Agatha Kline. Gryffondor. La supposée connaisseuse de l’amour. Voilà à peu près tout ce qu’il connaissait sur la jeune femme. Ses yeux s’étaient posés sur son prénom un jour sur le tableau d’affichage. Il en avait déduit qu’elle ne pouvait être qu’une bonne élève dans les relations amoureuses. Et aussi étrange que cela puisse paraître, le serpentard se questionnait sur le sujet depuis maintenant quelques semaines. Il se dirigeait dans une quête de promiscuité, lui qui souffrait d’une incapacité à se rapprocher ou à se laisser approcher. Alors après un entrainement avec l’équipe de quidditch, le garçon lui avait envoyé une lettre pour lui faire part de sa demande. Avait-il reçu un coup trop fort à la tête ? Peut-être. En attendant il avait tout de même rassemblé tout son courage et sa honte pour se jeter dans la gueule de la lionne. Celle-ci lui avait envoyé un hibou quelques heures plus tard. Il resta longtemps à regarder le parchemin sans oser l’ouvrir, légèrement effrayé qu’elle puise être empli de moqueries à son égard. Mais il se trompait. Au lieu de railler sa demande, elle se montra plutôt ouverte à la proposition. Et à travers cette lettre, il en apprit un peu plus sur celle qui allait devenir sa conseillère. Elle semblait très à l’aise, mais en même temps, une fille qui a autant de soupirants ne pouvait que l’être. Elle l’invita à la rencontrer en personne au village voisin, dans l’un des bars les plus connus jeudi soir après les cours.

Elle parlait beaucoup. Bon techniquement elle ne parlait pas réellement, elle se contentait simplement d’écrire. Mais rien qu’à la lire, Bailey la devinait être exubérante, peut être le genre de personne qui peut réussir à faire une conversation entière à elle toute seule. Lui, cela n’avait jamais été son fort. Il serait donc doublement en terrain inconnu lors de cette fameuse rencontre.

Les jours d’après, il changea d’avis environ une quinzaine de fois. Devait-il y aller ou non ? Était-ce une entreprise stupide qui ne ferait que le couvrir de ridicule ? Peut-être. Il réussit tout de même à s’auto-convaincre d’aller jeter un coup d’œil. Après tout, s’il n’appréciait pas cette rencontre, il aurait tout le loisir de rentrer au château. Il avait besoin d’arrêter de rester sur le côté, sans réellement vivre ses aventures à Poudlard. Et peut-être que la vie serait bien plus sympa s’il n’était pas un cas aussi désespéré avec la gente féminine. Après tout, les mecs populaires de l’école avaient l’air ravis avec des filles à leurs bras. Ainsi après les cours, en ce jeudi, il prit le chemin du village. Un peu stressé, pas vraiment rassuré, et la lettre d’Agatha bien plié dans sa poche. Il espérait que peu d’élèves seraient présents aux Trois Balais en cette fin d’après-midi. Il ne tenait pas à ce que tout le monde soit au courant pour cet étrange rendez-vous.

Arrivé devant la porte, il prit une grande inspiration. Il sentait son courage s’amenuiser alors que l’heure sonnait. Il poussa la porte et entra. Avant même de jeter un coup d’œil vers le lieu qu’elle lui avait indiqué dans son parchemin, il se dirigea tendu vers le bar pour commander des verres. Après tout, il devait payer, du moins c’était ce qu’elle lui avait dit. Et cela lui faisait aussi gagner un peu de temps avant de mourir de honte devant elle. Ainsi, il commanda deux bières : choix le plus simple, probablement le plus sûr également. Et il se retourna. Il vit d’abord les bois de cerfs, puis la table qui se trouvait en dessous, près de la cheminée. Il déglutit, et s’avança en prenant une inspiration. Hors de question de passer pour un looser (du moins plus qu’il ne l’était déjà). La demoiselle attendait patiemment à la table. Elle avait l’air gentille, n’est-ce pas ? Il posa les bières sur la table, et lui fit une tentative de sourire.

– Salut.

Dit-il avant de prendre place sur le fauteuil en face d’elle. Il regarda un peu autour de lui pour jauger la clientèle en cette fin d’après-midi. Il ne reconnut pas de visage, ce qui semblait être bon signe. Maintenant, il suffisait simplement de survivre à cette conversation qui le gênerait surement du début jusqu’à la fin.

– J’ai pas d’acné, pas de chirurgie du coup, ça devrait te faciliter la tâche.

Se risqua-t-il avec une petite touche d’humour. Avant de noyer son stress avec une ou deux gorgée de bière.

– J’ai cru comprendre que tu étais calé dans l’univers des relations, de la promiscuité, et tout ce qui s’en suit.


@Agatha Kline