvient finalement à se libérer après quelques efforts, et je me tiens prêt. Sans attendre qu'elle ait récupéré, je pointe ma baguette sur elle, et prononce, d'un ton impassible : « Petrrrificus Totalus » J'estime que ce combat a assez duré, et un sortilège réduisant à néant ses chances de se mouvoir fera mon affaire, si elle ne parvient à l'éviter. Ou bien, elle en tirera profit pour contre-attaquer efficacement, et ainsi me mettre au tapis... C'est un sortilège de base, que n'importe quel élève de mon âge pourrait lancer sans grande difficulté, mais puisque je dois tout réapprendre, j'imagine que mes chances sont plus réduites...

1-2-5 : Sortilège réussi, si Judith ne parvient pas à parer, elle ne pourra se défaire de l'emprise du sortilège.
3-4-6 : Sortilège raté. Quoi qu'il en soit, je me mets en garde pour éviter la prochaine attaque.