Paris, cette destination qui fait rêver bien des coréens - et surement bien d'autres étrangers - de par son histoire, ses monuments, son titre de ville de l'amour. Et pourtant, c'est plutôt stoïque que je la découvre pour la… dixième fois. Au moins. L'avantage d'avoir une famille aisée et qui travaille à l'internationale, c'est de pouvoir voyager durant les vacances. Mais ces vacances commencent et se terminent toujours de la même manière : pressées. Mes parents enchaînent les rendez-vous la journée puis les soirées mondaines le soir. Et de notre côté, les enfants, soit nous passons notre temps à vagabonder dans les villes visitées en compagnie d'un ou deux membres du personnel du foyer où à traîner dans la résidence ou l'hôtel loué pour l'occasion - avant de faire ensuite bonne figure lors des soirées. Paris n'en fait pas exception.

Cette fois-ci je refuse tout bonnement de retourner voir la tour Eiffel avec Jun et Ha Na. Ces derniers décident d'y rejoindre notre cousine du côté de mon père qui a également fait le voyage alors que de mon côté je me laisse embarquer par son grand frère, Ren. Ce type sort de l’ordinaire et accepte volontier l’étiquette du vilain petit canard de la famille. Son côté excentrique fait souvent grincer des dents mon grand-père maternel mais il semble bien s’en moquer n’étant pas du tout lié par le sang avec ce dernier. Je ne sais pas si je l’envie ou, au contraire, le méprise. C’est peut-être parce qu’au fond de moi j’aimerai pouvoir assumer autant que lui mes différences que je finis toujours par accepter de le suivre, sans pour autant éviter de rechigner. Ma langue acerbe ne l’atteint et les moindres remarques que je lui fais n'obtiennent qu'un sourire provocateur de sa part la plupart du temps.

Ren m’embarque sur la Place Cachée et la traverse sans même regarder les boutiques autour de lui. Où nous emmènes-tu ? Je lui demande dans notre langue natale. Quelque part. Tu n’as pas à t’inquiéter, tu sera à la soirée de ce soir en un seul morceau. Je roule des yeux à sa remarque stupide et enfonce mes maisn dans mes poches tout en continuant à le suivre. Je fronce les sourcils en découvrant ce qui se dresse devant moi : un cirque. Ren me lance un sourire énigmatique et m’attrape par les épaules pour me forcer à continuer d’avancer. J’ai besoin de savoir ce qui m’attend cette année. La célébrité peut-être ? Je le foudroie du regard et tente de m’extirper dans sa poigne. Sans succès. J’aurai dû m’en douter, ce type m’embarque toujours pour des sottises de la sorte.

La porte de la roulotte s’ouvre après trois coups sur celle-ci. Une femme, enveloppée dans des turbans dont la couleur m’agresse la rétine nous accueille et nous invite à enter. C’est Ren qui me pousse à l’intérieur de cette petite pièce sombre où trône une table basse et quelques poufs. C’est sur l’un d’eux que mon cousin me force à m'asseoir avant d’approcher son visage du mien.. Attend moi là, je n’en aurai pas pour longtemps. Je le pousse de la paume pour qu’il s’éloigne d emoi et c’est dans un léger rire qu’il s’exécute et rejoint la bonne femme dans une autre pièce.

Je soupire et m’enfonce dans le poufs en espérant que cette mascarade ne dure pas trop longtemps. A peine cinq minutes plus tard, des nouveaux coups se font entendre de l’autre côté de la porte et je revois la même dame sortir de la pièce qu’elle occupe avec mon cousin pour ouvrir à la nouvelle venue. Je suis l’échange du regard, les bras croisés sur le torse, silencieux. La jeune fille qui rentre à son tour me dit quelque chose et c’est lorsqu’elle s'assit non loin de moi et qu’elle tourne le visage vers moi que le souvenir me revient : Poudlard. Elle semble s’en rendre compte également me pose directement la question. Oui. Tout comme toi. Je réponds cette fois en anglais. Je me souviens de l'avoir vu parmi les élèves à répartir en début d’année. Elle faisait partie des nouveaux arrivants, tout comme moi et ma famille. Elle retourne une des cartes de tarots devant nous tout en me demandant si je sais lire les cartes. J’hausse les épaules. Pas plus que ce qu’on apprend en cours de divination. Je me redresse légèrement pour regarder la dite carte un peu plus en détail. Et toi ? Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que Ren ne va pas sortir de cette pièce avant un bon bout de temps…

Rappelez moi de faire regretter à mon cousin de m’avoir fait venir ici pour simplement poser mon cul sur un pouf et attendre que madame la voyante lui lise la bonne aventure. Ce ne sont que des conneries à mes yeux et je ne comprends pas comment Ren peut croire à ces balivernes. Seules nos actions dessinent notre chemin et non pas des cartes. Je peux encore admettre qu’il existe de véritables prophéties mais de là à croire la première voyante du coin, cela me sidère. Je serre les dents en espérant que son rendez-vous ne dure pas non plus des plombs, l’odeur des bougies me donne déjà mal à la tête. Des coups à la porte attire mon attention et une nouvelle venue apparaît dans l’encadrement de la porte. La bonne femme qui nous accueillis mon cousin et moi lui propose de prendre place dans l’attente que son entrevu actuel se termine. Nos regards se croisent et rapidement, nous nous rendons compte que nous nous sommes déjà vu. La brune prend la parole en premier et mentionne tout de suite Poudlard. Je confirme ses dires tout en lui précisant la reconnaître également. J’hésite entre me moquer ou lever les sourcils face à sa remarque sur mon accent mais je finis par préférer la neutralité avec simple haussement d’épaule avant de répondre. Bien vu. Sherlok. une pointe de moquerie s'invite tout de même dans le ton de ma voix.  Je suis coréen. Je réponds plus sérieusement. De toute manière, cela se voit que je ne suis pas occidental. Je ne lui retourne pas la question, m’en souciant guère. Je sais juste qu’elle est également nouvelle à Poudlard depuis cette année et que par conséquent elle était scolarisé ailleurs. Pour autant, je me moque bien de ses origines. Je réponds d’un sourire poli au sien bien plus sympathique. Agatha. Au moins je saurai mettre un nom sur un visage que je ne pense pas avoir beaucoup croisé durant les premiers mois. Seo jin Kyung. Serpentard. Pas la même maison et elle semble plus âgée que moi. Étonnant que ce soit ici, dans un cirque à Paris que nous nous rencontrions et échangions nos identités.

Peu bavard, et pressé de quitter ce lieu, je reste silencieux, me souciant peu de l’ambiance gênante que cela puisse mettre dans cette pièce intimiste. Depuis mon départ de Mahoukotoro et la perte du trône que je possédais là-bas, je ne suis plus autant enclin à faire la conversation avec le premier venu. Les autres m’intéressent peu sauf s’ils ont un quelconque intérêt à m’apporter. Agatha ne partage pas le même avis que moi et le silence pesant semble la déranger. Du coin et de l'œil je la vois retourner une des cartes du tarot qui nous fait face tout en me demandant si je sais lire les cartes. Je n’ai pas spécialement la fibre astrologue. Pas étonnant étant donné que je n’y crois pas spécialement. Mon inscription en divination vient plus d’un choix par dépit que par réel croyance. A l’inverse, la gryffondor m’informe avoir pas mal pratiqué dans son ancienne école. Laquelle ? Je demande finalement afin de meubler un peu la conversation.

Je me redresse un peu plus et dépose mes coudes sur mes genoux alors qu’elle me propose de lire mon avenir pour cette nouvelle année dans les cartes. D’un signe de la main en direction du paquet, je lui fais comprendre qu’elle peut se lancer si cela lui fait plaisir. De toute manière c’est soit ça soit regarder les murs en attendant que Ren veuille bien sortir de sa séance.  Je la laisse mettre les arcanes devant moi et me demande d’en choisir trois. Je prends le temps d’inspecter la ligne devant moi et en sort trois de celle-ci : deux à gauche et une au centre, puis plante mon regard sombre dans celui qui me fait face, un sourire en coin sur le visage.

Que disent-elles ? Vais-je trouver le grand amour cette année ? Je vous ai dit que je n’y croyais pas spécialement ?

Peu loquace d’ordinaire, aujourd’hui n’échappe pas à la règle. Seuls ceux qui me connaissent bien profitent généralement de mes longues conversations. Je n’aime pas devoir chercher un sujet sur lequel discuter avec des inconnus ou simplement avec les personnes qui partagent la même pièce que moi. Gênant ? Je m’en moque, ce n’est pas ce que je ressens. Je ne suis pas là pour me faire des amis de toute manière. J’ai bien compris que cela n'apporte finalement rien de bon à part se sentir vulnérable aux moindres pas de travers. Je l’observe tapoter du doigt la table qui lui fait face, comme pour chasser la gêne qui l’entoure. Elle commence la conversation, je réponds simplement à ses questions. Mes origines ? Coréenne. Mon nom ? Je le lui donne. De toute manière, elle l'aurait su autrement. Mon ancienne école ? On est rattaché à l'école Japonaise. Mahoutokoro. La meilleure école qui puisse exister. Mais il a fallu des bruits de couloirs et des échanges de coups pour que je ne puisse plus y mettre les pieds.

Ses doigts ont arrêté de tapoter contre le bois de la table pour s’affairer sur un paquet de cartes de tarot un peu plus loin. Je l’observe en retourner une tout en me demandant si je suis capable de lire les cartes. J’hausse les épaules, pas très réceptif à certaines façons de lire l’avenir, les cartes en faisant partie. C’est l’inverse la concernant et, plus par politesse, je lui demande de quelle école elle parle. Je me redresse légèrement lorsqu’elle m’indique avoir été scolarisé aux Etats Unis. N’est ce pas également de Ilvermorny que Baby vient ? Alors c’est fort probable que les deux se connaissent mais je garde ma réflexion pour moi.

J’accepte sa proposition afin d’occuper le temps, choisi trois cartes que la brune va retourner l’une après l’autre tout en m’indiquant ce que cela représente. Je fronce les sourcils à la première lecture, un peu surpris que certains éléments correspondent un peu à mon caractère. Je ne me qualifierai pas de perfectionniste mais je mets toutes les cartes de mon côté afin de répondre à ce que l’on attend de moi. La deuxième et la troisième cartes me font doucement me tendre de par sa véracité. Je ne sais pas pourquoi mais l’entendre me fait sentir vulnérable et je ne supporte pas cela. Je me remet doucement en arrière, comme une façon inconsciente de me protéger de quelque chose. Un mouvement défensif. Ce que j’en pense ? amugeos*La remarque sort à voix basse, en coréen, alors que je lui lance un regard indéchiffrable. Puis, je me redresse, comme si les quelques secondes passées n’avaient pas existées. Je ne crois pas spécialement aux cartes contrairement à l’abruti qui est à l’intérieur. Cette fois-ci, je le dis plus fort, dans un bon anglais tout en pointant du menton la pièce où se trouve mon cousin.

A ton tour Je n’ai de loin pas la fibre pour cela mais je veux vite passer la partie où on parle de mon avenir et changer de cible surtout. Je regroupe les cartes en un tas d’un geste un peu trop vif, l’un de mes doigts glissant sur le rebord coupant d’une d’entre elles. Je retire ma main dans un sifflement douloureux et porte mon doigt, dont quelques gouttes d’une écarlate commencent à goutter, à mes lèvres par reflex.

*N’importe quoi

J’hausse à peine un sourcil devant ses remarques des moins originales et qui ne semblent pas pour un sous sincère. Rien que de la flûte pour paraître polie et cordiale. Je ne me donne pas la peine d’en faire de même. Je ne connaissais pas grand-chose à l’Angleterre avant de débarquer à Liverpool et mes séjours dans les autres pays consistent la plupart du temps à rester dans le logement dans lequel nous séjournons et à visiter les coins les plus touristiques et à participer à des soirées mondaines. Autant dire que je ne connais strictement rien à ces derniers et donc encore moins aux Etats-Unis où Agatha vivait avant. Dans un silence pesant, elle finit par me proposer de me lire les cartes. Ce n’est pas par croyance que j’accepte mais bien par ennui. Mon cousin n’a pas l’air de vouloir sortir de cette pièce avant un moment et nous regarder dans le blanc des yeux, avec la brune, n’est clairement pas une activité qui me tente. Je la laisse étaler les cartes devant moi et en tire trois sans vraiment réfléchir. Et pourtant, l’interprétation qu’elle en sort me surprend autant qu’elle m’irrite. Bien trop proche de la réalité. Au point que j’en viens à me reculer, marmonnant dans ma langue natale avant de reprendre contenance, sans prendre la peine de lui traduire ce que je venais de dire, et de simplement affirmer que je ne crois pas spécialement aux cartes contrairement à celui qui occupe la pièce d’à côté. Un demi sourire en coin s’étale sur mon visage alors qu’elle m'avertit de ne pas jurer dans l’antre d’une diseuse de bonne aventure afin de ne pas attirer le mauvais œil. Si seulement elle savait. Le mauvais oeil à l’air de me suivre depuis ma naissance.

Afin de mettre fin à mon tour et de passer à autre chose, j’attrape les cartes et lui annonce que c’est à son tour. Je ne suis pas spécialement doué pour tirer les cartes mais je sais manier les mots et pipoter quand il le faut. J’attrape le paquet de cartes et commence à les rassembler lorsque mon doigt dérape le bord de l’une d’entre elles, entaillant ce dernier. D’un geste rapide le porte à ma bouche, dans un reflexe stupide de vouloir faire stopper le sang qui commence à couler sans même me soucier de ce que ce geste allait provoquer.

La suite se passe trop vite et je n’ai pas le temps de comprendre ce qu’il se passe. Mon regard remonte sur le visage d’Agatha à la mention de mon doigt, surpris par sa voix basse en total contraste avec celle qu’elle employait jusqu’à présent. Puis, sans que je puisse faire quoi que ce soit, ses doigts se referment autour de mon poignet, d’une force bien supérieure à ce qu’on aurait imaginé d’une jeune fille, au point de me faire mal. Debout devant moi, la jeune brune souriante, il y a encore quelques secondes, n’est plus là. Qu’est-ce.. qu… Son regard me tétanise, tout autant que sa voix, son ordre. J'entend littéralement mon cœur cogner contre ma cage thoracique alors que le poids qu’elle met sur mon bras me bloque dans mon siège. Je n’arrive pas à détacher mes yeux de son visage et de ses yeux qui semblent avoir pris une teinte différente, presque rougeâtre. J'ai la sensation d’être une proie sous son regard.

Ma tête me crie de m'enfuir, épelant le mot définissant ce qui est devant moi sans que je n’arrive à le comprendre, mais je me sens incapable de faire un geste ou du moins, un geste qui pourrait la faire lâcher prise. Mes muscles se tendent et doucement, presque tremblant, je pose ma main sur son poignet pour repousser ce dernier. Mais mes gestes sont bien trop faibles pour que cela ne fasse quoi que ce soit. Lâche-moi….

L’étau est douloureux autour de mon poignet mais aucun de mes gestes ne me permet de m’y dégager. Mon regard n’arrive pas quitter le visage qui me surplombe, alors que je reste assis sur mon pouf, incapable de bouger, stupéfait et terrifié par la tournure des évènements. Comment en est-on arrivé là ? Je connais à peine Agatha mais son attitude n’a rien à voir avec une simple élève de Poudlard. Il y a quelque chose d’animal dans son regard et je me sens comme sa proie, mon cœur tressautant à cette constatation. Je bande mes muscles mais rien n’y fait, je n’arrive pas à me défaire de sa poigne. Je ne comprends pas où elle veut en venir et pourquoi elle dit ne pas pouvoir faire autrement. Comme mû par un instinct de survie, je lui ordonne de me lâcher entourant son poignet de mes doigts mais cela ne change rien. Notre force n’est pas comparable. La sienne est inhumaine et son touché me glace tout autant que sa voix douce. J’ouvre grands les yeux alors que je les vois distinctement. Ses canines. J’arrive enfin à associer les lettres dans ma tête et comprendre enfin le mot qu’elles forment. Vampire. Agatha est un vampire ! La peur s’immisce en moi alors qu’elle rapproche mon index à ses lèvres. Tout se passe au ralenti sans que je ne puisse faire quoi que ce soit et qu’un seul mot n’arrive à sortir d’entre mes lèvres, comme muet. Je sens sa langue lécher l’extrémité de mon doigt blessé, effaçant la goutte de sang qui en sortait. Et après ? Les secondes qui suivent me semblent être des minutes durant lesquelles je retiens ma respiration comme préparée au pire.

Puis, plus rien. L’étau se desserre, jusqu’à ne plus exister, laissant la douleur seule preuve de son passage. Dans un mouvement que je ne contrôle pas, je porte ma main contre moi, toujours incapable de détacher mes yeux de son visage. Je la regarde s’éloigner et reprendre sa place initiale. Je suis le moindre de ses mouvements comme si dans les secondes qui allaient suivre elle allait à nouveau se jeter sur moi. Le mot vampire me martèle la tête et m’ordonne de m'enfuir, là tout de suite. Pourtant, je reste là comme si mes jambes refusaient de m’obéir.

Vraiment… Je lâche à voix basse après son constat. Ses mots me réveillent de ma stupeur et c’est d’un bon que je mets sur mes pieds et m’éloigne d’elle. Reste loin de moi. Comme si cette phrase pouvait empêcher quoi que ce soit. Mais que voulez-vous, l’instinct de survie fait dire des choses totalement inutiles.

Je regarde autour de moi, cherchant la porte de sortie dans l’optique de m’enfuir et de m’éloigner d’elle le plus possible. Pourquoi faut-il que je tombe encore sur une de ces créatures répugnantes ? Poudlard accepte vraiment tout le monde ? Même les êtres les plus dangereux ? Pas étonnant qu’il s’y passe des tragédies après. D’un pas rapide, je réduis la distance entre moi et la porte et pose ma main sur la poignet de celle-ci pour m’enfuir et prévenir les autorités mais je me retrouve à suspendre mon geste alors que mes pensées fusent dans mon esprit. Mon cousin est encore là. Et qui me croirait ? Je porte ma main devant mes yeux, comme cherchant la moindre marque pouvant prouver mes dires. Mais rien… Juste cette entaille ridicule. Agatha n’a… rien fait. Je laisse retomber mon bras le long de mon corps alors que ma tête rencontre le bois de la porte, les yeux durement fermés, la mâchoire contractée.

Et maintenant ? Qu’est ce que tu vas faire ? Ou plutôt qu’est ce qu’elle va me faire, maintenant que je suis au courant de sa nature et que je peux le crier sur tous les toits. Dans cette situation, je ne sais pas du tout qui a le pouvoir sur l’autre. Moi, qui connait son secret ou elle qui peut me réduire au silence en un claquement de doigt ?

Encore sonné, je mets du temps à reprendre mes esprits et à prendre conscience de ce qu’il vient de se passer. D’un bon, je me mets sur mes pieds et recule, ordonnant à la brune de ne pas rester loin de moi. Je vois nettement ses canines rétrécirent alors qu’elle ferme les yeux et se rassoit à sa place. Le palpitant plus rapide qu’à l’ordinaire, je regarde autour de moi, dans l’optique de trouver la sortie. L’instinct de survie veut que je prenne la fuite et mette de la distance entre cette vile créature et moi-même. Main sur la poignet de la porte, je suis prêt à obéir à mon instinct jusqu’à ce que je me rappelle que mon cousin est encore présent, de l’autre côté de la seconde porte. Et surtout, qu’est ce que je ferai ensuite ? Le crier sur les toits ? Qui me croirait, je n’ai aucune trace sur moi et Agatha s’est arrêté avant de me faire le moindre mal. Elle m’a simplement révélé sa nature. Je laisse retomber mon bras le long de mon corps, inspire à plein poumons et laisse tomber ma tête contre le bois de la porte. Mâchoire serré, je lui demande ce qu’elle compte faire maintenant. Question qui peut paraître stupide mais qui est pourtant légitime à mes yeux. Depuis quand laisse t-on ceux qui ont découvert un secret tranquille ? Moi, je ne le ferai pas.

Sa réponse me fait me retourner et planter un regard inquiet dans sa direction. Elle est sérieuse ? Je suis le moindre de ses gestes et cherche du bout des doigts ma baguette que je fourre quoi qu’il arrive dans la poche arrière de mon pantalon. Je sais bien que je n’ai pas le droit de l’utiliser en dehors de Poudlard mais on ne m’en voudra pas si c’est un cas de légitime défense non ? Puis, entre moi et une vampire, le choix est vite fait au sein de la communauté magique. Fort heureusement je n’ai pas besoin de me poser plus de question sur la manière de procéder si elle osait me voir à nouveau comme son festin.

Très drôle.

Je grince des dents et je sens la colère gronder en moi. La peur disparaît petit à petit et mon envie de fuir est déjà une histoire ancienne. J’insupporte les paroles qu’elle enchaîne comme si elle me prenait pour un crétin qui acquiesce à la moindre de ses demandes juste par peur de se faire dévorer tout cru. Pour qui me prend-elle ? Son air désinvolte, ses propositions d’aller visiter Paris avec mon cousin et faire comme si cela n’avait jamais existé me donnent simplement envie de me montrer plus provocateur qu’elle.

Tu t’imagines donc que je vais faire comme s’il ne s’était rien passé ?

Je balaye de la main tout ce qu’elle vient de dire. Mon regard froid ne se détache plus d’elle. Au revoir l’adolescent qui voulait juste mettre de la distance entre lui et la créature. Je n’aime pas que l’on me dise quoi faire et encore moins que l’on me prenne de haut.

Je n’ai pas cette bonté d’âme.

Je n’ai pas spécialement de bonnes manières dans ce genre de situation. Et je ne fais rien gratuitement. Mon silence s’achète. Ma nature provocante prend le dessus et j’oublie presque que le danger n’est qu’à quelques centimètres de moi. Un rictus se dessine sur mon visage alors qu’elle me conseille de recouvrir ma blessure tout en m’affublant d’un surnom stupide. Je regarde tour à tour mon doigt puis le visage de mon interlocutrice. Puis d’un mouvement lent, je monte ma main devant mon visage. Comme ça ? Sans attendre sa réaction, j'entrouvre les lèvres et y dépose mon doigt blessé entre, rappelant ainsi le même geste qu’elle avait eue quelques minutes auparavant. Je suis bien conscient que je joue avec le feu et mes doigts se serrent à nouveau autour de ma baguette, guettant le moindre geste d’ Agatha.

Il me faut quelques instants avant de reprendre totalement mes esprits, prenant encore uax premiers degrés les remarques stupides de celle qui, encore quelques minutes auparavant, était quasiment prête à planter ses canines dans ma peau. Rien que ce souvenir me donne des frissons. Regard couroucé dans sa direction, je lui fais remarquer que son humour n’est pas du tout à mon goût. Elle ne fait qu’attiser un peu plus ma colère, laissant la peur disparaître progressivement. Cette fille me prend pour le premier des crétions et son air désinvolte me donne envie de lui montrer qu’elle n’est pas celle qui a le dessus dans cette conversation. Après tout, c’est moi qui détient son secret et si elle ne veut pas que cela s’ébruite accidentellement au château, il vaudrait mieux qu’elle se calme.

Regard de glace figé sur le visage de la garce qui me fait face. La peur s’est totalement dissipée. Au lieu de ça je la provoque et lui fait comprendre que cela ne va pas se terminer comme ça. je n’ai jamais plié devant quelqu’un qui ne méritait pas mon respect et je me moque bien de ce qu’elle en pense. Discrimination ? Mais c’est totalement le cas. depuis quand un sous-être peut s’imaginer être au même niveau que les vrais sorciers ? Je me moque bien de savoir de quand, ou et comment elle est devenue cette chose. Le fait est qu’aujourd’hui, elle n’est plus une sorcière qui mérite son respect et son silence. Je n’ai pas cette bonté d’âme contrairement à d'autres et le moindre effort demandé de ma part demande contrepartie. Elle appelle ça du chantage. elle n’a pas tord. C’est clairement ce que je suis entrain de faire.

Je ne savais pas qu’il y avait un âge requis pour faire du chantage.

Ironie à peine dissimulée. Et en plus elle me prend de haut et pour un gosse de onze ans. S’imagine t’elle avoir je ne sais combien d’année de plus que moi alors que tout au plus deux doivent nous séparer ? Cette fille est insupportable. Elle ne se démonte pas facilement ce qui a le don d’à la fois m’irriter et de perseverer. Je ne serai pas celui qui se fera bouffer. Sans mauvais jeu de mot. rictus moqueur qui se dessine sur mes lèvres alors qu’elle prend enfin un air sérieux en me demandant ce que je veux pour garder son silence. Je fais mine de reflechir, toujours le doigt dans la bouche avant de le retirer de manière définitive et d’hausser les épaules. La question est plutôt, que penses-tu pouvoir m’apporter ? Ce que je recherche, je suis certain qu'elle ne peut pas me le donner. je suis le seul à pouvoir faire les efforts pour accéder à la place que je mérite d'avoir. Et faire confiance à un vampire, même pas en rêve. Ha et oublie l'argent, je ne suis pas en manque.