Le début de l’année scolaire n’avait guère laissé à Wenceslas l’occasion de souffler. Pas plus qu’à Fergal, d’ailleurs. Avec l’annonce des olympiades, quelques jours avant la rentrée officielle, les habituels cours et la préparation de la sortie scolaire avec Myrthilde, les pitreries des élèves fraîchement de retour de vacances, le décès du doyen des professeurs et le département des mystères qui venait de rendre les copies du concours d’entrée dans un vacarme silencieux aux relents de déprime, le né-moldu avait l’impression d’avoir passé le plus clair de ses journées à courir après le temps. Quelques cheveux blancs s’étaient glissés traitreusement dans sa chevelure mais il suspectait que leur venue tienne infiniment plus de son été que du retour à Poudlard. Sauf à considérer qu’il ait fallu attendre de voir plusieurs fois par semaine la silhouette de sa progéniture en cours pour qu’une telle poussée blanche ne soit à déplorer. Au moins son nouvel aspect allait-il à la perfection avec son rôle de nouveau doyen de l’école... il n’était pourtant pas si vieux, mais le personnel avait grandement rajeuni ces dernières années et il pouvait désormais assumer son côté « vieux con » sans avoir à rougir d’une quelconque concurrence.

Le soir, lorsque la journée touchait à sa fin, ses pensées retournaient inexorablement vers ce garçon de serpentard dont il savait à présent être le père ; il n’en avait ni la responsabilité, ni le titre, et longtemps durant il n’avait jamais ressenti de moindre culpabilité ou d’émotion particulière à l’idée de se savoir géniteur de qui que ce soit, mais à présent qu’un visage et un nom s’était posés sur cette existence, il ne pouvait plus la nier. L’ignorance était d’autant plus culpabilisante qu’il savait bien qu’elle n’était en rien digne ; vis-à-vis du jeune homme comme de sa fonction. Il lui semblait important de prévenir Fergal, non pas seulement comme ami mais avant tout comme directeur.

Et pourtant, il avait attendu plus d’un mois. Les responsabilités, nombreuses et prenantes, lui fournissaient un prétexte idéal pour enfouir cette réalité sous le boisseau. Sans aucun doute, le décès du vieux van Aken avait mis fin à cette fuite en avant : écopant du rôle du directeur de maison, il héritait de la charge officielle de tous ces serpentards parmi lesquels Jin Kyung Seo. Déjà las de cette nouvelle charge mentale, l’ancien langue-de-plomb s’était finalement fait une raison.

La soirée était entamée depuis un certain temps déjà lorsqu’il rejoignit Pré-au-Lard ; il avait passé l’heure précédente à faire son habituelle ronde du soir dans les couloirs, non sans peu à peu prendre la direction du grand hall d’entrée. Après le banquet du soir, il avait proposé à Fergal de profiter de l’arrivée d’un week-end calme pour aller se distraire un peu l’esprit en dehors de l’école, le temps d’un verre ou deux. Les occasions comme celles-ci avaient été relativement rares depuis début septembre, d’autant que même les elfes de maison semblaient s’être mis en tête de compliquer le quotidien du corps enseignant. Wenceslas ne s’y était guère intéressé, mais il avait vu passer quelques histoires entre Mitsy et Chantal qui aurait aisément pu prêter à rire si cela n’avait pas rajouté un peu de chaos à des emplois du temps bien chargés. À croire que Poudlard n’avait jamais trop de mélodrame et devait constamment s’en trouver de nouveaux.

Le village bordant l’école était très calme à cette heure-ci ; aucun élève n’en courait les rues, les bras chargés de farces, bonbons et chouquettes. Seuls les bars étaient encore animés et tous les habitants et travailleurs locaux se donnaient rendez-vous autour de gargantuesques tables.

- Bonsoir Fergal, salua le professeur de sortilèges en arrivant au niveau du directeur, non loin de l’entrée des Trois Balais. « Pas trop épuisé par tous ces entretiens d’embauche pour le poste de maître des potions ? »

Y avait-il seulement beaucoup de candidats pour prendre la suite du vieux van Aken ? L’on pouvait ne pas l’aimer – et Wenceslas ne s’en était guère privé – il fallait reconnaître que l’homme eut été un potionniste de renom et un professeur non moins bon.

Les deux hommes pénétrèrent dans le bar, rejoignant l’alcôve un peu plus isolée habituellement réservée aux membres du personnel de Poudlard. Ici, ils pouvaient tout à la fois profiter de la vivacité d’un bar en soirée tout en conservant un minimum d’intimité ; c’était préférable à un bureau trop cérémonial de l’école qui, bien que confortable demeurait très cérémonial et dont il fallait savoir se défaire de temps à autres pour s’éviter de devenir fou. Vivre et travailler au même endroit pouvait se révéler aisément pesant.

- La tournée est pour moi, rappela le né-moldu. « Je n’ai pas oublié que je t’en dois une pour l’opération Lapins, avec Septimus. »

D’un signe de la main, il attira l’un des serveurs qui vint prendre leurs commandes, dont l’habituel verre d’armagnac qu’affectionnait tant le langue-de-plomb lorsqu’il était accompagné.

Wenceslas n’était pas sans savoir les difficultés que pouvaient rencontrer un directeur de Poudlard pour trouver des professeurs ; lui-même, lorsqu’il avait été embauché, arrivait après plusieurs échecs de recrutement de la part de Sørensen, et peut-être quelques sabotages internes venant du ministère. À l’époque, le mot d’ordre était de trouver quelqu’un qui puisse surveiller le sang-pur et s’assurer qu’il ne dépasse pas des limites, ou plutôt, dans l’espoir de certains, à les voir venir assez vite pour pouvoir avoir un motif suffisant pour s’en prendre à lui. La candidature du né-moldu comme professeur avait donc été largement poussée par Appleton, une façon de s’immiscer dans les affaires du directeur et de profiter de cette absence de candidat valable pour en tirer un bénéfice. Mais à présent qu’il n’y avait plus besoin de se mêler des affaires de l’école, même le ministère ne perdait guère plus trop de temps à s’intéresser au recrutement. En mourant, van Aken laissait derrière lui la dernière trace d’une tradition hostile aux nés-moldus, toute forme d’inquiétude était de l’histoire ancienne... mais indubitablement, cela rajoutait du travail à Fergal. Un travail qui, avec les olympiades, se serait sûrement bien passé d’entretiens à réaliser.

- Les candidats ne sont pas vraiment convaincant. Je crois qu’ils ont oublié que l’âge n’est pas un facteur suffisant, ou le pedigree, quand on n’a pas le talent et le savoir-faire. Mais ça finira bien par venir, confia l’ancien concierge avec cet optimisme calme qui le caractérisait ; Wenceslas l’appréciait pour ça. Lucide, il ne s’alarmait toutefois pas d’un rien et savait toujours voir la lueur que cachaient les nuages d’Écosse. Pour quelqu’un de pas toujours très optimiste, comme le langue-de-plomb, c’était important de s’entourer de gens comme lui.
- Succéder à van Aken n’est pas chose simple, il faut le reconnaître, concéda le plus âgé en prenant la direction des Trois Balais. « Peut-être faudrait-il demander à sa famille de nous laisser encore un peu ses tableaux, je trouve exquis la manière d’enseigner de certains ; et cette manie de dénigrer les autres manières me distraie au plus haut point. Je suis à deux doigts d’installer un bureau pour prendre les paris avant chaque cours, pour savoir qui sera le prochain.

Le professeur de sortilèges avait toujours eu cet humour un peu taquin qui le rendait assez friand des critiques à demi voilées que faisaient parfois les ancêtres van Aken. Le maître des potions – paix à son âme – n’avait pas été le dernier en la matière ; il arrivait parfois que des échos viennent de sa salle de classe où, au détour d’un enseignement plus ou moins vivant, il ait lancé une pique ou une autre à l’égard de la discipline que dispensait le né-moldu. C’était toujours un moment d’anthologie pour l’Anglais.

- Il m’avait bien semblé entendre quelques échos de disputes entre nos deux petites elfettes, répondit-il, ses lèvres se fendant d’un discret sourire.

Pauvre Fergal, pris dans un étau avec deux créatures obéissantes mais fichtrement têtues. C’était à se demander si Poudlard n’avait pas fait exprès de se trouver les elfes les plus bagarreurs de Grande-Bretagne... cela dit, les cuisines de l’école étant un refuge pour ceux qui se voyaient rejetés par les maîtres les plus odieux, ça n’avait rien d’étonnant d’avoir à faire à quelques têtes brûlées.

Les deux collègues rejoignirent leur place habituelle, juste ce qu’il fallait à l’écart pour ne pas être troublé par le voisinage mais sans perdre l’attrait qu’offrait le bar, bien vivant à cette heure de la soirée. S’ils avaient voulu un calme olympien, une salle perdue au fond du château qui surplombait le village aurait été plus appropriée, mais les deux hommes partageaient au moins cet attrait pour l’ambiance toute particulière des pubs écossais.

Plutôt peu porté par le besoin de faire des économies – son compte à Gringotts était bien chargé et il ne dépensait guère en étant professeur à Poudlard – Wenceslas se désigna bon payeur ; et après, il lui avait promis après l’excursion estivales du nouveau et de l’ancien concierge.

- Au moins, tout le monde est arrivé à bon port. J’ai déjà entendu plusieurs échos sur les compagnons de Septimus, ses lapins vont faire fureur à Poudlard.

Dommage que Siwan ne soit plus là pour leur faire un état des lieux de tous les ragots de l’école, il avait comme l’intuition que l’ancienne directrice de serpentard et l’actuel concierge auraient fait un binôme fantastique.

- Alors, quoi de neuf ? Tu survis à ta nouvelle charge de Direction ?

Le serveur revint avec leurs deux verres, les déposant sur la table tandis que le plus âgé lui accordait un signe de la tête en guise de remerciement. Quand ils furent à nouveau seuls, ses doigts vinrent saisir le récipient contenant l’habituel alcool brun, faisant tournoyer le liquide quelques instants avant de répondre.

- Oh, pour l’instant, tout se passe calmement, à vrai dire. Plus que pour la charge de direction de Poudlard, j’imagine, commença-t-il avant qu’un sourire ne vienne fendre ses lèvres. « Je ne prétendrais pas avoir pleine confiance en mes préfets pour garder le calme dans les rangs, mais la maisonnée se tient calme. »

Serpentard commençait l’année scolaire avec quelques difficultés pour la course aux points mais il leur restait plusieurs mois pour corriger le tir et, à vrai dire, cela n’était pas la priorité du professeur de sortilèges. Il nourrissait un peu plus d’espoir sur la coupe de quidditch... mais sans doute n’était-il pas très objectif.

- Ma nomination à ce poste n’a pas plu à tout le monde, ceci dit...

Non pas que d’ordinaire, sa popularité professorale ait nourri un quelconque intérêt à ses yeux... les circonstances étaient simplement différentes, beaucoup plus personnelles également. Et importantes. Le genre d’information qui devrait être dévoilé au supérieur hiérarchique qui se targuait en même temps d’être un ami ; et pourtant le genre d’informations qui ne se dévoilaient pas si aisément. Le jeune Seo avait interprété sa prise de poste comme une offense supplémentaire, une attaque contre laquelle Wenceslas ne savait réellement se défendre ; il n’était pas son père mais n’étant pas totalement non plus que son professeur. Ce statut hybride et nouveau ne convenait guère à un homme qui avait été habitué à ne considérer les choses que sous un prisme purement professionnel et distant.

L’homme porta son verre à ses lèvres, sirotant un peu le liquide qui vint réchauffer sa trachée en une sensation réconfortante. La tentation de lancer la discussion sur un sujet plus tranquille le nargua quelques secondes, mais lorsqu’il reposa son verre sur la table, la décision de tout dévoiler était prise. Il ne pouvait guère attendre jusqu’à la fin de la soirée, repousser jusqu’au bout pour tout lui lâcher à la dernière minute.

- J’imagine qu’il vaut mieux que je te le dise maintenant... commença-t-il en tapotant son verre du bout des doigts. « Je ne te l’ai jamais dit, mais je sais depuis fort longtemps être le père d’un enfant... élevé par un autre homme. Je ne savais pas son nom jusqu’à très récemment. Cet été, à vrai dire. »

La société sorcière avait beaucoup évoluée au fil des années ; c’était indéniablement une bonne chose dans bien des cas, mais il y avait ses désavantages. Les sorciers comme Alexander van Aken, tout aussi critiquables qu’ils soient, avaient du bon en ce qu’ils étaient capables de sacrifices pour la grandeur d’idées et la formation des jeunes générations. Désormais, les adultes ne s’intéressaient guères plus à ces choses et favorisaient leur propre développement au détriment de celui du bien commun... ainsi Poudlard perdait beaucoup de ce qui avait autrefois fait sa renommée mondiale pour n’être plus qu’une école, toujours réputée par son nom certes, mais sans doute plus capable de se démarquer comme elle avait su le faire autrefois. En être le directeur, dans pareilles circonstances, devait être un grand défi et ce d’autant plus que Fergal n’avait sûrement pas le pedigree de certains de ses prédécesseurs, comme Dumbledore. Au ministère, les anciens partisans de Sørensen ou de van Aken l’attendaient très probablement au tournant, savourant cette difficile embauche d’un nouveau maître des potions. Au moins avait-il eu quelques jours de répits avec les tableaux du vieux directeur de maison, assurant un bref relai avant que sa famille ne les retire définitivement du château. C’était déjà ça de gagné, et une distraction fort plaisante pour le né-moldu.

- Oh je pense qu’effectivement, les élèves continuent... ils ont juste trouvés un successeur moins téméraire, répondit-il en souriant. « Ce que je trouve bien dommage, les bêtises des élèves sont au moins aussi distrayantes que les insultes des tableaux. »

C’était en partie faux, bien sûr ; Wenceslas ne s’amusait de toutes les frasques des garnements, quoique certains aient le mérite d’être intéressantes. Mais la plupart ne faisait que rajouter du travail aux enseignants et, surtout, au « petit » personnel qui pâtissait parfois de la fainéantise des premiers. Et à présent que les elfes s’y mettaient également, il ne donnait pas cher de la peau de ce pauvre Fergal, ou même Septimus. Le concierge avait beaucoup plus de contact que les professeurs avaient les petites maintes magiques de l’école.

Cette fugace pensée fit écho à l’arrivée des boissons et, avec elle, aux nouveaux compagnons de Veturia. Wenceslas avait, à vrai dire, lâchement refilé le bébé à son ami pendant l’été, le laissant prendre en charge le rapatriement des lagomorphes jusqu’aux locaux de l’école.

- La moitié des gamins du château connaissent mieux le nom des lapins que des profs, remarqua Fergal, arrachant un rire franc au né-moldu.
- Sans doute. Avec le temps, j’ai même appris à me satisfaire des quelques élèves qui se trompent en écrivant mon patronyme. Au moins, quand je vois « Aymler » ou « Elmer », je sais qu’ils savent plus ou moins qui je suis, souligna-t-il d’un ton amusé. Tant qu’on ne l’appelait pas Himmler...

Cela étant, à présent qu’il était directeur de serpentard, sans doute allait-il un peu plus marquer les esprits des verts ; il fallait juste un peu de temps pour que tous comprennent qu’il y avait eu du changement de ce côté-là mais, en la matière, il avait pris les devants en placardant un mot sur le panneau d’affichage de leur maison et en rappelant à ses préfets leurs fonctions... avec Leonhart, ça n’était pas un sujet superflu.

- Écoute, elle a été plutôt calme depuis le début de l’année, peut-être qu’elle va devenir une élève modèle et une préfète parfaite ?

Il ne croyait pas un traître mot de cette supposition.
L’ancien langue-de-plomb avait d’autres chats à fouetter, pour l’heure, et plus que quelques critiques quant à sa nomination, c’était bien cet enfant qui se baladait dans les couloirs de l’école qui préoccupait ses pensées. L’ignorance avait été douce, toutes ces années durant. La progéniture était loin, dans un autre pays, et vivait avec une famille sûrement bien plus apte à l’éduquer qu’un sorcier maussade et marqué par Azkaban ne le serait jamais. Il n’avait rien d’un père.

La réaction de Fergal ne se fait pas attendre ; impassible, Wenceslas le regarde vider son verre d’une lampée, silencieux. Ce moment, il aurait aimé n’avoir jamais à le subir mais il ne pouvait y échapper : il devait le savoir, autant comme directeur que comme proche. Quoique, à bien y réfléchir, il n’aurait sûrement jamais révélé quoi que ce soit à son prédécesseur... son poste n’était donc que secondaire, important certes, mais pas primordial dans les motivations du plus vieux.

- Je pense que tu peux t’en passer, effectivement... répondit-il à la question de Fergal. Sauf à vouloir le féliciter d’avoir enfin pris le courage d’affronter la vérité, mais cela n’appelait pas réellement à ce genre de choses.

Il s’était, bien sûr, attendu à ce que plusieurs éclaircissements soient de rigueur. Comment pouvait-il en être autrement ? Jamais jusque là, il n’avait laissé sous-entendre qu’il puisse connaître l’existence d’un enfant, quelque part, qu’il surgisse à présent sur le devant de la scène avait de quoi surprendre... c’était le prix à payer des secrets.

- Il le faut bien, de toute façon... il ne serait guère approprié que j’ai à ma charge toutes les questions de pédagogie le concernant, sans que le directeur n’en soit averti expliqua-t-il d’un ton calme avant de porter son verre à ses lèvres pour arroser son gosier d’un peu du liquide alcoolisé. « Il s’agit de Jin Kyung Seo, à serpentard. »

Inutile de tourner plus longtemps autour du pot. Il reposa le verre sur la table, n’en ayant toujours pas fini le contenu. Il préférait garder l’esprit clair pour expliquer au directeur la situation.

- J’ai croisé sa mère au ministère, au début de l’été. Je ne pensais pas qu’elle viendrait un jour en Grande-Bretagne, mais tu te doutes qu’en découvrant qu’elle travaillait là-bas depuis un an et en découvrant son nom d’épouse, le lien a été rapide à faire...

Il marqua une pause, tandis qu’un serveur passait non loin d’eux avec un plateau chargé de choppes de bières et de chips en guise d’amuse-gueule.

- Son milieu familial excluait d’avoir un enfant avec un sang-de-bourbe... le garçon a donc été reconnu par quelqu’un de plus acceptable aux yeux de ses parents.

Il ne se cherchait pas d’excuses mais expliquait simplement la vérité. Une partie, tout du moins. S’il n’avait été question de sang et de politique, aurait-il été capable de retourner en Corée sitôt avait-il appris la nouvelle, pour assumer la charge du garçon ? Wenceslas lui-même n’en savait rien ; il avait passé l’âge de se bercer d’illusions à grande de « si » et s’il y avait une chose dont il avait pertinemment conscience, c’était bien qu’il n’aurait jamais été un père ou un mari digne de ce nom.

Cette fois-ci, il avala les dernières gorgées d’alcool, enveloppant son palais d’une agréable sensation de brûlure.

- Au moins ton chantage lui a-t-il fait se montrer plus discrète, nota le professeur d’un ton placide.

C’était le jeu des relations entre professeurs – ou directeur – et élèves ; nul ne doutait qu’ils faisaient bien plus de bêtises que ce que les enseignants savaient et percevaient, mais tant qu’ils ne se faisaient pas prendre, eh bien... tant mieux pour eux. À cet égard, Wenceslas se sentait relativement peu concerné par les petits problèmes des adolescents – problèmes qu’il avait, malgré tout, lui-même pu connaître en son temps – et ne cherchait guère à traquer les infractions et cruelles exactions que les élèves pouvaient se réserver. Si rien ne lui venait aux oreilles, il s’en satisfaisait plutôt bien, à quelques exceptions près ; il avait bien d’autres chats à fouetter pour ne pas chercher à se rajouter du travail supplémentaire. Être plus royaliste que le roi ne menait à rien.

Ce dédain naturel, il l’avait appliqué pour plus ou moins tout ce qui touchait à sa vie, tant professionnelle que personnelle... et ainsi, quinze années durant, il avait ignoré l’existence de son fils biologique et s’en était bien satisfait. Jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce que la réalité ne le rattrape et qu’il ne puisse plus ignorer quoi que ce soit. Et Fergal non plus, ne pouvait plus l’ignorer.

- Tu peux bien entendu me l’envoyer si nécessaire, où à tout autre collègue si tu trouves ça plus approprié.

Wenceslas opina sobrement du chef, le regard perdu dans une contemplation des couleurs que renvoyait son verre tout autour d’eux, la lumière se reflétant sur la paroi transparente et sur le liquide qui y demeurait encore à l’intérieur. Jin Kyung se montrait distant avec lui, ce qui était tout à fait normal et parfaitement attendu, aussi n’ignorait-il pas qu’il faudrait, un jour ou l’autre, se reposer sur l’assistance d’un collègue pour surveiller le garçon. Son rôle fraîchement acquis de directeur de maison prenait fin dès l’aube, avec lui.

D’un ton presque détaché, mais non dénuée d’une légère inflexion traîtresse dans la voix, le langue-de-plomb expliqua posément les circonstances de la naissance de l’enfant. Une histoire fort banale qui ne soutira qu’un simple soupire au directeur de Poudlard. Le silence et la consternation s’imposaient sûrement, mais n’en étaient pas moins désagréables même pour un homme dont le travail et la vie tout entière avaient été façonnés par l’absence de réactions. En cela, Fergal avait toujours été très différent du né-moldu... et c’était sûrement l’une des raisons qui le rendaient sympathique aux yeux de Wenceslas. Aussi, lorsque la pique vint, moqueuse et cruelle, elle parvint malgré tout à arracher un sourire coupable au plus âgé qui ne pouvait, en outre, guère apporter de réponse cinglante qui ne soit trop ironique.

- Touché, lâcha-t-il dans un demi-sourire. « Laisse-les à Jack, je suis sûre qu’elle sera formidable pour ça. »

Armé d’une nouvelle bière judicieusement apportée par un serveur qui avait noté leurs verres vides, Wenceslas avala silencieusement une lampée. La professeure de botanique serait infiniment plus pertinente en la matière et ce sans même évoquer les aléas paternels de l’ancien langue-de-plomb.

- J’imagine qu’une école dont les élèves demandent des cours d’éducation sexuelle est une école qui se porte bien... ça ne te surprendra pas d’apprendre qu’en mon temps, les professeurs avaient bien d’autres priorités.

Jusqu’à il y a encore peu de temps, cette idée aurait paru superflue ; une perte de temps alors que la politique sorcière continuait ses attaques contre la sécurité des étudiants de Poudlard. Mais là n’était pas le sujet du moment ; ils auraient sûrement bien d’autres occasions de converser à propos des requêtes des adolescents et ce avec leurs collègues, tous sûrement infiniment mieux placés que lui pour apporter des suggestions pertinentes.

- Non, aucun contact.

Il n’avait pas vraiment cherché, après tout... à l’image du reste de sa vie, l’ancien langue-de-plomb était un homme qui se délectait de l’inaction. Il se tenait à l’écart du monde, des actions, de la politique ou du social. Il n’était pas un concubin, encore moins un conjoint et un père. Il n’était qu’un homme solitaire, un chercheur dans l’ombre qui n’était sortie qu’à l’occasion d’une recherche désespérée de professeur, dans un contexte particulier. Et s’il était encore enseignant dans l’école, alors même que les raisons qui l’y avait poussé n’étaient plus à l’ordre du jour, c’était également une conséquence de cette passivité pathologique.

- Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux faire pour toi ? À part t’offrir la prochaine tournée s’entend ?
- La tournée suffira, je pense, répondit-il, un sourire reconnaissant sur les lèvres.

Parler de la situation n’avait pas été chose aisée, mais informer Fergal était sûrement l’une des seules bonnes idées qu’il ait eues depuis la conception du garçon. Il avait à l’égard du directeur une grande confiance et il était un homme généreux ; quelqu’un qui le jugeait sûrement – et il avait bien raison – mais qui demeurait capable de se proposer à l’aider, un soutien indéniable.

- S’il y a quelqu’un pour qui une aide sera nécessaire, je crois qu’il s’agit plutôt du garçon.

Wenceslas était responsable de ses actions, aussi bêtes soient-elles, mais l’adolescent les subissait malgré lui et les failles de son géniteur étaient d’autant plus flagrantes qu’il ne savait pas comment corriger un peu le tire...

- Mal... et avec colère, pour ce que j’en comprends. Je pense qu’il aurait préféré ne jamais le savoir.

L’homme fit une pause, ses iris contemplant quelques instants la mousse de sa bière qui diminuait peu à peu.

- Et je crains de ne pas être très doué pour nouer un dialogue avec lui. Mes tentatives n’ont pas été très fructueuses, pour l’heure. Il eut un sourire froid. « Il a peut-être un peu hérité de moi, sur certains aspects... »

L’ironie était palpable mais encore trop récente pour qu’il puisse en apprécier la valeur ; c’était en réalité plutôt frustrant que de se sentir impuissant et incapable d’agir à présent qu’il n’avait d’autre choix que de faire quelque chose. C’était tellement plus simple de fermer les yeux et d’ignorer l’existence de cet enfant, quelque part sur la surface de la planète... de ne pas avoir à affronter cette erreur.

- Ça ne te surprendra pas, j’imagine, si je te dis que je ne me sens pas d’une très grande fibre paternelle ?

À sa place, Fergal aurait sûrement déjà rencontré de biens meilleurs résultats ; il avait un meilleure contact avec les adolescents et en éduquait un... chose dont Wenceslas ne se sentait pas le moins du monde capable.

- Tu n'aurais pas eu un mode d’emploi quand Moritz est arrivé, par hasard ? ajouta-t-il d’un ton-pince sans-rire.

Endurci par Azkaban et le souffle des détraqueurs, le cœur froid de Wenceslas ne lui laissait guère la liberté de s’épancher en de multiples sentiments. Sans nul doute se savoir le père biologique d’un garçon qu’il avait dans sa salle de classe l’atteignait, mais d’une façon étrange et distante qui ne seyait pas aux relations humaines convenables et, dénué de toute fibre paternelle, il était bien en mal de savoir par quel bout prendre cette information. Ça n’était pas auprès de quelqu’un comme Jack qu’il pourrait trouver le moindre conseil ; elle était peut-être elle-même mère de famille, mais il doutait qu’elle n’ait jamais eu la moindre velléité maternante. Paradoxalement, Fergal était le seul à pouvoir lui apporter un soupçon de soutien... mais ces choses-là ne se faisaient pas si aisément, quand bien même le considérait-il comme un ami. Le silence et l’ignorance étaient de si belles choses, parfois.

- Oui. Je ne saurais dire s’il lui en a parlé, mais je l’en ai prévenue.

Deux personnes. Il l’avait dit à deux personnes, désormais : la propre mère de l’enfant et son collègue et supérieur hiérarchique. La première n’avait eu le droit qu’à une brève discussion au détour d’un couloir du ministère, une conversation sobre qui, d’un point de vue extérieur, aurait semblé n’être qu’un rapide échange de formalités. Trop d’années étaient passés pour qu’ils ne puissent retrouver un semblant de complicité ; de toute façon, il doutait qu’elle prenne le risque de se mettre en porte-à-faux vis-à-vis de son époux. Le langue-de-plomb n’était pas beaucoup plus réjoui par l’idée de renouer avec elle, ceci dit. Au moins, à Poudlard, il avait le champ libre : aucun autre Seo n’était là pour intervenir entre le gamin et lui.

- On va éviter le whisky, oui. Je ne suis pas empressé de savoir ce que peux donner mon fils biologique sous l’effet de l’alcool. Lui-même se connaissait suffisamment bien pour appréhender l’alcool et ses effets sans tomber dans la décadence, mais un adolescent n’avait pas encore cette expérience ; à l’âge du garçon, si Wenceslas avait eu le loisir de plonger dans l’ébriété, peut-être n’en serait-il jamais sorti complètement indemne. « Pour l’heure, j’ai opté pour la patience... il se braque dès qu’il respire le même air que moi. Mais s’il est un tant soit peu comme moi, je crains qu’il ne faille un moment forcer un peu. »

Le né-moldu avait passé des années durant cloîtrées dans son département des mystères par pur confort personnel. Il n’était pas un homme très brave et demeurer à l’écart de tout lui avait paru la meilleure des solutions. En un sens, ça avait été vrai pendant un temps, mais même lui avait fini par sortir de son trou ; un jour ou l’autre, l’adolescent allait devoir suivre la même route que lui. Toutes ces choses ne reposaient évidemment pas intégralement sur les épaules de Wenceslas, puisque le serpentard avait une famille, mais il demeurait son professeur et désormais son directeur de maison ; il ne pouvait faire comme s’il n’existait pas et le regarder commettre les mêmes erreurs que lui-même.

- J’aurais déjà eu du mal à te croire si tu m’avais dit vouloir un animal de compagnie.

Le langue-de-plomb ricana. Force était de reconnaître qu’il n’avait rien à répondre à ça.  

- J’ai déjà du mal avec les elfes de maison – je te laisse volontiers gérer leurs déboires, rétorqua-t-il finalement, la commissure de ses lèvres se recourbant dans un sourire moqueur.

N’empêche que Fergal avait raison sur ce point ; comme professeur déjà, il n’avait pas une fibre très protectrice et il n’allait sans doute pas s’en dégoter une si facilement. Savoir que le parcours du directeur avec son pupille n’avait pas toujours été simple demeurait malgré tout un peu rassurant pour son égo ; d’un autre côté, si l’ancien concierge avait eu du mal – alors même qu’il était infiniment plus à l’aise avec les enfants que lui – pouvait soulever quelques inquiétudes légitimes pour l’avenir.

- Eh bien, je ne suis pas au bout de mes peines... ponctua-t-il dans un sourire. « Ça m’apprendra à changer de métier pour un travailler dans un endroit bourré de gamins. »

Mine de rien, pour rien au monde il ne reviendrait sur son choix ; il avait aimé son travail d’antan, mais si Wenceslas était un homme lent à prendre des décisions, il les assumait toujours jusqu’au bout. Au fond de lui, il était assez fier de voir ce que l’école commençait à devenir. Cette fierté, il la ressentait chaque fois qu’il posait son regard sur le panneau d’affichage qui mentionnait la création d’une association pour les droits des élèves ou qu’il voyait un élève progresser. Au département des mystères, les résultats de son travail étaient infiniment moins palpables ; ici, il pouvait voir les adolescents évoluer, grandir et devenir adultes.

Le né-moldu leva sa chope de bière.

- Aux ados surprenants, donc. Il avala une lampée. « Et aux incapables qui s’occupent d’eux. »

De beaux incapables, parfois.

Depuis sa rencontre inopinée avec la mère de Jin Kyung dans les couloirs du ministère, Wenceslas n’avait guère eu l’occasion de discuter avec elle et encore moins d’aborder sereinement la question du garçon ; un jour sans doute allaient-ils devoir, l’un comme l’autre, en parler... mais pour l’heure, puisqu’il n’était pas le père de l’adolescent, il pouvait se trouver milles prétextes pour rester en retrait. Compte tenu de ses réactions, c’était peut-être encore ce qu’il y avait de mieux. Il opina du chef : effectivement, il n’était pas seul... et le serpentard avait trois parents pour le prix de deux, n’était-ce pas formidable ?

- Bien entendu, nul n’imagine que les élèves puissent avoir accès à de l’alcool renchérit-il, la voix chargée des mêmes sarcasmes que son ami.

Lorsqu’il était lui-même élève à Poudlard, il n’avait pas tant que ça touché aux liquides prohibés par le règlement, mais il n’avait pas été aveugle au point de croire que tous étaient aussi sages. Si à l’époque, la pratique était déjà répandue, il n’y avait pas de raisons pour que ça ait changé. Les dossiers de certains en témoignaient d’ailleurs particulièrement bien ; s’il y avait une chose qui traversait les générations, c’était bien l’alcool.

- Oh, je ne doute pas que le jours où ça arrivera, il y aura effectivement quelques cris... les adolescents ont besoin de se défouler, c’est sans doute préférable qu’il le fasse sur la cause directe de la frustration.

Pour ce qu’il avait pu en voir, Jin Kyung n’était pas le plus doux des agneaux, il s’attendait effectivement à ce qu’un jour, il ne finisse par exploser. En cela, il n’avait pas hérité de lui ; Wenceslas était un homme qui gardait tout pour lui, laissant mourir les émotions en son for intérieur. Sûrement était-ce pour ça qu’il ne s’imaginait pas en parent ; il se complaisait trop dans une passivité certaine, préférant la simplicité de la solitude aux problèmes qu’engendraient les enfants. Ou les animaux de compagnie. Il valait bien pour lui comme pour le monde qu’il se contente d’enseigner aux adolescents.

- Attention à ne pas comparer les animaux de compagnie et les elfes à portée d’oreille de Jorgensen, où tu vas avoir la migraine.
- Je ne suis pas suicidaire, voyons. Il eut un sourire. « Je te laisse ses scandales en plus des bagarres des elfes. »

Les deux allaient de pair, non ?

- Tu devrais envisager de faire un tir groupé : dispute d’elfes et réunions en même temps, je suis certain que ça serait d’une efficacité renversante. Il n’y a pas mieux pour faire peur aux employés du ministère.

Et ça lui ferait gagner du temps, en prime.

Peu à peu, la discussion devenait plus légère, laissant de côté les erreurs passées de l’ancien langue-de-plomb pour s’intéresser à l’instant présent : un peu d’alcool, une soirée pour se reposer l’esprit et oublier l’espace de quelques heures les cours, les élèves et leurs problèmes pour simplement discuter.

- Et puis…dis-toi que puisqu’il t’évite à tout prix, il y a peu de chance qu’il te grille en train de frayer avec le concierge.

Le verre à ses lèvres, Wenceslas manqua d’avaler de travers sa gorgée de bière en l’entendant déclamer ça comme si de rien n’était, la voix n’ayant pas le moins du monde fluctuée entre les différentes phrases. Il le scruta un instant, cherchant l’éclat d’humour dans le regard du directeur, en vain. Pire, celui-ci revint à la charge, ajoutant quelques précisions qui achevèrent de le convaincre qu’il n’avait pas mal entendu.

- Attends une minute... tu viens vraiment de dire ce que j’ai entendu ?

Un sourire fendit son visage ; le né-moldu ne riait pas souvent, mais il n’était pas loin de l’éclat tant la situation était absurde. Le rigide professeur annonçait qu’il avait eu un enfant hors mariage et le directeur, ancien concierge, racontait sur un ton banal qu’il batifolait avec celui qui l’avait remplacé à son poste.

- Toi et Septimus ? Il marqua une pause, encore incertain... après tout, peut-être avait-il compris de travers. Mais non, Fergal avait l’air des plus sérieux. « Ça pour être inattendu ! C’est la soirée, dis donc. »

Il reposa son verre. Mieux valait qu’il reste bien à plat, sur la table, pour les quelques minutes à venir.

- C’est récent ?

C’était assez curieux que de les imaginer tous les deux. Mis à part l’emploi de concierge, ils ne partageaient pas beaucoup de choses de prime abord.

La conclusion de la soirée était plutôt limpide : l’abus d’alcool était dangereux pour la santé, mais parfois lorsque l’on enseignait dans une école pleine d’adolescent armés de baguettes magiques, c’était un bon remède aux maux de tête. Quoique les élèves n’étaient peut-être pas les pires... les elfettes de maison savaient se montrer très bruyantes également.

- Tout mais pas ça, malheureux ! Si tu leur donnes des chaussettes, je suis persuadé qu’il y en a au moins une des deux qui va nous faire une crise de panique.

N’en déplaise à Jørgensen, tous les elfes n’aspiraient pas à trouver la liberté et vivaient leur position dans la plus grande satisfaction. Certes ce devait être plus fréquent à Poudlard qu’aux ordres de vieilles familles de sang-pur, mais biens des sorciers avant lui s’étaient risqués à leur proposer la libération et avaient affrontés les pleurs désespérés des elfes. Sans aucun doute, cela témoignait d’un passif de serviteur intégré génération après génération de façon si profonde qu’il était très difficile de revenir en arrière du jour au lendemain. Il faudrait sûrement des années, voire d’autres générations d’elfes élevées dans l’idée que la liberté était possible pour que finalement, ceux-ci l’acceptent de manière globale. Si le serdaigle les entendait, il serait très probablement en détresse respiratoire, a fortiori s’il apprenait que Fergal envisageait une grillade d’elfes de maison.

- Je ne suis pas certain que ça soit très pertinent pour un barbecue, elles n’ont pas beaucoup de chair sur les os répondit-il avec un pragmatisme presque inquiétant.

La révélation de Wenceslas désormais derrière eux, et l’alcool devant, le né-moldu avala une lampée et manqua de s’étouffer avec lorsque, pris dans un élan inexplicable de vérité, le directeur lui avoua à demi-mot entretenir une relation bien plus que professionnelle avec le concierge de l’école. Celle-là, il ne l’avait pas vu venir. Fergal avait l’air un peu gêné, quoiqu’un peu amusé par la réaction de l’ancien langue de plomb ; elle devait effectivement valoir le détour, la surprise peignant son visage les premières secondes, le temps que l’information soit digérée.

- Il fallait au moins ça pour tenir le niveau des révélations de ce soir non ?
- Eh bien bravo, c’est réussi, acquiesça le plus âgé.

Il opina du chef, pensif. N’avait-il pas eu l’impression que Septimus était plus souvent partant, ces dernières semaines, pour être en binôme avec leur supérieur hiérarchique, pour les quelques rondes que s’accordaient encore l’homme malgré son poste très prenant ?

- J’en déduis donc que Moritz a découvert le pot-aux-roses ? Il n’avait pas oublié ses mots, quelques minutes auparavant. « Ça l’a surpris autant que moi ? »