with /  @Agatha Kline  

La première lettre l’avait bien trouvée, quelques jours après la rentrée scolaire. Mais contrairement à ce que les mots écrits auraient dû lui faire ressentir, c’est bien la colère qui avait pris le pas sur le Serpentard. comme une vieille amie bien collante. Cette colère bien ancrée, prête à ressurgir à tout moment. Elle avait été patiente, attendant son heure. Se délectant du froissement du papier sous les doigts de son propriétaire, de ce geste envoyant au loin le courrier qui ne trouvera réponse que quelques jours plus tard. Si ça allait ? Comment osait-elle lui demander ça plusieurs jours après l’avoir à moitié tué ce soir-là et l’avoir abandonné entre les mains d’autres élèves pour finir à l’infirmerie. Croyait-elle qu’il ne savait pas comment il avait fini dans les draps blancs et aseptisés du lieu qu’il déteste le plus ? Bien sûr qu'il avait demandé. Car si les souvenirs étaient flous, ils étaient bien présents. tout autant que cette sensation dans son cou.

Fatigué. Il avait passé la plupart de ses vacances à trainer sa carcasse lorsque sa présence était requise avant de finir par s’écrouler le soir venu dans sa chambre. Sans réussir à trouver un sommeil réparateur. Dérangé par d’étranges rêves et cette sensation de mains autour de son cou, de cette angoisse qui s’installe. Réveil brutal en pleine nuit et l’insomnie qui s’invitait pour le reste de la nuit. Son retour à Poudlard ne changea pas grand-chose à cette routine qui s’installait, amenant avec elle les premiers maux de tête. Il lui était donc difficile, à Jin, d’accepter un simple courrier alors que le silence de la gryffondor avait pesé depuis ce soir-là. Echanges de courriers qui ne faisait qu’accentuer son irritibalité et la fiole vide qui avait fini issuré entre ses doigts. Oublier, c’était ce qu’elle lui conseillait, prétextant ne pas avoir pu le faire elle-même, qu’il avait le choix. Le lui avait-elle donné ce soir-là, lorsqu’elle avait planté ses crocs dans son cou parce qu’elle avait décidé de se challenger ?

Il aurait pu, oui, l’ignorer, l’éviter comme la peste. La menacer de tout révêler. Il aurait pu aussi choisir de tout oublier. Plus facile, plus logique. Mais peut-être était-il trop fier pour l’accepter. Ou trop blessé pour faire comme si tout ça n’avait jamais existé. C’était étrange comme derrière sa colère, se cachait une certaine déception qui l’avait poussé à lui réclamer qu'elle prenne ses responsabilités. Pas des excuses sur un bout de papier. Il les voulait en face. Bien réels. Et surtout il voulait voir que son visage n’était pas celui qui peuplait ses nuits.

Adossé au mur, bras croisés contre son torse, il l’attendait, une certaine appréhension crispant légèrement ses traits. C’était la première fois qu’il la revoyait depuis l’incident et lui-même ne savait pas comment il allait réagir. La silhouette à peine illuminée par l’une des torches jonchant les murs du couloir du château, il releva la tête au son de sa voix. C’est un regard glacial qui accueillit la Gryffondor alors qu’il se détâchait du mur pour lui faire face. Il ne la salua pas, resta silencieux jusqu’à ce qu’elle ne lâche ses excuses. Un sourire sans joie s’étira sur ses lèvres face à des mots qui sonnaient creux à ses oreilles.  Que tu le penses réellement ? Lâcha-t-il à son tour en la fusillant du regard. Plus crispé qu’il ne l’était avant. S’en foutait-elle à ce point de ce qu’elle avait fait ? Au final, elle ne le voyait que comme un moyen de ne pas sombrer dans la folie de sa nature. Et ça rendait furieux de s’en rendre compte. C’est comme ça que tu comptais procéder après … Les mots moururrent dans sa gorge alors qu’il détournait le regard sur l’un de mes murs pour ravaler ce soupire de frustration qui tentait de s’échapper. Quelques secondes passèrent, pesantes, avant qu’il ne revienne à elle. Si je t’avais pas demandé de venir, tu l'aurais fait ? Ou tu te serais contentée de tes excuses à l'écrit avant m’éviter ?

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Irritabilité présente sur ses traits, dans chacun de ses gestes. Il se sent tendu, Jin, alors même qu’elle apparaît au bout du couloir, à peine éclairée par les torches accrochées aux murs. C’est un regard glacial qui l’accueille mais qui dénote avec les battements de son cœur, qui tambourine bizarrement, là, au fond de sa poitrine. Parce que le visage qui vient d’apparaître n’est pas celui qui peuple ses nuits, qui l’empêche de dormir. Et il ne sait si ça la soulage vraiment, bien conscient que derrière cette apparence de jeune fille de 16 ans se cache l’une des créatures les plus terrifiantes qu’il ait pu rencontrer. Contradiction des émotions qui s’enchaine mais le besoin de la voir qui pourtant si présent. Était-il à ce point devenu fou ? Après ce qui venait de se passer, pourquoi continuait-il de la voir au-delà de ce qu’elle était vraiment ? Alors même qu’il le lui avait dit, presque craché par écrit, qu’elle était un vampire et qu’elle ne pouvait rien y faire. Même si à ses yeux, il ne l'avait jamais vu comme un monstre.

Silence de glace qui attend la gryffondor descendue de sa tour pour venir lui présenter des excuses qu’il avait réclamé. Dit comme ça, ca semblait gamin mais l’importance qu’il y attachait n’était pas à prendre à la légère. au point que la manière dont elle venait de les lâcher ne fit qu’accentuer sa colère. Comme si elle s’en foutait, que ça lui arrachait la tronche de les dire à haute voix. Injuste. Ho oui il devait l’être. Sa colère avait tendance à le rendre ainsi, par ce besoin viscéral de faire mal (se faire mal) pour ne rien dévoiler de ses tourments internes. A toi de me le dire. Après tout, il ne la connaissait que depuis cette année. Mais à nouveau, il se sait injuste dans ses paroles. Agatha se trouvait devant lui, loin de ses apparences habituelles, de cette confiance sans limite qu’elle montrait aux autres. Peut-être, j’en sais rien. Je sais juste que tu n’étais pas là à mon réveil. Réponds-il après quelques secondes de silence, bras croisés contre son torse, son regard ébène ancré dans celui de la jeune fille. Souvenir encore présent de se réveil à la pharmacie et cette solitude qui l’avait prit. Pesante.

C’est comme un tiraillement désagréable qui vient se perdre dans le creux de son cou lorsque le regard de la Gryffondor s’attarde dessus. Ses doigts viennent alors recouvrir sa peau fine, surpris par la sensation. Je vais bien. C’est ce qu’il veut faire croire, à lui-même comme aux autres. Que cette fatigue est passagère, que les nuits sans sommeil vont diminuer. Faiblesse qu’il ne veut pas montrer, qu’il camoufle derrière cette froideur caractéristique et les reproches qu’il lui fait alors que la logique aurait voulu qu’il se tienne éloigné d’elle, que la peur régisse ses réactions. Elle l’avait presque tué ! Et pourtant, ils étaient là, à s’expliquer dans l’un des couloirs des cachots, comme deux adolescents en froid.

Mais tu l’as fait, que tu le voulais ou non. Lâcha-t-il simplement, sourcil levé, en croisant à nouveau les bras. Du mal, elle lui en avait fait, peu importe que ce soit volontaire ou non. Autant lorsqu’elle lui avait planté ses crocs dans le cou sans lui laisser une seule chance de s’échapper, que lorsqu’elle l’avait abandonné entre les mains d’autres personnes sans venir prendre des nouvelles avant son premier courrier. Comme si, finalement, il n’avait été rien d’autre qu’une source d’hémoglobine. Que ces moments ensemble n’étaient que prétexte pour lui soutirer quelques gouttes de sang. Et ça le frustrait tellement rien qu’à l’idée que ça puisse être le cas.  Est-ce qu’il s’était encore fait avoir ? Pourquoi avoir pris des risques ce soir-là ? Tu voulais à ce point te prouver des choses ? Que de toute manière tu m’avais sous la main…

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Ils ne sont séparés que de quelques pas et pourtant c’est comme si un gouffre se tenait entre eux. D’émotions entremêlées, qui se confrontent à la lueur faible des torches qui illuminent les couloirs des cachots. Rendez-vous qu’il avait lui-même demandé, ordonné, pour obtenir des excuses. Et peut-être qu’au fond, ces mots attendus n’étaient qu’une raison pour la faire venir, pour la voir. Enlever cette image qui surplombe ses paupières fermées la nuit tombée. Responsable des insomnies et de l’irritabilité qui en découle. Colère qu’il déverse à sa manière, contre les autres, contre lui-même. Et c’est sur Agatha qu’elle est dirigée cette fois-ci. Il n’a pas sa langue dans sa poche Jin, enchaîne les reproches longtemps contenus depuis ce soir-là. Dont l’un était de ne pas avoir pris la peine de venir le voir après son malaise. Bras croisés sur son torse, le visage fermé, il encaisse sa réplique sans la lâcher du regard. J’en sais rien ! Réplique-t-il à son tour, un peu trop vif, piqué par son instabilité des derniers jours. Comment pouvait-il connaître une réaction qui n’avait pas eu lieu ? Il n’en sait rien de si oui ou non il aurait sauté au plafond en la voyant, aurait eu envie de fuir à tout jambes ou au contraitre être content de la voir. tout ça n’avait pas existé ce jour-là. Seule l’absence de la gryffondor avait été réelle et la déception qu’il en avait ressentie.

Il va bien. C’est sec, sans appel. Il ne laisse personne lui dire l’inverse, pas même son corps. Mensonge qui veut devenir une vérité et le déni qui s’installe si facilement pour camoufler sa faiblesse générale. Il n’a pas le droit de l’être. Jamais. Et la froideur qui vient colmater les fissures de son armure. C’est un silence pesant qui les entoure alors que les excuses sont dites, raison de la venue de la belle du haut de sa tour. Chacun aurait pu faire demi-tour, retourner d’où il vient, mettant ainsi fin à cette drôle de relation entre eux. Et pourtant il ne bouge pas Jin, continue à l’observer, chercher des réponses là où il n’en obtiendrait sûrement pas. Frustré de se dire que peut-être, il n’avait été qu’une source de sang pour elle, qu’un moyen de s’abreuver pour ne pas craquer. que tout le reste n’était que superficiel, une façon de leur donner un contexte, un prétexte. C’est ainsi qu’il brise le silence, réclame des explications sur son choix le soir du bal. Il ne manque pas son regard fuyant alors que les aveux glissent entre eux sous son regard imperturbable. A l’intérieur, c’est pourtant le chaos, entre compassion et exaspération. Tu sais, Agatha, si j’ai accepté à chaque fois de te rejoindre ces derniers temps, ce n’était pas à cause du deal entre nous. Répondit-il après quelques secondes de silence, un soupir au fond de la gorge. Même quand je t’offrais mon poignet, je ne te voyais pas juste comme le vampire de Poudlard. Tu crois vraiment que je me serai comporté comme un bon cavalier ou un ami si c’était le cas ? Le coréen n’était pas du genre à s’exposer de la sorte juste pour faire plaisir à quelqu’un. Il préférait sa solitude que de jouer un nouveau rôle qui ne lui apportait rien. Oui, il y avait bien un deal à l’origine de leur première rencontre, de son silence, mais avec le temps, il avait fini par ne rien lui demander et juste l’accompagner, lui offrir son poignet. Parce qu’il le voulait tout simplement. Et si faire ça, ressentir ça, faisait d elui un fou, alors il l’était.

On aurait pu faire tout ça si tu… Cette fois-ci le soupire s’échappe, bruyant alors que ses doigts viennent se perdre dans entre ses mèches, les ébènes détournées vers l’un des murs du couloir.  On peut pas changer ce qu’on est. Il le savait mieux que qui compte. Peu importe les efforts fournis, il restait toujours une erreur. Tout comme Agatha sera toujours un vampire. Qu’est-ce que je ne comprends pas ? Que tu aimais passer du temps avec moi ? Demande-t-il en reposant son attention sur la gryffondor, frustré de cette phrase non aboutie.

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Il a du mal à les contenir ce soir, ses émotions, Jin. Contrôle qui vascille sous l’échange avec la Gryffondor et la colère qui se fait entendre dans ses paroles. Trop vive au point d’être repris. Agatha qui s’indigne qu’il hausse la voix sur lui et s’il s’en sent pourtant légitime, il ne la reprend pas, détourne la tête vers l’un des murs, mâchoire crispée à lui en faire mal. Depuis quand se retenait-il d’exploser ?

Il lui faut quelques minutes pour reprendre un semblant de calme, repose son regard sur la jeune fille au lieu de tourner les talons pour retourner dans sa salle commune. Il n’a pas envie que ce drôle de lien avec Agatha se termine sous les cris. Quand bien même sa tête tente de lui instaurer une peur qu’il n’a pas envie de ressentir à son égard, de lui mettre des images de ce qu’elle devrait représenter pour lui en cet instant. Un monstre. C’est un combat interne qu’il mène entre ses cauchemars et ce qu’il voit en cet instant.

Je ne le suis pas. Qu’il soupire aux dires de la rouge et or. Beaucoup d’élèves de son ancienne école pouvaient le confirmer. Il n’était pas gentil. Pas de ceux qui sourient à tout le monde, qui s’intéressent à la vie des autres ou qui font attention aux états d’âme de quelqu’un qui ne fait pas partie de son cercle restreint. combien avait-il mis plus bas que terre pour se faire respecter, combien avait goûté à ses poings lorsque la colère explosait, combien avait détourné les yeux en le croisant dans le couloir ? Tout ça était peut-être derrière lui depuis plus d’un an, laissant la nonchalance et la solitude prendre le relais, mais il n’en était pas pour autant devenu un saint. Il n’avait rien à faire de plus de quatre vingt pourcent des pensionnaires de Poudlard et souhaitait presque tous les jours foutre son poing dans la tronche de Dawson à chaque fois qu’il croisait son regard. Passer du temps avec Agatha ou même Selene ne faisait pas de lui une meilleure personne. Elles avaient simplement su passer l’une des inombrables barrières qui le séparaient des autres. sans qu’il ne sache comment elles y étaient parvenues. Je l’étais. Encore maintenant. Brûlante dans ses courriers, encore tiède en cet instant. Sa colère n’était pas une émotion qu’il parvenait à calmer en quelques instants. Et si la conversation permettait de mettre des raisons des actes, elle n’en reste pas moins compliquée. Mais elle était nécessaire pour ne pas tout foutre en l’air. Ne décide pas à ma place. de s’il veut la revoir ou non. Pas un reproche, juste des mots soufflés pour mettre fin à ce débat qui n‘incombait que lui.

La tempête semble s’apaiser au fond de sa poitrine, permettant de mettre des paroles sur ce qu’il avait retenu depuis la fuite de la sixième année. Elle ne pouvait pas changer ce qu’elle était tout autant que lui. Elle était un vampire et lui un mensonge né. Mais était-ce une raison, pour eux, de ne pas pouvoir tout simplement vivre normalement ? Ses sourcils se fronçèrent aux tourments qu’elle lui annonçait à travers ce rendez-vous avec le Directeur. Pourquoi ? Je n’ai rien dit à personne. S’étonne-t-il en se rapprochant d’un pas. Je ne suis pas m… Je vais bien et personne ne sait rien. Pourquoi tu le serais ? Avait-elle fait autre chose ce soir-là ?  Et si la peur veut à nouveau s’infiltrer, lui susurrer qu’il devrait s’éloigner, il reste là, les pieds ancrés au sol à l’écouter confirmer sa supposition. C’était aussi mon cas. Répondit-il à son tour après quelques secondes de silence. Et s’il avait tout d’abord pensé être simplement intrigué par la jeune fille et ce deal existant entre eux. Par les sensations étranges qui lui parcouraient le bras à chaque fois qu’elle se saisissait de son poignet et ce besoin de les ressentir encore comme le taré qu’il pense être, il ne pouvait mettre de côté le fait que sa présence était devenue l’un de ses repaires dans ce château.