Poudlard, Septembre 2023. Mon écriture est ronde, appliquée. Presque féminine. J'attends une seconde que l'encre sèche et colle correctement l'étiquette en haut de la page. L'an dernier, j'ai dû faire exactement la même chose qu'aujourd'hui, j'imagine. Mettre en bazar mes souvenirs sur mon lit et revenir silencieusement sur les premiers pas de l'année... Une vie entière s'est enfuie depuis ce jour-là. Une ou plusieurs, j'ai du mal à savoir vraiment. Et aujourd'hui, les souvenirs qui s'étendent à perte de vue sur ma couverture ne me donnent pas vraiment envie d'y repenser. Comme souvent, les sentiments vont et viennent. Tout va mal. Tout va bien. Tout va très bien. Tout va très mal... Je crois que je préférerais encore quelque chose de neutre mais de constant. N'aller ni bien ni mal mais que rien ne change. Un soupir m'échappe alors que j'attrape le double de la photo que j'ai envoyée à Milo l'autre jour. Elle n'est pas « magnifique », quoi qu'il en dise. Elle est un peu floue, particulièrement mal cadrée... Je la colle proprement sur la page. Je n'ai pas cherché à faire en sorte qu'elle soit jolie, en réalité. Je voulais juste qu'elle existe. C'était un peu l'espoir bancal d'un renouveau agréable. Après toute la merde de ce début d'année, son retour à mes côtés offrait ce qui ressemblait à un repos bien mérité. Le silence qui règne dans la chambre est pourtant sans appel : le repos a été de courte durée. C'est ma faute, je le sais bien, mais qu'est-ce que ça change ? Son absence est difficile à supporter. À peine l'ai-je retrouvé qu'il est déjà reparti. Est-ce que c'est ridicule de se sentir abandonné pour si peu ? Sûrement... Et ce que j'avais pris pour une nuit exemplaire s'est prolongée sans que je m'y attende. J'ai fait ce que j'ai pu pour lui faire savoir à quel point j'étais désolé mais rien y fait. Je ne pense pas qu'il s'en fiche. Mais j'ai un peu de mal à comprendre. C'était stupide, totalement, et je suis prêt à le reconnaître tant qu'il faudra ! Mais est-ce que ça vaut une telle punition ? Il faut bien reconnaître que ça me fait un peu peur pour la suite... Est-ce qu'il va me laisser en plan comme ça à chaque fois que je ferai un pas de travers ? Parce que je ne me fais pas trop d'illusions, toute la bonne volonté du monde ne suffira pas à me rendre doué, intelligent, réfléchi, que sais-je encore... Alors des merdes, j'en ferai forcément. Je l'ai prévenu dès le premier jour... Il fallait qu'il s'attende à ce que je sois le pire copain du monde... Et il faut croire que je suis à la hauteur de ma prétention. Si le moindre pas de travers le pousse à fuir pendant des nuits entières, j'imagine qu'il serait plus simple pour lui de remettre ses affaires dans son dortoir.

Les pages se remplissent lentement. Je m'attarde, je repose, je reprends. Même ça, c'est pas fluide. Je ne sais pas faire les choses bien du premier coup. Je n'ai jamais su. Peut-être que je saurai jamais. J'en sais rien... L'année qui vient de s'écouler tend à le prouver. Toute la merde que j'ai pu faire, cette année... Tout ce que j'ai pu faire était un échec, une connerie. Et s'il en a découlé quelque chose de positif, ça tient du miracle, moi, je n'y suis pour rien. Il faut être réaliste : je n'ai strictement rien fait de bien. Et je continue sur cette lancée. Je ne fais rien de bien. Lorsque des choix s'offrent à moi, je fais systématiquement les mauvais et j'observe désespérément les conséquences par la suite. C'est l'histoire de ma vie, je crois. Me planter. Regretter. Me planter encore. Regretter toujours... Petit à petit, la trentaine de clichés perdus sur mon couvre-lit disparaît. Je me suis accroché à ça, ces derniers jours. Aux habitudes perdues. Pour éviter de réaliser que celles retrouvées m'échappaient déjà. Et voilà le résultat... Un tas de rien. Ou de pas grand chose en tout cas. Une fille que je ne connais pas en train de jouer du piano. Alaska aperçue depuis le haut des escaliers. Mon copain s'éloignant dans un couloir. Les mouvements du Calmar Géant visibles à la surface du lac. Un hibou abandonné au milieu des nuages d'un matin pluvieux. Le vide quasi-total de mon existence à Poudlard. J'ai un peu de mal à réaliser comme tout a changé. Il y a un an, je n'imaginais pas ma vie ailleurs. J'étais chez moi, ici. Ces gens, c'était ma famille presque. Je me sentais plus à ma place parmi eux que je l'étais à Lucan... Et maintenant... Je ne sais plus vraiment où elle est, ma place. J'ai tendance à penser naturellement « dans ses bras » mais elle n'a pas l'air très stable. Alors je ne sais définitivement pas. Ni ici, ni là-bas. Je me sens étranger où que j'aille et je déteste particulièrement cette impression. Pourtant, j'en suis le seul responsable. Parce que je suis un sorcier, parce que j'ai refusé de m'impliquer, parce que je l'ai trop fait, parce que j'ai été complètement débile... Tout est ma faute. Depuis le début. Je termine patiemment ce que j'ai commencé et m'adosse à la tête de lit. Il ne reste plus que deux ou trois photos que j'ai décidé de ne pas ranger. Parce qu'elles sont particulièrement moches. Non pas que les autres soient réussies mais elles sont potables. Je referme mon album, non sans la sensation rassurante du travail accompli. Ça fait des jours que je repousse sans trouver la motivation de faire quoi que ce soit. Il faut bien avouer que ces quelques derniers jours, avoir le courage de sortir de mon lit le matin ressemble déjà pas mal à un exploit alors le reste... Mais bon ! Au moins c'est fait. Et puis ça aura tué une bonne heure. Peut-être un peu plus. Un peu de temps pendant lequel je me suis moins rendu compte que le dortoir était toujours désert. Maintenant, c'est difficile de faire comme s'il n'y avait rien. Et en bon lâche que je suis, je projette déjà ma fuite. J'ai un devoir à faire. Pour la fin de la semaine prochaine, certes, mais qu'importe. Au moins, ce sera fait... Tout est bon pour ne pas rester ici bien longtemps. Y faire vraiment ce que j'ai à y faire et dormir. Pas plus. Et encore, dormir, il faut le dire vite...

Au prix d'un effort de dingue, je me lève enfin. J'attrape les photos restantes, j'en fais une boulette et vise la corbeille. Raté ! Je hausse les épaules en soupirant une fois de plus. Mes doigts se referment sur la tranche de mon classeur et je vais sagement le remettre à sa place. Je n'aime pas vraiment laisser traîner mes affaires. Une habitude idiote prise à force de voir quatre imbéciles fourrer leur nez dans ce qui m'appartient et que j'ai finalement gardé ici, en sachant pourtant que les risques étaient moindres. Je veux dire, c'est pas Jaspe et Keagan qui auraient été faire leur vie dans mon bazar et Milo peut bien le faire s'il veut, ça me dérange pas... Mais bon, au moins, ça évite que ce soit vraiment trop le bordel dans le dortoir, c'est toujours ça. J'en profite pour mettre la boulette dans la corbeille et vais pour récupérer mon bouquin d'études des moldus et quelques parchemins vierges pour aller me poser dans un coin de la salle commune, près de la cheminée si elle est allumée tant qu'à faire. Mais avant que j'ai le temps de faire quoi que ce soit, la porte du dortoir s'ouvre. Bêtement, je sursaute. Mais il ne me faut qu'une seconde pour afficher un sourire immense en voyant la bouille de Milo se glisser à l'intérieur avant de refermer. « Salut ! » Je repousse discrètement mon livre comme si je n'avais jamais songé à le prendre. Je n'ose pas vraiment bouger, comme s'il risquait de se rendre compte que je suis là et de disparaître dans la seconde parce que je ne le mérite pas. « Salut ! » Je ne le lâche pas des yeux, un sourire idiot accroché aux lèvres. Malgré moi, j'espère qu'il décide de dormir là, ce soir. Mais j'imagine qu'il a juste quelque chose à récupérer. Finalement, j'abandonne mon bureau et traverse la chambre. Mon bras glisse autour de sa taille alors que je plaque un chaste baiser sur ses lèvres. Il devait bien imaginer que j'étais là en venant de toute façon, alors tant pis pour la révélation. « Je savais bien qu'il manquait quelque chose dans ce dortoir... » Autrement dit, c'est tellement mieux quand t'es là... Je pose un bisou sur sa joue et reprends légèrement mes distances. Espérons juste qu'il y reste, maintenant...

Je ne m'attarde pas. J'ai peur de m'imposer. Je sais bien que c'est stupide mais c'est plus fort que moi. S'il est là, c'est sûrement pas pour rien. Je veux dire... S'il faisait la tête et qu'il n'avait pas envie de me voir, il serait venu, aurait récupéré ce qu'il voulait et serait reparti aussitôt, sans m'accorder un regard ou presque. Là, son bonjour enthousiaste laisse quand même penser que ma présence ne le dérange pas... Mais ça ne change rien. Je crains de le déranger quand même. Je n'ai pas envie de le forcer à me repousser tout comme j'ai pas envie qu'il le fasse. Alors je m'éloigne tout seul, comme un grand. Un peu à contre-coeur je l'avoue. Carrément à contre-coeur, en réalité. J'ai l'impression de marcher sur un fil, je n'aime pas vraiment ça. Est-ce que ce sera ça tout le temps, entre nous ? Flipper à l'idée de faire un geste qui ne lui plaît pas ou de lui donner des raisons de fuir à nouveau ? J'espère pas. J'ai aucune envie qu'il s'en aille. C'est chez nous, ici. Enfin, ce qui y ressemble le plus. Sa place est là. Depuis le début. C'est sûrement méchant pour mes anciens camarades de dortoir mais le manque laissé par leur absence s'est vite atténué à partir du moment où il s'est installé. Et cette année n'a pas été différente. Les premiers jours n'ont fait que me rappeler ceux qui n'étaient plus là, tous autant qu'ils étaient, et puis il est revenu et les souvenirs se sont enfuis. Je reste là, planté comme un crétin, à le fixer comme si le moindre battement de cil risquait de suffire pour le faire disparaître. Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas quoi dire... Je ne sais pas. Le pauvre doit clairement se demander ce qu'il fout là. Pourquoi il est revenu ? Oh bah pour rester devant la porte en attendant que je daigne comprendre que ce serait pas mal de faire un truc. N'importe quoi ! Même si c'est juste aller me doucher ou faire mon devoir comme prévu... On s'en fout. Bouge ! Mais non. Je ne bouge pas. Lui oui, en revanche.

Et sans crier gare, il se jette dans mes bras comme si ça faisait des mois qu'on ne s'était pas vus. Il m'enlace et enfouit son visage dans mon cou. Je frissonne. Mes bras glissent autour de sa taille une fois de plus avant que je ne le serre contre moi avec toute la tendresse du monde. Son souffle s'écrase sur ma peau. Sa chaleur m'enveloppe totalement. On doit avoir l'air con, ici, au beau milieu de notre dortoir, accrochés l'un à l'autre comme si nos vies en dépendaient. La mienne en dépend sûrement un peu. Presque timidement, je lui caresse les cheveux. Mes lèvres se perdent entre ses mèches blondes. Il sent bon. Il sent la maison. Il est la maison. Ça fait quelques jours à peine et pourtant c'est comme si ça faisait une éternité. Mon cœur bat incroyablement vite. « Tu m'as manqué. » Je resserre mon étreinte et me sens sourire bêtement. D'un côté, il n'avait qu'à pas partir, en même temps. Si je reconnais que j'ai fait une bêtise, il n'était pas obligé de m'abandonner pendant des jours et des jours. « Toi aussi, tu m'as manqué. » Le monde se remet doucement à tourner. Ma main glisse le long de son dos, y abandonnant des câlins distraits. Je suis bien là. Je suis vraiment bien là. Et il n'a pas l'air de penser le contraire. En tout cas, il n'a pas tenté de s'échapper jusque là. Et s'il le faisait ? J'aurais du mal à le retenir mais au moins autant à le laisser partir. Il m'a tellement manqué. Je ne veux pas avoir à supporter son absence une seule seconde de plus. « Tu pourrais juste aller à l'autre bout du lit, la prochaine fois, ce sera largement assez loin. » C'est loin d'être méchant. Même pas taquin pour une fois. Juste carrément désespéré. Je préfère qu'il m'en veuille à côté, s'il doit m'en vouloir une fois de plus, plutôt qu'à l'autre bout de Poufsouffle. Je ne sais pas trop ce que ça donnerait, vu le peu de place qu'on y a, dans ce lit, mais je sais que ce serait déjà assez difficile à supporter ! J'en ai complètement oublié mon devoir, mon envie de fuir cette pièce... Tout. Il n'y a plus que lui. Et ça me suffit largement.

La culpabilité qui m'étouffait depuis des jours s'éloigne un peu. Il est de retour, je peux enfin souffler. S'il est là, c'est qu'il ne m'en veut plus tant que ça, hein ? Je note, n'empêche, que le jour où on habite ailleurs, il ne faudra pas acheter de canapé. Ni avoir de chambre d'amis. Sûrement même pas de chaise ou de fauteuil d'ailleurs. Rien qui puisse ressembler de près ou de loin à une bonne idée pour passer la nuit. Cette réflexion débile me tire un léger sourire alors que je le force tendrement à relever la tête pour l'embrasser à nouveau. Plus sûr que la première fois. Plus à ma place peut-être aussi. Je n'ai plus l'impression de l'obliger à quoi que ce soit, ni même d'être forcément dérangeant. S'il est contre moi, c'est parce qu'il le veut. Il le veut. Je l'embrasse à n'en plus finir, je rattrape le temps perdu. Lorsque je lui rends sa liberté, mes joues sont rouges, mon sourire complètement absent et même si je suis incapable d'en avoir la moindre certitude, je suis sûr que j'ai les yeux brillants. Je retrouve mes habitudes et mon air con. Ça me va. « Tu dors avec moi, ce soir ? » J'imagine que oui, ça ressemble quand même pas mal à une réconciliation, ça, hein ? Mais d'un autre côté, je préfère être sûr plutôt que d'espérer bêtement et de le voir m'échapper au dernier moment. Je n'ai pas envie d'avoir à faire face à son absence, au lit vide et froid, aux matins sans lui. Je crois qu'on a assez donné. Les jours qui viennent de passer, évidemment, mais tout l'été aussi... Il vient à peine de revenir, je n'ai pas envie de le voir partir tout de suite. Ni jamais. On a qu'un an, s'il en passe la moitié loin... Non. Il n'y a aucune raison. Il va rester. Il va rester... Et comme pour m'en assurer, ma main quitte son dos et les deux s'accrochent discrètement à ses hanches. Tout en moi crie presque « m'abandonne pas »...

Je crois que ces quelques jours étaient bien pires que les deux mois de vacances... Parce qu'au début des vacances, on n'avait pas le choix, même si on avait voulu dormir ensemble, je doute très franchement qu'on nous aurait laissé faire au beau milieu de l'infirmerie alors que je galérais juste à respirer profondément sans avoir mal. Et puis après, sans qu'il y ait une quelconque habitude, on avait pris le pli et puis, c'était mieux comme ça. On était jamais seuls et puis on ne savait pas vraiment où on en était... Alors même si c'était difficile, intérieurement, je me suis vite fait une raison. C'était normal. On ne dormait pas ensemble non pas parce qu'on ne le voulait pas mais parce qu'on ne le pouvait pas. Et le retour à Lucan a continué dans cette voie. Et puis il y a là, où après quelques nuits auprès de lui, c'est fini. Pouf. Comme ça. Après m'avoir rendu ma vie, on me l'a enlevée à nouveau. Genre normal. Et c'était pas parce qu'on pouvait pas, c'était parce qu'il voulait pas. Et sérieusement, c'est beaucoup plus compliqué à accepter. Il ne voulait plus dormir avec moi. C'était pas une question de « tu me touches pas, je boude », c'est que je ne méritais même pas sa présence. Pendant quatre jours. Même encore maintenant, je suis pas certain que la faute soit à la hauteur de la punition. Mais d'un côté, sûrement que si. Jamais il ne l'aurait fait si ça ne tenait pas la route. Qu'est-ce que ça aurait été si j'avais eu le malheur de cacher un truc important ? Il m'aurait largué ? J'aurais passé des semaines à désespérer ici avant qu'il ne revienne l'air de rien pour se refaire sa place dans notre dortoir ? Je sais pas... Au moins, il peut être certain que le message est passé. Il n'hésitera pas à me faire regretter mes écarts de conduite. Et je sais pertinemment que ça marchera. Déjà parce que j'ai aucune envie de le blesser mais également parce que j'ai peur qu'il s'en aille à nouveau. Et je dois bien reconnaître que derrière le bonheur intense que me procure son retour à la maison pointe une léger déception. Pas envers lui, bien sûr, mais envers moi. C'est que je me trouve un peu con, en réalité. Parce que je me rends bien compte qu'il aura gain de cause, tout le temps, qu'importe ce qu'il fait ou me reproche. Je suis juste bon à m'écraser et à le supplier inlassablement de me pardonner. Parce que je suis bien trop attaché à lui pour prendre le plus petit risque de le voir s'enfuir. Et ça me fait pitié. Je me fais pitié... Il est loin, l'insupportable abruti que j'étais avant. Je suis toujours aussi insupportable et abruti, évidemment, mais en plus je suis particulièrement dépendant... La seule chose dont j'étais à peu près fier s'est fait la malle et je suis même pas en mesure de le regretter, trop amoureux pour ça. En fait, il avait raison de rester loin. Je comprends même pas vraiment pourquoi il est revenu. Je mérite des baffes et lui certainement bien mieux que moi...

Pourtant, je ne dis rien. S'il se rend pas compte du temps qu'il perd à mes côtés, je ne vais certainement pas lui ouvrir les yeux. Je profite de son retour comme il se doit. La distance est morte, sauvagement assassinée. Les souvenirs d'absence et de solitude également. Il n'y a plus que lui tout contre moi, son corps si près du mien et son odeur entêtante flottant dans tout le dortoir. C'est comme s'il s'était rien passé. Non ! C'est mieux que s'il ne s'était rien passé. Le manque donne à son retour des airs de retrouvailles historiques. Et je me sens comme ces pauvres femmes voyant leur cher et tendre revenir du front après des mois. Alors que le mien a juste fait la tête à quelques mètres de moi. Mes doigts reprennent leurs droits sur lui et à en croire sa présence si proche, il n'a pas l'air contre. Tant mieux ! Je n'ai aucune envie d'arrêter ! Son étreinte se resserre, je soupire de soulagement. C'est dingue l'effet qu'il peut me faire. J'ai l'impression d'être de retour chez moi après des années d'absence. « D'accord... que si tu me promets de ne pas m'obliger à aller à l'autre bout du lit souvent ! » Je hoche la tête sans la moindre hésitation. Tout ce que tu voudras ! Et je sais très bien que je me plierai en quatre s'il le faut pour tenir ma promesse. Je serai sage. Docile. Obéissant. Je ferai tout pour être le petit-copain parfait et irréprochable qu'il devrait avoir. Je me fiche du travail que ça me demandera, du changement que ça nécessitera. Je veux juste qu'il voie en moi ce qu'il peut vouloir avoir, qu'il pose fièrement les yeux sur moi en réalisant qu'il n'y a rien qu'il pourrait me reprocher. Je veux être à la hauteur de notre couple. Et Dieu sait que j'en suis loin... Chaque dispute n'en est qu'une preuve de plus. Elles ont toutes été de ma faute. Toujours. Et le pauvre est toujours là. C'est qu'il doit vraiment m'aimer très fort pour supporter toutes mes erreurs... Combien de fois je lui ai fait de la peine ? Combien de fois je l'ai fait pleurer ? Combien de fois a-t-il dû regretter de s'être lancé dans cette histoire...? Je ne veux pas y penser. Et pour faire taire cette voix trop réaliste dans ma tête et oublier enfin totalement les heures passées à l'attendre désespérément, je l'embrasse. Pour de vrai. Un échange tendre et amoureux, bien loin de l'effleurement timide et hésitant dont je l'ai gratifié quand il est arrivé. J'aimerais que ça dure éternellement. Je me sens tellement mieux. Je ne suis plus orphelin. C'est complètement ridicule mais je m'en fiche. Le monde tourne à nouveau et ma vie reprend son cours. Il me faut un moment avant d'accepter de quitter ses lèvres, les miennes encore chaudes de ce baiser délicieux. Le doute existe encore malgré tout alors je fais ce que je peux pour le chasser. Et pour toute réponse, il m'offre un sourire rayonnant. Je crois que ça veut dire oui. Sans pouvoir contrôler quoi que ce soit, je souris en retour. Je suis heureux, là maintenant tout de suite. Profondément heureux. Oublié tout le reste, il n'y a plus que lui et la promesse de draps partagés. Que demander de plus ? « Oui. Ce soir... et demain... et après demain... et tous les jours qui suivent. » Mon sourire ne me lâche pas. Je dois avoir l'air bien bête, vraiment. Une vraie adolescente. « Il veut bien sortir avec moi, hiiiii », quelque chose comme ça. « Si tu veux de moi, bien entendu. » Oh bah c'est que je donne vraiment l'impression d'attendre qu'il retourne sur son canapé, au moins ! Pourtant, je hausse les épaules avec une indifférence difficilement feinte et probablement pas crédible pour une mornille mais qu'importe. « Hmm... Je suis pas sûr... C'est que j'ai repris l'habitude d'avoir toute la place. C'était pas si mal, tu comprends... » Comme si c'était possible ! Je n'attends que ça, moi, de ne plus avoir la moindre place, qu'il soit collé à moi à chaque seconde de chaque nuit ! Je veux ! « Faudrait vérifier qu'on tienne toujours bien à deux. » Je hausse les épaules comme si c'était la chose la plus évidentes. « Et rattraper le temps perdu, aussi. »

Est-ce que je veux de lui ? Est-ce que la question se pose vraiment ? Je crois qu'avec tout ce qu'on a eu à traverser depuis le début, si je n'en voulais pas, j'aurais laissé tomber depuis un bail ! Qu'il soit question d'une nuit ou de davantage ! Alors je veux. Évidemment que je veux. Son programme me plaît affreusement ! Ce soir, demain soir, après-demain soir et tous les autres soirs encore. Au moins jusqu'aux vacances de Noël. Qu'il ne découche pas rien qu'une autre fois ! Après, on verra. On rentrera chacun chez nous alors ce sera un peu plus difficile de passer toutes nos nuits ensemble. Mais nous ne sommes pas encore là. Il faut penser à aujourd'hui avant de penser à plus tard, j'ai bien retenu la leçon. Je chasse donc le plus tard de mon esprit et me reconcentre sur le maintenant. Et maintenant, c'est l'amour de ma vie contre moi, l'extermination de la distance qu'il avait mise entre nous et la promesse (je l'espère) que tout va s'arranger. Que tout s'est arrangé. Oui. Voilà. Tout s'est arrangé. Tout va mieux. Tout va bien. « Oui, je comprends... » Je sais que c'est pour rire, que jamais il ne croirait une bêtise pareille mais l'air qu'il prend me fait un peu de peine quand même. J'ai presque l'impression d'être un monstre. Qui refuserait son lit à un garçon aussi adorable que lui ? Même pour plaisanter... C'est pas très drôle, en fin de compte. Heureusement, il n'a pas l'air de m'en vouloir beaucoup et reprend presque aussitôt. « Je ne voudrais surtout pas te gêner dans ton cycle de sommeil. Tu vas te sentir tout étroit avec quelqu'un à côté, ne plus être libre de tes mouvements, tout ça, tout ça. » Je vois bien le sourire qui tente de se frayer un chemin sur ses lèvres. Mais il tient bon et parvient à rester à peu près sérieux. Forcément, je me détends légèrement. C'était pas drôle mais il n'a pas eu l'air de mal le prendre. Parce qu'il sait, hein, que je le virerais pas ? Il sait que j'attends que son retour depuis qu'il m'a abandonné lâchement dans cet immense dortoir tout vide. « Surtout que tu prends énormément de place. » Je suis sûr qu'on pourrait presque réussir à caser une troisième personne si on le voulait, tant on est collés l'un à l'autre chaque nuit que l'on passe ensemble. C'est pas de ma faute si j'ai besoin de le sentir tout proche pour bien dormir, quand même ! Et puis, mon inconscient veut pas qu'on s'éloigne, de toute façon. S'il a le malheur de bouger un peu pendant la nuit, je vais ouvrir un œil juste le temps de le coller à nouveau et me rendormir aussitôt. C'est la vie. Je suis sûr qu'il y a écrit quelque part dans le contrat « la distance c'est le mal » alors je m'y tiens. La distance, c'est le mal.

En attendant, c'est pas celle qui nous sépare qui est vraiment dérangeante. On a pas bougé. Pas d'un seul centimètre. Et je crois qu'on est pas vraiment pressés. Il faudra bien, pourtant. Quoi qu'on fasse. Ça va être dur de rester là, plantés comme des andouilles, toute la nuit. Le bout de mes doigts se fraye un chemin sous sa chemise, juste au dessus de la ceinture de son pantalon, et effleure timidement sa peau. Je frissonne. C'est une nouvelle découverte à chaque fois. La plus délicieuse des découvertes. « Tu crois que ça serait raisonnable ? » Je secoue la tête. Pas le moins du monde. Le sommeil c'est important et ce serait affreux qu'il vienne gâcher mes nuits avec sa présence étouffante, tout de même ! Mon sérieux s'est fait la malle et je le regarde avec l'air le plus idiot que j'ai en stock. Il est de retour et je m'en remettrai jamais. « Tu crois qu'on peut y arriver ? » Je secoue la tête une fois de plus. Évidemment qu'on ne peut pas ! Le contraire se saurait ! Dormir avec lui est un véritable calvaire, je suis bien content d'y avoir échappé, tout ça tout ça. Même moi, je suis bien incapable de me croire. Ma crédibilité est partie avec mon sérieux. Triste histoire. Et puis, c'est quoi cet air de défi, là ? Comme si me faire tenter d'y arriver pourrait changer la donne. On peut pas, on peut pas, j'y suis pour rien moi ! Je suis la victime de cette histoire ! Parfaitement ! « Ce serait la pire idée du monde, vraiment. On court droit à l'échec, mon pauvre ami... » Je glousse discrètement alors que mes mains terminent de se glisser sous le tissu. Il fait bon, là-dessous. « Mais soyons fous, tentons ! » Mon sourire s'agrandit. C'est trop tard de toute façon, il est revenu, je ne vais pas le virer. Ça ne se fait pas, n'est-ce pas ? On ne vire pas les gens de chez eux comme ça, genre normal. Et ici, c'est chez lui. C'est chez nous. Et aussi stupide que ça puisse paraître, je suis toujours un peu ému quand j'ouvre l'armoire et que je vois nos affaires sagement rangées au même endroit. Ça fait pitié, peut-être, mais ça fait partie des choses que j'aime le plus dans ma journée. Le genre de détails sans importance pour beaucoup mais qui fait sans le moindre mal partie de ma liste de petits bonheurs quotidiens. « Rattraper le temps perdu ? Et comment je peux faire ça ? » Je hausse les épaules. C'est que j'y ai pas vraiment réfléchi, moi... Comment voulez-vous que je réfléchisse alors qu'il est si près et qu'il sent si bon et qu'il me tient si chaud et qu'il est si beau ? Je sais pas faire. Connecter mes deux neurones, c'est pas très naturel. « Hmm... Je sais pas... En te laissant sagement séquestrer tout le week-end, par exemple ? » Ou au moins jusqu'à demain midi. Parce que je peux être sans pitié et lui faire sauter le petit-déjeuner pour le garder à mes côtés. Je sais, je mérite au moins la prison pour un tel crime mais qu'importe. Doucement, mon visage se rapproche du sien, effleurant ses lèvres des miennes comme mes doigts effleuraient sa peau un peu plus tôt. « Devoir me supporter collant et câlin toute la nuit et rester au lit jusqu'à ce qu'on ait plus le choix d'en bouger... Ça risque d'être interminable. Je suis pas sûr que t'aies les nerfs assez solides pour tout ça. » Je ne me suis pas éloigné, mon regard louchant envieusement sur cette bouche désirable frôlée presque à chaque mot prononcé. C'est sa faute, aussi. Tout serait beaucoup plus simple s'il n'était pas aussi irrésistible...

Le naturel revient toujours très vite entre nous. Quelques minutes, quelques mots et c'est comme s'il n'y avait jamais eu la moindre gêne. On retrouve nos sourires idiots et nos plaisanteries qui ne valent pas mieux. Il me donne raison d'un hochement de tête alors que je prétends qu'il prend toute la place. Il en est tellement loin ! C'est presque à se demander si je ne risquerais pas de lui faire mal en le serrant un peu trop fort. Mais je ne me pose pas très souvent la question, jamais même en réalité, trop occupé à penser à sa proximité pour ça. « Oui, je sais... j'ai toujours peur de t'écraser si je bouge trop. » Je hausse les épaules d'un air gêné, comme si sa peur était partagé. Il n'y a pas une fois où il m'a menacé de faire le cachalot et m'écraser toute une nuit ? Je crois bien que si... Il n'a jamais mis sa menace à exécution. Un jour, peut-être... Je ne me sens pas particulièrement en danger face à cette idée. Le pire qui pourrait m'arriver, c'est d'avoir vaguement mal partout au réveil. Mais rien d'insurmontable en soi. Je suis même pas tout à fait contre l'idée... « Je suis toujours prêt à fuir au cas où... Mieux vaut pas prendre de risques. » Prêt à fuir, tu parles ! S'il bouge un peu, je me colle plus encore pour être bien sûr de bien me faire écraser, tiens ! Et il le sait très bien. C'est presque tout mon corps qui supplie à chaque instant : « écrase-moiii ». J'ai hâte de vivre à nouveau dangereusement, que mon énorme amoureux revienne se glisser sous mes draps. Et ça n'est plus qu'une question de minutes maintenant. J'ai hâte, j'ai hâte, j'ai hâte ! Trop hâte pour savoir me tenir d'ailleurs. Mes doigts s'éloignent un peu du droit chemin, se faufilant discrètement sous les couches de tissus qui recouvrent son corps parfait. Je sais qu'il ne me croit pas quand je lui dis, qu'il est bien incapable de se voir de la même manière que moi, mais ça ne fait rien, je continue à le lui répéter à chaque occasion : il est beau. Incroyablement beau. Attirant. Désirable. Un fantasme à lui tout seul. Il y a bien un jour où il finira par admettre la vérité. Je le sens frissonner, ça fait écho à ma propre réaction. Sans m'en rendre compte, je me mords légèrement la lèvre. Sa peau est chaude, sa peau est douce. Je continue la discussion le plus normalement du monde, ignorant l'agréable chaleur qui se répand dangereusement dans tout mon être. « Tu crois ?! Je ne sais pas, je ne suis plus trop sûr, je m'en voudrais de te priver de ton sommeil, de te prendre toute la place, tout ça tout ça... Tu comprends j'ai à cœur ton bien-être... » Oh ça ! J'en doute pas une seule seconde !

Son sourire m'en tire un nouveau et je ne me fais pas prier pour resserrer doucement mon étreinte lorsqu'il le fait. Mes mains glissent dans le creux de ses reins, le collant plus encore contre moi. Comme si c'était possible... « Il va falloir travailler sur ton côté vendeur mon amour. Séquestrer ce n'est pas très vendeur, ça ne donne pas très envie. Alors que si on le remplace par le mot kidnapper, ça reste la même idée, mais c'est moins effrayant ! » Je ne peux m'empêcher de rire avec lui. Si c'est pas vendeur alors... Je vais faire un effort pour faire ça bien. Même si je ne vois pas trop la différence entre les deux, en réalité... « Va pour le kidnapping, alors. » Je ferais n'importe quoi pour te faire plaisir, mon ange. Surtout si ça se limite à ça, c'est dans mes cordes ! Je me vois bien tenter pour de vrai, à l'occasion. Le garder près de moi pour toujours, qu'importe ses parents, qu'importe sa vie d'avant, qu'importe la mienne d'ailleurs... Kidnapping. Je suis d'accord. « Mais je promets d'être sage et de me laisser totalement faire. Pour rattraper le temps perdu, bien entendu ! » Je rougis légèrement. C'est un peu idiot. Je me sens clairement idiot même. Mais je m'en fiche. J'accepte la promesse d'un sourire aussi ravi qu'attendri. Je sais pas si c'est l'éloignement qu'il nous a imposé mais j'ai beaucoup de mal à garder mes distances, ce soir. Je ne suis pas forcément très doué pour le faire mais là, la simple idée de le lâcher ne serait-ce que pour enfiler mon pyjama ou aller prendre ma douche m'est insupportable. Je veux pas. C'était trop long, pas la peine de rajouter la moindre seconde de plus ! Pire encore, je maltraite les quelques centimètres qui survivent entre nous. Je les torture sadiquement, autant que je le fais avec Milo. Et il faut bien avouer que j'aime ça. Je ne l'embrasse pas, pas vraiment, mais c'est tout comme, la frustration en plus. « Quel cruel geôlier que tu es, je ne sais pas comment je vais faire pour tenir bon... » Je hoche la tête à ses premiers mots, un sourire satisfait accroché aux lèvres. Oui, je suis cruel. Et je l'assume parfaitement ! Surtout si ma cruauté se limite à ça. Mais visiblement, il a des envies de vengeances et me sauve sauvagement dessus. Enfin... Quelque chose comme ça. Je réponds à son baiser sans me faire prier, tentant de lui faire comprendre via cet échange combien je l'aime et combien je suis désolé pour les quelques jours horribles qu'on vient de passer. Sans jamais rompre notre baiser, je laisse mes mains glisser encore, longer les poches arrières de son pantalon et s'accrocher tendrement juste en dessous. L'instant d'après, le sol l'abandonne juste le temps qu'on rejoigne le lit. Qu'on s'étale sur le lit serait plus juste mais qu'importe. C'est qu'une fois vautré sur lui que je quitte enfin ses lèvres, à bout de souffle. Mon regard rivé au sien en dit sûrement beaucoup plus long que je ne pourrais jamais le faire. « Et après c'est toi qui sais pas comment tenir bon, hein ? » Je lui vole un bisou, étrangement enfantin après celui qui vient de prendre fin, et me redresse légèrement. « Je t'aime. » Mes doigts courent sur sa joue puis dans son cou et mes lèvres viennent s'y poser à leur tour, dévorant avec un plaisir mal dissimulé la peau délicieuse et parfumée qu'il m'offre peut-être sans le vouloir...

J'aime passer pour la victime. Je crois que ça a toujours fait partie des choses qui me plaisaient. Me faire plaindre, qu'on s'apitoie sur mon triste sort... Alors même si c'est seulement pour plaisanter, j'avoue que ça ne me dérange pas beaucoup que cela continue. J'ai un insupportable quotidien à ses côtés, vous savez ? Une véritable torture, tout ça tout ça ! Je ne sais même pas comment j'ai fait pour tenir aussi longtemps. Je suis d'un courage incroyable. Même moi, je ne savais pas ça possible ! « Tu as bien raison, c'est plus prudent... » Je hoche la tête une fois de plus. Je fais ce que je peux pour survivre sans trop le déranger. Il vit sa vie et, moi, je survis en marge... C'est la loi de la jungle, que voulez-vous, il en faut bien qui s'efface au profit d'autre... Et ça, c'est mon rôle, faire ce que je peux pour qu'il soit satisfait tout en m'oubliant un peu en chemin. Bien sûr, même si on déconne, cette réflexion a des airs de vérité. C'est mon rôle de faire ce que je peux pour qu'il soit satisfait. Même si je suis loin d'y parvenir, j'essaye sans relâche, culpabilisant à chaque fois que je me rends compte de mon échec... Toutefois, le ton change. « Mais en même temps c'est de ta faute, il ne fallait pas m'habituer à dormir bien au chaud dans tes bras, tu n'aurais pas à risquer ta vie tous les soirs ! » Je prends un air choqué. Comment ça, ma faute ?! Est-ce que c'est un crime de vouloir faire plaisir à son copain, hein ? Qu'on vienne me le reprocher, tiens ! Je lève le nez d'un air exagérément boudeur. Faites des efforts et voilà comment vous êtes remercié ! « Mais je voulais juste que tu te sentes bien... » Ma voix est volontairement blessée, comme si j'avais vraiment mal pu prendre les reproches. Il n'en est rien, évidemment. Tout cela n'est pas réel et j'en ai bien conscience. « T'avais l'air tellement content de passer tes nuits tout contre moi que j'avais pas le cœur à te repousser, même si ça me faisait prendre des risques. C'était pour toi, tout ça... » Mais la scène ne s'éternise pas. Pour mon plus grand bonheur...

On en vient au kidnapping, à défaut de jouer la séquestration. Mais mes mains, elles, se défont de leurs chaînes pour s'évader sous ses vêtements. Dans le fond, je sais que l'idée n'est pas brillante, que c'est beaucoup plus facile d'être sage quand je ne cherche pas ouvertement les ennuis comme ça. Si ça dérape... Mais je repousse l'idée. Tant pis. C'est difficile de faire abstraction du manque, à tous les niveaux d'ailleurs. Et il est de retour. Il est là. Enfin là. Après une éternité loin d'ici. Et Monsieur est prêt à être sage. Si c'est pas merveilleux, ça ! J'entrevois déjà notre week-end au lit, à ne rien faire, rien d'autre que des bisous et des câlins et des bisous et des câlins... J'ai envie qu'on refasse le monde, qu'on imagine mille et un futurs qui n'arriveront jamais, qu'il continue de me raconter sa vie... J'ai vraiment envie de rattraper le temps perdu, en réalité. Je me fiche de mes devoirs, de mes amis, de tout. Je veux qu'il n'y ait que lui un moment. Que nous. « Tu es beau quand tu rougis mon amour. » Et, forcément, ça me fait rougir d'autant plus. Mais je m'en fiche. J'aime bien l'idée si ça lui plaît. C'est toujours agréable à entendre. Surtout venant de lui. C'est une chose de plaire, c'en est une autre de lui plaire. Et ça me semble infiniment plus important. Je crois même que c'est le seul avis qui peut bien compter à présent. Avant, je cherchais le regard du monde entier, je voulais qu'on me remarque, qu'on me reluque éhontément même, pourquoi pas, mais là encore, le changement est grand. Je veux juste qu'il me remarque. Qu'il me dévore des yeux. Lui. Seulement lui. Et il coupe court à ma réflexion en posant ses lèvres sur les miennes. Il n'est pas bien résistant à la torture. Mais moi non plus. Alors je réponds un peu fiévreusement à son baiser. Beaucoup fiévreusement. Comment voulez-vous rester insensible à un garçon comme lui, hein ? Je sais pas. Moi, en tout cas, je ne peux pas. Et il faut bien avouer que je ne cherche pas non plus... Pas ce soir en tout cas. J'improviserai. Oui, voilà, j'improviserai...

Je l'embarque jusqu'au lit, sur lequel on se vautre. Je plaide coupable. Dans la précipitation, je m'y suis un peu pris comme un manche mais je m'en fiche, on s'en remettra ! Tout son corps repose contre le mien. Sous le mien. Il n'y a plus de distance, plus rien. Sa chaleur se mêle à la mienne et tout s'embrase sans trop de mal. Je n'imaginais pas nos retrouvailles comme ça. Je n'imaginais pas nos retrouvailles du tout, mais si j'avais dû le faire, ça aurait été beaucoup plus innocent. Un chaste câlin comme en sont peuplés nos nuits. Quelque chose de délicieux mais de sage. Mais c'est ma faute. Oui. Je sais. Je suis définitivement stupide. Je me plains et il sourit. Alors je souris, moi aussi. Mes joues sont brûlantes, tout comme mes lèvres. « J'aime quand je te fais perdre toute volonté mon amour. » Le fourbe ! Comme si c'était difficile ! Comme si, lui, il avait du mal à me faire perdre toute volonté ! Il n'a qu'à jouer les aguicheurs comme il sait parfois si bien le faire sous ses airs de sainte-nitouche et le tour est joué ! Je suis sûr que, dans le fond, un regard pourrait largement suffire. En guise de réponse, je lui tire la langue. Voilà tout ce que j'ai à dire. Enfin non. Ça et combien je l'aime, aussi. C'est important. Très important. Sûrement ce soir plus que d'habitude encore. Je veux qu'il le sache. Et qu'il n'en doute jamais. Et qu'il ne l'oublie jamais. Que quoi qu'il puisse se passer entre nous, mes sentiments ne changent pas. Je suis une grosse guimauve amoureuse et je le reste. « Je t'aime aussi ! » Mon sourire s'agrandit et je me sens presque pousser des ailes. Je fuis dans son cou que je dévore de baisers, comme souvent. Je ne m'en lasse pas. Jamais. J'aime l'odeur qui s'en dégage, le goût de sa peau, le bruit qu'y fait sa respiration... Malheureusement, il ne me laisse pas en profiter longtemps et retourne tendrement la situation. Je pose sur lui un regard dubitatif en le voyant s'installer comme si j'étais un siège. Le sien me fait frissonner et j'en oublie bien vite de bouder à moitié. « Il fait chaud, tu ne trouves pas ? » Je hoche la tête avec un certain amusement en le voyant retirer son pull. « Je vais peut-être te faciliter la tâche en enlevant quelques épaisseurs. » C'est gentil de m'aider ! Il défait sa cravate et je m'attends bêtement à ce qu'il me laisse reprendre là où il m'a arrêté. Je me vois déjà défaire un ou deux boutons de sa chemise pour pouvoir en repousser tout un pan, dévoiler une épaule, un bout de torse. Faire durer le plaisir. Mais il n'en fait rien. Il ne me rend ni ma place ni ma liberté. Doucement, la lumière se fait et mon amusement s'envole. C'est plus drôle, c'en devient excitant. Mes mains se posent sur le haut de ses genoux. « Si j'ai bien compris, un strip-tease s'effectue en musique mais je n'en ai pas sous la main... » Je hausse les épaules alors que ses doigts s'approchent de son col. Les miens jouent doucement la provoc' à leur tour, glissant lentement le long des coutures intérieures de son pantalon, remontant sans que je ne le lâche des yeux rien qu'une seconde. « Ça enlève rien au spectacle... » Et c'est incroyablement difficile de rester simple spectateur. Pourtant je m'y tiens et suis impatiemment le moindre de ses gestes... C'est la plus incroyable des tortures jamais testée !

Je ne regrette pas d'avoir abandonné l'idée de descendre faire mes devoirs, bien au contraire. Et je suis même plutôt content de notre timing. À quelques minutes près, on serait passés à côté de ces retrouvailles délicieuses. Il aurait eu tout le loisir de se réinstaller sans moi et, lorsque je serais remonté, l'heure bien avancée nous aurait poussés à nous blottir tendrement l'un contre l'autre, à échanger deux mots à peine, profitant simplement de cette présence rassurante pour sombrer dans les bras de Morphée. Je ne dis pas que ça n'aurait pas été bien, hein, le seul plaisir de le retrouver aurait largement suffi mais ça aurait été différent. Très différent. Pas de jeu, pas de rire, rien. Alors non, je ne regrette pas. Il s'éloigne d'un pas, juste assez pour faire un semblant de révérence mais j'aime pas beaucoup ça. Je le rattrape presque aussitôt pour le ramener contre moi. « Non mais eh, tu restes là. » Il est parti assez loin assez longtemps. Il était question de kidnapping, alors c'est pas lui qui va décider s'il a le droit de fuir ou non. Et de toute évidence, non, il ne l'a pas. C'est trop tard, il fallait y penser avant de revenir. « Que Monsieur m'excuse, je ne m'étais pas rendu compte du tel sacrifice que Monsieur faisait pour satisfaire mes caprices. Je suis réellement en dessous de tout, comment Monsieur fait pour rester encore avec moi ?! » Je lève les yeux au ciel en le singeant exagérément dans un « gna gna gna » d'une maturité exemplaire. C'est ça, fous-toi de moi, tiens ! « Il paraît que l'amour, ça fait faire n'importe quoi. J'y peux pas grand chose, tu te doutes bien, sans quoi je serais parti depuis longtemps. » Au moins, oui ! Et pour rendre le tout parfaitement crédible, je lui offre le sourire le plus rempli de guimauve que j'ai en stock. Comme s'il était en dessous de tout, sérieusement. Je sais qu'il le pense, l'andouille, mais je suis loin de le voir comme ça. Il est aussi parfait que je pourrais l'espérer. Il a des qualités à la pelle et assez de modestie pour les rendre plus appréciables encore. Il ferait complexer n'importe qui, j'en suis certain. Ça marche très bien avec moi, en tout cas. Je ne sais vraiment pas ce qu'il me trouve. Un gars comme lui pourrait trouver tellement mieux... Enfin, qu'importe. Ça n'est pas vraiment le moment de se poser la question.

On s'attarde un peu au milieu de la chambre et puis ça finit par déraper. Ma faute, évidemment. Mais il n'est pas totalement innocent dans cette histoire, je vous le dis ! Il est définitivement bien trop attirant pour y résister éternellement. Et je suis sûr qu'il le sait et qu'il en profite, le fourbe ! Ou pas mais qu'importe... Le résultat n'y change rien. Il est juste... Wow. Tout le temps. Même sans le vouloir. J'ai eu l'occasion de croiser plein de jolies filles mais derrière la couche de maquillage qu'elles se trimbalaient, je ne suis pas convaincu que le résultat soit aussi réussi alors que lui, le naturel s'en sort à merveilles. Même au réveil, encore tout engourdi de sommeil, il est juste magnifique. Il n'a même pas l'air de le remarquer, ce qui le rend d'autant plus beau. C'est quelque chose de tout naïf, de tout innocent. Et je suis vraiment content d'avoir droit à ce spectacle quasiment chaque jour. Encore une des nombreuses choses dont je ne me lasse pas. J'ai l'impression de me lasser de rien, en réalité. Et si ça continue comme ça éternellement, je risque d'avoir la vie la plus incroyable de l'humanité. En attendant, ce moment est tout aussi incroyable. Le sourire qu'il affiche à mon tirage de langue me faire sourire également avant de me soustraire à sa vue en glissant dans son cou. Il n'a pas l'air franchement dérangé par l'idée et, comme il l'a promis, joue les gamins sages. Enfin, une minute à peine... Arnaque. Il finit par retourner la situation sans que je ne trouve utile d'y opposer la moindre résistance. Au contraire. C'est que c'est pas follement désagréable de le voir récupérer les rênes. Ça me rappelle la première nuit qu'il a passé ici. Son attitude délicieusement troublante. Tellement loin du garçon timide qu'il était d'habitude. J'en ai toujours gardé d'excellents souvenirs. C'était un peu étrange, la nuit toute entière, les conséquences peut-être aussi, mais je ne regrette rien. Et je n'ai jamais rien regretté. Envoyer valser toutes les barrières que je m'étais toujours imposées en valait largement la peine. Il n'y a qu'à voir ce qui s'est passé depuis et ce qui se passe maintenant pour le comprendre. Bien sûr, tout n'est pas que rose et tout ne sera pas que rose mais je crois que ça ne suffira pas, de toute façon, à faire changer la manière dont je vois tout ça. En attendant, Monsieur prend ses aises sur moi. J'espère au moins qu'il me trouve confortable, ce serait quand même dommage de quitter le lit pour une chaise de mauvaise qualité !

Il n'a pas l'air d'être mal installé puisqu'il continue de faire sa vie. Son pull tombe. C'est amusant de le regarder faire mais je le trouve quand même un peu loin, on aurait pu se débrouiller comme d'habitude sans qu'il n'ait à reprendre ses distances, non ? Puis il défait sa cravate, lentement. Je commence à avoir hâte de reprendre là où je me suis arrêté. C'est qu'il m'a coupé en plein élan de bisous, c'est méchant... Et il prend bien touuuut son temps, en plus ! Ben tiens ! Et puis le premier bouton de sa chemise... Je commence à comprendre. Il ne m'aide pas. Pas vraiment. D'accord, je suis plus si pressé. Je suis chacun de ses gestes avec avidité, revenant régulièrement vers son visage d'ange dont le regard ne me lâche pas. Chaque bouton défait, chaque doigt qui s'agite. Il fait chaud, en effet. Il rougit et, bêtement, moi aussi. Ce garçon est décidément plein de surprises ! Ma langue passe doucement sur mes lèvres pour chasser la sécheresse qui s'installe, trop doucement pour être innocent cependant, alors que mes mains continuent leur ascension. Le dernier bouton saute et Milo continue son effeuillage. Et honnêtement, je suis touché de le voir comme ça. Aussi à l'aise. Que ce soit avec moi ou avec lui, en réalité. Parce qu'il faut quand même s'accepter un minimum pour offrir à ce point son corps au regard de quelqu'un d'autre. Une épaule. Puis l'autre. Et le tissu disparaît à son tour. Il est à tomber, vraiment. Chaque centimètre carré est aussi parfait que celui d'à côté. « On t'a déjà dit que t'es extraordinairement sexy...? » Je m'étonne toujours un peu de l'effet qu'il me fait, de l'attirance qu'il m'inspire. Non pas qu'il n'en soit pas digne, loin de là, mais je n'ai jamais vraiment été disposé à baver littéralement devant des formes masculines. Alors que lui... Il n'a aucun mal à me faire réagir ou rêvasser. Lorsque ses mains se saisissent des miennes pour les faire courir sur son torse, mon ventre se noue brusquement sous l'envie. Il fait vraiment chaud... Je ne boude pas mon plaisir et joue méticuleusement le jeu, caressant avidement ce qu'il m'offre. C'est pas humain d'être aussi excitant, honnêtement ! L'indifférence est loin, très loin, et vu sa position, il n'a sûrement pas besoin d'un dessin pour le remarquer. « C'est fou comme il fait toujours aussi chaud... » Sa phrase me tire un sourire aussi provocant qu'amusé alors que je hausse les épaules d'un air innocent, pas crédible pour un sou. « C'est sûrement parce que t'as pas encore tout retiré, mon amour... » Parce que ce serait bien dommage de s'arrêter en si bon chemin...

L'entendre glousser alors que j'essaye tant bien que mal de défendre ma cause à quelque chose de très perturbant. Comment vous voulez que je m'en sorte, moi, s'il me distrait à ce point ?! Pourtant, je tiens bon, avec un sérieux relativement mal en point cela dit. Et un sourire d'abruti heureux. Mais bon, on peut pas tout avoir. Le fond et la forme, tout ça tout ça. Cela dit, j'ai ni l'un ni l'autre. Un véritable échec. Et dans d'autres circonstances, ça aurait été tout simplement ridicule. Mais bon, là, avec lui, c'est un peu différent. Oh, c'est ridicule, bien sûr, mais c'est dans la continuité de notre conversation. Il hoche la tête en m'écoutant, sans se défaire de son propre sourire. On doit avoir l'air fin, tous les deux, tiens ! Mais je m'en fiche. J'aime ce moment. « Ooouiii j'imagine. Tu serais en train de te faire cajoler part la plus jolie fille de l'école au lieu de tenter de survivre dans mes énormes bras. Mon pauvre amour, tu devrais te plaindre contre une telle injustice. Je suis aussi scandalisé que toi... vraiment ! » Je hoche la tête à mon tour. Exactement ! En réalité, je ne sais pas trop ce qu'il en serait s'il n'avait pas été là. Je pense que j'aurais fini par m'éloigner de Tracy au moment de sa chute pour ne pas qu'elle m'entraîne avec elle (personne n'aurait jamais rien su, j'aurais été rien d'autre qu'un imposteur gravitant autour des pro sang-purs de l'école alors forcément, traîner avec une née-moldue aurait été mal vu) mais le reste me reste vague. Il n'y aurait sûrement pas eu d'autres proies jusque là. Qui ? Je me vois mal chercher après avoir vu mon pigeon se faire salement descendre. Trop risqué de recommencer. Mais la question ne se pose plus, en réalité. Qu'importe Tracy et toutes les autres filles à papa de l'école. Il est là et la donne a changé. « Il faut croire que j'ai misé sur le mauvais cheval. Triste histoire... » Mon regard se fait plus amoureux encore, accentuant malgré moi le contraste entre mes bêtises et la réalité. Si c'était un choix en totale opposition avec ma vie toute entière, je ne le regrette pas. Et je le referais sans le moindre doute de la même manière s'il le fallait. Non, c'est pas une jolie fille, non, j'ai pas pour but de le plumer, non, c'est pas une histoire d'un soir... Mais... Mais quelle importance ? Il était visiblement temps d'apporter quelque changement dans le bordel de mon existence. Et il s'en est chargé sans que j'ai eu besoin de lui demander quoi que ce soit.

Et le changement n'a pas lieu que chez moi. Il me grimpe dessus avant de jouer les aguicheurs. Le ton de sa voix, son regard, ses gestes... Tout en lui est plus désirable que jamais. Il fait tout pour. C'est tellement loin du garçon mal assuré qu'il est d'ordinaire... Et moi, pauvre idiot, j'admire. Les yeux brillants et grands ouverts, la bouche vaguement entrouverte sous le choc... Il a l'air en confiance et rien ne pourrait me faire plus plaisir. Genre il n'a pas peur d'un possible jugement, il prend le risque d'être possiblement ridicule ou que sais-je encore. Au lieu de ça, il est juste époustouflant. Mon sourire ne me lâche pas. Charmé. Plein d'envies. Affreusement ailleurs. J'ai bien du mal à penser à autre chose qu'à cet Apollon se déshabillant devant moi. J'ai toujours le regard un peu traînant lorsqu'il se change, appréciant sincèrement la vue qu'il offre sans le savoir mais il n'y a rarement d'arrière-pensées, j'aime juste m'arrêter d'exister une seconde pour le contempler. Tout le temps. Là, c'est tellement différent. Il n'y a pas plus d'arrières-pensées, cela dit, elles sont plus explicites que prévu. Mes doigts glissent à nouveau sur sa peau, guidés par les siens. Je ne sais pas si c'est lui qui a chaud ou si c'est moi. Les deux, sûrement. C'est une véritable torture. Je n'ai aucune envie que ça s'arrête. « Vaguement... mon copain, une fois ou deux... Mais tu le connais, il est du genre avare sur les compliments... une vraie plaie ! » Je ne peux m'empêcher de rire en l'entendant. Non mais sérieusement, écoutez-le ! Je passe ma vie à essayer de lui faire comprendre à quel point il est merveilleux ! Quelle ingratitude, je suis choqué ! Mais je lui ferai savoir à un autre moment, je n'ai aucune envie de bouder pour rien pour l'instant. C'est un moment trop loin de ce qu'on connaît d'habitude pour prendre le risque de tout gâcher. « Quel abruti... Tu devrais l'entendre tous les jours et même plus que ça. » Parce qu'il n'y a rien de plus vrai au monde. Mon regard vient se planter dans le sien, mes mains se libèrent des siennes et viennent se poser sagement sur ses hanches. « T'es incroyablement beau, mon ange. » Et son assurance est loin de l'enlaidir, bien au contraire. Cette attitude nouvelle est un peu perturbante mais elle invite vraiment à la découverte. Elle donne envie de faire connaissance avec ce qu'elle dévoile. Les moments de répit n'existent pas et il reprend, prétendant qu'il fait toujours aussi chaud. C'est de pire en pire, oui ! Ça me rappelle l'air étouffant de sa serre et nous qui ne faisions rien pour arranger les choses. Son canapé, la nuit qu'on y a passée. On était bien, loin du monde. Totalement en dehors de Poudlard. Parfois, ça me manque un peu. De vivre chaque instant comme si c'était le dernier parce qu'on était bien incapables de savoir ce qui nous attendrait le lendemain. Je l'invite innocemment à achever son travail, histoire que la température baisse enfin. Si seulement ! « Oui, tu as sûrement raison ! » Ses mains glissent jusqu'à sa ceinture. Je me mords machinalement la lèvre. Elles la débouclent habilement. J'ai tellement envie de finir ce qu'il a commencé ! Et ça doit se sentir un peu à la manière dont mes doigts se resserrent sur lui pour s'empêcher de s'en mêler. Le bouton se défait, la braguette glisse. Mon regard passe de ses mains qui s'agitent à ses yeux sûrement aussi parlants que les miens. Et dire qu'il y a une heure encore, je désespérais en attendant son retour prochain. Quel retour ! « Par contre va falloir que je me lève si je veux pouvoir l'enlever... » Presque à contre-coeur, je le lâche. Je m'assois correctement, tant bien que mal, mes mouvements entravés par son corps de nouveau si près du mien, et plaque un baiser brûlant sur ses lèvres. « Fais donc... Et si t'as besoin d'aide, hein... » Parce que c'est une tâche de très haut niveau, évidemment...

Je ne pense pas être crédible rien qu'une seconde en prétendant m'être planté dans mon choix. Quel choix, de toute façon ? Comme si je l'avais eu ! J'ai bien tenté de lutter, je vous assure, de garder ma vie en main, de pas tout laisser s'échapper comme ça l'a fait mais c'était un combat perdu d'avance de toute façon. Tout en moi le réclamait. C'était clairement flippant. Les nuits sans sommeil, les espoirs quasiment étouffés... Pas le meilleur moment de ma vie. Mais bon, aujourd'hui, c'est de l'histoire ancienne. J'ai arrêté d'essayer de contrôler quoi que ce soit, depuis le temps. Et je m'enfonce un peu plus chaque jour dans un univers bisounours et un rôle de grosse guimauve qui me vont à ravir. C'est tellement loin de tout ce que j'ai toujours connu, pourtant... Affreusement loin. Mais la découverte est agréable. Mieux que ça, même. « Heureusement tu as de la chance dans ton malheur, j'ai une sœur et deux frères, tu vas pouvoir te retourner rapidement ! » Je hoche la tête avec un entrain feint au possible. Je n'ose même pas imaginer le carnage ! Si jamais ça aurait pu être discret avec lui, genre « j'en suis tombé amoureux, aucun rapport avec ce qu'il est ou ce qu'il a », ce serait bien plus difficile de recommencer avec le reste de la fratrie. La coïncidence serait énorme. Et puis, de toute façon, c'est un peu tard. Abel et Acacia ont quitté l'école et son frère aîné, si je l'ai aperçu à la ferme, c'est tout juste si je connais son prénom. Et puis bon, c'est pas non plus dans mes plans. J'ai mis la main sur celui-là, il est pas trop trop mal, je m'en contenterai. Tant pis si je risque ma vie dans « ses énormes bras ». Et puis, tout ce gras les rend plus confortables encore, non ? « Je suis sûr qu'Abel serait ravi de me voir lui tourner autour. Il doit attendre que ça depuis notre première rentrée, au moins ! » Même si je tâche de rester sérieux, je glousse un peu bêtement. Je ne le connais pas plus que ça, c'était un gars de ma classe avec qui j'ai jamais vraiment échangé, mais il ne m'apparaît pas comme la personne la plus adorable de l'univers. Typiquement quelqu'un qui je ne prendrais pas comme proie. Trop difficile. J'aime bien quand ça se passe facilement. Batailler pendant des mois sans être sûr du résultat, non merci ! « Et si ça n'est pas concluant comme essai, je ferai les yeux doux à ta sœur. » Le gars bien lourd qui s'incruste, quoi. À tous les coups, ce serait parfaitement bien vu. Pas du tout suspect. Ce serait par-fait. En attendant, j'ai abandonné ma crédibilité, racontant mes conneries en l'enveloppant d'un regard sans cesse plus amoureux. Qu'importe son frère, qu'importe sa sœur, je ne l'échangerais pour rien au monde.

Et ce soir ne fait que me le confirmer un peu plus. S'il fallait faire de la merde pour qu'on en arrive là à son retour, j'aurais fait de la merde toute l'année dernière ! Enfin, plus ou moins... Bien sûr, le manque commençait à se faire sentir là aussi, l'avoir tout contre moi à longueur de nuits et rester sage n'est pas toujours la chose la plus facile du monde mais à l'envie se mêle l'appréhension. Parce qu'on sait où on va, évidemment, et qu'au fond, ça m'angoisse un peu. C'est ridicule, sûrement, mais j'ai toujours réussi à garder un minimum mes « distances » jusque là, j'ai toujours pris bien soin de me tenir éloigné de son regard tant que possible et là... Là ça risque d'être plus difficile. Tant de jouer les crétins trop pudiques (ce que je n'ai jamais été, bien sûr) que de garder le contrôle sur ses mains... Alors je sais que l'idée est stupide, d'autant plus qu'elle vient de moi, mais... mais... Mais il était là et maintenant... Qu'est-ce que vous voulez faire machine arrière face à une beauté pareille ? Je suis malheureusement qu'humain et j'ai bien du mal à résister à mon copain qui s'offre ainsi. Et il faut bien avouer que mes craintes ne m'empêchent pas d'en profiter totalement. Le monde n'existe pas souvent quand il est là mais ce soir, il pourrait s'effondrer que je serais bien incapable de le remarquer. Je n'ai littéralement d'yeux que pour lui. Je ne le lâche pas du regard, je le dévore, je l'admire. Je réalise à quel point il est parfait. Je l'aime. Mon souffle est court, mon cœur anarchique, mon ventre un peu douloureux. Je me sens incroyablement bien. C'est très étrange d'ailleurs. Il faut résister à l'envie de ne pas lui sauter dessus, faire comme si l'engourdissement de tout mon corps face à la lutte n'existait pas. Mais qu'importe ! J'apprécie le spectacle à sa juste valeur. Et quel spectacle ! Il sourit suite à mon compliment et moi, idiot, je fonds. Je rougis, je souris aussi. Je retombe amoureux une fois de plus, peut-être aussi. C'est que je ne compte plus le nombre de coups de foudre qu'il m'impose ! « C'est toi qui me rends beau mon amour ! » Je hausse légèrement les épaules alors que je resserre tendrement mon étreinte. « Mais y'avait une sacrée bonne base, va pas croire ! » J'ai à peine le temps de finir ma phrase que ses lèvres se posent sur les miennes pour un baiser incroyable auquel je réponds avec délice. Ses mains sur mes joues me font frisonner et c'est un peu à contre-coeur que je le laisse reprendre ses distances. J'aurais aimé qu'il n'ait jamais de fin. Ce soir, j'ai l'impression qu'il est heureux. Qu'il s'apprécie. Qu'il m'aime. Ce soir j'ai l'impression que la vie est belle et que rien de mal ne pourra plus jamais nous arriver. Est-ce que c'est vrai ? J'ai des doutes, bien sûr, mais qu'importe. Pour un instant, je veux y croire. Je vais y croire. Malheureusement, la distance qu'il a laissée s'installer entre nous n'est rien face à ce qui m'attend. Il reprend son effeuillage et je me rince l’œil éhontément. Les deux, même, à ce niveau ! Mais il faut qu'il se relève pour terminer, vous comprenez...? Qu'il se relève ! J'ai tellement pas envie... C'est qu'on peut se débrouiller sans, non ? Ce serait pas pratique mais on s'en fout ! Je finis tout de même par le lâcher, non sans l'embrasser encore pour supporter le moment horrible qui risque de nous attendre pendant qu'il sera loin (à l'autre bout de moi, au moins !) et propose mon aide l'air de rien. Juste pour rester proche. Pour en profiter davantage. « Tu me connais, je suis quelqu'un de très maladroit... j'ai toujours besoin d'aide... » Je ne sais pas si c'est une véritable autorisation ou non mais je décide de le prendre comme tel. Il se lève, je m'assois tout au bord du lit. Et son pantalon l'abandonne doucement. Sans forcément chercher plus loin, je fais sagement ce qu'il m'a demandé et l'aide avec plaisir. J'accompagne le tissu, caressant ses jambes interminables au passage. Je crois définitivement que ça fait partie du haut de la longue liste des choses que j'aime chez lui. Il a des jambes juste parfaites. Qui vont finalement à merveilles avec le reste. Lorsque le vêtement a rejoint le sol, mes doigts remontent tout contre sa peau, se calant tranquillement au creux de ses reins. Je le contemple sans ciller, suivant le même chemin que mes mains, appréciant chaque centimètre de cette vue désirable. Et puis mes lèvres viennent se poser juste sous son nombril. J'ai toute la place que je veux, maintenant. Plus que j'aurais pu en espérer. Alors, doucement, mes baisers remontent à leur tour tandis que je glisse mes mains petit à petit et me fraye discrètement un chemin sous son boxer. Il y a décidément encore trop de vêtement sur ce garçon !

Cette conversation est un peu n'importe quoi, réellement... Non seulement Monsieur est obèse et me fait risquer ma vie à chaque seconde à ses côtés mais en plus je songe à le remplacer par n'importe quel membre de sa famille pour palier à ça. Le remplacer. Lui. Moi. Sérieusement ! Ça se saurait si j'étais capable de faire un truc comme ça ! Oh, je veux bien me croire parfaitement débile, un vrai demeuré, d'accord, mais tout de même ! Même ma connerie a des limites. Et ça, ça en fait définitivement partie. Et puis, sa famille, ses frères, sa sœur, qu'importe, ne lui arrive pas à la cheville. Il est infiniment mieux que tout ce monde-là, croyez-moi ! « Ah ! Toi aussi tu l'as remarqué ?! » Je hoche la tête comme si c'était une évidence. « J'ai tout de suite vu que tu lui avais tapé dans l’œil et qu'il était un peu jaloux de moi. A mon avis il n'attend que ça, que tu me largues pour lui. » Même si j'essaye de garder mon sérieux, je laisse échapper un rire amusé. Tout le monde doit l'envier, le gamin. Tu m'étonnes ! Qui ne rêverait pas d'être à sa place, hein ? Me supporter à temps plein doit faire tellement rêver ! Surtout son frangin. On a dû s'échanger trois mots dans notre vie étant donné qu'on a partagé la même classe pendant quatre ans mais je serai bien incapable de me souvenir lesquels et, à coup sûr, il ne doit pas être plus avancé que moi. Et si, par le plus grand des hasards, il m'a remarqué avant que je m'affiche avec Milo, c'est juste parce que j'étais une véritable quiche durant les exercices pratiques dans quasiment tous nos cours et que c'en devenait pathétique, clairement ridicule... Mais en dehors de ça... Mais soit. Pourquoi pas. J'ai rien contre l'idée de faire tourner la tête de la moitié de la famille, moi ! Comme ça, quand on s'engueulera et qu'il m'enverra dormir sur le canapé, j'irai toquer chez Abel pour me faire sauvagement consoler. « Et puis si ma sœur ne te veut pas, tourne toi vers ma grand-mère. J'ai vu des photos d'elle jeune, c'est le portrait craché d'Acacia ! » Je hoche la tête une fois de plus. Dix-neuf ou soixante-dix ans, quelle différence ? Du moment que je suis dorloté et traité comme un prince, ça me va. L'âge, c'est qu'un chiffre et tout le monde sait que chez moi, le seul qui compte c'est celui qui s'affiche sur les relevés bancaires ! « Rien que l'idée m'émoustille. » Ou pas... Si j'avais vraiment voulu continuer avec une vieille, j'avais déjà un pigeon prêt à jouer à ce jeu-là. Je l'ai pas croisée, pendant les vacances d'ailleurs... Je suis pas beaucoup sorti de chez moi, de toute façon, et puis j'imagine qu'elle aurait préféré, de toute façon, rester auprès de sa gamine. Normal. Elle n'est pas revenue, elle. C'est pas plus mal. Sa présence me foutait sacrément mal à l'aise et j'imagine qu'elle avait tout balancé à sa mère avant même que je le fasse moi-même. « Et puis si vraiment aucun ne te veut, j'accepterai peut-être de te reprendre. Je ne suis pas un monstre ! » Sérieusement ? Il ferait ça ? Mon dieu, c'est adorablement con ! Mon sourire s'agrandit. « Oh ! Bah je reviendrai alors ! » Parce que tout le monde sait que je serai bien mieux à ses côtés qu'à ceux de n'importe qui d'autre, ce serait dommage de louper ça.

Et ce serait dommage de louper la suite également. Son effeuillage perd son rythme et notre soirée retrouve la tendresse qu'on connaît d'ordinaire. Des compliments et de nouveaux baisers. Et il reste là, assis sur moi à moitié nu, comme si c'était la chose la plus normale du monde. On ne peut pas vraiment dire que ça me dérange. Bien au contraire ! La vue est pas mal du tout. Je ne comprends pas vraiment comment il fait pour ne pas vraiment aimer son reflet. Qu'il ne soit pas prétentieux au point de se trouver magnifique et de jouer les remix de Narcisse, ok, j'arrive à suivre mais alors qu'il ne réalise pas qu'il est clairement beau, ça me dépasse un peu. Ça se voit, quand même ! Il n'y a rien qui cloche chez lui ! Des yeux magnifiques dans lesquels on aimerait se noyer, des cheveux soyeux qui donnent envie d'y glisser les doigts, une peau si douce qu'on peine à arrêter de la caresser, des lèvres qu'on donnerait cher pour pouvoir embrasser encore et encore, un corps à faire pâlir d'envie l'humanité toute entière... J'invente rien ! Son rire est à la hauteur du reste : incroyable. J'aime son rire. Et ses pommettes qui se colorent si souvent quand on est ensemble. J'aime tout chez lui. Pas une fois je me suis dit « p'tain, ça va pas ça ». Pas une fois. On est pas toujours d'accord, bien sûr, mais je me suis jamais demandé ce que je faisais là, pourquoi on était ensemble ou ce que je pouvais bien lui trouver. Ça a toujours été une évidence. « Je le dirais à mes parents, ils seront ravis de l'apprendre. » Oh bah ça, j'en doute pas ! Apprendre que celui qui a dévié leur petit dernier du droit chemin le trouve à son goût devrait leur faire infiniment plaisir, au moins ! Ils auraient sûrement préféré que je ne le remarque pas. Que je n'entre jamais dans sa vie. Ça me fait rire, en tout cas. Est-ce qu'ils me détestent ? Je ne lui ai jamais demandé s'il savait ce qu'ils pensent de moi, tiens... Je suppose que sa grand-mère ne me voit pas comme une menace pour lui, sinon j'en aurais sûrement entendu parler, mais alors ses parents... Je sais pas. Et je n'ai aucune envie de poser la question pour l'instant. Prendre le risque de gâcher notre soirée, non merci ! « Je le ferai la prochaine fois que je les verrai. Je m'y vois déjà. Il faut qu'ils sachent qu'ils sont à l'origine de la huitième merveille du monde ! » J'aurais bien dit la première mais il paraît que la place est déjà prise. Même si à mes yeux, il n'y a rien dans ce monde ou ailleurs qui puisse être plus merveilleux que lui. Et puis après un baiser que j'aurais voulu continuer éternellement, il reprend ses distances. C'est qu'il a un strip-tease à continuer, vous voyez. Alors je le laisse se relever. Il fait quand même plus froid, maintenant. J'avais fini par m'habituer à ma place de chaise. Son corps sur le mien jouait les couvertures. C'était pas mal du tout ! Mais qu'importe ! Je lui propose mon aide, il accepte et je me fais un plaisir de m'atteler à la tâche. Son pantalon n'est bientôt plus qu'un lointain souvenir et je ne me gêne pas pour abandonner toutes les caresses du monde sur ces jambes sans fin. Il me laisse faire tout le travail à sa place, le fourbe ! Et je mets du cœur à l'ouvrage. Plein de bonne volonté ! Ses mains dans mes cheveux donnent à ce moment un air plus intime encore. Le nœud dans mon estomac se resserre. Je prends mon temps. Déposant chaque baiser avec douceur. Ces retrouvailles sont incroyablement excitantes. Il est incroyablement excitant. Et même si je prends mon temps, le chemin finit par être parcouru. Son sourire est troublant, vraiment. « Ça n'en finit donc jamais. Quand il y en a plus, il y en a encore... On porte trop de vêtements si tu veux mon avis ! » Sa phrase fait revenir l'appréhension. Parce que je sais que je ne vais pas pouvoir y échapper éternellement. Mon désir est partagé et sauf si j'arrête tout maintenant... Mais j'en ai pas particulièrement envie et... Le poids dans mon ventre n'est plus aussi agréable. « Ça peut s'arranger... » Ce n'est qu'un souffle abandonné à son oreille avant de fuir à nouveau dans son cou, mes lèvres déviant tendrement sur son épaule alors que mes doigts s'affairent à descendre tant bien que mal le dernier morceau de tissu encore en place sans jamais renoncer aux milles et un contacts possibles avec ce corps désirable. Peut-être que derrière l'envie évidente de profiter de cette proximité se cache celle de gagner du temps, rien qu'un peu, avant d'avoir vraiment à me maudire pour ma bêtise. Peut-être...

Sérieusement, si je devais le quitter un jour, je ne le ferai pas pour quelqu'un de sa famille. Déjà, parce que je pense que je me ferais dégager fissa, mais surtout par respect pour lui. Je ne prétends pas qu'on sera ensemble toute notre vie, j'en sais rien, mais je ne me vois pas l'humilier sous prétexte que notre histoire est terminée. En fonction de la fin de tout ça, je lui en voudrais peut-être (je ne promets pas de pas l'insulter légèrement en pleurnichant sur l'épaule de ma frangine mais ça compte pas vraiment) mais il est hors de question de chercher à lui faire du mal, de quelque manière que ce soit. C'est pourtant totalement mon genre, je reconnais, mais pas avec lui. J'ai jamais vraiment cherché à me venger, quoi qui ait pu se passer entre nous, et je n'ai aucune envie de commencer un jour. Je veux pouvoir repenser à tout ça avec nostalgie, en gardant à l'esprit les bons moments et pas en dénigrant tout ce qui a fait notre histoire, en regrettant de m'être lancé dans cette aventure. Parce qu'aujourd'hui, je ne le regrette pas. Et même si ça n'est pas éternel, ça restera une première vraie et belle histoire. J'espère que ce sera ce que je garderai en tête, quoi qu'il arrive. « Je savais que l'idée te plairait ! Elle t'apprendra plein de choses et... voilà que j'ai la nausée rien qu'à l'idée ! » Sa réaction me fait rire. C'est lui qui raconte n'importe quoi et après Monsieur joue les choqués. Ben tiens ! Je lève les yeux au ciel, faussement désespéré par son attitude de môme. « Bah quoi ? Il faut bien apprendre quelque part. » Quelque part qui n'est pas le lit de sa grand-mère serait certainement un plus mais après, on se contente de ce qu'on a, vous voyez ? Et puis, si elle dit oui, qui serais-je pour refuser, hein ? Il se cache dans mon cou en riant alors je resserre tendrement mon étreinte. Il est nul quand il s'y met. J'aime bien. Je le trouve mignon quand il a des réactions d'enfant, comme ça. Ça fait sûrement partie des moments que je préfère. Il est juste adorable. Et j'espère qu'il restera comme ça longtemps, avec cette part d'innocence absolument craquante. Enfin, moi, en tout cas, il en faut pas beaucoup plus pour me faire fondre. Il est juste adorable, non ? La conversation reprend quand il parvient à se calmer, toujours sans beaucoup de sens et pourtant... Il a vraiment l'air touché quand j'avoue que je reviendrais s'il acceptait de me reprendre. Ce serait sûrement le truc le plus salaud du monde en mode « personne veut de moi alors comme je sais que t'es assez stupide pour tout me pardonner, j'en profite » mais il a vraiment l'air d'apprécier l'idée. C'est troublant. « Tu feras vraiment ça ?! » Je secoue la tête. Je veux bien croire que je suis un enfoiré de première parfois (souvent peut-être) mais tout de même ! « Non. En vrai, je reviendrais pas. Mais parce que je serais pas parti voir ailleurs, aussi. Il paraît que tes gros bras et les risques qu'ils me font prendre chaque nuit me plaisent pas mal. » Et même plus que ça...

Débarrassés des couches de vêtements, ses gros bras deviennent juste parfaits. Comme tout le reste de son corps. Il est vraiment bien foutu. Ça ne lui ferait peut-être pas de mal de prendre quelques kilos mais bordel qu'il est beau ! Je ne me lasse pas de l'admirer. Je crois que je m'en lasserai jamais, en vrai. Et je me gêne pas pour le lui faire savoir. Aujourd'hui comme approximativement tout le temps. J'aimerais qu'il finisse par me croire et se dire un jour qu'en fin de compte j'ai raison. Peut-être que je suis pas objectif mais je sais que je ne suis pas le seul à le penser, de toute façon. Et puis quand bien même il refuse d'admettre qu'il est physiquement très intéressant à regarder, il peut au moins reconnaître qu'il a mille et une qualités. Il n'y a pas grand chose qui cloche, chez lui. De quoi faire mourir d'envie bien du monde. « J'ai hâte de voir ça ! » Honnêtement, moi, pas trop ! C'est stressant, comme expérience, n'empêche. De rencontrer sa famille, je veux dire. Surtout en sachant que mon existence n'est pas franchement la chose qui doit le plus leur plaire. J'ai jamais été aussi mal à l'aise quelque part, je crois. J'avais tellement peur de faire quelque chose de travers ! Et encore aujourd'hui, je n'espère pas qu'ils soient contents qu'on soit ensemble ou qu'ils m'apprécient vraiment, juste qu'ils ne se disent pas que je suis mauvais pour lui. Qu'ils me reprochent d'être un garçon, de pas avoir son âge (c'est pas comme si y'avait vingt ans d'écart mais après tout pourquoi pas), qu'ils regrettent qu'on ne vienne pas du même milieu, qu'on ait pas reçu le même genre d'éducation... Tout ce qu'ils veulent ! Mais pas de pas en prendre soin ou de me foutre de lui ou je ne sais quoi. J'aimerais au moins qu'ils reconnaissent mes sentiments pour lui même s'ils détestent tout le reste. Genre « Milo mérite infiniment mieux, bien sûr, mais il essaye au moins de faire ce qu'il peut pour le satisfaire, c'est toujours ça... » Parce que j'essaye vraiment d'être à la hauteur. Depuis le début. Je rame et ça marche pas toujours très bien (pas souvent) mais il n'y a rien que je souhaite plus que le rendre heureux. « Tu seras pas déçu du spectacle ! » Même s'il risquerait sûrement d'avoir un peu honte. Ça doit être un peu bizarre d'entendre son copain féliciter ses parents pour la réussite qu'on représente, tout de même. Perso, je suis pas sûr que j'aimerais beaucoup. Oh, l'idée sûrement, mais ça doit mettre sacrément mal à l'aise quand même. Mais après, si j'ai son feu vert, je n'y manquerai pas ! C'est important qu'ils sachent. Même s'ils doivent sûrement en avoir conscience. Enfin, avec ce qu'il en dit, j'en suis pas sûr mais bon... Normalement, les parents, ça voit toujours ses enfants comme les plus beaux enfants du monde, non ? Les miens sont capables de trouver qu'Aoibheann est belle, c'est pour dire ! « Par contre je suis un peu vexé de n'être QUE la huitième merveille du monde. J'aurais pu au moins en détrôner quelques unes... » Je ne peux me retenir de rire légèrement en l'entendant. Je suis parfaitement d'accord ! Il aurait au moins pu en détrôner quelques unes. « C'est que le classement vient pas de moi, mon amour, sans quoi, t'imagines bien que t'aurais la première place et haut la main ! » Je hoche la tête pour appuyer ce que je dis. Je connais pas les sept autres mais je ne vois pas comment elles pourraient être mieux que lui. Et puis, dans tous les cas, il l'a sa première place : il est la première merveille de mon monde. La seule, peut-être aussi. Mais qu'importe. Il pourrait y en avoir quinze millions qu'il serait indétrônable !

La petite pause tendresse qu'il nous a offerte au beau milieu de son strip-tease prend fin et Monsieur décide de reprendre. Tout en m'accordant le droit de participer, ce que ne me fait pas dire deux fois ! Et je crois que c'est le moment le plus excitant que j'ai jamais connu de ma vie. Alors qu'il se passe pas grand chose, pour être honnête. Je goûte juste à la peau de mon copain comme je l'ai fait un sacré paquet de fois. Mon copain qui s'est totalement offert ce soir. Mon ventre se noue un peu plus à chaque baiser. Le moindre geste de ses doigts dans mes cheveux me fait frissonner comme jamais. Je pourrais passer ma nuit à ça. Juste là, comme ça, à recouvrir de baisers chaque centimètre de ce corps incroyable. Ça n'a pas vraiment l'air de le déranger, en plus. Je finis doucement par remonter tout du long de son ventre et de son torse, restant malgré tout sur une note de « pas assez » quand il me fait gentiment savoir qu'il en reste encore. J'ai bien vu ! Mais qu'à cela ne tienne, je termine mon travail. Et en un rien de temps, le dernier bout de tissu rejoint les autres. C'est un peu étrange, comme situation, n'empêche. J'imagine que quelques mois plus tôt, je me serais pas posé beaucoup de questions, profitant seulement tant de la vue que de la suite mais ce soir, je sais pas... Il m'attire, évidemment, et mon corps tout entier réclame le sien... Mais c'est bizarre... L'envie s'étiole un peu au fur et à mesure qu'on se rapproche du moment fatidique... Et je culpabilise, forcément. Parce que je sais pertinemment que ça ne vient pas de lui. C'est moi qui déconne, une fois de plus. Tout ça, c'est dans ma tête. C'est complètement con même. Y'a qu'à voir la gamine de chez nous pour comprendre que je crains, vraiment ! Elle a été défigurée, la môme, et ça l'empêche pas de vivre normalement malgré tout. Mais je pense que c'est plus les souvenirs qui y sont rattachés que la cicatrice en elle-même qui me pose problème. Que si ça avait été juste un « accident » ce serait passé plus facilement. Je dis pas que j'aurais pas eu quelques réticences ou quoi mais... Mais pas à ce point-là. La douleur agréable qui s'était logée dans mon ventre change et n'a plus grand chose de plaisant. C'est juste l'appréhension. « C'est beaucoup mieux ! » J'en suis pas aussi sûr. Parce que j'ai bien l'air con, maintenant. Difficile de faire marche arrière le plus normalement du monde alors que je me suis pas gêné pour lui filer de faux espoirs. « T'y as cru ? Eh bah non ! » On se saute pas dessus tous les deux jours, alors forcément, le manque doit commencer à se faire sentir chez lui aussi pour qu'on en arrive là ce soir et ce serait dégueulasse de lui foutre un stop maintenant... Mais j'ai pas spécialement envie qu'on aille plus loin. Enfin si ! Évidemment que si ! Mais non. « Mais ça ne te dirait pas de retourner dans le lit... je ne voudrais pas tomber malade. » Sur quoi il me pousse doucement en arrière. Un pas et je retombe sur le lit. J'en défais rapidement les couvertures pour qu'il puisse se glisser dessous s'il a vraiment froid. Mon cœur bat à tout rompre et je me sens particulièrement idiot. Je ne sais plus quoi faire. Tout en moi me hurle de lui sauter dessus mais je n'y arrive pas. C'est ridicule. Je mérite des baffes. Il va finir par croire qu'il ne me plaît pas, que je ne le désire plus... Ce qui est absolument faux, évidemment. Dans un sursaut de courage stupide, je me débarrasse de mon pantalon à l'arrache, tâchant de me convaincre que, de toute façon, il faudra que je le fasse pour aller me coucher et viens me coller à nouveau à lui. Et dans le fond, la seule chose que j'ai envie de faire, c'est de lui dire à quel point je peux être désolé d'être aussi débile...

Je le suis sans broncher dans ses délires. Ça fait partie de nous, ça aussi, je crois. Abattre le sérieux à chaque occasion qui se présente et partir infiniment loin dans le n'importe quoi. Comme ce soir. Parce que vous m'imaginez sérieusement dans le lit de sa grand-mère ? … La question est idiote. En tout cas, je n'ai aucune envie d'y finir, c'est la seule chose à retenir ! Ce serait tellement bizarre... Je ne doute pas que c'est une femme intéressante et tout ce qu'on veut, hein, mais... Mais c'est sa grand-mère. Juste ça, ça refroidit direct ! Et puis ce serait beaucoup trop de contraintes, de toute façon. Il faudrait que je profite de chaque week-end pour la rejoindre discrètement, être constamment dans l'illégalité la plus totale, tout ça tout ça... Pfiou... Non, je préfère laisser tomber, vraiment ! « Oui mais non. Pas dans le lit de ma Grand-mère. Même si je ne doute pas qu'elle t'apprenne plein de choses, je ne veux pas l'imaginer. » Oui mais non. D'accord. Je n'ai pas follement envie d'être contrariant. Et puis, il faut bien reconnaître que je n'ai pas vraiment envie de l'imaginer non plus. Et tant pis pour mon apprentissage, je ferai sans. Je devrais pouvoir m'en passer sans trop de mal. C'est pas comme si, dans l'immédiat, j'avais l'intention de retourner auprès d'une demoiselle. Et puis dans tous les cas, je devrais réussir à m'en sortir sans passer par ce lit-là. Je préfère le sien, et de loin. Et puis, il faut dire que j'y apprends largement de quoi combler mes lacunes. Du genre comment avoir l'air un parfait blaireau à gagatiser devant son copain endormi ou comment désespérer comme un con parce qu'on a toute la place quelques nuits. Et sans vouloir me jeter de fleurs, je crois que je suis un élève plutôt doué pour une fois ! Il n'y a pas du tout besoin de me réexpliquer mes leçons, c'est comme si c'était inné ! Et ça me va parfaitement... « D'accord, pas dans le lit de ta grand-mère alors. » Comme si c'était une concession de ouf, genre ! Et puis je finis par confesser mon manque d'envie de quitter ses bras. Que ce soit pour ceux de sa famille ou d'autres, je m'en fiche. J'ai pas envie. Je suis bien là. Il l'a dit la dernière fois, c'est une sacrée coïncidence mais je tiens parfaitement entre les siens, il y a juste la place qui faut. Ce serait dommage de laisser passer ça ! Je suis sûr que c'est le genre de choses qui arrive qu'une fois dans une vie ! Dans d'autres bras, ce sera sûrement pas pareil. Soit ce sera trop grand pour moi, soit je serais à l'étroit, tout ça... Non, non, là c'est parfait, j'y reste ! « Si Monsieur est satisfait alors n'appelons pas le Service Après Vente ! » Je hoche la tête en riant avant de poser un tendre baiser sur ses lèvres. Ça me va ! J'ai perdu le numéro, de toute façon...

Les secondes filent sans que le sérieux ne revienne. Après sa grand-mère, ses parents ! Bon, d'accord, je suis bien plus volontiers partant pour leur dire à quel point je trouve leur fils exceptionnel que pour faire un détour dans le lit de la matriarche de la famille ! Là, au pire, je passerai pour un crétin mais ça me dérange pas plus que ça. C'est que je finis par avoir l'habitude. Et puis, ce serait plus que vrai, de toute façon ! Il n'y aurait pas un seul petit mensonge dans mon discours. C'est sûrement le garçon le plus fantastique qu'il m'ait été donné de rencontrer un jour. La personne la plus fantastique, même. Il est juste génial et je crois que le monde entier devrait le savoir. Et si je dois enfiler le costume de porte-parole, et bien soit ! Sauf que visiblement, il ne le voit pas tout à fait de la même manière. « Ahahah t'es bête ! » Non mais oh ! Je prends un faux air choqué et lui pince amoureusement la hanche. Il a la peau douce et chaude, c'est agréable. « Eh, j'te permets pas ! Tu devrais être content de me plaire assez pour que je sois prêt à en informer chaque personne de l'humanité, ouais ! Je suis déçu, je m'attendais à un peu plus de soutien. » J'essaye d'afficher un air boudeur mais ça ne fonctionne pas vraiment. C'est que je souris bêtement, vous comprenez... Et puis mes doigts abandonnent des caresses distraites sur ses hanches alors bon, dans le genre « je fais la tête » y'a mieux. Tant pis. Je pense que je devrais réussir à faire face à cet échec. Mais finalement, du soutien, je finis par en trouver. Quelque chose comme ça. Non seulement il faut qu'il me plaise mais en plus qu'il récupère la première place à la course aux Merveilles ! Quelle exigence, je vous jure ! Enfin, si ça ne tenait qu'à moi, il l'aurait. Et après, on foutrait les autres au hasard parce qu'une fois qu'on l'a classé lui, le reste, on s'en fout royal. Il n'y a rien qui puisse lui arriver à la cheville, vous savez. Pas même à son petit orteil. « Va falloir leur écrire pour changer ça ! Je suis sûr qu'en envoyant une de tes photos de moi, ils vont tout de suite se rendre compte de leur erreur et faire ce qu'il faut pour me reclasser ! » Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire en l'entendant. Ben voyons ! Il se prend pas pour n'importe qui, lui, tiens ! Pourtant, je hoche la tête avec un entrain amusé. S'il n'y a que ça pour lui faire plaisir, qui serais-je pour le lui refuser, hein ? « Oh ouais ! C'est une super idée ! » Mon sourire ne me lâche pas, stupide au possible. Sans vraiment m'en rendre compte, je repense aux photos de lui que j'ai, à la recherche de celle qui bouleverserait forcément le classement. Si ça ne tenait qu'à moi, elles feraient toutes l'affaire. Même sans photo d'ailleurs. C'est tellement évident qu'il vaut mieux que des trucs dont tout le monde se fout ! « Je ferai ça. Il faut que justice te soit rendue, tout de même, t'as raison ! On peut pas te laisser traînasser à la dernière place, tu mérites tellement tellement mieux que ça ! » Et je perdrai vraiment une heure à faire sa lettre, à l'occasion. Puisque Monsieur veut que je défende son honneur face à cet outrage, et bien soit, je le ferai ! Ce sera sûrement plus sympa et amusant à faire que de dire à ses parents qu'il est parfait. Pousser les conneries jusqu'au bout, surtout quand c'est ce genre de conneries là, ça ne me fait absolument pas peur !

Et Dieu sait que des conneries, ce soir, j'en fais... La fin de son effeuillage en est une preuve de plus. C'est une situation qui me perturbe plus que de raison. J'aurais juste dû me rincer éhontément l’œil et me faire une joie de lui faire l'amour toute la nuit au moins mais au lieu de ça, je panique comme le bouffon que je suis. Le lit nous happe en un rien de temps. Milo se glisse sous les couvertures, je le rejoins. Ses lèvres reprennent aussitôt possession des miennes. Je réponds à son baiser, évidemment, amoureusement cela va sans dire, mais la fièvre des premiers s'est échappée. Mes jambes se mêlent machinalement aux siennes alors qu'il s'aventure dans mon cou. J'essaye de m'accrocher à ça. À lui. À tout ce qui a toujours fait notre intimité. Ou du moins, ce qui la faisait avant. Je ferme les yeux, fais ce que je peux pour me détendre mais ça marche pas follement bien. Mes doigts glissent dans ses cheveux. Ma respiration est brûlante, douloureuse, anarchique. Pour la première fois de notre vie à deux, je crois que j'aimerais être ailleurs. Et je me déteste pour ça ! Je crois que c'est le pire truc que j'ai jamais ressenti de ma vie ! Il s'offre à moi et moi je... Ma gorge se noue violemment. Je suis juste un connard fini. Dans le fond, je sais très bien que je le pense pas vraiment, que j'échangerais ma place pour rien au monde. Il n'y a pas d'endroits que j'aime plus que ses bras. Mais ça n'empêche pas la panique de m'envahir malgré tout. Je me reconnais pas. Je crois que tout Poufsouffle a dû me voir en sous-vêtement au moins une fois tellement je suis d'une pudeur incroyable et là... Elle est loin l'assurance... Tout comme la prétention d'ailleurs... Je suis juste un gamin effrayé par un truc qui le dépasse totalement. Ses mains glissent sans me laisser trop espérer. J'ai peur. Peur de son regard, je crois. De sa réaction peut-être aussi. J'ai sûrement fini par me conforter dans l'idée que c'était mieux pour tout le monde qu'on garde vaguement nos distances. J'ai changé toutes nos habitudes de puis la rentrée, il ne m'en a pas empêché, j'ai sûrement dû prendre ça comme un signe. Et si ça faisait remonter les souvenirs et qu'il était triste ? Qu'il culpabilisait encore plus ? Qu'il m'en voulait de le forcer à repenser à ça ? Ou que ça le dégoûtait comme ça peut le faire avec moi ? J'ai la nausée à chaque fois que je m'attarde devant un miroir alors peut-être que... que ça fera pareil avec lui...? Les frissons offerts par ses baisers se transforment en légers tremblements. Je ne cherche pas à fuir, j'ai même pas le courage de le repousser. Je suis quasiment tétanisé. Une pauvre petite chose inquiète et perdue. La peur se teinte de honte. Je suis parfaitement ridicule. Carrément débile. Et je donnerais cher pour disparaître sur le champ...