Lilith n’aurait pu rêver mieux comme destination de vacances. Elle qui adorait la mer et les plages était servie. Elle était heureuse de pouvoir oublier le temps d’un mois tous ces tracas dans ce lieux idyllique. Elle avait craint un instant que ses parents refuseraient de la laisser aller au voyage scolaire à cause de son potentiel échec aux BUSEs. Mais c’était mal connaître les Davis. Devant la détresse de leur fille, ils l’ont au contraire encouragée à partir pour se changer les idées. Ils ne recevraient de toute façon les résultats que dans le courant de l’été et il était hors de question que Lilith reste à la maison à ressasser cela alors qu’elle pouvait s’évader un mois avec ses amis.

Comme d’habitude, le lieu avait été tenu secret jusque’à la dernière seconde. Ce n’est que quand les élèves avaient pris le portploin et avaient posé le pied sur le sable fin qu’ils avaient pu découvrir où ils allaient passer les 30 prochains jours. Lilith en avait presque versé des larmes de joies. Elle n’envisageait pas des vacances sans mer et cela faisait un petit moment que Poudlard ne leur avait pas offert ce luxe. Là, ils se retrouvaient carrément catapulté très certainement à l’autre bout du globe et allaient pouvoir passer 30 jours vers ce qui se rapprochait du paradis pour la rouquine.

Les deux premières semaines avaient été bien chargées. Elle s’était attelée à faire plein d’activités différentes. Elle avait détesté la pêche, mais avait adoré tresser des feuilles de palmier ou encore découvrir les deux autres ilots qui entouraient l’ilot principal sur lequel ils avaient élus résidence. Elle se la coulait douce et avait même oublié la pression des résultats. La plupart du temps, elle avait même oublié qu’elle avait raté ses BUSEs. En conséquence, Lilith ne pouvait pas être plus heureuse.

Dans le courant de leur troisième semaine, Murphy lui glissa de la retrouver au début de l’après-midi dans sa hutte. Elle lui dit qu’elle était fin prête pour mener son test. Devant son regard surpris, Murphy lui précisa que c’était pour sa mémoire. Ca aussi, elle l’avait oublié. Pourtant les deux jeunes filles s’étaient envoyées des hiboux pour en parler. Elle hocha la tête et finit tranquillement son repas avant de nettoyer sa popote. Ce n’était pas la première expérience que Murphy mènerait sur la mémoire de la jeune Poufsouffle. Aussi, Lilith ne se faisait pas de faux espoirs et considéra juste qu’elle allait passer une bonne après-midi en compagnie avec meilleure amie.

Elle fit un saut par sa hutte histoire de récupérer quelques affaires avant de se diriger vers celle de son amie. Lorsque Murphy ouvrit la porte elle fut surprise de découvrir qu’elle n’était pas seule dans la chambre. Derrière elle se trouvait Violet. « Oh, salut Vi ! Qu’est-ce que tu fais là ? » Demanda-t-elle surprise. Habituellement, les expériences de Murphy se déroulaient sans témoins. « C’est quoi le programme de cet après-midi ? » S’enquit-elle avec bonne humeur. Comme Violet était là, peut-être les plans avaient-ils changés ? Dans le doute, elle laissait le soin à sa meilleure amie de mener la danse.

Sans se faire prier, Lilith entra dans la hutte de sa meilleure amie, notant que sa colocataire n’était pas là. Elle nota tout de suite qu’un chaudron fumant les attendait au milieu de la pièce, posé sur une table où 3 chaises indiquaient qu’elles étaient au complet. Elle accepta la place qu’on lui désigna tout en continuant de lancer un sourire radieux à son amie Serdaigle. Elle n’était pas mécontente de la voir ici. Elle savait pertinemment qu’elle était particulièrement studieuse et qu’elle ne laisserait pas Murphy s’emballer si cette dernière perdait patience dans ses tests. « Plus on est de fous, plus on rit ! » Accepta Lilith avec bonne humeur. Honnêtement, elle ne se faisait pas plus d’espoir que ça, même si elles comptaient cette fois-ci Violet avec elles. Elle observa curieusement le long parchemin que Murphy déroula, témoignant des recherches poussées qu’elle avait du réaliser ces derniers mois et elle l’écoutant attentivement faire son état des lieux, hochant la tête. « Oui. Qu’en gros je suis pas incapable de me débrouiller toute seule, mais que je suis incapable d’avoir la mémoire des évènements. » Résuma-t-elle simplement, ayant déjà entendu ce diagnostic maintes et maintes fois. Pas seulement de la bouche de son amie, mais également de médecin en tout genre. Elle ignorait comment fonctionnait le cerveau précisément, mais elle avait bien compris que la mémoire de de ses compétences motrices et cognitives n’était pas atteinte. Ce n’était que celle qui lui permettait de se souvenir de moments qu’elle avait personnellement vécu qui était impacté. « Et comment est-ce qu’on pourrait en trouver la source ? J’ai toujours été comme ça. » Demanda-t-elle un brin sceptique. Elle ne voulait pas refouler son amie, mais juste comprendre le fil de sa pensée. Peut-être qu’elle avait compris quelque chose qui lui avait échappé depuis ?

Elle regarda avec attention Murphy remplir une fiole puis la lui tendre. Elle la saisit et observa sa douce couleur orangée, chaude comme un coucher de soleil d’été avant d’écouter avec sérieux les recommandations de Murphy d’abord, puis de Violet. « Ok. Une seule gorgée. » Répéta-t-elle en hochant la tête, reportant son attention sur la fiole. Avant de la porter à ses lèvres, elle se permit d’en renifler les effluves. Elle ne sentait pas mauvais en soit, ce qui lui donna le courage d’en avaler une première petite gorgée. Elle ne ressentit rien dans un premier temps et regarda les filles avec une pointe de doute, attendant la suite. Peut-être que cela ne faisait pas effet immédiatement ? Peut-être n’en avait-elle pas prise assez ? Mais cela ne sembla pas perturber Murphy qui fouilla quelques instants dans son sac avant de ressortir un petit paquet de photos. Elle lui montra la première photo qui lui sembla plus que familière. Elle la regarda avec insistance, l’intimant de lui décrire ce qu’elle voyait. « Ma maison à Londres, je crois ? » Dit-elle avec un peu indécise, craignant de se tromper. Après tout, toutes les maisons londonienne se ressemblaient. A peine avait-elle prononcé ces quelques mots qu’un mal de crâne fulgurant la saisit. De surprise, elle lâcha la fiole et se saisit la tête à deux mains. « C’est normal ça ? » Demanda-t-elle dans un sifflement, serrant les dents dans l’espoir que ça passe très vite. Elle était habituellement sujette aux maux de crânes quand elle essayait très fort de se souvenir de quelque chose, mais là, il était particulièrement violent.

Elle essayait de ne pas se laisser déstabiliser par Murphy qui prenait des notes de sa moindre réaction. Sa meilleure amie était vraiment une scientifique dans l’âme. Elle s’assurait que rien ne lui échappe et que ses notes soient les plus proches de la vérité possible. Sans être ni rassurée, ni particulièrement effrayée, elle porta la solution à sa bouche. Après tout, elle avait accepté d’être le cobaye. C’était ce qu’on attendait d’elle. Et dans le fond, elle avait un peu hâte de voir ce que les génies de Vi et de Muffin combinés allaient donné. Même si elle ne s’attendait pas à une réussite parfaite, elle était tout de même curieuse de voir jusqu’où cela allait les mener. Murphy s’empressa de sortir une sorte de pochette qu’elle avait préparé. Les éléments qu’elle en sortait s’avéraient être des photos et Lilith sut qu’elle allait être testée. Logique.

A peine avait-elle posé les yeux sur la première photographie que la verte et argent l’assaillie de questions. Elle essaye de se concentrer sur le cliché qui lui semblait plus que familier. Ayant peur de se tromper, elle mentionna avec réserve qu’elle pensait reconnaître sa maison à Londres. A peine avait-elle cela, qu’un violent mal de crâne lui donna l’impression qu’on venait de lui enfoncer quelque chose dans le cerveau. C’était comme si le fait d’essayer de se souvenir de ce qui se passait dans cette maison lui était interdit. Elle indiqua à ses amies comm elle put sa soudaine souffrance. Elles cherchaient des résultats et des effets secondaires. Elles étaient déjà servies. Murphy s’empressa de changer de photo tandis que Violet se pencha sur les dosages, lui indiquant que ce n’était pas l’effet qu’elles attendaient. Voilà qui ravissait Lilith. L’objectif de ses amies n’était pas de la faire souffrir au moins.

La rouquine essaya de se concentrer sur la seconde photo. Le mal de crâne sembla disparaître temporairement, lui laissant le temps de focaliser son regard sur la photo animée. « C’est un chien.. » Commença-t-elle de façon très rationnelle. Voyant que le mal de crâne ne rappliquait pas, elle essaya de se concentrer. Oui. Elle ne pouvait pas ne pas reconnaître la marque si singulière autour des yeux du husky. Elle avait un truc avec les animaux, et encore plus lorsqu’ils étaient de sa famille. « C’est ma ta… » Elle n’eut pas le temps de dire le mot « Tante » qu’elle comptait prononcer que le mal de crâne qui lui cingla la tête en deux revint. Elle entendit de loin les hypothèses de Violet qu’elle expliqua d’une voix calme et posée sur laquelle elle essaya de se concentrer. « Oui. Faites que cette torture cesse ! » Les supplia-t-elle. Il s’agissait sans nul doute des pires maux de crânes qu’elle ait expérimenté de sa vie.

Ses réactions semblaient inquiéter ses deux amies qui la détaillait avec des yeux soucieux. Dès qu’elle essayait de se souvenir de quelque chose qui semblait pourtant à portée de main, une douleur lancinante lui déchirait les tympans. Elle entendit de loin ses camarades parler de menthe poivrée et essayer de modifier leur mélange. De son côté, Lilith essayait surtout de dompter la douleur. Elle avait compris qu’il fallait qu’elle fasse le vide dans son esprit. Moins il y avait de chose, plus elle était sotte en soit, mieux ça allait. Le tout était de ne pas utiliser son cerveau. Facile à dire quand le quotidien d’un être humain repose dessus …

Murphy éloigna sans se faire prier toutes les photos qu’elle tenait entre ses mains, indiquant qu’elle donnait clairement un moment de répit à la rouquine. Lorsqu’elle lui tendit une bouteille d’eau, Lilith l’accepta avec grand plaisir et prit tout son temps pour prendre une grande goulée d’eau fraîche, essayant de ne pas rester sous le choc de la douleur qu’elle venait de vivre. Elle savait qu’elle courrait ce risque dans tous les cas. Être le cobaye de Murphy n’était pas sans risque. Et elle savait très bien qu’elle était de toute façon sujette aux maux de crânes dès qu’elle essayait de pousser un petit peu trop sur ses souvenirs. Il n’y avait donc pas de grandes surprises dans ces résultats, mais elle n’appréciait pas pour autant la douleur. Elle les écoutait aussi sérieusement que possible, sentant pourtant sa concentration s’envoler. Visiblement, les dosages ne correspondaient pas aux attentes. Vi’ recommanda donc de vider pour mieux recommencer. Au moins, on repartirait peut-être d’un bon pied. Inconsciemment, Lilith hocha la tête, comme pour donner son accord. Mais ce n’était pas comme si son avis importait réellement. Les deux têtes pensantes dans la pièce, les deux scientifiques, n’étaient autres que Violet et Murphy. Lilith elle n’était même pas bonne pour faire une potion sans se planter.

La main que Murphy posa sur son épaule dans un geste doux la ramena sur terre dans un petit sursaut. Elle lui parla avec une douceur qu’elle ne lui connaissait pas vraiment, l’assurant que si Lilith voulait arrêter, elles accepteraient son choix, que tout ce qui comptait c’était comment elle se sentait. « Non, non, ça va. Je veux continuer. La douleur est passée pour l’instant. Il ne faut pas s’arrêter au premier échec. » assura-t-elle avec conviction. Elles pouvaient le faire toutes les 3. Lilith pouvait supporter la douleur. Elle n’en était pas à son premier coup d’essai. Il fallait qu’elle continue de serrer les dents et d’espérer que ses amies trouveraient une façon de calmer ça.
Violet contrairement à Murphy semblait moins encline à proposer à Lilith de tout arrêter. Elle nuança ses propos en offrant plutôt de prendre de plus grande pause. « Oui, ça me va et ça me semble logique. Ça ne doit pas être très bon de soumettre trop d’électrochocs en même temps à mon cerveau. Parce que c’est ça un peu non ? On le sollicite d’un seul coup beaucoup plus que d’habitude. Les maux de crânes sont d’ailleurs plus violents que quand j’essaie de me rappeler simplement d’un cours par exemple. » Il lui paraissait essentiel de donner un peu son point de vue. Elle n’y connaissais rien en anatomie et en potion, mais elle savait à peu près comment son corps était supposé réagir et il lui semblait important de pouvoir partager ces éléments. Après tout, c’est bien pour ça qu’elles étaient réunies toutes les trois non ? Partager, réfléchir et échanger. « Prenez le temps de refaire la potion, on recommencera après. » Trancha Lilith en se levant, laissant de l’espace aux filles pour concocter de nouveau la potion. Elle rejoignit ce qui servait de fenêtre à la hutte pendant que les filles derrière elle discutaient. Elle les rejoignit quand elle fut appelée, prête à recommencer. Elle avait fait son possible pour se détendre et ne pas penser à ce qui allait l’attendre. Elle porta donc à ses lèvres la nouvelle fiole avec autant de confiance qu’elle pouvait.

Puis Murphy lui tendit une nouvelle photo. Elle y détaillait cette fois-ci une plage avec deux silhouettes dessus qui lui faisait des grands signes, heureux de pouvoir la saluer, un gâteau d’anniversaire dans les mains. Lilith fronça les sourcils face à cette nouvelle photo, étant persuadée qu’elle était supposée reconnaître ces personnes. C’était il y a quelques temps déjà mais il s’agissait de sa famille proche. C’était ses grands parents, n’est-ce pas ? Elle ne pouvait quand même pas oublier ses grands parents ?

Elle fut prise par surprise par la douleur qui lui traversa de nouveau le crâne de part en part. Le petit cri qu’elle poussa ainsi que ses traits qui se crispèrent subitement ne laissait aucun doute quand à ce que son cerveau lui faisait subir. Elle avait l’impression que la tentative se soldait encore par un échec quand soudain quelque chose sembla changer. C’est comme si au milieu de cette brume constante, elle voyait enfin un petit peu plus clair. Comme si les nuages commençaient à se lever et à laisser passer quelques faibles rayons de soleil. Ses amies étaient déjà en train de s’inquiéter sérieusement quand Lilith réussi à intervenir. «A… Attendez. J’ai l’impression qu’il y a quelque chose. C’est mes grands-parents, pour leur anniversaire mariage je crois ? Et forcément du côté de chez eux. Est… Non, Eastbourne? » Tenta-t-elle en serrant les dents, luttant contre la douleur. Elle releva ses yeux embués vers ses amies, essayant de les rassurer. « Ca me fait mal, oui. Mais c’est différent. J’arrive à me raccrocher à des brides … Comme si j’avais quelques indices que mon cerveau me laisse ramasser et décrypter. C’est… Pas comme d’habitude. C’est une bonne chose non ? » Essaya-t-elle d’articuler avant qu’un spasme de douleur ne lui contracte de nouveau le visage. Elle venait pour la première fois de mettre le doigts sur une sensation qu’elle n’avait jamais eu et ça, ça lui donnait de l’espoir.

Le fait que son cerveau montre encore une fois autant de résistance n’était pas une surprise pour Lilith. Les médicomages avaient déjà essayés bien des potions et des sorts pour essayer de désembrumer son cerveau mais voyant les résultats, ils avaient estimés qu’il fallait s’arrêter là. En effet, le cerveau était l’organe le plus complexe et le plus sensible du corps et faisait parti de ceux qu’il était très complexe de réparer. Une fois le cerveau attend, la plupart des médecins ne pouvaient garantir un taux de réussite satisfaisant. Néanmoins, elle n’était pas avec des médicomages. Elle était avec des amies qui étaient prêtes à tout pour comprendre comment faire tomber cette barrière mentale qui lui handicapait la vie. Et elle leur faisait entièrement confiance. Que pouvait-il bien lui arriver de pire ? Elle n’avait déjà pas de souvenirs de sa vie. Même si tout foirait, elle risquait peut-être de perdre toutes ses facultés mentales, mais elle ne s’en souviendrait pas donc bon … Cette idée lui serra néanmoins la gorge et elle essaya de la chasser de son esprit. Elle savait que Violet et Murphy avaient pris toutes les précautions nécessaires. Elles n’allaient pas en arriver là. Au pire, elle récolterait un énorme mal de crâne. Mais ce ne serait pas son premier. Et certainement pas son dernier.

Aussi, même si elle était habituée à ce que les choses ne se passent pas comme prévues, elle était particulièrement désolée pour ses amis dont la frustration des échecs accumulés sur ces tests se ressentait. La rouquine n’osait pas leur dire qu’elles n’y pouvaient rien, préférant leur laisser une chance de recommencer leur concoction. Après tout, un miracle pouvait bien arriver. Et justement, il arriva. Après une longue pause bien méritée qui lui avait permis de reprendre ses esprits et de dissiper le mal de crâne lancinant qui résultait des premières tentatives, Lilith bu avec diligence la nouvelle potion dont les filles avaient revu tous les dosages. Au début, elle eut l’impression que rien n’allait se produire en dehors de cet horrible mal de crâne dont elle n’arrivait pas à s’habituer. Et puis soudain, comme sorti de nulle part, c’était comme si une sorte de lumière apparaissait au bout d’un tunnel. Comme si le brouillard qui occupait son cerveau commençait à se dissiper légèrement. Elle voyait littéralement des choses. Elle se souvenait ! C’était une expérience tellement nouvelle pour elle qu’elle en eu les larmes aux yeux. En bégayant, elle essaya de décrire ce qu’elle voyait, tout en luttant contre la douleur. Ca faisait mal, très mal même. Mais pour une fois malgré la douleur, elle se souvenait de quelque chose là où la noirceur persistait toujours par le passé.

Murphy s’empressa de sortir un carnet, aussi excitée et inquiète qu’elle pouvait l’être, guettant la moindre réaction sur le visage de sa meilleure amie. Elle voyait qu’elle souffrait mais elle savait également qu’il fallait continuer de la solliciter pour voir jusqu’où elles pouvaient aller. La rouquine s’essaya à l’exercice, essayant de pousser la pellicule de sa mémoire à continuer de défiler. « Oui, il y a mes parents pas loin. Maman est heureuse. Elle a les larmes aux yeux je crois. Et il y a Jameson. Il essayait de passer devant l’appareil photo pour m’embêter je crois. » Dit-elle dans un effort, essayant de pousser sa mémoire à aller plus loin que la photographie, à se rappeler précisément la photo. « C’est moi qui prenait la photo. Après, on s’est posés dans le sable et le gâteau avait des morceaux de sable dedans, je crois. » Elle sentait que des gouttes perlait sur son front, signe qu’elle fournissait un gros effort pour se souvenir. Elle ferma les yeux, poussant un soupir et essayant de se détendre. C’était déjà une avancée majeure qui venait de se produire ! Jamais de sa vie elle n’avait ressenti pareille émotion. « Ca fait ça de se souvenir ? C’est comme si on regardait un film dans son cerveau les yeux ouverts ? » Demanda t-elle avec émotion dans la voix.

Elle se concentra ensuite sur la voix de son amie Violet. Rationnelle, elle lui demandait de décrire ses symptômes. Ce qu’elle s’empressa de faire pour ne rien laisser au hasard. « C’était plus sourd et plus vif encore. J’ai toujours eu mal au crâne dès que j’essayais de me souvenir de quelque chose dans ma vie de tous les jours, mais là c’était encore plus violent que d’habitude. Presque comme si mon cerveau lui même m’interdisait d’accéder à ces souvenirs. Ils sont pourtant là, quelque part ! Maintenant que je finis d’y penser, ça s’atténue je crois. Ca me tape encore au niveau des tempes et là. » Elle montra le haut de son front, entre ses deux yeux. « C’est la première fois que ça me fait ça ! Vous croyez qu’on arriverait à rendre ça permanent ? » Demanda t-elle avec une touche d’excitation malgré son épuisement. Pourrait-elle finalement être comme tout le monde et se souvenir de sa vie tout simplement ?

Après ce premier succès, si on pouvait l’appeler comme ça, Lilith fut sommée de retourner s’allonger pour se reposer. Les filles lui posèrent une lingette fraîche sur le front pour la calmer et retournèrent à leurs dosages pour affiner la potion. Maintenant qu’elles tenaient quelque chose, elles n’allaient pas lâcher ! Elles espacèrent les pauses et l’après-midi fut consacré à continuer les tests. Celui qui suivit permis à Lilith de dénicher des souvenirs un peu plus précis concernant sa rentrée scolaire. Après cet effort supplémentaire, les filles lui donnèrent un remontant pour l’aider à rester sur pied. Son cerveau semblait s’éclaircir au fur et à mesure et Lilith ne voulait pas lâcher cette sensation. La tentative qui suivit lui permit de détailler un peu plus des vacances qu’elle avait passé avec Murphy il y a deux étés de cela. Après une bonne demi-heure de pause, une nouvelle tentative fut réalisée avec une photo qui n’avait pas été prise par Lilith. Des souvenirs surgissaient, un peu plus flous. Moins précis. Cela permis aux filles de perfectionner encore un peu plus la potion. Elles espaçaient encore plus les essais afin de s’assurer que Lilith ne serait pas épuisée mentalement. Au quatrième essai, Murphy dégaina une photographie sur laquelle était représenté Jameson avec son diplôme d’Aspics dans les mains. Lilith n’avait pas pris la photo étant donné qu’elle était à côté de lui à ce moment-là, mais elle l’avait vécu. Murphy l’encouragea à leur décrire ce dont elle pouvait se souvenir au maximum. « C’était pour la cérémonie de remise de diplôme de Jameson. On avait tous été invités à Poudlard pour fêter ça. On était dans le grand parc. Jameson nous avait annoncé qu’il avait réussi à obtenir de super résultats. Un Optimal en Sortilège, un Effort Exceptionnel en Potion. Et puis quelqu’un est venu pour le féliciter et lui dire que sa place était réservée. Et il y avait cette fille. Attendez, maintenant on est à la maison. Il y a une brunette qu’il me présente. Mon frère a une petite amie ? Je les surprend en train de s’embrasser dans la chambre de Jameson. La porte claque. Et maintenant... tout explose autour de moi ? Ca sent le sang de mémoire. Mes mains sont pleines de sang, mais ce n’est pas le mien. C’est celui d’un serpentard. Junior ? Et là, il y a de la fumée de partout. La château brûle, il y a des cris … Je ne comprends pas. » Tout était en train de se bousculer dans la tête de Lilith. Elle avait commencé avec les résultats d’Aspic de son frère et un enchaînement en entraînant un autre, elle était en train de mélanger l’explosion de la tour avec le feu qui avait ravagé l’école lors de la fin de sa première année. A ce moment, elle sentit quelque chose couler le long de son nez. Elle passa le revers de sa main comme pour s’essuyer le nez et ne comprit pas tout de suite qu’il s’agissait de sang. De son sang. Elle regarda ses amies confuse avant que cette vision rouge ne fassent se bousculer trop de souvenirs liés au sang dans son cerveau. Une chute, un genou écorché, une potion qui avait explosé en cours, une coupure. Tout était trop confus. Lilith ne savait pas comment trier ces informations. Son cerveau non plus. Et soudain, tout fut noir.