Cette rentrée était finalement l'une des plus compliquées que Lilith ait jamais vécu. Car cette fois-ci, elle se souvenait de tout. Elle se souvenait de ce qu'elle venait de vivre il y a 10 minutes, mais plus que ça, elle se souvenait par bloc de tout ce qu'elle avait vécu dans ces mêmes lieux pour les mêmes situations sur ces dernières années, ce qui la laissait particulièrement déroutée et épuisée. Son trajet dans le Poudlard Express lui avait renvoyé par vagues différents souvenirs de ce même trajet sur ces 6 dernières années. Aller, comme retour. Bien entendu, pas dans un ordre chronologique logique, ce qui lui compliquait le tri et la compréhension des évènements. Ensuite, il y avait eu la répartition et elle avait été projetée mentalement aux différentes répartitions qui avaient eu lieu ces dernières années. La sienne fut plus simple à identifier car elle était directement actrice et avait dû se présenter devant le choixpeau. Elle se souvenait même de son sentiment d'appréhension mêlée de peur. Ca aussi c'était nouveau pour elle. Se souvenir de ce qu'elle a pu ressentir par le passé. Les expériences qu'elle avait mené avec ses amies sur son cerveau cet été s'étaient en fin de compte déroulées à merveille. Elle se souvenait. Et cela allait au-delà des images qui pouvaient être projetées par une pellicule dans son cerveau. C'était bien plus personnel. C'était ses souvenirs à elle et ses émotions. Néanmoins cela venait avec son lot de complication. Déjà, cela l'épuisait mentalement. Son cerveau fournissait beaucoup plus d'effort qu'il n'en avait l'habitude. Ensuite, le désordre de ses pensées la mettait encore en difficulté. Elle ne pouvait pas vraiment retracer si tel ou tel événement s'était produit avant ou après, ce qui rendait parfois un peu étrange certaines de ses interactions. Enfin, il y avait des choses dont elle se souvenait et qu'elle aurait préféré oublier. Comme toutes ces personnes qui se sont moquées d'elle. Tous ces petits surnoms saugrenus qu'on lui avait donné. Tous les échecs et problèmes qu'elle a pu causer à cause de ses troubles de la mémoire. Et les buses qu'elle avait lamentablement échoué. Ca, elle aurait préféré ne pas s'en rappeler...

L'avantage de retourner le weekend à Poudlard, c'était qu'ils avaient encore tout un dimanche pour se remettre du trajet et dans le rythme intensif des cours à venir. Lilith appréhendait un peu cette reprise scolaire. Elle ignorait comment son cerveau allait réagir. Allait-elle avoir des impressions de déjà-vu ? Est-ce que les cours allaient lui revenir en bloc eux aussi ? Est-ce qu'elle se souviendrait plus facilement de tout ce qu'elle avait bachoté pour les BUSES ? Est-ce qu'elle serait meilleure aux Sortilèges et aux Potions ? Sans oser penser qu'avec sa mémoire nouvellement retrouvée Lilith deviendrait une première de la classe, elle craignait un peu la façon dont ses souvenirs de cours allaient lui revenir. Aussi, pour se préparer autant que possible, elle décida de consacrer son dimanche à quelques révisions anticipées. Armée de ses fiches et de petits snacks qu'elle avait soigneusement mis de côté lors du petit déjeuner, elle avait décidé qu'elle profiterait des derniers beaux jours pour se lancer dans sa mission révision en extérieur. Elle craignait que la bibliothèque ne ravive trop de souvenirs liés à l'école et elle préférait un lieu neutre. Le parc en l'occurrence ferait très bien l'affaire. Synonyme de tranquillité et de nature, elle risquait moins d'être perturbée. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Après s'être promenée un moment, elle s'assit au pied d'un arbre qui lui assurerait une protection contre le soleil. Elle ouvrit ensuite son sac et sorti consciencieusement ses fiches ordonnées par thématique et différentes matières.

Cela devait faire une bonne heure au moins qu'elle s'était plongée dans ses anciens cours, essayant de mettre de l'ordre dans ses souvenirs de cours. Elle notait avec attention le cheminement qu'avait son cerveau lorsqu'elle revoyait certaines notions pour essayer d'y trouver le bon sens. Elle avait l'impression de jouer avec un puzzle. Mais cela semblait porter ses fruits. Du moins pour les sortilèges. Lorsqu'elle se saisissait de sa baguette et lançait des sorts mineurs tels que Wingardium Leviosa, ils fonctionnaient. Elle arrivait relativement correctement à associer les bons gestes aux bonnes formules pour un nombre de sortilèges de niveau de première et deuxième année. Cela était encourageant. Mais cela serait certainement une autre paire de manches pour les potions, l'arithmancie ou encore l'histoire de la magie qui allaient plusieurs notions et les mélangeaient entre eux. Rien que pour les potions, un même ingrédient pouvait être utilisé pour plusieurs potions différentes ! Elle savait d'avance qu'il lui faudrait tout reprendre depuis le début pour être sûre de ne pas s'emmêler les pinceaux.

Une ombre vint alors la surplomber et cela n'avait rien d'un nuage. En tout cas, un nuage ne la saluerait pas. Elle leva les yeux vers son interlocuteur et il lui fallut un moment pour remettre son visage avec des souvenirs. « Salut ? » Répondit-elle avec hésitation, n'arrivant pas à savoir s'il s'agissait d'un visage amical ou non. Les quelques souvenirs qui lui revenaient n'étaient pas particulièrement positifs. Tantôt il l'embête, tantôt il la suit. Et puis il y a cet autre garçon qui est avec lui et qui en rajoute toujours une couche. Ils rigolent. Il la fixe du regard de façon presque trop appuyée. Elle ne réagit pas. Ou alors elle a les joues qui s'enflamment. Une fois, elle le foudroie du regard alors qu'elle reçoit une boulette de papier en cours. Ils semblaient donc être dans la même promotion. Mais ami ou ennemi ? Elle ne semblait pas ressentir de la rancoeur à son égard ou une grande animosité, mais les quelques images qui lui revenaient n'étaient pas non plus synonyme d'une grande amitié. Elle fronça les sourcils à la suite de ses paroles. « Je vois que les nouvelles vont vite. » Observa-t-elle calmement avant de hocher les épaules. « Tout va bien. Comme tu peux le voir, je suis en un seul morceau et de retour à Poudlard comme tout le monde pour la rentrée. » Dit-elle d'une voix blanche en remettant de l'ordre dans ses feuilles avant de lever de nouveau le regard vers lui et de pencher légèrement la tête sur le côté tout en le fixant, comme pour l'analyser. « Est-ce que cela satisfait ta curiosité et celle de tes potes qui ont dû bien s'amuser en apprenant cela, ou vous vous attendiez à quelques détails plus poussés sur ce qui m'était arrivé précisément ? Parce que j'ai du mal à voir en quoi cela vous concernerait en fait. » Rajouta-t-elle un peu plus froidement et d'une voix blasée qui ne lui ressemblait pas. Les souvenirs qui lui revenaient de ce garçon ne lui donnaient pas l'impression qu'il avait quelque chose à faire de son bien être, et son approche ressemblait surtout à celle d'un élève à la recherche de ragots. Aussi, elle n'avait pas pu s'empêcher de lui répondre un peu abruptement. La fatigue du travail qu'elle venait de faire avec son cerveau n'arrangeait également pas la chose et n'adoucissait pas son tempérament. Elle réalisait qu'elle était vite à bout et vite énervée, ce qu'elle allait devoir apprendre à gérer pour ne pas devenir la nouvelle hystérique du coin.

Lilith avait de toute évidence les nerfs en pelote. Déjà, elle s’épuisait à la tâche à essayer de faire travailler son cerveau. Mais en plus, elle ne savait pas sur quel pied danser avec le garçon qui se tenait face à elle. Etait-il un ami, ou un ennemi ? Les souvenirs qui lui revenaient ne le mettait pas particulièrement en valeur, mais il n’était pas vraiment dangereux. Il ne lui avait pas vraiment fait du mal non plus. Et pourquoi n’arrivait-elle pas à se défaire de ce sentiment de malaise ? Comme s’il y avait un non-dit, un truc à côté duquel elle passait. Comme si elle était supposée se souvenir de quelque chose mais qu’elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Cela la mettait encore plus sur la défensive. Elle était supposée avoir retrouvé ses souvenirs mais de toute évidence, elle ne les maîtrisait pas et ne les avais pas tous non plus. Ce qui était certain, c’était que de son côté le jeune homme semblait la connaître suffisamment bien pour savoir que la façon dont elle se comportait et le ton avec lequel elle lui répondait n’étaient pas normaux. Il semblait alerte, guettant avec attention ce qui pouvait bien se passer. Jusqu’à ce qu’elle lui colle ce qui ressemblait sans doute à une claque mentale. Lilith le fixait avec un regard glacial et elle ne rata pas son expression d’incompréhension et de confusion. Si il semblait la connaître, il découvrait actuellement une nouvelle personne. Ce qui poussa justement Lilith à se demander : avec sa mémoire nouvellement retrouvée, était-elle vraiment la même personne ou allait-elle immanquablement changer ? Est-ce que ses amis pourront toujours dire qu’ils la connaissaient ? Est-ce qu’elle se connaissait elle-même au final ? Tous ces souvenirs déclenchaient énormément d’émotions contradictoires chez la rouquine et elle avait beaucoup de mal à savoir quoi penser et comment réagir raisonnablement. Il était relativement honnête de dire que Lilith était perdue et qu’en retrouvant la mémoire, elle devait se familiariser certes avec ses souvenirs, mais également avec une grosse part d’elle-même qui était, jusqu’alors, enfouie avec. Et tout ça était extrêmement nouveau pour elle.

A la première question du garçon qui semblait encore secouer par ce qu’elle venait de lui dire, elle haussa légèrement les sourcils, attendant la suite. Il semblait être pris au dépourvu. A la seconde question, elle se contenta d’hausser les épaules. Oui, elle était sérieuse. Elle ne pensait pas que ses souvenirs la trompait et dans ses souvenirs, elle l’avait vu plus d’une fois rire en regardant dans sa direction. Elle en concluait qu’il se moquait d’elle, comme tant d’autres dans cette école. Cela semblait logique. Ce qu’il lui lâcha après déclencha en Lilith un frisson. Elle était incapable de dire si c’était un frisson de plaisir ou d’effroi. Il s’inquiétait pour elle. Elle ne s’y attendait pas et ne savait pas comment le prendre. Pourquoi est-ce qu’il dirait ça ? Elle ne comprenait vraiment pas. Il n’y avait à ses yeux qu’une option :  parce que c’était le genre de mec qui avait besoin d’être tout le temps bien vu par tout le monde. C’était sans doute pour ça qu’il se cachait toujours derrière ses potes. Comme ça, il pouvait rester le mec gentil et rejeter la faute sur les autres. Oui, c’était forcément la raison. Arrivée à cette conclusion, Lilith ne put s’empêcher de lâcher un petit ricanement amer. « Pourquoi est-ce que tu t’inquièterais pour moi au juste ? Qu’est-ce que t’en a à faire de mon existence ? On n’est pas potes si je ne m’abuse. ». Elle ne reconnut même pas sa voix sarcastique lorsqu’elle lâcha ses mots. De toute sa vie, c’était bien la première fois qu’elle devait s’adresser comme ça à quelqu’un. C’était à la fois libérateur, mais en même temps elle ressentit une pointe de culpabilité. Qui était-elle pour parler aux gens comme ça ? Pourtant, elle ne se démonta pas. Si elle voulait régler ses comptes et s’affirmer, c’était maintenant. Elle n’était plus la petite Lilith gentille et stupide. C’était fini ça maintenant. Il la surplombait toujours mais elle n’avait pas peur. Elle en profita pour se mettre debout et le défier du regard, cette fois droit dans les yeux. « Ose me dire que je ne sers pas juste à vous faire marrer toi et tes potes ! Ose me dire que vous ne vous êtes jamais foutu de moi ! » Le défia-t-elle en pointant un doigt accusateur vers son torse. Comme il pensait sans doute qu’elle était toujours le poisson rouge de service, il allait évidemment tout nier en bloc. « Je sais bien que je suis la risée de notre promo. Enfin, de ta promo maintenant. Vous serez ravis d’apprendre que je ne suis plus avec vous et que je suis restée coincée en 5ème année. Tout le monde n’a pas les capacités cérébrales de réussir ses BUSEs. » Rajouta-t-elle avec amertume. Ce redoublement, elle l’avait encore en travers de la gorge. Tellement qu’elle senti les larmes lui monter aux yeux et qu’elle dû détourner le regard et fixer le lac pour ne pas laisser les traîtresses couler sur ses joues.

Elle vit tout de suite dans le regard du jeune Serdaigle qu’elle l’avait blessé. Elle ne comprenait pas pourquoi il le serait. Elle avait l’impression que c’était le genre de mec qui avait trop pour habitude d’être le bon pote de tout le monde et qui ne se remettait jamais en question parce qu’il était trop cool. De toute évidence, elle se trompait sur toute la ligne, mais la rouquine ne le savait pas encore. Une pointe de culpabilité l'étreignant, mais elle essayait de la faire taire. Il fallait qu’elle se défende. Elle avait besoin qu’on lui foute la paix cette année et si elle devait s’affirmer maintenant pour que tous arrêtent avec leurs blagues stupides, alors elle le ferait. Elle ne devait pas s’excuser. Elle ne devait pas courber la tête. C’était trop tôt et il fallait qu’elle défende ses intérêts. Après tout, elle ne faisait que pointer la façon dont ils avaient toujours agi avec elle. Il n’y avait pas de nouveauté. Pas besoin de prendre cet air outré.

Elle s’attendait à ce qu’il tourne les talons, vexé par ce qu’elle venait de lui dire et le ton qu’elle venait d’emprunter. Elle s’attendait à ce qu’il s’énerve et contredise chaque point qu’elle venait d’énoncer pour lui prouver qu’il n’était pas le genre de personne qu’elle venait de décrire. Elle s’attendait à tout sauf à sa réaction. Il la contredisait, certes, mais d’un ton calme. Et il lui disait que son redoublement ne le ravissait pas et qu’il s’inquiétait pour elle. Mais bordel, pourquoi est-ce qu’il s’inquiéterait autant à son sujet ? C’est la deuxième fois en l’espace de 5 minutes qu’il lui disait cela. Lilith ne comprenait pas ce qui lui fit lever les yeux au ciel. Elle n’était rien pour lui, à part le poisson rouge de service. Pourquoi il se ferait du souci pour quelqu’un qui n’avait d’autre intérêt que de le faire rire lui et ses potes ? Ne venait-il d’ailleurs pas de confirmer que c’est ce qu’il faisait ? Il se traitait lui-même de connard. Alors pourquoi est-ce que cela le frustrait tant ? « Pourquoi tu serais en colère ? Je ne comprends pas. C’est à moi de l’être, tu ne penses pas ? » Dit-elle en secouant la tête. Pourquoi est-ce que ce serait à lui de se victimiser ? Ça n'avait aucun sens.

Elle le regarda avec de grands yeux ronds, surprise par la tournure des évènements. Elles étaient déjà loin ses larmes pour son redoublement, parler d’eux avait au moins le bénéfice de lui changer les idées. « Je ne te suis vraiment pas. On a déjà été potes ? » Malgré ses souvenirs nouvellement retrouvés, elle ne voyait rien de la sorte à Poudlard. Elle avait beau essayer de faire un tri de ses souvenirs à la vitesse de la lumière, rien ne lui venait à part des moqueries et des regards. Pas ce qu’elle considérait elle comme une amitié.  « Il va peut-être falloir que tu me donnes ta définition de l’amitié alors, parce que pour moi à Poudlard on ne l’a jamais été. » Il ignorait encore qu’elle avait retrouvé la mémoire mais de toute façon elle ne comptait pas le cacher. Peut-être essayait-il de jouer avec ça, pensant encore qu’elle n’avait pas toute sa tête. Par conséquent, elle l’attendait au tournant pour voir qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir lui inventer. Elle restait convaincue qu’il faisait tout pour se faire apprécier de tout le monde et qu’il était prêt à mentir pour cela. Après tout, elle ne le connaissait pas. Elle pouvait bien tirer ce genre de conclusions.

Cet échange n’avait aucun sens pour Lilith. Elle pensait que le jeune Serdaigle était venu pour se moquer d’elle pour la énième fois, mais les choses avaient prises une tournure bien différente. Proche du règlement de compte du côté du jeune garçon là où la jeune fille était sur la défensive et en perdait tous ses moyens. Il lui manquait une information, c’était certain. Mais cette information, même son cerveau ne la possédait pas. Même si son cerveau avait ouvert ses portes à ses souvenirs, cela avait de toute évidence encore ses limites. Lilith sentit une violente frustration provenant du garçon, et cela ne collait pas. Pourquoi se mettrait-il dans ces états pour elle ? Elle ne représentait rien pour lui ! « Tu peux, mais pas pour les mêmes raisons » Elle fronça les sourcils. Cette réponse eut le don de l’énerver. Déjà, elle n’avait pas besoin de son accord pour être colère. Peut importait l’insigne qui brillait à sa poitrine. Elle avait encore le plein contrôle de ses sentiments à ce qu’elle savait. Ensuite … Ca n’avait pas de sens ! C’était quoi ces raisons à lui ? Pourquoi ne pouvait-il pas être plus clair et cracher le morceau ? Parce que là, ils tournaient en rond et cette conversation était en train de rendre Lilith folle. Elle était supposée avoir retrouvé la mémoire mais elle se retrouvait dans les mêmes états de confusion que quand elle n’en n’avait pas. Et cette sensation était très désagréable. Elle n’était pas passée par tous ces tourments pour ça. Pourquoi est-ce que son cerveau ne pouvait-il pas fonctionner comme celui de n’importe qui d’autre ? Et pourquoi est-ce qu’il fallait que ce garçon parmi tous les autres se pointe et la fasse se sentir subitement aussi démunie ?

Il confirma qu’à Poudlard ils n’avaient jamais été amis. Cela leva une partie du poids que la rouquine avait sur la poitrine. Au moins, ses souvenirs étaient fiables et n’étaient pas construits de toute pièce pour quelque raison psychologique. Au moins cette partie était-elle vraie et il ne cherchait pas non plus à lui mentir. Ni à se jouer d’elle. L’expression de déception et de tristesse qui passa dans son regard en témoignait ​​« Mais je constate qu’il n’y a que de ça dont tu te souviens. » Elle ne comprenait pas bien pourquoi mais cette réplique lui fit comme un coup de poignard dans le cœur. Comme si elle devait se sentir coupable de quelque chose. Mais elle était incapable de savoir quoi précisément. Et puis quelque chose la frappa. Il était au courant qu’elle avait retrouvé la mémoire. Sinon il ne dirait pas ça. Est-ce qu’il avait cherché à la trouver dès qu’il avait eu cette information ? Est-ce que c’est pour cette raison qu’il était face à elle cette après-midi ? Ce garçon était de plus en plus une énigme pour Lilith. Il tenait de toute évidence à elle pour une raison qu’elle n’identifiait pas.  « Donc tu es au courant ? Pour ma mémoire je veux dire. Comment ? »  Demanda-t-elle pour confirmer. Elle avait besoin de savoir ce que les gens savaient sur elle. Les rumeurs qui pouvaient courir. Même si ça ne résolvait pas tout le problème auquel elle se retrouvait confrontée avec le serdaigle, ils pouvaient toujours prendre les choses une par une. Sauf que la réponse tant attendue de pourquoi il s’intéressait à elle tomba.

Après le coup de couteau, c’était une véritable gifle qu’elle se prenait en pleine face. Ce nom de ville, jamais elle ne se serait attendue à l’entendre dans sa bouche à lui. Sous le choc, elle vacilla et fut bien heureuse d’avoir l’arbre à côté d’elle pour se rattraper à son tronc. Elle eut soudain très chaud et ses oreilles bourdonnèrent. Elle devait être très pâle, comme si elle avait vu un fantôme. Mais c’était un peu l’effet que cette ville, dans sa bouche à lui en particulier, lui faisait. « Qu’est-ce que tu viens de dire ? Tu … Tu connais Plymouth ? »  Dire ce mot à voix haute lui fit un effet bizarre. Elle avait l’impression qu’elle n’avait pas le droit d’en parler. Elle savait qu’elle y avait vécu quand elle était jeune. Et ils avaient déménagé pour Londres. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas reposée de questions sur cette période de sa vie. Mais cette ville lui était tellement … Familière. Elle avait vu juste ce nom dans son album photo quelques fois, mais il n’y avait pas d’autres mentions. Et maintenant qu’elle était supposée avoir retrouvé ses souvenirs, elle se rendait compte qu’elle n’avait toujours rien lié à cette partie de sa vie. En tout cas, rien de concret. Si ce n’est cette impression qu’elle avait des souvenirs heureux. Elle avait l’impression de progressivement ré-entendre des rires, le bruit des vagues, elle voyait les barques des pécheurs. Peut-être que si elle se concentrait suffisamment, elle parviendrai à remettre des images concrètes et à reconstruire sa vie d’avant Poudlard. Mais c’était sans compter ce sentiment d’angoisse qui commença à monter dans sa poitrine et qui lui donna le tourni. « Il … Il faut que je m'assieds. » Cela faisait beaucoup de choses à avaler et la rouquine ne s’y était pas attendue. « Tu es sûr que c’était moi ? L’enfant dont tu fais référence ? » Demanda-t-elle d’une toute petite voix, comme si elle cherchait encore une faille pour expliquer tout ce qui était en train de se passer.